Do you believe in anything ?

&
Pando & Saku

Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Enfin si, je le sais, mais comment le dire et faire en sorte que se soit rapide ? Je suis devant son bureau et j'hésite à frapper. Je ne peux plus reculer, il faut vraiment que je lui parle. J'ai trois choses à lui dire. Lesquelles déjà ? Le rapport sur le poltergeist, autant en profiter, avoir de l'argent parce que je commence vraiment à avoir du mal à aligner les deux bouts et enfin, m'inscrire aux cours de métamorphe et peut être celui de M. Kido, parce que ça peut toujours être utile.

Je frappe et entre, sans attendre de "Entrez" parce que je n'ai pas envie d'être conforme. Je sais que ça ne sert strictement à rien mais ce n'est pas grave.


Un minimum de politesse quand même, c'est mieux. Elle me regarde à travers ses lunettes, avec un regard bienveillant. Comment commencer ? Je m'assoie, c'est déjà pas mal et ça montre que j'en ai pour un certain temps. On va faire ça du moins au plus important. Je pense que c'est mieux. Donc se sera mon rapport, les cours et enfin l'argent. Mais, comment l'introduire ? Parce qu'elle attend juste que je commence vu que je viens sans prévenir et sans qu'elle sache non plus de quoi il en retourne. Je me lance donc.


Dans ma tête, je coche la case qui va sur le rapport, c'est fait. Aucune réaction ou alors elle réfléchit, j'enchaine sur les deux autres choses.

Je remercie mentalement Ian pour l'information, sinon, j'aurai galéré longtemps.


Voilà, j'ai tout dit, j'ai l'impression de ne jamais avoir parlé seule aussi longtemps, encore plus devant un adulte. Je regarde mes mains, sur mes genoux, attendant tout ce qu'elle va me répondre.

Entre mes courtes pauses dans mes paroles, je peux voir que la directrice me sourit. Il y a également un écriteau, comme dans les bureau administratif sur le sien.

Comme si on le savait pas. Au moins l'écriteau sur la porte est utile.


Enfin, c'est vrai que la première fois que je suis venue ici, j'étais bien contente d'avoir son nom sous mon nez. Cette salle n'a d'ailleurs pas changé depuis les quelques mois qui ont passé. Il y a toujours autant de dossiers dans les armoires, de pots de je ne sais quoi, de décorations. Il manquerait plus que le Choixpeau Magique et on serait à Poudlard. Enfin, je me calme.


Effectivement, j'ai pu constaté qu'il me crevait. Même pas cinq minutes en panthère et quand j'étais redevenue humaine, il n'y avait plus de Saku. Enfin, avec de l'entrainement, il devrait être utile, non ? Mais, beaucoup d'entrainement. Et il faut surtout que je me contrôle, et ne pas tout donner dès le début. C'est à dire, qu'il ne faut pas que j'essaie d'aller au delà de mes capacités, ce que je fais la plupart du temps. Non, là j'ai l'impression que se sera vraiment plus subtile.

Enfin, j'aurais mes bandes de métamorphes, plus besoin de me balader toute nue entre deux transformations. Et j'aurais un vrai entraînement aussi. Pas uniquement moi et moi. Parce que si je tombe dans les pommes alors que je suis seule, personne sera là pour me récupérer.

Enfin bon, je continue tout ce que je voulais lui dire. Mon argent et mes cours supplémentaires et je n'ai pas longtemps à patienter avant qu'elle ne me réponde.

-Je vous l'accorde, mais prenez garde à ne pas vous surmener. Pour l'argent, il faudrait que vous me donniez au moins le nom de la banque de vos parents, qu'elle se trouve au Japon ou en France. Ensuite Orpheo se chargera d'avoir accès à leurs coordonnées bancaires et de vous en faire bénéficier en tant qu'héritière légitime.

Et voilà, un regard désolé s'affiche dans ses yeux et sur son visage. Ca va, je n'ai pas besoin de pitié, je me porte extrêmement bien ! Je peux même sourire ! Enfin, pas là, je n'en ai pas envie. Têtue ? Oui, extrêmement. Bon, la banque de mes parents... Ils en avaient deux en plus, une au Japon, et une en France. J'ai moi même des économies au Japon. Alors, les noms, quels sont les noms de ses banques déjà ? Ha oui, je me souviens.

"Mes parents était chez Le Crédit Lyonnais et chez Tokyo Sowa Bank au Japon. Mes économies sont également dans cette banque du Japon."

Ca, c'est fait. J'espère au moins qu'elle connait le nom de mes parents. Parce que si elle ne les connait pas... Cela me paraitrait extrêmement bizarre, on peut penser qu'elle est très attachée à ses élèves, qu'elle prend soin d'eux mais, mes parents, si elle ne les connait pas, tout ce qu'on peut penser sera faux ! Oula, je me répète là. Mais qu'importe, tout cela est et reste dans ma tête. C'est vrai, il n'y a pas de télépathe dans les parages, du moins je ne crois pas et si j'arrive à bloquer mon don, ça veut dire que j'arrive à bloquer ceux des autres, non ?

Je ne me sens vraiment pas bien dans ce bureau, devant une adulte âgée de ... Beaucoup d'années. Parlé de mes parents, enfin, pas exactement mais un petit peu quand même, ça me dit encore plus qu'ils sont morts, ça me rend triste. Mais j'essaie de garder un visage neutre, fronçant presque les sourcils pour éviter que les larmes ne coulent. Comme chez les Cross, quand on a annoncé que mes parents étaient morts, et que je devais m'entraîner, sans relâche. Ne pas craquer maintenant, je ne dois pas. J'ai encore des choses à régler avec la directrice.


Au Japon, on avait des discussion sérieuses de temps en temps. Alors, effectivement je sais comment s'appelle le notaire du Japon. Il faut juste que je m'en rappelle ... Fraise ... Ichigo ...

"Le notaire japonais s'appelait Ichigo Elric."

Et en France, on passait du temps ensemble et je me rappelle même la conversation qu'on avait eu une fois ...

Je m'entraine, encore et encore, jusqu'à l'heure du dîner où toutes les activités s'arrêtent. Mais je préfère dîner dans notre chambre, à mes parents et moi. Je n'aime pas les Cross. Ils sont cruels, et même lors du dîner, aucun éclat de rire n'est entendu, jamais. Je me demande même si il leur arrive d'être heureux à ceux là. Arrivée dans notre chambre, je prends une douche pour me débarrasser de la crasse et de la transpiration de la journée. Mes parents arrivent alors que je sors de la douche, tout boueux, et tout mouillés. Ils vont se doucher chacun leur tour alors que je prépare à manger. Ils ont des cernes sous les yeux. Je bande leur blessures, chacun leur tour. On se met à table. Demain c'est enfin leur jour de congé.

"Sakura, demain nous devons aller chez un notaire. On ne pourra donc pas rester avec toi, tu devras continuer ton entraînement."

Je comprends tout à fait ce que mon père me dit. Je suis un peu déçue mais c'est normal qu'ils prennent leur précautions vu ce qu'ils vivent en ce moment.

"Il s'appelle Tom Mercer. Parfois il est au Royaume Uni et d'autres fois en France."

On finit de manger et on part se coucher après avoir débarrasser. Demain, une autre journée sera longue pour moi.

"Le notaire français, enfin, il vit au Royaume-Uni mais également en France. C'est Tom Mercer."

"Autre chose ?"

Non, normalement c'est tout. Si j'ai encore quelque chose à lui dire, je reviendrais, ou j'écrirais quelque chose. Ce flashback m'a rappelé trop de chose. Je baisse la tête, fronce les sourcils et m'empêche de respirer. Parfois, ça empêche que mes larmes coulent. Quand je me pense calmée, je relève la tête et j'annonce à la directrice que je n'ai plus rien à dire. Mais je n'arrive pas bien à contrôler ma voix et elle se brise sur la fin. Je sens une larme couler, fine et rapide. L'a-t-elle vue ? Aucune idée, je me retourne vite et sans demander mon reste, sort du bureau et m'affale sur la banc juste à côté. Le couloir est vide ce qui me permet de me calmer légèrement. J'espère ne croiser personne en allant dans ma chambre. Mais je reste là un moment d'abord.

Me voilà donc sur mon banc, juste à côté du bureau. J'entends la porte s'ouvrir et des pas viennent vers moi sur le carrelage dur et froid de l'orphelinat. La directrice, ça ne m'étonne pas. Vu comment je suis partie, ce n'est pas étonnant. Et puis je reste juste à côté de son bureau, ce n'est pas la cachette idéale. Comme si au fond de moi, j'avais besoin du réconfort qu'elle pourrait m'apporter. Comme si mon masque se brisait, une fois de plus. J'essaie d'éviter que les larmes coulent, mais c'est impossible. Silencieuses, elles font leur chemin sur mes joues et tombent sur mes mains lorsqu'elles arrivent à ma mâchoire. Ou alors, elles continuent leur chemin jusqu'à ma gorge et s'engouffrent sous mon tee shirt, inatteignables. Mme Mystery s'est planté devant moi, toujours debout. Je me mets en boule, comme pour me protéger et je fuis son regard, regardant mes mains, le carrelage, l'usure du banc sur lequel je suis, ou bien les souliers de la femme qui cherche à comprendre ce que j'ai.


Je lève la tête vers elle au moment où elle prononce ses paroles puis la rebaisse, tout aussi vite. Je pince les lèvres et fronce les sourcils, évitant un maximum que les larmes continuent de couler. C'est quand qu'elles vont s'arrêter ? Je serre la mâchoire, me griffe les bras, de plus en plus fort. J'aurais des marques je sens... Mais je m'en fiche à vrai dire. Il n'y a rien à dire, strictement rien. Et c'est ce que je répète, une fois en chuchotant, incompréhensible, et une autre fois en criant, et ma voix résonne dans le couloir tandis qu'avec mon poing serré, je cogne le mur à côté de moi. J'entends des craquements, et j'ai mal. Super, il manquait plus que ça, des phalanges qui ont craqué. Ça fait mal, mais moins mal que la blessure que j'ai au cœur, celle qui est due aux Cross, la mort de mes parents. Saleté de Cross. Je les hais, de tout mon être. Oui je me répète, toujours je le dis. Mais au moins, je ne perdrais jamais mon objectif de vue. Avec ma main qui va bien, je passe ma main dans mes cheveux et les serre, comme pour les arracher. Oui, quand je déprime j'ai des tendances masochistes. Et alors ? Est-ce que ça vous pose un problème ? Non. Voilà, laissez moi tranquille. Laissez moi tous tranquille. Je veux juste être seule, me tapir dans un coin et pleurer toutes les larmes de mon corps jusqu'à ce que je m'endorme. Je souffre, j'ai mal. Et je sais parfaitement que je ne suis pas la seule comme ça. Il faudrait vraiment que j'arrête de faire comme si j'étais la fille la plus malheureuse du monde. Il y en a qui n'ont jamais connu leur parents. Qui sont là depuis qu'ils sont tout petits. Moi je suis arrivée uniquement il y a quelques mois.

Ma main me fait mal, ma tête me fait mal, mes bras me font mal. En fait, je crois que je me blesse pour me dire qu'au moins, là, ma douleur est physique, c'est plus simple de la sentir. Sauf que tout ce que je me fais, ce n'est même pas un millième de la douleur que je ressens à l'intérieur de moi. Et je ne sais pas comment je peux faire pour m'en sortir. Oui il me faudrait des amis, c'est sûr. Sauf que je ne veux pas les impliquer dans mon histoire. Je ne veux pas les perdre, je ne veux pas les décevoir. J'ai peur en fait, je crois que c'est ça l'affreuse vérité. J'ai peur d'être seule à la fin. Mai c'est en réagissant comme ça que je vais me retrouver seule, non ? C'est trop compliqué, en plus je ne suis pas d'humeur à réfléchir. Mon lit... Ha non, pas mon lit. Parce que dans ma chambre, il y a d'autres gens. Il me faudrait un endroit où je peux être seule. La forêt ? Je ne vois que ça. Un endroit à l'extérieur, loin de tout. Loin des gens. Mais, ça me fait peur d'être seule aussi, c'est vrai. Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas.

Mes pleurs me font tressauter. Et des petits bruits s'échappent de mes lèvres. Je renifle également, j'essuie mes larmes avec ma manche. J'ai besoin de serrer quelque chose dans mes bras, du coup je compresse mes genoux sur mon torse, j'enroule mes bras autour de mes jambes et je me balance, en reniflant doucement mais fréquemment.

Prostrée, en pleurs tout en essayant de les retenir, chose impossible quand ils arrivent aussi nombreux. Me scarifiant à moitié, faisant bouger les os de ma main brisés alors que j'essaie de m'arracher la peau et les cheveux. Se faire du mal, essayant que la douleur morale passe dans le physique, plus facile à appréhender. Mais cette douleur est si forte qu'il est impossible de la reproduire, c'est pour cela que je me fais autant de mal partout. Pourtant, la directrice reste muette, ne sachant peut être quoi faire. Enfin, je ne dois pas être la première a passé devant elle dans cet état. Elle s'assoit près de moi alors que j'essaye de retenir mes sanglots, mes cris, mes hurlements. Oui, j'ai envie de hurler, c'est pour ça que c'est si dur de pleurer, c'est pour ça que cette boule dans la gorge est si présente et serre autant l'endroit où elle est placée. C'est pour ça que je me fais si mal. Pour éviter de hurler. Mais pour hurler il faudrait que j'aille loin, que j'y cours même. Et je n'ai pas la force de le faire. Alors je reste là.

Mrs Mystery prend ma main brisé et je sens un souffle chaud à l'intérieur. La douleur s'efface, petit à petit, je sens que ça bouge, que les os bougent. Comme si tout se réparaient, tout se refixaient. Comme si on effaçait le temps. C'est agréable une guérison finalement, surtout chez les sorciers. Humaine j'aurais dû aller à l'hôpital et j'en aurais eu pour des mois alors qu'ici, en deux secondes, c'est fini. Mais ce n'est pas pour ça que les pleurs se tarissent, non, ils coulent toujours à flots. Et puis j'ai une douleur physique en moi, ce qui est assez étrange. Enfin, c'est limite ce que je veux me faire du mal. Mais avoir quelqu'un qui veille sur nous comme ça est bénéfique aussi. Et je n'ai pas envie de l'envoyer chier. Et pas seulement parce que c'est la directrice. Aussi parce qu'elle reste, un peu comme une Maman, elle reste avec moi, elle me serre même dans ses bras pour que je puisse vider mes larmes tranquillement, tout en me berçant. Je m'accroche donc à elle, comme si c'était le rocher qui devait me sauver dans la noyade si j'étais dans une rivière avec un courant incroyable. Je m'accroche à elle désespérément, pour ne pas qu'elle me lâche. Pourrais-je toujours compter sur elle ? Venir la voir comme j'irais voir ma Maman ? Peut-on faire ça avec la directrice ? La grande Maman ? Elle a reprit cet orphelinat pour nous après tout, si elle n'aimait pas les enfants elle n'aurait jamais fait ceci. donc, pourquoi pas. Et puis, elle reste. Elle doit sûrement faire ça avec tous les enfants d'ailleurs. Même les grands. Je vois souvent des personnes plus âgées que moi venir ici pour discuter avec Mrs Mystery, en toute amitié. Ils ont sûrement étudiés ici juste avant. Donc, c'est décidé, c'est la grande Maman.

Ces mots que je me dis dans ma tête, que j'ai tout de même une maman sur laquelle compté, ça me calme, ça m'apaise. Le mouvement de bercement aussi, ses bras autour de moi également. L'accumulation de tout ça me fait aller mieux. Bientôt, je ne fais plus que renifler, et plus aucune larme ne coule. J'ai tout de même mal aux yeux après tout ça. Et mon nez, il faut absolument que je le vide. Je me sépare donc, à regret, des bras de Mrs Mysetry, prend un mouchoir dans ma poche, et vide mon nez. Ça fait un bien fou ! Même s'il se rebouche presque aussitôt vu tout ce que j'ai pleuré. Je jette mon mouchoir à la poubelle, le temps que je me retourne, Pandora est déjà debout, un petit sourire sur ses lèvres. Je me rapproche légèrement et d'un coup, je m’agrippe à son cou pour qu'une dernière fois, je puisse sentir ses bras rassurant autour de moi. Je murmure un merci au creux de son oreille, dépose un léger baiser sur sa joue et vais jusqu'aux escaliers les plus proches en courant presque, sans me retourner. Mais, avant que je puisse esquisser le moindre mouvement en leur direction, elle m'attrape mon poignet, je me retourne donc vers elle, des questions plein les yeux.

[FIN]