Ça faisait déjà quelques jours que les deux sorciers s'étaient quittés. Et comme prévu, le manque s'était fait ressentir aussitôt qu'ils s'étaient séparés. Il était pire qu'une drogue. Soit il était là et le sentiment partait, soit il n'était pas là et le sentiment revenait immédiatement. Juste sa présence lui suffisait. C'était dingue, complètement hallucinant. Elle redoutait la prochaine rencontre autant qu'elle la désirait, car le sorcier ne serait peut être -surement même- pas sous emprise de l'alcool. Et alors, il ne serait pas content du tout. Elle le savait, le David doux c'était l'opposé du David normal, celui qui ne sortait qu'après la bouteille de rhum enfilée. Et même une fois la bouteille enfilée, il avait eu un passage de "retour à la normale" dans les champs. Il ne lâchait jamais le morceau, tenace jusqu'au bout. Namyon se demandait ce qu'il pensait de leur dernière rencontre. S'en souvenait-il seulement? Et si c'était le cas, comment allait-il réagir en la revoyant? Ils s'étaient presque fait une déclaration d'amour bon sang! Et même si les mots n'avaient pas été dis, ils avaient été sous-entendus tellement de fois... Mais ils n'étaient pas sortis. Qu'en conclure?
Elle secoua la tête pour éloigner ces pensées, mais ça n'y fit rien. Il était son ennemi... Malheureusement ça faisait longtemps que cette remarque ne l'atteignait plus. Si au départ elle avait tenté de se raisonner avec, maintenant c'était trop tard. Elle était loin d'être une exorciste importante de l'Ordre. Tant qu'elle ne faisait rien contre son camp, où était le problème? Elle n'aiderait pas David dans sa tâche de sorcier noir, ne deviendrait pas sorcière noire elle même, et n'irait pas dire qu'il rôdait dans le coin à Orpheo. Voilà tout, neutre. Et si elle se faisait discrète et se faisait passer pour plus faible qu'elle ne l'était auprès de l'ordre, on continuerait à lui donner des missions d'exorcisme simple. Ça lui convenait parfaitement, comme ça pas de risque de devoir partir à la chasse aux sorciers noirs. Et donc pas de risque de devoir attraper David pour le trahir. Trahir David... Étrange pensée alors qu'il ne semblait pas lui accorder une confiance très grande. Et elle, lui faisait-elle confiance? Peut être bien que oui. C'était de l'inconscience pure, mais c'était déjà totalement fou de tomber sous le charme d'un sorcier noir quand on était exorciste de l'Ordre. Alors un peu plus, un peu moins...
Cette fois, elle n'était pas sortie pour se distraire, on lui avait confié une mission, qu'elle avait mené à bien rapidement. Un fantôme gênant. Il n'était pas resté gênant très longtemps. Malheureusement elle n'avait pas pu le raisonner, et avait été obligée de l'éliminer. Ça ne lui plaisait pas vraiment de devoir détruire les fantômes, elle considérait son travail comme bien accompli si l'esprit s'en sortait vivant et apaisé. Vivant n'étant peut être pas le mot adéquat pour parler d'un mort, mais l'idée était là.
Tout ça ne l'avait pas vraiment fatiguée. Voilà pourquoi elle était encore en train de vagabonder au lieu d'être chez elle, marchant sur la route, et donnant des coups à un caillou en regardant le sol. Premier coup, deuxième coup, troisième coup, quatrième, la pierre partit sur le côté, hors de la trajectoire de la sorcière qui releva la tête. Et elle se stoppa net dans ses pas. Responsable? David, là juste en face sur la même route qu'elle. La sorcière ne savait pas comment réagir tant la rencontre la surprenait. Si elle on lui avait dit qu'il lui suffisait de relever la tête pour tomber sur l'objet de ses pensées, elle l'aurait fait plus tôt et l'aurait probablement vu arriver. Rien ne lui venait à l'esprit, alors en désespoir de cause elle se contenta d'un petit:

- Bonjour.

Elle ne comprit rien aux évènements qui suivirent. Un coup sur son visage, et qui l'envoya par terre à cause de la force qu'il contenait. Pour un peu, il aurait pu lui ouvrir la lèvre si il avait mieux visé. Ça n'empêcha pas sa joue de se colorer de rouge et la douleur d'apparaitre. Puis la lionne vint la narguer en grondant. Cet animal... Elle se demandait toujours ce qu'elle pouvait bien avoir contre elle. Une jalousie peut être? Même si c'était totalement ridicule, elles ne chassaient pas sur le même terrain après tout. Mais ce n'était pas vraiment le moment de s'interroger là dessus. Elle n'essaya pas de se relever, regardant le sorcier serrer les poings en attendant une quelconque justification de son geste même si elle était déjà toute trouvée. Il se souvenait de leur dernière rencontre, et n'avait pas dû apprécier du tout quelque chose. Probablement l'état dans lequel il était pour tout dire.
Du point de vue de Namyon, c'était injuste parce qu'il avait acheté et bu sa bouteille d'alcool tout seul après tout. Mais la logique de David s'appuyait surement sur le fait qu'il s'était saoulé justement pour l'oublier elle. Donc que la coupable, c'était elle. Il n'avait pas tord... Sauf que dans l'histoire, elle était dans le même état émotionnel que lui. Elle n'avait juste pas été boire, elle.

- Bonjour?! Tu te fous de moi NAMYON!!

Il avait hurlé son prénom. La prochaine fois, elle se tairait. Si prochaine fois il y avait. A bien y réfléchir, qu'aurait-il voulu qu'elle fasse? L'embrasser en lui sautant au cou? Beh voyons, il aurait aussi piqué une crise de toute façon, en la trouvant trop collante. Et il aurait aussi pensé qu'elle le prenait pour une sorte de gentil. Compliqué ce sorcier, très compliqué. Il l'empoigna par son t-shirt et la souleva du sol, alors qu'elle ne répondait toujours pas. Le coup l'avait peut être un peu sonnée... Mais elle ne savait surtout pas quoi faire. Il ne l'avait jamais frappée avant. Menacée, insultée, jetée peut être, mais pas de coup. Et il voulait se battre, pas besoin d'être devin pour le voir.

- Je vais te transformer en nouille espèce d'asiatique à la gomme.

Leurs visages étaient proches, très proches, elle aurait pu l'embrasser. Elle voulait le faire d'ailleurs mais se contint, sinon le sorcier finirait par croire qu'elle se fichait de lui et qu'il ne l'impressionnait pas. C'était tout le contraire, il lui faisait peur dans son accès de rage, très peur même puisqu'elle ne voyait pas comment le calmer. Pour tout dire, elle ne savait même pas ce sur quoi elle devait essayer de s'expliquer. Il s'en voulait à lui même pour la dernière fois, et par extension à elle puisque c'était plus ou moins la responsable. Même si il était aussi responsable, puisqu'il fallait bien être deux. Elle refusait de l'attaquer, refusait de le blesser, c'était plus fort qu'elle. Parce que si elle lui faisait du mal, elle s'en voudrait automatiquement. Et pas qu'un peu. Cependant si elle ne bougeait pas, c'était un abandon. Il la frapperait, et qui sait comment il le prendrait dans sa tête?
Puisqu'elle était indécise, le feu décida de prendre les choses en main et sorti de lui même, chose qu'il ne faisait jamais et cela la ramena sur terre. Son pouvoir alla frôler le sorcier sans le toucher. Le but de la manœuvre n'était pas de menacer le sorcier, mais de faire comprendre à la sorcière que si elle ne prenait pas les choses en main, il le ferait. Et lui, il n'avait pas peur de faire mal. Alors elle se dégagea de la prise de l'homme qui n'était pas si serrée que ça, puis recula de plusieurs pas en le fixant avant de ramener le feu vers elle. Si elle se battait, elle pourrait contrôler ses coups. C'était toujours mieux que de laisser le feu faire ce qu'il voulait. Il la blessait mentalement par son attitude, énormément. Et il ne s'en rendait même pas compte.

- Pourquoi?

Décidemment, elle ramait sur les mots. Elle vit la lionne du coin de l'œil, prête à l'attaquer. Deux contre une, elle allait devoir aussi surveiller l'animal. Ah, elle devait être contente celle-là, depuis le temps qu'elle voulait l'attaquer.

- Je refuse de te faire du mal David.

Voilà. Elle ne disait pas qu'elle se laisserait faire, juste qu'elle ne l'attaquerait pas pour le blesser, jamais.

- Parce que je suis le méchant et toi la gentille Namyon. Je dois t'éclater, c'est dans l'ordre des choses.

Et si c'était la gentille qui éclatait le méchant? Mais c'était hors de propos puisqu'elle ne souhaitait pas le blesser. En plus, sa justification ne valait rien de chez rien, mais elle ne le lui fit pas remarquer. Quel intérêt de toute façon? A la place, il était plus intelligent de mettre son temps à profit pour trouver comment calmer le sorcier qui était hors de lui. Sa tête était pleine de sentiments contradictoires. Elle voulait serrer le sorcier contre elle alors qu'il voulait la frapper, elle voulait fuir le temps qu'il se calme et rester pour le calmer elle même, et tout un tas d'autres trucs du genre. Peut être qu'elle trouverait un compromis au milieu de tout ça.

- Tu refuses de me faire du mal? Je vais te donner une excellente raison.

Il était menaçant, carrément flippant. Et puis, il lui bondit dessus pour lui envoyer son coude dans l'estomac en lui attrapant l'épaule. Il ne prenait pas de pincettes, aucune. Aussi, dès qu'il la relâcha elle fit deux pas en arrière, une main sur l'estomac et en serrant les dents. Pas la peine de cacher qu'elle avait mal, de toute façon elle n'était pas faite de pierre. Mais elle ne lui donnerait pas la satisfaction d'entendre un son de douleur de sa part.

- Au début je voulais te violer. Et pis, je me suis dit que non. Si je viole quelqu'un qui me fait bander, c'est vraiment pas drôle. Alors à la place, je vais te battre, et quand tu seras à genoux, on verra si tu ne veux toujours pas te battre. Tu es pitoyable, c'est probablement pour cela que tu m'excites.

Techniquement si elle était à genoux, elle ne pourrait plus se battre. Sa logique ne tenait pas trop la route. Son histoire de viol non plus d'ailleurs. Et puis, si il était exité par ce qu'il trouvait pitoyable, il devait avoir bien du mal à se mouvoir au milieu des humains qu'il haïssait. Mais peu importe. Même si elle ne le montrait pas, ses répliques la blessaient intérieurement, quoiqu'elle puisse se dire. Et si ça la blessait autant, c'était bien parce qu'elle était complètement sous son emprise. Un peu comme enchainée sans l'être. Pas de liens visibles qui la retenaient, mais elle restait quand même parce qu'elle ne pouvait pas partir. Elle desserra les dents une fois qu'elle fut sûre qu'elle ne lâcherait pas de râle de douleur et regarda le sorcier en face d'elle.

- Toujours pas suffisant. C'est du masochisme, pourquoi tu voudrais que je te frappe à mon tour?

Cela dit, elle ne pouvait décemment pas rester sur place et se laisser frapper, ou ce serait elle qui passerait pour masochiste. Quoique vu les dernières rencontres, cet adjectif lui était déjà plus ou moins attribué. Que cherchait à faire David? Passer sa rage? Pour la sorcière, c'était ce qui justifiait ses actions en tout cas. Qu'importe, elle allait lui montrer qu'elle ne partirait pas comme ça. Il devait le savoir depuis le temps, qu'elle ne partait jamais quand il le fallait. Elle se ravança rapidement vers lui et lui envoya son poing à la figure, suffisamment lentement pour qu'il voit le coup venir et puisse le bloquer. Puis elle profita de leur proximité pour attraper son haut avec son autre main et l'attira jusqu'à elle pour l'embrasser rapidement, lui mordant la lèvre inférieure à la fin du baiser avant de reculer et d'invoquer son feu. Elle regrettait de l'avoir embrassé autant qu'elle en était satisfaite. Parce que maintenant, elle voulait recommencer. Soit, elle trouverait d'autres occasions.
La télékinésie de David était palpable dans l'air, c'était pourquoi elle avait sorti son pouvoir à son tour, histoire de pouvoir se défendre en cas de projectile qui lui serait adressé. Donc elle ne s'en servirait pas contre le sorcier, mais elle n'avait pas besoin de le lui annoncer. Volontairement, le feu flottait paresseusement dans l'air près d'elle, sans pour autant empêcher qu'on approche la sorcière. Elle le lui avait bien fait comprendre, pas touche à l'homme en face. Sinon ça se finirait mal, très mal. Elle releva son regard marron vers David et passa légèrement sa langue sur sa lèvre inférieure pour le provoquer un peu avant de lui dire:

- En général, les gentils essaient toujours de régler les choses sans se battre.

Son petit manège marcha bien, mais pas dans le bon sens. David s'approcha d'elle pour lui saisir les poignets et la forcer à s'allonger sur le sol dur, et loin d'être confortable. En fait, elle pourrait carrément s'y blesser sur les cailloux. Elle commençait a avoir sérieusement peur, et le sourire mauvais du sorcier ne l'engageait pas à aller dans l'autre sens. Ni le fait qu'il l'embrasse avec violence. Certes, ce ne n'était pas la première fois qu'il se comportait comme un sauvage, à l'embrasser sans se soucier de ce qu'elle en pensait, mais là, il y avait autre chose derrière. Impression qui fut confirmée quand il commença à bouger. Elle avait tout intérêt à s'éloigner et vite.

- T'a raison, je ne vais pas te battre. Je vais te violer. J'espère que tu ne crieras pas trop...Quoi que ça risque de me faire bander.

Elle n'avait certainement pas l'intention de se laisser violer sans rien dire ni rien tenter. Mais il la maintenait au sol, et inutile de préciser qu'il avait beaucoup, beaucoup plus de force qu'elle. Il descendit sur son cou qu'il mordit littéralement, la faisant serrer les dents de nouveau pour ne rien laisser sortir. Là, elle était loin de ressentir du désir pour lui, très loin. De la peur, de l'angoisse, un début de dégout pour son comportement animal. Jamais elle n'aurait cru qu'il irait jusque là... Voilà à quoi menait de légèrement sous-estimer un sorcier noir. Il l'embrassa à nouveau en enserrant sa tête de ses deux mains, et elle tenta de garder les dents serrées mais rien n'y fit, sa langue passa quand même. Puis elle sentit une main commencer à se glisser sous son t-shirt alors qu'il coupa le baiser.

- Tu vas voir, je vais être très sérieux Namyon. Tu m'en donneras des nouvelles chérie.

Hors de question qu'il parvienne à ses fins, mais comment se tirer de là? Elle rangea son feu pour ne plus avoir à s'en soucier et pouvoir se concentrer sur l'homme. Sa résolution de ne pas le blesser était en train de se faire ronger rapidement. La main du sorcier sortit par le haut de son t-shirt pour lui caresser le visage et cette fois, elle ne pu s'empêcher de rejeter la tête sur le côté pour se débarrasser du contact. Elle voulait faire l'amour avec lui, pas se faire violer. La situation avait complètement dérapé. Finalement, le combat n'aurait peut être été pas si mal. C'était un peu tard pour penser ça cela dit.
La jeune femme se redressa légèrement et envoya un coup de hanches assez fort pour déloger l'homme, maintenant qu'il ne lui tenait plus les poignets. Puis elle se recula sans se relever pour que sa main glisse hors de son t-shirt. Ceci fait, elle se recula jusqu'à atteindre l'herbe du bord de route. Elle tremblait légèrement malgré elle, ses bras semblant fait de tissus lui donnaient l'impression qu'il allaient céder à chaque respiration alors que son cœur battait à tout rompre. Si le sorcier avait voulu lui faire peur, c'était réussi. Tellement réussi qu'elle n'arrivait même pas à en cacher les symptômes extérieurs comme elle le faisait habituellement.

- Je croyais que ce n'était pas "drôle" de violer une personne qui te fait bander.

Sa voix ne tremblait pas, pas encore du moins. L'incompréhension se lisait au fond de son regard, demandant pourquoi le sorcier agissait ainsi sans trouver de réponse. Et pas la peine de fouiller le regard de l'autre, il ne contenait que de la rage à ce moment là.

L'homme défit lentement sa ceinture, semblant prendre plaisir à lui faire peur. Et c'était probablement le cas. Pour la seconde fois, il la plaqua brutalement sur le sol, lui coupant toute retraite avec sa force, avant de lui retirer son t-shirt pour commencer à s'amuser avec sa poitrine. Le tout en lui mordant l'oreille, son but étant de faire mal. Et cette fois, elle ne pu retenir le gémissement de douleur qui lui franchit les lèvres. C'était tout ce qu'elle pouvait faire, s'empêcher de crier en attendant une ouverture, si jamais elle arrivait. Puis il cessa tout pour poser son regard sur elle et dire:

- Théoriquement, il faut bander Namyon pour violer. Ou tu préfères autre chose? Ca me déranges pas, j'ai les doigts longs.

Et il agita ses doigts sous son nez, l'air presque fier de lui. Cette expression la dégouta. Où était passé le David dont elle était tombée amoureuse malgré elle? Ce n'était pas celui là. Elle n'insinuait pas qu'il était plus gentil en temps normal, mais que celui qu'elle avait en face d'elle était tombé bas, très bas. Et qu'il n'avait en commun avec l'autre que son apparence. Il l'embrassa à nouveau -pouvait-on encore réellement appeler cela embrasser?-, toujours aussi animal et força leurs bassins à se coller l'un à l'autre. Elle aurait bien essayé de le mordre, mais il mettait tellement de force dans le moindre de ses gestes qu'elle ne parvenait pas à tirer son épingle du jeu. Au moins, elle ne répondait à aucune de ses actions. Peut être qu'il serait temps d'invoquer le feu? Oui mais si elle le brûlait, il perdrait toute raison. Tout du moins, le peu qu'il semblait lui rester puisqu'il ne lui avait pas encore retiré son sous-vêtement, se contentant d'en baisser les bretelles. Ou alors c'était un jeu tordu dans son esprit et il avait prévu quelque chose, allez savoir.

- J'essayerais d'être doux mais...Tu m'excites légèrement...Ca ne risques pas d'être agréable.

Ça ne l'était déjà pas. Il se colla à elle un peu plus, comme pour confirmer que c'était bien trop tard pour l'arrêter. Il était toujours sur elle qui essaya de s'agiter pour qu'il la laisse partir, mais cette fois elle ne réussi pas à le déloger. Plaquée au sol comme elle l'était, elle ne pouvait même pas essayer de s'éloigner de lui. De même que cette position était loin d'être pratique pour envoyer un coup. De toute façon, elle sentait ses membres tremblant et savait que si elle essayait de lui envoyer son poing à la figure, ce serait un coup ridiculement faible. A la place elle tenta de le repousser, une fois de plus, en resserrant ses jambes, histoire de lui montrer son refu sur toute la ligne. Même si il devait déjà l'avoir deviné puisqu'elle ne répondait absolument pas quand il plaquait leurs lèvres ensembles.

- Arrête ça, tu ne te rends même pas compte de ce que tu fais.

La fin de sa phrase avait été plus faible que le début et ce n'était pas volontaire. Signe qu'elle commençait à céder émotionellement en plus de physiquement.

- Continues chérie, je veux t'entendre pleurer.

Elle ne pleurait pratiquement jamais, c'était dans sa nature qu'elle le veuille ou non. Certains auraient pu trouver ça pratique, ou le considérer comme une marque de force, mais selon elle, c'était une véritable malédiction de ne rien pouvoir expulser par les larmes. Cependant elle était en train de rendre les armes les unes après les autres. David la brisait mentalement et n'allait pas tarder à le faire physiquement. Se faire violer par celui qu'on aime, c'était tout un concept complètement tordu autour de deux mots qui ne devraient pas pouvoir coexister dans la même phrase. Pourtant, c'était ce qui se passait à ce moment là. David avait perdu la raison, et tout ça parce qu'il avait réussit à tomber amoureux d'elle. Comme si c'était de sa faute. Sans compter qu'elle aussi était tombée amoureuse de lui, mais ça, il ne le prenait même pas en compte. En avait-il seulement conscience? Peut être qu'en temps normal il s'en doutait, mais là c'était peine perdue. La magie du sorcier éclata dans l'air comme un avertissement. Avertissement de quoi? De toute façon elle était bien incapable de s'enfuir. Si elle ne tremblait pas actuellement c'était uniquement parce que la prise du sorcier, trop forte, l'empêchait de le faire.

- Je sais très bien ce que je fais chérie. Ne sois pas ridicules. Desserres tes jolies petites cuisses, sinon je te brise une jambe.

Qui était ridicule? Le type pas capable d'assumer ce qu'il ressentait ou la fille qui en faisait les frais? Pour autant, elle relâcha la pression dans ses jambes, parce que ça ne servait à rien, alors autant éviter de se faire casser un membre au passage. Il se releva, et son regard lui montrait bien que si elle esquissait le moindre de geste pour s'enfuir, il lui briserait quelque chose. Comme si elle aurait eu le temps de fuir de toute façon. Elle regrettait de ne pas pouvoir user de la téléportation. Il lui retira sans ménagements son pantalon avant de revenir se placer sur elle et d'embrasser sa joue puis son cou. Elle avait envie de vomir, tout son corps rejetait la présence de David, voulait qu'il s'éloigne le plus possible. Quelle contradiction avec tous les précédents jours où il n'avait souhaité que sa présence. Mais encore une fois, ce n'était pas de ce David là dont elle était amoureuse. Même si au final, c'était deux faces de la même personne. Là, il avait perdu la tête. Et si soudainement il revenait à lui, que ferait-elle? Pour une fois la réponse était unanime en elle, hors de question de rester là. Aucun contact, elle ne souhaitait aucun contact, juste qu'on la laisse tranquille.

- Tu préfères quoi? Que je te prenne par devant ou derrière? Tu peux choisir comment je te violerai si tu veux.

Comme si elle voulait qu'il la viole! Il avait quoi entre les deux oreilles celui là? Ni l'un ni l'autre, voilà ce qu'elle voulait répondre, mais elle savait que sa voix sortirait faible et inutile. Elle se sentait complètement impuissante face à la situation, et ça rendait le tout encore plus insupportable à ses yeux. Il enferma ses poignets dans une main et plaqua le tout au dessus de la tête de la sorcière qui se sentit un peu plus exposée et vulnérable si c'était encore possible. L'homme recommença à parcourir sa peau de ses lèvres, et elle déglutit péniblement pour faire tenter de faire passer la boule dans sa gorge. Ce qui ne marcha pas tant sa gorge était nouée. Elle détourna la tête sur le côté et ferma ses yeux, qui commençaient lentement à la piquer de larmes refusant de couler. Comme si elle pourrait disparaitre par cet acte. Elle sentait les lèvres du sorcier qui se déplaçaient sur son corps pour arriver à son ventre et eut un soubresaut de dégoût, qui passa presque inaperçu car il la plaquait au sol. Qu'il parte ou fasse ce qu'il voulait faire, mais vite, très vite. Malheureusement il semblait vouloir prendre son temps, étirant chaque minute à son maximum. Et puis, il resserra sa main sur sa cuisse en lui arrachant un hoquet de douleur, il ne semblait pas se rendre compte de la force qu'il y mettait.

- Arrête, arrête David tu me fais mal...

La fin de sa phrase n'avait été qu'un murmure à moitié étranglé par un début de sanglot. Et lorsqu'elle rouvrit les yeux, les larmes en coulèrent finalement. Voilà, il l'avait brisée jusqu'au bout, réussissant même à lui tirer des larmes -bien qu'il ignorait à quel point ce fait était rare-. Il était satisfait maintenant? Elle ne le regarda pas, ne tourna pas la tête vers lui, se contentant de fixer l'herbe verte devant elle et de pleurer en silence.
Par le passé, lors de la mort de son père, elle s'était isolée du monde en elle même pendant une longue période. Et elle tentait de reformer cette protection aujourd'hui. Si elle ne pouvait plus protéger son corps, au moins pouvait-elle sauver un minimum son mental. Et par la même occasion offrir au sorcier un pantin sans émotions qui ne l'amuserait pas longtemps. Comme ça, il la lâcherait plus tôt, du moins elle l'espérait.

Elle avait l'impression de suffoquer alors que rien n'obstruait sa respiration. Mais peut être était-ce dû à sa gorge nouée et à sa crispation générale. Et puis le sorcier cessa d'embrasser son ventre, lui faisant fermer les yeux en redoutant le prochain coup et la phrase qui ne manquerait pas de venir avec, pour l'enfoncer un peu plus. Rien ne vint. Mieux, il la lâcha lentement et se redressa pour descendre d'elle. La jeune femme sentit un léger soulagement la parcourir alors que dans sa tête, elle se disait que c'était un des jeux tordus du sorcier, et qu'il allait revenir d'ici quelques secondes. Un bruit de cuir, semblable à celui que ferait une ceinture que l'on referme parvint à ses oreilles, mais elle n'ouvrit toujours pas les yeux pour voir ce que trafiquait l'homme. Elle n'avait aucune envie de le savoir. Puis le son des vêtements sur le sol, comme si quelqu'un s'était plus ou moins laissé tomber par terre.

- Qu'est-ce que j'ai fait...?

La jeune femme calma lentement ses tremblements pour reprendre contenance avant d'ouvrir les yeux. Mais elle ne tourna pas la tête, pas encore. Elle ne souhaitait pas non plus répondre à la question du sorcier, qui ne devait même pas lui être adressée de toute façon. Il n'était pas capable de voir tout seul ce qu'il avait fait? C'était pourtant limpide, n'importe qui débarquant sur les lieux aurait pu aisément deviner. Elle murmura, incapable de porter sa voix plus fort:

- Ne m'approche pas...

Peut être qu'elle regretterait ces paroles plus tard. Mais dans l'était actuel des choses, si il s'approchait, elle se remettrait à trembler comme une feuille et n'arriverait pas à se calmer. Elle haïssait son état de faiblesse. Incapable de se protéger elle même, elle avait réussit à se laisser briser, par un ennemi en plus de ça. Quelle piètre sorcière de l'Ordre elle faisait. Même si la situation était vraiment particulière. Et qu'elle n'avait jamais vraiment considéré ce sorcier noir là comme un ennemi.

- Namyon...?

Aucune réponse. Elle calmait lentement ses pleures en l'ignorant et en essayant de se convaincre que c'était finit, qu'il la laisserait tranquille, que ce n'était pas une feinte de plus pour revenir la blesser un peu plus profondément et surtout qu'il était redevenu lui même. Le meilleur moyen de se convaincre sur ce dernier point, c'était de vérifier. Alors elle tourna la tête pour voir le sorcier assis par terre, l'air perdu. Si elle n'avait pas été aussi faible mentalement, elle se serait énervée sur lui. De quel droit se permettait-il d'avoir l'air perdu, limite blessé, comme ça? C'était lui le coupable! Et maintenant il jouait la pseudo victime? Namyon ne voulait pas savoir ce qu'il pensait. Rien. Rien, juste qu'il bouge de là, retire cet air de son visage et s'en aille. Mais elle se sentait bien trop faible pour lui dire cela. Elle ouvrit la bouche, pour n'en laisser échapper qu'une série de mots dans un souffle faible:

- Je te déteste.

Et c'était vrai sans l'être. Il avait réussit à enfouir l'amour qu'elle éprouvait pour lui sous de la peur, de l'angoisse et du dégoût. Si il s'approchait, il se prendrait un coup. Le corps de la jeune femme réagirait sans lui demander son avis, elle le savait. Avoir soufflé ces mots tordit quelque chose tout au fond d'elle même, mais elle l'ignora. Il l'avait brisée, à quoi s'attendait-il? Un "c'est pas grave je ne t'en veux pas?". Bien sûr, et puis avec ça une visite du Père Noël.
Lentement, en testant la résistance de ses membres à chaque étape, elle se redressa à l'aide de ses bras. Sa tête tournait, mais elle ne voulait plus rester allongée par terre ainsi. Réussissant à s'assoir, elle ramena légèrement ses jambes devant elle et attendit que le monde arrêter de vaciller pour pouvoir se relever et attraper ses vêtements. Elle se fichait de l'homme en face, se fichait de sa tenue actuelle, elle attendait juste, assise sur l'herbe.