Rencontre et destin.

Qu'est-ce que je fous là? J'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est qui j'y étais. L'église de Little Angleton. Très belle, imposante, un beau monument en résumé. Après, faut savoir pourquoi je m'y balade une soirée, plus précisément à 21h.
La nuit est déjà bien avancée, même si nous sommes bientôt en été. Les réverbères sont allumés, et l'un d'entre eux émet un bruit sourd, comme si une abeille était coincée dans une bouteille. Je me suis habillé à ma manière, c'est à dire dans mes habits d'époque. Vraiment, je m'y sens bien. Et je suis assis, sur le rebord des marches qui mènent à l'entrée de l'église. J'ai envie de dormir, certes, mais cette journée-là, je me suis dit : "Ce soir, c'est à l'église que je passerai la nuit." Pourquoi? Je n'en ai pas la moindre idée.
J'y suis. Je ne suis pas fatigué, ce qui est rare en fin de semaine, jeudi en somme.
Et je reste là, à attendre qu'un évènement survienne, à attendre la raison qui m'a poussé à venir ici. Mais elle ne vient pas. Je suis seul. Désespérément seul. Mais ça m'est égal. Et puis, je n'ai rien à faire chez moi, alors quitte à galérer ici ou chez moi, je préfère ici. La nuit est plutôt fraîche aujourd'hui, mais mes habits sont tellement chauds que je serais incapable de les porter en journée. Soupirant, je regarde à droite, à gauche. Toujours rien.
Les minutes passent.
La lumière qui émettait le bruit sourd s'éteint brutalement. Je suis privé d'une zone de vision. Plus précisément, l'endroit où je me trouve n'est plus visible d'une personne extérieur, à moins d'y faire attention. J'ai gardé ma croix catholique stylisée, et elle ne m'a pas quitté depuis plus de trois jours, nuit compris.
Catholique, moi? Pas vraiment. J'aime la forme de la croix, c'est tout. Ça me plait, et c'est tout. Posez-moi des questions sur cette religion, vous verrez bien.
J'aime bien les roses aussi. C'est rouge. C'est rose. C'est blanc. Et maintenant, ça pourrait devenir bleu. La rose bleu. Le désespoir des alchimistes. Y arrivera-t-on donc un jour?

Plongé dans mes pensées, je ne remarquais pas tout de suite la forme qui passait tel un fantôme devant l'église, ayant l'air de rechercher quelque chose. Puis, par un geste désordonné de cette dernière, mes yeux furent attirés par celle-ci.
Quel ne fut pas ma surprise de voir, un homme, un asiatique à la forme de ses traits, habillé de la même façon que moi. Vraiment. De la même manière. L'aristocratie du règne de Louis XIV. Ce fut alors plus fort que moi. Il fallait attirer son attention, discuter. Subjugué par tant de ressemblances, je ne pus m'empêcher de me lever. L'homme se retourna, m'aperçus et se stoppa à son tour.
Ce ne fut qu'au moment de voir vraiment son visage que je pouvais affirmer l'avoir déjà vu... mais où ?

Il fait nuit, et pourtant, me voilà à errer dans Little Angleton.
A dire vrai, je crois être perdu. C'est embêtant. Je suis vêtu de mes habits spéciaux, ceux qui me rapportent toujours des regards étranges de la part des autres. Et ça, c'est de jour. Alors de nuit, dans un village... Bah, ils s'y feront.
Je ferais mieux de me repérer pour commencer. Voyons voir... Ah! Un bâtiment qui dépasse, il m'appelle. Parce que je parle aux bâtiments, oui madame.
Chantonnant doucement Angels on the moon, j'avance vers ce bâtiment, qui se révèle être une église.
Même dans la nuit, cette église est belle. Je m'arrête de chanter pour l'observer sans rien dire. Je me sens bien ici. Vraiment, l'église est belle et mon regard y est fixé, alors que je reprend ma marche, plus lentement.
Et ce qui devait arriver arriva. Je trébuche. Évidemment, toute la magie du moment envoyée aux oubliettes à cause d'un vulgaire caillou de m....rrmm, je ne jure qu'à voix haute moi. Donc:

- Fait chier! Pourquoi il y a des cailloux ici pour commencer? C'est une église. Et les cailloux sont des envoyés du Diable pour nous faire tous tomber. Peuh.

Et toc. Que les cailloux maléfiques ne viennent plus m'embêter. Je me retourne, avec dans l'idée d'aller m'assoir sur les marches de l'église.
Et tombe nez à nez avec un inconnu. Oooh pitié qu'il ne m'ait pas entendu parler tout seul. Déjà que mes vêtements... Je n'ai pas besoin qu'un type me juge mal ce soir. Je le jauge du regard rapidement. Mais... Mais! Il porte les mêmes vêtements que moi! Enfin, le même style. J'ai presque envie de danser sur place, et je sens un énorme sourire se dessiner sur mon visage. Allez, celui la, je VEUX qu'on s'entende bien. C'est un signe du destin qu'on porte les même vêtements, non? En plus... Son visage me dit quelque chose...

- Bonsoir!

Ay... J'en fais peut être un peu trop.

Présentation et représentation

Je restais là, figé sur place, incapable de bouger. Ce visage, il me semblait tellement familier. Mais impossible à deviner. Et puis, mon regard était surtout porté sur son style vestimentaire, mon style!
Le jeune homme s'approcha, et quand nous fûmes nez à nez l'un en face de l'autre, je répondis à sa salutation.

-Bonsoir.

Nous restâmes un instant silencieux, jaugeant l'autre d'un œil admiratif. Passant ma main sous mon menton, je demandai :

-Votre... Votre visage me rappelle quelque chose, mais je ne me souviens plus de votre nom. C'est... comment dire... étrange. Prononçai-je avec difficulté.

Je l'avais déjà vu, ou peut-être croisé, mais cette personne était trop ressemblante à ce que je m'imaginais dans ma tête pour avoir eu affaire à un œil distrait. C'est comme si je le croisais souvent, suffisamment pour le mettre dans mes connaissances, mais je ne lui avais jamais parlé.
À force de réflexions, je finis par comprendre qu'il s'agissait très certainement d'un professeur. Après, il ne me restais plus qu'à faire le tri.
Plongé dans mes pensées, je n'entendis pas la phrase prononcée par l'asiatique.
Il y eut un silence, une interrogation, et d'un seul coup, je me tapais sur le crâne d'un geste symbolique. Le pointant du doigt, je m'écriai :

-Mais oui, je vois! Vous êtes ce nouveau professeur qui a postulé à mon poste de musique et celui d'art, pour finalement apprendre le maniement du sabre aux élèves? J'ai vu votre dossier au hasard sur le bureau de Mystery, et ça fait plusieurs fois qu'on se croise dans ce dédale de couloir qu'est l'orphelinat. Quel est votre nom, déjà?

Ma question n'en était pas vraiment une, étant donné que j'y répondis avant que le professeur ai le temps d'ouvrir la bouche :

-Takeji Kido! Déclarai-je, fier de ma trouvaille.

Il paru surpris. Apparemment, lui, de son côté, ne voyait pas vraiment qui j'étais.

Ouah. Il a pas fuit, heureusement. Il m'a même dit bonsoir. Et maintenant, nous sommes là, à nous dévisager. Où ai-je bien pu le rencontrer avant?

-Votre... Votre visage me rappelle quelque chose, mais je ne me souviens plus de votre nom. C'est... comment dire... étrange. Remarque-t-il en passant sa main sous son menton.

Bien, au moins je ne suis pas le seul à avoir déjà vu l'autre. Ha, ça serait vraiment trop bizarre.

-Mais oui, je vois! Vous êtes ce nouveau professeur qui a postulé à mon poste de musique et celui d'art, pour finalement apprendre le maniement du sabre aux élèves? J'ai vu votre dossier au hasard sur le bureau de Mystery, et ça fait plusieurs fois qu'on se croise dans ce dédale de couloir qu'est l'orphelinat. Quel est votre nom, déjà?

Ouch. Ne me rappelez pas cette période de ma vie. Oui c'était il y a deux jours, et alors? Ça a déjà fait le tour des profs. Fiché à vie. Takeji ou "le mec rejeté à tous ses job". Enfin, prof de sabre et téléportation c'est pas si mal. Je vais faire de ces élèves des mini Takeji. Ouais, ça va être marrant ça. Héhéhé.

-Takeji Kido!

Hein quoi? J'ai encore rien fait! Pourquoi il a l'air fier de lui... Ah! Il a retrouvé mon nom. Bien, mais je ne retrouve pas le sien. Si je l'ai jamais connu évidemment. Takeji espèce de boulet... tu connais même pas le nom de tes collègues.


- C'est bien mon nom. Mais... je suis vraiment désolé, je ne crois pas connaitre le votre. Vous êtes? Je demande, l'air penaud.

J'espère ne pas mal partir dans son estime... Mais allez, entre types au goût vestimentaire étrange, on devrait plutôt bien s'entendre nan? En plus, c'est lui le prof de musique. Hmm... Ouais, on devrait bien s'entendre. Je lui demanderai de quoi il joue, à l'occasion.

L'esprit d'un enfant...

C'est bien de se sentir fier parce qu'on se rend compte que notre mémoire n'est pas si inutile que ça, mais il y a une fin à tout. Et c'est sur la phrase de Takeji que je remontais à la surface :

-C'est bien mon nom. Mais... je suis vraiment désolé, je ne crois pas connaitre le votre. Vous êtes?

Je suis? Il ne le sais pas? En tout cas, c'est avec une mimique plutôt surprise que je réponds à son interrogation. Ben quoi? On se voit tout les jours, et pourtant il ne connait toujours pas mon nom?
En même temps, ça pourrait se comprendre. Par exemple, je ne me suis rendu compte de son identité qu'au bout de quelques minutes. Alors, pour peu qu'il soit plus long à la détente que moi, il finirait par savoir mon prénom.
Cependant, nous restâmes silencieux, moi d'un côté, espérant une illumination de sa part, et lui, sans comprendre, me dévisageant, attendant très certainement une réponse.
Soudain, alors que l'idée ne m'en serait jamais venu, je décide de jouer un peu.
Paraissant sérieux un maximum, je lui répondis un nom qui n'était pas le mien. Il acquiesça, et c'est alors que je partis d'un fou rire incroyable. Mon "nom" n'avait rien d'original, ni de marrant à propre parler, mais j'avais envie de rigoler, de me défouler avec quelqu'un que je voyais au premier coup d'oeil comme étant un très grand ami.
Entretenir une relation vraiment proche, comme deux amis d'enfance. Comme deux frères.
Oui. Je crois tout simplement que j'étais heureux d'avoir rencontré sur mon chemin un homme comme lui. Une personne qui me ressemble et qui éveillerai ma vie. J'avais besoin de rire, de montrer ma joie.

Apparemment, cela ne fut pas vraiment apprécié dans la rue, car une femme ouvrit ses volets et hurla de nous taire, car sinon elle "appelle la police."
Pour une fois, je refusais de me comporter en prof. En adulte. Mais simplement en gamin. Peut-être étais-ce cette aura qui émanait de Takeji qui me procurait pareil bonheur? Qui sait...
Prenant la main de ce dernier, je lui glissa dans l'oreille :

-Viens, on va ameuter tout le quartier si ça continue. Faut s'en aller avant que ça ne dégénère.

Il ne comprit pas tout de suite, mais je l'entraînai alors loin des maisons, à l'ombre de l'église, là où nous pourrions parler en toute tranquillité.
Soupirant, lâchant la main de Takeji, je lui sourit peu après et dit :

-Je m'appelle Ren Takahata.

Il a l'air surprit... Oups? Je devrais vraiment connaitre son nom. Mais, pas moyen de m'en rappeler. Pour un peu, je m'enverrais bien dans le mur de l'église. Peut être qu'en secouant un peu ma tête vide...
Nous continuons à nous fixer. Il attend que je me souvienne. J'attends aussi de me souvenir. Je commence à le dévisager, et je regrette vraiment de ne pas être télépathe. Alleez, je communique par les yeux, tu ne vois pas que c'est peine perdue et que mon cerveau, ce traitre, ne veut pas se souvenir? Quiconque nous regarderait rirait. On fait un sacré duo là, moi essayant de communiquer par grimaces, et lui impassible. Pour autant, je ne sens pas de silence maladroit.
La situation parait naturelle. Oui bon ok, je devrais m'inquiéter un tout petit peu que naturel rime ici avec moi faisant des grimaces.
Mais vraiment un peu.
Il semble soudain revenir à lui, ou avoir pitié de moi, au choix. Il me dit son nom et... Hein quoi? Naaan attends, il se fiche de moi là. T'es asiatique mon pote. Donc y'a pas moyen que tu aies un nom américain. Et il en rigole. Je vais bouder si c'est comme ça. Moi, puéril? Jamais.
Pour autant je ne peux m'empêcher de sourire. Son rire est agréable, et je sens comme un lien entre nous. On s'entendra bien, c'est sûr.
Une femme ouvre ses volets, l'air mécontente et nous crie de déguerpir. Je lui aurais bien tiré la langue si le-prof-dont-je-ne-sais-toujours-pas-le-nom ne m'avait prit par la main pour me murmurer:

-Viens, on va ameuter tout le quartier si ça continue. Faut s'en aller avant que ça ne dégénère.

Et de commencer à me tirer loin des maisons.
Hey monsieur, c'est toi qui va ameuter tout le quartier hein. Je souris.
Il nous entraine à l'ombre dans un coin tranquille, soupire, sourit et me dit:

-Je m'appelle Ren Takahata.

Aaah bah voilà! Je fais soudainement une tête très sérieuse et déclare:

- Je le savais.

Il se contente de m'observer, l'air pas dupe pour un sous. Je continue avec la mine sérieuse. Qui se décompose petit à petit, pour finir en une pauvre petite tête lamentable. Si avec ça j'attire pas sa pitié.
Gagné, il rigole et je rigole avec lui. Finalement, cette promenade errante se révèle très concluante.

- Tu as de très bons goûts vestimentaires, dis-je en désignant son ensemble de la main. Comme moi! Les grands esprits se rencontrent, je continue avec un sourire.

Ren sourit. Quoi? Oui j'ai bon goût, ce sont les autres qui n'ont aucun style d'abord, na! Et je suis sûr que Ren serait de mon avis.

Un sourire qui en dit long...

- Je le savais.

Cette attitude sérieuse, ça ne lui ressemble pas depuis le peu de temps que je le connais réellement. Comme je le pensais, son regard sérieux finit par flancher, et je mis alors à rire de bon coeur. Croyait-il que j'ai été vraiment vexé qu'il ne connaisse pas mon nom?
Ce n'est pas vraiment grave, car le voila qui rigole lui aussi. On dirait deux amis de longue date.

- Tu as de très bons goûts vestimentaires, comme moi! Les grands esprits se rencontrent.

J'aurais pu dire la même chose de lui, mais je m'en retins, ç'aurai vraiment été trop idiot. Souriant, je lui répondis :

-En effet. Mais bon, c'est plutôt de voir des personnes se balader ainsi dehors. Et j'avoue me sentir bien avec une personne aux mêmes goûts que moi.

Il paru touché par mes paroles. Puis, avec une moue mi-énervé mi-lunatique, je murmurais suffisamment fort pour que Takeji entende :

-Et puis, je ne comprends pas ces personnes qui jugent avant même de connaître. En général, si je me balade comme ça de nuit, c'est pour éviter qu'on me prenne pour un fou.

Takeji acquiesça. Ce devait être pareil pour lui, et d'un point de vue, je me sentais soulagé de ne pas subir ça tout seul.
S'ensuivit alors un silence de quelques minutes. Plus personne n'avait plus rien à dire, vraisemblablement. Cela me paru bizarre, car je pensais Takeji très bavard. Pourquoi? Je sais pas, c'est ça tête qui m'inspire, et c'est aussi elle qui m'oblige à lui faire confiance et à le considérer comme un ami. Si j'étais son élève, je serais super content d'avoir un professeur comme ça, même si je ne pouvais imaginer ses cours, en raison de son langage si particulier et de son sérieux presque hors-d'usage xD.
Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de l'apprécier. Mais c'est alors, que, croyant que la discussion s'en terminerai là, Takeji parla à son tour, certainement désireux de mettre fin au silence qui régnait entre nous deux.

Il me sourit.

-En effet. Mais bon, c'est plutôt de voir des personnes se balader ainsi dehors. Et j'avoue me sentir bien avec une personne aux mêmes goûts que moi.

Comme c'est étrange... Je comprend tout à fait ce que tu veux dire. Héhéhé...
J'aurais l'air stupide si je lui disais ça. Mais c'est vrai que pour une fois, ne pas avoir à s'inquiéter de savoir si nos vêtements plaisent ou dérangent, c'est plutôt sympathique.
Ok, c'est absolument génial.
Mais quoi que j'en dise, ça ne me fera jamais changer de style vestimentaire. Il faudra plus que quelques lourdauds dans la rue pour me faire changer d'avis.

-Et puis, je ne comprends pas ces personnes qui jugent avant même de connaître. En général, si je me balade comme ça de nuit, c'est pour éviter qu'on me prenne pour un fou.

J'acquiesce, effectivement, de nuit on se sent plus tranquilles. Mais ça n'empêche pas de le faire de jour.
Pendant plusieurs minutes, c'est le silence. Personne ne trouve rien à dire, mais nous restons là quand même. Je me demande à quoi il pense... Oh, allez, parlons, je vais finir par m'ennuyer. Enfin, pas que je n'aime pas le silence mais...
Ok, j'arrête de chercher des excuses, vive la parlotte et allons tous vivre dans les arbres.
Pourquoi dans les arbres? Ouh, je suis fatigué...

- De toute façon, ces vêtements sont parfait. C'est un test de personnalité grandeur nature pour tester les gens. Si ils passent au delà de ce test, on peut penser devenir amis. J'ajoute en riant: toi, tu passes le test d'office. Tu as corrompu l'examinateur pour le mettre de ton côté direct.

Il rit doucement et secoue la tête en me regardant. Quoi? Je suis pas un cas si désespéré, je PEUX être sérieux. Des fois... Quand je veux... Héhéhé... Hmm. Tais toi Takeji, tu t'enfonces.
Je lui envoie une petite tape sur le bras avant de lui sortir ma "moue adorable", comme la surnommait mon amie Léa. Je me demande ce qu'elle devient, Léa... J'irai en France, un jour, et je la verrai. Je me demande si elle me reconnaitra, j'ai dû changer, et pas qu'au niveau vestimentaire je suppose.
Je pense trop.
Et comme je ne peux pas faire fonctionner mon cerveau et ma bouche en même temps, je reprend la parole:

- Hey, M. Prof de musique, tu joues sûrement de plusieurs instruments, mais t'en as bien un que tu préfères non?

Ok, j'aurais pu faire mieux...

La musique pour moi, c'est tous les jours, même quand on ne s'y attend pas...

J'avoue avec une certaine difficulté que ce bonhomme me fait bien rire. Il m'égaye, me pousse à dire ce que je pense, et me fait me sentir à l'aise à ses côtés. Je l'aime beaucoup en tout point.
D'ailleurs, pour la énième fois, il égaya mon esprit grâce à cette phrase, qui provoqua en moi toute une série de réponses multiples et diverses.

- Hey, M. Prof de musique, tu joues sûrement de plusieurs instruments, mais t'en as bien un que tu préfères non?

Comment dire? Pour moi, parler de musique à un homme qui en fait sa passion et sa profession, c'est comme montrer la carotte qui fait marcher l'âne. Sauf que moi, je ne marche pas, je coure.
C'est donc, à partir d'une discussion menant à un cul-de-sac, que l'inspiration vint subitement, et que, m'élançant en terrain connu, je mimais avec vivacité mes paroles :

-Évidemment! Déjà petit, j'aimais la musique comme personne. Même si mes goûts se limitaient au rock, j'appréciais un moment de détente à écouter les orchestres symphoniques jouant du Mozart ou du Beethoven! Oui, j'aime vraiment la musique, et...

C'est alors que je me stoppais. Rougissant comme jamais, je baissais la tête. Je n'avais pas vraiment changé sur ce point. Me voilà déjà égaré sur le thème principal. Faisant un signe d'excuse à Takeji, je ris nerveusement, comme conscient d'avoir fait une bêtise.

-Je suis désolé, m'excusai-je pour mon débordement.

Me raclant la gorge, la main en poing devant la bouche, je repartis sur un ton plus sérieux.

-Donc oui, je joue de plusieurs instruments. Le piano, la clarinette, et le violoncelle. Sans compter mes trois petites années de basse. Je ne sais pas vraiment lequel je préfère, réfléchis-je. J'aime chacun de ces instruments, et ils ont tous leur avantage et leur inconvénient, à mon avis. Le piano possède 7 octaves, mais n'est pas facilement transportable, la clarinette à un très beau son, mais l'embouchure et les doigtés sont longs à apprendre avant de l'apprécier à son avantage. Le violoncelle est l'un des plus compliqués que j'ai jamais connu, sa musique est très belle, mais il n'est pas très facile à transporter, lui aussi. Et enfin la basse, instrument pas vraiment apprécié à sa juste valeur, mais c'est lui qui souvent crée le rythme et la gravité d'un morceau.
Disons que je n'arrive pas à me décider. conclus-je en souriant et me grattant la joue de l'index.

Tout à coup, ce fut comme une obligation de lui poser une question. Ou plutôt cette question existentielle, qui pour moi -si elle était affirmative- allait me rapprocher encore davantage de lui, et par la même occasion l'apprécier encore plus fort.

-Et toi? Tu joues d'un instrument en particulier? Et si oui, lequel? Avec un peu de chance, on pourrait tenter un morceau un de ces jours, lançai-je alors en clin d'œil.

Porté par la tournure des évènements, j'étais très concentré sur la discussion, comme un enfant qui attend une bonne nouvelle.

Finalement, elle était peut être pas si nulle que ça ma question. A voir son visage s'éclairer comme ça.
Et effectivement...

-Évidemment! Déjà petit, j'aimais la musique comme personne. Même si mes goûts se limitaient au rock, j'appréciais un moment de détente à écouter les orchestres symphoniques jouant du Mozart ou du Beethoven! Oui, j'aime vraiment la musique, et...

Les paroles, le ton et même les gestes! Je rigole doucement pendant qu'il parle, sans pour autant l'interrompre et en notant dans ma tête ce qu'il dit. Mais les lois de la maturitéle rattrapent, et il se stop. Moi, je le soupçonne de vouloir conserver son statut de "plus mature des deux". Je souris, et il me fait un geste d'excuse.

-Je suis désolé.

J'en lèverais presque les yeux au ciel. Voyons, Ren, on est amis maintenant, pas depuis longtemps certes, mais quand même. Laisse toi aller. Je parlais bien tout seul à un caillou tout à l'heure hein.
C'est fou comme j'ai conscience de ma propre bêtise. A croire que je fais exprès de ne pas le faire exprès. Euh... Attendez, cette phrase n'a même pas de sens... Bref.
Il se racle la gorge et reprend plus calmement.

-Donc oui, je joue de plusieurs instruments. Le piano, la clarinette, et le violoncelle. Sans compter mes trois petites années de basse. Je ne sais pas vraiment lequel je préfère. J'aime chacun de ces instruments, et ils ont tous leur avantage et leur inconvénient, à mon avis. Le piano possède 7 octaves, mais n'est pas facilement transportable, la clarinette à un très beau son, mais l'embouchure et les doigtés sont longs à apprendre avant de l'apprécier à son avantage. Le violoncelle est l'un des plus compliqués que j'ai jamais connu, sa musique est très belle, mais il n'est pas très facile à transporter, lui aussi. Et enfin la basse, instrument pas vraiment apprécié à sa juste valeur, mais c'est lui qui souvent crée le rythme et la gravité d'un morceau.
Disons que je n'arrive pas à me décider.Il conclu en se grattant la joue avec un sourire.

Ow, la musique le touche vraiment. Il peut en parler longtemps et je suis sûr qu'il vient de faire un résumé condensé du résumé du résumé. Vous suivez?

-Et toi? Tu joues d'un instrument en particulier? Et si oui, lequel? Avec un peu de chance, on pourrait tenter un morceau un de ces jours. Fait-il avec un clin d'œil.

-Yup, je joue. Je peux même faire du bruit là maintenant tout de suite en tapant sur un mur. Concerto solo pour percussion improvisée, t'veux voir? Tu n'as qu'à chanter pour m'accompagner. Je rigole devant sa mine incrédule.
Sinon oui, je joue du piano aussi. Je touche un peu la guitare de temps en temps. Pour ce duo, c'est quand tu veux!

On ferait un malheur n'empêche, je rigole rien qu'en y pensant. Héhéhé, ça serait marrant, vraiment.

- Ouais, faudrait vraiment tenter, en fait.

Le destin, c'est comme le vent, ça passe doucement, ou en rafale.

Ne pas m'étendre dessus... C'est raté. Mais bon, je ne peux pas revenir en arrière alors je me contente de soupirer. Ma maturité est descendu de trois points. Mais je m'en fiche... un peu.

-Yup, je joue. Je peux même faire du bruit là maintenant tout de suite en tapant sur un mur. Concerto solo pour percussion improvisée, t'veux voir? Tu n'as qu'à chanter pour m'accompagner.

Sur un... mur? C'est un peu exagéré. Il rigole. Je fais une tête spéciale? N'empêche, c'est un peu exagéré. Et puis, j'ai une voix grave, je ne pense pas qu'un duo batterie-basse soit du meilleur effet. Je souris à cette idée.
Takeji poursuit alors :

Sinon oui, je joue du piano aussi. Je touche un peu la guitare de temps en temps. Pour ce duo, c'est quand tu veux!

Ah! Enfin une bonne nouvelle! On pourrait se faire un quatre main. Ou bien même former un groupe de rock. Va savoir ce que l'avenir réserve. Peut-être que mon métier finira par devenir trop habituel, et qu'un jour, accompagné de Takeji, le vent nous portera vers le milieu du showbiz. Je souris à cette opportunité.
Je m'apprêtais à répondre à sa phrase, mais il me devança :

- Ouais, faudrait vraiment tenter, en fait.

Je n'aurais pas dit mieux... à vrai dire, s'il m'avait laissé le temps de parler, j'aurais dit la même chose. Enfin...
Autant fixer un petit rendez-vous pour nous essayer au milieu de la musique. Je ne doutais aucunement de ses talents au piano. Bien au contraire, j'étais pressé de tenter cette expérience. Enfin une opportunité de jouer avec un ami, et non pas avec un élève ou tout seul.

Mais j'avoue avoir peur de lui demander ça, ça fait trop rapide et excité. Pas du tout moi, en somme. Cependant, je tente le coup, et après quelques secondes de silence, je demande :

-Dis-moi, si ça te gêne pas, tu voudrais qu'on fasse ça quand?

Aïe, aïe, je m'y prend un peu mal. Rattrapons tout ça.

-Je veux dire, quand tu seras disponible, si ça te plait on pourrait faire un petit duo. Après à toi de me donner ta date. Si tu veux, on peut le faire chez moi, comme ça on sera tranquille. J'ai une guitare sèche à la maison.

J'inspire un long moment. Je n'ai pas l'habitude de faire face à de tels sentiments... Espérons qu'il ne se moque pas. Et voilà que je repars sur mes ressentiments. Quelle peste.

-Pour moi, c'est quand tu veux, un mercredi ou vendredi de préférence. Ou bien le week-end.

Je soupire et l'observe gentiment.

Il y a quelques secondes de silence pendant lesquelles il semble hésiter.
Aw, mais tu peux tout me demander tu sais. Surtout si ça touche à la musique.

-Dis-moi, si ça te gêne pas, tu voudrais qu'on fasse ça quand?

Mais quand tu veux! Enfin, c'est ce que je veux répondre, mais il ne m'en laisse pas le temps. Il a vraiment l'air embarrassé, bien que je n'en vois pas la raison.

-Je veux dire, quand tu seras disponible, si ça te plait on pourrait faire un petit duo. Après à toi de me donner ta date. Si tu veux, on peut le faire chez moi, comme ça on sera tranquille. J'ai une guitare sèche à la maison.

Il inspire profondément. Il est gêné. Mais pourquoi? Il a peur de s'emporter en faisant sa demande? Oh, cette dernière phrase sonnait étrangement. Mon dieu, on dirait que je parle d'un couple. J'en rirais presque à voix haute. Mais Ren n'est pas dans mes pensées, et il risquerait de le prendre mal du coup. Je me contente donc de sourire.

-Pour moi, c'est quand tu veux, un mercredi ou vendredi de préférence. Ou bien le week-end.

Il soupire et m'observe.
Le Dieu des Réactions Spontanées et Stupides -DRSS pour les intimes- m'offre plusieurs choix:
1) Je saute de joie, lui saute dessus, et lui dit que c'est ok quand il veut, même maintenant.
2) Je saute de joie, fait un grand sourire et lui dit que c'est quand il veut.
3) Je lui saute dessus pour ébouriffer sa tignasse en lui disant qu'il est trop mignon quand il est embarrassé et que je suis ok.

Dans tous les cas, les muscles des jambes me démangent trop pour que je les ignore.
J'aime bien le choix trois.
Je lui sors mon sourire spécial regarde-mes-belles-dents et lui saute dessus avant même qu'il n'ait le temps de comprendre ce qu'il lui arrive. Je lui ébouriffe les cheveux -allez, de toute façon il est tard, alors que ce soit moi ou l'oreiller- et dis:

- T'es troop mignon quand t'es tout embarrassé comme ça. Mais on est amis non? Alors pourquoi hésiter. De toute façon, je suis ok depuis le début, quand tu veux!

J'ébouriffe un peu plus, lui donne deux petites tapes sur la tête avant de m'éloigner d'un grand pas, sourire toujours en place.
Sait-on jamais, si il décide de se venger. Bien que pour l'instant, il ait juste l'air complètement paumé.
Ah, et on dirait aussi qu'une tornade lui est passée sur la tête.
Takeji la tornade, j'aime.
Je rigole franchement, tant à ma remarque intérieur qu'à sa mine complètement éberluée.

Dis-moi, c'est quoi un nuage?
Un souvenir et un avenir.

Il se mit à sourire. Je sais pas pourquoi mais j'aime pas ça. Il y a une consonance trop machiavélique dans ce sourire.
Je sens dans ses yeux et dans sa tête une sorte de machinerie qui se met en marche, et à vrai dire, j'ai un peu peur du résultat. C'est d'ailleurs pour cette raison, que sans m'en rendre compte, je recule d'un ou deux pas.

Hum... comment dire. Est-ce que j'ai une putain d'intuition qui tue tout le monde ou bien son expression est telle que n'importe qui devinerai ce qu'il trame?
En tout cas, mes peurs se révélèrent être bien fondées.
Malgré la distance qui nous séparait, Takeji me sauta dessus, m'ébouriffa les cheveux comme à un gosse de 10 ans.
Je ne savais pas trop comment réagir. Pour le moment, je me contentais de le regarder comme s'il s'était subitement pris de folie. Est-ce que ce mec est vraiment en état d'enseigner? Je commençais sérieusement à douter de la réponse. Ou bien, est-ce peut-être la nuit qui exerce une certaine pression sur les neurones de Takeji.
Dans mes quelques réflexions, j'affichais une mine désemparée et j'observais partout autour de moi, histoire que personne ne voit ça. Le rouge me monta aux joues. Takeji en fit la remarque :

- T'es troop mignon quand t'es tout embarrassé comme ça. Mais on est amis non? Alors pourquoi hésiter. De toute façon, je suis ok depuis le début, quand tu veux!

Il m'ébouriffa encore une fois les cheveux (ma coupe était foutue, et il me fallait encore rentrer chez moi... Qu'allait penser les quelques passants de L.A. ?), puis quelques petites tapes sur la tête, histoire d'aplatir mes cheveux en bataille. Il voulait que je le tue ou quoi?
À voir sa tête, sa paraissait tout à fait normal. Dans son sourire, je reconnaissais une part de sincérité et une gentillesse sans pareille. J'en fus touché et baissais les yeux par réflexe.
Je n'aurais jamais pensé être réduit à devenir soumis face à un adulte encore en période de gaminerie. Mais d'un côté, ça me rassurait. J'éprouvais le besoin de mieux le connaître. Connaître ses qualités, ses défauts, ses faiblesses et ses habitudes. Je ne me sentais pas affaibli, ni même mécontent. Simplement dans un stade de découverte de ses propres sentiments, si on peut dire.

C'est pourtant paumé que je ressurgis dans la vie réelle, lorsque Takeji se met à rire. Il a reculé de quelques pas, craint-il quelque chose de ma part? J'ai bien envie d'essayer, tiens.
Il le mérite bien.
Je m'approche de lui, il recule. Takeji a sans doute compris que je prépare quelque chose. D'une main puissante, je le saisis. Passant mon bras autour de son cou, je le tins. De ma main droite serrée en poing, je lui ébouriffe à son tour les cheveux, faisant tomber son petit chapeau accroché en barrette assorti à sa tenue. Voilà ses cheveux (soigneusement lissés) devenus pareils aux miens.
Sans le lâcher, je lui dis :

-Dis-moi, t'a fini de te moquer de moi? De nous deux, je pense que c'est moi le plus fort, alors tu devrais te méfier. lançai-je en prévention.

Il rigole. Moi aussi, mais je ne le lâche pas. Finalement, ma main se détend, et il en profite pour se débarrasser de ma poigne. Je lui souris, et lui dis :

-Véridiquement, je n'aurais jamais pensé pouvoir dire ça un jour, mais en moins d'une journée, je te considère déjà comme ami d'enfance. C'est incroyable comme le hasard fait bien les choses.

Je soupire, cassé par les récents évènements. Il serait temps de retrouver le lit. Mais je n'en ai pas vraiment envie. J'aurais au moins appris une chose aujourd'hui, c'est qu'on peut trouver le meilleur ami derrière une personne dont on n'aurait jamais imaginé rencontrer. Je rigole.

-Bon, tu seras disponible quand pour notre petit duo? conclus-je après quelques secondes de silence.

Il était temps de se remettre dans les rails, après cette petite dérobade. Ah, c'est moi tout craché, j'y peux rien, c'est le métier de prof qui veut ça. Quoique...

Il me fixe.
Il me fixe, c'est pas bon pour moi.
Il me fixe toujours.
Et il réfléchit. Il semble trouver un idée, car il avance. Qu'à cela ne tienne, je recule, sans jamais le lâcher des yeux.
Héhéhé... Je suppose que j'ai mérité ce qui va m'arriver. La Vengeance sort son bras, le tend vers moi, et m'attrape. Pour m'ébouriffer les cheveux, aussi sauvagement que je l'ai fais.
Aaaw, tu copies mal Ren, moi, je t'ai sauté dessus avec un grand sourire. Toi, tu m'a attrapé avec une mine sérieuse. L'adulte qui réprime le gamin? Probablement.
Mes cheveux! On touche pas mes cheveux. Attention je mord.
Très fort.
Mais pas là. Non seulement parce que je l'ai cherché -et j'en ris encore, sa tête était impayable- mais parce qu'en plus, je n'ai pas envie de râler. Seulement envie de rire.

-Dis-moi, t'a fini de te moquer de moi? De nous deux, je pense que c'est moi le plus fort, alors tu devrais te méfier.

Je ris. Le plus fort? A voir. Et puis, si j'avais voulu jouer un mauvais tour, ça ferait longtemps que je me serait téléporté loin d'ici. On m'attrape pas comme ça huhuhu. Des années d'expérience.
On s'entend vraiment bien, alors qu'on vient de se rencontrer. Mêmes vêtements, même goût pour la musique, et amis au bout de 5 minutes. Ça n'arrive pas deux fois dans une vie, hors de question de briser ça.
Sa prise se déserre et j'en profite pour m'échapper du bras de la Vengeance. Pfiou.
Il me souris. Il a une coupe d'en-fer. Et je suppose que moi aussi. Tiens, mon chapeau est par terre.

-Véridiquement, je n'aurais jamais pensé pouvoir dire ça un jour, mais en moins d'une journée, je te considère déjà comme ami d'enfance. C'est incroyable comme le hasard fait bien les choses.

Tiens, je pensais la même chose pendant que je me faisais agresser par un type qui se balade avec une coupe pétard sur la tête.
Ah, c'est de ma faute?
Pas du tout, je nie en bloc, j'ai rien fait moi. Je suis la victime. Mes pauvres cheveux.
Héhéhé...
Je suis ramené dans le monde réel par le rire de Ren.

-Bon, tu seras disponible quand pour notre petit duo?

Retour au sujet de départ. Quand je suis disponible? Tout le temps! Enfin nan, pas quand je donne des cours. Il avait dit quoi à propos des mercredi? Qu'il était libre?
Ça tombe bien moi aussi.

- Que dis tu de... Mercredi? Où tu veux.

Je souris. Ça promet d'être intéressant. Je remet de l'ordre dans mes cheveux, pauvres petits.

On dit que la nuit porte conseil...

J'attends sa réponse avec intérêt.

- Que dis tu de... Mercredi? Où tu veux.

Mercredi? Pourquoi pas? Manquait plus que l'heure. Bon, en gros, c'est moi qui allait fixer les finitions. Hum, voyons voir.
À charge de réponse, et comme il tentait tant bien que mal de refaire sa coupe, je saisis son chapeau tombé à terre lors de ma "démarche d'infinie tendresse", et le lui tendis.

-Dans ce cas, je te propose ce mercredi-ci, chez moi, vers 14 ou 15h, ça dépend de tes disponibilités. J'ai hâte que tu me montres de quoi tu es capable niveau instrumental. Avec un peu de chance, et suivant l'avenir, peut-être formerons-nous un groupe ?

Oui, j'ai toujours été comme ça, à rêver avenir sans regarder le présent. J'ai toujours fait des paris incroyables sans jamais les avoir réalisés. Mais ça me permet de rêver. J'ai appris à ne plus rougir face à lui lorsque je me met à parler d'une manière prophétique, au moins.
D'ailleurs, il sourit, signe de son soi-disant acquiescement. Je lui rends son sourire.

-Bon, eh bien, à mercredi. Mon oreiller m'appelle. Et ce soir, ce ne sera pas lui qui me décoiffera. lançai-je en pic, remarque à ses précédents agissements.

Riant, je tâchais de faire un peu d'ordre dans ma coiffure, histoire de ne pas passer pour un fou (même si mes habits et l'heure actuelle suffisaient amplement pour paraître fou). Sur ce, je fis un geste d'adieu, et Takeji me le rendit.
Il fit une sortie prodigieuse, se téléportant juste sous mon nez.

Seul, je souris. La nuit réserve bien des surprises.
J'ai le temps pour rentrer chez moi, donc je n'éprouve aucun besoin de me transformer. Plutôt de réfléchir profondément. Mettant mes mains dans mes poches, je soupire et quitte l'enceinte de l'église d'un pas lent, me dirigeant vers le Mystery et retrouver ma maison.