C'est une histoire, une autre vie... | PV Namyon

Une âme marchait dans Little Angleton. La pluie s'abattait sur la petite ville d’Écosse. Une lionne se trouvait aux côtés du sorcier. Un seul être au monde se baladait avec un fauve sans la crainte que les humains les voient. Le fauve n'aimait pas l'orage, la pluie collait à son pelage qui avait repris une teinte dorée avec le soleil d'été. Elle aussi avait changé, les entraînements l'avaient rendu plus fine, plus guerrière que jamais.

* Penses-tu qu'elle sera toujours là ?
- On va voir. *

Son maître l'avait mis à l'épreuve ; il avait dû simulé sa mort pour partir et devenir un sorcier noir. A présent David Lanero l'était, son comportement avait changé, il portait une épée à la lame extrêmement fine dans son dos. Son regard de chat s'était extrêmement durci, le sorcier noir soupira longuement et traversa les champs. Il portait un long manteau noir, la capuche sur la tête dissimulait son visage. David marchait avec calme, rien en lui trahissait l’appréhension de revoir Namyon. Il l'avait abandonné, comment avait-elle réagi, était-elle seulement encore en vie ? Le sorcier noir avait avoué à son maître qu'il avait quelqu'un, et un enfant. Son maître lui avait dit que quand sa formation serait terminée, alors il pourrait rejoindre son aimée, mais pas avant. David avait accepté et terminé sa formation en quelques mois à peine.

Il traversait le village, on était passé 22 heures, c'était calme, un éclair zébra l'air. Nienna tressaillit mais ne bougea pas plus que cela. C'était son nom, celui que David avait découvert en changeant de niveau, en devenant plus fort, même s'il l'avait caché à Namyon. Le sorcier prit une petite ruelle, il s'approcha d'un immeuble où se trouvait son appartement avec Namyon. La lionne bondit avec souplesse sur une fenêtre entrouverte, elle se glissa dans l'appartement et aussi ses oreilles se dressèrent en entendant un petit souffle ainsi qu'une plainte... Un bébé ! David apparut bientôt auprès d'elle, abaissant sa capuche, il regarda l'enfant dans son berceau qui ouvrit les yeux. Des yeux comme ceux de son père, un regard unique à dire vrai. Son enfant... ? David resta pourtant de marbre, il semblait avoir vieilli, son visage avait toujours cette beauté étrange mais son crâne était rasé, dévoilant avec provocation ses lèvres pulpeuses. La lionne tourna la tête en entendant des bruits de pas et en sentant une odeur particulière.

* C'est elle. *

David ne dit rien, il alluma une lumière et regarda sa chambre conjugale avec Namyon, rien n'avait changé. Il regarda à nouveau l'enfant qui s'était mis à pleurer. La lionne s'assit derrière son maître, car à présent c'était ce qu'il était. Un maître sorcier noir ! Il était prêt à détruire Orpheo. Il avait suivi sa formation à Londres, auprès de Croix et de Rosenrot. Il avait eu le privilège de rencontrer Natasha Cross et le dirigeant de Rosenrot. Son maître était lui-même de Croix mais David préférait œuvrer seul. Il était véritablement glacial, ayant perdu à force d’entraînement, l'usage de sentiments humains et normaux... Il était devenu une machine à tuer ! Il portait un simple pantalon en cuir et une chemise noire, mais le haut était dissimulé à cause du manteau couvert d'eau. Aux pieds ? Des baskets, tout aussi sombre que le reste de la tenue et que son âme...

Elle avait craqué. Pas quatre jours ne s'étaient écoulés, qu'elle était retournée à l'orphelinat chercher son fils. Un puissant instinct l'avait taraudée, hantée, presque torturée par sa force, pour qu'elle retourne chercher son sang. C'était son premier enfant, et Dieu sait à quel point elle posait sur un piédestal les relations parents-enfants, pour avoir perdu les siens. Alors, à moins de quatre jour après l'avoir déposé, elle était retournée le chercher. Et qu'importe ce qu'avaient pu en penser le personnel de l'orphelinat. Qu'ils la prennent pour folle -ils avaient d'ailleurs paru hésiter à rendre l'enfant à cette femme, qui bien qu'étant sa mère, semblait assez inapte à l'élever-, qu'ils se posent des questions, elle s'en fichait. Sitôt que l'enfant était retourné entre ses bras, tout s'était apaisé.
Pourtant, elle savait bien. Elle savait bien que c'était mauvais de l'élever seule dans son état. Elle ne se relevait pas de la mort de David. C'était puissant, ça lui coupait toute joie, et pourtant elle essayait encore. Ça ne lui avait au moins pas enlevé ça, la force d'essayer. Mais rien ne marchait. Alors, elle passait les jours, arpentant l'Écosse à la recherche de celui qui avait tué son homme. La vengeance n'apportait rien, mais au moins David aurait quelqu'un sur qui cogner là où il était. De quoi l'occuper jusqu'à ce qu'elle le rejoigne.
Elle ne pouvait vraiment bouger comme elle le voulait. Parce qu'il fallait s'occuper de l'enfant. Quelques fois, elle l'avait laissé à l'orphelinat, en prétextant une mission de plusieurs jours. Au début, ils avaient cru qu'elle l'abandonnait pour de bon et ne reviendrait pas. Mais elle revenait toujours récupérer son fils aux yeux verts.
Et voilà où elle en était après environ deux mois que David était mort. Elle cherchait depuis le début du mois de Juin, et songeait à quitter l'Écosse. Mais elle ne savait pas comment faire pour son fils, seule. Alors elle était toujours là, à Little Angleton, dans cet appartement où habitaient aussi David et sa lionne. Cet appartement lourd de souvenir, qu'elle habitait par nécessité. Trop de souvenirs, et cela la hantait. A tel point que parfois, elle pensait revoir David devant elle. Ces illusions fréquentes au début, tendaient à s'espacer au fil des mois. Sans pour autant disparaitre, bien malheureusement. Combien de fois s'était-elle surprise à fixer un mur, convaincue que c'était en fait le sorcier noir. Des fois elle criait à ces chimères de la laisser tranquille. D'autres fois elle faisait de son mieux pour les ignorer. Une fois elle avait cru avoir le vrai fantôme en face d'elle. En réalité, si c'était bel et bien un ectoplasme, ce n'était pas le sorcier noir. Juste un fantôme que son esprit avait modifié. Elle s'était d'ailleurs bien amusé à lui démonter minutieusement la tête, sans même parler ni le laisser fuir. Il n'avait qu'à pas se balader près du berceau de son fils, pour commencer.
Namyon sorti de la cabine de douche pour s'envelopper dans une grande serviette. Elle croisa son reflet morne dans la glace, l'œil vide, quelque peu pâle, surement un peu amaigrie. Heureusement qu'elle possédait un semblant de muscle, le seul signe d'amaigrissement réel était ses côtes qui commençaient à se faire voir. Pas forcément du plus bel effet, mais c'était rattrapable. Elle ne pouvait pas se laisser mourir pour le moment, de toute façon.
La sorcière détourna le regard de la glace. Elle n'avait pas plus envie que ça de se voir. Elle se sécha, fit de même très sommairement avec ses cheveux qu'elle ne prit pas la peine de réellement discipliner. Pour une fois, ils auraient du volume. Elle enfila rapidement un short de lin léger, beige, ainsi qu'un haut sans manches de la même couleur. L'été était là, et même si c'était l'Écosse, c'était un été assez agréable sur le thermomètre pour le moment, bien qu'il pleuvait dehors.
Ne s'attardant pas dans la salle de bain, elle en sortit pour se diriger vers la cuisine. Machinalement, par une série d'actions presque automatiques, elle mis du lait à chauffer. Elle nourrissait son fils au sein. Mais ce soir, elle avait juste envie de lui donner son biberon, d'avaler quelque chose et d'aller se coucher. Ce qu'elle était en train de faire. Elle attrapa un plat dans le congélateur, ne pris pas la peine de le faire décongeler par quelque moyen que ce soit, et le fourra directement le four, programmant une température ainsi qu'un minutage quelque peu aléatoire.
Le lait fut rapidement prêt. Elle le versa dans un biberon, prenant soin de bien le refermer avant de tester la température du liquide sur son poignet. La jugeant adéquate, elle se dirigea vers la chambre de son fils -qui était aussi la sienne-, biberon en main. La lumière qu'elle aperçut sous la porte la fit se stopper à mis chemin. N'avait-elle pas éteint? Il lui semblait pourtant que si. Oh et puis, qu'importe elle perdait la tête de toute façon. Un peu plus, un peu moins...
Sa main rencontra bientôt la poignée pour la tourner, son fils pleurait derrière cette porte, et la sorcière avait une soudaine boule au ventre. La porte s'ouvrit, et la jeune femme se figea.
Une haute silhouette sombre dégoulinade d'eau, debout dans la chambre. Et cette silhouette, c'était David. Namyon le sentait au fond d'elle. Cette illusion là était bien plus violente que les précédentes. Diable, le réalisme était poussé jusqu'à cette lionne présente aux côtés de la chimère, alors qu'elle ne l'était pas dans les précédentes. Il y avait même de l'eau sur le sol. Cette fois, elle avait définitivement virée folle, elle n'arriverait pas à s'en remettre.
Pourtant, et peut être était-ce grâce aux pleures de l'enfant, elle réussi à se tirer de sa stupéfaction pour marcher vers le berceau, en tentant de tout son être d'ignorer l'homme. Ce qui ne marchait bien évidemment pas, dans sa tête, des centaines de pensées passaient à toute vitesse. Au milieu de tout ça, seul triomphait son instinct maternel qui voulait faire cesser le déplaisir de l'enfant. Elle lui tendit d'abord une main rassurante avant de le soulever avec précautions. Cela ne calma nullement l'enfant. Impossible même de distinguer ce qui faisait le plus de bruit à ses oreilles, entre les pleurs, l'orage, et son cœur qui tambourinait dans sa poitrine. Vite, par pitié, que cette ombre menaçante parte. Elle avait l'impression qu'on lui arrachait la poitrine violemment et sans ménagement.
Avec un calme seulement apparent, la sorcière tendit le biberon à l'enfant. Biberon que l'enfant accepta, calmant par la même occasion ses pleurs. Il en pris quelques gorgées, ses yeux scrutant ceux de sa mère. Et l'agitation qu'il y détecta probablement ne parut pas lui plaire, puisqu'il repoussa le lait avec un gémissement. Le petit émit un de ces couinements de nourrissons, que n'importe quel adulte serait incapable de reproduire. Puis il sembla à nouveau prêt à pleurer, et la sorcière ne pu se contenir plus longtemps. Elle céda, et se tourna vers sa chimère, la regardant dans les yeux alors que son cœur se déchirait.

- Partez.

Le ton dur trahissait une pointe de lassitude face à ces illusions répétées. Dans tous les cas, il ne plut pas au bébé qui gémit une fois de plus, attirant l'attention de sa mère sur lui. Tentant d'adopter un ton adouci, elle chuchota à son enfant:

- Ne t'inquiète pas, les fantômes au village ne sont jamais très méchants. Tu vas aller dormir.

Un coup de tonnerre se fit entendre, faisant sursauter l'enfant. Et cette fois, cela ne manqua pas, il se mit à pleurer de nouveau. Évidemment... Si elle ne trouvait pas de rune pour isoler le berceau du bruit, elle serait bonne pour une nuit blanche.
Pas comme si elle pouvait dormir en ayant vu David juste avant, de toute façon.
Doucement, elle posa le nourrisson effrayé dans le berceau, pour commencer à faire prendre un mouvement de bascule au petit lit, tentative d'endormir l'enfant malgré le bruit. Sans quitter le berceau et son fils des yeux, elle s'adressa à nouveau à l'illusion:

- Comment un fantôme a-t-il pu passer les runes?

Parce qu'elle restait indéfectiblement curieuse.

- Partez.

- Non, je ne partirai pas, ici c'est chez moi. Regarde-moi Namyon.

* Elle empeste la peur. *

- Comment un fantôme a-t-il pu passer les runes?

- Je suis réel Namyon, tu vas vite le comprendre.

* Occupe-toi de mon fils. *

- Je suis réel Namyon, j'ai simulé ma mort à la demande de mon maître.

- Tu l'aimais souvent ce pantalon. Namyon... Si j'avais pu ne pas te faire souffrir, je ne l'aurai pas fait. Comprends-moi.

La sorcière avait peur pour son fils. Ce fantôme semblait plus méchant que ceux qui l'avaient précédé, et avait même été jusqu'à entrer chez elle. Le petit, en tant que fils de sorciers, avait bien entendu des pouvoirs. Aussi cela ne surprenait pas Namyon qu'il puisse voir ce qu'elle pensait être un résident de l'autre monde. Elle ne souhaitait pas se battre, une étrange fatigue se faisant sentir ce soir là dans tout son être. Son désir le plus cher sur le moment, était juste de voir partir cette illusion.

- Non, je ne partirai pas, ici c'est chez moi. Regarde-moi Namyon.

Le fantôme n'était pas de cet avis. Un violent frisson parcourut la sorcière. La voix grave, le ton employé, c'était tellement David. Peut être un peu différent, mais c'était cette voix qui hantait ses cauchemars, aussi bien que ses rêves. Et là, c'était un cauchemar. Un cauchemar éveillé, parce que cette voix et cette présence, au final, c'était tout ce qu'elle désirait depuis la disparition de son sorcier. Elle considéra un instant l'option de se jeter dans les bras de cette illusion, aussi dur puisse être le retour à la réalité par la suite. Mais elle résistait à cette envie, désirant ardemment que l'apparition s'en aille, que la tentation cesse, qu'elle puisse retrouver un semblant de paix auprès de son fils. Paix qui n'en était pas vraiment une, mais qui était toujours plus supportable que l'agitation actuelle.
Sans vraiment savoir pourquoi, son regard retourna vers la présence, se figeant droit dans les yeux verts sombre de l'autre. Elle le jurerait, c'étaient les yeux de David. Elle les avait tellement contemplés par le passé, c'étaient même ceux qui au début, la faisait toujours revenir. Encore et encore ces yeux. Ces mêmes yeux que portait son fils qui promettait d'être un jour aussi beau que l'était son père. Un véritable coup de poing dans l'estomac de la sorcière. Comment un fantôme pouvait-il à ce point recréer l'illusion d'un David devant elle? Pire, il avait même pensé à le changer, comme aurait probablement changé le vrai David si il était resté en vie.
Car la sorcière n'en avait jamais vraiment douté. Son sorcier s'était toujours enfoncé dans le mal, et aurait continué. Encore et toujorus contre Orpheo. Et avec cette guerre, elle avait même à un moment songé à quitter Orphéo. Peut être pas pour s'allier aux "méchants", parce qu'elle respectait toujours ses parents qui étaient d'Orpheo à leur mort. Mais tout simplement pour être neutre. Pouvant à loisir basculer dans un camp ou dans l'autre, et surtout pour ne jamais être une gène ou un danger potentiel pour David.
Mais le sorcier étant mort, cette idée était morte en même temps. Et la sorcière avait été reconnaissante de toutes les missions qu'avaient pu lui confier l'ordre. Pendant ce temps, elle oubliait naturellement, tout était relégué dans un coin de son esprit, le temps de la traque. Elle s'était du coup bien endurcie ces derniers mois.
Et ce spectre ne voulait pas s'en aller.

- Je te regarde. Ici, c'est chez moi et mon fils.

Qu'il lui en coûtait de dire ça à un David aussi ressemblant. Mais c'était pour leur bien, à elle et son fils. Il ne fallait pas céder face au fantôme. Sinon c'était fini.
La sorcière trésaillit lorsque qu'une main vint se poser sur son épaule. Et elle prit peur. Parce que la main était chaude sur son épaule à travers le tissu léger. Cela, elle était presque sûre de ne pas l'imaginer.

- Je suis réel Namyon, tu vas vite le comprendre.

Mais elle n'eut pas le temps de penser plus. Son sang ne fit qu'un tour en voyant bébé s'élever dans les airs. Bébé qui continuait à gémir, complètement inconscient de la distance entre lui et le sol. Distant que la sorcière voyait avec horreur pour sa part. Mais la surprise, la poigne sur son épaule, mêlés à -il fallait bien l'avouer- une pointe de curiosité de voir où allait atterrir le bébé volant, l'empêchaient de bouger. Et puis, la télékinésie, ce don qui était celui de David, ajoutée à cette main chaude sur son épaule...
Bébé finit son premier vol entre les pattes de la lionne que la sorcière avait complètement oubliée.
Les bébés étaient des êtres plus qu'inconscients. Voilà qu'on le mettait entre les pattes, les griffes, et la machoire d'une lionne d'Afrique, et le petit semblait parfaitement satisfait. Namyon n'avait qu'une envie, tirer son fils de là. Parce qu'on ne mettait pas un bébé par terre, et de surcroît entre les pattes d'une lionne! L'instinct maternel de la sorcière faisait des bonds haut comme la tour de Pise en Italie, et si il avait eu une volonté propre, il aurait déjà volé dans les poils du gros chat.
Mais voilà, impossible de voler dans les poils du chat. Parce que la sorcière était soulevée comme si elle ne pesait rien -ok elle avait maigrit, mais elle avait aussi pris du muscle!- pour être transportée sur le canapé.
Est-ce qu'un fantôme était vraiment en mesure de déplacer les gens comme ça lui plaisait? Un fantôme n'avait pas de bras capable de porter un humain. Un fantôme n'avait pas non plus la capacité de produire de la chaleur. Un fantôme était légèrement transparent. Un fantôme aurait déclenché quelque rune dans l'appartement. Un fantôme ne serait pas mouillé par la pluie. Un fantôme n'aurait pas un souffle perceptible comme celui que sentait la jeune femme actuellement.
Et la sorcière dans tout ça? Elle n'y comprenait strictement rien. Ce fantôme, c'était bien le plus réel et le plus vivant qu'elle ait jamais vu. Il y avait bien des spectres puissants. Mais puissants au point de recrer le vivant avec de telles sensations... Ou peut être qu'elle s'était faite avoir bien plus tôt, et que tout n'était qu'illusion depuis plus longtemps, et qu'il était maintenant trop tard.

- Je suis réel Namyon, j'ai simulé ma mort à la demande de mon maître.
- ... Quoi?

Ce misérable mot prononcé avec peine fut tout ce qu'elle put dire. Et puis, l'autre l'embrassa. Et cette fois, le contact de la langue familière, la façon d'embrasser, la sorcière n'y tint plus. Elle céda, illusion ou pas illusion, à ses envies et répondit avec passion au baiser.
La réalisation se fit. C'était David. C'était forcément lui. Tout était là, réel, passant ses bras autour du cou de l'homme, elle se pinça même l'avant bras pour vérifier par la douleur qu'elle ne rêvait pas. C'était le chao, le plus grand capharnaüm dans ses émotions. Impossible de dire si elle ressentait de la joie, de la tristesse, du soulagement, tout à la fois. Alors quand le sorcier mit fin au baiser, la seule chose qui se produisit chez la sorcière, fut l'analyse de la dernière phrase qu'avait prononcé l'homme.
Il avait simulé sa mort. Sans rien lui en dire. La laissant souffrir, accoucher et commencer à élever un enfant seule. Seule, toujours seule. Elle aurait pu en mourir, et l'enfant avec. Non, à dire vrai, une partie d'elle était morte, et elle avait donné la vie en continuant à mourir. Elle avait quelque peu changé ces derniers mois.
Une colère sourde commençait à prendre racine en elle, au milieu de la confusion qu'elle ressentait. Il aurait pu la prévenir. Avec tous les moyens modernes, il aurait pu lui faire savoir qu'il était vivant. Alors oui il était là devant elle. Mais pour quelle raison? Pourquoi maintenant et pas avant? Pourquoi être revenu? Pourquoi ne pas l'avoir prévenue? Pourquoi seulement ne pas avoir tenté?
Les bras de la sorcières glissèrent le long des épaules du sorcier en même temps que son manteau allait au sol.

- Tu l'aimais souvent ce pantalon. Namyon... Si j'avais pu ne pas te faire souffrir, je ne l'aurai pas fait. Comprends-moi.

Comprendre quoi? Parce qu'il avait compris quelque chose, lui? Parce qu'il avait compris qu'elle était enceinte et amoureuse de lui au possible? Parce qu'il avait compris qu'il lui était vital? Parce qu'il avait compris qu'elle était morte en même temps que lui? Parce qu'il avait compris qu'il lui ferait du mal, un mal qu'aucun mot dans aucune langue ne pouvait désigner? Parce qu'il avait compris qu'actuellement, elle ne comprenait rien?
La colère prenait le pas sur le reste, évinçant même le plaisir que prenait son corps à retrouver David. A tel point qu'elle finit par le repousser avec sa force nouvellement acquise -l'effet de surprise était bien évidement un plus-, pour ensuite passer par dessus le dossier du canapé et se réceptionner souplement sur ses jambes, debout. Son pouvoir premier, le feu, jaillit dans la manoeuvre. Lui aussi avait évolué, il en imposait un peu plus, bien que la sorcière le contint autour d'elle pour qu'il ne transforme pas l'appartement en tas de cendres. C'était qu'elle payait un loyer tous les mois, tout de même!

- Comprendre quoi? Tu es mort. David, tu es mort il y a des mois. Tu es mort, et tu es maintenant là bien vivant devant moi. Tu dis avoir simulé ta mort. Tu penses que je comprends quoi que ce soit?

Sa colère prenait le pas sur le reste. Au fond, bien au fond, elle aurait plus que probablement aimé pouvoir se blottir contre l'homme, et tout oublier. Parce que bien évidemment elle l'aimait toujours, elle ne souffrirait pas autant sinon. Mais voilà, c'était plus qu'elle ne pouvait encaisser, le coup de grâce après tous ces mois de survie. Son attitude était tout ce qu'il y avait de plus défensif. Elle se braquait. Contre le sorcier, contre sa douleur, contre son incompréhension, contre le monde. Mais elle ne menaçait pas l'homme de son feu. Un coin de sa tête avait bien à l'esprit l'image encore vive du petit être fragile qu'était son fils, entre les pattes du danger puissant qu'était la lionne.

- Pourquoi ne pas m'avoir prévenue?

Sa voix était encore calme. Mais en vérité, elle était sur le point d'exploser. Tous les mois précédents accumulés se pressaient à la sortie offerte par la colère, et bientôt, elle allait tout vider sur le revenant si il ne manoeuvrait pas bien. Ce qui, connaissant David et son talent habituel en relations humaines, avait de fortes chances de se produire.

[Hrp: Post non relu, et écrit tard, désolée si y'a des trucs horribles dedans ^^'.]

Épuisante, c'était le mot exact pour décrire Namyon qui piqua sa crise existentielle. Il y avait de quoi aussi mais bon le sorcier noir restait lui-même. Il ne comprenait pas pourquoi elle lui faisait une crise alors qu'il était vivant. Non il ne comprenait pas que ce qu'il avait fait était mal. Demandez-lui la définition du mot mal et vous resterez sur le cul de sa réponse... Cette femme allait vraiment le tuer un jour ! David grommela alors que la sorcière le repoussa et bondit en bas du canapé. Bon c'était quoi son problème ?! Il la foudroya du regard comme s'il allait la tuer sur place, même s'il ne le ferait jamais, il l'aimait trop pour cela. Il la regarda utiliser le feu et cela lui arracha un petit sourire admiratif, il y avait de quoi aussi ! Il la désirait toujours autant mais comprit qu'il allait devoir ruser car elle ne semblait pas d'humeur à s'amuser.

- Comprendre quoi? Tu es mort. David, tu es mort il y a des mois. Tu es mort, et tu es maintenant là bien vivant devant moi. Tu dis avoir simulé ta mort. Tu penses que je comprends quoi que ce soit?
- Visiblement pas. Sympa le feu mais en été ça craint.

David manquait toujours autant de tact qu'un poulpe. Il fallait donc comprendre qu'il n'avait aucun tact et voila. Il n'avait pas envie de s'amuser à ménager Namyon, enfaite il n'en possédait même pas la force ! Le sorcier noir pencha la tête sur le côté, observant la sorcière péter son câble. C'était qu'elle avait développé son petit caractère en plus ! Vraiment fatigante, il avait oublié comment elle pouvait être des fois. Il avait pensé que sans le bébé dans le bide elle irait mieux mais il s'était trompé. Ironie du sort quand on savait que David avait un véritable caractère de cochon. Pour l'instant il restait calme mais se méfiait fortement du feu. Il ne voulait pas finir brûlé par les bons vouloirs de sa petite amie qui semblait vraiment lui en vouloir...

- Pourquoi ne pas m'avoir prévenue?

David cherchait ses mots, tenter de camoufler la vérité, la rendre meilleur mais définitivement il n'était pas doué pour camoufler quoi que se soit. Il était un sorcier noir, il savait mentir, mais bon pour ce qui lui semblait important. Avoir disparu plusieurs mois lui semblaient mineurs ? Oui... Et heureusement que Namyon ne pouvait pas lire dans ses pensées, sinon probablement qu'elle l’assassinerait de penser cela. Il devrait éviter d’envenimer les choses, pourtant quelque chose lui soufflait de le faire, c'était une manière pour lui de tester Namyon, oui il ne manquait pas de culot !

- Pour ta réaction. Je doute que tu puisses jouer la comédie. Avec la guerre aussi à Londres, je devais être sûr que personne ne te soupçonne. J'ai pas raison ? Personne ne t'a embêté durant mon absence à ce que je sache.

Il n'avait pas veillé sur elle à proprement parler, mais son maître lui avait toujours assuré qu'elle et son bébé étaient vivants alors il avait cru et s'était entraîné, l'âme en paix. Le sorcier noir se leva lentement du canapé et s'approcha de sa sorcière. Il risquait de se faire carboniser s'il continuait mais il s'en moquait, il prenait le risque à dire vrai. David s'arrêta à quelques mètres de Namyon, il pouvait sentir la chaleur du feu mais il lui faisait étrangement confiance, elle ne lui ferait aucun mal, pas vrai ? Il l'espérait tant, espérant tant qu'elle se contrôlerait. Elle avait changé, autant que lui visiblement. David lisait de la douleur dans son regard, cette douleur, il n'avait pas voulu forcément la créer mais le mal était fait. Il fit une petite grimace et tendit sa main pour voir si Namyon lui laisserait toucher sa joue ou pas.

- Namyon... Je devais partir, je n'avais pas le choix. Tu as survécu, tu es forte, et tu le prouves aujourd'hui avec tes pouvoirs, je t'aime tant.

Non franchement pour faire des excuses il n'était pas le roi mais bon. Il fallait se contenter de cela, il était nul dans ce domaine et surtout très orgueilleux. Il était encore jeune pour changer mais manquait de volonté pour le faire ! Pourtant David se doutait que sa "disparation" n'allait pas rester sans suite, Namyon risquait fortement de lui remonter les bretelles. Bienvenue chez le couple, toujours autant électrique quoi !

[ Si tu manques de rebond fais-moi signe ♥ ]

En vérité, la sorcière ne savait pas vraiment comment se comporter. Etait-ce seulement réellement David devant elle? A quel point avait-il changé? Elle ne risquait pas de le découvrir en le menaçant, mais en même temps... Elle se sentait menacée. Même si il était complètement hors de question de bazarder son feu sur David, bien évidemment. Ça serait juste complètement contradictoire avec le fait qu'elle pleurait sa mort depuis des mois. Et il ne manquerait plus que ça pour que la lionne plante ses crocs dans la chair fragile de son fils. Non décidément, le feu en fait, c'était juste pour faire joli.

- Visiblement pas. Sympa le feu mais en été ça craint.

Elle se retint de soupirer et de laisser tomber son feu, curieuse de voir ce que le sorcier avait en réserve pour la calmer. Après tout, c'était quand même lui qui avait quelque chose à se faire pardonner ici. A prouver aussi. Qui sait, il avait abandonné la jeune femme une fois, alors qu'elle était enceinte bon sang, il pouvait bien remettre ça une deuxième fois. Pourquoi était-il revenu d'ailleurs? Pas qu'elle ait prévu de le jeter dehors, mais il était compréhensible quelle doute devant cette apparition innatendue. La douleur qu'elle ressentait l'empêchait de réfléchir calmement.

- David... Pourquoi es-tu revenu?

La sorcière maintenait encore son feu, au cas où. Elle avait dans l'idée de récupérer son gosse des pattes de la lionne, et de le mettre dans les bras de son père en lui disant que si il souhaitait rester ici, il aurait tout intérêt à s'occuper de son gamin. Et à assumer, cette fois.

- Pour ta réaction. Je doute que tu puisses jouer la comédie. Avec la guerre aussi à Londres, je devais être sûr que personne ne te soupçonne. J'ai pas raison ? Personne ne t'a embêtée durant mon absence à ce que je sache.

Et presonne ne l'avait embêtée avant.
Raison refusée. Elle n'arrivait toujours pas à croire qu'il ait pu lui mentir à ce point, ne pas lui faire confiance et l'abandonner. Ah il aurait été malin si elle n'avait pas eu la force de continuer à vivre, hein? Peut être qu'en fait il s'en serait complètement foutu, qui sait.

- Personne ne me soupçonnait avant non plus.

Elle observa le sorcier s'approcher. Dans sa tête, quelque chose lui disait qu'elle ferait bien mieux de ne pas trop insister, parce qu'il pourrait s'en aller sur un coup de tête, et qu'elle le regretterait. Pour autant, hors de question de le laisser s'en tirer comme ça.
Il s'approcha d'elle, alla même jusqu'à tendre sa main vers la sorcière. Avec un soupire, elle abandonna ses flammes. Pour ce qu'elles servaient de toute façon. Mais elle ne bougea pas de sa place, combien même au fond, elle mourrait d'envie de se réfugier dans ses bras. En fait, il ne fallait pas qu'il la touche. Sinon, elle risquait fort de céder.

- Namyon... Je devais partir, je n'avais pas le choix. Tu as survécu, tu es forte, et tu le prouves aujourd'hui avec tes pouvoirs, je t'aime tant.

Oh ce qu'elle avait envie de croire ces mots. Mais elle ne savait pas, si elle pouvait les croire. David n'était certainement pas du genre à les dire sans les penser, et encore moins à faire ce qu'il n'avait pas envie de faire. Mais pourtant, c'était dur de le croire. On ne pouvait pas la blamer.

- Je n'arrive pas à te croire.

Bien malgré elle en plus de cela. Ses yeux se dirigèrent vers la main tendue et elle se mordit la lèvre un inférieure inconsciemment.
Quelque chose sembla se rompre chez la sorcière. Elle avança soudain jusqu'à atterrir contre le torse du sorcier noir où elle se mit silencieusement à pleurer, accrochée à son haut. Elle qui ne pleurait pratiquement jamais tout simplement parce qu'elle en était incapable, laissait tout aller dans les bras de David. Qui avait déjà réussi à la mettre dans cet état deux fois en pratiquement un an. Bravo.

- Je suis revenu parce que j'ai réussi ma formation !

En gros c'était un sorcier noir, youpi là ! Non il n'avait pas eu son Bac, désolé pour les faux espoirs. Bon peut-être que Namyon n'allait pas sortir le champagne mais cela se fêtait, pas vrai ? David espérait bien misère ! Il s'était bien déchiré durant son entraînement pour arriver finalement à devenir un sorcier noir à part entière. Il ne gagnerait pas un super salaire mais il avait maintenant la puissance suffisante pour s'attaquer aux supers gentils ! De quoi en sauter de joie, ou de pleurer, au choix...

- Personne ne me soupçonnait avant non plus.
- Disons que cela aurait pu commencer. Arrête de me contredire !

Cela sentait à peine la scène de ménage en vue. Bon Dieu ce qu'elle était pénible quand elle s'y mettait. David roula furieusement des yeux et haussa les épaules tandis qu'il continuait de se justifier. Il détestait par dessus tout se justifier mais personne ne lui laissait le choix à dire vrai. Surtout pas l'asiatique qui ferait peur à n'importe qui, mine de rien ! Ne jamais douter du pouvoir d'une femme... Le sorcier noir eut un sourire satisfait quand Namyon laissait tomber ces flammes. Bien vilaines flammes dit donc ! A la place, il caressa avec douceur sa joue, il l'aimait tant. Énormément même, cela n'avait aucun prix au monde. Pourtant le dire à voix haute brisait le charme idyllique. David aurait voulu l'expliquer à Namyon mais à tous les coups elle ne le croirait pas. D'ailleurs elle le prouva à la seconde même.

- Je n'arrive pas à te croire.

David roula furieusement des yeux – faudrait commencer à compter à ce rythme là.... - mais soudainement sa petite amie fut dans ses bras et éclata en sanglot. Choqué, le sorcier noir ne bougea pas en premier lieu puis entoura Namyon de ses bras, avec une certaine douceur. Il ferma les yeux et inspira longuement, il l'aimait tant. Son odeur avait été un manque cruel et il s'était raccroché à se souvenir pour pouvoir terminer sa formation. David se serra plus fortement contre sa compagne. Il ne voulait pas la perdre, jamais ! Les lèvres du suisse se posèrent sur le front de sa petite amie alors qu'il l'attrapa par le menton et la regarda droit dans les yeux. Il avait certes changé, mais...

- Namyon, je t'aime, épouse-moi.

Et PAN ! Vous croyiez avoir tout vu, tout entendu ? Détrompez-vous ! La suite après la pub, bref veuillez pardonner. David venait donc de faire sa petite déclaration. Il voulait épouser la femme, il voulait qu'elle soit sienne. Certes, il y avait meilleur moyen, et il manquait toujours autant de tact mais bon... C'était David quoi ! Lentement, il sortit une bague de sa poche et ouvrit le boîtier pour dévoiler un diamant enfermé dans une bague en argent. David posa un genou au sol et fit un sourire éclatant. Son regard brillait de bonheur, il voulait que chaque créature sur terre sache qu'elle était sienne. Il s'en moquait d'Orpheo, aujourd'hui il avait le pouvoir ! Il était un poil arrogant et possessif mais bon...

- Je ne repartirai plus, c'est promis. Aujourd'hui je peux protéger notre famille.

Non vous ne vous êtes pas trompés de sujet. Certes j'émets des doutes quant au fait que David soit un bon père et surtout un bon époux mais bon... Chacun ces lubies après tout, pas vrai ? L'homme aux yeux de chat voulait que cette femme soit sienne, coûte que coûte. Il fit un sourire encourageant, alors, dirait-elle oui ou non ? On pourrait s'attendre à tout ! Même à un non, cela ne serait pas une première sous ce toit. Ce couple était plein de surprises, même si Namyon disait non, David était prêt à insister. Rassurant ? Je dirais terrifiant mais bon !

- Je suis revenu parce que j'ai réussi ma formation !

Et bien qu'il parlait d'être devenu un "vrai" sorcier noir -oui, la sorcière le considérait déjà comme un grand méchant bien avant ça-, Namyon aurait pu s'en réjouir plus ou moins pour lui, si ce n'avait pas été fait de cette manière. Diable, elle aurait été prête -au terme d'une bonne engueulade- à le laisser s'évanouir dans la nature avec promesse de retour si il l'avait prévenue avant. Pourquoi donc cet homme semblait honnêtement ne pas le comprendre? Pauvre sorcière. Elle savait pourtant ce qu'elle risquait, à s'être attachée à lui.
Bon, et ceci mis à part, c'était sacrément le bordel maintenant. Une fille d'Orpheo, avec un vrai de vrai sorcier.
D'ailleurs, la sorcière avait réfléchi, depuis la guerre. Elle avait eu peur de devoir à un moment avoir à affronter David. Et puis elle en avait appris de belles sur l'Ordre. Aucun des deux camps n'était clean. Aucun des deux ne vallait vraiment mieux que l'autre.
Bon, non, c'était pas tout à fait vrai. Oui les vilains tuaient des innocents, ce que les gentils essayaient dans la mesure du possible de ne pas faire. Oui les vilains faisaient vraiment des trucs immoraux des fois. Et quand les gentils en faisaient à leur tour, c'était souvent sur la tronche des vilains. Mais de manière tout à fait objective, ce qui a mené à cette guerre -ou plutôt ce qui a appuyé sur la détente-, c'était le massacre d'une famille. Famille de sorciers noirs peut être, mais famille néanmoins. Et un enfant, peu importe qui sont ses géniteurs, reste un enfant.
Alors, la sorcière avait songé à peut être, peut être, quitter Orpheo.
Pas pour les méchants. Pour la neutralité. Elle ferait son boulot d'exorciste, bousillerait la face des fantômes, et fin de l'histoire. De toute façon, où était le mal à tuer ce qui était déjà mort?
Enfin, ça, ce ne serait pas pour tout de suite. Parce qu'alors, adieu M.Salaire. Et ils avaient quand même besoin de ce petit là. Puisque que monsieur sorcier noir ne rammenait pas beaucoup -à par des ennuis-, et qu'il fallait bien nourir bébé. Oh, la sorcière n'en voulait pas à David de ne pas ramener grand chose au foyer. D'une parce qu'elle était intimement convaincue que si ils étaient dans le boudin, David ne les laisseraient pas mourir de faim dans un coin, peu importe comment il s'y prendrait. De deux, parce que de toute façon, si un jour elle en avait marre, elle n'aurait qu'à le menacer d'une violente privation de certaines choses, qui devraient le faire réfléchir au moins un petit peu.

- Félicitations ... David, tu aurais dû me prévenir !

Bien sûr qu'elle insistait. Elle ne s'en remettrait pas en un instant. Mais en songeant à nouveau à ce qu'elle pensait précédemment, la sorcière s'est rendue compte qu'au fond, combien même elle lui en voulait énormément, maintenant qu'elle le savait en vie, elle ne pourrait pas vivre sans lui. Elle commençait à peine -si peu- à s'en remettre avant, en le sachant mort, s'accrochant à son fils pour avoir au moins une raison de se lever le matin, que de le savoir en vie avait tout détruit d'un coup. Pouf, pulvérisé, retour à la case départ.
Mais comment "pardonner" une trahison pareille? Ou comment juste refaire confiance ?

- Disons que cela aurait pu commencer. Arrête de me contredire !

Et puis quoi encore, elle n'avait certainement pas fini de lui en vouloir. Et elle le lui rappellerait longtemps, il allait voir comment on traitait une femme celui là !
Le sorcier carressa sa joue, surprenant intérieurement la femme. Beaucoup de mois s'étaient écoulés, et pourtant, ce toucher lui parraissait familier. Et tellement bon et rassurant. Bon sang, rassurant ! Pour un peu elle lui collerait une claque, de rage contre elle même, parce qu'il trouvait le moyen de revenir -presque- littéralement du royaume des morts, et de ne pas se faire tailler en pièce par une femme désespérée. Complètement désespérée, et qui sanglotait dans les bras de l'homme qu'elle aimait malgré tout.

Parlez donc de souffrances endurées par amour.

Elle allait prendre une joie malsaine à lui mener la vie dure pendant un petit moment. Et ça commencerait par le laisser se lever toutes les nuits afin de s'occuper de leur fils quand il pleurerait. Et nul doute qu'il le ferait. C'était que David avait quelques mois à rattraper !
Bien fait pour lui.
Elle était bien, là dans ses bras. Malgré la douleur profonde dans sa poitrine, malgré le fait qu'elle se sente physiquement malade et nauséeuse, mentalement, c'était sûrement le mieux qu'elle se soit sentie depuis des mois. Comme si quelque chose s'était ravivé, réchauffant tout le reste. Bon, ce n'était pas encore ça, mais peu à peu, maintenant que la première colère et la première incompréhension étaient passées, elle était un peu vidée.
Mais le sorcier n'avait pas dit son dernier mot.

- Namyon, je t'aime, épouse-moi.

Carrément.
La sorcière marqua un arrêt de 5 bonnes secondes. C'était sûr que c'était pas un fantôme ? Que c'était bien le vrai ? Il en avait d'autres, des surprises ? Non parce qu'à la prochaine, la sorcière ferait un arrêt cardiaque, elle en était convaincue.
Elle ne saurait dire si elle était heureusement ou autre chose. C'était tellement irréaliste. En plus de la part d'un homme qu'elle avait cru mort jusqu'à récemment. Envers qui sa confiance était actuellement brisée, ou tout du moins sévèrement endommagée.
Et pour autant, malgré tout ce qu'elle ressentait, son dernier souhait était bien de le faire fuir.
Même pas le temps de réagir que l'autre se mettait à genou, pour lui offrir une bague.
Parce qu'en plus, il avait préparé son coup.
Et Namyon jurerait ne l'avoir que très rarement vu visiblement aussi heureux.

- Je ne repartirai plus, c'est promis. Aujourd'hui je peux protéger notre famille.

Tant de belles paroles de la part de l'homme qui avait déjà abandonnée celle qu'il voulait épouser, par le passé. Même si il était revenu, la blessure était là, elle laisserait une cicatrice, suceptible de se rouvrir. Il en faudrait beaucoup, pour réparer ça.
Mais peut-être, que c'était un risque à prendre? David Jr méritait de vivre avec son papa. Namyon... Lanero? Savait qu'elle n'irait pas loin sans cet homme.

- Je... Je...

Ne savait pas quoi dire. Non, elle ne savait pas quoi répondre. Par contre intérieurement, elle l'engueulait sec. Pour ses manières de goujat et sa façon de traiter les femmes, et par dessus tout, celle qu'il prétendait aimer.

- Je ne sais pas...

Elle était juste perdue. Ce qui était complètement concevable vu la situation. Elle voulait du temps, pour remettre de l'ordre dans tout ça. Du temps pour refaire confiance à David. Du temps pour voir qu'il ne partirait effectivement pas. Justement, elle ne voulait pas qu'il parte.

- J'ai peur, que tu partes à nouveau.

Il la trouverait chiante? C'était bien de sa faute. La prochaine fois, il la préviendrait. Et puis, est-ce qu'il arriverait à protéger réellement leur famille comme il le disait si bien? Est-ce qu'il se sentait seulement proche de leur fils? Autrement que par le nom. Certes ils ne se connaissaient pas, mais ça restait son enfant.

- Est-ce que tu aimes aussi ton fils?