❝ You're just somebody

that I used to know ❞

Dehors la neige tombe délicatement mais je n'arrive pas à m'extasier devant sa beauté. Nous sommes en temps de guerre, ça se sent dans l'air froid qui remplit mes poumons. Une guerre que nous ne sommes pas prêt à mener, regardez nous seulement, cachés dans la même grotte depuis des mois sans oser mettre le nez dehors. Correction, sans oser exposer les enfants à l'extérieur. Par peur que quelqu'un puisse les repérer, après tout fuir et arriver jusqu'ici n'a pas été mince affaire. Nous n'allons pas nous risquer à devoir partir rapidement à nouveau. Nous ne sommes pas idiots. Ces enfants sont notre raison de continuer à nous battre, la raison qui nous pousse chaque jour à trouver un moyen pour arranger la situation pour tous. Jamais la vie ne sera comme avant, mais on peut essayer encore et encore. Ne jamais relâcher et toujours continuer d'avancer. Avancer, avancer, ne jamais se retourner. Si je regarde en arrière je suis perdue. Et pourtant, pourtant il me faut jeter quelques coup d’œils au passé oui il continuera à me rattraper sans que je m'y attende.

Je rentre dans la grotte en passant mes mains dans mes cheveux et frotte mon manteau pour y enlever des flocons. Maysar nous avait réunis pour nous annoncer la petite exploration de la grotte que nous allions faire. Je prends place rapidement parmi les autres alors qu'il faisait déjà les groupes. A deux nous allions donc mener notre expédition, armé des torches que nous avions il nous fallait nous engouffrer dans l'une des nombreuses galeries de l'endroit et advienne que pourra. Étant donné mon léger retard au rassemblement je me retrouve assigné avec un des orphelins plus âgés. En même temps les laisser parcourir seuls la grotte sans surveillance d'un adulte ne serait pas une bonne chose, et même si le dialogue et la sociabilisation ne sont pas des qualités que je possède et bien je ne contredis rien.

Je jette mon manteau sur mon matelas, prend une torche et m'engouffre dans une galerie avec mon coéquipier. Un des jumeaux Lindström, difficile de retenir correctement leur prénom, ils se ressemblent beaucoup trop. Pour plus de facilité je ne retiens que leur nom de famille, au moins pas d'embrouille. L'un d'eux est marionnettiste et empathe. L'autre illusionniste et.. J'ai un blanc. Retenir des informations de ce genre n'a jamais été ma priorité, mais maintenant je dois faire un effort pour ces enfants. Quel point faible.

On illumine les coins les plus sombres avec nos torches et nous avançons dans un silence assourdissant. Aucun des deux ne va se résigner à entamer la conversation. L'exploration va être longue, vraiment très longue.

Les parois de la grotte sont fraiche, le sol un peu glissant si on ne fait pas attention. J'avance devant en prenant soin d'avoir une prise stable où poser mon pied. S'il glisse il me suffira de le rattraper. Si je glisse ça posera problème. Donc je surveille où nous marchons et on continu notre chemin. Quelques minutes se sont écoulées seulement quand nous trouvons un petit passage amenant à une cavité. Je regarde la lumière y pénétrer, la lumière du soleil qui touche les pierres transformant ainsi l'aura de cet endroit. C'est tout simplement beau, beau et quelque peu apaisant.

MEIKO ▬ On pourra dire que ça c'est une belle découverte..

Je m'approche des parois pour effleurer délicatement les minéraux de mes doigts. C'est drôle, ils arrivent à me faire sourire.

couleur:

Je me sens surveillé. C’est elle qui me zieute du coin de l’œil vous pensez ? Comme si elle s’inquiétait ? Sauf que j’m’en sors bien tout seul en vrai. Enfin, presque tout seul. Mais regardez, avec Kily, tout ce que nous avons vécu, sans l’aide de personne, juste nous deux. Both against the world. Du coup ça me perturbe. Elle a peur que je glisse ? Que je tombe ? Elle sait que j’ai fait face à bien pire dans ma vie ? Une petite chute, c’est quoi ? C’est rien. Rien du tout, quelques égratignures et basta. Ca se soigne vite, tu saignes un peu et voilà. Ca passe, c’est pas mortel.

Et enfin, un rayon de soleil m’aveugle quand nous arrivons dans la caverne. On peut pas s’installer ici plutôt ? C’est beau, c’est lumineux, c’est grand. Ya même quelques herbes qui poussent par ci par là, c’est beaucoup plus accueillant que là où on est en ce moment. Là bas c’est sinistre, lugubre, c’est triste. Déjà qu’on est pas dans une situation très joyeuse, on pourrait au moins avoir de bonnes conditions de vie, non ? Ok, quand il pleut ça doit pas être très pratique, mais ya tout le reste de la caverne pour se protéger. On pourrait en faire un endroit agréable à vivre, non ?

Je m’avance, dans un trou de lumière. Et je regarde le ciel. Ce ciel, si beau, si clair, qui me manque. J’en ai marre d’être enfermé dans cette caverne. J’en ai marre de devoir changer d’endroits où vivre si souvent. J’en ai marre d’être chassé en permanence, d’être exclu. J’aimerais pouvoir vivre heureux, épanoui avec mon frère. Pourquoi autant de malheurs nous arrivent ?

- On pourra dire que ça c'est une belle découverte..

Je hoche la tête et la regarde. Elle s’approche des parois et pose sa main dessus. Elle a l’air apaisé. Moi aussi. Je tire mon don vers Kily, tout à l’air d’aller pour lui. Je suis rassuré. Je pense que si il était en danger même si mon don ne le touchait pas, je le sentirai. Notre lien est bien plus fort que toute la magie qu’on contient.

-On peut pas habiter là plutôt ?

C’est plus joyeux. Je suis sûr que ça plairait à Kily. On pourrait même dormir à la belle étoile, un peu. Comme avec papa et maman, quand on allait regarder les étoiles dans le jardin. Ca lui rappellerait les bons jours, ça le rendrait heureux, un peu …

Je m’approche d’une touffe d’herbes. Ya une fleur dedans. Une petite et jolie fleur bleue. Il faut que je la montre à Kily. Je n’ose pas l’arracher de sa terre, j’ai peur qu’elle meurt, trop vite, à cause de moi. Et je veux que Kily la voit intacte. Il faut que j’amène Kily, dans cet endroit superbe. A la tombée de la nuit, peut être. Oui, on fera ça. Si personne ne vient emménager ici, nous on viendra. Parce que c’est plus serein que là bas. C’est plus apaisant. C’est silencieux, calme, doux. J’ai plus l’impression d’être en sécurité ici que là bas. Là bas c’est oppressant. Ya tous les grands qui parlent des vilains sorciers. Ca me fait peur. Ils peuvent pas arrêter de parler des vilains ?

Elle aussi, elle fait un peu parti des adultes, non ? Elle est grande, elle a un peu un visage sévère, et elle m’épiait sur le chemin. Et elle parle avec les grands. Du coup c’est elle qui continue de parler des vilains. Parle pas des vilains. Faut pas en parler des vilains, c’est stressant, j’aime pas. Et Kily non plus il aime pas. Ils vont venir nous prendre après … Je veux pas qu’ils nous fassent du mal. Je veux pas qu’ils fassent du mal à mon frère. Sauf qu’ils sont trop forts. Je pourrais même pas le protéger. Et si je peux pas protéger mon frère, je fais quoi ? Je deviens quoi ? Je m’en voudrais, toute ma vie. Si il lui arrivait quelque chose parce que j’ai pas été capable de le protéger … S’en serait finit de moi.

Les rayons du soleil changent d’inclinaison, doucement, et je vois une trouée au fond de la salle. Je trottine bruyamment jusque là bas. Je donne un coup d’œil à la fille qui m’accompagne, et m’aventure dans cette autre salle sombre. Si sombre. Heureusement que j’ai ma torche avec moi. Je m’enfonce, petit à petit. L’air se fait étouffant. Le sol craque sous mes pieds et est moins stable. Je regarde par terre, baisse la torche en même temps que mon regard. Des os. Des crânes. Que … Quel est cet endroit horrible ? Pourquoi à côté de l’havre de paix on a ce cauchemar ? Ces enfers absolu. Non Kily, il faut pas que tu viennes dans cette salle. Non. Je lâche ma torche qui s’éteint. Le noir, complet, je me retourne, je cours, effrayé, comme un dératé. Bientôt la lumière. Mon pied se prend dans un caillou par terre, je tombe, à quatre pattes. Je souffle, respire. Me retourne, et revoit cette image qui est gravée dans ma mémoire. Je m’éloigne de cette entrée à reculons, sur les fesses.

-Faut.. Faut pas aller là …