"Suit le chef de meute". Crevure. Me mets pas dans le même panier que toi, quadrupède. Bref, on repart en sens inverse, guidés par la carte à quatre pattes. Et il n'est pas trop mauvais, puisqu'il retrouve sa voiture. Il s'est habillé à toute vitesse directement, et forcément avec la blessure ça ne le fait pas. J'ai un doute... Il va pouvoir conduire? Parce que si c'est pas le cas, on est mal barrés.

-Je suis désolé, je ne peux pas conduire. Je pense que tu as ton permis. Sinon, on rentre à pied. Mais ça me fait mal au cœur de la laisser ici. Si tu conduis, fais attention au gabarit de la voiture, car les marques allemande sont plus fines que les japonaises. Sur ce, je te laisse à ta découverte.

Ha, ha, ha. Non franchement, il n'aurait pas dit ça d'une voix quelque peu faible, j'aurais éclaté de rire et lui aurais demandé si il m'avait bien regardé. Maintenant le problème, c'est qu'il n'a vraiment pas l'air de blaguer. Comment je lui annonce que je suis loin d'avoir mon permis? J'ai l'impression d'être un gosse qui va annoncer qu'il a raté son examen à ses parents...
Oh pitié, dites moi qu'il est pas sérieux. Nooon ne va pas t'assoir côté passager, c'est ma place. Reviens ici! On est mal barrés. Rentrer à pied n'est même pas à proposer. Il sait à quelle distance on est de la ville la plus proche? Il n'a peut être pas vraiment eu conscience du chemin parcouru tout à l'heure.

-Au fait, la voiture vaut 34 000€. Ma mamie l'a achetée directement d'Allemagne. Comptons donc les frais de port dans un avion.

Tais toi, je veux pas savoir le riche. Je parle pas l'euro, mais 34 000 ça me semble beaucoup. Vraiment beaucoup. De toute façon, rien qu'à voir la tête du type qui dit ça et le ton qu'il a employé, je sais que c'est beaucoup. Il les aime ses piques sur sa richesse hein. Il rit. Mais c'est pas drôle du tout. D'ailleurs il ne va pas rire quand il saura la vérité.
En fait il vient d'arrêter de rire pour lâcher un sifflement de douleur. Ouais bon ok. Donc je vais devoir apprendre à conduire en direct pour pas qu'il perde l'usage de son épaule, et par extension du bras qui va avec, c'est ça?
Le pire, c'est qu'il s'est foutu dans cette situation tout seul, de a à z. Je ne veux donc pas un seul reproche sur ma futur conduite.
Ça se trouve, je vais me découvrir un talent caché. L'espoir fait vivre.

-Je pense que je vais devoir consulter pour ma blessure. J'ai l'impression qu'elle s'est infectée. Passons par l'hôpital, tu n'as qu'à suivre mes instructions.

Il y croit que j'ai mon permis hein. Mais moi je trouve ça logique de ne justement pas l'avoir quand on peut se téléporter comme je le fais. Économies énormes. Et en plus c'est non polluant. Que des avantages. Franchement, c'était quoi le pourcentage de chance qu'on arrive à se coincer comme ça sur une montagne-forêt, et qu'il faille absolument que j'ai mon permis? Y'a un type qui s'amuse avec nous maintenant là. Parce que ça fait beaucoup trop de coïncidences à mon goût. Je soupire en passant côté conducteur. Le volant parait soudainement beaucoup plus menaçant.

- ... Ren? J'ai pas mon permis.

Ça, c'est dit.

- Mais si tu me dis comment me débrouiller, je dois être capable de le faire. Je connais le code de la route au moins.

Ça aussi c'est dit. Conduite accompagnée à 21 ans... Mais y'a pas de témoin. Sauf un, mais il a pas trop intérêt à l'ouvrir. Bref. Ça m'étonne aussi que je connaisse le code, mais oui, je l'ai appris et jamais oublié. Allez savoir pourquoi.

Permis... ou pas permis?

Le voilà qui se décide enfin à prendre place. Bon maintenant, il ne reste plus que les indications... Est-ce que je m'en souviens au moins, où il faut aller.. Oh, mais oui, je sais! Alors faut qu'il fasse demi-tour et qu'ensuite...

- ... Ren? J'ai pas mon permis.

Je marque une pause.
Un grosse pause.
C'est quoi ce délire... tu veux me faire rire? C'est pas marrant, quand on est coincé ici, avec un malade sur le dos.

- Mais si tu me dis comment me débrouiller, je dois être capable de le faire. Je connais le code de la route au moins.

Il ne blague pas... Il ne blague vraiment pas... Take, là t'assure pas, mais pas du tout. D'accord, c'est moi qui nous ai fourré dans la merde, mais t'aurait quand même pu prendre ton rôle d'adulte plus au sérieux. On rigole pas avec ça. Quoiqu'il en soit, nous voilà bien embêtés. Alors, je ris. D'un rire tonitruant, à faire pencher les arbres. C'est tellement nerveux que je ne peux pas le retenir. Ah nan, là on est vraiment dans la mouise! On peut pas savoir comment. Je vais avoir dû mal à me transformer maintenant, et la téléportation ne doit pas marcher pour plusieurs kilomètres. Et PERSONNELLEMENT, je ne préfère pas essayer...
En somme, je finis par me calmer. Alors, je réfléchis à toute vitesse. Je ne peux pas conduire, ça c'est clair et net. Il a son code de la route? Eh bien ça va lui servir.
Il va conduire. C'est pas compliqué. Je garderai une main sur les vitesses, c'est tout.
Je ferme les yeux un moment et les rouvre d'un seul coup.

-Tu vas conduire. Allume le contact. Bon, voilà, ensuite tu appuies sur l'embrayage, la pédale la plus à gauche. Voilà, puis tu passes la première vitesse. Et tu relâches doucement l'embrayage. Le frein est au milieu et l'accélérateur à droite. Tu accélères doucement et dès que je te le dis tu appuies de nouveau sur l'embrayage, tu passes en deuxième vitesse et tu relâches rapidement. C'est pareil pour tout le reste. Pour reculer, c'est pareil que pour avancer, sauf que tu vas sur la vitesse R. Pour t'arrêter, tu appuies doucement sur le frein, puis un bon coup sur l'embrayage et tu repasses au point mort. Tu freines au maximum, tu mets le frein à main et tu éteints le moteur. Enfin, c'est la même chose pour t'arrêter, sauf que tu ne coupes pas le contact. Évite les départs en côte, parce que ça s'apprend pas sur le tas. Compris?

J'espère qu'il a compris, mais à charge de réflexion, j'ajoute :

-Si tu as une question, c'est maintenant ou jamais. Mais pour éviter les accidents et la douane, on va passer par les petites routes. Attends, je cherche un itinéraire.

Je trifouille dans mon vide-poche et en ressort un étui à GPS que j'installe à l'endroit prévu à cet effet. Il est tactile, et quelques secondes plus tard, la voix très automatique est prête à l'emploi.

-Ne regarde pas le GPS, concentre-toi sur la route, je te dirais à l'avance quand tourner.

Sur ce, je te fais entièrement confiance mon ami. Tâche de ne pas bousiller la bagnole, ma mamie tient à la revoir vivante. On a peut-être de l'argent, mais quand on vieillit, les objets prennent des valeurs sentimentales à force de les côtoyer. Tout ça pour dire que la famille Takahata te surveille.
Mouhahaha, prends garde.
Alors, je pose ma tête sur le repose-tête et soupire longuement tandis que Take marque une pause. Soit pour me poser une éventuelle question, où tachant de savoir quoi est où.

Il éclate de rire. Je suis tellement abasourdi par la situation depuis tout à l'heure que je ne dis rien. Il a raison de rire, la situation prête à ça quand on y regarde bien. N'empêche que. Je lui montrerai toute l'utilité de la téléportation et l'inutilité de la voiture quand on sera rentrés en Écosse, promis. Il va voir.
Il s'arrête de rire.

-Tu vas conduire. Allume le contact. Bon, voilà, ensuite tu appuies sur l'embrayage, la pédale la plus à gauche. Voilà, puis tu passes la première vitesse. Et tu relâches doucement l'embrayage. Le frein est au milieu et l'accélérateur à droite. Tu accélères doucement et dès que je te le dis tu appuies de nouveau sur l'embrayage, tu passes en deuxième vitesse et tu relâches rapidement. C'est pareil pour tout le reste. Pour reculer, c'est pareil que pour avancer, sauf que tu vas sur la vitesse R. Pour t'arrêter, tu appuies doucement sur le frein, puis un bon coup sur l'embrayage et tu repasses au point mort. Tu freines au maximum, tu mets le frein à main et tu éteints le moteur. Enfin, c'est la même chose pour t'arrêter, sauf que tu ne coupes pas le contact. Évite les départs en côte, parce que ça s'apprend pas sur le tas. Compris?

...
Déjà, c'est quoi un départ en côte?

-Si tu as une question, c'est maintenant ou jamais. Mais pour éviter les accidents et la douane, on va passer par les petites routes. Attends, je cherche un itinéraire.

... Une question? Ouais. T'es sûr que tu peux pas conduire?
Il est vraiment sérieux de chez sérieux. Il sort un GPS qu'il installe.

-Ne regarde pas le GPS, concentre-toi sur la route, je te dirais à l'avance quand tourner.
- Gardes en tête que tout ce qui va arriver est de ta faute. La prochaine fois je t'attache.

Mon ton n'était pas très assuré. N'empêche que je l'attacherai vraiment.
Je suggère d'échanger les rôles. Tu conduis, pendant que je fais mumuse avec le GPS.
C'est mort hein? Bon, j'aurais essayé. Alors, voyons voir... Je me repasse son explication rapidement et repère plus ou moins les trucs cités.
Ooook... On va dire que j'ai compris hein. Donc t'allumes ça, tu appuies là, tu touches ça... Oh! Ça bouge! Je continue à trouver le volant particulièrement louche, mais ça bouge quoi, applaudissez.
Y'a un truc pas juste du tout là. Il ne veut pas une rayure ni rien sur sa carrosserie. Sauf qu'on est en pleine montagne et qu'il y a des rochers partout. Donc on prie bien fort en croisant tous les doigts pour réussir à faire un sans faute comme lui. Combien ont eu leur première leçon de conduite dans ces conditions? Pas beaucoup? Venez former une secte de révolte. A quand les voitures qui se conduisent toutes seules? Y'a bien des métros qui le font. Ok y'a des types qui contrôlent tout toutes les deux secondes, mais ça n'empêche qu'il n'y a personne à l'avant du véhicule. Donc si je passe sur les sièges arrières et que Ren reste pour surveiller, ça le fera comme pour le métro non? Non? Peuh...
Bref, avec tout ça j'ai quand même réussi à regagner la route sans m'attirer de commentaires négatifs. C'est la dernière fois qu'il fait un coup comme ça le chat. La prochaine fois je cherche même pas à le suivre, je lui saute dessus direct et je l'enchaine à la surface solide la plus proche, comme je l'ai menacé de le faire. Enfin non, il ne sait pas qu'il sera enchainé, mais c'est un détail.
On roule un moment, et je jurerais que soit Ren soit le GPS en a après moi, parce que c'est une vraie épreuve. Vous n'avez pas vu la tête des routes qu'il m'a dit de suivre. Et non, ce n'est pas moi qui trouve soudainement les routes menaçantes.
Bon peut être un peu.
Mais elles étaient vraiment vicieuses.
Donc ça excuse le fait que j'ai des fois roulé très très lentement. Vous savez genre le petit vieux dans sa voiture qui roule à 10km/h en ville, et 15km/h quand il sort de la ville. La comparaison n'a rien de glorieux, mais c'était à peu près ça. On approche de Kyoto, et je commence à saisir comment marche cette chose, donc ça va mieux.
Une fois dans la ville, je me rends compte que j'ai pensé trop vite. Parce que c'est encore pire quand il y a des gens partout. Miracle qu'on arrive entiers et sans problèmes devant l'hôpital que voulait Ren. Je ne sais pas comment ça a pu se produire. Mais ça serait bien que ça se reproduise jusqu'à Osaka.

- Ça me conforte dans mon idée que j'ai bien fait de ne pas passer ce foutu permis.

Allez, sort de là et va te faire soigner peluche.

Séjour à l'hôpital... ou pas.

Je n'ai qu'une chose à dire. Je ne laisserai jamais conduire Take à l'avenir. Il a trop peur de bousiller la bagnole, résultat, il conduit à trois à l'heure. C'est sidérant. J'ai envie d'appuyer un bon coup sur l'accélérateur, de prendre le volant et de passer la cinquième. Mais je ne peux pas, alors je prends mon mal en patience.
Heureusement, nous arrivons bientôt à l'hôpital.
Take range la voiture (j'ai eu la peur de ma vie...) et je sors de cette dernière sans un mot, encore sous le choc. Je fais le tour de la voiture et vérifie que tout est en état.

- Ça me conforte dans mon idée que j'ai bien fait de ne pas passer ce foutu permis.
-Mais tu te débrouilles bien pour une première conduite.

Il faut que je le lui dise, car la voiture est arrivée sans une égratignure, ou presque. Rien de bien notifiable. Je n'aurais qu'à dire à ma mamie que c'est dû à une de mes conduites rapides, et ça passera.
J'inspire profondément et entre dans l'hôpital, par le côté des urgences. Ce n'est pas vraiment le cas, mais au moins je serais pris plus rapidement...
Ou pas. L'organisation des hôpitaux, c'est pas trop ça quand on arrive pas avec le samu ou l'ambulance. Et même si t'es à deux heures de la mort, ceux arrivés avant te passent devant le nez.
Enfin, au bout de quelques minutes, on me prend en charge. Take vient avec moi, puisqu'on a droit à une personne avec le malade. Je suis rapatrié au centre de soins. Une infirmière me fait patienter dans une chambre toute blanche (j'ai horreur de ça...), indiquant que le médecin arrivera bientôt. J'acquiesce silencieusement et patiente. Un petit échange avec Take et il arrive. Ça prend un certain temps, car la blessure est plus profonde que je pensais, et des cailloux ont infectés la plaie. Il me pose des questions sur l'incident. Évidemment concentré sur la conduite de Take, je n'y avais pas réfléchi. Je fis mine de ne pas m'en souvenir, parlant simplement de montagne et de vitesse. Finalement, je finis par dire que je me suis éraflé dans ma voiture, et que puisque j'ai la peau très fine, ça a fait cette chose. Le docteur ne mordit pas à l'hameçon, mais ne voulut pas me poser plus de questions.
Enfin, il m'ordonna de dormir ici cette nuit, pour que les infirmières changent mes pansements. C'est donc accompagné de deux infirmières et de Take que je rejoins une chambre vide.
Je fus rapidement seul à seul avec Take.
Je ne pus m'empêcher de grogner :

-C'est une blague? Je vais cicatriser avant la fin de la nuit. Pas la peine de dormir ici.

Enfin, ça c'est moi qui veut me le faire dire... Je sais que ça ne va pas être le cas... amis je m'en fiche. Je désire simplement quitter cet endroit. Et je fixe Take, assis sur le rebord du lit. je soupire et ferme les yeux, moi-même assis sur le lit. Je les rouvre d'un seul coup et pose un regard surpris sur Take.
Ce n'est qu'une simple blessure... Alors pourquoi?
Ouvrant difficilement la bouche, comme si celle-ci était devenue brutalement salée et sèche, je murmure :

-Je n'arrive pas à me transformer en busard. Ça me fait trop mal.

Une idée me vint brutalement en tête pour échapper à cet hôpital de malheur. Mais je ne veut pas le lui dire. Ça contredirai mes idéologies. Je soupire et ouvre la bouche, pour la refermer aussitôt. Ça lui ferait trop plaisir.
Mais je crois que la téléportation est la meilleure des solutions. Alors je lui fais comprendre sans le dire que je veux qu'il l'utilise :

-J'ai une idée, mais pour ça je vais avoir besoin de toi. Si on utilise ton don...

Je n'en dirais pas plus...

-Mais tu te débrouilles bien pour une première conduite.

Un peu oui! On est toujours en vie je te signale. Mais je râlerai plus tard, pour le moment je le suis à travers l'hôpital. On doit avoir l'air fin tous les deux, lui avec son épaule ensanglantée et moi avec mon t-shirt qui porte les traces de notre contact de tout à l'heure. Mais je ne suis pas blessé, moi. Mais personne ne pose de questions, alors tant mieux. On finit par atterrir dans une salle blanche dans laquelle on attend un médecin. C'est moche. C'est quoi l'intérêt de faire des salles entièrement blanches pour les patients? Quand ils doivent rester là des semaines à ne voir que du blanc, du blanc et encore du blanc. A s'en rendre dingue. Pas de quoi aider à la guérison. Enfin bref, le médecin arrive et il commence à s'occuper de la plaie. Ça a vraiment une sale tête. Du coup je détourne le regard, pas la peine de s'auto infliger le spectacle si on peut l'éviter. J'entends Ren qui invente des excuses sur le tas. Mais franchement, l'histoire de la voiture ça ne tient pas debout... T'avais qu'à dire que tu t'étais battu mon grand. Je suis d'accord que c'est pas super comme excuse, mais ça tient la route au moins. Enfin bon, le médecin ne dit rien, tant mieux.
A la fin, il ajoute avant de partir que Ren va devoir passer la nuit ici. Oh joie... Je le suis jusqu'à la chambre qui lui est attribuée et une fois seul à seul, il grogne. Quelque chose me dit qu'il ne va pas rester sagement ici comme il devrait le faire.

-C'est une blague? Je vais cicatriser avant la fin de la nuit. Pas la peine de dormir ici.

Bin voyons. Et bientôt, t'auras la visite du Père Noël chez toi tu verras. Je ne commente pas, assis sur le lit et le regarde faire. J'ai ma petite idée de comment on pourrait se tirer d'ici. Mais est-ce que je vais lui en faire part? Il ferme les yeux. Puis les rouvre d'un seul coup, l'air vraiment surpris. Il murmure:

-Je n'arrive pas à me transformer en busard. Ça me fait trop mal.

Même si tu avais réussi, pense à la localisation de ta blessure. Tu n'aurais pas pu t'envoler. Et franchement, si tu tiens à être à peu près en état de te déplacer librement dans deux jours, tu as tout intérêt à ne pas te transformer du tout. Il soupire, puis ouvre la bouche pour la refermer. Hmm, oui? Allez, dis donc à quoi tu penses.

-J'ai une idée, mais pour ça je vais avoir besoin de toi. Si on utilise ton don...

Je le fixe et il fait de même. Un ange passe, superbe silence.
Et puis un magnifique sourire narquois arrive sur mes lèvres. C'était ce à quoi je pensais tout à l'heure. Mais mon pote, si tu veux que je le fasse, va falloir formuler la demande à voix haute en bonne et due forme. Voilà pour toi, à avoir fait l'imbécile dans les bois.
Et en plus ça rime.

- Mon don... Mais j'en ai plusieurs des dons...

Allez, prononce le mot et tout le monde sera téléporté -c'est le cas de la dire- dehors. Tout le monde égal nous deux ici. Viens donc reconnaitre la supériorité de la téléportation Boule de poil, je t'attends. Voyons voir combien de temps il va tenir avant de se résoudre à avouer.

- Lequel veux tu voir?

Le saut de l'ange?

Il y a un grand silence. Je n'aime pas ça. Ce sourire naissant des lèvres de Take. C'est pas bon du tout...

- Mon don... Mais j'en ai plusieurs des dons...

Ah! Le salaud... Il voit parfaitement de quoi je veux parler. Il veut que je lui fasse un dessin ou quoi? Il veut que je m'avoue vaincu et que je prononce ce mot qui annoncera sa victoire et me mettra en contradiction avec moi-même? Certainement pas.

- Lequel veux tu voir?

Arrête de me taquiner. Je joue pas à "qui abandonnera le premier" là. on parle de ma vie (ou pas)! Quoiqu'il en soit, ne compte pas t'en sortir comme ça, car je suis au moins têtu que toi, si ce n'est plus.
Alors tu ne m'auras pas aussi facilement.

-Tu sais parfaitement ce que je veux dire. Sors-moi d'ici.

Le "s'il te plaît" n'aurait pas été de trop, mais je n'était pas décidé à user de la gentillesse alors que mon ami se fichait totalement de moi, avec son air narquois.
Tu veux que je l'avoue. Mais je ne dirais rien, je tairais les mots qu'il ne faut pas prononcer. Alors, d'une voix totalement dénuée d'émotion, je lui dis :

-Ne me cherche pas d'histoire.

Il ne lâchera pas l'affaire. Moi non plus. Alors, je passe aux gestes. je m'approche de lui et lui entoure les poignets de mes mains. Je le regarde d'un air sévère, puis d'un façon teintée d'amusement et de défi :

-Je ne te lâcherai pas. Pourquoi est-ce que tu n'utilises pas ton magnifique don pour nous faire sortir de là? Et pendant que t'y es, si tu pouvais aller jusqu'à la voiture histoire de gagner du temps.

Accompagné d'un joli sourire, ça peut faire changer les choses. Quoique, ça n'a pas l'air de marcher fort. Je soupire. Je vais devoir employer les grands moyens. Je ne suis pas gosse de riche pour rien, et j'en ai le caractère.
Je m'écarte de Take et soupire. Puis, je me relève. Tu vas voir. Je suis l'homme capricieux par excellence. Je n'apprécie pas qu'on me désobéi. Un point c'est tout.
Je regarde par la fenêtre. Il fallait s'en douter, elles sont munies d'une protection qui empêche de l'ouvrir en entier. Pour éviter les suicides. Amusant. Mais mon plan tombe à l'eau. Tant pis, je me lance.
Je me dirige vers la porte, et me tourne vers lui, avec un sourire radieux.

-Mon cher ami, aurais-tu l'extrême gentillesse de bien vouloir m'emmener jusqu'à la voiture en toute rapidité afin de m'éviter une nuit en cet hôpital? Tu seras gentil.

Je lui souris une nouvelle fois avec un regard charmant et amusé. Puis, je m'approche à toute vitesse et l'attrape par les épaules, un sourire provocateur sur les lèvres. C'est quitte ou double. Je gagne.

-Décide-toi, mais je ne te lâche pas. Tu sais les gosses de riches sont très capricieux.

Maintenant, tu capitules ou je te fais capituler de force.

-Tu sais parfaitement ce que je veux dire. Sors-moi d'ici.

Nan j'sais pas. Dommage pour toi tu vas être coincé ici toute la nuit. En plus, il manque le "s'il te plait" à la fin de ta phrase.

-Ne me cherche pas d'histoire.

Je cherche rien moi. Tu t'es foutu là tout seul. Dommage, hein? Je souris toujours parce qu'il m'amuse vraiment. Il m'attrape les poignets puis dit:

-Je ne te lâcherai pas. Pourquoi est-ce que tu n'utilises pas ton magnifique don pour nous faire sortir de là? Et pendant que t'y es, si tu pouvais aller jusqu'à la voiture histoire de gagner du temps.

Mais vas-y, tiens moi. De toute façon tu seras bien obligé de me lâcher à un moment ou à un autre.
Rooh, il est pas drôle, il ne tient pas sa menace longtemps. Il est déjà en train de reculer en soupirant. Puis il regarde par la fenêtre. Manque de chance, dans les hôpitaux impossible de se jeter par les fenêtres. Ils ont tout prévu. Une vraie prison, et qui marche mieux que celles pour emprisonner les criminels. Ici, tu es prisonnier de ton corps. Et des machines reliées à celui-ci suivant la gravité de la situation. Super système. Mais bon, quand l'emprisonné a l'air de se porter comme un charme, pourquoi le garder? L'animal là, il est en pleine forme comparé à tout à l'heure. Je sais pas si il sait qu'il me divertit grandement avec son petit manège. De la fenêtre il change pour la porte. Quoi, t'as décidé de partir sous le nez des médecins? Même pas drôle.
Il se retourne d'un coup avec un super sourire. ... Ok, il nous fait quoi là? Il est doué quand il veut jouer la comédie lui.

-Mon cher ami, aurais-tu l'extrême gentillesse de bien vouloir m'emmener jusqu'à la voiture en toute rapidité afin de m'éviter une nuit en cet hôpital? Tu seras gentil.

Je vais éclater de rire. Il approche rapidement et m'attrape par les épaules puis déclare:

-Décide-toi, mais je ne te lâche pas. Tu sais les gosses de riches sont très capricieux.

C'en est trop, je ris. Est ce qu'il s'est vu faire? Terrible! La manigance du type charmant là... Oh, je me demande si y'en a qui sont déjà tombés dans le panneau. Mais Ren, la prochaine fois opte pour autre chose. C'était trop décalé par rapport à d'habitude pour marcher. Il ne lâchera pas l'affaire. J'ai pas envie de capituler non plus, on va faire un compromis. Je me calme petit à petit. Merci pour la rigolade.

- Super numéro. Alors, tu veux donc que je te téléporte c'est ça? Fallait le dire plus tôt, je suis ravis de voir que tu t'intéresse à ce don.

Je lui souris largement. Même si il n'a rien dit à voix haute, regardez tout ce qu'il a fait pour être téléporté. Ses gestes étaient aussi bien que des mots. Et c'était bien plus amusant. Maintenant nouveau problème. On va atterrir dans une voiture. Donc je vais éviter de nous téléporter debout, j'ai pas envie de me manger le toit à peine arrivés. Donc Boule de poil, tu va gentiment lâcher mes épaules et t'assoir bien sagement à côté de moi. Je l'attrape par son épaule valide pour le pousser jusqu'à ce qu'il s'assoit. Voilà c'est mieux.

- Profites bien du voyage.

Comme j'ai besoin d'une zone de contact avec l'autre pour le téléporter, je lui attrape la main. Ça va me bouffer mes réserves d'énergie ça, parce qu'il n'est pas téléporteur du tout. Allez, deux secondes de concentration... Et voilà! Instantané, j'adore ce don. Les médecins risquent d'halluciner en voyant qu'il n'y a plus personne dans la chambre mais bon. Personne ne nous a vu. Forcément, je nous ai fait atterrir sur les sièges arrières de la voiture. Je le lâche, déverrouille les portes -parce que oui je sais le faire sans les clés- et sors pour rentrer devant, côté conducteur. Je veux pas, mais j'ai pas le choix. Maintenant on rentre, parce qu'effectivement, cette histoire m'a fatigué. J'attends que Ren revienne lui aussi devant puis je lui lance:

- Alors, c'était comment?

J'attends au moins un merci, à défaut d'un discours sur comment il a apprécié et qu'il regrette de ne pas savoir le faire lui même.
Je sais qu'il le pense.

Retour à la maison...

Et il rigole. Oui, je sais que j'ai l'air vraiment débile, mais c'est pas une raison pour me foutre encore plus la honte. Je baisse les yeux pour cacher le fait que je sois intimidé. Pour un peu et je rougirais. Mais ça, il ne le saura pas. Il n'aura pas la chance de me voir dans tout mes états. Et rougir, c'est vraiment la dernière des choses que je veux montrer.

- Super numéro. Alors, tu veux donc que je te téléporte c'est ça? Fallait le dire plus tôt, je suis ravis de voir que tu t'intéresse à ce don.

Pour un peu, je lui enverrais ma main à la figure. T'a pas fini de te foutre de moi... Faut que y mettes des mots. C'est bon quoi, c'est pas la peine de m'enfoncer encore plus. Il m'assoit à côté de lui, mais je ne comprends pas pourquoi, puis il me prend la main.

- Profites bien du voyage.

Espèce de railleur! Je te jure que je vais finir sur le cul...
Le voyage se passe... rapidement. J'ai à peine le temps de dire oups. Finalement, ce n'est pas si hard. J'ai juste l'esprit embrumé, une forte envie de vomir, le coeur qui est encore dans l'hôpital et ce goût salé dans la bouche.
En gros, ça va pas.
Je préfère voyager sur la terre ferme, plutôt que passer dans des dimensions parallèles que les plus grands physiciens tentent de découvrir. Qu'ils ne le découvrent pas. Ce n'est pas bon pour la santé. Moi je dis que pour apprécier ce don, il faut être né avec. Tiens, voyez la métamorphose. C'est génial! Tu as les sentiments d'une animal de chasse, tu perçois son ouïe et son odorat, des sensations uniques. Il n'y a pas de mal de je-ne-sais-quelle-dimension ni rien de ce genre. C'est simplement du plaisir unique et sensationnel. Mais je crois qu'il n'appréciera pas que je lui dise ça.
Surtout après cette fameuse question :

- Alors, c'était comment?
-Salé.

Je ne sais pourquoi j'ai dit ça, mais c'est le seul mot qui me vient à l'esprit pour décrire cette balade temporel. J'ai l'impression d'avoir bu la tasse vingt mille fois sans respirer entre les deux. et la réponse est venue du tac au tac. Résultat, maintenant j'ai envie de dormir. Et la conduite de Take VA m'endormir. Mieux vaut prendre les choses en main...

-Je pense que ça va être bon maintenant qu'il m'a fait un bandage. J'ai autant mal qu'avant, mais j'évitais de bouger pour la possible infection. De plus, si tu conduis, je risque de m'endormir. Et ça c'est pas bon du tout. En gros, je reprends le volant. Ne t'inquiète pas, je peux le faire, et j'ai l'impression que tu es aussi fatigué que moi, alors plus vite nous arriverons, mieux ce sera.

Take ne bronche pas. Ça doit lui faire plaisir d'un côté. Alors je repasse au siège conducteur. Ah! Ça fait plaisir de la retrouver. J'ai l'impression d'être beaucoup plus en sécurité. Take aussi.

Je démarre la voiture et je passe par les grandes lignes pour gagner du temps. Mon épaule me fait mal, mais on verra ça plus tard.
Nous arrivons chez Take après des indications de sa part, car je ne me souvenais plus du tout du chemin à prendre. Je verrouille la voiture et nous entrons dans sa PETITE maison mouhahaha. Ça me tue de vivre là-dedans. Mais chut, il ne le saura jamais.
Pour l'instant, le sommeil a envahi nos traits.

-Salé.

Wow, quel commentaire. Je crois qu'il n'a pas trop apprécié. Ah, forcément il est pas né avec. Le pauvre. La prochaine fois, on le refait avec un Ren version en forme et non pas à moitié hors service. Y'a pas de raison.

-Je pense que ça va être bon maintenant qu'il m'a fait un bandage. J'ai autant mal qu'avant, mais j'évitais de bouger pour la possible infection. De plus, si tu conduis, je risque de m'endormir. Et ça c'est pas bon du tout. En gros, je reprends le volant. Ne t'inquiète pas, je peux le faire, et j'ai l'impression que tu es aussi fatigué que moi, alors plus vite nous arriverons, mieux ce sera.

J'ai bien entendu? Il me délivre ça y est? Je ne cherche même pas à savoir si c'est vrai que je me suis déjà téléporté sur le siège passager, Ren étant encore à l'arrière. Il passe devant. Là je suis à ma place, enfin. Plus jamais je ne toucherai un volant, jamais. Et puis, je ne roulais pas si lentement que ça, menteur. Mais pas grave. Maintenant maison!
Y'en a encore eu pour un moment de route, mais finalement nous arrivons. Et on est finit tous les deux. Enfin, lui plus que moi. Vous savez ce à quoi ça me fait penser? A un duo de zombies. Sauf qu'au lieu de lâcher des râles qui font "ceeerveaaauu", là ça fait plus "maiiiisoooon". Et "doooormiiiir" aussi. Sérieux.
Je fais des comparaisons étranges quand je suis fatigué moi.
J'ouvre la porte et Yuki débarque. Ah nan, nan nan nan, y'a pas moyen. J'évite le lancer de chien -il s'est lancé tout seul- par une téléportation. M'en fiche que mes parents me voient ou non, ils sont habitués. Bon, je sais pas quelle heure il est, mais j'ai la ferme intention de me changer avant de faire quoi que ce soit d'autre. Donc j'en informe Ren et file au premier. Un autre pantalon, un autre t-shirt. Voilà qui est mieux. Je baille. Héhé, je crois que je pourrais m'endormir d'une minute à l'autre. Ça m'amuse beaucoup, parce que je peux m'endormir instantanément n'importe où, et je ne m'en rendrai compte qu'au réveil. Vous ne voyez pas le caractère amusant de la chose? Moi si! Bien, allons voir ce que fait le chat. Faut bien m'occuper si je ne veux pas m'endormir tout de suite.
Alors hop tout le monde dans le couloir. Je toque à sa porte et reçois un espèce de grognement en réponse. Ça veut dire que l'animal et dans sa tanière. Alors j'entre. Coucou Ren! J't'ai manqué? Nan? Pas grave je reste. Il est assit sur son lit, alors je fais de même et commence à parler d'un peu tout et rien. Je sais qu'il finit par ne plus répondre du tout à ce que je raconte, mais il continue à entendre. Alors ça ne m'empêche pas de causer. Je ne sais même pas ce que je raconte à dire vrai.
Et sinon je peux aussi sortir une connerie en plein milieu d'une phrase pour voir sa réaction. Genre "y'a un éléphant et un blaireau qui jonglent avec tes clés de voitures sur le rebord de ta fenêtre".

- Ren, tes fringues te vont bien.

Oh tiens mes yeux se ferment... Faut que je me traine jusqu'à ma chambre.
Ou pas.

Réveil... mouvementé.

Et le chien débarque à peine la porte franchie. Je profite du fait qu'il soit occupé avec Take pour monter au premier. Finalement Take me suit car il doit se changer. Mais je n'écoute qu'à moitié. J'ai envie de dormir.
Je rentre dans ma chambre et ferme la porte. Moi aussi, je me change. Avec des habits plus propres, sans pourtant mettre le pyjama, car je n'ai pas encore dîné. Est-ce que j'arriverais jusque là vivant...? Je soupire et m'allonge sur le lit. Ma blessure me fait encore mal, mais je pense que c'est le contrecoup de ma conduite. Vers la fin, ça m'a cisaillé le dos, mais je ne me suis pas plaint.
On toque à ma porte au moment où je ferme les yeux, me reposant avant le dîner. J'entends la voix de Take. Il est jamais fatigué ce mec? J'aurais pas dit ça il y a quelques minutes. Bref, je lui lance un "oui" pas franchement encourageant et il déboule dans ma chambre. Il me tiendra éveillé jusqu'au repas au moins. Pour se faire, je me remet assis.

Le voilà qui parle de tout et de n'importe quoi. Je suis sûr qu'il comprend pas ce qu'il dit, d'ailleurs moi non plus je ne le comprend plus. J'ai l'impression qu'il rumine des phrases par-ci par-là. Va dormir, t'es aussi fatigué que moi.
Mes paupières sont lourdes. Bon Take, tu m'épuises plus qu'il en faut, je ne t'écoute plus là. J'aimerais lui dire ça, mais je n'en ai même plus la force. Endormons-nous avec la voix de Take. Va dormir. C'est plutôt moi qui vais dormir.
Ma vue se trouble, je chancelle sur le côté. Oh là, je vais perdre conscience. Et cui-là qui s'en rend même pas compte, je vous jure. Bon là je pique du nez, alors je vais me coucher. Mais je n'ai même plus la force de bouger. La voix de Take n'est qu'un lointain souvenir. Je garde quelques secondes les yeux ouverts, puis me laisse assommer par la fatigue. Désolé Take, mais c'est plus fort que moi, et tu racontes tellement n'importe quoi que suivre devient trop fatiguant.


Tiens, c'est marrant, je me vois en face de moi. Enfin, sous forme animal. Quel drôle de rêve, ça ne m'arrive jamais d'habitude. Soit je gambade dans les prés (façon de parler...), soit je rêve de mes prochains cours. C'est idiot mais c'est comme ça. J'incarne toujours le rôle de moi-même. Je ne suis pas en face de moi. Ah! Dur, dur de suivre, c'est fatiguant. Allez, on se rendort. Est-ce que je me suis même réveillé...

Quoiqu'il en soit, j'ai vachement chaud. Ça devient obsessionnel. Je ne me souviens pas de ce climat tropical. Oh et puis y'a quelque chose qui bouge un peu à côté de moi, mon nez me gratte. C'est quoi ça? Des crins de cheval? Trop fins pour ça. C'est blond? Un palomino peut-être. Faut que j'arrête mon obsession sur les chevaux. Bon, là je suis bien réveillé. J'essaye de me relever, encore dans les nuages, mais quelque chose me retient au niveau du haut du torse. C'est quoi ce bordel? L'asile de fou? C'est bon, c'est pas obligé de me mettre la camisole. Oh, je raconte n'importe quoi. D'abord on se calme.
J'ouvre doucement les yeux, histoire d'habituer mes yeux à la subite luminosité. Wouah! je suis pas catho, mais je savais pas qu'ils avaient raison! Dieu existe bel et bien, je dis ça, je le vois pas, mais étant donné qu'il doit faire nuit, ça doit bien être une apparition. Attends, je dois te dire trois mots, Jésus.
Bon, on se calme le cheval, ou je vais finir par éternuer. Attends, c'est des cheveux ça. Des cheveux blonds. Le voile obscurcissant ma vue se lève, et je tourne la tête sur ma gauche. Et je touche quelque chose.
...
Dis, Take, t'aurais pas un peu appris la squatte aujourd'hui? Enfin, moi je dis aujourd'hui... mais l'illumination de Jésus était fausse, et c'est bien le soleil qui est haut dans le ciel. J'ai dormi combien d'heure comme ça, allongé dans un lit une personne avec un mec super fatigué, et tout ça sans que l'un de nous tombe. M'enfin, je crois que Take me prend pour un bisounours, parce que s'il tombe, je fais pareil, vu comment il s'accroche à mes vêtements. Du moment qu'il bave pas, ça me va. N'empêche qu'il va se réveiller, parce que j'ai pour habitude d'être de ceux qui se lève tôt. Et toc. Je jette un coup d'œil au réveil à ma droite. Et je retiens un cri, même si je ne peux m'empêcher de me mettre en position assise, les pieds le long du lit, soutenant mon corps par mes mains. Résultat, ça réveille Take, qui ne m'a toujours pas lâché, même lors de ma brusque montée. Je jette vers lui un regard moqueur et lui lance :

-Alors, bien dormi, Monsieur le squatteur?

Hmmnn... Il se passe quoi? J'veux pas ouvrir les yeux, je suis dans le brouillard là. Mais je veux dormir encooore. Alors foutez moi la paix. Le truc qui me touchait s'en va. Bien fait! Crains donc le Takeji endormi, parce que si il se réveille, t'es mal barré.
Raah mais c'est malin ça, maintenant je suis en train de revenir à moi. Mais j'ouvrirai pas les yeux. Pas moyen. Je trouve mon oreiller étrange... Il a fait quoi pendant la nuit celui là? Peut être qu'il s'est transformé en quelque chose. Ou alors... Ouais nan en fait je ne veux pas savoir, la vie privée de mon oreiller ne m'intéresse pas. Ce qui est plus inquiétant c'est que mon matelas commence à remuer. Pourquoi il bouge lui? T'as pas le droit de bouger tant que je suis là. Fais ton boulot. Pourtant pas dur, on te demande de ne pas bouger. Mais! Il ne m'écoute pas. Méchant matelas. Si j'ouvre les yeux par ta faute... Je sais pas ce que je ferai, je ne pense pas encore assez clairement.
Le matelas et l'oreiller en ont marre de mes délires mentaux, alors ils se redressent brutalement.

-Alors, bien dormi, Monsieur le squatteur?

Tiens le matelas parle. Je lâche ce que je tenais dans les mains -tiens depuis quand je tenais ça d'ailleurs?- et atterri sur un truc dur. Ouch, dès le matin. Qui est l'être vil et cruel qui m'empêche de dormir? J'ouvre les yeux, fin du suspense.
Ren.

- Qu'est'ce qu'tu racontes toi? C'est toi qu'est chez moi j'te signale.

Et je referme les yeux. Bah oui, c'est lui qui est chez moi jusqu'à preuve du contraire. Maintenant si mon matelas voulait bien se remettre en place... Attendez! Pourquoi est-ce que Ren est là, et pourquoi je l'ai vu d'en dessous comme si j'avais été sur ses genoux? J'ouvre brusquement les yeux et regarde Ren, en essayant de déterminer ce à quoi a bien pu jouer la planète pendant la nuit pour que je me retrouve à le voir d'en dessous. Elle a tourné trop vite? Ou peut être qu'elle est sortie de son orbite... Ah mais nan, y'a toujours du Soleil. Elle a peut être bu pendant la nuit. Faut combien de litres pour bourrer la planète?
Je me redresse et me frotte les yeux. Puis je regarde à nouveau Ren. En fait, j'étais vraiment sur ses genoux.
Ha. Ha. Ha. Tordant.

- Tu m'as kidnappé pendant la nuit, c'est ça?

Parce que je ne vois pas d'autre explicatiooOh peut être que si en fait! Héhéhé... Je me suis endormi là hein?
'Tin le boulet.
Mais pas moyen que je l'admette.

- Super bien dormi. Si un jour tu te retrouves au chômage et que tu ne sais pas quoi faire, tu pourras devenir oreiller.

Je lui souris et saute du lit. N'empêche qu'il s'est endormi aussi nah. Bien bien bien, il est quelle heure? A voir le réveil, il est midi passé. Bah ça va! Il m'a pas levé si tôt que ça en fait. Je pensais qu'il était plutôt du genre lève tôt normalement. A qui doit-on amputer la faute? Sa blessure et sa fatigue d'hier, ou moi qui joue super bien les couvertures? Mystère, mais peut être que ça sera élucidé un jour.
Bon! J'ai faim. Rien avalé depuis hier midi, et vu tout ce qu'on a fait entre, il est temps de payer une visite au frigo. Il sera content. C'est vrai quoi, il fait de la lumière à chaque fois qu'on l'ouvre, ça veut dire qu'il est content nan? A moins que ça ne signifie "va voir ailleurs pique assiette". Mais bon, comme il ne peut pas se défendre et ne s'exprime pas clairement... Bref. Je sors de la chambre de Ren après lui avoir ébouriffé les cheveux en guise de bonjour matinal. J'allais pas lui faire un bisou non plus hein.
Je m'égare. Direction la cuisine. Je descends les escaliers et manque de me gameler. J'ai glissé sur une marche et je sais pas trop comment j'ai fait -surement grâce à un réflexe stupide-, mais en me rattrapant j'ai failli passer par dessus la rambarde. Mais finalement, j'arrive en bas après un dernier trébuchage sur l'avant dernière marche. Même pas mort.
M. Frigo. Parlons. Enfin nan, on la refait. File le contenu de la caisse ou j'te débranche! Ha! Il se laisse docilement faire quand j'ouvre la porte. Oh nan. Y'a rien de prêt. Fait chier. Frigo tu me le paieras. En attendant, je suis bon pour ouvrir un livre et cuisiner. Cuisiner pour deux d'ailleurs, y'en faut aussi pour mon coussin. Ouais ouais, je parle de Ren. Donc j'attrape diverses choses que je pose sur la table et commence à sortir les ustensiles. En parlant de Ren, il fait quoi?

Un peu d'apprentissage et une grande dose de fou rire.

Je prend possession de mes moyens au moment où Take commence à peine à immerger.

- Qu'est'ce qu'tu racontes toi? C'est toi qu'est chez moi j'te signale.
-Tu es dans mon lit.

Il est pas réveillé...

- Tu m'as kidnappé pendant la nuit, c'est ça?
-Tu as dormi sur mon lit, baka.

Toujours pas... Un peu de patience...

- Super bien dormi. Si un jour tu te retrouves au chômage et que tu ne sais pas quoi faire, tu pourras devenir oreiller.
-Je me passerais de tes commentaires merci.

Non, mais et puis quoi encore... Ravi que t'ai apprécié, mais ça ne saura pas se réitérer. J'ai pas mon diplôme de coussin, moi.
Quoiqu'il en soit, le voilà qui file de ma chambre. Alors, je fais quoi maintenant? Je suis le rigolo ou bien je prends mon temps?
Première réponse, je vais faire une douche et changer mes pansements. Ils doivent bien y en avoir dans cette maison, nan? Ah! Trouvé! La chance.
Quelques minutes suffisent pour faire ma douche, et j'en sors totalement trempé des cheveux, parce que je trouve ça chiant de les essuyer. Je sais c'est bizarre mais ainsi. En fait, si Take me voyait en train secouer mes cheveux dans l'air, il serait pris d'un fou rire énorme. Évidemment que ça rappelle les animaux qui, en sortent de l'eau se secouent dans tous les sens.
Alors, je finis contraint d'utiliser la serviette, sinon ça va dégouliner sur ma chemise blanche. Alors, après un furieux rangement de la chambre (il n'y avait pratiquement rien, mais j'ai mis toutes mes affaires dans ma valise, car le jour du retour sonnait très proche).
Enfin, je descends, car mon ventre commence à gargouiller fort. Et là, tout s'explique quand j'aperçois Take, dos à moi, en train de parcourir ses livres de cuisine. J'explose d'un rire incroyable. Mon rêve étrange s'explique. Après reste à savoir comment j'ai pu le voir alors que Take me prenait pour un bisounours-oreiller.
Take se retourne face à moi, car je suis presque plié de rire, même à en pleurer. Entre deux sursauts, je lui dis :

-A... Avoue que tu l'as fait... exprès. C'est trop...

Il n'a pas l'air de comprendre. Il a dû faire ça quand il était dans les vapes, sans se rendre compte de ce qu'il mettait sur son dos.
Alors, je tente de me calmer, au prix de quelques minutes, et lui lance, en m'essuyant les yeux :

-Tu as conscience que tu as perturbé mes rêves en mettant dans ton dos une image de tête de léopard des neiges? Ah, franchement t'es trop.

Il paraît étonné. Mais je recommence à rire. Oui, tout s'explique à présent. Mon rêve si étrange. Et puis, sa tête à ce moment-là. Ah, c'est trop géant.

Je finis par m'approcher de lui, une fois la crise finie, et lui demande :

-Tu as besoin d'aide? Je ne suis pas master en cuisine, mais je me débrouille.

Je lance un regard accueillant et l'encourage à parler.

Il y a un d'énormes éclats de rire derrière moi alors que j'ai le nez dans des livres. Allons bon, qu'est ce que c'est que ça? Je savais bien qu'il finirait par péter un câble le petit Ren. N'empêche que j'aimerais bien savoir ce qui le fait rire comme ça. Ptêt qu'il a eu une vision en passant la porte de la cuisine? Je me retourne pour le voir plié en deux. Tu vas te manger le sol, et c'est moi qui vais rire tu vas voir.

-A... Avoue que tu l'as fait... exprès. C'est trop...

Hein? Si tu parles de ce matin, nan je l'ai pas fait exprès. Mais je ne vois pas ce qu'il y avait de drôle. Enfin si, c'est marrant de voir qu'on a réussi à s'endormir au même endroit, probablement en même temps et sans s'en rendre compte. Ce qui est encore plus drôle, c'est qu'il n'y en a pas un qui est tombé pendant la nuit. Le quadrupède déguisé commence à se calmer et finit par s'essuyer les yeux. Allez, parle peluche, je veux savoir.

-Tu as conscience que tu as perturbé mes rêves en mettant dans ton dos une image de tête de léopard des neiges? Ah, franchement t'es trop.

Finalement je voulais pas savoir. Il est sérieux? J'ai un... Truc comme ça sur le dos? Je me tords le cou pour vérifier. Oh purée c'est vrai! Naan, mais nan, pas possible! Et comment ça a finit dans mon armoire ça? Je vais fouiller cette armoire avant de partir, dès fois que j'y trouve d'autres trucs louches. Il a dit que ça avait perturbé ses rêves? Ha ha ha, j'arrive à le perturber même sans le vouloir, nah! Crevure de chat.

-Tu as besoin d'aide? Je ne suis pas master en cuisine, mais je me débrouille.

Mouais... T'essaie de te rattraper hein? Oui je sais que c'est tout de ma faute cette histoire de t-shirt. Quoique nan en fait, si j'étais pas clair hier soir, c'est de sa faute. Pas moi qui suis allé me blesser en crapahutant dans les bois en pensant que les arbres s'écarteraient sur mon passage tel la Mer Rouge devant Moïse. En parlant de blessure, il a l'air d'aller beaucoup mieux lui. Alors il va bosser sous mes ordres.

- Le léopard c'était un camouflage. A priori t'es tombé dans le panneau pendant la nuit.

Ce n'est absolument pas vrai, et je viens de tout inventer. Je lui souris et ajoute:

- Attends, je vais te trouver un truc à faire tu vas voir.

Oh mais j'ai une idée. Il a dit qu'il n'était pas super doué en cuisine? Eh bah il vient de trouver l'occasion de s'améliorer. Au boulot le chat. Je tourne encore quelques pages de mon livre et... Ah! Les sushis, second round. Enfin, nan premier parce que cette fois ça va être Ren vs le poisson cru et son pote le riz. Je me retourne vers lui, pointe le livre et dis:

- Tiens, tu vas pouvoir t'améliorer. Tu dormiras avec des capacités suplémentaires ce soir.

Allez hop, au boulot. Moi je surveille pour qu'on arrive pas à la catastrophe, parce que je n'aurai pas la patience de recommencer si il rate. Mais il ne va pas rater, n'est ce pas? Bon, on ira quand même plus vite à deux. Alors il va aller préparer le riz pendant que je m'occupe du reste. Hop, un saladier, la quantité de riz qu'il faut, et le tout fourré dans les bras du chat. Je ne sais pas si il m'a pris au sérieux y'a deux secondes, mais cette fois c'est officiel. Va laver le riz Boule de poil.

- Tu dois le laver, et ensuite le préparer. Tout est écrit, y'a pas de raison que tu rates. Je prépare le reste pendant ce temps.

Un sourire, une petite tape sur la tête et hop je m'en retourne vers le poisson. ... J'aurais dû faire le riz, c'était trop gentil de ma part. Enfin bref. C'est trop chiant le poisson, même quand c'est mort. Surtout quand c'est mort en fait. Sérieux, c'est menaçant un poisson mort. Quand j'étais petit, je croyais que ça redevenait vivant quand on le mettait dans l'eau. Je croyais beaucoup de bêtises quand j'étais petit de toute façon. Maintenant je les dis, c'est pas pareil.

Sushi! Take se concentre.

- Le léopard c'était un camouflage. A priori t'es tombé dans le panneau pendant la nuit.

Bien sûr. Et c'est ta façon d'expliquer que tu as squatté toute la nuit dans mon lit. Fais pas l'innocent. Avoue que t'est tombé comme une masse. Et après, que tu m'as pris pour un nouvel oreiller.
Alors cherche pas de nouvelle excuse.

- Attends, je vais te trouver un truc à faire tu vas voir.

J'ai soudainement peur. Il me prépare quoi? Je soupire et m'approche pour voir ce qu'il observe dans son livre de cuisine. Sushi? J'ai pas pour habitude de faire ça. Bon, et puis, je prends mon petit-déjeuner moi. Quoique, vu l'heure qu'il est, mieux vaut prendre le repas du midi. Quoiqu'il en soit, je lui réponds doucement, en pointant du doigt l'endroit des sushi, persuadé qu'il me fera cuisiner un truc du genre :

-Je sais pas cuisiner ce genre de choses, moi. Tu sais, les domestiques me faisaient tout les repas que je désirais.
- Tiens, tu vas pouvoir t'améliorer. Tu dormiras avec des capacités supplémentaires ce soir.

Bien sûr. Et je vais faire quoi? Je m'occupe pas du poisson, aucune chance. Je l'envoie balader s'il me le propose. Les débutants, ça commence avec des choses faciles. Alors, on se calme.
Avec joie, je me retrouve à laver le riz. Je sais, ça à l'air con comme phrase, mais les sushi sans riz, c'est pas des sushi.

- Tu dois le laver, et ensuite le préparer. Tout est écrit, y'a pas de raison que tu rates. Je prépare le reste pendant ce temps.

Que je rate? Pour laver du riz? Tu me prends pour un débile c'est ça? Tu es content de me dépasser dans ce domaine, avoue. Je reviens donc sur ce point. Je ne vais pas faire bouillir le riz, alors aucune chance pour rater le fait de "laver du riz".
Je soupire et me lance à cette tâche. Quelques minutes suffisent pour faire étinceler mon travail (hum...).
Je ramène la passoire aux côtés de Take. T'a vu? Même pas raté, d'abord! Je saisis une casserole et la porte sur le feu. Bon, maintenant, va falloir s'occuper. Et je vais pas regarder le riz sous peine que je devais simplement le laver. Alors je jette un coup d'œil sur le livre et demande à Take ou se trouve le vinaigre de riz, le sucre et le sel, éléments obligatoires pour préparer le riz.
J'attrape une autre casserole et fout ces trois éléments dans cette dernière. Ouais, faire chauffer. Bon ben me voilà bien avancé. Y'a plus qu'à attendre. Une fois le sucre dissolu, j'éteins le feu et met le riz chaud dans un saladier et verse doucement le vinaigre dedans, petit à petit, et mélange le tout*.
Enfin, je donne tout à Take. Maintenant, tu te débrouilles, je sèche. Alors, je reste derrière, et observe ce qu'il fait. Ben mon vieux, on a dû mal à couper du poisson? Il résiste? Tu m'en voie désolé. Je souris, et lui dis :

-Bon allez, maintenant je te laisse mettre les sushi en place. Au fait, tu fais quel genre de sushi?

Je m'écarte et croise les bras, attendant que Take esquisse une parole ou un geste. Le poisson se défend, mais j'en ai rien à faire... Allez, bosse.
Ah, encore une chose, j'ai quelque chose à te dire. J'aime voir tes réactions, mouhahaha :

-Au fait, t'es vachement mignon quand tu dors.

Et toc, c'est placé!

[*Internet est votre ami (si préparer des sushis vous intéresse) =)]

Il me montre son travail et je me retiens de rire. On dirait un gosse fier de lui. Mais ça serait un peu l'hôpital qui se fout de la charité si je lui en faisais la remarque. Alors je souris juste. Il repart faire le reste de sa préparation. Bah tu vois, c'est pas si dur. Brave bête.
Je galère. Avec le poisson hein. Je vois pas avec quoi d'autre je pourrais galérer là maintenant. Non seulement faut pas que je me coupe, mais en plus cette saleté des mers ne se laisse pas faire. Entendez par là que je n'arrive pas à couper tout ça comme je veux. Il n'est pas sensé être un petit peu mort? Voire carrément mort, raide, incapable de bouger en fait. J'ai des doutes... Peut être que si on tente la réanimation il va sauter du plan de travail et se mettre à danser au milieu de la cuisine avec ses arrêtes qui... Je vous épargne l'état dans lequel il est actuellement, ça pourrait choquer les amoureux des poissons. Bref! C'est moi qui ait le couteau, donc c'est moi qui décide la sardine. C'est pas une sardine mais je m'en fiche.

-Bon allez, maintenant je te laisse mettre les sushi en place. Au fait, tu fais quel genre de sushi?

T'avais peut être des domestiques avant, mais pas là. Viens ici le chat.
Tiens j'avais complètement oublié que j'étais dans la même pièce qu'un chat. C'est pas sensé aimer le poisson les chats? Le poisson et les souris. Le jour où je vois Ren chasser une souris, je filme. Parce que ça sera forcément mémorable. Mais revenons en au présent. M.Chat vient de ramener son œuvre -alias le riz- et a décidé de ne plus rien faire alors que le livre est toujours ouvert à la bonne page. Mon pote, t'as pas suivi la recette jusqu'au bout. En fait t'as juste pas envie d'approcher le poisson de trop près. Vu comme il est amoché celui là, tu n'as rien à craindre. Promis. Ramène toi un peu par là, Poisson rêve de faire ta connaissance. Et...

-Au fait, t'es vachement mignon quand tu dors.

... Après faudra encore faire la vaisselle...
Je sais que j'ai violemment rougi parce que je ne m'attendais absolument pas à la remarque. Je ne ferai pas de commentaire sur cette fâcheuse tendance que j'ai, et que cette citrouille là en face a trouvé comment utiliser à son avantage. Ça t'amuse hein?
D'abord, je suis tout le temps mignon.
Ok, je m'écrase. N'empêche... Il a conscience de l'ambiguïté que peut avoir une phrase comme ça? Enfin, vous me direz, tout à l'heure c'était pas mieux. Mais bon c'est Ren, donc c'est pas grave. Je crois qu'on s'en fiche complètement tous les deux, et que si c'était à refaire, bah ça serait refait. Même si c'était pas intentionnel.
Bref! Si il croit qu'il va s'en tirer comme ça.

- Et même en sachant ça, tu m'as réveillé. Je note.

Maintenant j'ai une double raison pour lui envoyer le poisson dans la face. Je le fixe, et ça doit pas faire tant d'effet que ça avec les joues encore rouges mais c'est pas grave. Juste qu'il comprenne qu'il ne va pas s'en tirer comme ça. Aloooors... Je lui envoie le poisson dessus, ou je l'amène au poisson? Seconde option, ça sera plus drôle. Je me téléporte derrière lui, même si il était à deux pas de moi. J'avoue, j'avoue, c'était juste pour utiliser mon don. J'aime mon don. C'est pas nouveau. Bien, maintenant j'attrape l'épaule de l'animal qui n'est pas blessée et le pousse jusqu'à ce qu'il soit bien devant le truc marin. Je tire aussi le saladier de riz vers lui, si c 'est pas gentil ça.

- Et pourquoi tu mettrais pas en place avec moi hein? Ça aime le poisson les chats non? Amuse toi.

Je crois qu'il avait demandé le type de sushi. Je vous épargne le mot japonais mais pas à lui. Maintenant qu'il sait tout, je suppose qu'il ne va pas se mettre à bosser comme ça parce qu'il est hyper têtu quand il s'y met. Alors on va l'aider. Je lui guide les mains vers chaque ingrédient pour tout mettre en place. Ça me fait penser à mes leçons de piano plus jeune. Le prof aussi des fois nous guidait les mains en nous montrant les gestes à faire et ne pas faire. Ça me donne envie de faire du piano tout ça... Mais pour le moment je suis en train de prouver que je peux être un très bon prof quand je veux. La preuve, le résultat final est parfait. Nah! Dans tes dents Boule de poil.
Je passe à côté de lui pour le laisser se débrouiller et m'y mettre aussi. J'ai l'habitude donc je vais bien plus vite. Hmm... Je sens que je vais le laisser tout seul le temps d'aller prendre une douche. J'ai pas oublié avec quoi je me balade dans le dos.

- Je te laisse finir, je reviens après la douche. Sois sage.

Je lui fais un sourire et me téléporte avant qu'il ne puisse dire quoique ce soit. Parce qu'il aurait surement protesté. Allez, j'ai besoin de quinze minutes aujourd'hui. Parce que j'ai décidé que.
Je suis un chronomètre sur pattes. Quinze minutes plus tard je réapparais dans la cuisine, propre et changé. Trop doué.

- J't'ai manqué?

J'aime apparaitre de nulle part sans prévenir.

Reparti pour un duo?

Ha, ha, j'ai gagné! Take rougit. Et il tente de faire comme si de rien n'était. Pour un peu, et je rigolerais. Il m'éclate, ce mec. Tellement sensible. C'est encore plus mignon. J'ai envie de le prendre dans mes bras. Mais je m'en retiens.

- Et même en sachant ça, tu m'as réveillé. Je note.

Mais oui, Take, moi aussi je t'aime. De toute façon, aucune chance que ça se reproduise, cette histoire de lit. C'est trop petit pour deux. Je me demande encore quelle loi de la lévitation nous a permis de ne pas se retrouver à terre le matin.
Mais revenons à notre histoire de poisson. C'est bon pour la santé. Euh oui, mais ça on s'en fiche.

- Et pourquoi tu mettrais pas en place avec moi hein? Ça aime le poisson les chats non? Amuse toi.

la prochaine qui me traite de chat, il s'en prend une avec mes coussinets. Quoiqu'il à l'air vraiment décidé à me faire toucher au poisson. C'est pas une bonne idée. Je vais le bouffer cru, réflexe animaux. Et ce crétinou m'envoie les mains à la patte, ou plutôt utilise mes mains pour des bras électriques, parce que lui-même ne veut pas y toucher. Manque de bol, je me suis trompé, et Take va de son côté s'amuser à jouer avec le poisson mort. D'abord, c'est meilleur vivant. Bon, je me tais. Je soupire et Take me lance, de sa voix habituelle :

- Je te laisse finir, je reviens après la douche. Sois sage.

Et il se téléporte, me laissant me morfondre avec le poisson cru. On ne peut pas faire pire que de laisser un animal qui a faim devant du poisson. De toute façon, il est plus là. Allez, un morceau de saumon, un autre, et un autre.
Oups... Si je n'étais pas arrêté, il n'y en aurait plus sur les sushi. Bref, je finis ça en vitesse et inspire profondément. N'empêche qu'il m'a fallu une bonne dizaine de minutes. Et l'autre qui revient de la douche. Évidemment, je ne précise plus qu'il se téléporte, ça devient une habitude de le voir derrière moi, alors qu'il était à trois mètres devant moi. Je ne sursaute même plus.
Et le voilà, fier de sa blague, qui me lance :

- J't'ai manqué?

Ah, je vais pas rater ça. Je m'approche de lui, à quelques centimètres de son visage, et lui lance d'un air fluet :

-Tu peux pas savoir comment.

Et j'éclate de rire. Avoue que tu t'y attendais pas. Ha, décidément, je m'amuse bien aujourd'hui. Je prends le plateau de sushi d'une main, et me dirige vers la table.
Take reste à son poste, comme pétrifié. Je le réveille d'un claquement de doigt devant ses yeux en lui lançant :

-C'est bon, prends pas tout au premier degré, monsieur le timide.

Je dis ça, mais je m'en fait réellement pour lui. J'avance et m'assoit. Je commence à manger, et Take me rejoint peu de temps après. Je fais quelques allés-retour cuisine/salle à manger pour chercher l'eau ou des trucs de ce genre, mais finalement nous en venons à faire la vaisselle, et je finis par demander, après avoir pris la serviette des mains de Take :

-Dis, ça te dit un peu de musique? Pour un prof comme moi, c'est un comble de rester pratiquement une semaine sans s'entraîner un minimum. En plus, j'ai ramené ma guitare folk. T'as un piano ici, il me semble...

Ouais, parce que la musique, c'est vraiment ma passion, et que là, en plus de mon envie physique de me dépenser pour m'être levé si tard, mes doigts commencent à s'impatienter.
Alors, je n'attends pas vraiment la réponse de Take et monte au premier. Il peut très bien me dépasser, puisqu'il se téléporte à tout bout de champ.
Je saisis ma guitare, enlève le protège et commence à enfiler quelques accords. Rapidement, je commence une mélodie. Take n'est pas encore en vue.
Je reste adossé au lit, et commence à chanter.
Ah! Le voilà enfin!

Il arrive à quelques centimètres à peine de mon visage. Eeh, à quoi il joue le monsieur là? J'veux pas dire, mais depuis qu'on s'est levé, on les enchaine toutes. Surtout lui. Il est en forme. Mais fais gaffe, si tu me provoque aussi sur ce terrain là, je finirai par
répondre. Si tu crois que tu vas réussir à me surprendre longtemps... Je me demande à quoi on joue quand même. Mais c'est marrant.

-Tu peux pas savoir comment.

Je vois ça, je vois ça. Ça te fait agir étrangement. Je crois que la nuit ne lui a pas forcément réussi. Ou plutôt, je viens de découvrir pourquoi il se levait tôt habituellement. Parce que sinon il finissait dans cet état là. Mais c'est marrant qu'il se laisse aller. Maintenant j'hésite... Est-ce que je l'empêche de se lever tôt à l'avenir, ou est-ce que je le laisse tranquille? C'est une question qui demande réflexion. Et puis, se lever tard c'est génial, alors il va falloir le convertir au plus vite. Pourquoi est-ce qu'il aime se lever tôt hein? Il suit le proverbe "l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt"? Ouais, bah "ceux qui se lèvent tôt" le font pour aller rencontrer l'Avenir avant tout le monde et tenter de le conquérir. Ceux là, ils ne connaissent pas la téléportation voilà tout. Parce qu'avec la téléportation, on peut se lever bien plus tard, on arrivera premier quand même et toc.
Mon explication est assez bancale. Mais je me comprends. Tous les autres peuvent tenter de relire jusqu'à ce qu'ils comprennent. Tout le temps perdu à la tâche vous sera rendu par le Ciel. Pas par moi.
Je suis ramené de mon entretien avec le Ciel par un claquement de doigt devant mon nez.

-C'est bon, prends pas tout au premier degré, monsieur le timide.

Tu voulais que je le prenne à quel degré? Troisième inversé, avec un point de vue divergeant, à l'ombre sous un palmier? Oui ça ne veut rien dire. Mais ok, la prochaine fois je réagirai. Et t'aimeras pas ma réaction, crois moi. Et je ne suis pas timide! Où il a vu ça? C'est ce foutu rougissement implanté en moi par des extraterrestres. Y'a pas d'autre explication. Bon si y'en a une, suffit de savoir que j'étais effectivement super timide quand j'étais petit. Et que ça vient de là. Mais d'ici à ce que je l'admette à voix haute et devant lui. Il peut toujours aller se brosser sous ses quatre formes, partir à la chasse aux flamands roses déguisé en kangourou et vider son compte en banque avant que j'ouvre la bouche.
Si il fait ça, je le respecte à vie et j'arrête de l'embêter.
Mais comme il le fera pas... Héhéhé.
J'aime le fait qu'il ne puisse pas lire dans les pensées. J'adore vraiment.
Bien, comme je suis de retour parmi les mortels, je vais l'aider à mettre tout le bazar en place, et puis on va enfin pouvoir avaler un truc. J'en avais presque oublié que j'avais faim.
Bref, avance rapide, on finit par arriver à la vaisselle. J'y crois pas, il a même pas râlé quand il a fallu la faire. Y'a anguille sous roche? Ou il pensait à autre chose?

-Dis, ça te dit un peu de musique? Pour un prof comme moi, c'est un comble de rester pratiquement une semaine sans s'entraîner un minimum. En plus, j'ai ramené ma guitare folk. T'as un piano ici, il me semble...

Et il s'en va sans que je puisse en placer une. Bon, c'est pas comme si j'étais incapable de le rattraper non plus hein. Et puis, j'avais envie de faire du piano tout à l'heure en plus. Alors je range les derniers trucs qu'on a laissé et hop téléportation au premier. Pas d'animal en vue. Mais comme du son sort de sa chambre, faut pas chercher loin. Bouh le chat! Hrmm, faut que je me calme. Il est déjà en train de jouer. Sauf que le piano ne va pas venir jusqu'ici, donc va falloir bouger. Je lui en fait la remarque et pars vers la bonne salle. C'est un piano droit, parce qu'il n'y a pas la place de mettre plus grand. Si il fait une remarque, je lui saute dessus. D'ailleurs, il pourra dire ce qu'il voudra, mais il survit très bien dans un endroit normal et non pas surdimentionné. Voilà. J'attends de voir comment il survivrait si il devait improviser un campement en pleine forêt. Y'aurait surement de quoi rire.

On a passé une bonne partie de l'après midi à jouer. Jusqu'à ce que mes parents reviennent de... Là où ils étaient, j'en sais rien. Et après mon père a voulu me défier avec un jeu de cartes. Je réponds trop facilement à la provocation... Ça a tourné en partie de cartes autour de la table avec tout le monde. Chien et chat compris. Je soupçonne Yuki de s'être fait l'allié de Ren à ce moment là. En fait, je soupçonne carrément Ren d'avoir embarqué tout le monde de son côté sauf moi. Ça expliquerait pourquoi j'étais persécuté, et pourquoi je me suis bien fait écraser. Bref, fin de journée normale. Cette fois Ren et moi avons fait attention à où nous nous sommes endormis.

Nouvelle journée. La dernière relativement tranquille, juste avant le retour en Écosse. Quand je parle de "relativement tranquille", c'est qu'on a pas fait de sushi, je me suis pas blessé, ni toutes ces aventures qui nous sont arrivées.
Enfin, puisque le but principal du voyage au Japon était de revoir la famille à Take, ce dernier à décidé de passer une journée avec eux... et moi. Puisque je me suis levé tôt cette matinée-là, de un, j'avais l'esprit clair, et de deux, j'en ai profité pour plier bagages. Ça m'a pris un certain temps, en fait, jusqu'à ce que Take se réveille. Car je me demande encore comment j'ai pu fourrer toutes mes affaires dans une valise comme celle-ci. Quoiqu'il en soit, nous sommes restés la matinée à la maison. Le temps de vérifier que tout est ok pour le retour avec Take, et nous voilà partis pour manger en famille. Sa famille est très bavarde... incroyablement même. Je n'aurais jamais cru ça ce point. J'ai dû connaître la moitié de la vie des parents en un repas.
Sinon, autre chose notable, dont Take avait oublié de me parler d'après lui. Il m'a raconté un truc du genre "ouais, on va créer un truc du genre et tu viens bien être le chanteur?". J'ai cru que c'était uniquement ironique donc j'ai dit ok, mais maintenant, je me demande si c'était véritablement faux... Dans quel bazar je me suis mis...

L'après-midi fut plus mouvementée. Nous sommes partis faire une balade dans le décor d'Osaka, puis nous nous sommes un peu plus éloignés de la ville, pour plonger dans la campagne. C'était sympa, mais incroyablement épuisant. Et puis, ça m'a permis de connaître un peu plus le passé de Take. Rien qu'un peu.
Quoiqu'il en soit, je réintégrais la maison avec envie. Les parents avaient l'air fatigués eux aussi, et le repas fut expédié en vitesse. En fait, y'avait que Take de motivé à cette heure. Pour un peu, il m'aurait empêché de dormir le soir. Mais heureusement, il n'avait pas totalement terminé ses valises, et je m'endormais tôt cette nuit-là.


Le lendemain matin s'annonçait pluvieux. Très pluvieux. Le Japon était-il triste de nous voir partir? Belle personnification. Je souris encore de cette image. Le problème, c'est que c'est embêtant.
Nous arrivâmes à l'heure malgré la drache imposée à la météo. L'enregistrement des bagages se fit rapidement, puisque la foule était dirigée vers Paris. C'est les vacances ici? Me semble pas. Quoiqu'il en soit, nous nous dirigeons vers la douane et tout ce bordel sécuritaire et administratif à laquelle tu es incapable d'échapper. Je soupire au moment d'attendre dans le hall d'embarquement, visualisant le journal d'un œil distrait. 15h30. Le steward annonce notre vol. Je stoppe Take dans sa tentative pour se relever et se diriger vers l'avion. Hors de question que je repasse par la seconde classe. Et puis, y'en a pas tant que ça des personnes qui prennent ce vol.
Alors jouons sur les relations. J'attends que la file d'attente disparaisse, puis je me présente au steward et commence à lui demander de passer les billets en première classe. Il suffit de quelques minutes pour le persuader, et je fais passer Take avec moi. Ça c'est de l'affaire. Je souris d'un air triomphant. Nous passons en première classe et nous voilà repartis pour l'Écosse.

Je déteste les heures de décalage. Affreusement. Et il faut encore conduire jusqu'à Little Angleton. Heureusement que ma blessure est amoindrie niveau douleur.
N'empêche qu'on rentre tard, ou tôt... Je sais plus, j'ai juste envie de dormir. Le soleil se couche et commence à se lever? On verra ça sur l'heure sur ma pendule à la maison.
Je raccompagne Take dans son appartement, et remarque qu'il est aussi schouté que moi. Ça m'évitera des bêtises de sa part.
Enfin, je débarque dans ma maison, ouvre la porte fenêtre à l'arrière, passe un petit coucou à mes animaux favoris, leur donne à manger et monte me coucher, laissant la valise en plan dans l'entrée.

Fatigantes, mais super journées...