Foutue sorcière. Foutue blonde. Foutue FEMELLE. Même si j'ai des doutes sur ce dernier point. Trop flippante pour être quoi que ce soit d'autre qu'une démone. Blonde et bien foutue, damn. Toutes les femmes sont des démones, celle là c'est la reine.

Trainant lourdement les pieds, et boudant ostensiblement le monde extérieur, Jack avance dans les cachots sombres en ruminant contre sa mauvaise fortune et le destin qui s'acharne décidément contre lui.

En plus y'a pas de Whisky, j'ai vu des rats, et je suis COINCE ici. Jusqu'à ce que je m'évince en douce une fois de plus, cela va de soit. Après tout, je reste moi, Jack Weiss.

Mais en ce moment, Jack Weiss est coincé au QG d'Orphéo à Londres. Obligé de faire profil plus que bas -sa présence dans les sous sols est effectivement une illustration de ce fait-, parce qu'Anja a réussi à le ramener. Anja, la petite sorcière blonde inhumaine, froide comme un congèlateur d'icebergs, aussi vide d'émotions qu'un sac plastique troué, et violente comme une catcheuse professionnelle. Du moins, c'est ce qu'en pense Jacky. Oh oui, elle a eu pour mission de le ramener, et elle a réussi. Et petit Jacky s'est fait passer un savon mé-mo-ra-ble.

Pourtant, à la base, il avait accepté de la suivre gentiment, en échange d'informations sur son père. Parce que Jack n'a jamais abandonné l'idée de venger son père, c'est même son grand but dans la vie. Enfin, l'un des buts de sa vie. Et donc, il avait accepté de suivre Anja.
Accepté de la suivre, mais il n'avait jamais précisé jusqu'où. D'où le fait que monsieur ait tenté de s'échapper à plusieurs reprises. Mais la sorcière l'avait toujours rattrapé. Pauvre chou.

Et maintenant, il est coincé là. Sans whisky, le pauvre enfant. Alors il râle en avançant dans les cachots sombres. Il y a une dizaines de minutes, il était simplement en train d'errer dans les couloirs, sachant pertienement qu'il ne pouvait filer de suite. Et puis, pris d'une lubie il avait traversé un mur, et fini dans l'armoire de l'autre côté. D'où il a entendu une très intéressante conversation sur un prisonnier d'Orpheo, qui a priori serait cher à cette vieille Pandora Mystery. Les sorciers noirs qui en parlaient s'en frottaient presque les mains de joie malsaine.

Jack aussi avait affiché un sourire digne du chat de Cheshire. Oh non, je vous arrête là, il n'en a strictement rien à faire de cette guerre, des humains, des mêlés et de tout ce qui y a trait. Le seul truc intéressant qu'il voyait là à cet instant dans la capture de ce pauvre homme, c'était surtout une fichue distraction dans ce trou à rat. Et oh joie, il fallait assurer la relève de la personne actuellement en train de le garder, ce fameux prisonnier.
Monsieur était donc sorti de l'armoire comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.

On dira ce qu'on voudra, mais même pour des types capable d'invoquer la foudre, de brûler des voitures avec les yeux ou encore de respirer sous l'eau, un mec qui déboule d'une armoire comme si il était en promenade, ça fait toujours une petite surprise.
Et puis Jackie avait convaincu les deux monsieurs qu'il était l'homme de la situation, le gardien de prisonniers parfait.
Ils avaient accepté. Doutant probablement de la santé mentale de l'Homme aux Armoires.

En fait, ils devaient ne jamais avoir entendu parler de Jack Weiss. Autrement ils auraient insisté pour que je m'acquitte d'une tâche plus à ma hauteur. Oh qu'importe, pour cette fois je passe outre.

Bien sûr Jack.
Monsieur avait aussi fait un détour par les cuisines pour voler...

Emprunter sans leur accord. Voler est un mot trop dur et avec une trop mauvaise connotation.

... Deux pommes. Une pour lui, une pour sa distraction. Manque de chance, y'avait pas de whisky dans les cuisines, quel dommage.
Voilà pourquoi, en plus de marmonner dans sa barbe de deux jours, de trainer les pieds, et de bouder, il fait mumuse avec une pomme dans sa main droite. La gauche tenant celle qui ne lui est pas destinée.
Monsieur se stoppe soudain à une intersection.

Perdu.

Aucune idée de quelle direction prendre, c'est pas comme si il connaissait les cachots par coeur après tout. Il n'est venu ici qu'une fois ou deux. Avec un soupire, il ferme les yeux pour se concentrer sur son don. Ce qu'il veut le plus actuellement, c'est bien la direction dans laquelle se trouve une source de distraction majeure. Enfin, selon lui.

Droite.

Alors à droite toute. Et effectivement, au bout d'un couloir, il trouve l'homme qu'il doit relever. Honnêtement, il n'a strictement aucune idée de l'intérêt de placer quelqu'un là. Ces cachots sont blindés de runes en tout genre, probablement de pièges divers pour les intrus, l'entrée est gardée, et tout le bâtiment est infesté de sorciers noirs, dont certains parmis les plus puissants. Quelqu'un qui passerait tout ça, serait théoriquement capable de se débarasser d'un petit sorcier de plus. Enfin...

- Je viens pour la relève.
- On m'avait dit que ce serait Mar... - Il est tombé dans les escaliers, coupe Jack, le plus sérieusement du monde.

Tellement sérieusement que l'autre, après un regard suspicieux, finit par récupérer ses affaires laissées sur la table, et s'en aller.

- Tombé dans les escaliers... Pfuh.

Jack le regarde partir et tourner au coin du cachot, un sourcil haussé.

- Il savait pas qu'on pouvait tomber dans les escaliers?

A dire vrai, Jack a balancé ce mensonge pour la simple raison qu'il avait la flemme d'expliquer en détail comment il est sorti d'une armoire, après avoir espionné une conversation, et comment par Pythagore et Sophocle avait-il bien pu réussir à convaincre Mar... Quelque chose -oui, c'était lui- et son acolyte qu'il était l'homme le mieux placé du monde pour s'assoir à une table au font des cachots.
Jacky dépose sa dague, sa chère petite Pearl adorée sur la table, juste à côté de la lanterne. Oui parce qu'il ne faut pas compter sur ce trou pour avoir un interrupteur et l'électricité. Puis il se tourne vers la cellule et étudie de haut en bas le prisonnier.
Un japonais. Tiens donc. Jack n'avait été qu'une seule fois au Japon, et tout ce qu'il en avait retenu, c'est que le Saké serait son troisième alcool préféré. Après le Whisky et le Rhum. Dommage qu'il ne se trouve pas dans tous les bars, celui là.
Il ouvre la trappe par laquelle les repas sont habituellement déposés, et place la pomme qu'il tenait, avant de refermer l'ouverture.

- Cadeau.

Et pour prouver que non, il ne fait pas un remix de Blanche Neige en jouant la méchante sorcière, il croque dans sa propre pomme pour en avaler un morceau.

De toute façon, ce sont deux pommes vertes. La sorcière, elle offre des pommes rouges, et elle fait vraiment pédophile sur les bords.

Un dernier coup d'oeil au prisonnier, et il va pour s'affaler sur la chaise après l'avoir légèrement rapprochée de la cellule. Un coude sur la table et sa tête nonchalemment posée dessus, il observe sa dague pendant un petit moment, espérant quand même que l'autre finirait par faire un truc. N'importe quoi, mais un truc.
Finalement c'est peut être pas plus distrayant que d'errer dans les couloirs.

Fichue femelle.

Pourrir dans une cellule,
comme le ver dans une pomme.

Pourquoi est-ce qu'il y a jamais d'occupation dans une cellule. Je sais pas, ils pourraient inventer n'importe quoi. Si ils sont doués pour les runes de contre-sort, pourquoi ils foutent pas d'activités par la même occasion. Pourquoi est-ce que je me trouve là, même?je devrais être chez moi, avec Miyu. Ah, Miyu... Un soupir s'échappe de ma bouche. Pourquoi je l'ai pas écouté? Je savais parfaitement qu'elle avait raison, et pourtant, borné comme je suis, je suis quand même parti. J'ai quelques doutes maintenant. Ça m'étonnerai qu'elle soit restée là-bas, étant donné le peu de conviction qu'elle avait. Et des quelques jours de mission que je lui avais promis. Quel con je fais. J'espère qu'elle ne va pas tenter quelque chose d'idiot, celle-là. Comme venir ici par exemple. Je sais qu'elle en serai capable. Pitié, qu'elle ne vienne pas toute seule si c'est le cas. Et pourquoi j'ai des idées comme ça, moi? Je vais finir par le lui mettre en tête, par ondes interposées. Alors, non, je tais mes pensées.

Je dis ça mais bon, avec le nombres de runes autour de moi, je pense même pas que mes pensées peuvent sortir de cette pièce. Si on appeler ça comme ça. Et le sorcier noir dehors là. On dirait qu'il dort. Ah! Je lâche de nouveau un soupir. Il doit vraiment dormir. Je soupire tellement depuis que je suis là, ça doit être chiant à la longue. Même moi, je commence à ne plus me supporter. Il faut dire que je ne me suis pas métamorphosé depuis un bon bout de temps. Et ça, ça influe grandement sur mon humeur. Je deviens de plus en plus stressé. Ce qui me faut là, c'est un cigarette. Ou pouvoir sortir d'ici cinq secondes pour me transformer. Mais l'autre me laissera jamais sortir. Saloperie de sorciers noirs de mes deux. Y'a pas de raison que je m'échappe. Je connais rien d'autre que ma cellule, et j'ai jamais vu les couloirs derrière les barreaux. Pour la bonne raison que je ne peux pas m'en approcher à plus de cinquante centimètres sans me prendre une décharge sur les doigts. Au début, j'ai fait mon dur, mais après un évanouissement en raison de la charge d'électricité trop puissante dans mon cerveau, j'ai décidé d'abandonner. Il faut dire que je fais tout pour m'occuper. Parce que si je ne trouve rien à faire, alors je déprime. Je commence à bien connaître les roulements entre sorciers noirs. Celui-là ne va pas tarder à partir d'ici. Mais je n'y fais plus attention. Ils changent tout le temps, mais aucun d'entre eux n'est vraiment amusant. Là ce qu'il me manque, c'est Takeji pour me sauter dessus sans crier gare. Si je les retrouve un jour, je jure de ne jamais revenir ici et d'écouter tout ce qu'on me dira. Si je sors d'ici.

Nouveau soupir. J'ai envie de faire le poirier. Juste pour le délire. Qui vous dit qu'un prof ne peut pas s'ennuyer? Je vous jure que c'est humain un professeur. Bon, pour moi, ça ne colle pas vraiment mais bon, c'est l'intention qui compte. Quand on fout un humain en quarantaine sans rien à faire, ça devient fou. Et je n'ai pas envie de devenir fou. Déjà que... déjà que... je ne me suis pas rasé depuis un bon bout de temps. Ce que je veux là, c'est une bonne douche et un bon rasage. Et de nouveaux habits. Beaucoup de choses. Un repas meilleur. Pendant mon broyage de noir, j'entends deux sorciers noirs qui parlent. Tiens, c'est déjà la relève? J'aurai cru ça dans quelques minutes. Enfin. Un peu d'amusement ne nuit pas. J'écoute alors la discussion.

- Tombé dans les escaliers... Pfuh.
- Il savait pas qu'on pouvait tomber dans les escaliers?

Hein? J'ai pas tout suivi... ça y est, l'amusement de la journée est passé. Je vois une pomme rouler jusqu'à mon plateau repas. Dans un haussement de sourcil, j'écoute le sorcier prononcer cette unique parole :

- Cadeau.

Euh... Merci c'est trop d'honneur. Bon, celui-là à l'air plus dérangé que les autres. Si, si, je vous jure. En temps normal on ne m'adresse tout simplement pas la parole. Bon, par contre, qu'on me dévisage de haut en bas, ça j'en ai l'habitude. Ça m'arrache souvent un feulement de fureur. Parce que même emprisonné de runes, je garde mes habitudes félines. Je ne suis pas une bête de foire. Et je ne le serai jamais. Même si je dois crever dans quelques jours. Mais celui-ci ne tarde pas sur mon identification et se pose sur la chaise. Je vois une dague qu'il a l'air d'affectionner particulièrement. Je m'approche, parce que je préfère profiter du sorcier noir pendant qu'il ne dort pas. J'ai beau le regarder, je ne le reconnais pas. Et pourtant, je commence à connaître les têtes dans le coin. Je prends la pomme, et reste près des barreaux, accroupi. Je mords une première fois dans la pomme. Je ne cherche pas à savoir ce qu'ils ont pu foutre dedans, j'ai plus la foi pour me méfier.

-J't'ai jamais vu dans les parages, toi.

Je tousse violemment la seconde d'après. Pas parce que j'ai dû mal à avaler le morceau de pomme, mais plutôt parce que je n'ai pas parlé depuis très longtemps. Et ma gorge est toute sèche. Par-là même, ma phrase n'était pas très compréhensible car rauque. J'aime pas me voir dans cet état. Vraiment pas. Malgré son manque de parlotte, je continue cependant, pas près de lâcher le morceau. J'ai l'habitude qu'on me réprime violemment, mais lui a l'air de s'ennuyer dur pour me laisser parler. Bizarrement, j'oublie de nouveau mon confort pour demander, totalement à l'ouest :

-T'aurais une cigarette à me passer? Je déprime dans cette mini-cellule.

Jack s'ennuie. Et quand Jack s'ennuie, il fait ce qu'il faut faire pour ne pplus s'ennuyer. Ce qui inclut généralement soit une fille, soit une bouteille de whisky, soit la violation d'une loi quelconque pour voir ce que ça faire, soit une énorme connerie. Ici, y'a ni fille, ni whisky, ni loi à briser. Forcément, c'est le camp des méchants.
Reste la connerie.

J'espère que je n'ai pas d'autre frangin ou frangine caché quelque part sur Terre.

En attendant, il en est presque réduit à la souhaiter la voir débarquer. Juste pour avoir quelque chose à faire. Quelque chose d'autre qu'être coincé dans son propre camp, parce qu'ils veulent l'"avoir à l'oeil". Plus de dix ans qu'ils l'ont à l'oeil.

Je suis flatté qu'ils ne se lassent pas de me surveiller, mais toute mon affection va déjà à ma dague. Mon premier amour. Il faudrait qu'ils pensent à lâcher prise.

Il voit du coin de l'oeil le sorcier, ou qu'importe son espèce, mordre dans la pomme sans plus de méfiance. Celui là aussi, il doit en avoir raz le bol. Pour un peu, Jack le libèrerait. Si ça pouvait lui rapporter quelque chose d'autre que des ennuis avec Croix, bien évidemment. Mais comme ce n'est pas le cas, il ne le fera pas.

- J't'ai jamais vu dans les parages, toi.

Jacky hausse un sourcil à la voix rauque, et détourne son attention de la dague au prisonnier. Prisonnier actuellement près du sol, à la voix rauque de ne pas avoir parlé pendant un moment, mais en relativement bon état. L'intérêt que peut avoir Croix à le garder là échappe à Jack. A moins qu'ils ne tentent de le tuer d'ennui. Peut être un test sur une nouvelle méthode pour tuer sans se fatiguer?

- Si ça peut te rassurer, moi non plus je ne t'ai jamais vu.

Ben quoi? Je comprends qu'il craigne de chopper Alzeimher ici.

A côté de la plaque. En plus d'être ennuyé, et en quête d'un truc à faire. Si possible un truc qui ennuie des gens et l'amuse, parce que c'est plus drôle.

- T'aurais une cigarette à me passer? Je déprime dans cette mini-cellule.

Jacky a un instant un élan de sympathie mentale. Et glisse une main dans sa poche droite, pour y fouiller un instant. Il en ressort un paquet de cigarettes, à moitié écrasé, où il n'en reste que peu. Jack n'est pas un gros fumeur, moins d'une par jour. Juste de temps en temps, il préfère nettement boire. Mais quand y'a plus de whisky, faut bien remplacer.
Par contre, monsieur n'a pas de briquet. C'est un allumeur "maison" comme il dit toujours. En fait, il l'allume avec ses pouvoirs, tout bêtement. Si il est d'une nullité extrême en don -vraiment, même supérieure à celle des autres sorciers-...

Au moins je leur suis supérieur.

... Il s'en tire vraiment pas mal avec ses pouvoirs, touchant un peu à tous, et plus particulièrement à certains. Mais le feu n'en fait pas partie, c'est juste un briquet.
Il allume donc la cigarette avant de se lever pour la donner à l'homme derrière les barreaux.

- C'est un trou, comment tu as fini ici?

Capturé, il s'en doute. La question porte plus sur le pourquoi. Pas que la réponse l'intéresse plus que ça, mais ça l'occupe.

Et puis, mieux vaut en savoir trop que pas assez.

Le sorcier observe ses alentours. C'est sombre, moche, puant le renfermé et humide en plus de ça. Jacky sait qu'il ne voudrait pour rien au monde être enfermé là. Ou au moins, être enfermé dans une cellule d'où on pourrait voir le Soleil. Et avec une bouteille de whisky.
C'est en plus de ça runé de partout. Même si les runes les plus puissantes ne s'appliquent qu'à l'intérieur des prisons, de sorte qu'en dehors, même si il y a quelques protections, c'est quand même plus facile d'utiliser divers pouvoirs. Après tout, si les prisonniers sont enfermés, il n'y a pas besoin d'appliquer plus en dehors de leurs cellules. Ce qui serait d'ailleurs pénalisant pour les geoliers.
Il récupère sa dague et la remet dans son fourreau. Aujourd'hui, le fourreau est caché au fond d'une poche prolongée de son pantalon. Et totalement invisible car le dit pantalon ne le colle pas. Puis monsieur reporte ensuite son attention sur le prisonnier.

- T'as l'intention de t'échapper un jour?

Jack ne dit rien, mais il a un exemplaire du trousseau de clés sur lui. Bien sûr, il ne compte pas faire évader le prisonnier.

Un léopard en cage,
voilà ce que je ressens.

Je sais que j'ai une tête de déterré de quelques jours, mais c'est pas une raison pour me regarder comme ça. Ou bien, c'est simplement à cause de ma voix. C'est vrai que ça surprend. Si c'est le cas, pour moi-même, je pense que c'est plus impressionnant pour l'autre. Mais bon, au moins, il me porte un quelconque intérêt. C'est pour cette raison que je décide de lancer la discussion. Et d'ailleurs, il ne tarde pas à me répondre. C'est un bon pas. Peut-être... peut-être que je vais pouvoir en tirer quelque chose. Je ne doute pas de son idiotie. Et puis, il a l'air loin d'être idiot. Simplement... pas content d'être là. C'est bizarre. Il s'ennuie dans son chez soi. J'aurai jamais cru ça possible.

- Si ça peut te rassurer, moi non plus je ne t'ai jamais vu.

haha, humour de merde.com? Je serai pas là même si je l'avais voulu de tout mon cœur, p'tit merdeux. Nan mais, j'ai une tête de calamar frit ou quoi? Rah, c'qu'ils m'énervent ces sorciers noirs. Je me souviens maintenant pourquoi je n'ai pas parlé à un sorcier depuis si longtemps. Je supporte pas leur humour de merde. Sous réserve que c'était marrant. Et vu sa tête, il a l'air sérieux. Douteux. Bon, je m'énerve facilement, mais à force d'être cloitré, on perd la tête. Alors, continuons de parler comme si de rien n'était, je n'ai pas envie de perdre ma connaissance ennemie de sitôt. Bon, au moins, s'il me connaît pas, ça veut dire que je suis pas là depuis trop longtemps. Et puis merde, on est quel jour? Je n'attends pas une seconde de plus avant de proposer ma demande à voix haute :

-Ravi de le savoir. On est quel jour au juste ?

Bon voilà, je dis ça, je dis rien. Juste une petite curiosité. Rien de bien méchant. Pour savoir si je suis là depuis un mois ou deux. Je n'imagine pas autant de temps, heureusement. Simplement... c'est une simple question, histoire de me renseigner et de tuer le temps comme je peux. En attendant, je vois que le sorcier accède à ma requête. Il me donne une cigarette. Qu'il allume avec son pouvoir. C'est bien pratique d'être élémentaliste. Sous réserve qu'il en soit un. Moi, j'ai vraiment du mal avec ça. Je crois que c'est l'un des pouvoirs que je veux pas toucher. L'un des seuls. J'accueille la cigarette d'une main et mord une nouvelle fois dans al pomme avant de poser la cigarette à mes lèvres. J'inspire profondément. Rah, ce que ça fait du bien. Mais j'aime pas quand ça fait du bien. Ça montre que je vais pas... vraiment pas bien. Pour changer. Je tousse un peu. J'ai plus l'habitude de la fumée. Cure de désintoxication quand on est pas toxico, c'est dur. Parce que ça a tendance à faire le contraire quand on a l'envie.

- C'est un trou, comment tu as fini ici?

Je l'observe d'un coin de l'œil, toujours concentré sur l'épaisse fumée qui s'échappe de ma bouche. Ce que je fais ici? Est-ce que ça l'intéresse au moins? À voir son visage, je ne crois pas. C'est simplement pour passer le temps. Et comme mon histoire est relativement longue en détail, je me contenter de la version courte. Courte. Ouais c'est le mot. Et lui poser une question par la même occasion, comme ça je l'encouragerai à poursuivre la discussion.

-Attrapé par Natasha. Mais j'ai l'impression que tu t'ennuies aussi profondément que moi. La différence, c'est que toi, t'es dehors. Tu te fais chier pour me parler, pas vrai?

Je souris d'un air railleur. C'est pas peine de poser la question, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Mais sait-on jamais, ces sorciers sont parfois d'un téméraire bien étrange. Qui sait s'il ne veut pas me prendre des informations en se faisant passer pour une bonne connaissance. Je reste un peu sur mes gardes. Mais mes dernières forces vont bientôt s'épuiser. Et je ne sais pas si je pouvoir vivre comme ça encore très longtemps. Une fois, j'ai pensé me pendre pour en finir avec ça. Mais, rapidement résigné à mon sort, j'ai préféré attendre. Et je crois que j'ai eu raison. Après tout, mieux vaut vivre dans la précarité, avec un espoir de pouvoir remonter, plutôt que de mettre fin à sa vie alors que des personnes pensent encore à toi. En fait, c'est surtout ça que je ne veux pas laisser derrière moi. Alors que si je me bats jusqu'au bout, au moins je n'aurai pas l'air d'un... lâche.

- T'as l'intention de t'échapper un jour?

Je le regarde brutalement. C'est quoi cette question? Plus direct, tu meurs! Sans réfléchir, je réponds du tac au tac par ces mots :

-Je ne veux pas mourir bêtement.

Évidemment, à première vue, on pourrait croire que non, je n'ai pas envie de m'échapper, mais cette réponse est à double sens. Je ne veux pas mourir, tué par les sorciers noirs égal : je veux m'échapper. Donc les deux solutions sont possibles. Mais je n'ai pas fini de parler. Alors, je poursuis, sur le même ton égal.

-Dis, c'est quoi ton problème? Sans paraître malpoli, c'est une drôle de question à poser à un prisonnier.