Drink and drink and drink until being totally drunk

Lola&John

Totally drunk

Ici à Port Glasgow, je suis chez moi. J'habite dans une petite rue près du Newark Castle. Le château de Newark, proche de la rive du Clyde, date des environs de 1484. C'était le fief de la famille Maxwell, qui ne l'a plus habité depuis 1694. À partir de 1800, le château est cerné de chantiers navals, dont un seul subsiste, celui de Ferguson, à l'ouest. Le château se visite, et un parc de plein air, avec promenade en bord de mer, a été ouvert à l'est.

Mais l'endroit où j'habite, en ce moment, ça n'est pas dans mes occupations, car je suis en réalité dans un pub, le meilleur de Port Glasgow, situé dans la vieille ville. Et je suis aussi complètement bourré, j'ai dû boire une bonne trentaine de choppes de bières. Je dois dire que je marche encore assez droit. Je ne me souviens juste plus du tout pourquoi j'ai autant bu. Je regarde autour de moi, et un type me tend la girafe. Attends, merde, je le connais ce type. C'est Fred! Mon pote Fred! Ah oui, je comprends mieux pourquoi il me tend la girafe. On fait un concours de boisson. Et là, faut que je batte un record, 250mL en 30 secondes. Chauuuuuuud. J'vais mourrir. Faut savoir que c'est aussi moi qui ai établi le record précédent, de jesaisplusqueltemps. Tant pis.

J'attrape fermement la girafe, je regarde tous les autres, amis ou pas, avec un grand sourire. Et je met la girafe en position verticale, et je bois, je bois, je bois... Mes déglutissements ponctués par les "et glou, et glou, et glou" complètement débiles des autres. Je peux pas m'empêcher de sourire, mais je ne renverse rien, je ne battrait aucun record si la bière tombe par terre.

Il faut savoir, que je pourrais me noyer, même si je tiens l'alcool plutôt bien, je pense qu'après ça, on va me retrouver à l'envers quelque part, heureusement que j'habite pas loin. Je vais juste devoir traverser ttttttttttoooooooooooooooouuuuuuuuuuuuuttttteeeee la vieille ville, oh putain c'est chiant. Je suis sûr que je vais me noyer, pas dans la bière, je vais aller dans le mauvais sens et je vais me noyer dans le la Clyde River, youpi!
La noyade c'est une mort par immersion prolongée dans un liquide alors mourrir ce soir, ça me semble plausible.
La noyade n'entraine pas nécessairement la pénétration de grande quantité de liquide dans les poumons. La pénétration de liquide, même en infime quantité, dans les voies respiratoires, provoque une apnée réflexe : l'épiglotte se ferme pour protéger les voies respiratoires, empêchant de respirer même lorsque la tête se retrouve hors de l'eau.

C'est cruel la noyade. Mais il paraît que mourrir noyer procure la sensation de voler. Moi aussi je plane. Complètement bourré, et pourtant, encore assez lucide. Je ne suis pas encore un cas désespéré.
Je renverse la girafe à l'endroit, j'ai fini, enfin. Je tourna la tête vers les camarades, les sourcils exprimant la question alors?". Fred me sourit et me dit "28 secondes". Les applaudissements retentissent tandis que je pose la girafe et que je lève fièrement les bras en l'air, signe de la victoire. Me reste plus qu'à aller m'assoir dans un coin.

Je serre des paluches de félicitations en déclarant que je vais aller me poser un peu. Je me tourne pour aller à une table. Mais bordel de chatte, pourquoi ce pub est-il bondé?! Scrutant les places disponibles, j'examine aussi les gens assis aux tables. Il y a un gros, une vieille, un boutonneux, et ooooh, une jolie blonde. Quitte à ce qu'elle soit désagréable pour une quelconque raison, je prend la plus belle des options. En fait, si elle est désagréable, j'en sais foutre rien.
J'avance donc vers cette table, et cette jolie blonde. Je suis pas fan des blondes en réalité, je préfère les... les.. merde, je sais plus. J'ai pas de goûts prédéfinis en fait.

Je m'assied en face de la blonde, qui me regarde bizarrement, ou alors j'ai la vue troublée, peut être mon sérum des yeux là, il s'est imbibé d'alcool. Pas bon tout ça.
Je souris, je pose mes mains sur la table et mes jambes en dessous, le contraire étant beaucoup moins pratique, avouons le.
- J'vous offre un verre?
Ah, mais je suis débile moi alors. En même temps, je suis excusé, je suis bourré, et elle est super mignonne, je dirais même chaude en le regardant de plus près, très chaude. Voilà, ça y est, je divague, je divague. Bref, j'essaye de reprendre mon sérieux malgré les litres de bière que j'ai dans le corps, c'est pas facile, mais ne pas ressembler aux autres abrutis du pub, je peux le faire.

"- Vous disiez la vérité !
- Ça m’arrive très souvent. Je comprends pas pourquoi ça vous étonne. "

Cette journée n'est décidément pas la meilleure aux yeux de la blonde. Sa dernière remonte à trois jours, ce qui est peu, ce qui veut dire que la belle a encore beaucoup de sous. Dans beaucoup j'entend pas tant que ça, parce qu'elle a payé tout ce qu'elle devait à tout le monde, ce qui remonte à bien £2000. Mais soit, il lui restait tout de même bien le double de cette somme. Elle comptait ses billets en fronçant les sourcils, se demandant dans combien de temps elle aurait un autre contrat. Pour la première fois de sa vie, elle pensait économiser un peu. Elle n'avait pas encore trop d'idée sur comment faire, parce que Lola n'avait pas de chez elle, et elle devait avouer que ça lui manquait. Terriblement. Un endroit ou se poser pour longtemps. Et elle n'avait aucun moyen d'acheter. Et louer, c'était plus ou moins déposer son nom, ce qui était inconcevable.
Mais au final, ce n'était pas cela qui lui manquait le plus. avant. Avant, il lui manquait quelqu'un qui lui disait qu'il l'aimait. Non. Pas qu'il l'aimait, c'est trop pathétique ça. l'amour ne mène à rien de bon. Non. Quelqu'un qui lui dise qu'elle lui avait manqué. Mais finalement, elle avait trouvé ça dans un regard.
Evan ...
C'était comme un murmure, presque inaudible mais il la fit sourire un instant tandis qu'elle s'habillait. Il était hors de question de ressembler à l'allumeuse des bars aujourd'hui. Elle n'avait pas changé. Elle avait juste de l'argent ce soir là. elle aurait aimé être aimée pour ce qu'elle était au fond d'elle, mais visiblement les hommes ne la voyait pas comme tel. Et ça ne l'aurait pas dérangé si aujourd'hui, sa carapce si bien forgée ne s'était pas fendillée.
Crac.
Elle se regardait dans le miroir, un triste sourire aux lèvres. Ne comprenant pas comment elle avait pu devenir comme ça. Un corps. Un corps vide sans âme. Ame depuis longtemps vendue au diable. Elle enfila un slim et un pull en laine très fine, décolleté. Elle n'avait pas envie d'être celle qui faisait tourner les regards aujourd'hui. Juste celle qu'on regarde puis qu'on oublie. Elle voulait être discrète, ce qu'elle n'avait pas souhaité être depuis longtemps. Elle se maquilla tout de même, se fixant longueent dans la glace, ces yeux glacés n'exprimant qu'une profonde lassitude.
Au moins expriment-ils quelque chose !

Je n'ai pas envie d'être seule. Peut être allez-vous trouver sa bizarre, mais non. Et pour se fondre dans la masse, il faut que la masse soit importante. Un peu plus que dans la rue, parce que ça se remarque une jeune femme seule dans la rue. Un peu trop rapidement à mon goût, et aujourd'hui je n'ai aucune patience. Je me demande combien de gens me demanderaient si ça va avant que j'en tue un. Peut être je parle trop d'extrêmes là.
On n'est pas meurtrier pour rien, que voulez-vous !
Je pousse un soupir de lassitude avant de me glisser en dehors de ma chambre d'hôtel. J'ai dis m'appeler ... Laura Smith. La personne qui était dans le hall ne m'a pas crue, et a commencé à froncer les sourcils jusqu'à ce que je lui file $100. Il n'a plus rien dit. Je l'est prévenu, pas de room service ou de femme de chambr. Je voulais la paix. Et pour que personne ne pose de question, j'ai encore laissé un gracieux pourboire à la femme de chambre qui passerait quand j'aurai déserté.
Quand Laura Smith aura quitté la ville. Sera loin.
Bref.
Comme je n'ai nule part ou aller et que j'ai quand même envie de prendre un verre, je descend sur le port et me glisse au fond de la salle. Le plus loin possible. Les gars sont visiblement trop occupé à pousser des grognements et rigoler en disant 'et glou et glou ' etc, à un gars qui boit de la bière pour me remarquer. Je souris. Je suis tellement loin du bar que le serveur ne me demande même pas ce que je veux. Finalement, j'ai réussis à être plus discrète que je ne le pensais ! Du bout des digts je fais naître une lumière. Juste pour me rassurer, être sûr que c'est vraiment moi assise à cette table, espérant être discrète. C'est étrange de penser ça. Ouai, je suis assez bizarre ...

Perdue dans ses pensées la blonde ne voit pas que l'homme qui buvait de la bière a finit, justement, et à réussis à boire tout ce qu'il voulait. Elle s'en fichait un peu, se faisait juste oublier, c'était ce qui comptait se disait-elle. Ses cheveux cachaient son visage fins et elle mit une mèche rebelle derrière son oreille. Enfin le serveur la voit. Un simple regard un peu bizarre. Qui la dérange profondément. Elle voudrait être invisible et voilà qu'un regard se plante dans le sien ? C'est injuste. Quelques hommes ne se retournent pas quand elle le voudrait et là, c'est l'inverse qui se produit ? Injuste.
L'homme qui buvait trop de bière s'approche d'elle. Alors là, elle souhaiterait carrément se rebeller. Pourquoi il vient lui mmm ? En plus il sent la bière.
La bière, c'est pas bon du tout.
Elle soupire. Parce que quand elle a envie d'être invisible, elle n'a jamais été aussi présente.

- J'vous offre un verre?

J'aurai aimer pouvoir le remballer d'un coup sec. Lui dire d'aller voir ailleurs - bien qu'il devrait sortir du bar pour trouver un ailleurs convenable - mais il a des yeux bien magnifique. Je me dis qu'il doit être ivre. Non, même c'est sûr. Heureusement que la bière n'a pas un degré super élevé. Y'a mieux si on veut se mettre totalement à l'envers.
L'homme en face d'elle n'est pas totalement à l'envers.
Mais totalement beau gosse.
Je m'autorise à le fixer un court instant, parce que ne dire que je n'en ai pas envie serait mentir. Un affreux mensonge tout pas beau. Et comme aujourd'hui c'est aujourd'hui et que je me trouve particulièrement bizarre, je ne dirai pas ce gros mensonge. Mais, parce qu'il y a toujours un mais, on ne change pas au fond.
Et lui.
J'ai bien envie de passer la nuit avec..
Je fronce les sourcils, avant de lui faire un joli sourire.

-" Volontiers. "

Pour une fois que j'ai rien fait pour ! C'est pour le moins étrange.
Inhabituel même.
Et puis tant qu'à faire, puisqu'il est là, autant en profiter non ? Oui. La chance ne nous sourit pas souvent, et même si ce n'est pas la chance, ma chance qui anime cet être on s'en tape !
Enjoy your life.
Je me mord la lèvre inférieure en baissant un peu les yeux avant de les relever et de lui demander.

-" C'est quoi ton nom ? "

De toute façon, le vouvoiement, ça a jamais été pour moi ..

La jeune femme croise ses jambes et pose ses bras sur la table. Elle fait glisser ses doigts sur la surface lisse de la table, les pensées divaguant un peu. Elle veille à ce que ses ongles un peu longs ne touchent pas la table, eux. Elle se demande aussi comment il est possible d'avoir traverser la salle sans tomber après avoir bu autant de bière.
Parce que la bière c'est pas bon.
On ne reviendra pas la dessus. L'homme en face, lui par contre...

May it be an annoying night, or an amazing!

La blonde sourit, charmant, ça m'encourage, une fille désagréable j'aurais abandonné. Elle accepte ma proposition, se pince les lèvres, baisse les yeux avant de les relever et de me demander:
- C'est quoi ton nom ?
La femme pose ses bras sur la table et fait parcourir le bois brut et lustré par ses doigts. J'observe un instant.
- John.
Je me gratte le menton, et je lève les yeux vers elle. Les siens sont bleus-gris, très clairs. Très beaux.
- Et toi?
Elle a déjà passé la limite du vouvoiement toute seule, je pense que la tutoyer serait plus raisonnable, j'aurais l'air moins con. Vous avez déjà vu deux personnes, l'une tutoyant l'autre et l'autre la vouvoyant? A part entre prof/élève, ça n'arrive jamais. Et encore, de nos jours, certains élèves peuvent tutoyer certains de leurs profs.

Je tente un sourire, mais franchement, je ne suis pas sûr du résultat, trop d'alcool dans le sang. Puis je sors mon portefeuille pour regarder combien il me reste avant d'être à sec. Environs £200. Bah ça va ! Je peux encore consommer l'équivalent de £50 avant de me dire qu'il faut que je me calme sérieusement. Je sors un billet de 20 de l'enveloppe de cuir, et un petit bout de papier tombe sur la table. Je n'y fait pas vraiment attention, je cherche à tâtons la poche dans laquelle était rangé le portefeuille.

- Je suis désolé, dis-je alors, je dois sentir la bière comme si j'étais tombé dans le fût !
J'essaye un peu d'humour, on ne sait jamais. Et puis je ne suis pas vraiment en état de tirer la gueule. Déjà j'ai battu mon record de boisson, ensuite je suis avec une très jolie fille, et j'ai encore de l'argent à dépenser. De toute façon, quand on travaille pour Orpheo, l'argent ça n'est pas ce qui manque le plus. Par contre au siège, ça manque de fauteuil petit à petit, à force d'investir le cerveau Edwin Al Hattal avec leurs pensées, ils se font tous jeter dans la Tamise.. Nan mais j'vous jure, télépathe avec les objets. Je ricane tout seul tout doucement. C'est débile, la jolie blonde va croire que je ris de ma blague sur le fût de bière. John Smith passe pour un con.

C'est pas grave on m'en veut pas. Enfin.. Je regarde alentours. RAS. Enfin, mes amis essayent de battre mon record nouvellement établi, et ça fait beaucoup de bruit je dois dire. Et il y a deux filles qui s'engueulent dans un coin. A force de traîner dans des endroits pareils, je vais devenir complètement sourd. Et pourtant je tiens assez bien la route, dites vous quand même qu'aller au pub c'est un peu inscrit dans les gènes des britanniques. Eh bien oui. Et on boit aussi comme des trous, comme démontré précédemment.

Je remarque un bout de papier blanc et rectangulaire qui contraste avec le bois marron foncé de la table. Je me penche étrangement sur le côté pour tenter de lire l'inscription écrite à l'envers. Ah mais je suis con, non c'est pas écrit à l'envers, je suis juste pas assis au bon endroit. Après un petit effort, je parviens à lire l'inscription en lettres noires qui indique « John C. Smith » avec numéro de téléphone et blabla.. Je met quelques secondes avant de m'apercevoir que c'est l'une de mes cartes de visite, le petit bout de papier échappé du portefeuille. Je ferais bien de le ranger, c'est écrit « Police Magique » dessus. Je l'attrape rapidement.
- Désolé, c'est à moi. Tentais-je dans un sourire d'excuses.

Peut être qu'elle ne l'a pas lu. Peut être que si. Peut être qu'elle me prend pour un guignol, oui sûrement oui. Peut être qu'elle s'en fiche aussi. Peut être qu'elle pense que c'est pas ma carte de visite, mais une qu'on m'aurait donné pour joindre la personne qui me l'aurait donné.. Logiquement. Enfin je me comprends alors c'est pas très grave si vous ne pigez rien du trou.. Euh, rien du tout.
- Tu bois quoi ?
Y a comme un goût de vodka, comme un goût de whisky coca... Fin bref. Moi je vais prendre une ambrée. Une ambrée. Non ! Je vais prendre une blonde. Pfff, pathétique votre humour John Smith ce soir, vous mériteriez le bûcher. Ou la bûcheronne... Et encore une blague de merde !

- John.

John. John est un nom réputé et je me dis qu'il peut parfaitement me mentir. Trop de gens s'appelle John, et encore plus s'appelle selon les dire John Smith. Ceci est le nom le plus faux et le plus utilisé du monde. Mais si je ne relève pas, je n'en pense pas moi. J'ai envie de lui demander si c'est un faux nom, comme une enfant tirerai sur la barbe du père noël.
Sauf qu'on ne peut pas tirer sur un prénom, faux ou pas ce qui rend la métaphore un peu plus difficile à faire. Mais bon. Vous avez compris, et en plus c'est mignon. Très mignon les enfants qui tirent sur les barbes. Même si j'ai encore un peu de mal avec les enfants j'y crois quand même un peu. Un jour, j'aurais des gosses. Je le promet.
Je me le promet.
Brun, les cheveux presque noirs, des yeux bleus à en tomber par terre. Et la seule chose que je pense, c'est qu'il n'est pas aussi beau que Evan Adams. Ou du moins, c'est il l'est autant, il n'a pas autant de charme. Ne m'attire pas autant. Désolé, Pseudo-John.

- Et toi?

J'ai un léger sourire un petit peu carnassier. Un petit peu sadique. Un petit peu charmant. Beaucoup séducteur. Un peu Lola. Beaucoup une autre. J'inspire en souriant avant de lui répondre avec un naturel entraîné. Je mens beaucoup trop pour être démasquée. A moins que cela soit son don. Mais je n'en connais qu'un seul qui le possède. Une seule personne qui à jamais me manquera. Je fiche mes yeux dans les siens.

" Lou. "

Ca ressemble un peu à Lola, c'est un mensonge facile à tenir et encore plus à rattraper. Je déglutis. Il farfouille ses poches et je ne sais pas trop ce qu'il fait. Mon regard est ailleurs. Ailleurs, où ? Sur une jeune femme qui est entrée dans le bar. Je fais comme si j'étais détendue. Normale. Alors que ce n'est pas vraiment le cas. Pas du tout même. C'est la femme de Nicolas Belldimfuh. L'homme que j'ai tué il y a deux mois. Je m'en souviens, elle dormait que j'ai tué son mari. Je l'ai étouffé pour être exact. Et comme il était vieux, j'étais sûre qu'il penserait qu'il était mort de vieillesse. Ce qui fut le cas. Il était très vieux faut dire. Et encore plus à tuer. Elle, elle était jeune. Mariée pour l'argent sans doute. Elle ne pouvait pas me reconnaître. Même pas un peu. Elle dormait, elle avait avalé un somnifère. J'avais fait attention. Hors de question qu'elle se réveille. J'avais fait attention, elle ne s'était pas réveillé.
Alors pourquoi cette peur ? Inutile. Totalement inutile. J'inspire. J'expire. Tout va bien. Tout va très bien.

- Je suis désolé, dis-je alors, je dois sentir la bière comme si j'étais tombé dans le fût !

Lola le regarde. Ses yeux l'ont quitté trop longtemps, elle espère que ça ne fera pas bizarre. Elle cligne des yeux comme pour dire 'excusez moi, j'étais dans mes rêvasseries, je suis facilement distraite' puis se refait un sourire charmant sur le visage. Sourire de toute composition. Elle n'a pas envie de sourire. Elle est inquiète mais trop entraînée pour le montrer. Son coeur dans sa poitrine finit par se calmer. Il met du temps mais concède à retrouver un rythme normal. Elle se met à rire. Un petit rire cristallin, frais et vrai.
Non, blague.
Il est faux, mais tant qu'il sonne vrai, tout va bien. Puis l'autre est complètement bourré, elle se dit avec amusement -vrai celui ci, qui va bien pour coller à son image - qu'il est tellement bourré que de toute façon il ne pourra rien voir, rien comprendre. Elle n'en est pas persuadée. Alors elle reste parfaitement professionnelle. Experte en la matière.
Charmeuse.
Du coup elle ne répond pas, pensant que son rire aura largement suffit. Il ne faut pas trop pousser. Ca deviendrait louche. En plus, j'ai rien à répondre à part un 'oui, totalement ' qui s'avèrerais terriblement vexant.

Il se met à rire. Je ne comprend pas pourquoi mais je souris quand même, ce qui est dur. J'ai plus envie de rire, merde quoi. Mais j'ai envie de ...
AAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHH.
NON NON NON NON NON NON !
Police magique. Sur le coin de la table. John C. Smith. SOIT, c'est un nom de couverture, soit c'est un vrai nom. On fait PAS DES CARTES DE VISITES POLICES MAGIQUE aussi VRAIES ! Non non ! Ce n'est PAS possible, PAS. POSSIBLE. J'ai vraiment du mal à respirer. Du genre l'air me manque tellement que j'ai envie de hoqueter. Mais j'inspire à fond tandis qu'il se tortille pour essayer de comprendre. Je déglutis. Souvent, on ne déduit pas que je suis magique, c'est la police normale qui s'en occupe. Sauf une fois. Ma sphère voulait pas s'éteindre et deux personnes l'ont vues. Mais c'était il y a deux ans. Il ne peut pas me connaître, IL. NE. PEUT. PAS. Pas du tout, vraiment. Il est trop jeune !
Et puis il a pas le droit de me saouler ce soir.
Soupir.

- Désolé, c'est à moi.

Je serre les dents. Deux de mes doigts se sont illuminés, et je les précipites sous la table avec une vitesse surprenante. Pourquoi brillent-ils ? Pourquoi, pourquoi brillent-ils ?
Stress Lola, stress. Simplement un stress sifflant dans tes oreilles. Il court dans tes doigts. Je coince ma main entre mes cuisses. Crevard de pouvoir tout pourri de merde !
Excusez moi, poussée de colère.
Je respire et souffle doucement. Bien.

" John Smith ! Nom courant dis-moi. "

TU AS UN FAUX NOM, ESCROC !
Bref c'était Lola Hellin qui a un problème dans sa tête. J'eus un soupire un peu las. Etre ici, avec ce gars un peu bourré, c'était chouette mais chiant, chouette mais fatiguant, chouette mais inintéressant.

- Tu bois quoi ?
"Un TGV s'il te plaît. "

Tequila Gin Vodka. Ca occupe les mains, l'esprit, la vie.
J'ai un sourire moqueur.
Hum, alcool.