– Mamanmamanmamanmaman !

Quand on est parent, il faut apprendre à être patient.

– Oui, Hana ?
– Regarde moi !

Concentrée comme jamais, ma fille lâche les rênes du poney pour lever les deux bras au ciel. J'applaudis.

– Maman !!

Très patient, donc.

– Qu'est-ce qu'il y a, Jun ?
– Fais une photo de moi avec le poney !

Mon fils a développé une véritable passion pour les chevaux et c'est déjà la cinquantième photo de lui qu'il me demande afin de pouvoir toutes les revoir quand on sera rentrés. En même temps, comment lui en vouloir ? C'est le digne fils de sa maman.
Pour ceux dans le fond – les plus vieux là, qui sont là depuis le tout tout début, bien avant les enfants – qui se demandent comment vont Blow et Blanche-Neige, ils vont bien. Eux n'ont pas trop souffert de l'attaque des sorciers noirs, ils passent toujours leur temps à paître dans les champs avec leur deux poulains qui sont maintenant devenus des chevaux. Je crois d'ailleurs qu'ils vont bientôt être grands-parents. Ça vous rajeunit pas, hein ?

En parlant de rajeunir, je me tourne vers mon mari pour attraper sa main. Fut une époque où c'était nous qui faisions les malins sur nos chevaux, et maintenant on marche comme des looooosers – soyons honnêtes – à côté de nos enfants triomphants sur leur poneys. Heureusement, ils sont très mignons, on leur pardonne tout.

– Ça va ?

Taki a l'air ailleurs, comment souvent ces derniers temps, ces dernières années même. Je sais que la complicité qu'on avait avant s'est un peu effacée avec le temps et le quotidien. Ça me rend triste parfois, quand je surprends son regard dans le vague et que j'essaie d'imaginer ses pensées. Mais je n'ose pas lui en parler, j'ai peur de faire remonter des vieux démons.
Le temps des fleurs et de l'amour a laissé sa place à la réalité. Je l'aime toujours autant, bien sûr, mais il y a des cicatrices qui sont dures à dissimuler…

Tu te souviens de ma proposition concernant toi, la police magique et un bureau sympa au QG d'Orpheo ?

Oui.

Ok cool, c'était juste pour vérifier.

Je range mon téléphone dans ma poche sans répondre à Edwin et en retenant un soupir. Je n'ai toujours pas donné suite à sa proposition, ni oui, ni non. Et lui, avec une patience à priori sans fond, se contente de temps en temps de me rappeler que c'est toujours sur la table. Je ne sais honnêtement pas quoi en faire, à tel point que je n'en ai toujours pas parlé à Shybaï.

La voix de Jun me ramène dans le moment présent et j'ai un instant honte de moi. On est tous les cinq dehors, entourés de poneys, les enfants s'amusent et je n'y suis pas vraiment. Encore une journée sans, on dirait. Même Shybaï l'a remarqué, puisqu'elle me demande si ça va. J'attrape sa main comme pour m'excuser d'avoir été ailleurs et lui offre un sourire. Oui ça va, mais aujourd'hui ça va parce que j'ai conscience que ça a été pire. Alors que ça devrait aller sans avoir besoin de rappeler une comparaison.

- Oui, oui ne t'inquiète pas. C'est juste...

Aujourd'hui est un aussi bon jour qu'un autre pour lui en parler, non ? Je sors à nouveau mon téléphone de ma poche pour y afficher le mail avec la proposition de recrutement dans la police magie envoyé par Edwin puis le tend à ma femme, en reprenant :

- J'ai reçu cette proposition il y a quelques temps. Désolé de ne pas en avoir parlé avant mais, honnêtement, je ne sais toujours pas quoi en faire.

Au moment où je finis ma phrase, le son caractéristique d'un nouveau SMS se fait entendre. Je penche la tête au dessus du téléphone afin de lire la notification – à l'envers puisque l'écran est vers Shybaï. C'est à nouveau Edwin.

Au fait, j'ai entendu parler d'évènements fantomatiques particuliers vers LA. On enquête sur le sujet, tu saurais quelque chose ?

Est-ce qu'il essaie de me faire bosser pour lui gratuitement là ?

Pour une fois, A est seul. Ça ne lui est pas arrivé depuis longtemps : quelque chose les a liés. Ils l’étaient déjà bien sûr, mais c’était le sang qui avait fait ça, deux mêmes personnes avec la même activité le même ventre rebondi et puis les mêmes mains pour changer les mêmes couches. Non, quelque chose d’autre c’était passé, une dizaine de minutes pour les englober tous les trois… enfin, tous les quatre.

Ou tous les cinq ?
Il ne savait plus.

Maintenant il cherchait quelque chose de bien précis : lui-même, mais pas seulement; Un autre quelque chose (on l’avait bien eu, quand on aime un certain type de personne, on a tendance à en aimer d’autres qui ressemblent à ce +1). Il avait été bien con, vraiment très con même, mais c'était trop tard et il cherchait cette première sensation, cette toute première sensation (ou lui même) qui aurait, il pensait, pu débloquer des choses, mais il n’avait pu que errer sur le domaine Landcastle qu’il avait souvent côtoyé avant, avec une main dans la sienne.

Et un prénom ?

Il avait eu des choses un jour qu’il n’aurait jamais cru pouvoir perdre.

Comme quoi.
On n'est jamais trop prudent. Quelqu'un disait ça avant, non ? H ? L ? Il n'était ni l'un ni l'autre, ne lui restaient que la certitude qu'il n'était ni une syllabes, ni trois syllabes, qu'il n'était plus qu'une lettre et qu'il pouvait traverser les arbres et terrifier les poneys.

Je m'accroche à la main de Taki, de peur que tout s'envole. On a traversé beaucoup ensemble. Des beaux moments, comme des très moches. On ne s'est pas lâchés, on s'est aimé à en perdre la tête, on s'est accroché l'un à l'autre, soutenu, adoré. Jusqu'au jour où de trop, celui où je n'ai plus souhaité partager le malheur, où ça faisait trop mal. Comme une faille dans la matrice, douloureuse, douloureuse bévue… Jusqu'à quel point la douleur peut-elle justifier nos actes ? Je n'en sais rien, alors je m'accroche à la main de Taki, parce que j'ai peur qu'il disparaisse.

– Oui, oui ne t'inquiète pas. C'est juste…

Mon mari sort son téléphone pour me le tendre, un mail ouvert sur la première page.

– J'ai reçu cette proposition il y a quelque temps. Désolé de pas en avoir parlé avant, mais, honnêtement, je ne sais toujours pas quoi en faire.

Je parcours les quelques lignes des bureaux d'Orpheo. On lui propose un poste plus gradé, un meilleur salaire, son propre bureau à Londres. Loin des enfants, loin de nous. Il y a la téléportation, certes, mais Little Angleton n'est pas à côté non plus et faire l'aller-retour chaque jour me semble un peu ambitieux, surtout s'il doit partir en mission derrière, avec la pleine capacité de ses pouvoirs. Alors, qu'est-ce que ça veut dire pour nous, notre famille, notre couple ?
J'aimerais savoir lui dire Reste. Reste avec nous, regarde les enfants ils ont besoin de toi et moi aussi j'ai besoin de toi. Ne t'aventure pas sur ces chemins, j'ai trop peur de revivre ce qu'on a déjà vécu, j'ai trop peur de te perdre, de devoir annoncer aux jumeaux et à Jun que leur papa est mort pour sauver la vie d'inconnus. Reste, je t'en pris. J'aimerais savoir être assez égoïste. Ou, au contraire, le soutenir. Lui dire que c'est ok, qu'on va retourner à Londres, que je vais trouver un autre job là-bas ou retourner à Orpheo, tant pis pour Little Angleton, tant pis pour l'orphelinat, tant pis pour Blow et Blanche-Neige.
Mais je n'y arrive pas, je n'arrive à rien, et de toute façon une nouvelle notification arrive sur le téléphone. Je lis les mots de travers et je sens ma gorge se nouer. Une menace fantôme ici.

– Alors ça recommence…

La peur dans le ventre, devoir se battre, réfléchir, agir. On est en sécurité nulle part. Nulle part. Et, comme pour confirmer mes paroles, je vois le cheval de Jace se cabrer et, avant que quiconque n'ait pu faire un geste, l'équidé perd tout contrôle et se rue en avant, devenu incontrôlable alors que ses deux compagnons remuent également. Heureusement, mon fils réagit immédiatement et se téléporte dans les bras de son père, un air terrorisé sur le visage.
J'attrape aussitôt Jun et aide Hana à descendre alors que les chevaux s'agitent de plus en plus. Puis je me penche vers mon fils aîné.

– Jace, écoute moi mon cœur, tout va bien se passer, d'accord ? J'ai une mission d'agent secret pour toi, d'accord ? Tu vas prendre Jun et tu vas te téléporter avec lui au Mystery, pendant que ton papa amènera Hana, d'accord ?

Le garçon hoche la tête en tâchant de se concentrer alors que je lui passe Jun et que Hana s'accroche à la jambe de Taki.

– Je suppose que c'est inutile de te proposer qu'ensuite on reste tous ensemble au Mystery et qu'on se contente d'appeler Orpheo pour leur communiquer l'incident ?

Je commence à tracer une rune sur ma main ; on ne perd pas les bonnes habitudes.

– Reviens vite. Moi je ne bouge pas d'ici.

Je souris à ma fille avant de retrouver les yeux de mon mari.

- Je t'aime.

Cette fois, je ne le laisserai pas partir tout seul au combat. Pas encore. Je ne veux pas l'attendre la peur au ventre et la nausée au bord des lèvres, pas cette fois.
Et demain, hein ? Demain quand il aura accepté l'offre d'Orpheo et fera partie de la police magique ? Quels sont les risques qu'il rencontrera sur son chemin ? Quel risque, quel destin, qu'est-ce que ça veut dire pour notre couple ?

Je me surprends à observer attentivement la réaction de Shybaï pendant qu'elle lit le mail. J'y vois passer un flash d'inquiétude, d'angoisse et, globalement, assez peu d'excitation devant la nouvelle. Pas que je n'en ai éprouvé, mais j'ai le sentiment que nos raisons respectives sont bien différentes. Ce n'est néanmoins pas cela qui la fait réagir en premier.

– Alors ça recommence…

J'ai presque envie de dire quelque chose comme « tant mieux », qui serait probablement mal accueilli mais... Est-ce que quelqu'un ici se souvient quand il n'était question que d'éduquer des enfants et d'exorciser quelques fantômes ? Même après toutes ces années, j'ai encore beaucoup de mal à identifier le moment où tout a basculé. Quand on a cessé de chasser les morts pour en créer de nouveaux.

______________________________
La spirale a failli reprendre. Il a failli se perdre à nouveau, ne pas remarquer que son fils part embarqué par son cheval, droit vers un potentiel accident. Heureusement, Jace a des réflexes qui , dans d'autres circonstances, auraient rendu son père fier comme un paon – c'est mon fils ça! qu'il aurait dit, avant de se prendre une remontrance par sa femme parce que c'est une situation dangereuse. En l'état, il n'a que le temps d'observer et Shybaï prend immédiatement la situation en main, donnant les instructions de mise en sécurité des enfants mais aussi celles qui ramènent l'humain doué dans le présent.
______________________________


Hana est déposée au Mystery avec ses frères et je reviens immédiatement – avec la téléportation, c'est le cas de le dire – auprès de ma femme. Je prends immédiatement le temps de l'embrasser, en réponse aux derniers mots dits avant que je ne disparaisse avec notre fille. Moi aussi, ça veut dire. Moi aussi, car sinon je serais parti il y a longtemps.

- Tu sais, la chasse aux fantômes, ça me rendrait presque nostalgique.

J'attrape sa main dans la mienne, lui offre un sourire et nous approche du fantôme qui a causé quelque panique au milieu des chevaux. Une fois à bonne distance, sans jamais lâcher la main de Shybaï – bien plus pratique si on doit faire une fuite express en télétaxiportation – je m'adresse à l'ectoplasme :

- C'était pas super sympa d'effrayer les chevaux alors qu'il y avait des enfants dessus. Vous vous êtes perdu?

Le cimetière est dans la direction opposée mais je m'abstiens de le dire. Tous les fantômes n'ont pas forcément un sens de l'humour.

Pendant que Taki téléporte Hana en sécurité, j'en profite pour attacher les deux chevaux encore présents. Je ne serre pas trop fort, qu'ils aient la possibilité de s'enfuir si, vraiment, la situation devenait catastrophique. Les fantômes sont – à priori – moins dangereux que les sorciers noirs – contrairement à eux, d'ailleurs, il en existe même des sympathiques –, mais j'ai appris à ne plus faire confiance à Orpheo.
Mon mari revient bien vite et dépose un fugace baiser sur mes lèvres. Etrangement, alors que le danger est tout de même très très présent autour de nous, ça réveille quelque chose d'autre en moi. L'envie de lui arracher ses vêtements et de lui faire l'amour là, tout de suite, au milieu de cette forêt. Ahum. Toujours les bonnes envies au bon moment.

– Tu sais, la chasse aux fantômes, ça me rendrait presque nostalgique.

Il attrape ma main et me sourit. Toujours cette même moue qui illumine son visage et me fait, même après tout ce temps, basculer un peu.

– Moi c'est cette forêt qui me rend nostalgique. Dépêchons-nous de nous occuper de cette affaire, puis on pourra traîner ici, sans les enfants, juste tous les deux…

Comme au bon vieux temps des bouteilles de vodka qui nous faisaient danser dans la neige ou des chevaux qui nous faisaient valdinguer dans les airs. Les premiers baisers et tous ces moments passer à se chercher l'un l'autre, à vouloir aller plus loin – et bien souvent coupés par M. le Destin. C'était l'époque de l'insouciance, quand on pensait encore être immortels et que nos plus grands ennemis étaient des vaches et des escargots.
Et oui, vous pensiez que je les avais oubliés ceux là, n'est-ce pas ? Eh bien non ! Je suis toujours aussi persuadée qu'ils cherchent à conquérir le monde. Malheureusement pour nos affaires, une limace avec une coquille sur le dos face à un sorcier noir ça fait crac. Quand le sorcier l'écrase.

Taki nous a conduit jusque devant le fantôme qui n'a pas l'air très méchant, mais dans le doute, je tiens tout de même ma magie prête au bout de mes doigts. Je me sens un peu rouillée pour être honnête.

– C'était pas super sympa d'effrayer les chevaux alors qu'il y avait des enfants dessus. Vous vous êtes perdu ?

On va vite fait lui retrouver son chemin dans l'au-delà à celui-ci. J'ai des plans avec Taki moi. Surtout que, avec les enfants, il est parfois difficile de trouver des moments pour… bon vous voyez. Essayez de vivre avec trois gamins dont un se téléporte et une est capable de devenir transparente – heureusement que Jun n'a toujours pas développé ses pouvoirs. Et quand on trouve un moment où tous les trois dorment enfin, on est plus fatigués qu'autre chose…

- C'était pas super sympa d'effrayer les chevaux alors qu'il y avait des enfants dessus. Vous vous êtes perdu?

On ne leur avait jamais dit ça. Pas les histoires de chevaux, les gens ne s’en rendaient pas compte et frappaient les équidés en disant mais si, passe par ce chemin, oh ça va y’a rien, arrête de te foutre de ma gueule !
Pas là.

On les avait vu, les trois et demi, le trio + un morceau, derrière. Ils se tiennent la main face à eux. Pas super sympa. Les polty avaient-ils la capacité encore d’être gentils ou méchants ou mauvais ? Les exorcistes savaient-ils à quoi ça ressemblait, en vrai, d’être paumé au beau milieu du voile ?

De n’être… de ne plus vraiment être, justement ?

Mais ce n’était pas ça la question, le noeud du truc important, les mots qui avaient fait quelque chose de fort (c’était Harrison qui s’était avancé, une boule de nostalgie qui roulaient dans son corps translucide).

Vous vous êtes perdus ? La question frappe le fantôme comme un éclair qui s'abattrait sur lui, le secouant en entier jusqu'à son centre, son milieu fait de rien, de matière morte qui lui conférait cependant du pouvoir. Quel étrange état, non état, quelle étrange situation. Allait-il cramer toute la prairie, les pistes cavalières, le demaine Landcastle ou bien se tenir ?

Ils n'étaient pas trois.

Austin se souvient qu’il est seul. Il s’approche de Takeji pour dire :

On aurait vraiment besoin d’être retrouvés.

La fantôme a l'air perdu mais, comment dire... Ils ont souvent l'air perdus. Je veux dire, mourir fait probablement des choses bizarres avec leur cerveau, les sensations qu'ils ont doivent être bien différentes de celles de leur vivant, ils ne sont plus entourés des gens qu'ils connaissent et... Ouais voilà. J'espère que quand ce sera mon tour, je ne ferai pas un passage par la case Casper, franchement. Sauf si c'est avec toute ma tête et pour dernière volonté de jouer des tours à toutes les personnes sur ma liste. Quelle liste vous demandez ? La liste intitulée "Personnes à qui jouer des blagues si jamais je clamse et me transforme en fantôme rigolo", évidemment.

Le fantôme perdu s'approche et je retiens un mouvement de recul instinctif, serrant la main de Shybaï à la place. Il dit qu'ils auraient vraiment besoin d'être retrouvés.

- Comment dire ça délicatement... Si vous cherchez vos corps, on peut aider mais ne vous y accrochez pas trop. Si vous êtes morts depuis un moment, il n'y a peut être plus de corps du tout.

Sûrement, je dirais même.

- Quels sont vos derniers souvenirs de vivants ? On pourrait peut-être... Je m'interrompt pour me tourner vers Shybaï et reprends : On m'avait enseigné que reconstruire le dernier souvenir d'un poltergeist pouvait l'aider à retrouver la mémoire et potentiellement la paix. Peut-être qu'avec tes illusions... ?

Je lui offre un sourire, pas d'obligation ici, juste une proposition.

La scène fait ressurgir en moi des événements passés. Je me rappelle encore très bien de l'horreur du Mystery, des enfants qui arrivaient apportés par les téléporteurs, la peur de ne pas revoir Taki, le décompte après la bagarre, ne pas savoir qui était mort, qui était esclave, et quel était le pire statut entre les deux.
Le massacre des vies.
Alors quand Taki serre ma main un peu plus fort, je réponds à sa pression. Certes, les fantômes ne sont pas aussi effrayants que des sorciers noirs, j'en ai assez combattu pour le savoir. Mais je n'oublie pas pour autant qu'ils restent une menace. Et je n'ai pas envie que mes enfants deviennent orphelins ; j'en ai trop vu, assez pour savoir que les pouvoirs ne protègent pas les parents de la mort, bien au contraire.

Mon mari tâtonne ; il sait bien mieux que moi gérer ce genre de situation désormais. Il essaie de suivre la toile d'araignée dans la tête du fantôme ; comment sont-ils morts. Puis il se tourne vers moi pour me proposer de les aider avec des illusions.
Oui, ça je peux faire. J'ai juste peur que ça puisse se retourner contre nous. Alors quand je lâche la main de Taki pour préparer ma magie, je la pose sur mon épaule. Je veux qu'on puisse se téléporter d'un battement de cil si besoin. Je le lâche plus celui-là.

J'attends l'aval du fantôme du coin de l'oeil. Ça doit sûrement être une mort violente, ça l'est souvent, surtout vu son état. Les accidents de la route sont très courants dans ce genre de situation. Ou les blessures par balle ou arme blanche. Je dresse rapidement une liste dans ma tête. Il y a la noyade, un étranglement, le feu. Peut-être également un lien avec les chevaux, mais ça m'étonnerait ; ils sont juste plus sensibles que les humains innocents et ressentent les ectoplasmes et le monde magique. C'est peut-être pour ça d'ailleurs que Blow et Blanche Neige nous apprécient autant Taki et moi et se souviennent de nous malgré le temps passé loin d'eux.

– Je peux faire venir le sang, l'eau, le feu… Des ombres aussi qui vous attaquent. Est-ce que c'est d'accord pour vous si on essaie ces théories ?

Je préfère ne pas le prendre par surprise.