- Mais c'est dégueulasse !

- Bonjour.

5h du matin, je me lève et je métire les articulations. J'ai à peine dormi quelques heures, impossible de dormir en fait. Depuis, que cette femme m'a pris pour sa cousine, je ne pense plus qu'à notre rencontre, je me suis même surppris avec l'idée de la revoir pour en savoir. Je prends un seau le remplie d'eaux froides et je me dirige vers la salle de bain, là où je vais me laver avec l'eau du seau. Je n'aime pas la douche, on m'a habitué à laver de cette manière, je préfère que ça reste ainsi. C'est comme le savon, comment pourrais-je oser en mettre, moi une esclave, seul les nobles ont le droit de sentir bon. Mike ne comprends pas que je ne suis pas une esclave de maison, m'apprendre à cuisiner est une perte de temps. Enfin, j'aime néanmoins qu'il m'apprenne, je l'admets, cela change des choses que j'ai fait jusqu'à présent. Après ma douche, je vais m'occuper du petit déjeuner de Mike, il m'a appris à le faire et je m'en sorts bien.

Bol de lait, brioche, jus d'orange, pot de confiture, tout est sur la table, j'ai même sorti les céréales au cas ou... Je frappe à la porte de la chambre de Mike trois fois pour l'avertir qu'il est temps de ce lever, il est déjà 5h40... A la suite, je m'en vais vers ma chambre, m'assis sur mon lit et reste là, à regarder dans le vide. Kirsten, pourquoi est-elle dans toutes mes pensées, ce n'est pourtant qu'une simple inconnu qui n'a fait que sortir des divagations sur moi. Je m'allonge sans pour autant m'endormir, je reste là, à songer... Qui étais-je avant de perdre la mémoire ? Etais-je une arme comme aujourd'hui, ou un être humain comme ces personnes normales à l'extérieur ? Je me lève deux cent tractions des genoux, je me redresse pour me laisse tomber au sol et enchaîner sur deux cent pompes, puis deux cent abdominaux. Quand je finis ce petit qui m'a aidé à me détendre un petit moment, je vais de nouveau me rincer le corps.

****************

J'ai pris la décision stupide de revoir cette femme, elle avait dit s'appeller encore Kirsten Hope O'Connell la dernière fois qu'on s'est, apparemment, perdu de vu et qu'à présent elle se nomme Kirsten Hope Who. Elle est surement marié, je devais chercher dans les pages jaunes qui pouvait ce nommer Who a Little Angleton. J'ai trouvé le cabinet des Who, j'ai découvert que je pris un peu tard la de rencontrer à nouveau cette Kirsten, étant donné qu'elle est morte, d'après son mari. Je ne me suis pas sentie confus pour lui, tout le monde meurt un jour, c'est la vie, en vie pour mourir. Mais j'aurai préféré qu'elle meurt plus tard, parce que maintenant, elle me laisse avec plein de question dans la tête. Je me rend dans un parc en fin de matinée, je me pose sur un banc. De toutes les façons, qu'est-ce que ça changeait, qu'elle me connaissait, ou pas ? Rien, je suis toujours Ciara Bastet, un objet artificiel.

« Bonjour. »

Je regarde l'homme à côté de moi sans répondre dans un premier temps, ensuite, fait un signe de tête en guise de réponse. Il n'a pas l'air bien, vraiment pas. Un homme mélancolique, quelle pourrait en être la raison ?

« Quelqu'un est mort ? »

Boum, bam, bim, pouic... plus direct, tu meurts...

Il semblerait que les humains normaux, souffre beaucoup sans même avoir de blessure physique, je me demande à quoi c'est due. Je me demande ce que ça fait de pleurer, je n'ai pas le souvenir d'avoir dans ma vie, lâché une larme, je crois que je ne pouvais pas me le permettre. Je devais combattre jusqu'à tuer, pour être la dernière encore debout, encore vivante alors que nous étions que des enfants. Que des enfants ?! Je crois, que je n'ai jamais fait la différence entre un adulte et un enfant, seulement que nous étions des objets et qu'un objet qui n'avait pas de valeur était incinéré. En voyant qu'il était vraiment abattu, j'ai voulu tenter quelque chose d'amical, en lui demandant si quelqu'un était mort, cela devait être pris comme de « l'humour »... Mais encore une fois, je n'y comprends rien à l'esprit humain.

« Ma soeur. »

Je le regarde, comme un spécimen nouveau, je suis intriguée par lui... Tout comme cette autre fille, ce type me donne une sensation de déjà vue. L'ai-je déjà croisé quelque part ? L'air se refroidie, même cette sensation ne met pas non plus étrangère. Automatiquement, l'air autour de moi se réchauffe, laissant de la vapeur s'échapper de ma peau, dû au contacte du chaud et du froid. Je ne comprends pas cette, soudaine baisse de température, je regarde le ciel et rien n'indique parmi les nuages une anomalie.

« Mais qu'est-ce que ça peut bien vous faire ?! 

- Moi, rien... Je n'ai pas la chance que tu as de ressentir de l'empathie, pour un être que l'en aime. »

Je le regarde et je me lève face à lui, il est plus grand que moi de quelque centimètre, mais il semble être si petit en ce moment, que je ressens le désir de le prendre en pitié. La pitié, une émotion, que je n'ai jamais ressenti, que je ne peux permettre de ressentir. Je passe à côté de lui, arrive son épaule, je rajoute.

« Je n'ai jamais appris à communiquer avec des êtres vivants, désoler si je t'ai blessé... J'étais ici pour voir une fille qui prétendait être ma cousine, mais elle aussi, elle est morte, elle s'appelait Kirsten Hope Who... Je ne saurai jamais si j'étais quelqu'un autrefois, maintenant. »

Dis-je avant de continuer mon chemin... j'en profite pour enlever cette perruque rousse et dévoiler mes cheveux Blonds, ça commençait à me gratter la tête.

- Tu connaissais ma sœur ?!

- Et qui es-tu ?

Moi quand j'essaye de me comporter comme les autres, c'est-à-dire comme les personnes normales, je finis par paraître étrange. Je ne suis pas aussi douée que l'autre type qui me sert de maître, pour jouer la comédie. Bon en même temps, j'essaye vraiment d'être comme tout le monde sans faire semblant et je ne crois pas que jouer la comédie dans mon cas, change quelque chose. Je ne sais pas mentir, au contraire j'ai plutôt une grande gueule d'après les O'Callaghan. Mais bon, cela les regards, s'ils n'aiment pas entendre la vérité, je ne vais pas me retenir pour eux, ni pour personne d'autre d'ailleurs, je n'en vois pas l'utilité. La vérité est blessante je l'ai appris, depuis peu et je crois que c'est totalement vrai, il suffit de voir ce type. Sa soeur est morte, c'est une vérité et elle est blessante. Par contre, maintenant, que j'y pense... Est-ce, vraiment exact que cette Kirsten Hope Who est morte ? Bien que sa vie ne m'intéresse pas, sa mort m'intrigue...

Je dois dire que Little Angleton est le dernier endroit sur Terre, où je m'attendais à voir un cas de meurtre par préméditation. Et puis, elle est morte quand cette... Malheureuse fille. Soyons gentilles pour une fois. Je sursaute au contacte d'une main froide sur mon épaule, c'était encore lui... Ai-je encore dit quelque chose sans que je m'en rende compte, j'ai une grande gueule dit-on. Tient, il ne me regarde plus avec ce même regarde abattu, j'ai envie de me gratter la tête pour en comprendre la raison.

« Tu connaissais ma sœur ?! »

Je ne comprends pas, de quoi il me parle ? Sa soeur, comment pourrais-je la connaître sans que je puisse le connaître, lui avant tout ? Je réfléchis un moment, il a réagi quand j'ai mentionné Kirsten qui est morte... tout comme sa soeur est morte...

« Kirsten est ta soeur ? »

Cela pourrait paraître logique d'une certaine manière, mais je n'y avais pas vu la ressemblance, d'ailleurs ils ne se ressemblent pas. Mais le fait, que j'ai ressenti ce sentiment de déjà vue comme avec Kirsten la fois précédente, cette fois je commence réellement à être intrigué... Par mon passé et par ces deux-là.

« Comment ? Pourquoi ? Que te voulait-elle ? »

Je n'arrive pas à suivre sa succession de questionnement, mais j'essaye de faire une réponse en mélangeant le tout...

« Non, je... je ne la connaissais pas, je suis d'ailleurs nouvelle dans ce village. Je ne sais pas vraiment ce qu'elle me voulait, mais elle est venue à moi en prétendant m'avoir retrouvé, alors que je tentais de faire mes courses, seul sans l'aide de Mikeal. Elle disait que j'étais sa cousine et j'essayais de l'ignorer, gêné par ses propos et ses gestes. »

Après tout, une personne sortie de nulle part qui vous prend subitement dans ses bras, c'est un peu violent. J'ai encore un peu honte aujourd'hui, donc oui, j'ai tout fait pour éviter de la recroiser jusqu'à aujourd'hui, où j'ai pris enfin la décision d'écouter ce qu'elle voulait me faire entendre... Sauf, qu'elle n'est plus vraiment là aujourd'hui.

« Et qui es-tu ?

- Ciara Bastet, une étrangère, rien de plus. »

Dis-je immédiatement après sa question, apparemment, je ne dois pas dire aux gens que je suis une esclave, je me demande bien pourquoi. Je le regarde un moment et je rajoute ceci, car peut-être cela l'intéresserait, puisque ça vient de sa soeur.

« Alice... Alice O'Connell ! C'est comme ça que ta soeur m'a nommé en me voyant pour la première fois. »

Je ne me suis jamais posé de question sur mon passé, jusqu'à ma rencontre avec la femme du médecin du cabinet Who. Je n'ai jamais voulu savoir, on m'a toujours dit que j'étais façonné par les mains d'un noble, qu'il m'avait donné la vie pour être une arme utile. Toujours est-il que, cette femme me connaissait, comment cela était possible si je n'existais pas avant ? Et puis, ce sentiment de déjà vu qui me compressait et qui me compresse en ce moment même, que veut-il dire ? Est-ce que je suis devenu faible ? Un objet capable d'émettre des sentiments, est un objet défectueux, disaient ceux qui prétendaient être mes créateurs, mes dieux, ce que je devais et je dois toujours servir. Et les objets défectueux, doivent être supprimée sur-le-champ de bataille, suis-je défectueux, dois-je être supprimée ? J'ai dit à l'homme comment sa soeur m'avait appelé, je ne sais pas pourquoi je l'ai fait, je n'avais aucune raison de me justifier...

Pourtant, je l'ai fait, peut-être voulais-je voir si lui aussi pouvais voir ce qu'avait vu sa soeur, ainsi, saurai-je vraiment si j'ai un passé, si je suis née arme et comme être humain comme toutes ces personnes de ce village. Et quand je vis ses larmes reprendre, j'ai cru rouvrir sa blessure en lui faisant pensé de nouveau à sa soeur. Du moins, jusqu'à ce qu'il me prenne dans ses bras, de manière identique à celui de sa soeur. Mon coeur s'emballe stupidement, mon visage venait sûrement de virer au rouge dû à la gêne considérable. Personne à par ces deux-là, m'avait pris dans les bras sans intentions de me tuer. Mon coeur ce calme tout seul, quand je sens ses larmes contre ma joue. Il est sérieux, elle aussi l'était. Alice... ?! Dis-moi donc qui es-tu ? Et quand j'essaye de savoir, ma tête me fait souffrir, à quoi cela est dû ? Et pourquoi suis-je là, à me poser des questions, alors que je devrais être sur un champ de bataille et servir de sacrifice ? Bon sang...

Pourquoi je ressens une sensation de sécurité et de nostalgie dans ses bras ?

« On t'a cru morte ... »

Le ton de sa voix est calme et assuré, pas une once de doute, ou d'hésitation. La preuve qu'à ses yeux je suis quelqu'un de vivant, qui a existé autre part que sous les orteils de sorciers qui se prétendent nos dieux. J'ai dû avoir aussi une famille, mais le destin me la retirer. Quand j'y pense, quelque chose me traverse la poitrine et remonte jusqu'aux yeux, me brouillant la vue. Un liquide identique à celui de cet homme, mon coeur est ce moment compressé, ça fait mal, mais dans un certain sens la douleur est agréable et chaud. C'est la première fois que je verse des larmes... je dois être défectueux, la famille de Mike me remettra comme les autres, sur le marcher des esclaves. Je fais disparaître se liquide qui déborde de mes yeux, avec ma manche avant que cet homme vienne à défaire son tendre emprise sur moi. Je ne veux pas, qu'il voit, qu'il m'atteint là où personne à ce jour a réussi à m'atteindre... c'est-à-dire, au coeur.

« Que s'est-il passé ? Tu avais neuf ans quand tu as disparue et te voilà ! Tu es arrivé il y a combien de temps à Little Angleton ? Tu sais ce qui est arrivé à Kiki ? Tu l'as vue combien de temps avant ce tragique accident ? »

Me demanda-t-il après m'avoir lâché et tiré avec lui vers le banc à nouveau. Encore une fois, toutes ses questions me perturbent, plus le fait que ma joue commence à me gratter à cause des larmes brutalement séchées par le manche de ma veste. J'essaye de le regarder dans les yeux, mais je me sens bizarre en croisant son regard, alors je me détourne, avant de lui répondre.

« Je... Je ne sais pas, je la voyais chaque jour sans l'approcher. Elle semblait heureuse et elle l'était encore plus chaque jour. »

Je réfléchis et je rajoute...

« Et puis de temps en temps, je la voyais discuter avec une fille blonde, qui n'était pas d'ici et un jour, Kirsten est retrouvée... »

Je ne termine pas ma phrase, il a dû comprendre... Pour chasser cette tension soudaine, je me reporte sur ses questions précédentes. En oubliant sans y faire exprès, l'interdiction de révéler mon rang à un étranger.

« Je ne sais rien de mon passé, on m'a dit que je suis née pour servir et c'est que je fais, pour avoir ma nourriture le soir... Je ne veux pas encore finir dans la cave. »

Je lève mon regard ayant pris conscience de mon erreur, je venais peut-être de détruire la couverture de Mike. Je me lève du banc, cette fois, je ressens comme un grand vide au bas ventre... La peur au ventre, je me mets m'écarter de cet homme. A cause de lui, je me comporte bizarrement, à cause de lui je deviens un objet inutile.

« Non, je... je ne suis pas Alice, je suis Ciara, la... la cousine de Mike, je ne sais rien du tout, je veux rentrer chez moi. »

J'ai peur, non, j'angoisse... Mais j'ignore pour quelle raison.

La puissance, la chaleur du feu, la foudre et la douleur mentale, voilà ce que je suis, ce que je représente pour mes dieux, dont je suis soumise. Je suis une arme humaine, rien d'autre, je ne peux me le permettre, me permettre de tendresse avec qui que ce soit. Logan me dit ceci, peu après, que j'ai mentionné l'étrangère qui semblait amie avec Kirsten.

« Qui était-elle ? Tu l'as déjà vu avant ? Serais-tu capable de ma la décrire ?

- Une blonde qui voulait se faire discrète, assez pour qu'on ne puisse pas la décrire en la voyons. Je ne sais donc pas qui elle est, mais elle venait souvent « seulement » pour voir Kirsten. »

C'est la dernière chose que je lui est dite, avant de partir dans la folie de mes de mes sentiments et révéler certaine chose me concernant. Je n'ai pas spécialement peur de Mike, mais cette fois la situation et si étrange que je redoute la violence de Mike. J'ai toujours été une personne trop fière pour admettre la soumission, trop fière pour avoir à ressentir la peur. En fait, peut-être que mon angoisse n'est pas réellement destiné à Mike, peut-être et avant tout à moi-même. J'ai peur de perdre ce qui fait de moi un objet efficace, j'ai peur de perdre ma valeur aux yeux de Mike et des autres. Mon cœur bat trop vite, mes pensées divaguent de part en part à travers mes neuronnes. Je suis si proche de mon passé et à la fois si loin, je le sens et cela m'effraie aussi et pas qu'un peu. Il se lève à son tour et je voudrais qu'il se rassoie, qu'il ne tente rien, qu'il me laisse partir et m'oublie... Mais, pas un seul son ne sort de ma bouche pourtant ouverte pour l'occasion.

Il m'attrape le manche de la veste, m'attire à seulement quelque centimètre de lui et à nouveau m'enlace, plus fort que tout à l'heure.

« Tu es chez toi, avec moi. Je suis convaincu que tu es Alice. C'est certain. Ça prendra sûrement du temps de ton côté mais ce n'est pas grave. Reste. »

Sécurité, chaleur et froid en un, Alice... Lo... Logan ? Un souvenir oublié. Ma tête bourdonne...

***Flashback***

Un homme se tient face à moi, épée à la main droite, il est grand, je semble petite et très peu musclée. La giffle de l'homme part, percutant mon visage, je m'écroule au sol, mais je me relève le regard endurcie, j'ai aussi une épée dans les mains, elle est lourde. L'homme tente de me giffler de sa main gauche libre à nouveau, mais j'esquive sur son côté droit d'un plongeant. Je redresse mon une fois debout, l'homme me sourit, je lui souris à mon tour. Je semble heureuse, j'abaisse mon arme, il s'approche de moi en faisant de même. Sa main rassurante, ne me giffle pas cette fois, il vient se poser sur ma tête et secouer mes cheveux. Il se penche et m'adresse des mots...

« Tes mouvements sont plus fluide qu'hier, tu t'améliores Calypso, ton père est fière de toi. »

C'est mon père et il est fier de moi, je vois clairement son visage, je lui ressemble, j'ai sa chevelure blonde. Nous nous entraînions dans le jardin, de l'ancienne maison à maman de la ville de Stormness. Je crois que ce soir, tout la famille de maman vient dîner pour nous dire en revoir, car nous partons vivre dans le pays natal de papa.

« Alice ! »

Je me retourne vers l'entrer et j'aperçois un visage qui ne m'est pas inconnu, non, deux visages qui ne me sont pas inconnus. Un garçon de 12 ans, un rousse de 7 ans, un an moins que moi, j'ai 8 ans. Je l'ai connais et je leur saute au cou en les voyant. Je leur saute au cou...

**********

Le souvenir s'écarte et disparaît dans l'obscurité, tandis que l'étreinte se voulait que plus affirmative, je laisse échapper un nom trottinnant dans ma tête.

« O'Connell... »

La peur qui me tiraillait les entrailles, disparue, remplacée par un froid agréable et nostalgique. « Encore ». Je laisse de nouveau ma pensée m'échapper...

« Logan... O'Connell... »