Claire & Kirsten
« Si j'avais eu une mère, elle te ressemblerait... »

Me voilà à mon cinquième mois de grossesse et malgré mon entêtement à cacher à tout le monde ce qui m'arrive, je suis et entant que, personne responsable... Obligée de passer par les Examens, dont le troisième foutu examen prénatal apparemment obligatoire, l'analyse de sang, le poids la tension artérielle, la hauteur utérine et l'ouverture de col. La deuxième échographie dite morphologique et que je n'ai toujours pas fait en passant, puis, pour finir l'analyse d'urine. La grossesse, c'est vraiment un combat d'un niveau qui me dépasse. Je prie chaque soir pour ne pas être victime d'hémorroïdes et puis j'ai les jambes tout le temps, lourdes, ça commence à devenir vraiment l'enfer. Ah ! Je me pose régulièrement la question, si c'est une fille ou un garçon... Si c'est un garçon je l'appellerai Michel comme l'archange du seigneur, mais si c'est une fille... Ce sera Telma, pour la protection divine dont je souhaiterai qu'elle soit bénite. Oui, oui ! Finalement, j'ai réussi à m'attacher à l'enfant qui grandit en moi, peut-être parce que je commence à m'habituer à s'est chatouille.

C'est ma 22e semaines, déjà... Ouais, mon cerveau n'arrive toujours pas à analyser la chose, je n'arrive pas y croire, tellement que le temps défile vite autour de nous. Sur mon agenda, un rendez-vous est pris depuis 10 semaines déjà, celui de la deuxième échographie, une échographie dite morphologique comme je l'ai dit plus haut. Intérieurement, si tout se passe bien, je pourrai connaître le sexe de mon enfant à la fin de cette séance, je crois que je n'ai pas envie de le savoir, du moins pour l'instant. Mais, je crois que du côté du médecin, cette information sera la cerise sur le gâteau. Ben oui, car lui, doit d'abord se concentrer sur tous les détails du bébé, du liquide amniotique et du placenta pour repérer la moindre anomalie. Cette deuxième échographie est déterminante, car elle peut déboucher sur la décision d'une interruption médicale de grossesse si elle révèle un problème majeur. Tout ça pour ne pas me stresser, hein ? Et cela marche ? Mon cul, tous ces examens me font paniquer à mort.

Aujourd'hui, je suis de retour à Little Angleton... J'ai l'impression que tout me paraît nostalgique, l'image de Kirsten me revient en tête... l'image maternelle de Kirsten. Je me demande à quoi elle ressemble aujourd'hui, je parle physiquement ? Sûrement plus monstrueuse que moi ?! Ben quoi, qui a dit que je n'avais pas d'humour ? Et ben, il avait tort... La veille, j'avais envoyé un message à Kirsten, pour lui dire que je venais la voir, elle a bien voulu me passer l'adresse de son domicile. Je me suis vêtue de vêtements noirs et d'un grand manteau noir de même, tout cela pour cacher mon ventre. Oui, je sais, c'est inutile et alors. De plus, mon ventre n'est pas si gros pour l'instant, donc ça va. Je marche à travers les rues de Little Angleton, les gens me dévisage en passant près de moi, oui parce qu'avec les vêtements noirs que je porte, il y a aussi les lunettes de soleil qui accompagne le tout... Dois-je vous préciser qu'il est bientôt 22h du soir ?

Willow Claire Smith, vampire à mi-temps pour vous servir... Après, quelques minutes de marche à pied, j'arrive enfin au domicile de Kirsten, je sonne à la sonnette de la porte à la suite. Au moment où je crois qu'on me répondait de l'autre côté de la porte, il y avait un raffut pas possible venant d'une voiture qui passa en cou de vent... Bref et donc, je n'ai pas entendu ce que disait celui de l'autre côté de la porte.

« Je suis Claire Smith, je viens voir une amie... Kirsten Hope Who. »

Quand la porte vient à s'ouvrir un homme et une femme se trouvait derrière celle-ci, ils s'apprêtaient à sortir. Je recouvre mon ventre à l'aide de mon manteau, d'une parce que je venais de recevoir une brise glaciale de vent et de deux parce, j'en ai envie. Je ne prends même pas la peine de retirer mes lunettes devant ces personnes, la femme qui accompagne l'homme m'interpella. Elle voulait savoir si c'était bien moi, qui avait demandé à voir Kirsten, elle m'invita à entrer. Apparemment, je pouvais rentrer sans attendre qu'on vienne m'ouvrir, ce qui me paraissait plutôt étrange. Mais je suppose que comme c'est une petite ville ici, il y a pas vraiment de voyous. Mon regard se pose sur l'homme, impossible pour lui de deviner si je le regarde ou pas. Je peux sentir la magie chez lui, oui depuis que bébé bouge, cela m'arrive souvent. Par contre, impossible de dire si c'est un sorcier, ou pas. Je sers la main de la femme, compte à l'homme, lui, sortie directement en me saluant seulement d'un sourire.

« Kim si tu sors n'oublie pas tes... Oh ! »

C'était la voix de Kirsten, je la reconnaîtrai entre mille. C'est étrange me direz-vous, mais elle me rend si nostalgique. Est-ce, peut-être à cause du fait que, j'ai rencontré Kirsten étant encore vierge, essayant encore de me prouver que je pouvais vivre comme les autres. Je ne sais pas pourquoi, j'ai subitement eu le désir d'avouer, de tout déballer à Kirsten. J'ai envie de le faire, mon esprit on a besoin, je crois... que j'ai envie de me libérer d'un poids lourd, dont la masse m'écrase jour à après jour. Ce soir est donc le soir où ma vie sera révélée, à cette femme que je connais à peine, que je connais à peine, mais qui pourtant me fascine. Je crois que durant ma vie, j'ai trop vécu avec ce qui est faux et matériel. Je suis moi-même quelque chose de faux et matériel, une chose vide et qui joue la comédie parmi les autres. La franchise de Kirsten, étrange soit-il m'a poussé à la connaître un peu plus. Et même, si la plupart de notre relation, c'est passé à travers des SMS, je peux dire que c'est une amie. Mais une amie, à qui je ne veux rien cacher et c'est donc pour cela que je vais lui révéler ma réalité, mon destin...

« C'est pour toi Kiki. »

Je regarde Kirsten silencieusement, j'espérais que mon coeur se mettrait à battre d'excitation, pour le simple fait de retrouver un être chère après un lent moment. Mais rien, simplement le vide... Je ne ressens rien, j'aimerais pleurer de chagrin à cause de ma nature qui pour moi est monstrueuse, mais même cela met aussi impossible. J'hésite longuement avant de retirer mes lunettes, montrer mon visage presque aujourd'hui toujours impassible... Je dis bien presque, car depuis peu, je ris pour un rien et je parle toute seule... à mon ventre. Et quand j'y pense aujourd'hui, je me dis que je suis vraiment stupide de faire cela, hors que sur le moment je trouve cela agréable... Agréable de parler à son bébé. Je vous assure, essayez ! Vous verrez...

« Claire ! Viens monte y a personne en haut. Lester et Kim sont sortis comme tu viens de voir et Fergus est dans son cabinet. Tu vois c'est tout simple. »

Je la fixe et la rejoints peu après... Enfin, du moins j'essaye de la rejoindre... Oui, parce que rien que le fait de monter deux ou trois marches, me fatiguent grandement et en plus, ça me donne envie de faire pipi. Quand j'arrive près de Kirsten, je lui souris...

« Tu es énorme maintenant... »

Elle est là en face de moi, son ventre est devenu vraiment imposant... D'ailleurs, le mien aussi est devenu imposant et vu l'expression de la rouquine, elle l'a remarqué. Bon, je savais que cela allait la surprendre, pas à ce niveau... J'ai après tout 19 ans et il me semble qu'ici, on est majeur à 16 ans. Bon oui, ce n'est pas une raison pour avoir un enfant si tôt, je sais... Je l'ai rejoint en haut des marches, avec une vitesse égale à celui d'une vieille dame à trois jambes. Je me rappelle avoir été plus en forme que ça, en même temps, je n'ai rien mangé, depuis hier soir. J'étais trop stressée et je le suis toujours. Je vais m'apprêter à dire à cette inconnue qui je suis, je me demande bien pourquoi ? Je dois être mentalement fatiguée, c'est la grossesse peut-être ?

« Claire tu... T'es pas... Tu... Nan tu... Mais... HA LE CHOCOLAT EST PRÊT ! Euh hum attends moi au salon. »

Bon, c'est clair, elle l'a remarqué et elle ne sait apparemment pas cacher son étonnement. Elle m'indique l'endroit avant de me laisser avec grande hâte, je me suis presque demandée sur le coup, si j'étais toujours la bienvenue, ou pas et si je devais rester ou partir. Je prends une longue bouffée d'air, comme pour me donner la volonté ou le courage pour partir à la bataille. Oh oui, je crois que c'était une bataille qui s'engageait devant moi, sur le chemin qui se dresse sur mon passage, ma route vers mon avenir. Je suivie le chemin que la rouquine m'avait indiqué, je me suis retrouvée dans ce qui ressemblait à la salle à manger, je crois. Je fais le tour pour m'assurer qu'il n'y avait pas d'inviter surprise autre que moi avant de m'arrêter nette au milieu du salon. Je me plie légèrement sur moi, silencieusement sous la contraction sévère, mais pas non plus douloureuse pour autant. Je parie que celle-là m'aurait réveillé si je dormais, cela à beau être un phénomène naturel et courant, il y a trop souvent de contraction à mon goût. Je me redresse au moment où la rouquine me rejoint au salon avec un plateau en main, sur lequel se trouve de tasse fumante. Elle me tendit une avant de s'affaler sur son canapé, je me contente pour ma part de rester debout, même si mes jambes me maudissent à l'instant.

« Rien que ça c'est épuisant, tu te rends pas compte de ce que ça fahahéhéhihihohohuhuh...

- Hein ? »

Qu'est-ce qu'il lui prend ? J'ai fait une chose bizarre ? Je regarde ma tasse un moment et l'espace d'un moment, je me pose une question, mais super débile du genre « mais ce liquide noire, va-t-il brûler mon bébé si je le bois ? » Je secoue légèrement la tête comme pour virer cette question stupide de mes pensées, puis je bois une gorgée du liquide chaude de la tasse. Ah ! C'est du chocolat, voilà qui est bon pour mes hormones... Je termine la tasse en deux, trois mouvements avant de constater que je ne sentais plus ma langue les premiers instants, je dis bien les premiers instants. Les blessures par brûlure à bas degrés, généralement, ça se régénère rapidement, comme pour l'alcool... J'aurai beau boire deux ou trois bouteilles de whisky, je ne serais jamais ivre, car mon foie se régénère facilement. J'ai aussi constaté que j'avais une certaine résistance au froid, ce qui est très utile apparemment quand je vois les frileux.

« Claire... Qu'est-ce qui c'est passé ?

- On m'a violé. »

Je le dis comme pour lui balancer une pierre en pleine figure, surtout pour ne pas avoir à hésiter et ne plus répondre à sa question à la fin. J'ai dû paraître grossière, mais au moins vous ne pouvez pas savoir à quel point cela m'a fait du bien de l'avoir dit. Je ne pouvais garder ce secret pour moi plus longtemps, il fallait que je le lâche, c'est comme si une chaîne métallique s'était enroulée autour de mon coeur et qu'au bout il avait une roche qui tirait dessus. Cette fois-ci je m'assois les yeux rivés dans le vide et je répète moins vite cette fois-ci, comme pour accepter une vérité qui est celle-ci.

« On m'a violé et je n'ai pas voulu avorter. »

Vous savez, il y a quelques années de cela, j'aurai été effrayée de me tenir aussi proche d'une personne à cause de cette faim qui me rangeait et me range de nouveau aujourd'hui, le désir de prendre la vie. Le besoin de m'assouvir de sang humain, est une chose, que j'ai tenté depuis des années et avec l'aide de ma grand-mère de combattre. Je me rappelle que c'est à 15 ans, que j'ai tué mon premier tueur en série. Cela avait été facile de l'attraper, car il était mon professeur principal en second au lycée. C'était un pédophile, violeur et tueur en série pour être précise... Je l'ai attiré dans un hôtel prétendant, vouloir faire des choses coquines avec lui et bien sûr, comme le pervers qu'il était, il avait mordu à l'hameçon. Il devait me prendre pour ces délinquantes dévergonder qui me servait de camarade de classe. Une fois dans la chambre d'hôtel, je l'ai eu avec de l'étorphine, un puissant anesthésiant qui agit dès l'injection pour un homme ou une femme.

En temps normal, l'étorphine est utilisé pour plonger dans le sommeil les gros mammifère, un humain perd connaissance dès l'injection et ne se réveille pas avant quelques bonnes heures. J'avais collé au sol, aux murs, au plafond, sur les meubles, les lits, partout dans la chambre d'hôtel du fil plastique. Tandis que mon professeur principal était posé sur une table recouverte de fil plastique, je l'avais attaché fermement à la table en question à l'aide de ce qu'il me restait de fil plastique. En attendant qu'il se réveille, j'avais placé des photos de toutes ses victimes, qui ne dépasse pas mon âge actuel à l'époque, qui était, 15 ans. Je voulais, qu'il voit ses victimes avant que je mette fin à ses jours, je voulais, qu'il meurt dans le regret, qu'il sache qu'il méritait largement sa mort. Après avoir mis fin à ma première victime, je l'ai décapité avec un matériel qu'on trouve à la boucherie du quartier. Grâce au fil plastique le sang n'avait pas gicler sur le sol, les murs, le plafond, etc...

C'était le principe du fil plastique... Ma mère m'appris en me montrant l'exemple de la bouteille de lait qui tombe au sol, qu'elle fait gicler plusieurs centaines, voire milliers de gouttes de lait, sur le sol, les murs, les tables, les tiroir, le plafond et j'en passe... La bouteille de lait ne contient qu'un litre et demi de lait, imaginez trois litres de sang humain. J'ai mis le corps en morceaux du professeur dans un sac poubelle, voire plusieurs sacs poubelles. Je fis de même avec le fil plastique qui recouvrait l'intégralité de la chambre d'hôtel, le sang sur le fil plastique était déjà sec à ce moment-là. Je fis mon rapport à ma mère à la suite. Voilà pour ma première victime, Kirsten m'aurait rencontré à cette époque, qu'elle ne m'aurait pas reconnu... Car, à l'époque, je ne jouais pas la comédie comme aujourd'hui, j'étais une personne au visage vide, n'exprimant aucune émotion, car j'ignorais ce qu'était une émotion, j'ignore ce que cela faisait de le ressentir, je n'étais tout simplement pas une personne humaine, un monstre, une tueuse en série.

« Je suis peut-être pas la personne que tu connais le mieux sur cette planète, mais pourtant tu es venues vers moi alors tu sais que tu peux me faire confiance et que je suis là même si on ne se connaît pas tellement. »

Des paroles touchantes venant effectivement d'une inconnue, je commence à jouer avec ma tasse comme pour réfléchir à ce que je vais lui répondre à ça... J'ai beau être une actrice, je ne sais pas comment réagir dans cette situation. Dois-je rire, dois-je pleurer, dois-je changer de sujet ? Je ne sais pas... Je ne ressens rien, je ne ressens pas l'émotion qui pourrait m'aider à réagir, rien. Je dépose ma tasse, je me tourne vers Kirsten, mais aucune réponse ne sort de ma bouche. Je baisse le regard, l'amour... J'ai toujours ignoré et j'ignore encore aujourd'hui ce que ça signifier. Qu'est-ce que peu bien être l'amour ? Les gens à qui j'ai posé la question mon répondu par diverse réponse, mais au final, il parle tous de cette chaleur dans la poitrine qui te submerge et qui te fait mal, d'une douleur qui te rend heureux, qui te prouve que tu es emporté par la rivière de l'amour. Je n'ai jamais sentie cette chaleur dans ma poitrine, pour moi, elle a toujours été vide et fragilisée par le froid, l'amertume, le dégoût de la vie et le désir de prendre la vie des autres.

« Je ne ressens pas l'amour, je n'ai jamais ressentie d'émotion dans ma vie... J'ignore ce qu'est l'amour, la tristesse, la colère et bien d'autres émotions... Je n'ai jamais ressenti toutes ces émotions qui vous rendent si humain, à part cette faim, ce seul désir... »

Ce désir d'assouvir sa faim de meurtre, parce que je ne suis qu'un monstre de la pire espèce... Je suis une bête, comme le néfaste tueur en série de « Green river »... Oui, moi et lui sommes pareils, la partie de nos cerveaux, qui traite les émotions, a cessé de fonction et jamais il se remettra à fonctionner un jour. C'est ainsi...