We were born for this

Clothilde & Sakura

&



Balance, balance, balance.

Avant, arrière, avant, arrière.

Les cheveux aux vents, aucun sourire ni aucune émotion profonde, je m'ennuyait simplement. Sur un jeu d'enfant. Complètement déserté vu qu'on était en pleine nuit, encore une fois, je ne pouvais pas dormir. Je ne sais pas ce qu'ont mes "camarades" aujourd'hui mais ils pensent trop, quel mal de tête horrible ! Mon sac était par terre, calepin et crayons également étalés sur le sol. Chaussures en vrac à côté. Moi sur ma balançoire, je regardais devant moi, l'esprit vide, loin de toutes ces pensées. L'air frais faisait voler mes cheveux bruns, pour une fois, j'avais une robe, elle virevoltait également en même temps que les mouvements de la balançoire.

Avant, arrière, avant, arrière.

A l'instar du pendule d'une vieille horloge. Le vent frais était agréable, il chassait mes préoccupations en quelques sortes. Un lapin blanc que j'avais dessiné quelques minutes plus tôt était roulé en boule sur ma veste marron. Je continuais de me balancer, j'attends d'être haut, très haut devant et je saute. Mes pieds nus en prennent un coup, mais je m'en fiche un peu. Ma robe est désormais sale. Pourquoi faut-il qu'ils pleuvent tout le temps ici ? Terre plus eau est égal à boue. Donc j'ai de la boue partout, super. Oups, je glisse, et me voilà le cul par terre, c'est super, là pour le coup ma robe est vraiment dégueulasse et je n'ai absolument rien pour la laver. Elle attendra, personne n'est debout la nuit, personne ne me verra. Le lapin a disparu, si seulement i serait resté plus longtemps, ma veste aurait été chaude lorsque je me déciderais de rentrer. Je retournais sur la balançoire, debout cette fois.

Avant, arrière, avant, arrière.

Petit à petit je prends de la vitesse. Petit à petit je vais de plus en plus haut. Debout c'est plus impressionnant, on voit plus le vide qu'il y a en dessous de nous, on sent beaucoup plus notre corps qui est tiré en avant ou en arrière. On doit plus forcer dans les mains sur les chaines de métal pour s'y accrocher et dans les pieds sur la planche de bois. Plus dangereux, plus d'adrénaline, mieux. Enfin, adrénaline, ce n'est qu'une balançoire mais bon, tout est relatif. J'entends les grincements du métal, je les sens également sous mes doigts. Du métal frais, du vent frais, un corps chaud. Le mien.

Avant, arrière, avant, arrière.

Petit à petit, la balançoire s'arrête jusque ne plus bouger, je m’assoie et ne me balance plus. L'arrête du grincement me permet d'entendre les bruits aux alentours. Je ferme les yeux, je laisse mon ouïe écouter. Le bruit du vent dans les feuilles, elles frémissent, mon poids sur le balançoire l'empêche de bouger. Des bruits de pas s'approche, avec une voix qui murmure, pas très loin de moi. Je ne suis pas la seule à ne pas dormir la nuit ? Je reste sur la balançoire, assise sagement. La voix se rapproche, petit à petit. Je vois un pied derrière un arbre. Je vois donc une fille, elle regarde le ciel, ses cheveux attachés sont aussi dominés par le vent qui souffle légèrement. Je ne bouge toujours pas, et nos regards se croisent.

Elle s'approche. Elle est habillée de façon à ne pas sortir dehors. Elle doit avoir froid. Elle a des vêtements de qualité, que je n'aimerais pas portée. La mode et moi ça fait deux. Certes, ça met ses formes en valeur mais bon, autant avoir des choses qui tiennent chaud non ? Moi je suis habillée en robe juste parce que c'est la première chose qui me passait sous la main. Je me demande d'ailleurs pourquoi je l'ai, c'est étrange. un coup de cœur inexplicable sûrement. Et le froid j'en ai l'habitude. Mais elle elle a l'air de trembler. c'est ses affaires. Elle continue de se rapprocher, et là, elle parle. J'aurai dû m'en aller quand je l'ai entendue arriver en fait.

«-Je suis Clothilde. Je ne t'ai jamais vu, du moins c'est ce qu'il me semble. Je suis une Française, et toi ?»

Je n'ai pas envie de répondre. Vraiment pas. Je voulais juste rester seule, tranquille. J'ai juste envie de lui dire que c'est compliquée pour pas m'attarder. Mais vu la longueur de sa phrase, elle a l'air du genre bavarde. Mais j'ai pas envie de parler moi ! En plus elle a des cernes sous les yeux, pourquoi elle dort pas ? Moi je suis complètement réveillée, les cernes j'en ai jamais. Mais elle, pourquoi pas elle est pas au chaud sous sa couette ? Non saleté de télépathie, tu dégage de là, je ne l'espionnerai pas, je me souviens encore de la mauvaise expérience avec Ian donc ça suffit. Pas deux fois la même erreur. Même si je ne veux pas me faire d'amis ou quoi, ce n'est pas une raison pour les blesser avec leurs problèmes, donc, pas de télépathie à Mystery, en dehors un peu jusqu'à ce que je suis sûre de l'identité de la personne mais c'est tout. On arrête les conneries. Enfin, je me décide de lui répondre.

"Je suis née au Japon mais ma 'famille' est en France. Je m'appelle Sakura."

J'insiste bien sur le mot 'famille' pour qu'on perçoivent les guillemets, je ne me sens pas du tout rattachée à eux. Si je pouvais être d'une tout autre famille ça m'arrangerait et je pourrais alors être beaucoup plus joyeuse. tout ce que j'ai en comment avec les Cross c'est le sang qui coulent dans nos veines. Et notre haine réciproque. C'est tout.

Au moins elle est contente, on est française toutes les deux, même si je me considère plutôt comme japonaise. Elle se rapproche encore, je vois qu'elle regarde mon calepin, le lapin est en première page. Elle repose son regard sur moi, je détourne les yeux. Je recommence à me balancer, mais doucement.

Avant, arrière, avant, arrière.

Mes pieds frottent la boue, ils vont être dégueu en rentrant. Pourquoi j'ai enlevé mes chaussures moi ? Je sais même plus, une vieille habitude sûrement. Enfin, on s'en fiche un peu. Je me mets donc debout et range un peu mes affaires parce que ça fait quand même un peu désordonné. Elle prend ma place sur la balançoire et elle sourit en me regardant. Parce que oui, je la regarde aussi.