Don't you die on me.

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 Don't you die on me.

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MessageSujet: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyDim 28 Mai 2017 - 17:50

I wish you well.

Green se tourne, tout tendu, sur le balcon. Du dernier étage, il voit toute la ville et les gens en bas semblent si petits, tellement inutiles, définitivement anonymes. Il essaie de discerner des couleurs, des visages, rien que pour se distraire. Rien que pour penser à autre chose, ces quelques lettres qui tournent dans sa tête, pleines de poison et de douleurs. Il voudrait partir, il voudrait tout laisser tomber, les choses rouleraient entre ses doigts.
Mais elles restent là, suspendues qu'elles sont les choses, comme au bout de tissus d'araignée, quelque chose de souple et d'élastique qui les retiendraient les choses.

I wish you well.

Y'a pas que ça d'élastique finalement. Il reste un lien, tendu et fatigué comme le visage du père de Green les jours gris. Les couleurs étaient lavées quand il s'approchait comme ça, un peu de biais. Il savait bien ce qui l'attendait de toute façon, dans ces moments là, l'enfant qu'il était.
Il n'était pas le seul à le savoir.
Un frisson passe sur sa peau, hurlant et acide, acide et douloureux comme les premiers vents d'hiver. Ceux qu'on attend pas encore et qui vous saisissent à la gorge, comme les chiens galeux qui savent que c'est leur seule chance. Vous chopper à la gorge et vous finir, laisser le sang vous étouffer, s'infiltrer à la place de l'air.

I wish you well.

Regarde pas en bas Green, regarde pas en bas c'est trop tentant pour toi. Tu pourrais léviter un peu, un peu encore et puis tout lâcher. Mais tu sais bien au fond, que tu te rattraperai. Tu l'sais.

I wish you well.

Peut être qu'Anja et Elaïa sont son fil de soi à lui. Son fil bien tendu qui le manipule comme une poupée de chiffon qui danserait contre le vent. Un fil bien tendu qui l'empêcherait de passer par dessus la balustrade. Il ne se pose pas la question.
Il ne s'en pose plus beaucoup, des questions. Tout le menait, avant, à l'injustice, maintenant, tout le mène inlassablement à Anja. Pourquoi est-ce que ça le mènerait ailleurs, de toute façon ? Hein Green ? Les ponts qui le menaient à d'autres bras, d'autres odeurs, d'autres lieux il les a brûlé, méthodiquement, en reculant bien comme il faut jusqu'à se retrouver acculé. Dos contre le mur, fusil pointé vers son cœur.

I wish you well.

Ses frères ne lui manquent pas, ni ses parents. Il les voit toujours des fois, il les croise, un peu, parfois. Il ne leur parle jamais. Les autres lui disent quelques mots, des politesses ou des piques. Pour le peu qu'il s'en préoccupe. Comme s'il ne pouvait plus ressentir leurs choses à eux, comme si il ne pouvait plus les comprendre.
A vrai dire, il avait l'impression que c'était lui qu'on ne pouvait plus comprendre. On descend toujours dans la vie, de plus en plus bas, et il faut de la force et être bien dégueulasse pour se tirer dans la boue, au bout de la nuit. Ses frères, ils pouvaient pas.

I wish you well.

Alors voilà, à la seule personne qui savait ce que c'était d'aller aussi loin dans la nuit, elle était pas là. Elle n'était pas là et Green il aurait voulu lui dire "I wish you well" et se tirer pour toujours, être poli et correct mais couper se lien ou l'arracher de son cœur, trouver les racines et les brûler. Un grand feu de joie, regarde Bleu, regarde comme je m'amuse sans toi.
Il ne s'amusait pas sans elle.
Il ne s'amusait pas, et on ne se vengeait pas de Bleu. C'était idiot et ça ne menait à rien, ça revenait à frapper son chat quelques semaines après qu'il nous ait mordu. Rien d'intelligent, tout de violent.

Mais aujourd'hui ce lien, il ne le sent presque plus. La nuit est en train de faire comme si elle se levait, il est tellement tôt que Green ne sait plus quel jour on est. La nuit, ouais, elle prétend qu'elle se lève mais il le sait, c'est la nuit à jamais. Et Bleu elle est quelque part par là, en train de s'étendre ou de s'étendre, pleine d'alcool dans les draps de quelqu'un qu'elle ne connaît pas. Il avait déjà senti, avant, le lien se griser et alors il ne la sentait plus. Mais le matin, tout revenait comme avant.
Elle n'est pas morte Bleu, il le sait.
Elle n'est pas vraiment vivante Bleu, il le sent.

Voilà.

Tout est là.

Elle est là, lui non, elle est partie, lui revient, il voudrait sentir les traces de cette petite sœur quelque part, lui dire "eh, est-ce que tu vas bien ?" mais putain c'est trop le bordel dans sa tête alors il ne fait rien.
Enfin, il ne faisait rien.
Parce que le lien ce matin est tellement, tellement ténu, qu'il ne sait plus. Est-ce que tu l'as coupé Bleu ? Est-ce que t'en as eu marre, est-ce que t'as pu plus supporter que je ferme les yeux quand je passais devant toi ?
Il ne sait pas s'il doit la chercher ou la laisser, l'aimer ou l'ignorer. L'abandonner une bonne fois pour toute comme il avait fait quand il était parti avec Chloé. Mais on n'abandonne pas Bleu. On ne la laisse pas sur le bord du chemin.
Idiotie et violence.

Il sort brusquement et se pose sur l'ilot central de son appartement, en tailleur. Il s'ouvre la main d'un coup sec, grimaçant lorsque le fil de la lame entre dans sa peau. Il avait fait ce geste des milliers de fois et l'avait regretté sans cesse.
Il trace une rune de localisation tout partout sur la table avec son sang avant de poser la carte de Berlin dessus, laissant le sang imbiber le papier.

Voilà.

Tout est là.

Il sait où elle est.

Et pourtant il ne bouge pas.

Il ne sait pas ce qu'il va dire, il ne sait pas ce qu'il va faire "eh salut Bleu, comme ça va ?" et il a peur un peu. Pas qu'un peu, à vrai dire, vraiment beaucoup. Parce qu'elle pourrait le jeter, lui dire "franchement Green, où t'étais ?" et il ne saurait plus quoi dire ni où se mettre.
Il a la nausée.
Il se lève pourtant, se laisse tomber du meuble et sort discrètement de son appartement avant de glisser dehors. Il ne se sent pas chez lui ici, ni nulle part, il n'appartient pas à ces gens pressés qui se pressent dans les rues. Il n'appartient pas non plus à sa famille, ni à son organisation, ni sorcier ni rien. Un mélange de tout ce qu'il ne faut pas, Greeni.
Tout seul, bien sale au bout de la nuit.

Une dizaine de minute plus tard, il pousse une porte.
Enfin.
Il éclate une porte avec son poing doublé de son pouvoir, les tripes retournées d'avance. Au pire il dira juste que ses parents lui ont demandé de la retrouver, au pire il dira des trucs pas très vrais..
Il la voit.
Au pire, il espère juste qu'elle peut encore respirer.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyDim 28 Mai 2017 - 20:19

Une fois de plus, tu t'es allumé la tête à l'alcool. Toute retournée, tu tangues dans une boîte de nuit hype de Berlin, perchée sur tes hauts talons. Ta petite robe dévoile ton corps plus qu'elle ne le devrait, révélant aux regards en chaleur tes longues jambes tremblantes.
Tu t'es faite traînée ici par Claudia, une de tes collègue de Rosenrot. Mais, après à peine quelques shots enfilés, elle t'a abandonnée au bar pour aller danser au milieu de la scène. Sauf que toi tu détestes danser. Les corps en chaleur qui se rapprochent, les mains baladeuses, l'étouffement de la foule... Tout cela pourrait te plaire, si tu n'avait pas autant horreur des musiques des boîtes berlinoises. Tu préfères le bon vieux rock qui déchire les oreilles, pas la musique commerciale qui tourne en boucle.
Alors pour l'oublier tu continues à boire.
Le barman te sourit en posant un énième verre devant toi. Il est beau le barman. Un grand black musclé et tatoué au sourire de tombeur. Il a dû en retourner plus d'une dans ce même lieu puant l'alcool et la sueur. Tu sais que tu lui plais aux nombreux regards qu'il t'envoie. Mais il ne t'intéresse pas. C'est autre chose que tu cherches.
Tu cherches un homme pâle et grand aux cheveux noirs et aux yeux bruns. Une musculature fine qui souligne un travail acharné, un léger grain de beauté sous les lèvres, des tatouages profonds et quelques piercing. Tu cherches un ange au milieu de la tempête.
Tu cherches Ange.
Cet homme rencontré quelques semaines plus tôt t'a renversé la tête et l'âme.Tu aimes son sourire, sa façon de faire l'amour, ses sentiments embrumés que tu reçois en pleine tête avec ton don. Vous vous êtes un peu revu depuis la première fois et tu commences à l'apprécier.
La preuve ; tu le cherches dans les hommes autour de toi.

Tu finis par jeter ton dévolu sur un jeune homme qui a également des yeux marrons et des cheveux noirs. Toute ressemblance avec celui qui hante ta tête s'arrête cependant là. Il n'est pas drôle, plus petit, plus large d'épaules. Cependant l'alcool brouille ta vision et, avec quelques verres de plus dans les veines, tu finis par te laisser entraîner contre lui.
Une grimace de déception passe sur le beau visage du serveur pendant un instant. Puis aussitôt, il se concentre sur une nouvelle cible, t'oubliant tout aussi vite.

Toi, tu as déjà attiré cet homme dehors. Il essaie de te dire son nom, mais tu ne l'écoutes même pas. À quoi bon ? Demain tu l'auras déjà oublié. On va chez toi ? Quelques mots murmurés à l'oreille de l'inconnu qui, aussitôt, te tire par la main pour te jeter dans un taxi. Tandis que la voiture glisse dans la capitale allemande et que le jeune homme qui t'accompagne embrasse ton cou, ton regard se tourne vers les lumières de la ville, que tu vois floues, comme des milliers d'étoiles beaucoup trop proches.
Ça te fait mal aux yeux.

Le taxi s'arrête devant un building gris anthracite. Un hôtel. L'homme n'est pas d'ici et tu réalises que depuis le début vous parlez en anglais. Tu ne fais même plus la distinction entre ta langue maternelle et cette langue que tes parents t'ont forcé à apprendre pour pouvoir t'infiltrer plus facilement.
Alors que l'homme t'attire avec force à sa suite, tu essaies de compter toutes les langues que tu connais. L'allemand, évidemment, la langue de ta famille, d'Anja, de Rosenrot. L'espagnol puisque tu as vécu en Espagne les premières années de ta vie. Le français étant donné que tu as fais ton lycée là-bas. L'anglais évidemment puisque tes parents t'ont forcé à l'apprendre. L'hébreu pour les mêmes raisons. Et toi tu les écoutais, t'acharnant à faire rentrer le vocabulaire dans ta tête.
Tu as toujours été nulle pour les langues étrangères, pourtant tu t'as tenu bon. Et maintenant tu ne sais même plus distinguer l'anglais et l'allemand...
L'alcool tape dans ta tête.
Tu as la nausée.

Vous êtes arrivés dans la chambre de l'inconnu qui te jette sur le lit, ses mains cherchant déjà à tirer sur ta robe pour dégager tes hanches et tes seins. Il n'essaie même pas de la passer au dessus de ta tête. Trop empressé. Il n'a pas l'habitude qu'un tel canon s'intéresse à lui alors il veut faire vite. Au cas où tu changerais d'avis.
Tu as changé d'avis.
Tu n'as pas envie de cet homme, pas envie de ce lit, pas envie de cet hôtel. Tu as envie d'Ange, le vrai, pas un vulgaire substitut. Tu pourrais te débarrasser facilement de l'homme devant toi avec ton pouvoir ou tes années d'entraînement, mais tu ne bouges pas. Tu pourrais même essayer de lui dire non et peut-être que, s'il est un minimum honnête, il arrêtera de te toucher et appèlera un taxi pour te ramener chez toi. Mais tes lèvres ne bougent pas.
Qu'ils prennent ton corps, ton coeur est ailleurs.

Pendant qu'il se démène à ôter son pantalon, tu fixes le plafond sans bouger. Presque comme une morte. L'alcool embrume tout en toi ; tes pouvoirs, tes capacités, ton esprit. Tu réfléchis au ralenti. Tu ne sais même pas quelle heure il est. Tu suppose qu'il doit être quelque chose comme cinq heures du matin. Tu n'en es pas certaine et tu t'en fiches.
Tu te dis que c'est marrant ces boîtes de nuit berlinoise qui ne ferment jamais. Les sdf peuvent y passer la nuit au chaud et au bruit.
C'est stupide comme réflexion, les sdf se feraient refoulés dans ce genre d'endroit.

L'homme est au dessus de toi, près à venir en toi. Tu t'es résignée à attendre à présent. Plus rien ne peut te sauver.
Plus rien ne peut te sauver depuis longtemps.
Pourtant, comme une luciole dans l'obscurité, la porte éclate soudainement. L'inconnu, surpris et apeuré, se précipite en arrière et attrape son caleçon avant de se terrer dans un coin comme un animal. Toi tu restes là quelques secondes à regarder le plafond.
Malgré l'alcool, tu l'as déjà reconnu.
Malgré l'écart entre vos âmes, ça te saute au cou.
Le lien reste trop fort.
Enfin tu lèves la tête afin de rencontrer le regard de celui qui a explosé la porte.

- Salut frérot.

Dans un coin de la chambre, l'inconnu que tu as déjà oublié, essaie de remettre son pantalon en sautant de manière ridicule sur une jambe et en se demandant ce qu'il se passe. Il se dit qu'il aurait dû se douter que cette si jolie créature était un piège.
Il espère juste que la sécurité de l'hôtel les a entendu et que l'homme à l'air furieux qui vient d'entrer prendra son argent, mais pas sa vie.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyLun 29 Mai 2017 - 19:00

Oh, Bleu.

Green reste là, interdit. La porte est ouverte, battante. Le seul qui gesticule c'est l'inconnu, il ressemble à un asticot à côté de deux papillons, un bousier qui roule sa merde pour s'enfuir, une chenille qui se tortille pour s'enfuir. On ne s'enfuit pas en bougeant face à un monstre. On se tapit, on se tire en douce, on se fait tout petit.

- Salut frérot.

Et sa sœur, son sang, qui est étendue sur le lit à moitié nue, la robe à moitié défait et elle à moitié vautrée. Green, calmement, lève la main et fait léviter l'homme avant de le plaquer contre le mur, avec toute sa haine et bien plus, ses tripes et son sang, son passé et tout ce qu'il a perdu. Les choses qui ne se retrouvent pas le poussent à appuyer plus fort, laisser son don crépiter au bout de ses doigts jusqu'à ce que les os craquent, les artères s'ouvrent sous la pression et laissent un gargouillis s'échapper de la gorge de l'homme qui s'effondre.
Ce n'est pas un bon choix. Ce n'est pas une bonne idée et Green le regrettera sûrement, voyons, on ne tue pas les gens comme ça. On ne les tue pas tout court, surtout pas les inconnus, surtout pas sans raison, mais quand même il est mort et pas qu'un peu, mais tant pis c'est fait, comme un rat même il est fait, tout sanguinolent et avachi.
Absolument plus humain. Ces sales races.

- Bleu, souffle-t-il.

ll se sent en tord, alors, là. Elle n'est pas morte elle est bien vivante, à portée de doigts mais tellement, tellement distante. Des milliers de kilomètres entre leurs cœurs.
Où est donc passée ta petite sœur ?
Il déglutit, toujours immobile, toujours inutile, alors que lui reviennent les quelques mots qu'il avait noircit sur un mur quand il n'arrivait plus à atteindre Bleuann.

Elle marche à mes côtés et pourtant j'ai l'impression qu'elle est à des kilomètres. Enfermé dans son mal-être moi j'reste là à la regarder.
Axiome de ma vie.
Moi devant et elle, partie.
Si proche et pourtant si loin.
Et si j'l'avais perdue putain ?

Green tout jeune, Green tout idiot, Green tellement coupable. Il se dit qu'il écrivait ça il y a des années de cela et que rien n'a changé, rien, il voudrait toujours qu'elle lui porte de l'attention, plus qu'à tout le monde à lui, oui à lui et pas aux autres, pas aux parents à rien d'autre qu'à lui. Pourquoi tu crèves autant la dalle d'amour Green ?
L'amour c'est que du vent. L'amour, ça nourrit les absents.

Il s'avance vers elle sans être gêné par sa nudité, il est gêné par l'odeur d'alcool qui règne et puis par l'homme mort à côté qui allait la sauter. Il voudrait hurler, finalement, l'engueuler et lui dire "alors, t'es fière de toi, t'es heureuse maintenant ?"
Mais il ne dit rien, et ça en devient long. Des longues lampées de silence, juste pour combler le trou qu'il a creusé lui même. Et à chaque fois qu'il se croyait au fond il découvrait qu'il avait des bras et qu'il pouvait s'enfoncer. Ne jamais s'arrêter de creuser et ne plus voir le ciel ni le soleil, pas les étoiles non plus, pas celles non plus dans les yeux de Bleu.
Se terrer dans son mal être comme une taupe qui aurait cru un instant que chez elle c'était à la surface alors qu'au fond, elle est condamnée comme les autres à bouffer des vers.

C'est quoi ton problème, Green ?

Il passe une main dans ses cheveux, bloqué, là, quand il entend du bruit. Ca commence à monter dans les escaliers. Il n'a pas envie de créer une émeute et tuer des gens mais au fond il s'en fou un peu, ça ne change rien. La mort ne devrait pas être quelque chose de si grave. Il aurait voulu pouvoir se raccrocher à quelque chose et se dire que si c'était pas dans cette vie avec Chloé, ce serait dans la prochaine mais il ne pouvait pas. Il voulait que ça s'arrête. Il fallait que ça s'arrête. Il était fatigué.

Il sort et laisse à nouveau sa sœur là, seule et nue. Trois personnes sont dans les escaliers.
Trois cadavres sont affaissés.
Il revient dans la chambre et prend une couverture. Il a envie de lui murmurer "if you bleed I bleed the same, if your scared I'm on my way, did you run away, did you run away I don't need to know but if you run away, just come home." comme les ultimes paroles d'une chanson pour l'ultime fois où il la récupère comme ça, mais il garde le silence et la fait léviter tout doucement, incapable de se brûler contre sa peau froide et abimées par quelqu'un d'autre.
Il la soulève donc, posant une couverture sur elle avant de murmurer.

— On va chez moi. Enroule toi.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyMar 30 Mai 2017 - 9:21

Tu es à moitié nue devant ton frère, ta culotte arrachée par l'inconnu traînant à quelques pas du lit, mais tu t'en fiches un peu. Il t'a déjà vu totalement nue lorsque vous étiez enfant. C'est vrai qu'à présent tout a changé, vous êtes devenu des adultes, presque des inconnus.
Malgré tout ça reste ton frère.
Lui non plus ne semble pas troublé par ta nudité. Non, il est concentré sur autre chose. Lentement, calmement, tu le vois lever sa main et tu sais exactement ce qu'il va se passer. Rassurant de voir que tu lis toujours dans ton frère comme dans un livre ouvert. Tu sais donc ce qu'il va faire et tu sais que tu pourrais l'empêcher. Avec des mots. ou avec tes propres pouvoirs.
Le corps de l'homme fit un bruit affreux en se brisant.
Le bruit des os qui craques, du sang qui perce et du râle d'agonie qui se perd. Il était mort et tu n'avais rien fait pour l'en empêcher. Il était mort par ta faute. Si tu n'avais pas jeté son dévolu sur lui pour des raisons stupides, il serait encore en train de draguer dans les boîtes berlinoises. C'est dommage, mais c'est ainsi... Tout est ta faute.
Après la culpabilité vient l'indifférence.
Maintenant, lorsque quelqu'un meurt, tu t'en fiches un peu.
Tant que ce n'est pas Green. Ou Ange, cet inconnu rencontré il y a peu mais auquel tu t'es déjà attaché.

- Bleu

Tu ne dis rien face au souffle lourd de ton frère. Tu te contentes de sourire. Un sourire d'excuse peut-être ? Pardon, pardon que tu me voies dans cet état, tellement détruite par le manque d'amour et l'alcool. Un sourire accusateur un peu. Si tu n'étais pas parti, tout serait tellement différent... Un sourire tellement triste surtout. J'ai toujours été la tâche de cette famille, pourquoi viens tu encore me chercher ?
Puis après avoir souri, ta tête retombe lourdement sur le matelas et tu te concentre à nouveau sur le plafond, tes pensées allant se perdre dans des méandres inconnus du commun des mortels.
Tu es si loin, si perdue dans le monde que tu t'es construit pour échapper au monde qui ne veut pas, que tu n'entends même pas les pas de ton frère se rapprocher de toi. C'est à peine si tu sens sa main dans tes cheveux, comme si tu étais dans un coma si profond que les gestes autour de toi semblent impalpables, presque inexistants.
Mais au fond, c'est toi qui n'existe plus Bleu.
Lorsque la main de Green s'ôte de tes cheveux et que le jeune homme sort de ta chambre, ton pouvoir a un sursaut de lucidité. Tu sens qu'il s'éloigne et ça te fait peur. Ça te fait mal. Va-t-il encore t'abandonner ?
Il ne sait faire que ça de toute façon.
Pourtant il est à nouveau là, près de toi. Tu sens son pouvoir t'envelopper, t'élever, et tu as l'impression d'être lovée dans un nuage. Tu aurais envie de rester ainsi toute ta vie, en lévitation au dessus de ce lit, tout près de ton frère.
Mais déjà le moment se brise, ton frère posant une couverture sur ta peau heurtée.

— On va chez moi. Enroule toi.

Tu comprends que vous avez fait trop de bruit et qu'il faut fuir cet endroit qui pue l'alcool et le sexe. À moins que ce ne soit toi qui pue l'alcool et le sexe ? Qu'importe, telle une automate, tu suis l'ordre de Green et dispose la couverture autour de tes épaules comme un manteau de fourrure.
Ou un manteau de pauvre rapiécé.
Tout en maintenant la couverture autour de toi d'une main, tu ramasse tes chaussures et ta culotte de l'autre afin de les enfourner dans ton sac à main. Puis, te retrouvant de nouveau avec une main libre, tu te réfugies dans celle brûlante de ton frère, t'y accrochant de toutes tes forces.

- Tu es fâché ?

Normalement tu ne poses pas ce genre de question. Normalement tu connais suffisamment ton frère pour ne pas avoir besoin de poser ce genre de question. Ton don d'empathe doublé du lien qui vous lie depuis toujours suffit normalement pour le comprendre entièrement.
Mais nous ne sommes plus en temps normal, n'est-ce pas Bleu ?
Et l'alcool t'a tant démonté la tête que tu ne saisi même plus ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Peut-être d'ailleurs que tout cela est une mascarade. Peut-être que tu es en train de te faire sauter par l'inconnu dans cette chambre et que tu as imaginé ton frère venant te sauver.
Peut-être n'est-il qu'une hallucination ?

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyMar 30 Mai 2017 - 10:53

Elle attrape la main de Green. C'est supposément un geste anodin mais ce qui était vrai avant ne l'est plus maintenant. Aucun axiome de permis, plus aucune supposition, rien n'est admis. Rien, sauf la peau de la brun fermement collée à celle de jeune homme qui s'y raccroche.
Ils ressemblent à deux jetés dans le vide qui se serrent l'un contre l'autre, sans avoir de corde à laquelle se rattraper. A deux, la chute ne sera pas plus lente, le sol ne sera pas moins dur, la mort ne sera pas plus belle.
On ne devrait pas pourquoi ajouter d'adjectif à la mort. Elle n'est jamais atroce, toujours injuste, pourquoi la qualifier ? Une mort belle, une mort laide, une mort est une morte, elle est et elle advient et c'est déjà beaucoup.

- Tu es fâché ?

Fâché ? Green ? Oui, non, peut être, enfin c'est évident que oui, mais envers qui et pourquoi ? Elle est empathe, ne sent-elle donc pas ça ? Ne sait-elle donc pas que lui même n'en a aucune idée ?
Il la regarde, toute ivre qu'elle est, toute différente et semblable à avant. Il n'est pas en colère contre elle, il n'y est jamais vraiment arrivé. Puis au fond, il sait qu'elle fait ce qu'elle veut, pourquoi serait-il fâché contre ses choix de vie ? Après tout, elle faisait bien ce qu'elle voulait, se mettre dans un état pareil pour se faire baiser par des inconnus, c'était son problème à elle, il n'était pas impacté. Ses parents non plus.

Il retire sa main de celle de sa sœur. Geste lent, tendu mais précis.
Il retire sa main et quitte la chaleur réconfortante et les atomes qu'il retrouvent, les cellules joyeuses d'êtres jointes à nouveau.
Il retire sa main.
Il retire sa main et enroule son bras autour des épaules de sa sœur.

- Non. Je suis triste.

Il n'ajoute rien et l'entraîne dans la volée des marches, faisait léviter à moitié sa sœur pour qu'elle se déplace plus facilement. Il a l'impression qu'au fond, c'est lui qui est ivre, malade du ventre d'une maladie qui part pas, qu'on ne soigne pas, qu'on ne connaît pas. Une histoire de viscères par à leur place et d'acidité dans les tripes. D'acidité sous sa peau. D'acidité dans ses os.

Ils descendent les escaliers. Il n'y aura pas à se battre il le sait. La police mettra du temps à venir si elle vient, les gérants de l'hôtel mettrons sûrement du temps avant de braver l'absence de la sécurité. Peut importe.
Ils enjambent les cadavres.
Green marche vite, il a repris la main de sa sœur pour la bousculer un peu et l'obliger à avancer. Il peut pas rester là, il sent trop de haine dans son ventre, il voudrait tout faire exploser comme Anja l'avait fait dans son bureau. Ca monte, sans s'arrêter, dans sa gorge c'est déjà en train de palpiter; mais putain Bleu, pourquoi est-ce que tu fais ça ?

Son chez lui n'est pas loin, trop loin pourtant. Il s'dit que les pulsions de rage ressemblent à celle de son père et ça le calme un peu, faudrait pas lui ressembler au géniteur, ça serait un peu la honte quand même d'être comme celui que l'on fuit.
Celui qui nous a fait, façonné avec de la boue s'est sûrement pas trompé finalement. Green est violent aussi. Comme tous les autres. La même folie que Redwan, la même indifférence face à la mort que Bleuann, la même différence que Silver.
Insupportable fratrie, insupportables ressemblances.

Green pousse la porte de chez lui, totalement enfermé dans son mutisme. Pas comme si c'était choisit, plutôt comme quelque chose d'appris, une muselière d'éducation qui a entouré sa mâchoire et qui n'a jamais plus bougé. Pourtant on ne lui a pas dit à Green, que les mots c'était des cadeaux et qu'ils étaient précieux, qu'il fallait les garder pour les lâcher quand on était sûrs de les penser. Non, Green on lui a dit de se taire parce qu'il ne savait rien, on lui a dit de se taire parce qu'il gênait, on lui a dit de se taire et de ne jamais, parler.
Il sait faire, désormais.

Son appartement n'est pas grand mais moderne, entièrement neuf. Pas bien compliqué à acheter quand on possède l'argent de la famille après tout. La famille ça aide, ça sali, ça vous conditionne, ça fait plein de trucs pour vous, des biens et des pas biens, mais quand Green regarde Bleu il se dit qu'il n'a pas réussi à être la famille.
Il n'a réussi qu'à partir.
Il traine sa jeune sœur dans la salle de bain. Il hésite à la mettre sous la douche et lui caler le jet dans le visage parce que c'est comme ça que son éducation lui dit de réagir, ne soit pas tendre vieux, elle fait n'importe quoi putain.

Il fait couler un bain chaud.

— Tu devrais te faire vomir.

On manque de mots, n'est ce pas ? Il voudrait lui demander si elle est heureuse, si elle va bien, si elle sait au moins pourquoi elle fait ça mais il ne peut rien dire ni rien faire parce qu'il se sent coupable, il se dit que c'est de sa faute et qu'il n'a pas le droit de prétendre qu'il peut réparer ça. Le temps passe.
On ne répare pas le temps, pas plus qu'on le rattrape.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyMar 30 Mai 2017 - 11:52

Tu attends patiemment la réponse de ton frère, ta main profondément ancrée à la sienne. Tu ne bougeras pas tant que tu ne sais pas s'il est fâché. Contre toi, contre une image de toi, contre la toi du passé.
Qu'as-tu fais pour qu'il te haïsse tant ?
Soudain, Green libère sa main de ton étreinte et tu as l'impression, qu'une fois de plus il t'abandonne. Tu tangues malgré tes pieds fermement posés sur la moquette, l'alcool remonte dans ta gorge et la nausée t'envahit. Tu as l'impression d'être le Radeau de la Méduse, abandonné dans les vagues déchaînées des sentiments de ton aîné.
Et puis, son bras s'enroule autour de toi, te rattrape, te berce. La mer se calme instantanément et tu te réfugies contre la chaleur de ton grand frère.

- Non. Je suis triste.

Les mots te parviennent, mais tu n'arrives pas bien à les comprendre. Tu essaies pourtant de te concentrer dessus, mais ils perdent tous leur sens à mesure que tu les analyses. Ton cerveau ne fonctionne plus. Les langues se mélangent également. Green t'a dit cela en allemand. Nein. Ich bin traurig. Avec tes frères vous parlez toujours allemand, la langue devrait donc tomber naturellement dans tes oreilles.
Mais tu n'arrives pas à te raccrocher aux mots.
Tout juste au corps du sorcier.

Et voilà que le corps auquel tu t'accroches s'ébranle et te tire à l'extérieur de la chambre vers les escaliers de service. Tu as l'impression de tomber à chaque pas, mais le pouvoir de Green te soutient, t'élève. Tu enjambes les corps, retenant une envie de vomir face à l'odeur de mort. Tu n'es pas comme Redwan, tu n'a jamais aimé ni l'odeur, ni la couleur de la mort. Tu sais qu'à votre place, l'aîné de la fratrie se délecterait de ses morts, peut-être même ne pourrait-il s'empêcher de caresser le sang de son doigt, de repeindre les murs de sa haine.
Avec Green vous ne leur jetez rien d'autre qu'un regard d'indifférence.
Dans le hall, ton frère lâche tes épaules pour reprendre ta main et te tirer en avant. Vous vous ruez dans la ville, l'aurore du matin, la pollution de Berlin. Tes pieds nus frappent le béton dans la douleur. Tu te demandes si tu saignes. Peut-être, tu t'en fiches.
Tu es concentrée sur les mots de Green.
Non. Je suis triste.
Tu sens que le mot sur lequel tu butes c'est le mot triste. Tu sais que c'est précisément celui là qui a de l'importance. Mais pourquoi ? Et surtout, surtout, que peut-il bien vouloir dire ? Tu n'arrives plus à te rappeler, tu n'arrives plus à te souvenir. Dans ton esprit le mot tourne et ta tête tourne aussi. Tu as envie de t'allonger par terre et de t'endormir.
La main de Green t'arrache à cette envie, te forçant à avancer. Votre course ne dure pas longtemps pourtant ça a l'air d'être une éternité. Quelques regards des passants, les premiers travailleurs se levant à l'aube pour rejoindre leurs bureaux, les derniers fêtards rentrant terminer leur nuit avec les dernières bouteilles de leur frigo, s'attardent sur le drôle de couple que vous formez. Lui, sérieux, un air fatigué et triste qui déforme son visage. Elle, épuisée, enroulée dans une couverture que l'élan tente de lui arracher, la tête malade et verdâtre. Cette femme qui inspire la pitié c'est toi Bleu.
Mais tu ne remarques même pas les regards désolés qui t'observent.
Toujours obsédée par les mots.
Non. Je suis triste. Green exprime un sentiment par là, tu en es quasiment certaine. Tu connais bien les sentiments pour les haïr. Pour les ressentir au quintuple. Les dernières brumes de l'ivresse te protège encore, heureusement, des sentiments bouillonnant de la ville. Mais elles créent également une barrière entre toi et ton frère. Tu aimerais comprendre ce qu'il entend pas la. Tu aimerais comprendre ce qu'il appelle être triste.

Enfin, vous arrivez dans un appartement qui sent le neuf et le moderne. Un appartement que tu ne connais pas. Tu le regardes à peine, déjà entraînée dans la salle de bain alors que ton frère ouvre le robinet d'eau chaude de la baignoire.
La vapeur qui envahit la pièce te fait du bien.
Ton esprit peu à peu se libère. Tu ne te rappelles toujours pas ce que veut dire le mot triste, mais tu sais comment faire pour t'en rappeler. Il faudrait que tu utilises ton pouvoir.

— Tu devrais te faire vomir.

Il faudrait que tu utilises ton pouvoir, mais pas tout de suite. Tu écoutes l'ordre de ton frère et, sans trop réfléchir, tu tombes sur la cuvette des toilettes et tu enfonces ta main dans ta gorge. Pas un doigt non, toute ta main.
L'acidité brûle ta gorge.
Tu vomis ainsi pendant de longue minute avant de te relever en tremblant sur tes jambes qui ne sont que des baguettes tu n'es pas sûre de pouvoir maîtriser totalement. Tu te sens un peu mieux mais pas tout à fait. Tu vois la baignoire remplie à côté de toi alors tu laisses tomber la couverture de tes épaules et arrache ta robe, le dernier bout de tissu qui dissimulait encore ton corps.
Tu es nue devant ton frère.
Nue comme une enfant.
Tu glisses un orteil dans l'eau brûlante. Ton corps suit, tombant presque, l'eau giclant un peu hors du réceptacle. Une fois ton corps immergé, tu fermes les yeux et tu t'enfonces entièrement sous l'eau, retenant ta respiration pendant une longue minute.
Tout est plus clair sous l'eau.
Lorsque tu ressors ta tête de l'eau tu te sens presque libérée. Tu te dis que c'est le bon moment pour utiliser ton pouvoir. Comprendre ce que ton frère voulait dire par triste.
Alors tu t'ouvres à lui et ses sentiments te percutent. Te font mal. Quelques mots s'échappent de ta bouche, comme une douce mélopée :

- Moi aussi je suis triste.

Tu sens l'eau sur ton visage, mais quelque chose te dit que cette eau là n'est pas la même que celle dans laquelle tu baignes. Cette eau coule directement de tes yeux.
Tu pleures devant ton frère.
Comme une enfant.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyMar 30 Mai 2017 - 21:28

Il la regarde vomir. Il reste stoïque, immobile, évitant soigneusement de trop pense. Pourtant il se demande bien ce qu'elle a pu ingérer, qui lui a payé des verres et surtout pourquoi est-ce qu'elle a eu tant envie de faire glisser tout cet alcool dans son estomac ? N'a-t-elle pas de respect pour son corps, a-t-elle vraiment envie d'être impotente, petit à petit abîmée, juste cassée comme ces humains sales et inutiles à eux même qui raclent le pavé. Sérieusement, il ne comprend pas, avec tout l'entraînement qu'il subi, veut-elle vraiment abandonner ? Devenir plus lente, moins résistante, courir moins longtemps, sauter moins haut, crever juste parce qu'elle n'est pas dans les temps ? Dans le temps ? Unique et solitaire, celui pendant lequel il faut frapper.
Elle vomit donc, secouée de spasmes et de bruits affreux, entre la douleur et l'étranglement. Il déteste entendre ça, il déteste être là et la voir comme ça. Il y a des milliers de choses qu'il voudrait lui dire, pour Elaïa, pour Anja puis pour Myaw aussi.
Rien qu'à cette pensée il a envie de lui exploser l'arcade d'un coup de poing. La violence lui picote le bout des phalanges mais il soupire pour noyer l'envie. Sérieusement, Green ? N'raconte pas n'importe quoi, bien sûr que non tu ne la frapperas pas.

Elle se glisse finalement après s'être mise à nue. Il n'a pas détourner le regard, il n'a pas détaillé. Un corps est un corps. Il ne faut pas le mettre en avant ni le craindre, pas le cacher non plus, il est ce qu'il est. La pudeur n'a rien à voir dans l'histoire. On cache ses sentiments, pas sa peau. Qui pourrait en dire quoi de toute façon ?
Il trouve sa sœur bien maigre alors qu'elle se laisse tombe presque dans l'eau chaude, poupée de chiffon bien frêle et légère qui se donne enfin le droit de s'effondrer entièrement. Elle s'immerge complètement et Green détourne les yeux, impuissants. Il se sent inutile et déserté, mis sur le côté.
C'est ça, Bleu, rassemble tes idées.
Allez, remonte.
Remonte, remonte, remonte. C'est le moment.

- Moi aussi je suis triste.

Il ne le voit pas mais pourtant il sait bien qu'elle pleure, les larmes sont des gouttes d'eau, les gouttes d'eau sont des larmes mais il sait bien qu'il y a du sel là-dedans. Il le sent dans son corps, prêt à remplir un océan.
Il hoche doucement la tête doucement, les sourcils rejoints dans une expression de douleur. Il voit bien à son visage qu'elle a pris une partie de ses émotions à lui, qu'elle a tout vu tout compris.
Il n'a pourtant pas envie de faire de raccourcis, pas envie de dire "et c'est pour ça que tu bois ?" parce que ça ne veut rien dire, parce que ce serait analyser un grain de poussière sur une montagne et conclure une vérité générale pour la terre entière.

- J'voulais juste.. être.. moins malheureux, dit-il finalement.

C'est un peu comme s'il disait qu'il était désolé, un peu comme s'il donnait des explications, beaucoup comme s'il ne savait pas du tout s'exprimer. Voilà, s'il est si loin, c'est qu'il essaie, qu'il est pas encore totalement mort et c'est pas mal, ça, de pas être encore crevé, la tête en arrière et le corps renversé.

- J'veux toujours des tas de trucs.. et ça fait jamais comme prévu.. et puis..

Alors, on est maladroit avec les mots, Green ? On ne sait pas quoi dire ? Il la regarde dans le bain en train de pleurer et puis il se tait, voilà, c'est pas le moment ni la place, pourquoi tu parles de toi alors que c'est elle qui pleure, pourquoi t'essaie de prendre tout son espace ?
Tais-toi.
Bon sang, tais-toi.
Il se pince les lèvres comme pour mieux les sceller avant de se rappeler qu'il est tard, ou tôt peu importe et qu'elle a bu, dansé, ou que du moins elle n'a pas dormi depuis des années et puis qu'elle a failli s'faire baiser par l'autre. Il est tellement tard.. trop tard. Pourquoi est-ce qu'il n'a pas débarqué au beau milieu de la boîte ?
Parce que ce n'était pas le temps.
Pas le temps de frapper, non, pas encore.

Il se lève discrètement et va chercher un linge qui était posé sur le radiateur, bien chaud et bien grand avant de le poser sur le rebord de l'immense baignoire.

- On pourrait aller dormir, aussi.

Le matin ne sert à rien quand il nous trouve méfiant, les yeux grands ouverts et prêts à mordre, autant le laisser s'installer sans le déranger.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyMar 30 Mai 2017 - 22:19

Tes larmes rejoigne l'eau translucide dans laquelle tu baignes. Tu as bien envie de t'endormir là, de rester dans l'eau jusqu'à ce que ta peau soit toute fripée, comme une grand-mère. Tu as bien envie de ne pas bouger, jusqu'à ce que l'eau devienne froide et que ton corps, ne le supportant pas, devienne aussi bleu que ton prénom. Tu as bien envie de t'enfoncer dans le liquide, de ne plus jamais remonter, de te noyer dans tes larmes et dans l'eau.
Mais tu sais que Green ne le permettrait pas.
Tu espères qu'il ne le permettrait pas.
Après tout, comment en être certaine ? Il te déteste, il te hait. Et tu ne sais même pas pourquoi. La première fois qu'il est revenu, il était désolé pour ce que tu étais devenue. Mais il restait de l'amour entre vous, tu le savais, le ressentais. Mais, quatre ans auparavant quelque chose s'était brisé entre vous. Le lien n'avait plus les mêmes reflets, plus le même goût.

Dis Green, pourquoi me hais-tu à ce point ?

Tu peux sentir la colère émaner de ton frère, l'envie de frapper. De te frapper toi ? Ton pouvoir ne peut pas deviner cela, mais tu es la seule personne dans cette pièce. Pourquoi Green maintiens autant de rancoeur entre vous deux ? Pourquoi ses poings le démangent-t-il à ce point là ?
La haine de ton frère te blesse plus profondément que tout le reste.
Tu ne comprends pas la raison de toute cette colère et cela te fait d'autant plus mal. Ton coeur se déchire à mesure que tu reprends pied avec la réalité. Tu as envie de te relever, de t'enfiler dans ta robe trop petite et de retourner tanguer dans l'alcool et la sueur des nuits berlinoises. Tu as d'ailleurs entendu parler d'une boîte qui ne ferme pas la journée et tu trouves cela parfait. Pouvoir restée accouder au bar de jour comme de nuit.
Est-ce que tu es vraiment tombée dans l'alcoolisme Bleu ? Toi qui a toujours été triste de voir Silver défoncé, as-tu succombé à une addiction à ton tour ? Et que dire du paquet de cigarette qui traîne au fond de ton sac ?
Tu espères être différente de Silver, plus forte. Après tout, tu ne bois et ne fumes qu'en soirée. Mais les soirées sont nombreuses. Chaque fois que tu te casses en mission, que tu abandonnes la maison familiale. Auprès de tes parents tu ne peux rien faire si ce n'est épancher ta propre tristesse dans l'entraînement. Mais quand tu t'éloignes, quand Rosenrot t'envoies en mission, tu es libre de vivre ta vie.
De pourrir ta vie.
Alors tu enchaînes les soirées, tu enchaînes les nuits dépravées. Même lorsque tu revois Ange, tu n'arrives pas à être totalement sobre. Tu te dis que l'alcool bloquera la tristesse. Ta tristesse, mais également celle de ceux qui t'entourent. Ainsi que tout leur sentiment. L'ivresse brouille tes pouvoirs mieux que les runes. Un pouvoir que tu ne peux plus supporter, que tu ne peux plus porter sur tes épaules. Et le sexe te permet de combler le trou béant dans ton coeur. Le manque d'amour affligeant qu'oublient de te porter tes frères et tes parents.
C'est un peu leur faute après tout, si tu te retournes ainsi la tête.


- J'voulais juste.. être.. moins malheureux.

Les mots de Green te touchent en plein coeur. On dirait presque qu'il a lu dans ton esprit. Toi aussi, tu veux être moins malheureuse. Tu veux t'éclater, t'amuser, faire ce que font tous les jeunes normaux de ton âge. À outrance. Pour laisser derrière toi votre famille déchirée et la haine sous jacente qui te relie à l'être que tu aimes le plus au monde.


- J'veux toujours des tas de trucs.. et ça fait jamais comme prévu.. et puis..

Et puis quoi ? Depuis le fond de ta baignoire tu t'es tournée vers ton frère attendant avec impatience la suite de ses mots. Et puis quoi bon sang ?! Tu as envie de te lever et de le secouer dans tous les sens.
Qu'est-ce qui ne se passe jamais comme prévu ?
Qu'est-ce que tu veux ?
Pourquoi me hais-tu ?

Tu restes immergée dans l'eau et dans ton silence. Tu ne comprends pas, tu ne comprends plus. Tu as beau lire les sentiments de ton frère comme dans un livre ouvert, tu n'arrives pas à saisir ce qui les motive.
Vous n'avez jamais été aussi étrangers l'un à l'autre.
Tu as envie que Green termine sa phrase. Tu attends ses mots avec impatience, tu veux comprendre, briser tous les non dits entre vous deux. Prendre ton frère, le ligaturer contre un mur et le forcer à te dire, enfin, pourquoi est-ce qu'il s'est autant éloigné de toi. Qu'as-tu fait pour mériter cela ? Tu voulais tant lui faire plaisir... Pourquoi te repousse-t-il avec autant d'acharnement ?
Ne vient que le silence.
Green sort de la salle de bain et t'abandonne, une fois de plus. Même si cette fois tu as moins peur - il est revenu te chercher deux fois, il reviendra à nouveau -, tu es tout de même déçue. Tu n'as pas eu les réponses à tes questions silencieuses, tu n'as pas compris ce que tentait de dire ton frère. Tu te sens si éloignée de lui.
Il revient un linge dans les mains et le pose sur le bord de la baignoire. Tu souffles un merci avant de t'extraire douloureusement de l'eau. Ta tête te tourne, te rappelant de la pire manière tes excès de la nuit. Puis tu t'enveloppes dans l'épaisseur chaude.


- On pourrait aller dormir, aussi.

Ces mots là sont vides de sens. Ta tête te tourne et la proposition est tentante, mais tu n'as pas envie de l'écouter. Tu as envie de parler, tu as envie de comprendre.
Mais ta tête est si lourde...
Alors tu sors de la salle de bain, tes pieds mouillés laissant des traces sur le parquet verni. Tu ne dis rien en voyant une carte de Berlin imbibée de sang, probablement le sang de ton frère te recherchant. C'est donc ainsi qu'il t'a retrouvée ? Il s'est saigné pour toi ? Sacrifié pour toi ?
Peut-être éprouve-t-il encore un reste d'amour pour toi ? Cette idée te réchauffe.
Tu finis par trouver la chambre principale et tu ne te gênes pas pour ouvrir la grande armoire murale qui recouvre une partie d'un mur afin d'en extraire un t-shirt de ton frère trop grand pour toi. Tu l'enfiles en guise de pyjama, puis te glisses dans les draps, la chaleur du bain encore collée à ta peau.
Tu fermes les yeux.
Tu crois entendre Green à ta suite, mais tu n'en es même pas certaine. Alors tu lui parles. Peut-être dans le vide ?

- Pourquoi me hais-tu à ce point ?

C'est plus facile de poser la question les yeux fermés. En imaginant qu'il n'est pas là, qu'il ne va pas l'entendre.
Toi, de toute façon, tu n'entendras pas la réponse. Tu t'es déjà endormie.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyVen 2 Juin 2017 - 18:18

Elle s'enfuit. Tellement loin, seulement devant, un peu partie. Il reste quelques secondes interdit, sans bouger, juste pour le plaisir de l'entendre évoluer dans son appartement. Personne de la famille n'y a jamais mis les pieds et l'air de rien, admettre Bleu ici et même l'y avoir traîné n'est pas anodin. Il n'est pas stressé, presque à l'aise, comme si pour une fois il avait fait ce qu'il fallait. Le bon choix.
Qu'est-ce que ça veut dire ça, hein, le bon choix ?
Peut être être en paix avec soi-même, qui sait.
Qui sait.

Il entend les petites mains farfouiller dans ses affaires et il laisse quelques secondes s'envoler pour la laisser s'habiller. Il avance un peu, se posant sur l'encadrement de la porte, discret et silencieux, purement lui même. Essence d'âme verte un peu noyée dans le bleu océan qui se pose sur son lit, au beau milieu de ses bras alors qu'elle murmure.

- Pourquoi me hais-tu à ce point ?

Elle dit ça les yeux clos, comme si elle dansait déjà dans un autre monde, bien loin. Il hésite. Il pourrait la rejoindre dans ses rêves, sous son crâne. Il voit bien qu'il n'est plus temps pour lui parler, pour expliquer, lui dire qu'elle se trompe.
Lui dire aussi qu'elle ne l'indifférera jamais tant il l'aime. Pourtant l'amour qu'il lui porte n'est pas linéaire, ne l'a jamais été. C'est évident que ça ne va pas changer. Pourquoi devait-elle s'endormir sur ces mots ?
Il n'ose pas venir se coucher, il n'ose pas la déranger. A vrai dire il ne veut pas répondre dans la culpabilité lui serre la gorge, la mâchoire et puis le coeur surtout, tout écrasé qu'il est son coeur, comme les choses de son passé, broyées dans une boîte pas toujours tellement réelles.
Il s'avance un peu. Elle fait tout petite fille, poupée vidée au milieu de ce grand lit. Presque apaisée. Elle n'a pas cet air de douleur un peu dérangé et ces questionnements insensés qui tournent dans sa tête, comme si c'était calme, là, grâce à l'alcool et à la fatigue sans fin qui l'aspire. Pourquoi a-t-il du fuir comme ça ? Une première, puis une deuxième fois.
Et puis Myaw, au milieu de tout ça.

Un peu perdu, il s'assoit au bord du lit après avoir éteint la lumière. Ses volets sont encore ouverts, laissant filtrer la lumière crue de la lune, blanche et dénuée de vie. Pas de lampadaires visibles d'ici, c'est déjà ça. Il soupire, un long soupir qui ne veut plus rien dire, voilà, il n'a pas les mots, il n'a pas les gestes, gauche et maladroit exactement comme quand il était petit.
C'est insupportable.
Ne peut-il donc pas changer ? Un peu évoluer ? Devenir meilleur, plus fort, plus prêt.
De la réussite ?
D'être heureux ?
De la vie ?
Il n'a jamais de suite, ni dans ses actions ni dans ses pensées, il est incohérent et il est encore là, arrêté. Il aurait du continuer à la détester, rester campé sur ses décisions. Il a l'impression qu'il avance quelques kilomètres sur un chemin et puis se ravise. Il revient sur ses pas et retourne à la clairière de départ avant d'en essayer un autre. Au final, il ne va jamais nul part.
Mais si détester ta soeur te menait nul part ? Peut être que cette haine t'as fait faire une boucle et maintenant que tu as fait le tour, tu n'as d'autre choix que de changer d'avis. Peut être que maintenant tu peux te lancer ailleurs.

Il s'avance vers elle et presse ses lèvres contre son front, geste cliché avant de remonter un peu la couette avant de souffler, plus sincère que jamais.

- Je suis désolé.

Et pourtant, qu'est-ce qui va changer ? Qu'est-ce que ça fait, Green, que tu sois désolé ? Pas grand chose. Les combats restent les mêmes. Sortir Myaw de là, cramer Redwan sur un malentendu, retrouver Elaïa..
.. aimer Anja ?
Composer avec elle, déjà.

Il attrape une couverture et sort de la chambre en fermant la porte. De toute façon, il ne supportera pas d'être aussi proche de Bleu alors qu'ils n'en sont pas là. Il ne veut pas tricher, hors de question de sauter des marches et brûler des étapes. Ils ont le temps, il suppose, il n'est plus à ça prêt.
Il déplie son canapé d'un coup de main expert. Des draps sont déjà posés dessus - combien de fois a-t-il ramené quelqu'un sans lui autoriser l'accès à sa chambre ? Du sexe alcoolisé, un sourire et un regard qui veut dire "il est temps de partir."

Il s'étale de tout son long, un peu mal à l'aise. Allez, va dans ses rêves Greeni, tu sais que de toute façon quoi que tu y fasses tu n'y couperas pas, elle est trop proche de toi pour que tu ne te laisses pas glisser. C'est tellement facile, laisse toi aller.

Il ferme les yeux.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptySam 3 Juin 2017 - 11:48

Les brumes du sommeil t'ont enlacée dans leur griffe, les restes d'alcool faisant déjà divaguer ta conscience au loin. Tu ne penses pas au mal de crâne douloureux que tu auras demain matin, trop heureuse de pouvoir enfin fermer les yeux sur ta soirée et ta relation avec ton frère. Au moins, lorsque tu tombes dans le sommeil, ton inconscient prend le relais et tu n'as plus besoin de réfléchir. Et là, personne ne peut te reprocher quoi que ce soit.
Ta conscience divague déjà bien loin, lorsque ton corps sent les lèvres de Green se presser contre ton front. Un sourire, réflexe presque instinctif, échappe à ta bouche. Tu es comme une enfant bercée par ses parents. Retour en enfance ? Pas vraiment puisque toi tu n'as jamais connu ça de ta vie, tes géniteurs n'ayant jamais eu la moindre affection pour ta petite personne.
Les mots de ton frère te parviennent, mais ils sont comme brouillés et tu n'arrives pas vraiment à comprendre ce qu'il te dit. Ça ressemble à des excuses, mais ça n'aurait aucun sens... Les bribes de conscience qui te restent encore, s'échappent alors, abandonnant la quête des mots et tu t'enfonces toute entière dans le sommeil et le silence.

Au début tout est calme. C'est comme si tu flottais, enfin libérée de ton corps lourd et de toutes les chaînes créées par ton don qui t'emprisonnent sur le flanc de la terre, contre la tête des gens. Puis, alors que tu t'enfonces de plus en plus, un rêve tombe sous tes yeux. Ton inconscient construit une salle d'entraînement impersonnelle, qui ressemble à toutes celles qui existent dans chacune des maisons de tes parents.
Toujours de quoi vous entraîner, jamais quelque chose auquel vous rattacher. Pas de détail qui les différencie les une des autres. Tu pourrais être à Rome, Paris, Madrid ou même Pékin. Ce sont toutes les mêmes.
Quelque part tu aimerais pester contre ton inconscient qui ne te laisse pas de vrai repos. Mais tu es déjà trop prise dans ton histoire et ne réalise pas que c'est dans un rêve que tu évolues à présent.
L'imaginaire est impressionnant par sa précision et son exactitude. Capable de faire croire à un cerveau des mensonges dissimulés sur des vérités. Prêt à inventer instantanément une logique aux incohérences. Tu n'es donc pas surprise lorsque, en te retournant, tu trouves sur la table derrière toi un arc gigantesque réhaussé de dorures et de pierres précieuses. Tu ne t'étonnes pas non plus quand, en le soulevant, tu t'aperçois qui l'a le poids d'un tas de plume, contrastant avec les lourdes décorations qu'il possède.

Bien étrange chose que le cerveau... Te voilà hors du temps et pourtant bien ancrée dans tes souvenirs, dans ton passé. Tu es à la fois ailleurs et chez toi. En dehors et dans toi. Et la nuit folle que tu viens de passer, la mort d'innocents, le goût acide du vomi dans ta gorge, l'eau brûlante du bain, tout cela tu n'y songes même plus.
Trop concentrée à songer tout court.
Tu construis un monde mental, un monde pour te réparer, pour nettoyer ton esprit de la folie de la nuit. Ton corps est propre de son bain, mais ta tête doit également se purifier, plus profondément encore, tant les marques y sont tranchées profondément.
Le monde des rêves et avant tout la douche de l'esprit.

Ton arc toujours entre tes mains, tu saisis une flèche dans le carcan sur ton dos - comment est-il apparu là, était-il là depuis le début ? tu ne te poses même pas la question - et tu encoches le bout de bois à la pointe d'acier et décoré de plumes vertes et bleues dans ton arme.
Arc bandé, cible visée, corde lâchée.
Le trait fait un bruit mat en s'enfonçant à l'endroit exacte où tu le désirais. Tu ne t'attardes pas sur cette victoire de précision et encoches une nouvelle flèche. Trois traits de plus se succèdent dans le silence de la salle, tout trois atteignant l'endroit exacte que tu désires. Tu n'as jamais été aussi précise, aussi majestueuse avec ton arc dans les mains.
Mais personne n'est là pour le voir.
Peu à peu ton rêve se transforme en cauchemar. La solitude, cette éternelle compagne qui ne te lâche pas, qui empêche les autres de t'aimer. Jamais tu n'as tiré aussi bien, mais tes parents ne sont pas là pour ne serait-ce que acquiescer de la tête. Tes frères ne sont pas là non plus pour t'applaudir ou, au contraire, ôter l'arme de tes mains afin de te montrer que tu peux t'accomplir ailleurs que dans la combat. Même Ange, cet homme rencontré au hasard d'une soirée et dont le corps s'accorde au tien, même lui n'est pas là alors que tu aimerais tant qu'il te prenne dans tes bras, sentir une chaleur contre ta froideur.
Cette dernière idée te paraît ridicule ; que viendrait donc faire un simple humain innocent dans la maison des sorciers noirs les plus puissants d'Allemagne ? Ton père t'arracherait la tête s'il connaissait ton intérêt pour un simple humain. Ou peut-être hausserait-il les épaules en commentant simplement "Ça ne m'étonne pas de ta part Bleuann". Ça lui donnerait enfin une raison de te renier, il doit en rêver depuis si longtemps...

La vie est ainsi faite Bleu. Lorsque Green ou Silver sont partis avec des humaines, ton père a fait le nécessaire pour les ramener sur le droit chemin. Tu n'as jamais eu la preuve qu'il avait tué ou fait tuer leurs amies, mais tu te doutes bien que l'ordre venait de lui. Ainsi, les fils Soul retournait chez Rosenrot et la famille ne tombait pas dans la disgrâce. Mais si c'était la petite dernière, celle qui n'avait jamais été désiré et qu'on avait toujours détesté qui commettait un impair, tu doutes que ton père s'intéresse à ce cas. Pire même, il laisserait sans doute l'organisation noire pour laquelle tu avais travaillé toute ta vie t'assassiner pour trahison.
Tu étais pathétique Bleuann.
Même dans tes cauchemars.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptySam 3 Juin 2017 - 12:37

La nuit le prend doucement. Comme on tombe sans souffrir de la chute. Peut être que tu t'effondres dans tu te réveilles, peut être que tu n'attends pas aussi longtemps. Il tressaille quelques secondes, son don ne lui laissant aucun répit, pétillant dans ses mains en flammèches douloureuses. Il n'a jamais su le maîtriser comme il fallait, toujours un coup d'avance sur lui. Ses parents ne considéraient pas quelqu'un qui puisse manipuler les rêves avaient vraiment de la valeur. D'abord parce que Green était incontrôlable, ils l'avaient bien compris. Il aurait pu revenir des rêves sans résultats en prétendant n'importe quoi, il aurait pu mentir, encore et encore et personne n'était là pour le vérifier. Le manque de contrôle qu'ils avaient sur cette part là de leur fils les terrifiaient.
Green ne s'était que bien peu entraîné.

Quand il ouvre les yeux de l'autre côté de la barrière, c'est un son mat qu'il entend. Il ne sait pas ce que c'est, il ne sait pas où il est, comme s'il sortait d'un cocon. Petit à petit il se détache des dernières bribes, des derniers nuages, des derniers morceaux d'inconscience qui lui restent. Il espère qu'il a atterrit chez Bleuann, mais rien n'est moins sûr. Parfois il continue de visiter des inconnus, il voyage entre leur conscience et surtout leurs cauchemars.
Il a toujours eu un faible pour les histoires noires.
Quand il s'avance, il touche un mur. Poreux, inconstant. La matière s'étale sur son doigt comme si le rêve se délitait petit à petit. Rien n'est encore fait donc, tout peut se jouer encore.

Il reste à l'entrée d'une salle. Il la reconnait, bien sûr qu'il la reconnait. Pas contre il est incapable de la situer. Peut être que Bleu sait où elle est, elle, peut être qu'elle va rêver de sortir et quelques secondes après il saurait où ils sont. Toujours l'Allemagne ? Peut être pas. Peut être bien.
Il ne sait pas, et dieu seul sait à quel point c'est frustrant de ne pas savoir, de devoir se demander sans avoir accès aux pensées de l'autre. Même Bleu lui semble brumeuse, là bas, trop loin de lui. Elle porte un arc comme s'il était une feuille et son attitude reflète l'entraînement comme la froideur de la jeune femme. Il déglutit. A quoi joue-t-elle ?
Elle semble s'entrainer mais sans avoir de but, ses gestes sont rapides mais solitaires. Elle tire juste. Le bruit résonne dans la pièce alors que les murs derrière elle se décomposent. Il ne fait pas froid pourtant, comme si les draps qui enveloppent sa petite soeur suffisaient à réchauffer la salle qu'elle a composé de toute pièce.

Il regarde des éléments se jouer en arrière plan, les murs se chargent par moment d'un visage ou d'un désir, c'est étrange, lui même ne se souvient pas de comment il est arrivé là. Par quel chemin ?
Il déteste ça, bon sang.
Et surtout, il n'ose pas.
Il sait pertinemment que si sa soeur explose de rage sur lui, elle sera pourtant toujours là au réveil et il devra se justifier, lui dire qu'elle n'a pas rêvé de lui mais qu'il l'a visité.
En clair, que tout est encore de sa faute.
Surtout que dans l'instant, il est incapable de modifier le rêve, il n'en sait pas encore assez. Pour transformer les éléments, il a encore besoin de savoir la motivation de leur apparition, l'arc symbolise-t-il quelque chose, est-il l'élément central du rêve ? Est-il l'objet auquel elle se raccroche ? Auquel cas sa disparition réveillerait probablement Bleu ou l'angoisserait.
Mais l'angoisse est déjà là.
Les premières plumes sont tombées et il n'a rien vu venir.

L'atmosphère s'assombrit et se flotte, tout est moins clair, moins vivant, moins sincère aussi. Ces murs sont-ils vraiment des murs ou passeront-ils au travers ? Il déteste le manque de consistance. D'une main il transforme l'arc en se concentrant, mettant sa force, sa rage et son amour pour faire tomber les pierres précieuses qui sonnent en tombant à ses pieds.
La guerre n'est pas précieuse, la violence n'est pas précieuse, cet environnement n'est pas précieux. Pourtant, elle ressemblent toujours à une cheffe guerrière, cheffe indienne presque avec son arc et ses flèches. Il voudrait que l'arc devienne vent, il en est incapable.
Il ne peut pas se montrer non plus alors d'une main il essaie d'écrire sur le mur.
Le son que fait l'inscription ressemble à un déchirement et il n'y a plus aucun doute possible, elle ne rêve pas elle angoisse, elle se déchire de l'intérieur, elle se malmène.
Il ne sait pas pourquoi.
Il relève les yeux et le mur est marqué au sang "your only home is your heart" et c'est faux, voilà ce qu'il a envie de hurler, c'est faux, mais il n'est plus maître de rien et ses mots restent bloqués dans sa gorge. Il murmure des mots incompréhensible, incapable de devenir acteur dans ce rêve.
D'une inutilité conséquente.

Enfin, d'un mouvement il réussit à sortir et faire sa place dans la salle d'entraînement, il tourne autour d'elle comme entraîné par un vent puissant, soulevant ses cheveux et happant ses mots qu'il s'évertue pourtant à souffler. Est-ce que tu comprends quand même ? Est-ce que tu comprends que ton frère te demande pardon ?

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptySam 10 Juin 2017 - 22:57

Ton rêve se teinte de l'odeur du cauchemar.
Soudain les pierres précieuses qui décorent ton arc tombent par terre, sans aucune raison, aucune logique. Tu sursautes au bruit sourd des joyaux frappant le sol. Tu les regardes tomber, comme des larmes sur un visage. Tombent-t-ils parce que tu as aussi mal ?
Ça n'a aucun sens.
Ton cerveau repousse toutes ces questions auxquelles il ne peut pas répondre. Il n'accepte pas le rêve, il ne connaît pas assez bien cet Univers. Pour toi tu es dans la réalité et tu ne penses pas à l'avant, ni à l'après. Tu ne comprends pas, mais tu n'as pas vraiment envie de comprendre, ton inconscient tentant de t'abrutir. Alors tu regardes simplement tomber les pierres, comme si c'était normal, comme si les joyaux avaient été placés sur l'arc précisément pour tomber. Le destin... après tout on ne peut rien contre.
Les cailloux semblent avoir arrêtés de briller en tombant et ils jonchent à présent le sol, bien plus nombreux qu'ils n'étaient sur l'arc. Tes petits pieds se retrouvent noyés sous les émeraudes, rubis, diamants et autres saphirs. Ton coeur lui se noie dans tes propres larmes et tu fixes, la mer pâle qui semble ne plus cesser de s'étendre.

C'est un bruit horrible qui fait que tu relèves les yeux. Tu as l'impressions d'entendre une craie crisser sur un tableau ou une fourchette qui s'acharne sur la porcelaine de l'assiette. Ça vrille tes oreilles, ça déchire tes tempes, comme la tension qui s'acharne à l'intérieur de ton corps, de ta tête. Tu plaques les mains sur tes oreilles, essayant désespérément d'arrêter le bruit qui te dérange tant et, heureusement, il ne dure pas trop longtemps. Curieuse, tu enjambes ensuite les pierres sous tes pieds afin de rejoindre le mur sur lequel sont désormais tracés quelques mots dans un sang frais...
Your only home is your heart
Tu fronces les sourcils. Ta seul maison est ton coeur. Tu n'es pas tellement d'accord avec ce message et tu ne comprends pas tellement d'où il peut bien venir. Pas de toi en tout cas. Ton inconscient non plus ne comprend pas et, soudainement, c'est comme si les murs se troublaient, presque disparaissaient. Ton cerveau ne comprend pas qu'il ne puisse plus contrôler ce rêve ; il le refuse même. Alors il s'énerve, s'acharne. Les murs réapparaissent, plus résistants que jamais, plus forts que jamais.
Et les mots, toujours tracés au sang, ont désormais changés.
You have no home
Les mots à présent tracés te sembles plus juste, plus vrais. Tu n'as pas de véritables maison Bleu. Les toits qui t'ont protégé enfant ont peut être détourné les tempêtes et les nuages, mais pas les orages parentaux et la pluie sur tes joues. Les murs, malgré leur solidité, ne t'ont jamais vraiment protégée. Ni de tes parents, ni de tes frères, ni du manque d'amour, constant.
Tu retournes à ta solitude.

Pourtant quelque chose en toi sait que tu n'es pas seule. Quelque chose sent, même si ton esprit n'a pas encore compris ton corps lui tremble. Il sent le regard invisible et les sentiments connus. Le lien est trop fort pour que tu ne le repères pas plus rapidement.

- Green...

Cette fois ton cerveau ne peut plus te cacher l'étrangeté de la situation. Les murs qui disparaissent, les pierres qui tombent et les mots sanglants qui apparaissent... Tu comprends et tu te reproches même de n'avoir pas saisi plutôt. Un rêve... bien sûr que c'est un rêve.
Tu te rappelles alors les nombreux rêves que vous avez partagé enfant. Green venait souvent dans ta tête la nuit venue pour veiller sur toi et vivre des aventures toute plus folles les unes que les autres. L'atmosphère était alors bien différentes ; beaucoup plus claires, heureuses, enfantines. Vous voguiez sur des mers de bonbons, partant à la conquête des éléphants roses ou simplement de la face cachée de la Lune. À l'époque, tu retrouvais ton aîné avec plaisir, l'attendant presque, déçue les fois où il n'arrivait pas à venir.
Mais ces fois là étaient faibles. Tellement le lien qui vous liait était fort.
Ton frère ne maîtrisait pas encore très bien son pouvoir, mais cela ne vous empêchait pas de modifier certaines choses. Tu le regardais faire en rigolant, fière d'avoir un frère aussi impressionnant et qui pouvait, s'il le voulait, littéralement te décrocher la Lune.
Dans tes rêves.

Mais cette fois tu ne t'attendais pas à ce qu'il te rejoigne. Ça fait quoi ? Presque dix ans que tu ne l'as pas vu dans ta tête ? Ça te déstabilise terriblement, tu avais presque oublié la sensation que ça fait. Alors tu te retourne, les yeux brillants de colère, cherchant à croiser le regard de ton frère.
Mais il est invisible à tes yeux. Bien sûr.
Même sur son propre terrain, le monde des rêves, il est lâche. C'est bien Green ça, de disparaître, de se cacher. D'être lâche. Tu as envie de lui crier dessus, maintenant que tu as tout ton esprit, les vapeurs de l'alcool n'ayant pas pu te suivre jusque dans cet enfer mental. Pourquoi fait-il toujours ça ? C'est comme aujourd'hui, une fois de plus il a été lâche. Il est venu te chercher. Tu te souviens très bien de la porte qui explose, de lui qui débarque et tue l'humain qui allait te prendre salement sur le lit. Tu te souviens qu'il t'attrape, qu'il t'agrippe, qu'il t'extirpe de la situation merdique dans laquelle tu t'es toi même mise. Et puis là il ne dit plus rien ; plus rien d'important. Il t'a juste ramené chez lui, balancé dans un bain, conseillé de vomir. Pas d'explication ni au fait qu'il t'ait tiré de cette chambre d'hôtel, ni à la raison pour laquelle il t'évite depuis environ quatre ans.
Lâche. Du grand Green.
Tu es à présent en colère contre lui et tu concentre toute cette colère sur la salle qui t'entoure. Ton pouvoir se manifeste et des bourrasques de vent viennent percuter violemment les murs autour de toi, des couteaux traînant sur les tables s'envolant sous la force de l'air pour aller se ficher sur ce qui t'entoure. Tu ne t'en rends pas compte mais, bien loin de ton rêve, dans l'appartement moderne et silencieux de Green, ton pouvoir se manifeste aussi autour de ton corps endormi. Les draps s'envolent, les placards claquent et les habits sortent violemment des armoires emportés par le vent.
La colère te dévore et tu ne comprends plus rien.

- Green montre toi !

Tu serres les dents mais ça ne sert à rien. La colère t'a emportée si loin que tu ne peux plus rien contrôler. Tu ne veux qu'une chose, que ton frère apparaissent devant toi pour lui planter un couteau dans le coeur, pour qu'il sache un peu ce que ça fait de ne plus se sentir aimer par celui qui compte le plus pour soit.
Tu sais que tu ne le blesseras pas réellement puisque vous êtes dans un rêve. Mais tu veux juste qu'il te fiche la paix. Qu'il te laisse avec ton cauchemar. Et surtout, surtout, qu'il prenne conscience, enfin, de tout le mal qu'il t'inflige.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyLun 12 Juin 2017 - 22:14

Elle appelle, doucement. Elle appelle doucement et Green sursaute presque à entendre son prénom dans la bouche de sa petite sœur. Il ne lui semble pas qu'il existe encore dans cet univers, il se sent de plus en plus mal à l'aise dans cet endroit, dans cet univers. Là, il voudrait partir et il ne sait pas pourquoi il reste.
Un peu comme dans la vie de Bleuann.
Peut être qu'il n'a pas sa place dans cette vie là et que c'est pour ça qu'il fait qu'en sortir. Tout simplement. Peut être qu'il n'a rien à faire ici, quoi qu'il fasse, il sera obligé d'en sortir. Il devrait maintenant apprendre à se tailler. Honnêtement c'est le moment, il pourrait décider de rester l'ombre qui surveille Bleu.
Comme si elle avait besoin de quelqu'un qui l'empêche de devenir quoi que se soit.. sérieusement ?

Les mots changent sur le mur. Il ne le remarque que maintenant à vrai dire, maintenant qu'il sait qu'il n'a aucune prise sur le rêve, il est comme prisonnier dans le centre d'un ouragan, l'œil du cyclone et il est bien bloqué, bien comme il ne voulait pas se retrouver. Elle sait qu'il est là et il veut fuir. Pourquoi ?
Il ne sait pas s'il se sent trop coupable ou trop stupide, trop bien pour elle, pas assez, ou si c'est de sa faute à elle, elle qui suit trop bien le parcourt des parents, elle qui s'entraîne bien, qui apprend bien, qui travaille dur, accompli les missions et puis elle aussi qui est aimée de ses frères même si Green en est certain, Silver il pige plus rien à rien dans sa vie, c'est sûrement comme ça que ça se passe.
Peut être qu'il la méprise un peu, aussi, au fond de l'aimer lui.

Ne vois-tu pas que c'est un chien galeux ?

Tout claque, tout fait du bruit. Green a envie d'exploser de rire dans le vent. Les rêves de Bleu ressemblent aux siens quand il est vert de colère (gros jeu de mot mdr) et quand il cherche une issue, quelque chose qui pourrait broyer le monde qui l'entraîne et dans lequel il n'a vraiment, vraiment plus envie de vivre.
Celui dans lequel Chloé est morte.
Celui dans lequel il n'a pas le droit d'être le père de sa fille.
Celui dans lequel il n'a pas le droit d'aimer la femme qu'il veut.
Celui dans lequel la femme qui l'attire est celle qu'il ne faut pas.
Celui dans lequel Bleuann est si loin.
Celui dans lequel ses parents sont encore si proches.
Celui dans lequel Myaw est au service du pire de ses frères.

Soupir.

- Green montre toi !

Il grince des dents, tout seul dans son coin, bien à l'aise finalement au milieu des choses qui explosent. C'est chez lui, hein. Il se sent bien au milieu des trucs détruits.
Il n'a pas du tout, mais alors pas du tout envie de se montrer, avec tout le cynisme qui monte en lui.
Il débarrasse quand même l'horizon pour se montrer devant sa sœur. Là, tout droit, stoïque, sans bouger, les dents serrées et les bras le long du corps. Vas-y, dis lui que tu le détestes et que c'est de ta faute il te dira qu'il t'en veut aussi. Qu'il t'en veut tellement.
Pourquoi est-ce que tu ne te rebelles pas, hein ? Pourquoi tu hoches la tête quand ils te pointent du doigt ? Pourquoi tu laisses faire tout ça, pourquoi tu restes plantée là, pourquoi tu laisses t'arriver tout ça, pourquoi tu te laisses baiser, souiller, pourquoi tu réagis pas, pourquoi tu restes lisse quand tu n'es que faite que d'éclats ?

- Vas-y Bleu, vide ton sac.

Blessé, coincé, sale chien galeux qui veut mordre avant de se faire piquer. Mordre pour montrer qu'on peut, nous aussi grogner et dire stop, dire y'en a marre, dire que putain, c'est pas facile pour tout le monde.
Dire que Myaw elle devrait partir d'ici. Dire à Elaïa qu'elle devrait pas être née ici.
Dire à Bleu qu'on est désolé, mais qu'on a vraiment, vraiment essayé.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyVen 16 Juin 2017 - 16:42

Ce rêve bleu, tu n'y crois pas c'est un cauchemar...

Tu fulmine et ta fureur te consume de l'intérieur. Si on ouvrait ta poitrine à présent, nul doute qu'on y trouverait un brasier qui brûle pour ta famille. Contre ta famille. À la place béante qui devrait abriter ton coeur.
Ils ne sont pas capables de t'aimer ? Alors pourquoi toi devrais-tu les aimer ?
Pourtant tu t'obstines. Tu ne peux pas t'empêcher d'essayer, encore et encore et avec tout le monde. Combien de fois t'es-tu pliée en mille pour faire plaisir à tes parents, dans l'espoir maigre de voir naître le début d'un sourire sur la commissure de leurs lèvres ? Combien de nuages as-tu peints avec Red dans l'espoir que ces nuages là ils les gravent dans ton corps ? Combien d'ordre de Bianco as-tu suivi dans l'espoir qu'il t'ordonne de l'aimer ? Combien d'appels as-tu passé aux jumeaux dans l'espoir qu'une fois, une seule fois seulement, ce soit eux qui décroche le combiné de leur propre initiative pour t'appeler ? Combien de lettre as-tu écrites à Silver dans l'espoir qu'il lâche la drogue pour s'intéresser à toi ? Combien de coups as-tu lancé sur le lien qui te raccroche à Green dans l'espoir qu'il sente ta douleur et vienne te sauver ?
Dans l'espoir qu'une seule de ces personnes te dise "je t'aime".
Comme quand tu étais petite et que tes aînés te le disaient aussi facilement qu'un "bonne nuit".

Tu n'es pas très reconnaissante Bleu. Trop centré sur toi même, trop obnubilée par cette impression de manque d'amour, tu oublies l'acte de Green de cette nuit là. Egoïstement, tu mets de côté le fait qu'il soit venu te chercher, emportant ton corps loin d'un homme qui ne pouvait rien t'apporter. Tu te focalises juste sur la haine que tu as ressenti, le fait qu'il t'évite depuis plus de quatre ans et qu'il t'a abandonnée chez tes parents.
Mais bon sang Green, pourquoi n'as-tu pas pris Bleu dans ton périple avec Chloé ?
Tu lui en veux. Oui, ta haine vient de là et tu le sais. Tu ne peux plus croiser le regard de ton frère sans ressentir un pincement au coeur pour ça. Tu lui en veux tellement... Et tu te sens si légitime dans ta haine revancharde que la première fois que tu as senti que ton frère aussi te haïssait, tu n'as pas compris.
De quel droit ?
De quel droit lui, Green Soul, pouvait t'en vouloir à toi, Bleu Soul ?

Tu t'en rappelles très bien. C'était juste après l'attaque du Mystery Orphanage. Un de vos oncles était décédé et toute la famille Soul était présent à l'enterrement. Malgré toi tu te réjouissais de revoir tes frères réunis tous au même endroits, comme quand vous étiez petits. De plus, tu ne connaissais pas bien cet oncle que tu avais vu à peine une fois dans ta vie. Certes, les enterrements n'étaient jamais agréables pour ton don d'empathe, mais tu étais si heureuse de revoir toute ta fratrie que tu étais prête à passer au dessus de ça.
Tu étais debout dans l'Eglise, au troisième rang dans une sage robe noire à côté de Cyan lorsque ton don d'empathe avait vibré. Au dessus de la tristesse émanent de la famille de ton oncle et de la satisfaction de certains, un sentiment, plus fort que tout, plus brûlant que tout, te déchirait.
Une haine froide.
Déstabilisée, tu avais failli t'évanouir sous le coup.
Tu t'étais alors retournée afin de comprendre d'où venait un tel sentiment et envers qui il était dirigé et c'est là que tu avais croisé le regard brûlant de Green. Enfoncé droit dans le tien.
C'était contre toi que toute cette haine était destinée.
Les larmes avaient coulé toutes seules sur tes joues sous le regard étonné de tes frères et désapprobateur de tes parents, sans doute persuadé que ton don d'empathe qu'ils n'avaient jamais compris avait pris le pas sur toi et que c'était le reflet de la tristesse des gens autour de vous en deuil.
Mais non, c'était ta tristesse que tu portais, ton deuil que tu pleurais.
Le deuil d'un frère.

Depuis la haine n'avait plus quitté ton frère. Toujours un fond présent dans son coeur. Au début tu avais été triste mais, à présent, il ne restait qu'une colère incommensurable face à cette haine que tu ne comprenais pas et qui te poursuivait même dans tes cauchemars les plus profonds.
Alors tu attendais qu'il apparaisse. Pour lui jeter tout ce que tu avais sur le coeur. Pour lui montrer qu'il n'était pas le seul capable de haïr.

Soudain les objets que ton pouvoir a soulevé se font écarte par ce que tu reconnais être de la lévitation. Green... Et il apparaît, face à toi, droit, sans le moindre regret sur le visage.

- Vas-y Bleu, vide ton sac.

Ta mâchoire tremble.
Tout autour de toi les joyaux tombés se soulèvent et viennent se coller à ta peau. C'est un effet de ton rêve, ton pouvoir n'est pas capable d'être aussi précis, le vent que tu contrôles ne peut pas agir ainsi. De plus tu es trop concentrée sur ton frère que tu remarques à peine le phénomène.
Ce n'est qu'en baissant les mains sur tes poings serrés que tu voix les pierres qui brillent à nouveau.
Il y en a sept types différents. Sept types qui brillent dans la nuit. Le rubis au reflets sanguinaires qui te rappellent le caractère de Red. Le diamant dur comme la tête et l'ambition de Bianco. Les topazes bleu et vert qui sont presque indissociables si ce n'est par leur couleur, un peu comme Cyan et Olive. L'opale brillante comme boostée par la magie comme Silver brillait boosté par la drogue.
Et deux types de pierres un peu plus petites que les autres.
Un peu plus ternes que les autres.
Le vert émeraude et le bleu saphir.
Green et Bleuann.
Lui et toi.

Tes yeux se détournent un instant de ton frère pour observer l'armure formée par les pierres. Une armure qui te protège, qui te cache, qui te soutient.
Tout ce que tes frères n'ont jamais été capable de faire.
Les pierres elles, s'accrochent à toi.
Tes frères eux, se sont décrochés depuis longtemps.

Tes mots partent comme des lames.

- Tout ce que j'ai toujours voulu c'est que tu m'aimes. Mais dès le moment où tu as connu Chloé tu ne m'as même plus regardé. Tu es parti sans me prévenir Green ! Pas un mot, rien. Et malgré ça, quand tu es revenu, j'étais prête à te pardonner. Mais tu m'as regardé avec tellement de dédain... Encore plus que les parents quand ils ont apprit pour mon don. Ce jour là tu as brisé mon coeur.

À tes mots les saphirs se détachent de ton corps et tombent une nouvelle fois mais cette fois là ils se brisent sur le sol.
De la poussière d'étoile bleu.
De la poussière de ton coeur.

- J'étais triste et peut être bien que je te détestais déjà un peu. Je détestais cet écart que tu mettais entre nous alors même que le lien qui nous lie prouve qu'il est contre nature. Je détestais cette impression que tu me fuyais. Mais je pense pas que je te haïssais. Non, pas encore.

Sans même que tu t'en aperçoives les larmes ont commencé à rouler sur tes joues. Des immenses larmes pour une bien petite filles qui viennent trembler jusqu'à la pointe de ton menton et s'écraser sur le sol brillant sous tes pieds.

- La haine est apparue à l'enterrement d'Adam. Et elle ne venait pas de moi, mais de toi. Comme ça. Sans raison, sans mot. J'ai pas compris. Alors j'ai commencé à te haïr en retour.

Les émeraudes commencent également à fuir ta peau et vont s'écraser, brisés, aux côtés de la poussière de saphir.
Le sol est à présent un mélange brisé de vert et de bleu.
Tu regardes les autres pierres sur ta peau et tu soupires. Tes autres frères n'ont rien fait pour t'aider et tu t'es enfoncée toute seule dans ta haine, ta tristesse et ta solitude.
Si seule la bleue.
Dans un fracas de fin du monde les rubis, diamants, topazes et opales viennent joindre leurs poussières à celles des émeraudes et des saphirs.
Explosion.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyVen 16 Juin 2017 - 21:01

Les pierres se lèvent subitement. Elles se lèvent d'un coup, comme mues par leur propre volonté, s'élevant avec précision. Quand elles se collent sur la peau de sa petite sœur, Green sursaute. Sans savoir pourquoi, il pense que ça l'a brûlé, qu'elle n'est pas faite pour être ainsi parée. Enfin.. Regardez là deux minutes.
Voyez comme elle brille d'elle même, voyez comme elle n'a besoin de rien, absolument de rien pour briller.
Sauf d'un regard ou d'une attention, peut être. Mais peut être seulement.

Elle baisse les yeux sur les joyeux. Il n'a aucune idée de ce qu'elle peut penser à cet instant même, il a l'impression qu'elle est totalement opaque. C'est triste.
Elle baisse les yeux et encore une fois il est perdu : est-ce qu'elle a voulu cela ? Est-ce qu'elle s'est construite une armure pour se protéger ? Il souffle. Physiquement il ne la blesserait jamais bien sûr, mais est-ce une allégorie des armures qu'elle voudrait avoir dans sa tête ?
Des barrières ?
Dis-le, Bleuann, est-ce que tu voudrais pousser ton frère encore un peu plus loin ?

- Tout ce que j'ai toujours voulu c'est que tu m'aimes. Mais dès le moment où tu as connu Chloé tu ne m'as même plus regardé. Tu es parti sans me prévenir Green ! Pas un mot, rien. Et malgré ça, quand tu es revenu, j'étais prête à te pardonner. Mais tu m'as regardé avec tellement de dédain... Encore plus que les parents quand ils ont apprit pour mon don. Ce jour là tu as brisé mon coeur.

Il sent son coeur qui se serre. Son corps se courbe un peu, aussi, comme s'il avait reçu une flèche dans les côtes et qu'il essayait d'atténuer la douleur.
Il ne peut pas.
Alors c'est bien ça que tu penses ?
Que c'est tout la faute de ton frère.
Il baisse la tête, des mèches de cheveux retombent doucement sur son front. Ils sont trop longs, exactement comme quand il est parti. Que dire ? Qu'il avait ses raisons ? Qu'il n'aura pas pu dire à Bleu où il était pour ne pas la mettre en danger ?
Il n'est pas fou, il sait bien qu'elle doit faire quatre fois plus d'efforts pour lui et ses frères pour obtenir la grâce de ses parents. Si elle avait eu l'air moins dévasté que les autres ça aurait été clairement suspect.
Si elle était partie, ils ne l'auraient pas ramené.
Ils l'auraient tuée.
Et que dit-elle ? Moi je te pardonnais et toi tu me dédaignais. Moi je, et toi tu.

Il se tait.

Les saphirs tombent.

- J'étais triste et peut être bien que je te détestais déjà un peu. Je détestais cet écart que tu mettais entre nous alors même que le lien qui nous lie prouve qu'il est contre nature. Je détestais cette impression que tu me fuyais. Mais je pense pas que je te haïssais. Non, pas encore.

Il serre les dents alors qu'elle commence à pleurer. Pas encore, alors, sœurette ? Qu'en est-il de maintenant ? Bien sûr qu'il est parti, bien sûr qu'il est en colère. Ne sens-tu pas tout ça à travers le lien ? La colère ?
On lui a volé sa vie. Rien n'y a échappé. Même pas toi, Bleu. Même pas toi.

- La haine est apparue à l'enterrement d'Adam. Et elle ne venait pas de moi, mais de toi. Comme ça. Sans raison, sans mot. J'ai pas compris. Alors j'ai commencé à te haïr en retour.

Les émeraudes tombent. Il n'y voit aucune allusion.
Et puis tout explose alors qu'il lève les mains pour se protéger les yeux. Il s'humecte les lèvres, cynique, pleinement lui même, au bord de l'injustice sans en avoir rien à battre.

- De la haine, mh ?

Il se sent plus vieux, plus fatigué. Il en a marre de se battre sans réussir à se dire qu'il peut laisser les choses en l'état.

- Je ne t'ai rien dit car ça aurait pu te tuer. Je suis revenu car ils l'avaient fait tuer. Je détestais être de retour dans la famille Bleu. Je détestais chaque seconde qui me rappelait que j'avais tenté ma chance et que j'étais plus que jamais obligé de rentrer, les fers au poignets.

Il souffle doucement pour se calmer un peu. Au fond il a toujours autant envie de hurler pour la mort de Chloé, rien n'a changé.

- Je te fuyais parce que j'étais nocif, parce que j'avais envie de tout brûler, de me pendre, de me jeter. Je t'en voulais de te plier à tous leurs désirs, de te battre avec autant d'envie pour leurs plaire, aux parents et aux frères alors que c'est tous les mêmes.

Il sent le sarcasme arriver sur sa langue avant même de parler.

- Et puis Myaw. Oh, Myaw. Sous le service de Red en plus. Ca t'amuses, Bleu ? Ca t'amuses de laisser à ce psychopathe la fille de Chloé ?
- il déglutit - Ne me dit pas que t'as pas vu d'air de ressemblance..

Il ne dit pas qu'il trouve par moment qu'elle ramène tout à elle, moi je ne suis pas aimée, vous ne me regardez pas, ne suis-je donc pas assez ? Est-ce vraiment ce qu'elle est en train de dire ? Alors pourquoi tu restes Bleu, pourquoi tu restes si ça ne te va pas !
Pourquoi t'essaies de faire changer les gens ?

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyVen 16 Juin 2017 - 22:58

Tu n'as même pas sursauter lors de l'explosion.
Au contraire de ton frère qui a levé la main pour se protéger les yeux. Toi tu t'es contentée de le fixée, faisant fi de la poussière d'étoile, la poussière de pierre qui retombait autour de toi comme une multitude d'étincelles. La faible lumière se dégageant de l'ampoule nue au dessus de ta tête se reflétait dans cette tornade poussiéreuse comme des milliers d'arc-en-ciel translucides.

- De la haine, mh ?

Tu ne dis rien, te contentant de fixer ton frère à travers le flou créé par les larmes.

- Je ne t'ai rien dit car ça aurait pu te tuer. Je suis revenu car ils l'avaient fait tuer. Je détestais être de retour dans la famille Bleu. Je détestais chaque seconde qui me rappelait que j'avais tenté ma chance et que j'étais plus que jamais obligé de rentrer, les fers au poignets.

Tu serres les poings et retient un commentaire acerbe. Était-ce à lui de décider des risques à prendre ? Tu aurais été prête à le suivre sans la moindre hésitation. Bien sûr que tu connaissais la sévérité de tes parents à ce sujet là. Nul doute qu'ils auraient été capable de te faire assassiner en même temps que Chloé et de manière suffisamment subtile pour que ça ait l'air d'un accident. Mais quelque chose te soufflait en toi que tu préférais encore cette mort dans le bonheur plutôt ta vie de souffrance.

- Je te fuyais parce que j'étais nocif, parce que j'avais envie de tout brûler, de me pendre, de me jeter. Je t'en voulais de te plier à tous leurs désirs, de te battre avec autant d'envie pour leurs plaire, aux parents et aux frères alors que c'est tous les mêmes.

Non. Tu avais envie de lui cracher au visage. Il mentait. Il te mentait. Ce n'est pas ce qu'il avait dit en rentrant. Ce qu'il t'avait dit, tu t'en rappelait encore. Mot à mot.
Ça y est. Toi aussi tu as perdu ton âme.
Comble de l'ironie pour une personne dont le nom de famille était Soul ! Mais tu n'avais pas rigolé, prenant les mots personnellement, les ressassant sans cesse dans ta tête.
Tu avais perdu ton âme. Tu étais comme eux. Tes parents. Tes frères.
Du moins c'est ce que Green voyait en toi.
La colère gronde dans tes poings et tes ongles s'enfoncent profondément dans la chair à telle point que tu sens du sang goutter de la paume de tes mains et rejoindre dans un bruit discret tous ce qui salit déjà le sol.
La poussière, les larmes et le sang. Voilà à quoi se résume ta vie.

- Et puis Myaw. Oh, Myaw. Sous le service de Red en plus. Ca t'amuses, Bleu ? Ca t'amuses de laisser à ce psychopathe la fille de Chloé ? Ne me dit pas que t'as pas vu d'air de ressemblance..

Myaw... Ce prénom te déstabilise tant que tes poings se desserrent, presque malgré toi. Tu revois soudain le visage apeuré d'une petite fille et la ressemblance... Oui, tu t'étais fais la réflexion. Bêtement prise dans la bataille tu n'avais pas réfléchis au statut d'humain de la petite et tu t'étais imaginé qu'elle pouvait être la fille de Green et, dans l'idée de te protéger, tu avais demandé à ton père et à Anja l'autorisation de garder l'enfant en tant qu'esclave près de toi. Puis, lorsque tu avais repris tes esprits, tu avais compris que ça ne pouvait être ta nièce puisqu'elle n'avait pas de sang de sorcier dans les veines. Tu t'étais alors dit que la ressemblance n'était qu'une coïncidence.
Et quand Red avait eu l'envie d'avoir une esclave personnelle, ne sachant que faire de Myaw, tu la lui avait offerte.
Tu n'avais pas compris. Tu ne comprenais jamais. Tu passais toujours à côté des choses essentielles. Et encore une fois, tu ne comprenais pas tout.

- Myaw ? Mais... ce n'est pas une mêlée. Ce ne peut pas être ta fille.


Bien sûr... tu ne réfléchissais pas plus loin que ton nombril, pauvre fille. Dans ta tête, si Green était parti avec Chloé c'était pour vivre leur amour au grand jour. Mais toi qui pensait être spécialiste des sentiments tu étais pourtant passée à côté de l'enchevêtrement complexe qui unissait Chloé et Green.
Chloé n'avait jamais aimé Green. Pas par amour en tout cas. Elle devait le considérer comme son meilleur ami, leur amitié devait être brûlante et passionnée. Mais rien de plus. L'amour de son frère qu'elle avait senti dans ses tripes, sur votre lien, cet amour là était à sens unique.
Tu avais été conne Bleu.
Tu n'avais rien compris.
Myaw était la fille de Chloé. Myaw n'était pas la fille de Green.

- Mais alors... mais comment c'est possible... Chloé était une simple humaine innocente, comment sa fille a pu se retrouver dans cet orphelinat ?

La colère s'est presque éteinte à présent. Tu es trop déstabilisée pour penser à la haine qui te dévorait il y a un instant encore.
Tu ressens quelque chose de nouveau.
Un sentiment mal connu, surtout chez les sorciers noirs.
Le regret.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyLun 4 Sep 2017 - 21:57

Green la regarde intensément. Il regarde ses mouvements, ses gestes, ses moues et il là il voit bien que quelque chose a changé. Il distingue son visage comme un chute, un pied qui ripe sur un rocher alors qu'on essayait d'aller au sommet, et, alors qu'il voit ça il sait que quelque chose a changé. Myaw, mh ?
Myaw.
Il déglutit alors qu'il la voit réfléchir. Il n'a plus envie de s'énerver, plus envie de la poursuivre mais reste entre deux réactions, interdit. Alors, dis lui, Bleu, si ça t'amuse ? Il sait très bien qu'elle est au service de Red et ça le rend fou. Complètement fou. Il sait qu'elle le hait de plus en plus Myaw - lui, pas Red à qui elle semble pardonner et même faire des efforts. Il ne comprend pas.

- Myaw ? Mais... ce n'est pas une mêlée. Ce ne peut pas être ta fille.

Il fronce les sourcils et détourne le regard. Il ne sait pas pourquoi c'est encore douloureux. Il voudrait lui dire là maintenant que sa fille c'est Elaïa, que ça lui va, que sa mère s'est Anja mais il scelle ses lèvres. Petite Bleu a déjà fait assez de mal à Myaw, pourrait-elle en faire à Elaïa ?
Honnêtement il ne pense pas mais il reste derrière les barrières qu'il a érigé, le goût amer de ne pas être le père de Myaw en bouche. Il pensait que ça lui passerait, qu'un jour il se dirait que c'est mieux comme ça. Impossible. Il avait été amoureux de Chloé, était toujours amoureux d'un souvenir et Green n'était pas le genre de personne à passer à autre chose. Il pressait le passé contre lui, le chérissait.

- Pas ma fille non.

Peux-tu sentir l'amertume ?

Des mots courts, directs, il devrait s'expliquer mais il ne le fait pas, incapable de mettre des mots juste sur tout ça. Ce que c'est long, ce que c'est long cette histoire bon sang. Ca ne passera donc jamais ? Il hausse les épaules même d'un air un peu détaché, éteint, il sait qu'elle est en train de réfléchir et il sait qu'elle est intelligente. Mais va-t-elle réagir pour autant ? Dire à Red que c'est trop, que c'est plus le moment. Du moins avant qu'il ne la tue ?

- Mais alors... mais comment c'est possible... Chloé était une simple humaine innocente, comment sa fille a pu se retrouver dans cet orphelinat ?


Nouveau mouvement désinvolte, comme si la réponse était évidente. Comme si ces mots lui brûlaient les lèvres et qu'il avait juste envie de les sortir, comme une petit vérité sans importante que Bleu aurait du deviner seule. Il voudrait lui dire des tas de choses aigres pour tout ce qu'elle a fait contre cette pré-ado mais il ne fait rien. Juste quatre mots qui détiennent tous ses regrets.
[color:0472=#mediumseagreen]
- Son père était doué.

Voilà, piètre réponse à nouveau mais au moins, sa soeur s'est calmé. Tout ce qu'il espérait. Il n'est plus question de pierres précieuses, d'arc ou de murs qui explosent. Les contours du rêve sont flous, rien n'est clair autour d'eux comme quand l'ont s'apprête à sortir du sommeil, petit à petit.

- Ecoute Bleu, j'suis désolé.

Il le pense vraiment, mais il voudrait ajouter autre chose, une explication, un pourquoi du comment n'importe quoi, quelque chose. Mais rien ne passe la barrière de ses lèvres, rien à faire il ne sait pas parler ou manier les mots. C'est comme ça depuis toujours, comme ça avec tout le monde. Même Anja.
Surtout Anja.
Et puis Bleu aussi.
Il sait qu'elle va bientôt se réveiller mais il est trop engourdis à présent pour continuer à parler, il se fait sortir du rêve de sa frangine sans possibilité de lui dire "quand tu te réveilleras, reste s'il te plaît". Comme toujours les mots qui comptent, il ne les dit pas.
Ses mains deviennent de plus en plus lourdes, maladroites, il bataille pour rester encore un peu mais il n'a pas le niveau. Ses paupières restent lourdes pourtant et même s'il voudrait se réveiller il se fait à nouveau aspirer vers le fond, dans ses rêves à lui, bien différents mais pourtant marqués de cette même odeur de pourriture quand il s'agit de parler de la famille. Quelque chose de malsain qui vous tâche les pieds, d'ingrats et de poisseux, impossible à enlever.

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MessageSujet: Re: Don't you die on me.    Don't you die on me.  EmptyLun 4 Sep 2017 - 23:57

Le monde s'effrite autour de toi.

Tu vois ton frère détourner les yeux et tu ne comprends pas. Ici, dans le monde des rêves, ton pouvoir n'existe pas, n'existe plus. Tu ne sens pas ce qui brûle dans les entrailles de ton frère, ce qui se trame dans sa tête. Tu n'entends pas les mécanismes complexes du coeur glisser, riper, se bloquer. Dans un claquement amer.
Tu as tellement l'habitude de ton pouvoir que tu es incapable de reconnaître un sentiment sur le visage des gens, dans leurs attitudes, leurs corps tendus comme un arc. Tu n'arrive pas à t'accrocher au froncement de sourcils, à l'échancrure des lèvres, à la tension dans les poings.
Qu'est-ce que ça fait Bleu de ne plus rien ressentir ? Toi qui te plaint toujours de ton pouvoir, que ressens-tu, là, démunie devant ton frère ?

- Pas ma fille non.

Tu recules d'un pas. Accuse le choc.
Le monde se désagrège autour de toi.
Tu ne comprends pas. Tu ne comprends pas ce que tu vois dans les yeux de Green, tu ne comprends pas ce que tu sondais dans son coeur plus jeune, tu ne comprends pas l'amour.
Green et Chloé.
Chloé et Green.
Et Myaw. Surtout Myaw. La fille qu'il aurait aimé avoir, la concrétisation d'un amour fou, d'un amour dingue. Ton frère a risqué sa vie pour cette femme, il était prêt à tout donner, à tout sacrifié. Capable de se dresser contre son père, de passer une vie de fuite et de dissimulation. Tout ça pour une femme qui en aimait un autre. Pour une enfant qui n'était pas la sienne.

Chloé morte. Green vide. Myaw seule.

Il y a tant de choses que tu ignores Bleu, tant de chose que tu ne saisis pas, que tu ne comprends pas. Un paramètre essentiel pour appréhender ton aîné, un paramètre auquel tu n'as pas accès.
Elaïa.
Myaw c'est la fille qu'il aurait pu avoir avec son premier amour. Elaïa c'est la fille qu'il aurait pu avoir avec son second amour.
Pourtant il n'a eu aucune des deux. Elaïa parce qu'Anja a tout cassé, tout dissimulé. Par peur, par lâcheté, parce que la chef de Rosenrot, toute grande femme et guerrière qu'elle est, a été lâche. Myaw par ta faute. Parce que tout empathe que tu es, tu n'as pas compris, tu es passée à côté de ton frère, ton frère le plus proche, celui avec lequel il y a toujours eu quelque chose de plus que les autres. Parce que vous êtes si proches en âge ? À cause du destin ? Tu l'ignores, mais tu pensais connaître Green.
Vous n'avez jamais été aussi étranger qu'à ce moment là.

Myaw seule. Mon dieu, mais qui peut bien être cette gamine ?

- Son père était doué.

Le monde s'effondre autour de toi.
Tout n'est plus que brouillard. Ton rêve aux contours flou autour de ton frère aux contours flous. Tu as envie de pleurer, de te jeter sur lui, de te rouler par terre, comme une gamine faisant un caprice.

Pardonne moi Green.

Les mots restent bloqués dans ta gorge, incapable de sortir, tellement semblable au monde qui t'entoure à présent.
Des mots flous pour un monde flou.

- Ecoute Bleu, j'suis désolé.

Tu veux t'accrocher à ces mots, t'accrocher à ton frère. Lui dire à quel point toi aussi, tu es désolée. Lui demander ce que tu peux faire pour arranger tout ça, pour qu'il te pardonne, pour qu'il accepte de soutenir ton regard à nouveau.
Mais c'est trop tard.
N'est-ce pas qu'il est trop tard Green ?
Tu ne peux même plus te raccrocher à tes souvenirs d'enfant heureuse. Les batailles de boules de neige dans la fraîcheur de l'hiver, les matelas collés dans la noirceurs de la nuit, les couronnes de fleurs tressées dans la chaleur de l'été.
Tout est fini. Y compris ton rêve.

Lorsque tu te réveilles, tu as l'impression qu'un éléphant a élu domicile dans ta boîte crânienne. La douleur est telle que tu remarques à peine les dégâts faits par ton pouvoir pendant la nuit.
Et, au dessus de la douleur physique, la douleur du coeur vrille dans tes tripes.
Ignorant l'envie de vomir et les maux de tête et d'amour, tu ouvres l'armoire en face de toi, fouille un instant accentuant le bordel dans la chambre, et tu en sors un short de gym trop grands pour toi mais que tu fais tenir autour de tes hanches en serrant fort sur le lacet qui entour la taille. Tu gardes le tshirt et n'ose pas remettre tes chaussures.
Tant pis, au point où tu en es.

Pars. Allez, pars Bleuann, avant qu'il ne se réveille, avant qu'il ne continue à te haïr.

En passant par le salon pour rejoindre l'entrée, tu remarques ton frère endormi sur le canapé. Tu ignores la nausée qui te transcende et t'approche de lui, ta main caressant ses cheveux bruns.
Puis tu te penches, tes lèvres effleurant son front avec une infinie tendresse.
Lorsque tu te relèves, ton corps entier tremble.

Enfin, tu parviens à la porte d'entrée et tu files. Tu n'oses pas affronter ton frère plus longtemps. Son odeur, son appartement, sa vie à laquelle tu n'appartiens plus.
C'est fini Bleuann.
Arrivée sur le trottoir, tu vacilles un instant, obligée de t'appuyer contre le mur de l'immeuble avant de rendre tes tripes sur le bitume.
Puis, toujours avec hésitation, tu tends la main, hèle le taxi qui acceptera d'un tel déchet. Une voiture finie par s'arrêter et tu montes rapidement dedans, te contentant de lui indiquer l'adresse de ton propre hôtel.
Tu rêves d'aller t'effondrer dans un lit.
Loin de ton frère.

Le monde explose à l'intérieur de toi.

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