Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens

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A. Deborah Wayne
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MessageSujet: Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens   Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens EmptyMer 31 Mai 2017 - 1:54

La petite tournelune parmi les tournesols
Laurens & Annie

Je reviens de l'orphelinat... Je n'aime pas cet endroit tel qu'il est en ce moment en tout cas. Cet endroit est comme quand les Mangemorts ont pris le contrôle de Poudlard... Ah, mais ça veut dire que je suis une mangemort, c'est terrible. Une mission m'a été confié... pourquoi je dois faire des missions ? Je n'aime tellement pas ça. Ce n'est pas hygiénique de tuer les gens comme ça, déjà parce que le sang ça tache et puis parce que ce n'est pas très sanitaire de laisser un corps pourrir dans une ruelle. UN. Il faut en plus prendre en compte qu'un corps en décomposition peut émaner une odeur qui peut être sentie à plus d'un kilomètre si l'odeur est transportée par le vent. DEUX. Ah, je ne veux pas être responsable de cette terrible situation, je n'assumerais pas. Je n'assumerais pas comme ces gens qui flatulent dans le métro et qui font comme si c'est la personne à côté d'eux qui est responsable. TROIS. Je sais parce que je lâche souvent des silencieux avant de regarder mon camarade de voyage en ayant l'air outré. QUATRE. Je n'ai jamais dit que j'étais de ceux qui assument, j'étais claire, non ? Je n'assume pas comme les gens qui pètent dans le métro.
CINQ. C'est drôle de péter, par contre c'est la honte quand c'est devant les gens. Tu peux plus paraître super classe. En fait, tu ressembles à un personnage ridicule de cartoon network, c'est l'impression que j'ai moi quand je me moque de quelqu'un qui a pété. SIX. Un jour, un homme a essayé de se retenir de lâcher une flatulence dans un bus bien rempli. Mais, il avait beau se retenir, dans le silence les gens commençaient à entendre un étrange sifflement. SEPT. Un sifflement qui devenait de plus en plus fort jusqu'à ce qu'on ait l'impression d'entendre une fuite de gaz. HUIT. Fuite de gaz qui devint des éclats de bulle donnant un étrange son de diarrhée trop longtemps comprimée qui évacue d'un coup de contraction du ventre. NEUF. Et c'était tellement drôle que j'ai ri pendant très longtemps et j'ai ri de nouveau encore très longtemps en me rappelant de la scène. DIX. Moi, ça me fait peur de tomber sur une personne comme moi qui va rire longtemps de moi si je pète.

ONZE. Du coup, je ne prends pas de risque, je fais toujours caca avant de sortir de chez moi... Ainsi, j'ai moins chance de garder en moi une quelconque flatulence de passage qui voudrait s'inviter dans le métro ou le bus. DOUZE. Je regarde autour de moi, mon regard cherchant un dernier objet... Ah, le voilà, le treizième verre... « TREIZE ! » M'écriais-je avec un sourire, tandis que je plaçais le verre en équilibre au-dessus des douze autres. « Euh... Madame, vous avez pris les verres des clients. » Un vieil homme accoure immédiatement vers moi et le chef cuisinier du restaurant en voyant la scène tandis qu'il sortait des toilettes. « Oh ! Je suis navré, je ne peux pas la laisser une minute toute seule ! » S'écria le vieil homme accablé, avant de se retourner vers moi avec un air mécontent. Bah quoi ? « Pardonnez-là, elle est autiste. » Pfff... Pourquoi il le dit à tout le monde d'abord ? Ils n'ont pas besoin de savoir, non ? Et puis pourquoi Trystepan me suit partout, j'ai cinquante-deux ans et je ne suis plus vierge...
J'ai grandi, je ne suis plus la petite fille qu'il a élevé à la mort de mes parents. Ah... Bon, d'accord, quand je fais une de ses crises de panique, c'est vrai que je suis plutôt contente que mon major d'homme soit là pour me prendre en charge. Mais bon, je veux être autonome ! Il y a tellement de choses que je veux compter. Trystepan ne veut pas aller à la plage, il croit que je vais compter les galets, mais il s'inquiète pour rien... Hmm... Mais combien de galets il peut y voir sur une plage ? Grand dieu, je veux savoir ! « Trystepan ! Je veux aller à la plage ! » Je ne le regarde pas dans les yeux, je n'attends pas non plus sa réponse que je prends la direction de la sortie du restaurant. Tient je n'avance plus... « Vous n'irez nulle part Madame, n'aviez-vous pas faim ? » Je ne respire plus, c'est sournois de m'attraper par le col. Je m'installe à ma table, parce que je me souviens que j'ai faim. Il faut manger pour la mission à venir me rappeler Trystepan...

J'évite de lui dire qu'elle m'était complètement sorti de la tête... Bof... De toute façon, il fera tout le boulot à ma place, parce que moi je n'arrive pas vraiment à tuer quand je n'en ai pas envie. Et je n'ai presque jamais envie de faire ce genre de choses aussi effrayant... Et lorsqu'on me force, j'ai une crise de panique qui prend du temps à être calmée. Ah... Sans Trystepan la vie serait bien triste. J'attends qu'il parte commander pour foncer attraper à chaque couvercle sur les tables avant de m'installer à un endroit au hasard. Il y avait un homme à la table, c'était sans aucun doute sa table, mais je n'y prête aucune attention et commencer à aligner les couvercles que j'ai pris tout en les comptant en chuchotant.
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MessageSujet: Re: Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens   Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens EmptyMer 31 Mai 2017 - 16:21

Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette,
Le premier qui rira, aura une tap…

Un chausson traverse le grand salon et s’écrase sur la vitre un peu plus loin. La trace laissée s’ajoute aux nombreuses autres.
Il faut vraiment songer à nettoyer ces carreaux.

Tu t’améliores, à deux centimètres près tu recouvrais par-fai-te-ment la marque d’hier.

Affaissé sur le canapé, recouvert d’un simple pled, j’ouvre péniblement les yeux. Ce truc paraît à deux centimètres de mon visage, ses yeux grands ouverts et le sourire jusqu’aux oreilles. Je prends ma deuxième savate. Dernière chance. La balance. Le pauvre objet traverse l’apparition. Ce dernier s’effondre sur le sol de manière théâtrale.

Me voici touché, général. Veillez bien sur ma femme et mes enfants…

Georges disparaît progressivement, englouti par le sol. Quelques secondes plus tard et un cri se fait entendre à l’étage du dessous. Je pousse un soupir et m’étire avant de me diriger nonchalamment vers la cuisine. Une observation rapide de l’étendue vide du frigo me fait comprendre qu’il me faudra opter pour un restaurant.

Général, nous sommes à court de vivres.

La ferme. Heureusement pour moi, il est bientôt treize heures. L’heure idéale pour s’offrir un déjeuner au bistro du coin. J’ai travaillé jusque tard hier. Je suis complètement claqué. Mais ça va aller hein. Il faut que ça aille. Je m’empresse de me diriger vers la douche et m’habille d’une chemise bleue sombre et d’un pantalon noir. Tout pour passer inaperçu. J’enfile mes chaussures et dévale les escaliers. Ça fait trois semaines que je vis ici et pour l’instant tout va bien. Je rentre claqué de mon boulot, si bien que la chauve-souris n’a pas non plus assez d’énergie pour se présenter. Le lamantin, il vit sur ses vivres personnels et il boit du carburant de voiture de course tous les jours alors je ne m’en fais pas trop pour sa santé.

Le barman tourne sa tête vers moi lorsque la petite sonnette retentit à mon entrée dans son bâtiment. Son sourire me renfrogne légèrement et je détourne les yeux tout en prenant place à l’une des tables. La même que d’habitude. Je n’aime pas ce mot. S’habituer à ma présence ne m’enjoue guère. Parce que tout pourrait disparaître d’un claquement de doigts. J’ai fait le pari risqué de retourner à la vie citadine tout en sachant qu’il pourrait se réveiller à n’importe quel moment, sans crier gare ni même s’annoncer. Il me faut cesser d’y songer.

-Je te sers la même chose que la dernière fois ?

La voix du serveur improvisé parvient à mes oreilles et je lève les yeux. Je me focalise sur le quadrillage rouge et vert de la serviette posée sur une de ses épaules à la va-vite. Comme d’habitude. La même chose. Je me rends compte que je fréquente trop cet endroit. Ce sera donc la dernière fois. Je dois briser la routine.

-Non. Du poisson, s’il te plaît.

Le serveur hoche la tête, un peu peiné et je tourne mon visage vers la vitre reflétant mon visage fatigué. La main en appui-tête, mes yeux suivent le cheminement des voitures sur la route passante. Il fait remarquablement beau. J’aurais préféré qu’il pleuve. On me dépose une pinte de bière et, surpris, je plonge mon regard dans celui du serveur revenu. Il a un visage si accueillant, si chaleureux. Ses dents sont parfaitement alignées, il a des pattes d’oie à la commissure de ses yeux, un grain de beauté caché sous son sourcil droit, des oreilles assez larges, un nez grec aux ouvertures nasales dilatées. J’inspire profondément et calme mon cœur tambourinant dans ma poitrine. Est-ce qu’il mérite de mourir, maintenant, n’importe quand, par ma faute ?

-Cadeau du patron, t’as pas l’air bien.

J’hésite à refuser. Mais acquiesce. Le voit repartir. Me concentre sur la boisson alcoolisée et ses alvéoles de gaz remonter à la surface, s’agglutinant en une mousse ambrée. Je laisse mon index tracer en ligne droite un chemin jusqu’à la base du verre.

Humain en approche.

Mon index poursuit son chemin en angle droit sur la table et remonte sous mon menton, suivit tout du long par mes yeux. Peau légèrement métisse et beaucoup de grains de beauté. Une femme. Ce sont les plus difficiles à faire partir. Je me focalise sur son occupation ma foi plutôt inhabituelle. Est-ce qu’elle a un problème, cette nana ? N’amenez pas les problèmes, c‘est tout ce que je demande. La chauve-souris se ramène rapidement s’il y a trop d’agitation. Ou peut-être pas. Il y a trop de facteurs indépendants. Je bois une gorgée de ma bière et apprécie ressentir les frissons relever mes poils de bras. Je n’ai, après tout, rien à dire à cette femme. Je n’ai réservé aucune place supplémentaire et engager la discussion ne fait vraiment pas parti de mes préceptes. Je devrais peut-être partir tant qu’il en est encore temps.
Un souffle froid d’une nature différente passe dans mon dos. Je sens le lamantin à quelques centimètres de mon oreille souffler à intervalles réguliers. Il s’essaie à une nouvelle technique de morse ? Je sens son regard centré, sans ciller, sur la personne face à nous.

C’en est une. Elle peut nous sentir.

Elle ? Pour sûr, elle respirait la demoiselle dans son monde, mais pourquoi en particulier ? Je n’ai jamais compris ce charabia. Il y avait des personnes plus sensibles que d’autres à ces choses qui semblent bien m’aimer et que je devrais qualifier de fantômes. Je vois Georges m’effleurer, passer à travers la table et disparaître en dessous. Il va faire une connerie. Pour une raison étrangère à mes faibles connaissances dans le milieu, il prend un plaisir infiniment plus grand à embêter ces personnes qu’il qualifie de particulières comparé aux autres. Un truc en rapport avec moi qui les rendrait relativement invulnérable face à ce genre de personne. J’hausse un sourcil. Qu’inventera-t-il, cette fois-ci ?
Une bourrasque de vent pénètre dans la pièce au moment où la fenêtre à mes côtés s’ouvre brutalement – manquant de peu de rencontrer mon visage si je ne m’étais pas attendu à ce genre de farce et ait relevé la main pour bloquer la partie de fenêtre ouverte vers moi, l’autre fermement ancrée sur ma boisson – Les couvercles étalés sur la table tombent un à un en un instant sur le sol boisé. For bien, tu as décemment attiré son attention, mais ne compte pas sur moi pour t’assister d’une quelconque manière. Je ne suis absolument pas responsable même si ma maîtrise des événements me trahit véritablement.

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MessageSujet: Re: Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens   Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens EmptyMer 31 Mai 2017 - 20:08

La petite tournelune parmi les tournesols
Laurens & Annie

Je pose ma main sur mon front, l'une des parties de la fenêtre s'est violemment jetée sur mon front à son ouverture. Méchant ! C'est vilain, vilain de la part de cette émanation non-vie, cet écho d'une conscience longtemps trépassée. Et puis, voilà que ce vent a fait tomber tous mes couvercles. Mon regard se pose sur l'émanation, avant de porter mon attention sur l'homme en face de moi. Ah ! Il me regarde ! Il me voit ! Ah ! C'est terrible. Je n'ai rien pour cacher mon visage, si ce n'est que mes deux mains. Du coup, je pose mon visage sur mes deux mains avant de chuchoter. « Vilain ! Les esprits devraient être plus gentil que ça ! » J'ouvre un peu les doigts pour regarder si Trystepan est en train de me chercher. Fichu major d'homme, pourquoi dois-je me le coltiner ? Je ne veux pas de l'héritage de mes parents, ni de leur fortune, ni de leur noblesse qui me collent à la peau. Et puis, on a beau me dire que j'ai un sang pur, je n'arrive pas vraiment à en saisir le sens, la signification ou la valeur.
Sorcier, mêlé, humain ? Bah quoi ? Le sang, c'est rouge pour tout le monde, sauf pour certain insecte, alors pourquoi c'est si compliqué de ne pas s'attarder aux différences pour les sorciers noirs ? Ah ! Mais pourquoi a-t-il fallu que je naisse dans une famille de sorcier noir, c'est tellement ennuyeux. Je dois détester les mêlé parce qu'ils sont de l'union d'un humain et d'un sorcier. Bah quoi... Qu'est-ce qu'on peut bien reprocher au sang humain ? Déjà qu'est-ce qu'on peut leur reprocher aux humains ? En effet, ils ont commis des atrocités par le passé à cause de la peur, de l'ignorance et la méconnaissance. Mais ce n'était qu'une partie d'entre eux, si on devait juger tous les sorciers à cause des actes d'une poignée d'entre eux, ce serait pareil. Je ne me vois pas supérieur aux humains, je ne saurai pas vraiment dire où et en quoi je suis plus supérieure qu'un humain de toute façon, si on devait me poser la question.

On vit plus longtemps ? Et alors, ce n'est pas un critère suffisant. La vieillesse est malheureusement une maladie naturelle qui atteint toutes les espèces mortelles. Certains humains vieilliront même beaucoup plus vite que d'autre et mourront encore enfant. La Progéria qui accélère le vieillissement, les sorciers aussi peuvent en être atteint et là où est donc le facteur de supériorité ? Ce n'est pas les sorciers qui ont créé la bombe nucléaire, c'est une invention humaine, une arme nettement supérieur à tout ce qu'un sorcier aurait pu créer même avec tous ses meilleurs magiciens réunis. Ah... Que ça m'énerve, je n'ai jamais pu débattre vraiment de ce sujet avec le reste de ma famille. Ce sont des idiots qui ne veulent rien savoir que ce en quoi ils croient, c'est toujours mieux de penser qu'on a le zizi le plus long. En attendant, c'est moi qu'on est prêt à maltraiter si je me conduis en paria. Rah... J'ai faim. Je jette de nouveau un regard pour voir si Trystepan revient, toujours entre mes doigts.
Mon regard se pose vers l'homme en face de moi. Ah ! Non, il peut me voir. Je referme mes doigts pour cacher mes yeux. « Il y a 147 briques sur le mur qui longe cette table. » Les chiffres, c'est beau et cool, ils ne mentent jamais eux à la différence des humanoïdes. Je peux avoir confiance aux chiffres, là où je ne suis pas capable de faire confiance aux personnes. Même Trystepan doit se démener pour se tenir toujours près de moi, je ne lui rends pas la tâche facile. « 68 sont de couleur cramoisi, 43 sont pourpres, 36 sont teintées de la couleur sang. » J'ai l'œil, j'aime compter. Pourquoi avoir teinté les briques de trois différentes couleurs ? Est-ce que c'est pour donner du style ? « Je me demande combien vous êtes à l'intérieur ? » Crachais-je alors soudainement à l'homme, le visage toujours caché dans mes mains. Je me demande pourquoi je sens différentes présences autour de lui, si ce n'est aussi à l'intérieur de lui.

Ah ! Le plat arrive... Une main cachant toujours mon visage, j'attrape de celle qui est libre le plat des mains du serveur avant qu'il pose l'assiette sur la table. Du poisson ? « Ce n'est pas ce que j'ai commandé monsieur ! » En fait, je n'ai rien commandé, ni même choisi quoique ce soit, mais comme je n'aime pas le poisson je le dis. C'est Trystepan qui me choisit toujours ce que je dois manger, il sait ce que je dois prendre et ce que je ne dois pas prendre. Je peux faire mes courses seul, mais il insiste pour toujours le faire lui. En fait, il ne veut plus que je fasse les courses parce que je retire souvent les articles des rayons pour les compter. Je ne vois vraiment pas où est le mal. Je pousse l'assiette, dégoûtée, je lui donne mon plat à cet homme... Oh, est-ce que c'était vraiment mon plat ?
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MessageSujet: Re: Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens   Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens EmptyJeu 1 Juin 2017 - 15:52

Toc, toc, toc fait le vent qui frappe à ma porte,
Il soulève les rideaux et se brise sur les carreaux.
J’AI OUVERT LA FENÊTRE, T’AS VU.

Je constate, je constate. Je constate dans un soupir qui en dit long de mon état passablement lassé. Je constate que tu as violemment ouvert cette fenêtre et que tu l’as laissé s’écraser volontairement contre le visage de cette femme. Contre le mien aussi probablement. Il y a des moments où j’ai vraiment envie de le tuer, une deuxième fois, pour toujours en fait. Je referme doucement la partie de fenêtre de mon côté et me saisit de l’autre pour retrouver l’enceinte fermée et agréable du petit bistro. La demoiselle risque d’avoir une bosse. Et puis tous ses couvercles entassés sont à terre. Bah, pas que ça m’intéresse plus que ça, je ne suis pas responsable des agissements de ce truc ambulant.

Si je hantais le chien là-bas, est-ce que tu m’adopterais ?

Certainement pas. D’une, parce qu’il ne s’agit pas de mon chien, de deux parce que cet animal ne mérite pas de vivre une vie avec un personnage aussi chiant que toi, de trois parce que je n’affectionne pas particulièrement les animaux. Le lamantin me fixe avec un grand sourire que je me contente d’ignorer, dirigeant mon regard vers la demoiselle. Elle se cache aussitôt le visage et je ne peux donc m’empêcher de relever les yeux jusqu’à elle. Pas de vernis à ongles mais des doigts fins et soignés. Encore beaucoup de taches de rousseur, des cheveux sombres et bouclés, presque frisés à hauteur d’épaules et aux reflets auburn. Un regard perçant bien que dissipé, des prunelles sombres et un maquillage léger au crayon autour des yeux. Je ne parviens pas à voir le reste, masqué par ses mains. Pas d’alliance ni de bagues. Ce n’est pas une femme superficielle, elle n’a pas d’accroche particulière ni ne s’attarde sur les éléments autour d’elle. Elle a du caractère, des paupières ouvertes sur le monde et un visage d’ensemble plutôt rond, les pommettes hautes. Je soupire. Est-ce que je lui fais peur ?

« Vilain ! Les esprits devraient être plus gentils que ça ! »

Je hausse un sourcil. Georges avait donc raison. Elle les connaît. Ou bien est-ce sa façon à elle d’interpréter ces phénomènes sans explication. Si vous voulez mon avis, elle n’a pas l’air tout à fait toute seule elle non plus dans sa tête. A la différence que moi, je n’ai pas choisi de me coltiner ces personnes. Je garde la bouche close et dévie mon regard sur la table. Il y a une écharde sur le coin le plus proche de moi, je ne l’avais jamais remarqué. Quoique, à la forme de cette dernière, on pourrait croire qu’elle est en réalité totalement volontaire, tant sa forme semble avoir été taillée au couteau. Les gens sont-ils à ce point ennuyés pour faire souffrir leur entourage sans raison. S’ils veulent de la chauve-souris, je la leur offre volontiers, avec un passe coupe-file pour l’asile psychiatrique, tant qu’à faire.

« Il y a 147 briques sur le mur qui longe cette table. »

Elle me sort de ma torpeur sans crier gare et je sursaute à moitié. C’est drôle, lorsque c’est Georges, je m’en contrefiche et il lui faut faire preuve d’énormément de tactique pour me surprendre. Mais d’autres voix, tout de suite ce n’est plus pareil. Est-ce qu’elle me parle ? Est-ce qu’elle est sérieusement en train de m’indiquer des trucs aussi insignifiants ? Je ne comprends pas. Et je ne veux implicitement pas tenter de comparer nos deux esprits pourtant plus proches que je ne le pense.

Est-ce que je peux tenter d’en sortir une ?

Tiens, depuis quand il s’intéresse aux discussions, le lamantin ? Et pour réponse, pourquoi pas. Je doute de cette capacité et ça te donnera une raison potentielle de te tuer à la tâche, une fois de plus. Si tu pouvais disparaître avec ton pote la chauve-souris, j’avoue que je ne vous pleurerai pas de trop.

« 68 sont de couleur cramoisi, 43 sont pourpres, 36 sont teintées de la couleur sang. »

Mais c’est pas possible, je suis entouré d’une foule de gens pas normaux, je les attire ou quoi ? Qu’est-ce que je dois répondre à ça, au juste ? Rien, probablement rien. Ou bien lui indiquer de faire quand même attention à l’écharde coupée au couteau. Ou bien si elle a un jour compté ses taches de rousseur, vu son affinité avec les chiffres. Est-ce que je suis capable de faire de l’humour, au moins. Non, je ne pense pas. J’ai bien trop la tête sur les épaules pour m’essayer à ça. Je risquerai de faire un plat. Et j’ai trop de fierté pour me ridiculiser en public. Je préfère paraître froid et distant bien que mon attitude de base soit plutôt sympathique. Vous remercierez les parasites pour ces changements de caractère.
Ça me fait chier.

« Je me demande combien vous êtes à l'intérieur ? »

Mon corps se raidit avant même de laisser à mon cerveau le temps d’accuser la phrase. Mon visage se tourne mécaniquement vers elle et je remercie la fortune de n’avoir qu’à contempler ses mains au lieu de ses yeux. Je lui lance des éclairs, mes yeux ronds comme des boules de billard. Tu ne veux pas savoir, non tu ne le veux pas. Parce que la connaissance de ce genre de choses n’amène en général rien de bon. N’essaye pas de deviner. N’essaye pas de méditer sur cela. Tu pourrais bien te faire avaler par un puits sans fond. J’ai parfois l’impression d’ignorer combien je suis. Parfois, ma conscience a même tendance à se dissocier, lorsqu’au travers des yeux de George j’admire un nouveau type de monde. Je suis peut-être hanté par plus de fantômes que je ne crois. Peut-être certains n’élisent domicile que pour un soir, provoquant ces tremblements et nausées atroces. Parfois, je me demande vraiment ce qui fait de moi cet aimant à apparitions.

-Tu n’as pas envie de le savoir.

Je ne cherche pas à la persuader. Simplement à la mettre en garde. Par rapport à Hector. Je jette un œil à Georges d’un air inquiet mais il secoue frénétiquement la tête, ses cheveux toujours aussi légers comme s’il n’avait jamais quitté l’eau. Hector n’est pas pressé de sortir de son cocon agréable. Qu’il y reste. Qu’il y reste et se taise à jamais. Je secoue la tête. On m’apporte mon plat mais la dame l’accapare avant de me laisser cligner des yeux. C’est. Une. Putain. De. Pile. Electrique. Donnez-lui sa dose d’adrénaline et qu’on n’en parle plus !

« Ce n'est pas ce que j'ai commandé monsieur ! »
-Non, forcément, puisque c’est mon repas.

Dans cette réponse, je me saisis lentement mais sûrement du bord de l’assiette et la rapproche en douceur de ma personne. Je visionne en coin la présence de Georges mais le repère à quelques mètres, semblant s’amuser avec le fameux chien dont il me parlait. Aucun risque de vivre une de ses mauvaises blagues pour ce repas, visiblement. Je reste silencieux et m’attaque donc à ce met dont je ne raffole pas particulièrement. Le poisson est légèrement doré, un morceau de beurre y est soigneusement déposé, il y a un peu d’ail et de fines herbes aussi, accompagné de pommes de terre nouvelles et d’haricots blancs. Le plat du pêcheur par excellence. Il y a également une petite tâche de sauce au beurre sur le bord de l’assiette ? Je l’efface de mon index et le porte à ma bouche. C’est une éclaboussure, certainement causé par la rapide prise du plat par la demoiselle ou en cuisine. Je ne sais pas. Je baisse les yeux sur mon poisson. J’espère qu’il n’y a pas trop d’arêtes.


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La petite tournelune parmi les tournesols
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Quand est-ce que je mange, mon ventre est en crise, il me démange et ma concentration se brise. Je dois attendre, le temps est mon adversaire… Oh ! Dans combien de temps mon plat va-t-il arriver d'ailleurs ? J'ouvre mes doigts pour que mon regard se pose sur l'horloge, plus précisément sur l'aiguille indiquant les secondes avant de les refermer… Je me souviens alors que j'avais posé mon regard sur l'objet lorsque j'étais rentrée en compagnie de Trystepan dans le restaurant. « Personne ne sait ce dont j'ai envie… » Dis-je dans un chuchotement comme si c'était à moi-même que je parlais, mais c'est bien à lui que je parlais, à ce monsieur multi-fantôme. Mes mains cachent toujours mon visage. « Ca fait depuis 1324 secondes que j'attends mon plat, je divorce avec Trystepan. » Il me veut du mal, j'ai faim. Et je suis sur le point de mourir de faim, c'en est fini de moi. Un poisson ne saurait comblée ma faim, les poissons ne sont pas fiables non-plus. 
Oui. Les poissons sont diaboliques même mort, ils veulent te tuer avec leur arme vachement dangereux : les arêtes ! Ah ! Quelle terreur… elles sont fines et transparentes. Némo et Doris sont de sournoises créatures. « Je me demande combien d'arêtes meurtrières constituent ce poisson ! Laisse-moi les compter étranger ! » C'est presque là un ordre, c'est peut-être comme ça qu'il le verra. Trystepan dit que je ne sais pas parler aux gens, je n'ai pas cette capacité sociale à comprendre les relations humaines. Bah… C'est juste que c'est plus intéressant de compter les pigeons parisiens plutôt que d'essayer de parler aux parisiens. J'ai choisi un exemple fort intéressant en effet. J'écarte mes doigts pour jeter un œil de nouveau sur l'étranger, juste l'espace d'un moment. Mais durant ce petit moment, je vis mon major d'homme en train de me chercher, dandinant son cou de gauche à droite dans chaque direction. Je pouffe de rire avant de me cacher sous la table.

« Est-ce que tu sens des pieds, dis ? Il paraît que les hommes sentent beaucoup à cet endroit. » Dis-je me mettant accroupie, recroqueviller sur mes jambes. Je retire mes mains de mon visage, puisque sous la table personne ne pouvait me voir, j'étais invisible. Ah ! Mais pourquoi je me cache de Trystepan ? C'est lui qui a mon plat ! C'est terrible, que devrais-je faire du coup ? Maintenant que je suis cachée, il faut forcément qu'il me trouve pour que je sorte de ma cachette, non ? Je récupère les couvercles, c'est cool que le serveur ne les a pas ramassés. Il ne les a peut-être pas vu, je me demande pourquoi. J'aligne les couvercle, c'est beau quand les objets sont alignés. Leur forme se répète d'une belle symétrie. Les couteaux alignés avec d'autres couteaux et les fourchettes alignées avec les autres fourchettes, les cuillères alignées avec les cuillères, trois lignes qui sont parallèles. La symétrie, les lignes, les parallèles : c'est d'un sublime.
« Je me demande combien il a de fantôme... Il n'a même pas répondu, ce vilain. » Chuchotai-je assez fort pour que l'intéresser puisse m'entendre, bien que je ne cherchais pas vraiment à ce qu'il m'entende. Quand je pense à voix haute, je ne fais pas attention, de toute façon je suis dans ma bulle selon Trystepan. Du coup, j'agis apparemment comme si j'étais toujours toute seule. Mais c'est faux, voyons. Je ne vois pas ce que mon comportement a de si anormal, parce que je considère que je me trouve dans la norme moi. J'aime juste beaucoup les chiffres, c'est quoi le problème avec ça ? Je chuchote de nouveau... « Bah.. Il ne sent pas de pied finalement. » Que c'est décevant, lui et Trystepan ne sentent pas des pieds, du coup que suis-je censée penser de cette théorie qui me plaisait beaucoup ? Pour mes études j'ai dû attendre que Trystepan dorme pour pouvoir sentir ses doigts de pied, parce que ce méchant ne voulait jamais me laisser les sentir.

La science n'attend pas ! Alors, j'ai rusé ! J'ai mis des cachets dans son café, puisqu'il ne dort jamais tant que je ne dors pas avant et il est toujours debout avant moi. Il dit que c'est pour préparer mon petit déjeuner que je prends souvent sans gluten à quelques exceptions. Il n'est pas question de problème de santé, c'est juste qu'il a peur que je me mette à compter les graines de céréale et les miettes de pain, au lieu de manger.
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MessageSujet: Re: Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens   Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens EmptyMar 6 Juin 2017 - 19:12

En partant à l'école ce matin
J'ai croisé un petit chien malin
Il partait en voyage et…
Dis, tu veux vraiment pas un chien ?


Je hausse un sourcil et concentre mon attention sur l’amusement qu’à l’air de ressentir le bichon frisé deux tables plus loin. Son pelage blanc comme neige, ses pattes courtes et gratteuses s’activent et rayent la boiserie au sol en émettant un cliquetis sonore désagréable. Sa queue rythmée comme un métronome s’autorise de temps à autre un looping avant de battre de nouveau la mesure. Sa toilette est correcte, ses boucles entortillées le font paraître arrondi mais je me persuade de songer, d’après son amplitude de mouvement, qu’il ne s’agit que d’un leurre. Ses maîtres ne savent décidément ce qui lui prend tandis que j’observe, amusé malgré moi, Georges taper le sol devant le canidé. Les animaux ont toujours eu ce petit quelque chose. Nous pouvons les penser fou mais il n’en est rien. Ils voient au-delà de nos yeux, ils perçoivent au-delà de nos sens. Je le découvre dans ce genre de scène quotidienne.

Le couple au chien blanc comme neige relève un regard vers moi et contemple mon visage à moitié amusé. Quelle autre réaction pourraient-ils avoir que de me penser à l’origine de ce tumulte. Ils n’en cherchent pas la raison, seul leur est nécessaire de trouver un coupable, une explication probable au trouble qui percute l’épaisse carcasse de la logique. Je me détourne sur ma bière sans rencontrer leurs prunelles inquisitrices. Après tout, c’est vrai, je suis en quelque sorte responsable du soudain éclat de folie de leur chien. Non, je ne veux pas d’un animal chez moi.

« Personne ne sait ce dont j'ai envie… »

Et l’autre demoiselle poursuit son discours. S’est-elle échappée d’un quelconque asile ? Si c’est le cas, je me porte garant pour l’y ramener séance tenante. A quoi s’attend-elle, qu’on lise dans ses pensées ? Bah voyons. Il ne manquerait plus que ça. Sincèrement, j’étriperais bien toutes les personnes capables de ce genre de choses, si cela existait. Personne ne devrait avoir le droit de fouiller dans les pensées des gens, ce serait tout à fait irrespectueux. Je ne m’occupe pas de cette femme et entame mon repas. Elle finira bien par se lasser un jour ou l’autre, personne ne parle réellement tout seul, il s’attend constamment à recevoir un public. Si je l’ignore, sans doute va-t-elle s’arrêter. Si non…

« Ca fait depuis 1324 secondes que j'attends mon plat, je divorce avec Trystepan. »

Je pose ma fourchette et malaxe entre mes dents la pauvre pomme de terre. La fine peau éclate et me procure un doux sentiment de satisfaction. Ne pense pas, oublie cette brunette aux cheveux bouclés et son fanatisme poussé pour les chiffres. Concentre-toi sur ton repas. Juste ton repas. Georges, s’il te plaît, calme-moi. Calme-moi, je me sens partir. L’écho cristallin de la fourchette sur l’assiette en céramique fait relever la tête du fantôme annexe. Doucement, il se lève en caressant une dernière fois l’épaisse touffe de poils semblable à une grosse boule de neige. Son allure cadavérique monte jusqu’à moi et traverse la table. Seul son visage de guignol m’apparaît, sans m’amuser. Au contraire, le goût sur ma langue se transforme en gelée amère et me procure frissons et nausées.

Et tu n’as plus que trois pommes de terre.

Il sait que cela ne m’amuse pas, aussi n’insiste-t-il pas. Il plonge tête la première sous la table et se place aux côtés de ma compagnie du jour. Son silence, son calme, je sais ce que cela cache. Il le perçoit, cet amas de colère qui remonte le long de mon œsophage, lentement, comme une boue qui obstrue progressivement mes parois. Hector ne parle pas, Hector n’existe pas, c’est un sentiment de rage pur. Si pur qu’il m’en fait tourner la tête. Mais je peux encore le retenir. Elle s’exprime une nouvelle fois, m’appelle étranger, m’ordonne, foutaises ! Pour qui diable se prend-t-elle ? N’est-il pas possible d’obtenir une discussion normale avec ce genre de personne ? Je capte son regard et en suit l’orientation. Un homme, plus loin. Serait-ce le fameux Trystepan ? Outre ce nom sorti de nulle part, ridicule et totalement hors d’usage, je songe pourtant bien à me servir de lui si réveiller cette illuminé est impossible. Quelqu’un devrait réagir, non ?!

Le serveur passe par ma table. Doucement, je lui glisse quelques mots à l’oreille. Son expression me conforte dans mes doutes. Evidemment, ce sourire forcé, cet air coincé, cette démarche fuyante, tout indique un « non ». Il n’y a donc aucune autre place de disponible dans ce bouiboui infect. N’y a-t-il décidément personne pour comprendre ce que je ressens ?!

« Est-ce que tu sens des pieds, dis ? Il paraît que les hommes sentent beaucoup à cet endroit. »

C’en est trop.
Elle descend – se cache – sous la table, comme une gosse de maternelle et emporte les couverts avec elle. Lorsque le dernier couteau disparaît de ma vue, je me lève brutalement. Le crissement subit de ma chaise fait sursauter les quelques personnes alentours et fait naître chuchotements en tout genre. Un grésillement sourd commence à percer ma boîte crânienne, mais je n’ai pas l’envie de le faire cesser. Je regrette toujours après les actes, mais jamais avant ni pendant. D’un pas nerveux, je me dirige à toute allure vers le personnage nommé Trystepan. Ma vue s’obscurcit, je ne remarque plus les détails même si tout me porte à croire que j’ancre mon regard sur le sien. Au loin, bien loin, il me semble entendre la voix du fantôme du lamantin, plaintive.

Laurens…
-La ferme Georges, je me contrôle.

Les mots dépassent la pensée et je crie presque.

Non, je ne me contrôle pas, je ne me contrôle plus. Ce sentiment de plénitude m’envahit et pénètre les pores de ma peau. La bouillasse accueillante d’Hector tombe en harmonie avec mes ressentiments, se forme et m’entoure pour ne faire qu’un. J’attrape le pauvre homme par le col et me concentre sur celle qui m’a éveillé, qui me fera regretter les gestes à venir, la responsable d’un potentiel presque attentat. Qu’adviendra-t-il de moi ? En pleine ville, je risque la prison. La perpétuité. Arriverais-je à m’en sortir, comme toutes les autres fois ? Devrais-je quitter mon pays natal et m’exiler à l’étranger le temps de faire retomber la pression ? Ce pourrait être bien pire que cela. Je ne l’ai jamais fait en ville. Devant autant de témoins. Je risque beaucoup. Mais il est déjà trop tard, ça ne s’arrêtera pas. Pa maintenant, pas tant que le sang n’a pas coulé.

J’approche Trystepan de la table sous laquelle se trouve cette terrible rencontre, attrape mon propre couteau et le plante dans la table. C’est un message clair. En articulant bien mes mots, d’un air quasi enjoué, je lance :

-Bien. Par qui je commence ? La petite péronnelle demeurée ou son pote pas foutu de lui mettre une muselière ?

J’entends prononcer de nouveau mon nom, dans mon dos cette fois-ci. Qui est-ce ? Ah, le barman probablement. Ses babillements m’auraient presque fait songer à un enfant de quatre ans. Tout se déforme et se mêle dans mon esprit. Son visage, son air accueillant me paraissent tout à coup puéril et fade. Comment ai-je pu être aussi aveugle ?

-Laurens, calme-toi, qu’est-ce qu’il t’arri…

Un couteau lancé à pleine allure effleure de peu son visage, finissant sa course dans le miroir éclatant aussitôt en mille morceaux. Mille ans de malheur. Un demi-sourire apparaît sur le coin de mes lèvres et je hausse les épaules, tourné de moitié vers le bonhomme momifié sur place.

-J’attends une réponse alors boucle-la. Merci.

Je me tourne de nouveau vers le joli couple. Eh bien, eh bien, tant de silence dans cette assemblée.

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MessageSujet: Re: Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens   Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens EmptyMer 7 Juin 2017 - 0:15

La petite tournelune parmi les tournesols
Laurens & Annie

Oh ! Il se lève brusquement ? J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ? Je ne pense pas, il doit probablement avoir une envie pressante. Il y a deux directions pour aller aux toilettes dans ce restaurant en plus d'avoir deux toilettes publiques. Il y en a un ici et un à l'étage du dessous, parce qu'il y a aussi des tables où manger à l'étage du dessous. Je suis partie fouiller alors que je n'avais pas le droit, apparemment c'est ouvert que le soir en bas. Je me baisse pour voir où il se dirige. Hum... Il va dans la mauvaise direction s'il veut faire caca. Oh ? Oh la la ! Il va vers Trystepan, il est fou ! Il va me faire griller. Un cri... Puis, il attrape par le col Trystepan... Oh la la ! Je n'ai moi-même jamais fait ça à mon majordome, surtout parce que je sais de quoi il est capable. Ne sent-il pas la magie qui émane de ce vieil homme ? Ou est-il simplement suicidaire, même au sein de la famille on ne sous-estime pas cet agent retraité de Croix, parce que ce genre de vétéran ça encore de la ressource. Du coup, je suis plus inquiète pour lui que pour Trystepan lorsqu'il l'amène jusqu'à moi.
Oh la la ! Il est en colère le jeune homme, il devrait compter les couvercles que j'ai étalés sous la table avec moi, il verra que tout ira mieux après. Il plante un couteau sur la table, un couteau que je veux rajouter à ma collection en dessous de la table. Mes yeux se plantent sur ceux de Trystepan, son regard est vide... Et pendant que notre ami est préoccupé à balancer un couteau vers le barman je fis un léger geste négatif de la tête à mon majordome... Afin qu'il laisse sa lame bien ranger sous sa manche. Bah, oui, si nous le tuons, on peut être sûr que la cible pour laquelle on est venu à la base va fuir dès que la police va arriver sur les lieux... Parce qu'il est dans cette ville notre petite cible, on l'a même déjà trouvé... du coup, on s'apprêtait à manger un petit bout de quelque chose dans ce restaurant avant de reprendre la mission. Si on fait trop de grabuge et qu'on attire la police, bah ce n'est pas gagné pour la discrétion.

Je soupire un moment, agacée et un peu ennuyée, avant de me redresser, cachant la moitié de mon visage avec le col long de mon pull. « Endors les autres Trystepan, je m'occupe de celui-là. » Dis-je, peut-être un poil énervée, ne comprenant pas cette hostilité, en fixant notre ami le colérique. Le vieil homme acquiesce de la tête avant que son corps se volatilise pour réapparaître plus loin. A la suite, les gens reprit leur activité, mais de manière moins naturelle, comme si tout leur mouvement était mécanique... D'ailleurs, aucun d'eux ne clignaient de l'œil, ou ne parlaient désormais. Un silence total, dans un mouvement morbide. « Je veux bien que tu commences par moi, ne me déçois pas petit. » Voix est bien plus froide qu'au début, plus sérieuse et menaçante. Il faut bien être sérieux de temps en temps, sinon je tiendrais difficilement ma place au sein de Croix. Toutefois, je ne veux pas le tuer, mais je ne compte pas non plus le laisser me menacer tranquillement. Je n'aime pas me battre, mais bon... Quand on est une sorcière qui passe sa vie dans des missions d'assassinat, bah on n'a pas le choix que de forger son corps au combat...
Du coup, j'espère pour lui que lorsqu'il menace une personne, c'est que derrière il a vraiment quelque chose à prouver. Je n'aime pas l'expression de mes yeux, je sais qu'en ce moment elle dégage ce petit quelque chose de froid, cette intention que j'ai qu'on je dois prendre une vie... Que c'est ennuyeux, j'aimerais laisser toutes mes missions à Trytepan pour ne plus avoir ce regard. Ah ! Je veux cacher mes yeux ! Alors, c'est quoi son petit truc à celui-là ? Bon, il est magique... mais est-ce un humain, un sorcier ou un mêlé ? Je laisse ma magie s'élever dans les airs avant d'activer l'obscurantisme, les mains jointe dans le dos... Je laisse la brume obscur se déverser sous mes pieds, l'homme n'y verra rien étant donné que la table fait office de voile. L'ombre s'étant sur le sol petit commençons à ronger ce dernier. De petits parasites constituent cette ombre, des cellules qui dévorent la manière petit à petit et se divisent pour s'étendre... Elles vont peut-être avoir leur utilité pour calmer monsieur le colérique.
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MessageSujet: Re: Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens   Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens EmptyLun 19 Juin 2017 - 22:24

...

L’apparition me semble si lointaine, si diffuse, aussi silencieuse qu’une plume attirée vers le sol. C’est à peine s’il m’observe, Georges. Ses yeux sont vides, son sourire figé dans une autre époque. Dans une autre dimension. Il me paraît si livide, si transparent. Les grésillements se callent à son image floutée, bloquée. Il est concentré, Georges, n’est plus ce petit enfant certainement mort noyé. Son visage prend de la maturité et il comprend que la chauve-souris prend rapidement le pas sur son ancre. Une ancre si fragile, si humaine, si réceptive à son environnement. Il pense que Laurens pourrait se contrôler, puis il songe à une manière de régler son compte au poltergeist. Mais il n’a aucun pouvoir sur cette déferlante de haine. Il se contente d’observer, neutre, impartial, spectateur, la scène tragique en cours. Il prie pour que tout ne se finisse pas dans un bain de sang, mais il doute, à chaque fois. Georges est une personne foncièrement gentille et il apprécie son enveloppe humaine plus que tout.

Alors, lorsqu’il le voit se lever et l’insulter, il sait que Laurens n’est plus Laurens. Une flamme brûle dans ses yeux, teintée dans un vert profond, aussi profond qu’une forêt de sapins. Hector est devant lui, Hector lance le couteau et effraie son monde. Laurens s’en voudra certainement longtemps, comme à chaque fois. Et Georges, Georges essayera de se faire détester un temps pour reporter la culpabilité de son humain sur d’autres émotions moins dévorantes.

Il le fixe sans mot dire et s’en éloigne juste assez pour ne pas subir un coup. Pour ne pas sombrer lui aussi dans la folie démesurée de cet individu. S’il le pouvait il l’en débarrasserait sur-le-champ. Mais il n’osait pas. Il craignait pour sa vie. Ou plutôt sa deuxième vie. Alors, il attendait.

« Endors les autres Trystepan, je m'occupe de celui-là. »

Son regard se tourne vers la deuxième actrice. Une dame aux cheveux bouclés et courts. Il la trouve plutôt mignonne et apprécie son regard enfantin. Il est sûr qu’il aurait pu être ami avec elle. Surtout qu’elle, elle pouvait le voir. Mais le chien avait attiré son attention avant. Et les animaux seront toujours mieux que les humains. Le petit métis se concentre sur Laurens mais son aura envahi toute la pièce. Il voit tout. Il faiblit face à la puissance dégagée par Hector et préfère rassembler ses forces en ne paraissant plus et en se contentant d’être. Un souffle, une poussière, de l’air. Il sent une tension chez l’homme que la dame nomme Trystepan. Il ne sait pas si Laurens pourrait gagner contre lui alors il remercie mentalement la jolie dame. Georges n’a pas la force de parler, il transmet des émotions. La reconnaissance. Il l’envoie sur la dame, sans savoir si elle la recevra.

« Je veux bien que tu commences par moi, ne me déçois pas petit. »

Il secoue la tête. Non, non, il ne faut pas qu’ils se battent. Il voit une drôle de magie autour d’elle. Une magie consommatrice, un poison noir qui investit tout ce qu’il touche, détruit. Georges est content d’avoir Laurens, parce que rien de tout ça ne peut l’affecter. Il diffuse un sentiment de prévention, incapable de développer davantage. Il faut qu’elle sache. Elle doit répondre avec la force physique. Uniquement la force physique. Elle ne peut l’attaquer autrement et finira par le découvrir bien assez tôt. Très tôt. Immédiatement.

Le presque quadragénaire aplatit sa main sur la table devenue noire, d’un noir d’ivoire. Celle-ci reprend peu à peu sa couleur d’origine, à l’emplacement de ses doigts. C’est une sorcière. Il est un humain doué, avec un don rare. Il espère que la demoiselle sache se défendre mais que le vieillard Trystepan ne viendra pas tuer Laurens. Il n’aime pas la mort. C’est triste, sombre et son humain n’a pas mérité ça. Son humain qui reprendra conscience plus tard, comme à chaque fois, sans aucun souvenir. Qui refoulera la magie et ses capacités malgré l’absolue évidence actuellement démontrée.

-J’espère que tu seras satisfaite.

Georges voudrait fermer les yeux et les rouvrir à la fin, quand tout irait mieux, quand Laurens serait assis sur un banc dans un parc à plus de deux heures du matin, luttant pour trouver le sommeil après deux journées d’insomnie. Il irait le réconforter et parviendrait finalement à lui faire décocher un sourire. Il voulait être là. Georges souffrait. Il sentait la minuscule conscience de son humain happée par un tourbillon de violence et de haine. Il tâchait de l’entourer d’un halo protecteur avec ses faibles compétences Georges, mais ce n’était pas bien efficace vis-à-vis du torrent ardent nommé Hector.

Il visualise. Il supplie la demoiselle au gentil regard d’épargner Laurens, de le ramener à la raison. Il ne sait pas s’il la perçoit, mais si c’est une sorcière, il y a peut-être une chance. Hector balance la table obstruant son chemin et se fraye directement un passage jusqu’au cou de la gentille demoiselle. Il suffirait d’une petite quantité de sang pour que Laurens reprenne petit à petit ses esprits, doucement, très lentement. Cela pouvait durer des heures, ou quelques minutes à peine. Tout dépendant de la vigueur de son humain. De sa volonté. Hector le savait pertinemment et appréciait donc le travail « bien fait », sans tâche. Il aimait se lancer dans des figures acrobatiques dignement apprises par Laurens quand il était plus jeune mais ce n’était pas le cas ce soir. Il ne voulait pas s’amuser, juste tuer. Etouffer sa victime et en terminer. C’était assez inhabituel. Peut-être en avait-il peur, pour une fois ? Difficile à dire. Il plaqua la demoiselle au mur le plus proche, la main fermement accrochée à son cou, sans mot dire.

Oui, peut-être en avait-il peur.

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MessageSujet: Re: Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens   Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens EmptyVen 30 Juin 2017 - 2:21

La petite tournelune parmi les tournesols
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Répands-toi Ô douce obscurité, déversez-vous sur ce sol mes braves petits parasites qui de mon sang, mon ADN vous prenez forme. Répandez-vous comme cette peste noire, Ô toi qui pourrait incarner sans grand mal la maladie… Mon tendre et vicieux petit Virus. Ce pauvre homme semble avoir perdu l'esprit, peut-être serait-il mort si j'avais laissé faire ce vieil homme dont l'apparence frêle et décrépie par l'âge, n'est qu'une vile mascarade. Oui répandez-vous, Ô ténèbres dans lesquels je me laisse si souvent bercer, trouvant réconfort dans ses bras si fétides. Noire obscurité qui disparaît dans le sol à travers les fentes et fissures du plancher de bois, va donc te repaître des fondations. Tu es un pouvoir qui échappe souvent à mon influence, mais peut importe j'ai seulement besoin que tu te répands sous nos pieds, sombre petit obscurus, mon ténébreux petit pouvoir.
J'observe l'homme annihiler une partie de ton corps qui avait bien trop vite échappé à mon contrôle et s'en était allé se répandre là où je ne l'avais pas envoyé dont cette pauvre table… Adieu pauvre poisson que je n'aurais jamais mangé, mes parasites ne laisseront rien de cette matière organique. L'homme possède un pouvoir fort problématique, mais qu'importe ce n'est pas comme si je comptais utiliser mon pouvoir sur lui de toute façon... Seul le sol m'intéresse. « Il est constitué de deux-cents quarante-six planches. » Dis-je en même temps que l'homme semblait me dire quelque chose que je n'ai pas entendu. « Il doit y avoir probablement le même nombre de planche à l'étage du dessous... Et si on allait compter ? » Demandais-je, alors que l'homme balance la table rageusement avant de me prendre par le cou. Oh mon dieu, il me touche, il me touche... Il n'a pas le droit si je ne lui ai pas permis, c'est terrible. Je vais perdre mon âme...

Je pose mes mains sur la moitié de visage qui n'était plus caché... PROXIMITE... Il a brisé ma proximité. Pourquoi il n'a rien lorsque je lui envoie des attaques d'illusions... Pourquoi il me voit encore, je vais perdre mon âme. « Aaaaah ! Vilain ! Ce n'est pas ainsi qu'on doit traiter une dame. » M'exclamais-je d'une voix bien basse à cause des mains de l'homme qui serra ma gorge. Alors l'une de mes mains glisse le long de son ventre muscler pour infiltrer son pantalon et son caleçon. PROXIMITE. Ma main caresse très rapidement son engin de reproduction, avant de s'arrêter sur ses testicules. Mon visage est probablement rouge, il sert tellement fort que je ne respire plus, je ne peux même plus émettre de son par voie orale. Ma vue se trouble... Mais voilà, aussi vite que ma main avait infiltré son pantalon sans qu'il s'y attende, aussi si vite mon poing se referma sur les testicules de monsieur. Ceci avant de profiter de la douleur pour lui foutre un coup d'épaule, une de mes jambes derrière la sienne pour le faire basculer.
« Je connais la mensuration de ton zizi au repos... Tu veux bien faire l'amour avec moi ? » Que je puisse mesure ton pénis à l'effort... Je sens une douleur à la tête peur après avoir sentie comme un léger choc... « Aïeuuh ! Méchant ! » M'écriais-je en me retournant vers Trystepan qui venait de me donner une tape derrière la tête beaucoup trop forte. « Madame, un peu de sérieux et de tenu je vous prie... » Dit-il en observant l'homme que je venais de bousculer... Tandis qu'il se relevait, je m'exprime, mes mains derrières la tête. « C'est bon j'ai fini avec lui moi. » A mes mots le plancher craquetait sous les pieds de l'homme en face de nous, avant de s'effondrer sous ses pieds, tombant à l'étage du dessous. « Vous avez relâché l'obscurantisme ici, Madame ? » Demanda Trystepan un peu inquiet... « Bah oui, pourquoi ? » Demandais-je naïvement alors que je penchais ma tête au-dessus du trou en faisant un coucou à l'homme en bas. « Mais... où sont vos parasites ? »

Ah ? La question laisse place un moment de silence avant que le plancher sous nos pieds s'effondre aussi. Nous tombâmes nous aussi au niveau du dessous. « Aïeuh, c'est ta faute Trystepan, tu m'as déconcentré. » Je le tape plusieurs fois à l'épaule. Le miasme de ténèbres fini par tomber comme une fine pluie de cendre d'un noir profond au-dessus de nos têtes. « Les parasites meures, Madame. » Mon regard se pose sur l'homme qui avait perdu la boule. « Je veux ton pénis ! » Dis-je avant de recevoir une deuxième tape derrière la tête, plus forte que la précédente... « Mais quand Trystepan ne sera plus là. » Trystepan m'attrapa l'épaule avant de me téléporter à l'étage plus haut... La téléportation n'est pas son don premier, mais il s'en sort pas mal avec. Il peut faire deux ou trois petits sauts à courte distance, au-delà ça, il commence à fatiguer. « Nous devons y aller Madame, il fort probable que notre cible ait déjà repéré notre magie. » J'acquiesce de la tête... avant de rajouter en direction de l'homme à l'étage du dessus.
« On se reverra pour que je puisse mesurer ton pé... » TELEPORTATION hors du restaurant. « ...nis ! » Je me retourne vers mon majordome avec une bouille boudeuse. « Je parlais à mon petit copain ! Jaloux. » L'homme soupira avant de reprendre la route et que je me mette à la suivre silencieusement. « Trystepan ! » L'appelais-je, il ne se retourne pas mais répond. « Madame ? » Un instant de silence s'installe et je rajoute. « J'ai faim... »
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MessageSujet: Re: Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens   Ca n'a pas de sens de donner du sens... | Ft. Laurens EmptyMar 11 Juil 2017 - 18:07


Laurens n’entend rien, il ne perçoit rien. La si belle et délicieuse lumière de la haine l’enveloppe et le chouchoute à merveille, comme une mère. Au loin, le spectateur de cette tragédie tente de ne pas y accorder une trop grosse attention. Il sait que d’ici quelques minutes, la tempête finira par se calmer, par s’apaiser. Peu à peu, son délicieux humain finira par reprendre ses esprits et chasser celui qui le menace tant.

Pour le moment donc, il se contente d’envoyer ses ondes sur la demoiselle. La prévenir, la supplier. Mais rien n’y fait, la petite boule qu’il est devenu n’est plus capable de quoi que ce soit et cette dame semble hermétique à tout son environnement. Ce n’est pas le désespoir qui ronge Georges, simplement la frustration. Une frustration profonde et réelle qui, durant un instant, parvient à le faire douter de sa condition de fantôme tant cette dernière lui semble si franche, si véritable. Son incapacité à pouvoir devenir acteur de cette dorénavant comédie le mettrait bien hors de lui s’il ne l’avait pas déjà été. Voilà qu’il constate à présent la proximité entre les deux personnages. Des remarques fusent et s’intéressent aux attributs typiquement masculins. Georges est mort jeune, il n’a pas tout à fait la notion de toutes ces piques balancés de manière tout à fait tranquillement. La réaction d’Hector en revanche est assez problématique… pour un temps. Le voilà bien forcé de se calmer lorsque par une méthode tout à fait déloyale la demoiselle parvient à se sortir de l’étouffement dans lequel elle était plongée de force.

L’homme virevolte un instant pour garder contenance et tenir sur ses pieds malgré la douleur lui tenaillant l’entrejambe et se stabilise peu de temps après. Temps suffisant pour mettre en lumière la troisième enveloppe charnelle de cette pièce de théâtre. Un homme grand, vieux, le fameux Trystepan. Georges reste les yeux rivés sur son ancre humaine. Il voit le sol craqueler en instant et céder sous le poids des chaises et personnes alentours. Les humains tombent, tombent comme des mouches et certains s’écrient, reprenant peu à peu le pas sur l’enchantement du vieil homme. Tout pourrait bien finir par tourner au vinaigre. Abasourdi, le jeune garçon se surprend à reprendre aisément sa forme spectrale. Hector doit avoir été secoué par le choc. Comme un élastique, il s’est détendu en relâchant la lourde pression sur Laurens. Se précipitant sur ce dernier un peu – beaucoup – sonné. Sa tête semble le faire souffrir et un léger filet de sang transparaît sur sa tempe à la naissance de ses cheveux. L’étage inférieur semble accueillir une cave à vin et les nombreux éclats de verres prennent un malin plaisir à s’encastrer dans les chairs.

Laurens, Laurens, il faut que nous partions.


Je peine à ouvrir les yeux. La poussière, la douleur me fait tourner la tête et cette affreuse odeur de sang me dégoûte. J’ignore ce qu’il s’est passé, j’ai encore du mal à savoir où je me trouve ou même à considérer la position assise. Il m’est si difficile de percevoir le son du lamantin et pourtant sa voix résonne dans ma tête. J’entends des exclamations, des bégaiements, des jérémiades. Tout autour de moi me semble si lointain et si proche. J’entends un craquellement et ma main vient faire barrage au potentiel danger en me protégeant le visage. Le bruit survient un peu plus loin et le sol s’affaisse un peu plus.

Au loin, il me semble percevoir deux échanges. Deux échanges finalement assez peu semblables aux réactions plaintives des autres personnes présentes. Comment peut-on décemment s’exprimer aussi clairement après une telle chute ? Je me masse la tête et prend appui sur mes mains et bras égratignés pour me relever. Georges m’assiste mentalement à défaut de n’avoir pas plus de présence que le vent. Il me semble que la demoiselle si étonnamment active et à côté de la plaque s’adresse à moi. Je relève la tête d’un air douloureux et parvient à fixer les deux personnes. Un nuage de cendres nous entoure. Que s’est-il passé ?

« On se reverra pour que je puisse mesurer ton pé… »

Pé ? Je cligne des yeux et l’instant d’après le duo n’est plus. Je dirige mon regard affolé vers Georges, bien plus accaparé par mon état. Ma bouche s’ouvre pour détailler et mettre des mots sur la disparition de la demoiselle et de son compagnon. Georges secoue la tête.

Il faut vraiment partir.

Je… n’ai pas de mots. En un instant, Georges m’indique sou un tas de décombres la porte menant à l’étage du dessus. Je suis encore bien sonné et mon corps endolori mais ça ne m’empêche pas de juger les paroles de mon lamantin comme étant véridiques. Si je me fais attraper maintenant, c’est la fin. Les personnes alentours ont bien du mal à émerger, moins bien que moi en tout cas. Je décale les débris et tire un grand coup pour libérer la porte et me frayer un chemin jusqu’en haut. On aurait pu croire que cet endroit venait d’être assailli par les flammes mais seul le sol témoigne de ces stigmates. Je m’attarde sur la chose, fronçant les sourcils, tâchant de me souvenir des récents événements mais n’y parvient absolument pas.

Laurens…

-J'arrive.

L’animal me presse et se dirige vers la sortie. Je n’ai pas l’air en bon état mais pas non plus au bord de la mort. Sans m’occuper du reste, je prends un des manteaux disposé là, vide les éventuelles poches et sort discrètement de la bâtisse qui ne tarde déjà pas à attirer bon nombre de curieux. Un dernier regard pour cet intérieur et ma présence se fait aussi discrète qu’un fantôme.

[FIN]

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