Tell me, what do you think about this place?

Il est actuellement 12h00 et nous sommes le Dimanche 20 Juin, je ne sais pas si je vais retourner manger à Mystery, ou bien mourir de faim. Si je ne mange pas, je peux toujours aller voir chez Mr. Khayman pour acheter des biscuits, un fruit ou un sandwich.
Il fait beau dehors, trop beau, et trop chaud aussi. Me connaissant, je vais attraper un énorme coups de soleil, en plus j'ai pas mis de crème, quelle abrutie. Ici, il faut bon, le bar est aéré continuellement l'été, sauf par jour de pluie. Le chaleur n'entre jamais au Lonely Ghost, mais en hiver, les radiateurs fonctionnent au quart de tour.

Pourquoi je suis ici? Je ne sais pas trop, pour une fois je me suis levée tôt et j'ai déjeuné, j'avais envie de sortir, mais en arrivant au village, sentent la chaleur grandissante du coups de midi, j'ai décidé d'aller dans l'endroit frais le plus proche.
Appuyée sur le comptoir, je vois d'ici les gens passer dehors, comment font-ils pour ne pas devenir tout rose? Je me retourne pour regarder l'horloge au fond de la pièce, 12h05, je m'ennuie, heureusement, je n'ai toujours pas faim.

J'entends la porte du bar qui s'ouvre, curieuse, je regarde qui cela peut-être. Les professeurs ont l'habitude de venir prendre un café à la pause de midi, en général ils apportent eux même ce qu'ils mangent, ou bien ils retournent manger au Mystery. Mais il arrive qu'ils mangent à la cantine de l'école/maternelle/collège/lycée. Ce qui est bien, c'est que à partir du collège, les élèves mangent où ils veulent.
Mais passons, la personne qui rentre actuellement dans le bar, c'est Emmanuelle Delacroix. Emmanuelle, ou plutôt Manu comme on avait l'habitude de l'appeler, je ne sais pas si on a toujours le droit. Elle avait 11 ans quand je suis arrivée à Mystery. Malgré le fait qu'elle était plus grande, elle jouait avec nous quelques fois. Maintenant elle est revenue, c'est notre nouvelle professeur de contrôle des émotions à ce qu'il paraît. Mais pour l'instant ce sont les vacances, alors je ne l'aurais que l'année prochaine. Je vais rester à Mystery jusqu'à mes vingts ans je crois.

Je croise les bras sur le comptoir, et je met ma tête dedans. Pensant à pleins de choses, que vais-je faire de ma journée pour commencer. Emmener Estéban voir des turcs qu'il ne connaît pas? Accompagner Ange et Luka pendant la lecture aux petits? Ou bien aller en ville, seule.

La journée avait commencé juste un peu plus tôt par le petit coctail de rebranchement du cerveau habituel, une petite pipe d'herbe accompagnée d'un petit café, avec quelques pages de mots croisés pour le petit côté fun.
Dans le temps après ça et jusqu'à présent, Manu avait fait des trucs divers qui n'ont pas tellement d'importance mais qui l'ont menée à se dire que ça serait sympa peut être, de faire un tour au village par ce jour de beau temps. Alors elle a pris ses affaires et elle a levé le camp. Son objectif dès le départ était de se rendre au café, aussi elle n'a encore été nulle part ailleurs lorsqu'elle y entre, accompagnée d'un petit courrant d'air qui est coupé quand la porte se ferme.

Elle fait un petit tour visuel de la salle. Il y a pas mal de personnes qu'elle connaît, de vue ou plus personnellement, mais un souvenir tout en particulier attire son attention. En réalité, elle n'est pas tellement sure. Alors elle vient, nonchalante, s'accouder au bar, elle commande un thé à la menthe comme d'habitude, avec un petit sourire charmeur, et se met à matter, enlevant ses lunettes, la fille à côté d'elle, qui se cache dans ses bras.

Manu hausse un sourcil. Une expression douteuse. Genre j'ai bien envie de ricaner mais bon, si jamais j'me trompais, j'me serais fatiguée pour rien.
Elle hésite encore, juste une seconde ou deux (le temps que son thé arrive en fait, et qu'elle le touille bien, et qu'elle se le verse selon certaines manies) puis elle fait à la fille, gentiment :

"Eh ... ?"

It was a long time ago, I didn't forget you.

Après avoir obtenu son thé, elle dit:
"Eh ... ?"
Je redresse soudainement la tête, faisant voler mes cheveux déjà en bataille en un éclat orange et rouge. Manu vient de me reconnaître, même après avoir changé de couleur de cheveux. Bon, pour les cheveux, c'était pas spécialement pour elle. Je la regarde avec un grand sourire, manquant de me jeter sur elle avant de remarquer qu'elle avait la main sur sa tasse et que si je faisait ça, je risquai d'en foutre partout, d'autant plus que le thé ça brûle.
-Bonjouuuuuur! Comment ça va?
Je ne sais pas comment elle va réagir, espérons qu'elle ne va pas me coller un flingue sur la tempe. Mais Manu me connaît depuis que je suis arrivée à Mystery, elle est donc au courant pour ma "folie chronique".

Sophia Rush, cachée derrière le comptoir, sourit devant cette scène, puis elle se détourne et continu son travail.
Mon regard balaie la pièce et je remarque que quelques personnes ont tourné la tête, mais peut m'importe. Je me retourne vers Emmanuelle, sur son visage s'est affiché un sourire pendant que j'avais le dos tourné.

Grande effusion. Le contact est établi. Il semble qu'Hayley est toujours Hayley. Manu l'aime bien. Son esprit avale en un instant les expressions de son visage, sa manière de se tenir, de bouger, de regarder. La joie de vivre s'écoule doucement dans sa cervelle, petit flux tiède d'optimisme qui donne une sensation de beau temps. Un sourire malicieux vient tirer sur sa bouche, s'élargit et s'offre sans retenue à Hayley quand elle redonne son attention ici.
Elle fait doucement un petit "Hm." appréciateur, en ne cherchant rien de spécial dans le fond de ses yeux. Joueuse, elle se tourne face contre le comptoir, distante pour de faux, et se courbe pour souffler sur son thé, aspirer une gorgée.
En se brûlant la bouche, sourire omniprésent, elle tourne son visage vers Hayley.

"Ca va.", elle fait. Sa tranquilité est profonde et le temps qu'elle a dit ça, son regard a fait le tour des siècles nombreux écoulés depuis son départ de l'orphelinat.

Restant paresseusement affalée contre le comptoir, elle délaisse son thé et se tourne vers Hayley, sa curiosité l'observant sans rien se refuser des chaussures jusqu'au bout de la tête. Encore un peu plus joueuse, quand son regard se dissimule vers son thé, immitant l'air de rien.
Mais tout de suite après elle vient refaire surface dans la conversation. Intime dans chacune de ses amitiés, elle couvre Hayley de quelque chose de bienveillant.

"Et toi ?", tout doucement, expression interrogative qui monte au petit haussement des sourcils. Qui ne dure pas vraiment, qui redevient l'espièglerie quand elle ne lui laisse pas le temps de répondre : "T'as drôlement grandi, en tout cas.", avec une toute petite ambiguïté qui fait partie du jeu.

Misery heat. Outside.

"Ça va." dit elle simplement.
Bien tant mieux si ça va. Il vaudrait mieux d'ailleurs, parce que revenir là où il y a toute son enfance sans que ça aille, c'est un peu bizarre... Sauf si il y a eu un drame, ou je ne sais quoi. Mais on est pas dans une série hollywoodienne.
"Et toi ?"
Au moment où j'allais répondre, elle enchaîne directement sur:
"T'as drôlement grandi, en tout cas."
-T'as toujours été plus grande que moi, d'ailleurs je te rattrape un peu là. dis-je en mettant ma main pour comparer.
Je constate que la différence de taille entre Manu est moi n'est plus que de 2 ou 3cm, alors qu'avant elle en était de 10. Elle n'a pas continuer de grandir après être partie de l'orphelinat, et moi je vais aussi m'arrêter de grandir dans pas longtemps, si c'est pas déjà fait.

L'atmosphère du bar ne change pas de d'habitude, il y a de la musique de fond, qui a l'air d'être l'hymne écossais en ce moment même. Le bois foncé et vernis du comptoir, des chaises et des tables donne une ambiance rustique et authentique de la vieille écosse. En entrant ici, et rien qu'en voyant le village, on pourrait croire que le temps s'est arrêté vers 1850.
Heureusement que l'air chaud ne peut pas rentrer, parce que sinon je serais morte depuis longtemps. Oui, dehors il fait une chaleur à en crever, ce qui est un peu bizarre pour le nord de l'Ecosse. Mais espérons qu'un petit vent frais apporte des nuages dans l'après midi.
-Au fait, t'as pas de chance, tu m'as comme élève l'année prochaine. dis-je avec un sourire ironique.
Non, sérieusement, je suis très contente qu'Emmanuelle soit de retour parmi nous.

Hayley fait la comparaison entre elles avec sa main. Ca fait ricaner Emmanuelle, qui la repousse avec un petit geste en marmonnant, arrête ça, l'air de dire, tu m'dépasseras jamais t'façon. Son sourire malicieux persiste, ses yeux roulent un peu sous ses paupières (fausse expression exaspérée qui se conclut par un nouveau ricanement) et finalement, son regard tombe sur son thé. Elle s'empresse d'en revenir à lui, prenant le mug avec satisfaction pour le boire entierrement. La tasse retournée par dessus sa bouche et la dernière goutte aspirée, elle s'en sert un autre très méticuleusement et le laisse reposer comme le premier. En chantonnant sans les paroles (et sans vraiment s'en rendre compte je suppose) l'air de l'hymne écossais qui passe.
Au fait, t'as pas de chance, tu m'as comme élève l'année prochaine.
Ah ? Les yeux de Manu bougent vers Hayley. Un sourcil remonte, vient rider légèrement son front.

"Oh bah zut* ..." L'air affligé sur son visage est réellement très convainquant. Pour marquer sa pseudo-déception, elle souffle doucement sur la vapeur de son thé. Qui elle même est trop chaude.

Puis intéressée, elle en revient à leur conversation.

"J'te verrai où alors ... ? Maîtrise des émotions ou usage des armes ?" A l'évocation de sa deuxième matière atitrée, son regard pétille carrément.

La porte du café s'ouvre et une quelconque personne entre. Un courrant d'air très fin fait le tour de la pièce, file jusqu'au comptoir. Vient pousser un voile de cheveux roux sur le visage d'Hayley, remue surtout près de son nez.
Un sourire joueur sur la bouche, Emmanuelle se détourne et s'occupe à commander un verre d'eau pour raffraichir un peu son thé.

* en français.

Bask to Mystery.

"J'te verrai où alors ... ? Maîtrise des émotions ou usage des armes ?"
Une mèche de cheveux me chatouille le nez. Le bar est silencieux. Mon amie, et maintenant ma professeur, commande un verre d'eau fraîche, sûrement pour refroidir un peu le thé brûlant.
-Maîtrise des émotions. Tu sais, j'ai toujours d'aussi bonnes notes qu'avant, alors tu n'auras pas beaucoup de choses à m'apprendre, lui souriais-je. Mais un peu de savoir en plus ça me plaît bien.

La faim ne me tiraille toujours pas, mais je me dis que je dois prendre un truc à boire, juste pour m'occuper et ne pas avoir l'air stupide. Et puis je hais ne rien avoir dans les mains, tout le temps obligée de faire un quelque chose.
-Un jus d'orange, s'il te plaît Sophia.
Tandis que j'attends mon verre, je me tourne, adossée au comptoir je regarde la salle du bar qui commence à se remplir, il est 12h30. Certaines personnes s'installent au comptoir près de nous, d'autres prennent simplement les tables en bois brut. Je vois des têtes que je connais, et que Manu ne connaît pas, des nouveaux de l'orphelinat.

Les discutions commencent à s'élever, on entends des rires, des murmures. C'était si calme tout à l'heure, mais les gens ont bien le droit de se restaurer. J'entends un bruit sec, Sophia vient de poser mon jus de fruit sur le comptoir. Je me tourne et m'apprête à la siroter. Je souris.
-Merci pour les glaçons.
Je bois une grande gorgée de jus frais. Il est tellement agréable de se rafraîchir en buvant sa boisson favorite. Bon, je sais que c'est mal vu mais, j'aime aussi la bière, le whisky, le jean, la vodka... Ne me demandez pas comment je sais que j'aime ça. J'ai goûté, dès que j'ai eu 18 ans. Je ne suis pas alcoolique pour autant. J'avais tellement envie de savoir quel goût ça a. Aux U.S.A., la majorité c'est 21 ans, ce qui est une bonne chose, je pense.

-Je voudrais savoir Manu, où es-tu allé après Mystery, tu n'as jamais donné de nouvelles.
Je ne lui en veux pas. Ca m'a juste attristé énormément. Quand on a une amie et que le lendemain elle s'en va en coups de vent. Bon ok elle a dit bye bye, mais c'est vrai que sans nouvelles c'est énervant.