I want to see the sky since the sky

Je me suis toujours demandé comme c'était à l'intérieur d'un phare, et ce qu'on voyait du haut d'un phare. Ce qui est bien avec celui là, c'est qu'il est ouvert tout le temps, pas comme les autres qui appartiennent a des entreprises privées. Alors je me suis dit que j'allais monter dedans, pour voir le paysage et aussi pour l'intérieur.

C'est pour ça que je suis ici, en train de marcher sur la côte en avançant vers ce monument imposant. Il y a des mouettes qui tournent autour de son sommet. Elles doivent voir ce que je vais voir dans quelques minutes. Ce doit être impressionnant, j'ai hâte. Je sais c'est un peu bizarre d'être tout excité juste pour entrer dans un phare, mais c'est la première fois que je vais aller aussi haut dans prendre l'avion. Et puis je conserve mes rêves de gamin, je ne vois pas ce qu'il y a de stupide là dedans.

Il y a du vent, comme sur tous les littoraux, j'ai un goût de sel dans la bouche et dans les narines, ce qui n'est pas désagréable. Mes baskets sont pleine de sable, dû à une longue marche sur la plage. Il y a un beau soleil aujourd'hui donc j'ai mit mon Marcel noir, mon bermuda gris foncé. Grâce à mon habitude d'avoir souvent un bonnet quand il fait froid, j'ai souvent une casquette quand il fait chaud. Donc comme aujourd'hui. J'ai aussi posé des lunettes de soleil sur mon nez, avec mon don je pourrais me brûler les yeux quand il y a trop de soleil. Mais ça n'est jamais arrivé donc tout va bien pour l'instant.

J'arrive enfin devant le phare, je pousse la lourde porte avec une certaine facilité, oui je suis hyper fort je sais. Il fait sombre à l'intérieur, je vois nettement les escaliers, néanmoins j'ai peur de me casser la figure sur les marches pointues de la tour. Je commence alors une ascension assez pénible je dois dire. Monter dans un phare est une grande partie de sport, il y a énormément de marche à gravir, et la fatigue va vite, de plus les escaliers sont en colimaçon, donc ça énerve vite parce qu'on en voit jamais la fin.

Lorsque j'arrive au sommet, tout d'abord, je vois la lumière du soleil, quel soulagement. Je suis quelque peu essoufflé. La lanterne est en plein milieu d'une immense pièce bordée de vitres, sûrement pour diffuser la lumière jusqu'à une certaine distance. J'avance un peu, mais il y a un problème. J'entends des pleures. Quelqu'un va mal, on dirait une enfant. Qu'est-ce qui peut bien faire pleurer quelqu'un par une si belle journée? Je contourne la lanterne pour découvrir une jeune fille, elle doit avoir 4 ou 5 ans, recroquevillée sur elle même et sanglotant.
- Bonjour petite, qu'est-ce qui ne va pas? demandais-je.
J'espère que je ne vais pas l'effrayer.

Petit rayon de soleil.
Qui souhaitait rejoindre le ciel.
Depuis le haut de sa tour.
Depuis le haut de son phare.

Ici je suis plus haut, très haut, vertigineusement haut. Peut-être que si je tends les doigts, j'effleurerais le ciel ? Une étoile pique-t-elle ? Quelle texture a un nuage ? Est-ce que la lune a un goût de chocolat blanc ? Si je me mets sur la pointe des pieds je pourrais même dépasser l'Univers ! Qu'y a-t-il après ? Les rêves et l'espoir ? Le paradis ? Si je vais assez loin maman sera peut-être là ? Je lui tendrais les bras, elle saisira ma main et ensemble on ira faire le tour du Monde. Je l'imagine belle ma maman. Les cheveux défait et la mine rayonnante, une auréole et des ailes.

Surtout ne me lâche pas.
Je ne veux pas retomber.
Main dans la main.
Prête moi tes ailes.

Mais j'ai beau me dresser et tendre les bras, mes doigts n'effleurent que du vide. Nuage chimérique qui se désintègrent sous la puissance de la réalité. Trop lourd sont les souvenirs, ils ligotent mes poumons, ballottent mon coeur tout au fond. J'ai besoin d'un peu d'air, de respirer. Sur le sol tout ira mieux... oui voilà, allongée sur la vieux parquet d'un ancien phare. Je me sens déjà mieux. Et à présent j'ai les paupière bien lourde, encore plus que le passé. Ici, aucun cauchemar ne pourra m'atteindre. Juste les miens, juste les miens...

Un ange qui sourit.
Je tends la main.
Une déchirure.
Du sang trop rouge.

Maman, maman, maman. Tu es dans la voiture avec Grand-mère. Mais que se passe-t-il ? Ce virage mal négocié, cet arbre qui avait l'air si gentil. Maman, maman, maman. Tu as peur. Tu n'es plus qu'un bébé face à la mort et sur ton visage je peux voir l'effroi. Maman, maman, maman. Voilà que tu as mal, la douleur se lit sur tes traits, déchaînant ton visage. Des larmes rouges soulignent tes yeux. Sur tes lèvres un cri se forme, un nom s'égare.

Myaw.
Ta fille, ton bébé.
Celle que tu abandonnes.
Moi.

- Mamaaaaaaaaaaaaaaan !

Mon cri résonnent aussi fort que mes larmes. Quand je ne me perd pas dans les cauchemars des autres, je m'égare dans les miens. C'est quoi le pire ? Au moins là-bas, au moins dans l'imagination des gens, rien ne peut m'arriver. Parfois c'est horrible, mais je ne connais pas ceux que l'on assassine, je ne connais pas ceux qui souffrent. Alors que là c'est si réel. Je peux presque toucher la mare de sang qui se forme à sous ma maman. C'est trop dur. Trop réel. Autant que ces larmes sur mon visage.

- Bonjour petite, qu'est-ce qui ne va pas?

De mes poings fermé j'essuie mes yeux le temps d'apercevoir un drôle de bonhomme. On dirait le Père Noël en moins gros et en plus jeune. Mais il a la même barbe. C'est peut-être son fils ? Si il était venu pour m'aider ? Mes sanglots meurent peu à peu et je reprends mon calme. Enfin je me redresse et je me mets même debout face à l'inconnu. Mes bras se dressent, j'aimerais pouvoir toucher sa barbe. Vient-il réaliser mes voeux ?

- J'ai fait un cauchemar. T'es qui toi ? T'as une vraie barbe ?

Cher Père Noël.
J'ai été sage.
Alors laisse moi faire un tour.
Dans ton carrosse.

Fortunately, I didn't shave my beard

La petite fille se lève, je me sent soudainement Géant face à Petit Poucet, ou encore Troll face à Hobbit. Elle tend ses petits bras vers moi.
- J'ai fait un cauchemar. T'es qui toi ? T'as une vraie barbe ?
Comment peut on douter de l'authenticité de ma barbe enfin! Je l'ai taillé moi même avec soin, bon elle a poussé depuis, il va falloir que je recommence. Elle est tellement mignonne cette petite. Dommage qu'elle pleure. Mais tout le monde fait des cauchemars, personne n'échappe à la règle, la différence qu'il y a avec un rêve et un cauchemar, c'est ce qu'il y a dedans.

Il y a une espèce de silence dans lequel s'invite le cri des mouettes, le souffle du vent et le remous des vagues. Si il faisait plus chaud, je me demande si on peut sauter des falaises.. C'est du suicide, en plus je n'ai pas encore exploré l'endroit.

Le bruit des vagues, quelque chose de doux, qui berce, qui fait rêver, qui donne envie de parcourir le monde sur un grand galion, de combattre des pieuvres géantes et de se moquer des albatros, l'oiseau aux ailes tellement grandes qu'il ne peut pas marcher.

Le vent lui, donne envie de s'envoler, à dos d'aigle qui plus est, ou en deltaplane pour ne pas maltraiter les animaux. Voler entre les montagnes, au dessus des forêts, des lacs dans lesquels ont peut voir son reflet.

Et les mouettes, elles ne me rappellent que la mer les peu de fois que je l'ai vu, et les fleuves Mississippi et Tennessee dans lesquels nous allions nous baigner avec les autres enfants de l'orphelinat, et surtout avec Hayley. Elle avait l'âge de la petite fille en face de moi quand elle est partie.

- Je m'appelle Josh. Et oui c'est une vrai barbe. Je m'agenouille pour être à sa hauteur. Tu veux vérifier? souris-je.
Elle est toute jolie dans sa robe, et ses longs cheveux détachés tombent sur ses épaules et dans son dos. Elle doit les faire pousser depuis très longtemps pour en être arrivé là. Enfin je dis ça, les cheveux poussent vite, un demi millimètre par jour je crois. En tout cas, pour avoir des cheveux longs, il faut d'abord être prêt à les entretenir soigneusement, ne pas les enmêler.
- Et toi petite, comment t'appelles-tu?

Et les oiseaux crient.
Avant que le silence.
Ne recouvre ta voix.
Ne découvre la vérité.

Un moment il ne dit rien. Alors moi j'attends. J'attends comme l'oiseau pêcheur scrute sa proie dans les vagues. J'attends comme le vent qui emporte des cendres. J'attends comme la mer garde le cadavre des poissons noyés avant de les rejetés sur le rivage. Dehors les mouettes se dépêchent de remplir ce silence alors que deux inconnus s'observent et se détaillent. Le Père Noël et l'enfant du phare. L'homme à la barbe et la petite fille aux cheveux longs. Tellement pareil, mais trop différent. Une frontière entre deux mondes. Un océan.

Moi je hisserais la voile.
Pour traverser les flots.
Et venir te rejoindre.
Sur mon grand navire.

L'homme s'agenouille à ma hauteur et la mer s'assèche. Entre nous il n'y a plus vraiment de barrière. Peu importe si on ne se connait pas, droit au fond de ses yeux j'en apprends bien plus que ce que les mots peuvent me chuchoter. Au loin le vent approuve ma phrase en criant encore plus fort. Lui il n'a pas d'yeux. C'est pour ça qu'on n'arrive pas à le comprendre et qu'il déclenche des tornades et des ouragans. Le vent il aimerait crier, il aimerait pleurer. Mais les seules larmes qui traversent le ciel sont celles des nuages. Condamné dans un silence où personne ne l'écoute. L'indifférence des hommes fait parfois mal au fond du ventre...

- Je m'appelle Josh. Et oui c'est une vrai barbe. Tu veux vérifier?

Je tends la main. Doucement, parce que je suis un peu timide. Mes doigts effleurent sa barbe, c'est tout doux. Alors comme il me sourit, je tire un peu, pas trop fort pour ne pas lui faire mal. Elle ne se décroche pas, comme les vraies. Comme celle du Père Noël. D'ailleurs, si lui a un fils, est-ce que Rodolphe le renne au nez rouge a aussi un bébé ? Il faudrait que je demande à Josh, lui doit savoir. Il est peut-être venu comme ça dans mon château secret, tout en haut du donjon. Ou il a changé les rennes pour voler avec un albatros, le roi du ciel. Enfin, ça c'était maman qui le disait. Parce que moi j'en ai jamais vu autre part que dans des cages. C'est triste un oiseau dans une cage.

Enfermé loin de la liberté.
Il a les ailes brisées.
On dirait qu'il pleure parfois.
Le roi caduques tout seul.

Sûre que moi si j'avais la clé, je n'hésiterais pas à lui ouvrir. Ma maman m'a toujours dit qu'un oiseau dans le ciel est bien plus beau que celui enfermé. Et je suis d'accord avec elle. Moi si on m'empêchais de voler, je m'ennuierais et je chercherais un autre moyen de m'évader. D'ailleurs, c'est ce que je fais, parce que moi on a oublier de m'offrir des ailes.

- Et toi petite, comment t'appelles-tu?

Je baisse la tête sur le côté, observant Josh au delà de sa barbe. Ses yeux, sa casquette, son sourire de gros nounours. Etrangement, j'ai envie de le serrer fort dans mes bras et de lui faire un immense câlin.

Tout le monde il est beau.
Tout le monde il est gentil.
C'est pour ça que moi.
Je t'aime bien.

- Je m'appelle Myaw.

Au loin j'entends la mer toujours plus violente s'écraser contre les récifs. Mais ici je me savais à l'abri, dans ce grand phare qui avait résisté à pas mal de tempête. Il avait dû en voir des passer. Si il avait une bouche, je pense qu'il pourrait m'en raconter de belles histoires ! Toute la nuit je m'assoirais et je l'écouterais parler. Puis je m'endormirais, serrant dans mes bras la barbe douce du fils du père Noël.

Heart of child

La petite fille tire un peu sur ma barbe, elle doit sûrement vérifier son originalité. C'est tout à fait adorable, les enfants sont merveilleux. Un être innocent, fait de la même matière que les rêves, et qui en grandissant perd petit à petit son âme et son bonheur, et c'est dommage. Heureusement que ceratains la gardent, cette âme d'enfant, moi je l'ai encore, et d'autres ne veulent pas l'abandonner, et ils ont raison.

Ses larmes ne coulent plus, on dirait qu'elle est plus joyeuse maintenant, j'espère un sourire. Un doux et charmant sourire, tout droit venu du coeur d'un enfant. Les enfants ne sourient jamais pour se donner un genre, ou pour faire semblant. Un enfant sourit toujours avec sincérité, c'est la différence qu'il y a avec un adulte. Les enfants ne portent pas de masques.

- Je m'appelle Myaw.
Un nom, un nom étrange, mais qui va bien à la personne qui le porte. On dit que c'est le nom qui fait la personne que l'on est, que par exemple toutes les Marion sont chiantes.. Enfin moi je pense que c'est l'éducation qui fait ce que l'on est, nos relations, notre culture. Un amassement de choses nous font devenir quelqu'un.

- Très heureux de te connaître Myaw, souriais-je en enlevant mes lunettes et en lui tendant la main.
J'aimerais redevenir un enfant, le petit garçon blond que j'étais, et revoir par la même occasion la Hayley de cette époque, celle qui n'avait aucun d secrets pour moi, et moi qui n'avait d'yeux que pour elle. Une grande amitié, et pourtant ça n'a enpêcher personne de nous séparer. Si je revenais en arrière, on s'enfuierait tous les deux, pour rester ensemble, pour toujours.

En attendant, je regarde cette petite fille, Myaw, dans laquelle je peux voir Hayley au même âge. Elle est adorable, et j'ai envie qu'elle sèche les dernières larmes qui restent sur ses joues.

Le bonheur.
Est une petite chose.
Qui naît.
Trop peu souvent.

- Très heureux de te connaître Myaw.

Josh enlève ses lunettes de soleil ce qui me permet de mieux voir son regard. Les yeux sont les miroirs de l'âme... Est-ce que les siens vont me permettre de connaître ses pensées ? Je me souviens d'une autre paire de lunettes, celle que m'a offert Hayley. Je les garde précieusement dans ma boîte à secret sous mon lit. Dedans il y a un caillou, la bague de maman, une fleur séchée, quelques ruban, les perles d'un vieux collier, des souvenirs sur papier glacé et maintenant le cadeau de la fée au cheveux de feu. Le tout es caché sous mon lit.

Mais chut.
Tu sais garder un secret ?
...
Moi aussi.

Le fils du père Noël me tends la main. Je ne comprends pas, que me veut-il ? Les poignées de main c'est pour les vieux ! Moi je suis une enfant et lui aussi. Enfin c'est ce que je peux voir au fond de ses yeux. Une fenêtre ouverte sur les joies d'un petit garçon. Il est grand Josh, très grand. Mais dans son coeur, il est aussi petit que moi. Et c'est bien d'être petit. C'est pour ça que moi, je lui saute dans les bras pour lui faire un câlin. A quoi ça sert de jouer des adultes que nous ne sommes pas ?

J'ai ouvert ton coeur.
Et j'y ai trouvé.
Un monde enchanteur.
Et un carambar.

- Je suis contente que tu sois là.

Et je lui sourit parce que c'est la vérité. Parce que de mes larmes il ne reste de trace que sur mes joues. Si mes yeux sont un peu rouge, ce n'est pas grave parce que c'est la couleur des coquelicots du mois de juillet. Et que c'est joli. Moi Josh, je l'aime bien. Je ne sais pas d'où il vient, je ne sais pas ce qu'il fait ici, ni pourquoi il est là. Mais je l'aime bien.

Ma Grand-mère m'a toujours dit.
De ne pas accepter.
Les bonbons.
Venant des inconnus.

Sauf qu'elle est plus là pour me retenir. Je fais ce que je veux quand je veux. Enfin presque. Et puis deux enfants n'ont pas besoin de se connaître pour jouer ensemble. Peut-être que je ne reverrais jamais Josh, mais dans ma tête et dans mon coeur je ne l'oublierais pas. Il sera toujours le fils du Père Noël et l'inconnu du phare au mouettes. C'est son nom ça. Le phare au mouette. Enfin, c'est celui que moi je lui ai donné, mais je ne sais pas pourquoi. Peut-être qu'il a un autre nom ? C'est mal de donner un deuxième nom aux choses vous croyez ? C'est comme si on leur volait leur identité ? J'aimerais pas blesser mon ami le phare.

- Tu sais comment il s'appelle toi le phare ?

Question existentielle. Mon esprit pense parfois de façon un peu bizarre en sautant d'un sujet à un autre sans vraiment s'arrêter. C'est parce que c'est l'esprit d'un enfant.

Let us go against the wind with the smile to the lips to show in the world that we make fun well of misfortune.
Marchons face au vent avec le sourire aux lèvres pour montrer au monde que nous nous moquons bien du malheur.

Un enfant heureux est comblé. Mais je pense qu'il faut une part de malheur pour accéder au bonheur. Ça n'est pas très réjouissant de penser qu'il faut souffrir pour aller bien, dit comme ça c'est pas génial. Mais c'est un complément. L'un ne va pas sans l'autre. Je ne sais pas pourquoi Dieu a décidé tout ça, il devait être bourré, de toute façon, Dieu est un gros geek qui joue aux Sim's toute la journée. Petite blague entre deux religieux, Zac et moi. On est très ouverts malgré notre fois, et pourtant si vous saviez le nombre d'extrémistes qu'il y a en Amérique.
La petite Myaw saute dans mes bras. Je ne la lâche pas, elle a bien le droit de faire ce qui lui plaît, c'est une enfant libre.

- Je suis contente que tu sois là.
Suis je un grand ours en peluche qui est là pour réconforter les enfants? Peut être que oui, j'aime rendre les gens heureux en plus ça n'est pas difficile, je fais le clown dès que je peux, ça n'est pas fait exprès, je fonctionne de cette façon. "Je suis contente que tu sois là." est la phrase que Hayleyball me répétait le plus souvent, et moi je répondais "Je serais toujours là". Finalement elle est partie. Mais je suis là pour la retrouver non? Je lui dirais "Tu vois, je suis toujours là!" comme pour rattraper le temps. Mais le temps n'est pas une matière, pas une personne que l'on peut battre à la course, c'est stupide de faire des personnifications d'objets, de choses de la vie. Le vent souffle, très bien, mais ça n'est pas un être vivant. C'est un défaut humain de vouloir s'entourer de choses stupides, stupides mais nous ne pourrions pas vivre sans.

- Je serais toujours là.
Pourquoi? Pourquoi ai-je dit ça, cette fillette je ne la connais même pas, et je ne la reverrais peut être jamais, c'est peut être un bonjour et un adieu. J'ai eu l'impression d'être un ami qu'elle cherche, qu'elle désire de tout son coeur, une grande personne pour protéger sa petite personne à elle. Un grand dragon pour veiller sur sa petite princesse. A t'elle des parents? J'ai envie de lui demander, mais si jamais elle vient de Mystery Orphanage, je sais ce que c'est de dire à quelqu'un "J'ai pas de parents", je suis orphelin de naissance et j'ai survécu à pleins de moqueries là dessus, parce que les enfants sont bêtes et méchants quand ils ne connaissent pas.

- Tu sais comment il s'appelle toi le phare ?
C'est vrai, a t'il au moins un nom ce phare? On donne des noms à tout, nous les humains, je ne sais pas pourquoi. En même temps si tout s'appelait "truc", on s'y retrouverait pas. Mais il y des mots bizarres, par exemple, pourquoi appeler "adoubement" la cérémonie pour faire un chevalier, et non pas "chevalierisation"? On se pose de ces questions des fois. Mais Myaw n'a pas tord, comment s'appelle ce phare, je n'en sais rien, pourquoi ne pas l'appeler "le phare" tout simplement? Tout le monde ici saurait que "le phare" c'est celui-ci, pas un autre.. Et pourtant, il y a sûrement une pierre sur laquelle sont gravées les quelques lettres qui composent son nom.
- Je ne sais pas, quel nom lui donnerais-tu toi?

Toujours toujours toujours.
Tu promets ?
Et ne m'oublie pas.
Parce que moi j'oublierais pas.

- Je serais toujours là.

Cette phrase là traverse mon coeur de part en part. Un bout tombe par terre, je le donne à Josh. Surtout qu'il le garde bien précieusement, comme ça le jour où je voudrais recréer le puzzle, j'appellerais tous ceux qui ont une partie pour tout reconstituer. Comme ça, je suis sûre de ne jamais les perdre de vue. Ils sont enchaîné à moi, enchaîné à mon coeur. Je ne sais pas pourquoi, mais je sais que cet homme là sera une tornade dans ma vie. Contrairement au coup de vent, il ne sera pas juste de passage. Pourquoi en suis-je persuadée ? Je ne sais pas.

C'est fait.
Tu m'as promis.
Et je te promets.
Que tu ne regretteras pas.

- Je ne sais pas, quel nom lui donnerais-tu toi?

Un instant, je suis surprise. Josh ne sait pas. Ca m'étonne, parce que d'habitude les adultes font toujours semblant de toute savoir. Ils ne demandent pas l'avis des petits, ils disent et c'est comme ça. Avec eux on a pas le choix, c'est de la dictature disait ma maman. Elle bien sûr elle n'était pas comme eux. Ceux qui se cachaient derrière un pseudomasque de savoir pour cacher leur ignorance. En fait, elle ressemblait un peu à Josh.

- Le phare aux oiseaux. C'est pas très original, mais c'est joli.

Moi j'aime bien ce nom quand même. Il faudrait une plaque en or avec son nom à l'entrée du phare. Ou en argent. C'est égal tant que son nom est marqué quelque part, pour pas qu'on l'oublie. Un autre qu'on ne peut pas oublier, c'est le Père Noël. Je pense que pour le prochain noël, je commanderais cette plaque ! Et je demanderais à Josh de venir m'aider à l'accrocher ! Mais maintenant je me demande... je ferais mieux de lui poser la question.

- Dis, tu es vraiment le fils du Père Noël ?

Dis pas juste non.
Brise pas mes rêves.
Démentit pas mes chimères.
J'en ai trop besoin.

Je le regarde droit dans les yeux, les miens brillant d'une immense curiosité. J'ai la gorge nouée, peut-être parce que la vérité est sur le point de m'être dévoilée... J'attends juste qu'il prononce les mots magiques, ceux qui vont faire chavirer mon coeur et confirmer mes espoirs. Ou peut-être des mots maudits qui vont tous brisés, rétamer les rêves d'une petite fille...

Ignorance is you new best friend | One should not try of all to know

Et les mouettes tournent sans cesse autour de cet endroit, chantant mélodieusement. Malgré ça, beaucoup de gens haïssent les mouettes, parce qu'elles défèquent partout. Mais tout le monde défèque, les humains ont inventé un truc qui s'appelle 'toilettes', les mammifères terrestres enterrent leur déjections en grattant le sol. Mais les oiseaux, ils volent et hop, on peut se retrouver avec une charmante tâche à l'odeur négligeable sur son polo. Mais on ne peut pas les en empêcher, c'est naturel.
- Le phare aux oiseaux. C'est pas très original, mais c'est joli.
Effectivement, c'est simple comme nom, facile à retenir. Mais il y a des oiseaux autour de chaque phare. Oui c'est joli. Mais ce qui est le plus beau, c'est la façon dont c'est dit. La voix d'une petite fille est tellement agréable à entendre, que ça rend tout ce qu'elle dit magnifique.
- D'accord, alors maintenant je l'appellerais 'le phare aux oiseaux'.

Je me lève, tenant toujours Myaw dans mes bras. Elle est si légère à porter, ça me donne envie d'être papa.. Papa. J'ai un papa moi? Je ne sais pas. Je n'ai jamais demandé. J'ai sûrement eu une maman. Mais pourquoi elle m'a abandonné, je n'en sais rien. Peut être qu'il y a une personne qui sait. Dieu, lui, doit sûrement savoir. Mais il sait tellement de chose, si je lui demande et qu'il se trompe de personne. J'aurais alors l'histoire d'un autre. Et je ne veux pas. Alors je ne demanderais rien. Et je serais ignorant.'L'ignorance est ta nouvelle meilleure amie'. Je vais m'appyuer contre le flambeau, face à la mer. Pourquoi la mer est bleue? Si on rêve on peut trouver n'importe qu'elle réponse. La vraie et que le spectre de la lumière blanche réagit avec l'eau comme elle réagit avec un prisme. L'eau masque les couleurs et il ne reste que le bleu. Trop scientifique pour intéresser une enfant.

- Dis, tu es vraiment le fils du Père Noël ?
Je comprends pourquoi ma barbe était si intéressante maintenant. Cette petite pense que je suis le fils du Père Noël. Peut être que c'est vrai. Moi je n'ai pas de papa, mais peut être que c'est le Père Noël qui m'a déposé à l'orphelinat de Nashville. On n'en saura jamais rien. Enfin si, en enquêtant.
Je me dis, si je réponds à Myaw que je ne suis pas le fils du Père Noël, elle risque d'être très triste, mais si je réponds que je le suis, je mentirais. Je ne sais pas ce que je pourrais dire ou faire pour répondre correctement à la question.
- Je suis orphelin, dis-je, mais je crois que c'est le Père Noël qui m'a déposé dans un orphelinat. Je ne me souviens pas bien tu sais.
J'espère que ça ne va pas la rendre triste. J'espère que je ne vais pas la décevoir. Cette réponse est la meilleure que je puisse donner, même si elle est une part de vérité et une part de mensonge. Au moins ça n'est pas un mensonge entier.

En haut du phare.
Des rires s'envolent.
Montant là-haut.
Jusqu'au paradis !

- D'accord, alors maintenant je l'appellerais 'le phare aux oiseaux'.

Ca y est, cette fois c'est dit. Ce phare là, c'est le notre. Il ne manque plus qu'un baptême pour que ça soit vraiment officiel. Mais en fait, on s'en fiche. Parce que dans notre coeur, c'est déjà officiel. Et c'est ça, le plus important. La preuve, c'est qu'à l'intérieur de ma poitrine, quelque chose palpite bien plus vite que d'habitude. Parce qu'aujourd'hui ce n'est pas d'habitude. C'est autre chose. C'est mieux. Je suis avec Josh dans le phare aux oiseaux. Il y a vingt minutes j'étais avec un inconnu dans un lieu sans nom. La différence tient en peu de chose. Mais elle fait mon bonheur.

Entends-tu.
Battre mon coeur ?
C'est juste pour toi.
Et pour le phare.

Le Père Noël offre peut-être des cadeaux, mais son fils m'a offert bien mieux. De la joie sans emballage. Pas besoin de se battre avec les noeuds et la ficelle, je n'ai qu'à tendre les bras. Ce jour là est un de mes plus beaux Noël, même si on est pas le 24 décembre. J'avais juste besoin de rire, rire à en mourir et inventer de nouvelles histoire dans un donjon nommé "phare aux oiseaux". Un peu pour sécher mes larmes, beaucoup pour oublier ma maman. Qu'aurais-je fais sans lui ? Une étoile filante n'aurait pas mieux réalisé mon voeu.

- Je suis orphelin, mais je crois que c'est le Père Noël qui m'a déposé dans un orphelinat. Je ne me souviens pas bien tu sais.

Et je crois bien.
Que c'est le vent.
Qui m'a porté.
Jusqu'à toi.

Alors lui aussi il est orphelin ? Je le sers encore plus fort contre moi. Je sais que ce n'est pas facile. Mais lui ne sait même pas qui l'a posé là-bas. Moi au moins j'ai eu la chance de connaître ma maman et de pouvoir l'aimer. Par contre je suis dans le même que lui pour mon père. J'ignore tout. Mais en fait, je m'en fiche. Si il n'a jamais voulu de moi, pourquoi je devrais m'y intéresser ? Ca fait mal ce vide, c'est comme un manque dans mon coeur. Heureusement que d'autre sont là pour le combler. Les gens du Mystery. Et peut-être Josh ?

- Je suis aussi orpheline. Tu viendras me voir à l'orphelinat ?

Mes yeux cherche les siens en un "s'il te plaît" silencieux. Il a promis qu'il serait toujours là, n'est ce pas ? De toute façon, on aura toujours notre phare aux oiseaux. Notre refuge secret où on peut caresser les étoiles et manger des nuages. J'aimerais vivre là-haut sur les flots !

The dreams never cease

La vie d'un orphelin contre celle de quelqu'un qui a une famille. Qu'est-ce que ça nous apporterais à nous tous, les 'sans parents'? Du bonheur? Sûrement. Mais on saura tout de même au fond de nos coeurs que ceux qui nous adopterons ne seront jamais 'nos parents', les nôtres, à nous tous seuls. On saura qu'il n'y a aucun lien de sang, on saura qu'on est juste là pour remplacer un vide dans leur vie et que eux pour remplacer un vide dans la notre. Je n'ai jamais voulu qu'on m'adopte. De toute façon le Nashville's Orphanage&Youth Hostel n'a jamais été qu'un refuge, pas une maison d'adoption. Y en a qu'ont essayé, y s'ont eu des problèmes.

- ..Tu viendras me voir à l'orphelinat ?
Myaw cherche à implanter son regard noisette dans mes yeux bleus. Elle réussit, je vois, je sens, j'entends son appel.
- Oui, je viendrais.
Je viendrais, tu n'auras pas à attendre devant la fenêtre, tu n'auras pas à attendre une ombre qui ne passera jamais. Parce que moi j'ai attendu des ombres. L'ombre d'une mère qui n'est jamais venu voir son enfant, l'ombre d'un père qui n'a jamais pu s'intéresser à son fils, l'ombre d'une famille qui n'a peut être jamais existé.

Les rêves d'un enfant sont brisés par le temps. Parce qu'ils ne se sont jamais réalisés. Moi je garde espoir, pensant toujours que je pourrais vivre ce rêve qui me tient à coeur depuis 13 ans. Retrouver Hayley York. Ce rêve est sur le point de se réaliser. Et quand ça sera fait? Qu'est-ce que je vais faire du reste de ma vie? Trouver un autre rêve? Ça n'est pas si simple. Les rêves sont beaux et ont de l'intérêt tant qu'ils ne sont pas réalisés. On peu aussi dire 'Le plaisir est dans la chasse, pas dans la capture', mais c'est une phrase plus dure.

- Myaw est-ce que tu as un grand rêve? demandais-je.

Pour certain.
Il suffit.
De prendre le téléphone.
Et de dire 'hallo'.

Je n'ai aucun moyen de vérifier que tu dis la vérité. Juste l'espoir que ce ne sont pas des mensonges. Parce que ça ferait trop mal d'être abandonnée encore une fois. Parce que je ne veux pas que tu t'enfuis avec un morceau de coeur, que tu le laisses tomber et que quelqu'un le piétine. Parce que personne n'aime souffrir, et les enfants encore moins. Tant de raison qui font je j'ai envie de croire Josh quand il me dit :

- Oui, je viendrais.

Ces trois mots me redonnent le sourire. Parce que je sais que quand j'aurais peur toute seule, tu apparaîtras, quand je me serais perdue, tu me tendras la main. Parce que je sais que quelqu'un penseras à moi et ça ça fait chaud au coeur. Ca le répare, plus besoin de pansement ou de colle, le puzzle est assemblé.

- Myaw est-ce que tu as un grand rêve?

Un rêve ?
Comme ceux.
Qu'on voit se réaliser.
Dans les films ?

Moi, j'ai beaucoup de rêve. J'aimerais voler, être une fée, toucher les étoiles, m'occuper de fleur, embrasser un crapaud, épouser un prince, m'enfuir sur un cheval blanc, danser avec les oiseaux, chanter sous l'eau, rire aux éclats, manger un gâteau au chocolat plus grand que moi, avoir mille robes, dormir à la belle étoile, visiter Paris, danser avec les loups, embêter une souris, adopter un chat,...

J'ai tant de rêve.
Mais juste un.
Irréalisable.
Que je préfère.

- J'aimerais avoir une famille. Avec ma maman qui revient. Et un vrai papa.

Ce que je ne dit pas, c'est que je ne veux pas qu'on m'adopte. Je ne veux pas encore changer de maison, de ville, de pays ! Pas maintenant que j'ai enfin des amis. Et puis d'abord, j'aimerais ma vraie maman. Je ne pourrais pas en aimer une autre, ça serait une trahison.

- Et toi c'est quoi ton rêve ?

Réfléchis bien.
Tu n'as le droit.
Qu'à un seul.
Et unique rêve.

Well, I just need wanna see her.

- J'aimerais avoir une famille. Avec ma maman qui revient. Et un vrai papa.
C'est triste, je ne connais pas son histoire, mais si sa mère est morte, elle ne peut pas ignorer que son retour est impossible. Moi ma mère je ne sais pas si elle existe encore, mais en même temps je n'ai jamais vraiment cherché, ce que je ferais une fois de retour à Franklin. En tout cas je comprend Myaw, on aimerais tous avoir des parents, nos vrais à nous tout seul.
- Et toi c'est quoi ton rêve ?
Mon rêve? Ah oui, le plus grand de tous, c'est bien retrouver Hayley, et l'emmener avec moi et Zacharia, rentrer au Tennessee. Mais je me dis que si j'arrache Hayley à cet endroit, elle sera obligée d'abandonner tous ses amis, et ça la rendrait malheureuse, je ne veux que son bonheur. Mais moi j'ai abandonné Nashville pour ici, elle me doit bien ça. On en parlera, c'est à elle de décider.

- Retrouver une amie égarée.
Je ne donne que cette réponse, si Myaw veut en savoir plus elle n'aura qu'à demander, si elle veut savoir qui est cette amie, libre à elle de le découvrir. Je ne cache pas ma vie, je l'expose aux gens, espérant avoir de l'aide. Ce n'est pas facile de retrouver quelqu'un perdu de vue depuis 13 ans. Enfin je ne sais pas quelle sera ma réaction quand je la verrais, je serais sûrement très heureux, mais après on ne prévoit pas l'avenir.

Portant toujours Myaw dans mes bras, je me déplace dans le flambeau, de gauche à droite, je vais d'un côté à l'autre, pour voir la mer, la plage, ou la côte. Je n'avais pas remarqué qu'on voyait le Mystery d'ici, enfin moi j'arrive à le voir, peut être que quelqu'un d'autre non. Les mouettes tournoient toujours autour de nous dans notre coupole, il y en a une posée sur l'espèce de balcon dehors, elle me fixe. Non sérieusement, j'ai une mouette qui me fixe, c'est désagréable, surtout qu'une mouette ça a les yeux noirs profonds. Chez les grecs, on pensait que les gens aux yeux bleus étaient des barbares, alors que au moyen âge, on pensait que les gens aux yeux noirs profonds étaient possédés par on ne sait quel démon, le Diable le plus souvent. Je me dis que ces croyances sont stupides, mais que ce sont elles qui ont crée la religion que je sers. C'est bête ouais.
Revenons en à la mouette, je m'approche de la vitre et me met moi aussi à la fixer, non mais sans blague, je ne vais pas me laisser faire par un piaf qui vomit sur ses ennemis. Oui, les mouettes vomissent un suc acide sur leurs ennemis ou quand elles se sentent en danger, c'est immonde. Mais c'est très pratique voyez vous parce que l'acide ça brûle. C'était la minute scientifique de Josh, la prochaine dans le prochain post (peut être)!

Au fond de notre coeur.
On a tous le rêve.
D'être aimé.
Et heureux.

- Retrouver une amie égarée.

Une amie égarée ? Comment fait-on pour égarer une amie ? Ce n'est pas comme une clé ou un bijou. C'est grave, c'est triste et j'espère que Josh retrouvera son amie. Je n'aimerais pas perdre quelqu'un comme Ange, Hayley ou Luka. Je n'aimerais pas perdre mes amis. Sauf que égarer et perdre c'est différent. Perdre c'est pour toujours, comme ma maman. Et égarer ça veut dire qu'il nous reste l'espoir de le retrouver un jour.

Je croise les doigts.
Pour que Josh la retrouve.
Car moi je veux voir le bonheur.
Illuminer son sourire.

J'espère aussi que son amie n'aura pas changé. Parce que c'est un fait, certaine personne changent en vieillissant. Je pense que Josh n'a pas changé, parce que je peux encore entendre dans sa voix les rires d'enfants et la curiosité d'antan. Mais peut-être que celle qu'il recherche ne sera plus la même qu'avant. Ca serait très triste qu'après tant de recherche il découvre une inconnue. Mais peut-être aussi qu'elle sera restée la même, sans la moindre once de changement. Je l'espère.

Alors que je prie.
Pour lui.
Les mouettes nous regardent.
Porteuse de nos voeux.

Josh marche doucement et ses pas me bercent. Lentement je pose ma tête contre son torse, laissant mes yeux se fermer. Autour de moi, je sens le vent qui joue avec mes cheveux, je sens les yeux curieux d'un oiseau brûler mon dos, je sens l'odeur salée de la mer qui monte dans le ciel. Et surtout, je sens les bras du fils du père Noël autour de moi, assez fort pour soutenir le monde d'une seule main.

Dis moi Josh.
Sens-tu mon coeur.
Résonner de mon amour.
Pour toi ?

No friends, much of amazing people

L'enfant dans mes bras, je la connait à peine en fait. Mais je l'aime déjà. Pourquoi? Sa gentillesse, son innocence, c'est avant tout pour cela que nous aimons les enfants. Cette petite, Myaw, est mon amie, et moi je veux bien être qui elle veut, pour l'instant je suis le fils du Père Noël.

Je songe, je songe, nous ne disons plus rien. Mayw est calme, bercée dans mes bras. Les remous de l'Océan chantent, la musique des vagues, c'est bien calme, trop calme, on en oublie l'endroit où l'on est, comme dans une bulle, déconnectés de la réalité. Et au fait, quelle heure est-il? Le soleil est toujours haut dans le ciel, le vent a accéléré sa cadence et les nuages passent encore assez paresseusement.

- Myaw, ne t'endors pas, comment vas-tu rentrer à l'orphelinat si tu dors? souriais-je.
Peut être ne va-t-elle pas s'endormir, mais j'ai l'impression qu'elle est un peu fatiguée. Si je continuais à la bercer je suis sûre qu'elle repartirait dans le monde des rêves.
Je n'aime pas réveiller les gens, ça me gêne énormément, je me sens confus et embêtant après. Mais avec ses yeux mi-clos, Myaw va sûrement s'endormir, je pourrais toujours la ramener à Mystery, mais je ne connais pas le chemin.

- Tu as beaucoup d'amis ici? demandais-je soudainement. J'ai l'impression de vouloir l'empêcher de dormir, c'est assez méchant, ça ne me plaît pas.
Moi je n'ai jamais eu beaucoup d'amis, à vrai dire il n'y avait que Hayley, nous étions seuls au monde. Maintenant il y a Zac, et je m'entends bien avec les gens. Je ne sais pas pourquoi les autres ne m'aimaient pas trop à Nashville, et franchement je m'en fiche maintenant, ça m'a permit de m'endurcir et puis c'est du passé.

Je suis sûr que Myaw a des amis géniaux, comment ne pas être attendrit par cette petite Princesse? Comment sont ses amis? Grands, petits? Bizarres ou normaux? Les deux peut être? Y a t'il des personnes qui ne l'aiment pas? A-t-elle ce que je n'ai jamais eu?

Si je savais.
Où se trouve le bonheur.
Je serais allée le prendre par la main.
Pour le ramener à mes amis.

- Myaw, ne t'endors pas, comment vas-tu rentrer à l'orphelinat si tu dors?

Mais peut-être que je n'ai pas envie de rentrer à l'orphelinat. Bon. Ca c'est pas vrai, pas possible. L'orphelinat, je l'aime beaucoup. Plus que mes autres maisons d'après la mort de Maman. Mais j'aime bien ce phare aussi, même si à la base j'y pleurais. D'ailleurs je ne sais même plus pourquoi je pleurais, j'ai tout oublié. Je sais juste que le fils du Père Noël est avec moi et que j'ai pas envie qu'il parte. Peut-être que je pourrais le prendre à l'orphelinat avec moi ? Au pire, je le cacherais sous mon lit ! Mme Mystery n'est pas obligée de savoir ça. Même si elle sait tout. Sauf ça. Elle saura pas.

- Pourquoi tu ne vis pas à l'orphelinat avec moi ?

Je ne rouvre pas les yeux, parce que c'est plus confortable comme ça. J'arrive mieux à me concentrer sur la voix de Josh. Sinon je laisse mon regard s'accrocher à une mouette et je m'envole avec elle. Les mots alors tente d'atteindre mon plumage, mais passe à côté. Et quand je redescends sur Terre, les mots eux sont tombés dans la mer. Plic, plac, plouf. Ce sont des mots salés et mouillés. Des mots baveux dont l'encre coule. Alors c'est plus dur à comprendre. Je préfère fermer les yeux.

- Tu as beaucoup d'amis ici?

Un jour j'aurais un collier de coquillages.
Ou chaque coquillage représentera un de mes amis.
Et alors peut-être bien.
Que j'aurais 1000 coquillages !

Beaucoup d'amis, peut-être bien. Ici les gens me comprennent mieux. Parce qu'ils sont comme moi. Alors c'est plus facile d'avoir des amis. Et puis je crie moins la nuit, parce que je commence à comprendre comment gérer mes cauchemars. Commence seulement. Mais si parfois je pleure, les enfants dans ma chambre ne vont pas se mettre en colère pour me dire de me taire. Ils vont venir vers moi pour me sortir de mes méchants rêves et pour me rassurer. Il arrive aussi qu'on dorme ensemble, main dans la main. Dans ces moments là, je dors mieux. Ce ne sont plus des cauchemars noir charbon, mais des rêves roses bonbons.

Ce sont des rêves d'enfants.
Qui naissent au bout de nos doigts.
Qui grandissent dans la paume de notre main.
Et qui surgissent devant nos prunelles endormies.

- Oui, beaucoup des gens de l'orphelinat. Et quelques autres. Comme toi ou David.

David c'est l'homme de l'Eglise. C'était d'ailleurs bizarre de le voir là-bas, parce qu'il ne ressemble pas du tout à un ange. Il fait semblant d'être un démon. Mais semblant seulement, parce que sinon il m'aurait mangée. Genre pour de vrai. Parce que les démons mangent les enfants. Heureusement, David c'est en fait un gentil qui fait juste semblant d'être méchant. Je ne sais pas pourquoi il fait ça. Peut-être qu'il n'y a pas d'explication. Ou que je ne pourrais pas la comprendre. Après tout, je n'ai que 5 ans.

- Et toi ?

Oui, dis-moi enfant du Père Noël, à combien de lutins peux-tu faire confiance ?