CITATION DU PERSONNAGE : C'est cool d'avoir un mec sensationnellement beau et intelligent comme jumeau.
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Sujet: We didn't come this far just to get this far Ven 21 Sep 2018 - 23:06
"We didn't come this far just to get this far"
Parfois, il faut savoir provoquer le destin. Tenter des choses qu'on ne tenterait normalement pas, sortir de sa zone de confort et apprécier chaque instant. Parce que ça ne dure jamais
Un long soupir s’échappe de mes lèvres, poussé par un vent profond et indescriptible. Je passe une main sous ma tête, savourant du dos de la paume l’agréable texture de l’oreiller. Il est bientôt midi et je reste silencieux, dans cette petite planque de quelques mètres carrés à peine. La majorité de mes affaires personnelles ont été déplacées dans le domicile familial et je ne me trimballe qu’une simple valise depuis plusieurs semaines, passant les frontières des différents pays d’Europe. Je ne peux pas encore me permettre de revenir à Berlin, pas même de me poser franchement quelque part, et Olive est parti pour une mission d’un petit mois maintenant. Rosenrot essaye clairement de nous séparer sans doute pour brouiller les pistes, mais ça ne me rend que davantage sur les nerfs. Inquiet au moindre bruit, prêt à prendre l’arme la plus proche et tirer sur le premier venu. Pourtant, si je préserver la couverture, je dois à tout prix cesser d’agir comme le fait Olive, c’est-à-dire sans réfléchir. Un peu comme quand Rhyan s’est enfuie, ce jour-là.
La musique qui tourne dans mes oreilles vient faire un peu plus résonner ce qu’il s’est passé cette soirée-là.
I can see when you stay low nothing happens Does it feel right? Late at night Things I thought I'd put behind me Haunt my mind
Elle m’a hanté, ce soir-là, quand la chaleur était devenue un presque quotidien, que les maisons n’étaient pas aussi hautes qu’ici, moins colorées mais plus brillantes, quand les peaux halées remplaçaient encore celles blanchâtres de mes cousins allemands. Elle m’a hanté lorsque la balle n’est pas partie du canon et que, me croyant malin, j’ai ri à ma propre bêtise en imitant le bruit de la détonation alors qu’elle fuyait au loin, ombre d’été amenant l’hiver. Je l’ai regardé un instant à la fenêtre. A mesure qu’elle disparaissait, j’ai senti quelque chose se rouler en boule dans mon estomac et remonter dans ma gorge, comme un parasite, une gale. Des questionnements, proches de l’incompréhension, éclatant comme des champignons en automne pour disséminer leurs spores et perturber le moindre neurone encore distrait. Mon attention était toute dirigée sur sa tignasse blonde chancelante mais rapetissant à vue d’œil.
Et puis, mes pas se sont mis à bouger tous seuls. Puis mes bras, mes mains, l’une s’est saisie d’une lame pour la mettre à l’arrière de ma ceinture par prévention, l’autre déjà posée sur la clenche de la porte d’entrée. Je n’ai à vrai dire même pas pensé à fermer la porte sur le coup, malgré tous les risques liés au coup de feu peu avant, aux bruits certainement violents de notre récent acharnement de « je t’aime moi non plus ». Sur le coup, je me suis simplement dit que si je perdais sa trace maintenant, peut-être que je ne la retrouverai plus jamais. Qu’elle pourrait tout aussi bien déménager. Qu’à part une chance certaine et beaucoup de désir, nous n’étions capables de discuter qu’en passer des semaines préalables à se chercher sans se trouver. Ne fallait-il pas simplement faire le premier pas ? Qu’en restant faible, posé dans son coin, à savoir s’ignorer sans prendre le temps de se poser, finalement on ne profite de rien ?
J’ai dévalé, je me souviens, toutes les marches, aussi vite que possible. Il ne me restait rien d’elle. Mis à part son odeur, ou tout du moins une partie, mais je savais pour lors que ça ne m’aurait pas suffit pour tracer une rune de localisation. Il ne me restait qu’à utiliser mes pieds et courir aussi vite dans l’espoir de la rattraper.
Le destin a plutôt bien fonctionné ce soir-là, encore une fois. Je l’ai retrouvé quelques minutes plus tard, moi-même suant de ma course ou bien d’une peur sous-jacente. Quoiqu’il en soit, lorsque son visage est apparu dans mon champ de vision, j’ai brutalement bifurqué dans une autre rue pour ne pas me faire repérer. C’était après tout le deal de la soirée, vérifier qu’elle se trouve au bon endroit au bon moment, qu’elle cicatrise et se soigne comme n’importe quel exorciste se doit de le faire. Je me suis mis à espérer qu’on leur apprenne au moins quelques bonnes techniques. Mais Rhyan était plutôt douée et avait l’air d’être passée par bien plus de choses qu’un coup de poignard, donc bon.
Elle est entrée dans une maison. Il devait s’agir d’une sorte d’hôtel. Un petit truc qui ne payait vraiment pas de mine, avec trois étages. J’ai attendu un certain temps, en me demandant ce qu’elle allait bien pouvoir raconter au mec ou à la nana de l’accueil ce qui lui était arrivé. Si elle allait me comprendre dans cette épopée. Si elle allait être jetée, emmenée à l’hôpital ou laissée tranquille. Nous étions dans un coin particulièrement animé, dans le mauvais sens du terme, alors ce genre de choses pouvait certainement arriver de temps à autres. J’ai attendu encore quelques minutes puis me suis stoppée à l’entrée du bâtiment, la main posée sur la poignée. Réfléchissant brièvement à mes dernières actions, ce même cerveau reprenant brutalement les rênes à cette instinct prédominant, je me mis de nouveau à hésiter, sur le seuil, pas même certain de savoir quoi faire. Mais la porte a grincé et j’ai donc été forcé d’entrer pour ne pas trahir mon manque de logique.
L’homme, finalement, était d’une quarantaine d’années, mais ses traits laissaient paraître une certaine angoisse récente. Pas de doute, Rhyan était passée par là. Il se reprit très rapidement, professionnel, et se saisit d’un chiffon pour nettoyer l’accueil devant lui. Après un raclement de gorge si prononcé qu’il en paraissait faux, il demanda :
-Pardon, Monsieur ? Vous voulez une chambre ?
J’ai secoué la tête, à des milliers de kilomètres de mon attitude normale. Je le sentais bien que quelque chose m’échappait. Que je courrais après l’invisible. A vrai dire, je ne savais, je ne sais, toujours pas ce que je recherche. Une relation ? Mais quelle relation ? Une confidente ? Elle ne s’approche pour l’instant pas trop de ce type-ci. Une copine ? Tout portait à croire qu’à cet instant, elle n’était pas prête. L’étais-je ? Que fallait-il seulement que je fasse, posté là en plein milieu d’un tapis étranger, entouré du silence et du vide, avec pour seul étranger un humain planqué derrière quelques épaisseurs de bois. Maigre barricade. Fallait-il que je le regarde autrement, maintenant que la seule personne qui occupait mes pensées à ce moment était elle-même une représentante de ce genre ? Cette simple pensée suffit à me mettre un coup de fouet.
Je me suis avancé, vraiment, lentement. Mon coude est venu se poser sur l’accueil et j’ai demandé :
-La femme qui vient d’entrer. J’ai besoin que vous lui donniez quelque chose… Attendez.
Il était évident qu’il penserait que je l’avais suivi, à raison. Son imagination lui porterait peut-être à croire que j’étais un stalkeur, ou même la personne lui ayant asséné le coup. Ce qui, à vrai dire, aurait été véridique. Il fallait avant tout qu’il ait confiance en moi. Tout en récupérant une carte de visite de ce médiocre hôtel, je tournais le papier et fut bienheureux de constater une surface vierge. Me saisissant d’un stylo disposé là certainement pour les signatures, j’écrivis une suite de numéro. Mon numéro de téléphone. Je n’avais à vrai dire pas tellement envie d’y noter mon prénom, déjà parce qu’il n’était pas tant commun que ça, et par mesure de sécurité. Une sécurité bien pitoyable et négligeable lorsqu’on était sur le point de fournir un numéro personnel à une agente d’Orpheo et pouvoir ainsi relativement aisément géolocalisable, mais qu’importe. C’était un moyen comme un autre de me résigner à ne pas trop sortir de ma zone de confort déjà bien entamée par ma folie furieuse.
J’ai tendu la carte face retournée à l’homme de l’accueil et poursuivit par quelque chose comme :
-Je ne peux pas la voir pour le moment, mais je peux l’aider. C’est important, il faut que vous lui transmettiez ce message maintenant.
Maintenant, avant qu’elle ne fasse on ne sait quoi on ne sait où. Avant qu’elle ne disparaisse et qu’il soit définitivement impossible, ou difficilement possible de la trouver. J’avais assez donné mon destin aux mains de la chance et du hasard et il était parfois temps d’aller un peu plus loin, un peu plus vite. Sauter quelques étapes pour vouloir enfin faire avancer les choses. Je prenais de gros risques, mais il y avait aussi dans ce fond quelque chose d’excitant. Qui sait ce qu’il se produirait ? Tomberais-je aux mains d’Orpheo, dès le lendemain ? Cette chasse à l’homme me manquait déjà bien trop et sans doute cherchais-je dès lors un moyen de m’octroyer un peu d’action. Peut-être un peu de tout ça.
Il faut croire que cette histoire lui a suffi pour se saisir à pleine main de la carte et quitter son poste. Monter les marches deux à deux et disparaître aussitôt. Je ne me suis pas trop posé de questions et j’ai fait volte-face pour quitter l’endroit. Il ne fallait pas risquer de la recroiser maintenant. Il fallait que si elle redescende brutalement, elle ne me trouve pas. Pour peu qu’elle le fasse. J’avais envoyé cet homme au casse-pipe pour une raison légitime et je ne le regrettais pas le moins du monde.
Je suis rentré, simplement, les mains dans les poches et la lune comme témoin.
Mais la Lune n’est plus là depuis de nombreuses heures déjà et il va sincèrement falloir penser à me préparer, car de nouvelles aventures m’attendent déjà. Le point d’orgue d’un des morceaux d’un long medley. Le bout terminal d’une suite d’aventures. J’ai le sourire aux lèvres et une drôle d’impression. Un billet d’avion lui a été envoyé, mais compte-t-elle seulement se déplacer ? Accepter ? Venir avec moi ? Aurais-je besoin de l’attendre à l’aéroport ou bien m’attendra-t-elle ? Ou prendrais-je l’avion seul ? Tant de formules non résolues qui rendent la future aventure un peu plus pimentée.
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Dim 23 Sep 2018 - 23:11
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Dernière édition par Rhyan L. James le Lun 24 Sep 2018 - 20:46, édité 1 fois
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Lun 24 Sep 2018 - 20:33
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Parfois, il faut savoir provoquer le destin. Tenter des choses qu'on ne tenterait normalement pas, sortir de sa zone de confort et apprécier chaque instant. Parce que ça ne dure jamais
J’avoue, je me suis un peu assoupi dans l’avion. Comparé à la téléportation, le moindre transport en commun devient une plaie béante sur l’ennui. Et l’avion, contrairement à la voiture, ne permet pas de s’arrêter. On est tout simplement bloqué en hauteur, dans une boîte de métal, à attendre d’arriver. Les 900km/h sont assimilables à la vitesse d’un escargot, tant la routine du paysage s’installe vite. Les nuages, encore et toujours les nuages, puis un soleil éclatant, si fort qu’il est parfois préférable d’abaisser les hublots. Mais pas de soleil encore, ou bien si, un peu timide, faisant face à la lune, paraissant si près et pourtant si loin.
C’est lorsque l’un des stewards entame sa phrase toute superficielle, répétée un nombre incalculable de fois, que mes paupières se rouvrent. On entame la descente. J’ai l’impression de revenir de loin, d’un pays étrange où les mûres ressemblaient à des pastèques et où les pandas avaient deux têtes. Et pourtant, je ne me suis pas drogué avant de partir. J’aurais jamais passé la douane avec, de toute manière. Et puis de toute manière, je suis pas du genre à me droguer sans raison. Je checke un instant ma montre d’un air nonchalant et bâille tout en m’étirant. Et dire que je me suis tranquillement endormi à côté d’elle. Rhyan. En Grèce, avec moi. Pas juste pour les vacances, mais principalement pour ça quand même. Je devrais pas être surpris, mais je le suis quand même : elle a vraiment délibérément accepté de m’accompagner sans même me demander pourquoi. Il est vrai qu’elle n’a pas grand-chose à craindre avec moi et que nous pouvons, en quelque sorte, nous considérer, à défaut d’être de grands amis, au moins de faire l’effort de se connaître un peu plus. Mais tout de même.
J’abaisse sans vraiment m’en rendre compte mon regard sur sa nuque et remarque l’absence de chaîne à son cou. Ça me rappelle que, ah, y’a pas si longtemps que ça, j’ai faite relativement la même chose qu’elle aujourd’hui.
Et bordel, j’ai attendu. Plusieurs jours. Peut-être même une bonne semaine ? Je ne sais plus trop. J’ai été très occupé. A vrai dire, je dirais même que j’ai failli y passer. Les exorcistes se sont mis à plusieurs pour me trouver et j’ai dû passer plusieurs journées à fuir on ne sais où. Et puis paf, elle m’a envoyé un message. Une adresse qui menait droit sur Little Angleton. L’espace d’un instant, je dois avouer que j’ai grandement hésité. Mon cerveau, déjà branché sur adrénaline, s’est agité dans tous les sens pour comprendre la raison d’un rendez-vous aussi loin de tout, aussi près du Mystery. Aussi près d’un haut lieu de sorciers noirs. J’ai bien flippé, pour rien, ce soir-là. Je me suis déplacé tout en pesant méticuleusement le pour et le contre. Rhyan était-elle une espionne pour Rosenrot ? Ou pire, pour Croix ? Allait-on me cueillir à l’arrive comme une fraise bien mûre en me demandant soigneusement de m’expliquer sur la raison pour laquelle j’avais tant fait pour Rhyan tout en ignorant son statut ? Je suis parti très loin. Trop loin. Je suis arrivé la queue entre les jambes, pas fier, prêt à me faire taper dessus par mes employeurs. Je suis allé directement à l’orphelinat, je voulais en être sûr. A chaque coin, j’étais prêt à la croiser. Peut-être que j’espérais, un peu aussi. Me dire qu’un sixième sens m’avait permis de ne pas trahir mon organisation. Et puis qu’en fait, Rhyan était une sorcière noire, que j’avais tous les droits de la fréquenter. Que cette histoire d’humain, ça n’avait été qu’une méthode pour m’éloigner d’elle, parce que son travail demandait de la discrétion et que j’étais tout, sauf discret. Néanmoins, j’ai eu beau écumer chaque pièce de chaque étage, décimer la population de fantôme au sous-sol, je n’ai perçu que des visages de collègues surpris par ma présence. Pas de Rhyan. Rien.
Et puis, elle m’a rejoint à un endroit dont je ne retrouverai certainement jamais le chemin, perdu entre la lisière de forêt et un chemin peu emprunté. Elle m’a accueilli comme à son habitude, chaude et acide à la fois, et je me suis contenté de sourire. J’étais ailleurs, à ce moment. On dirait que ça a fait un déclic. C’est comme si je me rendais enfin compte de ce que j’étais en train de faire. Ce que nous étions en train de faire. De jouer avec le feu, en bordure de forêt. Une forêt séchée par un vent glacial. J’ai encore hésité dans ma tête, je me suis dit qu’il fallait repartir. Qu’on avait testé quelque chose en Tunisie, que ça n’avait pas marché et qu’on… qu’on faisait quoi maintenant au juste ? Mais et puis elle m’a remercié d’être venu et ça a brisé ma bulle. Quand elle s’est mise à rougir aussi. Je me suis dit qu’on pouvait bien encore essayer de chercher ce qu’on pouvait construire, même si c’était destiné à tomber. Les œuvres éphémères sont parfois les plus belles. Elle m’a offert un bisou sur la joue, j'ai voulu l'embrasser en retour, mais elle a filé et moi, je me suis retrouvé avec une pièce dans la main, la même que j’avais récupéré la première fois à son cou.
Qu’est-ce que j’en ai fait ? Je l’ai gardé. J’ai songé à la mettre avec tout le bordel dans la maison familiale, mais j’ai pas réussi à m’y résoudre. Alors, je l’ai un temps accroché à un de mes bracelets, jusqu’à ce qu’Olive me fasse une réflexion bien pâteuse dessus et que je me rende compte à quel point j’accordais de l’importance à une si petite chose. Que c’était à mille lieux de ce Moi originel, délaissé depuis ma première rencontre avec la blonde. Alors, je l’ai mis au fin fond de mon sac, dans une poche bien fermée. Et j’ai beau avoir fait quelques missions depuis, elle n’a pas bougé. Donc, je n’y ai pas touché.
Les vibrations désagréables des roues de l’avion me sortent de ma quasi torpeur. Je suis placé côté couloir et je m’ennuie ferme. Je sauterais bien immédiatement de cet avion si je n’étais pas certain de mourir. Enfin. Ça ne va certainement pas durer cela dit puisqu’on est arrivé. J’espère qu’il n’y a pas de sorcier ou de doué à la douane, parce que ma valise, elle a des chances de pas passer, vu comme j’ai runé le double fond pour que les armes à l’intérieur soient indétectables. Ben quoi. Jamais je pars sans un minimum de précaution. On rentrerait à Londres, Paris ou Berlin, j’émettrais des réserves sur le pourcentage de chances de tomber sur un doué, mais soyons honnête, en Grèce c’est pas la plus grande démographie magique.
Quand j’ai récupéré son adresse et son numéro de téléphone, à mon tour, je n’ai pas su quoi faire. Lui envoyer une carte postale ? Et puis quoi encore. Je savais vraiment, vraiment pas quoi lui dire. On se voit quand ? Est-ce que je te manque ? Ça, c’était définitivement pas le genre de phrases que j’étais en mesure d’écrire. C’était niais au possible et vide. Tellement, tellement vide. Je pouvais tout aussi bien lui raconter ma formidable vie, mais m’étais avis qu’elle n’aurait pas tardé à me bloquer. Alors, j’ai attendu. Et puis, on m’a proposé un joli gentil job en Grèce. Honnêtement, cinq jours tous frais payés par la boîte pour une soirée de taf. Toujours dans l’option que moins on verrait de jumeaux Soul vers Berlin, mieux lesdits Soul s’en porteraient. Sauf qu’ils -les hauts décideurs de Rosenrot- ont soit très mal géré leurs calculs, soit trop bien. Je me suis retrouvé avec deux billets. L’un à mon nom, l’autre… libre. Avaient-ils prévu un retour plus précoce de mon jumeau ? J’ai lu l’ordre de mission, puis j’ai compris. C’était pas d’Olive dont il s’agissait. On me demandait de trouver une couverture, pour une soirée. Une soirée visiblement dans la haute société, sur un yacht. Un gros, gros bateau. Avec des gens divers, sorciers noirs, exorcistes, humains. Un melting pot de beaucoup de monde, où chacun sait que son ennemi est là mais où personne ne sait de qui il s’agit. Charmant. Mon boulot, c’était pas difficile. J’avais trois visages à trouver et un à éliminer. Deux sorciers noirs et une taupe. Pourquoi sur une soirée comme ça ? Aucune idée, les trois personnages semblaient visiblement assez friand de ce genre d’événements et s’y considéraient en totale sécurité. Dixit le papier dans ma main.
Bref, j’ai pensé à Rhyan, parce qu’il n’y avait qu’elle en qui j’avais une entière confiance. Et mes mots ont été pesés pour me l’assurer.
J’ai commencé mon message par « Hello », avant d’effacer, tenter un « Yo », effacer, puis me décider et commencer une courte lettre. « Princesse, j’ai un billet gratuit pour la Grèce. Cinq jours, tous frais payés, toi, moi, la mer. Ramène une belle robe de soirée, sinon je te l’achète là-bas. Non négociable. » Et j’ai envoyé le tout avec le billet d’avion.
Et elle a accepté. Quant à la robe de soirée… J’ai pas eu de réponse encore.
L’avion s’arrête enfin sur son emplacement. Je sens venir l’écart de température entre l’intérieur et l’extérieur. Je détache ma ceinture et lance un grand sourire charmant à Rhyan, un peu gamin sur les bords :
-Prête ?
Moi oui. Cinq jours par-faits, comme sous les tropiques.
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Lun 24 Sep 2018 - 22:32
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Mar 25 Sep 2018 - 23:10
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La chaleur du vent tournoie autour de moi comme une tempête de poussière. Agréable ? Plutôt en fait. J’ai retiré quelques couches de vêtements, ces mêmes couches qui ne me seront plus d’aucune utilité, histoire que Rhyan arrête de penser que je mets des cols roulés quand il fait plutôt chaud. Enfin, moi qui m’était attendu à de grandes chaleurs, au final elles sont plutôt supportables, faut pas oublier qu’on est passé au nord de la Méditerranée et niveau courant et vagues de chaleur ça change pas mal de choses. Ça perce bien la vingtaine de degré, mais ça atteint pas la trentaine pour autant.
J’suis un peu beaucoup déçu. Pour les plus frileux, un col roulé ça peut encore se justifier. Mais j’ai pas ramené de col roulé. Heureusement, je suis pas non plus trop frileux.
J’étais d’ailleurs plutôt bien sur mon lit, plutôt au chaud qu’au froid, plutôt en sécurité qu’exposé à cette traque inopinée d’Orpheo. J’étais dans mon minuscule deux pièces, prêt à bouger à la seconde, pour simple valise qu’un bagage à main. Je prenais pas le risque d’éteindre mon portable, je dormais d’ailleurs jamais vraiment très bien. Et puis, Rhyan m’a appelé. De là où elle émettait, des bruits l’environnants, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un hall de gare où les trains passaient telles des fusées. Puis, j’ai compris qu’il ne s’agissait certainement que d’un vent puissant. Il était tard et elle semblait fatiguée. Sur un plan plus psychologique que physique même. Elle m’a parlé, s’est tue alors j’ai commencé à blaguer sur Olive sans vraiment savoir pourquoi. Il n’y avait aucune tension mais je désirais au fond de moi lui faire plaisir. Je voulais un peu l’entendre rire, ou sourire. Sans raison. Est-ce qu’elle me manquait un peu ?
Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment elle s’est mise à me parler de son père. Elle n’a pas lâché le combiné, elle s’est comparé à lui en l’insultant de tous les adjectifs possibles. J’ai attendu, silencieusement, qu’elle déverse tout ça. Qu’il était un utopiste, un peu trop. Qu’il avait un caractère assez plat. Qu’il restait dans son époque sans vouloir avancer, se détachait du monde. J’ai failli laisser échapper un « et toi, qu’est-ce que tu veux ? » mais je m’en suis retenu. J’avais pas envie que la situation baisse d’un ton encore, devienne grave et pesante. C’est après tout ce qu’elle désirait entendre en m’appelant moi et pas un autre, non ? Elle ne voulait pas être sermonnée, pas non plus questionnée. Ça m’allait. J’étais décidément pas de ceux qui allaient à la rencontre des autres pour leur poser des questions sur leur passé et tenter de recoller des morceaux. A vrai dire, ces gens-là, j’ai toujours trouvé qu’ils se prenaient vraiment pour plus qu’ils ne l’étaient. Ou qui avaient de sérieux problèmes d’amour propre. Pourtant, pas besoin d’équations pour ça, c’est pas en réglant les problèmes du monde que ça fera de toi une meilleure personne. Ça remplira juste un peu plus ta tête des problèmes des autres pour oublier les tiens.
Bref. J’ai blagué. A vrai dire, ce Tyr, j’ai trouvé que c’était typiquement le genre de personnes qu’il m’était possible de haïr au moindre regard. Un homme qui fuit. Face à lui-même, face au monde. Ce n’était plus un problème de se mêler des affaires des autres, c’était ici poussé à l’extrême. Du portrait qu’elle en peignait, il paraissait difficile de croire qu’ils aient été du même sang.
Y’a eu un « MADEMOISELLE, QUE FAITES-VOUS ICI ? » et puis elle a raccroché aussi vite.
J’ai fini par lui envoyer quelques minutes plus tard un simple SMS pour connaître sa situation, si elle était en sécurité, tout ça. Et puis c’est tout. Ça a coupé et on s’est pas reparlé.
- Prête.
On est dehors, puis à côté d’un taxi. J’ai aucune notion de grec ou peu importe la langue qu’on cause ici alors je m’adresse comme un vrai touriste qui ne veut pas faire d’effort : en anglais. Je lui montre l’adresse sur mon téléphone au cas où les deux neurones parviendraient pas à se connecter et c’est après son acquiescement certain que je décide de poser nos valises dans le coffre. Heureusement pour moi, j’ai pu récupérer mon sac sans encombre. Et c’est une très. Bonne. Chose.
- J’ai pas de robe par contre. Je sais pas ce que t’entends par belle robe, alors j’ai pas pris de risques.
Les deux valises sont mises dans le coffre et je me retourne vers elle, mi-touché mi-attendri. Elle a pris l’information au pied de la lettre et… Non en fait, par « belle » j’entendais « prends quelque chose de portable pour une soirée, histoire de pas trancher avec les autres ». Y’avait pas du tout de connotation par rapport à mes propres goûts et… je m’attendais pas à ce genre de commentaire. Ou alors c’est moi qui ait mal compris et elle n’a elle-même simplement aucune idée de ce que porter une belle robe veut dire. Mais ça, ce serait vraiment, vraiment triste. Pour le coup, à la réflexion, ce serait même pire et il faudrait remédier à ça de toute urgence. J’incline la tête sur le côté et sourit d’un air plaisantin :
-Tu fais référence à mes goûts personnels ou à ton absence propre de référence ?
Dans les deux cas, c’est mignon. C’est affreusement, épouvantablement, excessivement mignon. J’ai envie de l’embrasser, je peux l’embrasser ? Je réfléchis avant d’agir pour ça maintenant ? Grande, grande nouveauté chez Cyan Soul, mes amis. Et en plus je me retiens. Je ferme le coffre avec plus d’acharnement que prévu et passe à l’arrière du véhicule.
- On dort où d’ailleurs ? -Aucune idée. J’ai juste une adresse, on verra sur place, tout est déjà réservé.
Normalement, ça devrait pas être trop moche. Pas un cinq étoiles mais pas une minuscule cage à poule pour autant. Déjà, c’est un hôtel. Un petit trois étoiles visiblement. Ce qui m’inquiète un tout petit peu plus, c’est si concrètement les gars de l’accueil seront oui ou non des sorciers noirs. Parce que bon. Me faire passer du bon temps gratuitement pour une aussi petite contrepartie et sans frais, en général, ça veut dire qu’il y a déjà un joli petit trafic. On verra sur place. Dans tous les cas, c’est pas comme si je ramenais une tête connue d’Orpheo. Ça devrait passer crème. Et si ça se trouve, c’est papa Allen qui a tout payé et notre emplacement du soir est tout ce qu’il y a de plus humain.
Pas comme la dernière fois, hein. Sauf que la dernière fois, c’était peu après que Rhyan m’ait envoyé son adresse d’Angleterre. J’ignore totalement ce qui m’avait fait remonter dans un endroit aussi chaud, aussi proche d’Orpheo mais clairement ça avait été une mauvaise idée. Je me suis retrouvé dans un hôtel trois étoiles, aussi, mais encerclé, par un hasard total, par des exorcistes en mission. Pas sur moi, non, mais il faut dire qu’ils ne s’étaient pas gênés pour me poursuivre en pleine journée après m’avoir reconnu. J’ai mis un bordel monstre. J’étais à deux doigts de me faire toper, on m’avait bien amoché et je me suis souvenu de l’adresse de Rhyan. Comme à mon habitude, le fait d’avoir bien étudié les lieux m’a permis de sauter par sa fenêtre miraculeusement ouverte. Faut croire qu’elle était là. J’étais un peu à bout. Fatigué, presque effrayé. J’était persuadé de me faire arrêter à présent et il était probable qu’ils m’aient vu au moins passer dans l’appartement. J’l’ai attrapé par la main et j’l’ai supplié de me couvrir, en la fixant droit dans les yeux. J’ai pas eu le temps de lui faire un topo car déjà, ça s’est mis à toquer à la porte d’entrée. Je me suis laissé tomber contre le mur en étalant un peu de sang sur le sol malgré moi. J’étais persuadé que ça allait mal se terminer.
Pourtant, faut croire que j’me suis ni fait arrêter, ni tué.
Faut croire qu’on est à égalité aujourd’hui. Le voyage semble ne durer que quelques minutes. L’endroit est charmant mais le ciel un peu nuageux n’aide pas trop à embellir les infrastructures. L’hôtel est encastré dans une rue perpendiculaire à une autre, étroite. Très étroite. Trop étroite. Quand le taxi s’engouffre dedans, j’ai la sensation qu’on ne pourra jamais en sortir. Incapable de faire demi-tour et des portières bloquées par les murs trop proches. Pourtant, le bout de la rue donne sur une petite cour où grimpent vigne et lierre comme une toiture végétale. Toiture trouée, cela dit.
Assez de largeur pour ouvrir coffre, portières, payer et rentrer. Voir le mec à l’accueil, comprendre immédiatement en scrutant ses prunelles qu’il est aussi de l’organisation. Croix, Rosenrot, solitaire, peu importe. Il a tué. Il recommencera. Il jauge Rhyan du regard et je m’empresse de récupérer son attention pour lui demander les clés. Il me les donne sans broncher. D’ailleurs, il n’a pas sorti un mot depuis le début. Je prends ma valise et nous montons au deuxième étage. Chambre ouverte. Salon, terrasse, salle de bain et lit. Au singulier. C’est tout à fait dans l’esprit Rosenrot ça. J’ai envoyé deux billets d’avion mais techniquement tu peux venir tout seul. Mais si tu viens avec quelqu’un c’est censé être ta couverture au moins pour la soirée. Après tu fais ce que tu veux. Un lit double pour toi tout seul ou pour deux. L’organisation s’est attendu à ce que je me débarrasser de ladite personne. C’est vrai, je l’aurais fait. Si ç’avait été une autre personne que Rhyan, j’aurais pas hésité un instant. Au pire y’a le canapé. Et on peut changer d’hôtel si besoin est. Je dépose la valise au pied du lit et l’ouvre pour en vérifier le contenu.
-C’est pas moi qui ai loué la chambre, désolé. Si tu veux pas dormir avec moi, je peux prendre le canapé.
Rosenrot et ce souci du détail.
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Mer 26 Sep 2018 - 15:13
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Mer 26 Sep 2018 - 19:11
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Parfois, il faut savoir provoquer le destin. Tenter des choses qu'on ne tenterait normalement pas, sortir de sa zone de confort et apprécier chaque instant. Parce que ça ne dure jamais
Finalement, alors que je m'étais dit « Chouette ! Il se pourrait que, sans vraiment l'avoir souhaité, Rhyan elle s'intéresse à mes goûts », je me suis heurté à la réalité. À vrai dire, n'ayant rien espéré au départ, je me suis contenté de sourire plus ou moins dans le vague à sa réponse.
Mon absence absolue de référence. Qui sait, pour vous les allemands, peut être qu’une jolie robe c’est un drap avec juste un trou pour passer la tête.
J'avais envie de lui dire qu'en fait on s'en fichait pas mal des allemands puisqu'on était en Grèce et que leurs critères risquaient de changer considérablement. Qu'au final, si en plus elle faisait référence à mes origines, faudrait plutôt qu'elle tape vers la Nouvelle Zélande puisque j'étais né là-bas. Que j'avais certes passé le plus clair de ma jeunesse en Allemagne dans le manoir familial, mais qu'en fin de compte, j'avais tellement bougé qu'on ne pouvait pas vraiment me claquer la casquette d'allemand sur la tête. Après tout, je parlais aussi bien l'anglais, l'allemand que le français. Mes origines, elles étaient européennes.
Mais j'ai rien dit. J'ai pris la blague comme elle venait, j'ai ri et puis c'est tout. J'ignorais si elle parlait en connaissance de cause, si les allemands avaient des goûts aussi particuliers, si elle n'avait pas simplement imaginé tout ça. Et puis, d'où elle venait à l'origine pour les descendre de la sorte en s'excluant volontairement. L'ayant rencontrée à Berlin, il m'avait semblé logique de la croire allemande, d'autant qu'elle s'exprimait plutôt bien dans cette langue. Mais après tout, son adresse était localisée en Angleterre et nous ne communiquions qu'en anglais. À vrai dire, c'est souvent le problème quand on est trilingue ou simplement bilingue. On oublie la langue qu'on écoute ou qu'on parle. On passe par-dessus ces barrières construites par des divergences millénaires. Des guerres, des cultures etc.
J'ai l'esprit un peu moins brumeux lorsqu'on arrive à l'hôtel. Qu'on croise ce très charmant silencieux aux yeux perçants à l'accueil. Et qu'au final, je finis par sourire jaune à la vue du seul lit disponible. Je tente de me rattraper, de masquer l'évidence, un travail mainte et mainte fois répété. Qui s'est produit avant moi, se répétera après moi, s'est déroulé avec moi et d'autres filles. Je sais pas trop pourquoi je me sens curieusement un peu mal à l'aise. Je ne remets pourtant pas en question la légitimité de mon travail. C'est quelque chose que j'ai fait, que je continuerai à faire si on me le demande. J'ai pas choisi mon camp mais je l'ai accepté, j'y ai pris goût dès mon plus jeune âge et rien ni personne ne serait en mesure de me faire changer d'avis. Et pourtant, aujourd'hui, c'est différent. Elle répond avec un temps de retard.
- Mais non, un lit c’est suffisant.
Tout pâle, sans rire dans la voix. Comme une constatation lointaine, qu'on croirait désintéressée parce que l'attention est portée autre part. Elle file vers le balcon. Un peu trop vite à mon goût. Est-ce qu'elle va enfin juger que ça vaut vraiment pas le coup ? Rhyan a bien compris pourtant. Elle est humaine, à mon grand malheur, mais pas aussi innocente. Elle aussi, elle a tué. Elle a certainement également tendu des pièges, participé à des assassinats. La pièce anormalement propre pour l'ensemble de l'hôtel, une odeur un peu trop chargée en javel vaguement masquée par les fenêtres grandes ouvertes, comme une routine de femme de ménage. Une femme de ménage un peu trop maniaque.
Elle est au balcon et moi je suis toujours penché sur ma valise. Je compte mes lames, les dents d'un couteau, les balles dans leurs douilles, pour occuper mon esprit et trouver des mots un peu plus justes. Elle sait déjà dans quoi elle est entrée et devait déjà s'en douter avant de poser son pied à l'aéroport. Pourtant, elle n'a pas hésité. Pourquoi elle n'a pas hésité ?
Est-ce que tu es avec moi parce que tu m'apprécies ou bien est-ce la proximité de ma lame qui t'intéresse ? Je me mens à moi-même en disant que je n'y ai jamais pensé.
J'y pense dès qu'elle est devant moi. Je me demande si le bruit du chargeur lui ferait tourner la tête, si je percevrais cet éclat d'incertitude. Comment peut-on seulement se faire confiance alors qu'un coup tordu est si vite arrivé ? Quand nos travaux respectifs nous forcent presque à nous entre-tuer et le favorisent jusqu'à emplir l'espace de sous-entendus macabres. Quand elle dit qu'un lit c'est suffisant, j'ai mille et une manière d'interpréter ses mots. Et l'amertume d'en découvrir plus de 900 à connotation négative. Sa voix paraît de nouveau à quelques mètres, légèrement camouflée par une brise un peu plus virulente.
- La soirée est quand d’ailleurs ?
La soirée ? C'est à l'instant où sa question se pose que je dégage mon smoking de la valise. Il n'a heureusement pas l'air d'avoir trop souffert du voyage et c'est en l'étendant sur le lit que mes pensées se confirment. C'est une tenue on ne peut plus classique. Veste, chemise et pantalon noir parce qu'une tâche et toujours moins visible que sur du bleu marine – bien que je préfère cette dernière couleur – si vous voyez ce que je veux dire. Il n'y a que la cravate et les revers de col qui soient bleu foncé. Et encore, d'un bleu foncé tirant également sur le noir. Autant dire qu'il ne s'agit que de reflets. Qu'importe. La soirée... Disons qu'on favorise d'abord le travail pour ensuite s'amuser. En temps normal, je n'aurais eu qu'une journée et demi et non cinq.
-Ce soir. Il va falloir se pencher très sérieusement sur ta robe donc. On aura tout le temps de profiter demain.
Elle entre de nouveau et se pose juste devant moi. Je l'observe, intrigué. Elle a l'air décidée, de quelque chose. Est-ce que la perspective du shopping l'enchante ? Ou non ? Pas le choix, en fait. Ils ne nous laisseront pas entrer avec ses habits. Non pas qu'ils soient laids, simplement inadaptés. On doit avoir l'air de la haute, c'est tout ce qui compte. L'intérieur, ils s'en fichent. Là, il faut tout miser sur l'aspect extérieur. Je regarde un instant ses cheveux et je songe à une époque révolue où j'aimais tant coiffer les cheveux de Bleu quand père nous faisait sortir en famille. C'est très idiot, mais...
- Je suis ta couverture pour la soirée ou la distraction d’ailleurs ?
Nevermind. Je ferme les yeux un instant et rejette ma tête en arrière dans un profond soupir. La dirige de nouveau vers Rhyan et encadre son visage avec délicatesse. J'ai pas envie de lui mentir mais son discernement est aussi pénible que gênant. C'est vrai, j'y ai pensé pourtant. Je sais très bien qu'elle n'est pas comme les autres filles. Qu'elle possède des connaissances, un pied voir les deux dans le milieu, consciente de ses choix, consciente de son travail, consciente de la raison de sa présence. « Regarde le voyage que je nous ai offert », « Tu vas voir, on va participer à une belle soirée ». Je ne peux pas lui resservir ces mots prononcés et répétés inlassablement, quand bien même pour une fois j'en crèverai d'envie. Elle me regarde, présente, claire. Elle pose une question en plaçant ses deux mains dans un plat soigneusement caché. J'arrive pas à trouver les mots. Est-ce qu'elle accepterait simplement le fait que je l'ai amené ici pour me servir d'elle ? Il est même probable qu'elle y ait pensé. Mais pourquoi diable s'être déplacée en jouant volontairement dans le camp adverse. Et pourquoi à l'entendre me parler de distraction, y'a toujours ce morceau de cerveau pragmatique qui pense à utiliser au mieux les capacités de la jolie blonde. Et si je lui en parlais, simplement ? De ma mission.
À l'instant où je relâche, sans avoir poussé le moindre mot, son visage, je sais que je risque gros. Que la confiance est une chose aussi impossible à attraper qu'une fumée. Je m'accroupis au niveau de ma valise, cherche dans le sac annexe mon téléphone et me relève. Les yeux plantés sur l'écran, je fais défiler les messages de ma boîte mail jusqu'à trouver les visages des trois hommes. Un instant hésitant, le pouce en suspens au-dessus de l'écran, je finis par tourner l'appareil vers Rhyan et faire défiler les trois visages. Passant une main rapide dans mes cheveux, anxieux, je dirige mon regard vers la demoiselle, me rapproche d'elle et déclare à voix basse :
-Ce sont trois sorciers noirs. Ils marchent toujours ensemble et ne se détachent qu'aux fêtes mondaines, où ils semblent également abaisser leur garde. L'un d'eux est soupçonné d'être un espion au service d'Or.. pheo, mais leur proximité rend la chasse difficile. L'objectif est de le trouver et de l'éliminer. Néanmoins, il est probable que vu leur ténacité à se protéger mutuellement, les trois soient en réalité plus ou moins impliqués dans l'affaire.
Je passe ma langue sur ma lèvre inférieure, me maudissant pour l'accroc sur le nom de l'organisation adverse. Son organisation. Plus j'y pense, et plus je me dis que lui raconter cette histoire ne joue pas en ma faveur. Jusque là, il n'était question que de fréquenter un homme d'un camp adverse. Ce soir, je lui demanderais de jouer contre son camp. Un sorcier noir n'hésiterait pas. Je n'hésiterais pas. Et la vie est une fois de plus présente pour me rappeler que mes idées ne sont pas nécessairement partagées par la femme présentement chère à mes yeux. Je retire le portable et le passe précipitamment dans ma poche arrière de jean.
-Comme tu es affreusement perspicace, voilà le contexte. En ce qui concerne ton rôle, il n'est normalement pas important. J'étais...
Je souffle une énième fois, poussé par un vent de révélation qui me semble impossible à stopper, peu importe les dégâts. Il est sans doute préférable de lui cacher tout cela, mais une force au fond de moi m'en empêche. Parce qu'elle cherche des réponses. Peut-être pas aussi poussées que celles que je lui offre, mais ces dernières ont au moins la particularité d'être honnêtes. Et le vrai Cyan, celui que très peu ont la chance de connaître, il est honnête.
Et présupposé bavard.
-J'étais supposé amener une femme. N'importe qui, pour peu qu'elle m'assure un bras pour la soirée. Je te demanderai pas d'agir contre tes valeurs. Simplement de fermer les yeux sur ça.
Puis...
-Et de garder en tête, d'être persuadée que j'ai pensé à toi pour être...
Je détourne la tête.
-... Enfin... être juste avec toi.
Je peux pas croire que j'ai dit ça. J'ai le cœur qui bat un peu plus vite et ça m'agace autant que ça m'adoucit. Mais je peux pas supporter ça trop longtemps. Alors, je pince ses joues et, tout sourire, je la regarde de nouveau avant de déclarer :
-Donc faut qu'on aille acheter ta robe.
Bien Cyan, y'a du progrès.
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Jeu 27 Sep 2018 - 14:51
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Ven 28 Sep 2018 - 16:21
"We didn't come this far just to get this far"
Parfois, il faut savoir provoquer le destin. Tenter des choses qu'on ne tenterait normalement pas, sortir de sa zone de confort et apprécier chaque instant. Parce que ça ne dure jamais
J'ai le regard incertain et une drôle de sensation dans le ventre. Ce ne sont que quelques mots mais ils suffisent pour m'ébranler. Pourtant, ces mots, je les ai déjà prononcés. À d'autres filles, dans d'autres circonstances mais avec le même ton. C'est dans ce genre de situation que Rhyan me fait prendre un peu plus conscience de sa présence. Les mots ne sont jamais difficiles à prononcer, c'est la façon dont ils seront perçus qui nous scelle la bouche. À l'heure où ces phrases sont prononcées, des millions de questions se heurtent aux parois de ma boîte crânienne. Je lui pince les joues parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, rien à ajouter et qu'un silence ne peut décemment pas s'installer maintenant. On n'est pas faits pour vivre sur la gravité des situations.
Elle me sourit d'une drôle de manière. Je ne la quitte pas des yeux et sa réponse faciale ne me rend qu'un peu plus hésitant, qu'un peu plus sévère envers moi-même. Ce n'était certainement pas le bon timing, ça ne l'a jamais été après tout. La Tunisie, ça s'était mal passé, on avait vécu toutes les émotions dans un méli-mélo dramatique. Je m'étais dit à la suite qu'il ne fallait plus jamais, jamais mettre ça sur le tapis. Que j'avais bien assez compris qu'elle attendait rien de tout ça, Rhyan. Que j'étais allé trop vite, même trop loin par rapport à mes véritables capacités. Je m'étais laissé emporter par un tourbillon qui n'était pas de ma création et j'ai lâché des mots qui ne m'appartenaient pas. Moi, l'égoïste de service, je m'étais retrouvé plongé dans des sentiments externes.
- Hé, Cyan ?
Elle est juste là. Toujours juste là. J'aurais jamais cru ça possible. Je me serais même jamais imaginé une chose pareille. Toujours avec cette profonde impression de faire n'importe quoi, mais d'y plonger à corps perdu. Elle s'approche et m'embrasse. C'est la première fois, non ? Ça fait déjà longtemps, mais c'est aussi la première fois qu'elle m'embrasse. Je crois. Je ne suis plus très sûr, mais la sensation est nouvelle. Ça n'a plus cette odeur de revendication ou de hasard, comme quelque chose de fade et d'irréfléchi. Ça a quelque chose de sincère. D'un peu plus vrai. Une phrase non formulée qui n'attend pas une réponse immédiate mais qui prend le temps de poser un questionnement, calmement. Lorsqu'elle se détache, je la suis sur quelques centimètres pour l'allonger encore d'une micro seconde et la voit se détourner. Je lui souris d'un air un peu peiné, paradoxalement heureux. Je suis content d'être là. Je suis content qu'elle soit là. J'aurais pu inviter personne d'autre à sa place.
- T’as pas besoin de te justifier ou de t’excuser pour ehm. Tu sais. Je te choisis en entier, je sais dans quoi je m’embarque. Je suis ni stupide, ni aveugle. Je te choisis en entier.
Il y a mille et une choses qui nous opposent, à commencer par nos façons de percevoir la vie d'autrui, de vivre nos propres vies. De faire partie d'organisations ennemis et d'être incapable d'être honnête sur ces termes maintenant qu'on en fréquente un membre. Bien sûr, ça ne me fera pas changer d'avis. Je ne défendrais pas Orpheo, je ne me battrais pas pour eux. Je ne les tolérerais pas plus sur un champ de bataille. Ce serait Rhyan et personne d'autre. Mais s'adresser à elle, parler librement ou presque de ma mission principalement sujette à luter contre ses collègues, c'est autre chose. Voilà qu'on craint de toucher aux points de rupture. « Jusqu'où es-tu prêt pour être avec moi ? » Jusqu'où suis-je moi-même prêt ? J'ai la sensation d'être pleinement mêlé à ses histoires, mais je n'ai toujours pas la prétention de la connaître ne serait-ce qu'un peu. Est-ce qu'à sa place, j'aurais acquiescé ? Est-ce que je l'aurais aussi rassurée ? Lui aurais-je dit que je l'avais choisi pour tout ce qu'elle était et pas seulement pour un ou deux traits particuliers ? Que travailler et heurter mes principes en tant que sorciers noirs n'étaient finalement pas grand chose ? Quand on a vécu toute sa vie pour quelque chose et qu'on tend à se retourner un jour, réfléchir à ce qu'on a accompli parce qu'on trouve une de ces bonnes personnes, est-ce que c'est pas un peu effrayant ? On ne parle même pas de tout quitter ici, simplement agir contre des enseignements matraqués jours après jours.
C'est putain d'effrayant.
Faut pas me dire des mots pareils, parce qu'on m'a pas appris à réfléchir sur ces questionnements. J'ai toujours tellement peur de faire un vrai pas en dehors de mon cadre et de voir tout s'effondrer. De devenir dépendant d'une personne parce que toute ma liberté de pensée, aussi limitée ait-elle été tout ce temps, a au moins eu l'illusion de me faire me sentir indépendant. Et elle veut pas ça. Je veux pas ça. Personne ne veut ça. Je veux pas devenir comme Silver qui a perdu les boules. Ces trois mots que l'on aime entendre, je ne les prononcerai sans doute jamais.
Elle bouge déjà. S'active pour prendre son sac, se préparer. Je fais de même et me bloque un instant sur mon téléphone pour parcourir notre annuaire. C'est un peu comme une agence de voyages participative, mais pour sorciers noirs. Disons que les grands monuments on a tendance à s'en taper. Par contre, les recels d'armes en cas de problème, les boutiques gérées par des sorciers noirs ou d'intérêt pour des missions et les principaux lieux de restauration s'y trouvent. Il faut croire qu'on a des passionnés de cartographie dans le milieu. Qu'importe, je trouve deux ou trois sites intéressants à quelques kilomètres.
J'ai rien à lui répondre et puis elle semble déjà partie sur autre chose alors je n'insiste pas. Peut-être que ça m'arrange aussi d'un côté.
On se retrouve dans un magasin plutôt chic, dans une grande ville. Je serais bien incapable de dire de quelle ville il s'agit puisque tout est signalé dans un alphabet différent du nôtre. Y'a aucun risque qui nous arrive la moindre chose mais je suis tout aussi harnaché en armes que Rhyan. Discret mais présent, les armes sur soi, c'est devenu aussi naturel qu'un brossage de dents le matin. Malgré tout, alors que les doubles portes de la boutique s'ouvrent automatiquement à notre approche, je me rapproche d'elle et lui glisse deux-trois informations dans l'oreille.
-Choisis ce qui te fait plaisir, Rosenrot me rembourse. Prends juste quelque chose de confortable et qui ne limite pas trop tes mouvements. Même si j'ai bien conscience que tout ça ne rime pas trop avec une robe de soirée.
Et mieux vaut pour elle essayer avant d'acheter, on ne sait jamais, des fois les coupes c'est pas trop ça. Et pas le temps de faire du sur-mesure.
Bref, passé le choix de la robe, les ajustements, tout ça, la soirée s'approche grandement. À peine rentré qu'il faut déjà commencer à se préparer. J'avoue, j'ai un peu insisté pour faire sa coiffure. Un peu beaucoup. Mais ça m'a fait vraiment, vraiment plaisir. Ça doit bien faire parti des seuls trucs artistiques que je sache faire d'ailleurs. Mon hémisphère droit s'arrête là, après c'est que de l'analytique. Est-ce que j'ai cherché à l'impressionner. P't'être bien qu'oui. Ça se trouve, elle a pas aimé. Je sais pas, j'ai pris mon temps et dès qu'on en a fini j'ai fait « Voilà », j'ai vérifié la position de mes armes, mes mouvements, j'ai laissé toutes mes affaires de valeur ici, je l'ai asséné de phrases comme « Assure-toi de ne rien prendre qui puisse justifier ton identité » ou « Te surcharge pas d'armes, t'es vraiment pas censée en avoir à la base » ou même « Oublie pas de prendre un petit sac et de le remplir des trucs classiques ». J'ai terminé en la regardant très gravement par « Tous les gens que tu croiseras maintenant ont de grandes chances d'être noirs, alors mieux vaut faire attention à ce que tu dis ». Je lui ai tendu une fausse carte d'identité pour qu'elle la mette dans sa pochette et j'ai tout pressé pour pouvoir fermer la chambre. J'ai donné ces mêmes clés sans un mot au réceptionniste.
J'avoue, j'ai plus ou moins pris conscience de mon changement d'attitude une fois dans la voiture. Le simple fait d'être en mission suffit à me rendre impassible, mais avoir Rhyan à mes côtés me tend plus que d'ordinaire, attentif au moindre geste suspect. Mais voilà, on est dans la voiture, le chauffeur est un sorcier noir et je peux décemment pas lui dire que je m'excuse de lui avoir parlé sèchement de choses auxquels elle doit déjà avoir eu connaissance ou faisant appel au bon sens. J'ai sans doute fait un inventaire très exhaustif, trop même, mais j'ai pas le temps de m'excuser. Pas le temps de laisser place au stress ou aux remords. On verra ça après.
On arrive au port d'une ville au nom toujours aussi peu facile à lire mais visiblement assez riche. Le chauffeur s'inscrit dans la petite file de voitures rutilantes et c'est durant ce laps de temps qu'il se tourne, me fournit mes faux papiers et un autre téléphone d'une vie totalement inventée pour ne pas me rendre suspect à la vue des autres. J'ai emprunté des noms à des milliers de personnes et je m'empare de cette nouvelle identité avec une nonchalance routinière. Il lâche sa phrase sans émotion, lui aussi focalisé sur son rôle :
-L'invitation se trouve dans les téléchargements du téléphone. Pas besoin de donner votre nom.
Il jette un regard discret à Rhyan, évaluant son attitude avant de se recentrer sur moi.
-Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à appeler.
J'acquiesce d'un regard tout aussi soutenu et la voiture s'arrête devant l'énorme yacht. Il doit bien pouvoir contenir une cinquantaine de personnes. Je tends mon bras à Rhyan en crispant un peu la mâchoire, inspire et revêt mon masque de bienséance pour la soirée. Soirée qui promet d'être longue.
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Ven 28 Sep 2018 - 22:09
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Dim 30 Sep 2018 - 16:27
"We didn't come this far just to get this far"
Parfois, il faut savoir provoquer le destin. Tenter des choses qu'on ne tenterait normalement pas, sortir de sa zone de confort et apprécier chaque instant. Parce que ça ne dure jamais
Gérer des groupes ou devoir être une tête de file en mission, ça a jamais été mon grand dada. Je suis aussi bien dans mon coin, avec ma mission propre. Qu'on me couvre, passe encore, tant que je n'ai pas à décider ce que telle ou telle personne devra faire. J'ai déjà eu des apprentis. Plein d'apprentis. Ils n'ont jamais fait long feu, j'ai pas eu la patience pour tout leur apprendre et Rosenrot s'est donc soigneusement attaché à me fournir de la chair à canon. Je sais pas si le message est passé entre temps ou si je me suis fait une réputation chez les newbie, mais maintenant ils sont bien plus autonomes. C'est tout ce qu'on leur demande.
Je parle des apprentis pour justifier mon caractère pleinement invivable, oui je sais. On ferme les yeux comme on peut, à défaut de n'avoir ni la patience ni la volonté de changer. J'ai mille et un scénarios dans ma tête, mille et une réponse toute faite à sortir au cas où les choses tourneraient mal. Je suis dans mon bain, dans mon élément favori, dans mes habitudes et ça m'apaise. Le Cyan que tout le monde connaît est à nouveau là, prêt à poignarder un dos trop tourné, à couper une langue trop bavarde. Même si l'époque faste de la guerre est à présent un peu loin, l'issue actuelle me permet de penser que nous aurons encore plus de pain sur la planche. C'est vrai, j'ai beau râler sur les missions, titiller Rosenrot sur la formulation d'une phrase pour n'en faire que le moins possible, au final, c'est dans un état que je me sens pleinement utile, vivant. Et qu'on ne m'apprécie pas ainsi n'y changera rien. Ça reste moi.
Rhyan a dit qu'elle signait pour un tout, n'est-ce pas ?
- Merci bien.
Je ne la regarde pas. Les nerfs sont déjà tendus, mais la concentration m'empêche de vouloir démarrer un quelconque conflit. Ses deux mots me permettent néanmoins de comprendre le fond de sa pensée, comme une fourchette rayant une plaque de métal. Elle a les dents serrés mais n'explose pas.
Peut-être que j'aurais dû m'excuser. Mais je l'ai pas fait. J'ai fui lâchement. J'ai préféré poser le moins possible mes yeux sur elle, par crainte d'être déstabilisé ? Je ne vois pas comment je pourrais être déstabilisé. Je sais même pas pourquoi je me dis ça.
Quoi qu'il en soit, nous arrivons finalement sur le bateau. Il y a beaucoup de monde et c'est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Beaucoup de témoins mais peu de risques de se faire remarquer. Mais puisqu'il me faudra fatalement aller à leur rencontre à un moment ou un autre, considérons cet amas de monde comme une pénalité.
- Tu vas me chercher un verre ?
Je me tourne assez brusquement vers Rhyan, surpris par son ton de voix. Le bord de mes lèvres se relève très légèrement et un soupçon de moquerie et de surprise passe dans mon regard. Je n'ai pas même le souvenir d'avoir déjà entendu ce timbre de voix alors ça me fait doucement sourire. Et voilà, déconcentration. J'acquiesce et me détache d'elle pour m'orienter vers le bar. Un serveur lambda c'est trop risqué. C'est toujours dans les films qu'on a tendance à voir que les drogues et machins du genre se trouvent dans ces flûtes de champagne. Je ne vais pas pour autant nous limiter à boire des cocktails sans alcool, ce serait louche.
Qu'importe, je m'approche donc du bar plus ou moins désert. Normalement fréquenté dirons-nous, et attend mon tour en m'adossant à ce dernier, les bras croisés, le regard désintéressé. En apparence. Et puis, assez rapidement, je vois apparaître cinq personnes dans mon champ de vision. Non pas qu'il n'y en ai que cinq, mais ces cinq-ci sont d'une importance plus élevée. Ou même trois. Merde. On m'avait dit qu'ils évoluaient seuls et pas plus ou moins accrochés aux bras de dames, tous ensemble. Et voilà qu'ils s'approchent, en plus, de moi avec un sourire sur le visage. Je réfléchis très rapidement. Suis-je censé les connaître ? Non. La réponse est brutale et précise. Alors, je dévie rapidement mon regard d'eux afin de ne pas me trahir et poursuit nonchalamment mon inspection de la pièce. Je suis près du bar, ils peuvent tout aussi bien s'y diriger. Et le sourire ne m'étais peut-être pas non plus destiné. Mais ç'aurait été trop facile d'avoir l'air d'une personne banale et de pouvoir les épier d'aussi près.
-Eh bien, eh bien, ce n'est pas souvent que l'Allemagne vient frapper à notre porte. Et ça l'est encore moins lorsqu'on nous ramène une pointure.
Pointure ? Je hausse un sourcil. Dans ce genre d'événements, il est important de peser chaque mot car les noms sont bien souvent falsifiés. Il faut parvenir à se faire comprendre sans les employer ou sans prononcer de mots-clés. Je tourne la tête vers eux et agit de manière toute à fait neutre. Je ne suis pas censé les avoir déjà vu, même après avoir étudié leur dossier de fond en comble. Ça demande un peu d'entraînement de feindre la connaissance, mais on s'y fait rapidement.
-Messieurs, mesdames. Nous sommes-nous déjà rencontrés ?
J'incline légèrement la tête sur le côté. Celui ayant pris la parole le premier -et certainement le plus bavard de tous- semble une fois de plus prêt à s'exprimer.
-Non. Mais vos derniers agissements ne sont pas passés inaperçus. Et puis Al ici présent -il indique du doigt l'homme le plus en retrait et sans compagnie- est captivé par le fait de devoir connaître tout le monde. C'est lui qui vous a repéré en premier.
Le fameux personnage a tout d'un bosseur de nuit. Des cernes marqués, une petite taille mais un corps tout aussi fin. On dirait un enfant, mais ses rides et son regard prouvent sa très certaine maturité. Il a la tête de l'emploi. Il a le regard du sorcier noir aussi. Comparé à lui, l'homme a la langue bien pendue à l'air à des années lumières. Grand, fine musculature, visage angélique, une attitude avenante, il attire plus qu'il ne repousse. Les deux femmes sont d'ailleurs agrippées à chacun de ses bras. Et le troisième est à mi-chemin. Banal. Il regarde sans regarder, focalisé et paradoxalement détendu. Il n'est pas en retrait, pas sur le devant pour autant. Il se fond parfaitement dans son environnement. Sur ces impressions, je comprends à quel point cette mission pourrait me mener nulle part si je ne me décide pas à poser les bonnes questions dès à présent. Ils sont tous les trois potentiellement incriminables dans leur façon d'être, des choses à cacher. Le barman m'interpelle et je lui commande deux mojitos. Tandis qu'il les prépare, je réponds tranquillement.
-Je vois. Ravi de faire votre connaissance.
Je tends la main, qu'ils prennent tour à tour. Le plus grand, toujours, m'assène alors immédiatement de questions :
-Alors, qu'est-ce qui vous amène aussi loin de chez vous ? Et sur ce bateau, qui plus est. -il s'approche de moi pour me souffler à l'oreille- Vous savez qu'il y a des membres d'Orpheo ici, n'est-ce pas ?
Je fronce les sourcils, légèrement. Pas de drame, cela peut-être interprété de plein de manières. Pour le moment, mon regard se dirige instinctivement sur l'homme à l'arrière, celui dont la mémoire des visages semble surpasser celle des autres. Peut-être aussi de la mienne. Le barman me tend les deux mojitos. Je m'en saisis pour les poser à mes côtés. Si je leur dis que ma présence s'explique par le fait que je recherche des gens d'Orpheo, la taupe risque de prendre encore plus de précautions. Il faut que je la joue un peu plus fine, quitte à paraître plus idiot que je ne le suis.
-Je suis en vacances. Et oui, je m'en doute mais je ne les ai pas encore identifiés. Vous pouvez me fournir quelques visages ?
Le même, toujours le même, réplique dans un brin de rire :
-Voyons, on ne vous demande pas votre couverture. Vous ne venez pas là par hasard, il... -Ce ne sont pas vos affaires.
P'tin, il me tape sur le carreau celui-là. À quel moment il a pu croire que j'allais le mettre dans la confidence ? Est-ce qu'il croit que son petit tour du monsieur-je-suis-trop-gentil va fonctionner avec moi ? Désolé, je tombe pas dans le panneau. Je le fusille du regard avec une véritable intensité. Il se met à rire d'une manière gênée en relevant son bras comme il le peut, sur une position défensive. J'y peux rien, je me suis un peu trahi. Il y a des chances que leur regard ne me quitte pas de la soirée. Génial.
-Pardon, pardon. Dans ce cas, nous n'allons pas vous ralentir. Il me semble que votre compagnie attend son verre de mojito. À moins que vous ne buviez pour deux.
Oh mais ta gueule. Éclair de lucidité. Ils vont me suivre du regard. Est-ce que Rhyan va leur rappeler quelqu'un ? S'ils découvrent qu'elle est d'Orpheo, ce sera quitte ou double. Soit ils m'approcheront plus ou moins vite à trois et se trahiront, soit seul l'un d'entre eux sera incriminé dans cette histoire et les deux autres risqueront d'en dire deux mots à Rosenrot. Il y a plusieurs cas de figure en plus de ces deux extrêmes et j'hésite, sur mon chemin -et après les avoir très rapidement salué-, à me diriger vers une autre femme. Mais non, ça ne ferait que compliquer les choses et me rendre un peu plus louche. On oublie.
Puis, je parviens enfin à voir Rhyan. Qui semble aux prises avec un homme. Sur la défensive. Je ne sais pas trop pourquoi, mais en l'espace d'une seconde, j'ai juste envie de la libérer de ce lourdaud. Je m'approche alors d'elle et surplombe le gars d'un petit centimètre. Petit centimètre suffisant, psychologiquement parlant. Je ne le regarde pas immédiatement et tend son verre à Rhyan. Passe une main autour de sa taille pour m'en rapprocher et dirige enfin ma personne vers l'homme vraiment, vraiment chiant.
-Excusez-moi ? Je crois qu'elle a pas trop l'air de vouloir vous parler, non ?
Pleure dans les jupes de Satan avant de venir la faire chier. Et apprends à faire un nœud de cravate. P'tit merdeux, va.
Il insiste pas. Mon regard ou mes mots, je sais pas, il pars assez rapidement. Peut-être qu'il pense qu'il aura tout le temps d'en trouver une qui sois venue seule. Bah pas celle-là, connard. Va chercher ailleurs. Je me fonds de nouveau dans ma neutralité et pose mes lèvres à quelques centimètres à peine de son oreille. Je souffle :
-J'ai rencontré les trois gars. Ils sont dans ton dos et l'un semble connaître les visages de beaucoup de monde. Ils m'ont reconnu et il est probable qu'ils cherchent à savoir qui tu es et à t'approcher. Il faut qu'on agisse vite. Est-ce que tu reconnais des visages, par hasard ?
Je relève la tête et effectue un rapide tour. Il faut qu'elle fasse attention à elle aussi. Je ne connais pas beaucoup de gens par ici, mais quelques étrangers de notre organisation sont venus. J'en pointe quatre discrètement du doigt et poursuis.
-N'approche pas ces quatre-là. Ils sont de chez nous. J'aimerais éviter qu'il t'arrive quelque chose.
Une manière de dire que quelque part, je pense plutôt quand même à toi. Et si je la préviens de rester à distance de ces gars, c'est aussi parce que je ne pourrais très certainement pas rester constamment avec elle. Et que bon, j'ai quand même quelque chose à lui demander et que je vais pas passer par trente six mille chemins pour le dire :
-On va avoir du mal à rester discret. Je prévoyais pas de te mettre dans l'histoire, mais puisque tu es d'Orpheo il y a des risques pour que ça nous retombe tous les deux dessus. Il faudrait faire sortir la taupe d'une manière ou d'une autre. Soit en essayant de propager une rumeur de ton côté, soit en extrayant des informations sans paraître trop suspect.
Et pendant ce temps-là, je vais tâcher d'occuper les trois minets un peu plus loin. Je prends un risque énorme, même pour les autres sorciers noirs présents, de faire des aller et retour entre les deux camps pour les plus observateurs. Mais c'est aussi à ça qu'on repère les bons agents, non ? Mais après, pour éviter de me décrédibiliser, il faudra... il faudra que je m'occupe de Rhyan. Et pas dans un sens qui me plaise. On verra ça plus tard. On trouvera une solution. Comme simuler une noyade ou qu'importe. On n'y est pas encore.
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Dim 30 Sep 2018 - 18:34
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Dim 30 Sep 2018 - 21:21
"We didn't come this far just to get this far"
Parfois, il faut savoir provoquer le destin. Tenter des choses qu'on ne tenterait normalement pas, sortir de sa zone de confort et apprécier chaque instant. Parce que ça ne dure jamais
Y'a peut-être bien un monde entre les humains et les sorciers finalement. Entre les hommes et les femmes, entre Rhyan et puis moi. J'ai fini de déblatérer, tout est soigneusement rangé dans une case, dans un schéma adaptatif, principalement construit pour y faire entrer l'inconnue X, Rhyan. Je sais pas à quoi j'ai pensé après lui avoir pleinement comprendre qu'elle n'aurait pas à agir. Dans mon cerveau focalisé sur la mission, j'ai voulu me saisir du plus de cartes en main, délaissant le côté humain. Comme toujours. Humain. Sorcier.
Si elle n'avait pas été là, j'aurais préféré prendre mon temps. Attendre une fin de soirée. Je me serais totalement fichu de ce que la dame à sa place aurait fait puisqu'elle aurait fini sa vie en même temps que cette soirée. J'aurais pris moins de risques. Mais je l'ai pris ici, sans me rendre compte à quel point ça finirait par m'affecter. Que mes choix d'en finir, à tout prix et le plus rapidement possible, n'était qu'un reflet pour ne pas nous mettre en danger. Je me dis que je suis Cyan, que je maîtrise mon temps et mon espace sans me rendre compte que la blonde est déjà si proche et qu'elle a percé au travers de mon imperturbable sérénité.
Et puis ça :
- Déjà, plus jamais cet éclat de possessivité. Oublie pas, je suis ton bras pour la soirée, t’es pas supposé en avoir quelque chose à taper de moi. Si je quitte la soirée avec quelqu'un d'autre, c'est pas important. C’est idiot d’attirer l’attention comme ça..
J'accuse le choc comme je peux et c'est assez lamentable. Mon masque se fissure et j'ouvre de grands yeux ahuris. Deux choses graves. Graves. Vraiment, vraiment très graves. Ça, c'était un éclat de possessivité ? Je m'en rends même plus compte ? Ça se passe comment ? C'est limite si j'entendais ses ondes m'inciter à revenir et voilà ce que je récupère ? Faut que j'arrête d'être possessif. Ben tiens, ça m'apprendra à essayer d'être gentil. Voilà, on sait tous bien que c'est pas dans mon caractère, que y'a rien à charrier de mes débris de sentiments. Et puis elle a raison, elle me rappelle à quel point elle n'a aucun rôle à jouer, réduisant en miettes toutes mes idées. C'est un non déguisé, mais un non certain. Et puis alors, comble du tout, coup de grâce porté à un cœur pas même foutu de s'écouter sauf lorsqu'il souffre, elle me dit qu'on s'en contrefiche de la personne avec laquelle elle finira la soirée. Ou même de la personne avec laquelle elle rentrera. Oui, pourquoi pas. Encore une fois elle a raison, c'est la mission. Et elle la gère mieux que moi. C'est un double coup porté son mon professionnalisme et mes sentiments. Bien sûr qu'on devrait s'en foutre.
Pourquoi j'ai le sentiment que j'arriverai pas à m'en foutre.
J'ai du venin qui monte dans mon œsophage et se concentre dans ma bouche. Si je l'ouvre maintenant, je vais vraiment tout faire foirer. J'ai le regard, mon corps, mon être tout entier posé sur elle, avec l'impression qu'une fissure vient de se propager entre nos pieds. J'aurais pas dû l'amener. Peut-être que la Grèce c'était une bonne idée, mais peut-être que la mission c'était pas le cas. Que j'ai été assez con pour croire que j'allais pouvoir la considérer comme toutes les autres filles avant elle et ne pas du tout m'en préoccuper. C'est un échec, Cyan.
Un échec.
- Ensuite, je fais quoi si je le reconnais, hein ? Je le balance ? Je trahis ? Je t'aide ?
C'est encore le même problème. Elle est d'Orpheo et lui demander... l'inciter à venir dans un endroit passablement dangereux c'était pas efficace. Et là, en plus d'avoir accepté de fermer les yeux sur mes agissements, je lui demande d'agir pour de vrai. Contre son organisation. J'hésite pas à piétiner les valeurs des autres pour conforter les miennes, pour m'élever un peu plus. Elle me sourit d'une manière tout à fait charmante et je perds le mien. J'ai l'air d'un débutant sur un terrain trop gros, perdu au-delà de son bac à sable. Et elle me semble rayonnante, dans son élément. J'ai la rage au ventre mais bien plus d'affection que je ne le pense. J'ai envie de lui dire de se taire avant que l'on ne finisse par déclencher quelque chose. Se montrer un peu plus. Marquer nos différences. J'arrive pas à me mettre à sa place, à me dire que peut-être, elle est encore plus stressée que moi, qu'elle a pas envie que ça foire juste parce qu'elle risquerait de crever pour rien. Qu'elle pense peut-être elle aussi que c'était une mauvaise idée de venir ici. Je pense toujours à moi. Et mon moi est sincèrement blessé dans son estime.
- Je suis pas là pour te gêner mais non, on fait courir des rumeurs qui sont fausses pour se protéger. Faire courir une rumeur sur moi reviendrait juste à me balancer. Si ça chauffe pour moi, je veux bien m’éclipser discrètement, mais si je deviens la cible d’un bateau entier avec l’étiquette d’Orpheo sur mon front, crois-moi, c’est un maëlstrom entier qui va engloutir ces gens.
Je fronce un peu les sourcils, pour une raison différente cette fois-ci. Faire courir une rumeur sur elle ? Non. Jamais je permettrais ça. C'est moi qui me suis mal exprimé. Comme il y a des gens d'Orpheo sur le bateau, elle aurait pu leur faire croire qu'une information de la part d'un espion allait être donnée et de fil en aiguille... Mais peut-être ne lui ai-je même pas dit que certains de ses collègues se trouveraient sur le bateau ? Je m'y serais volontiers attelé si j'avais pas les mâchoires durcies par une tension palpable. Si c'est une tempête qui attend le bateau, peut-être bien qu'elle sera pas la première à le déclencher. Voyons qui de nos deux pouvoirs sera capable de faire chavirer un minuscule bateau en pleine mer. Je souffle et ferme les yeux, tâchant de m'accaparer cette tranquillité perdue. J'ai Rhyan qui tourne en boucle dans mon esprit.
- C’est pas pressé. Fais-toi des amis et parle de toi, fais comme si t’avais bu, laisse du temps passer. Je suis censée être juste ton bras, alors pavane-toi, partage-moi et attend que tout le monde soit éméché, je laisserai trainer mes oreilles. Le gars que t’as jeté était venu pour avoir des informations aussi ; quand on sait des trucs on général on finit par les répéter et il avait l’air bien informé. Et puis pas besoin de rester discret. Plus on nous voit, moins on nous cherche.
Je me mords la lèvre. Ne prends surtout pas le risque de dire que je suis en train de tout faire foirer, que j'envoie balader cette mission simplement pour en finir au plus vite, pour que le moins de personne ne puisse nous reconnaître. Que je réfléchis pas avec le bon organe dans cette histoire. Et que c'est, au final, parce qu'elle est là. J'ai pas besoin d'être sermonné. Surtout pas par elle. Elle est devant moi et actuellement, je suis plutôt content qu'on ne se touche pas. Mon cœur bat dans mes tempes avec acharnement et résonne dans ma boîte crânienne. C'est vraiment pas le moment de céder à la violence mais j'ai pas été conçu pour autre chose alors c'est compliqué de luter contre une part de moi-même. Rhyan évite soigneusement de me regarder et semble s'intéresser à son environnement. C'est bien. Ça me laisse le temps de digérer... enfin non, d'engloutir ses mots et de les poser quelque part quand j'en aurai besoin. Quand il faudra tuer la taupe, par exemple.
Voilà, on se réapproprie rapidement la mission. J'inspire profondément et laisse tomber la boule dans ma gorge jusqu'au fond de mon estomac. Ça aussi, on le digérera plus tard. J'avale deux bonnes gorgées de mojito et laisse le frisson brûlant me parcourir le corps pour laisser la place à un hiver glacial. C'est bon signe. Je délaisse l'anxiété et la fureur pour saisir l'euphorie. La première phrase qui s'extrait de mes lèvres n'est pourtant pas aussi détachée qu'elle n'y paraît, bien que le ton y soit.
-Oh... Alors tu gérais très bien le gars là. Désolé d'avoir perturbé tes projets. Et bien sûr que tu peux rentrer avec qui tu veux, j'm'en tape. D'ailleurs t'as raison, t'embête pas et profite de la soirée. Après tout c'est ma mission, j'ai dit que j'allais me démerder. Je sais pas pourquoi je te mêle à tout ça.
Même moi j'arrive pas à savoir si ma dernière phrase est ironique ou non. J'suis blessé d'aussi loin que je peux l'être et ça m'étonne que ça se produise dans une circonstance pareille pour, mais alors, rien du tout. J'ai l'air d'un gosse à qui on a promis une sucette à la fin du dentiste et qui au final ne récolte rien. C'est une drôle de manière de se faire rembarrer et je sais que ça n'a rien à voir avec ce qui se produirait réellement, qu'on joue rien que des rôles préfabriqués. Je me suis trop vite pris au jeu et je récolte rien d'autre que mon manque de discernement.
Et ça fait quoi si j'leur dit, à tous, à quel point ils vont prendre cher s'ils te tombent sur le carreau ? Ça tient qu'à nous de changer les règles d'un jeu aux relations faiblement définies. Mais tu sais te défendre. J'ai pas mon mot à dire, j'pourrais être un chevalier mais t'es pas une princesse. Est-ce que le fait de t'appeler comme ça me fait croire que je peux t'être utile et me décharge des immondices dans lesquelles je te fais tomber ?
J'essaye d'avoir l'air blanc dans une armure impeccable alors que j'suis peut-être le plus brisé des deux avec mille âmes sur le dos, sans même m'en préoccuper.
Puisque je suis bon qu'à avoir l'air faux, autant s'y mettre à fond.
-On se sépare, on couvrira plus de surface comme ça. Enfin, dans mon cas déjà, je pourrais plus facilement extraire d'informations de la part des dames. -je regarde ma montre- Le bateau sort du port dans une petite dizaine de minutes et revient dans deux heures. Prenons notre temps, en effet. Ah et, il se pourrait que je ne te l'ai pas dit, mais il se peut qu'il y ait autant d'exorcistes que de sorciers noirs ce soir, en plus des innocents. T'as au moins le choix de te placer sur deux identités si on finit par te le demander.
Pas trois. Ça ne lui viendrait certainement pas à l'idée de se faire passer pour une sorcière noire de toute manière. Je vise son verre vide et le tape doucement contre le mien dans un bruit cristallin avant de terminer le cocktail. Je souris et lui fait un clin d’œil avant de diriger mon regard vers son verre en soufflant :
-Et attention à la drogue.
Les sorciers noirs en sont particulièrement friands, même entre eux. Surtout entre eux. Et l'extérieur du yacht est bien assez grand pour laisser des espaces déserts.
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Lun 1 Oct 2018 - 14:25
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Lun 1 Oct 2018 - 21:53
"We didn't come this far just to get this far"
Parfois, il faut savoir provoquer le destin. Tenter des choses qu'on ne tenterait normalement pas, sortir de sa zone de confort et apprécier chaque instant. Parce que ça ne dure jamais
Si j’avais le recul nécessaire, je m’excuserais. Je lui dirais franchement que j’ai pas apprécié. Je lui indiquerais le pourquoi et le comment, préciserait par A+B qu’elle compte déjà beaucoup pour moi et que lâcher des mots comme « j’pourrais partir aux bras d’une autre personne », même pour le bien de la mission, ça me fait quelque chose. Je nous trouverais idiots alors peut-être bien que le sourire que je lui lancerais alors sonnerait un peu comme une excuse et qu’on pourrait bien reprendre la mission où elle en était, au calme et serein.
Mais, spoiler alert, j’ai pas le recul nécessaire. J’suis trop fier pour écouter et trop extraverti pour me taire. Alors je lui renvoie son ascenseur balancé du deuxième étage en me plaçant du haut du cinquième. J’ai pas la maturité pour savoir quand m’arrêter alors je m’abaisse jusqu’à tenter de la rendre jalouse. Quand bien même ça ne marcherait pas. Je feins de me focaliser sur la mission, encore et encore. J’ai fini de lui sourire par politesse et redevient celui que je ne suis pas. Je sais juste qu’elle bouillonne d’envie de partir. Ça se lit facilement, ou bien y suis-je dorénavant habitué. Est-ce une bonne chose ? Mais je ne me laisse pas abattre. Jamais. C’est dommage d’utiliser son énergie pour ça, mais une part de moi en aura toujours pour continuer à débattre avec elle, à s’engueuler la plupart du temps et parfois à s’autoriser des moments un peu moins tumultueux. Quand bien même ces derniers se comptent sur les doigts d’une main. C’est peut-être ce qu’on recherche ?
Elle me sourit à son tour et son expression est en parfait décalage avec ses mots.
- Va te faire foutre.
Elle disparaît dans la foule avant que j’ai pu l’attraper par le bras. Et il serait mentir de dire que l’action ne s’est pas déclenchée. Mais je ne l’ai pas même effleurée alors j’ai rapidement remballé ma main dans ma poche. Qu’est-ce que j’aurais bien pu lui dire de toute façon. « Tu me parles pas comme ça » ? J’ai fait mieux quand même. D’autant que sa réplique m’a fait marrer plus qu’autre chose. Au moins, il semblerait que l’on soit toujours capable de s’agacer mutuellement.
Je fais à mon tour volte-face et me dirige de manière aléatoire vers la première personne attirant mon regard. Une personne en retrait, une œillade indiscrète, une onde particulièrement oppressante. C’est comme faire fonctionner un sixième sens. Je récupère deux coupes de champagne gracieusement proposées par un serveur après avoir déposé mon verre de mojito sur son plateau et me dirige vers une personne en arrière-plan. Sa peau halée et son regard perçant soigneusement masqué sous des traits de demoiselle perdue ne me trompent pas. Je me pose directement devant elle et engage les présentations. Elle s’exprime avec un fort accent et semble bien peu sensibilisée à l’anglais. Elle s’exprime bien, mais les hésitations et l’utilisation abusive de descriptions pour qualifier de simples mots me suffisent. C’est un avantage indéniable d’avoir ce genre de personnes sous le coude, car mentir est bien plus difficile lorsque les subtilités de la langue ne suffisent pas.
-Pardonnez-moi de vous questionner ainsi. Cela dit, vous êtes bien pâles, vous souhaitez aller dehors ?
Je ralentis mon flot de questions pour lui proposer cette opportunité. Il commence à faire chaud dans la salle intérieure. Elle me sourit, hésitante et semble chercher quelqu’un dans la foule. Il est probable qu’elle ne soit pas venue toute seule. C’est comme déposer une brebis dans une meute de loup. Même les humains ne feraient pas ça. Cependant, fort de l’absence de cette personne, elle finit par accepter. Nous sortons à l’instant où le yacht se défait de ses liens et rentre ses bouées. On dirait que la houle se lève.
En Méditerranée ?
Nous montons sur le pont et la jeune fille semble fortement apprécier ce nouvel environnement, faisant tomber toutes ses barrières, pour peu qu’elles les aient un jour gardées. Il n’y a presque personne pour le moment, il faut dire que l’air s’est considérablement rafraîchi. Mais tant mieux, ça me laisse le temps d’asséner les bonnes questions. Tandis qu’elle garde le dos tourné, je dépose dans son verre un petit quelque chose. Elle se retourne finalement lorsque je prononce son prénom et je lui tends la coupe. Elle l’accepte, plongée dans sa petite idylle et y porte ses lèvres. Franchement pas bien compliqué. Mais voilà que le bateau tangue une nouvelle fois et que dans sa folie du moment, la demoiselle ne laisse échapper la coupe de ses mains. Le machin tombe fort heureusement dans sa direction et tâche sa jolie robe nacrée. Son rêve prend fin dans l’instant mais ce n’est pas pour la robe. Un homme s’approche subitement de nous deux et me propose sans détour de m’éloigner de sa fille. Lui, il a de suite l’air on ne peut plus humain. Qui tâche de se faire grand avec sa grosse voix, un papa qui présente sa fille au grand monde.
Je me suis trompé.
Je redescends sans faire de vague et récolte le bras puissant du vieil homme en tâchant de ne pas me retourner pour l’égorger. Et alors, je vois le petit gars tout cerné sortir à son tour de l’endroit. Il tombe sur moi et semble un instant faire face à un fantôme. Se ressaisit dans l’instant et sort en compagnie d’une femme dont je ne reconnais pas le visage. Elle est simplement très bien habillée et m’offre un sourire charmant. Sourire que je lui renvoie. J’ai le temps de percevoir un « Et puis lui » mais je ne me retourne pas. Et puis moi quoi ? Il y a de nouveau une forte secousse en mer et là, j’ai vraiment l’impression de me retrouver en Atlantique. Les bruits des bouteilles s’entrechoquant apportent une ambiance un peu surnaturelle. Je jette un regard autour de moi pour apercevoir de nouvelles cibles et remarque certains regards clairement tournés vers les sorciers noirs. En tout cas ceux que je connais le sont, ainsi que d’autres personnes qui, par élimination, devraient aussi en faire partie. Ça sent le roussi et en général, j’aurais tendance à partir m’isoler plutôt que de rester au centre de cette salle sous tension. Sauf que d’un coup, y’a comme qui dirait quelqu’un qui me revient en tête. Rhyan.
Putain, j’étais tellement énervé contre elle que je l’ai complètement extraite de mon cerveau, opération chirurgicale à cœur ouvert. Sur un coup de tête. Mais si l’ambiance tend à se transformer en règlement de compte général, ça va devenir dangereux. J’étais censé identifier une taupe, pas entrer dans un énième conflit entre Orpheo et les quelques sorciers noirs du bateau. Je me rétrécis pour paraître un peu moins présent et me mêle à la foule. Une tête blonde. Une tête blonde. Où diable est-elle ?!
Je m’approche du bar dans un dernier espoir et la voit, là. Clairement pas fraîche. Clairement pas du tout fraîche que même l’alcool c’est pas censé mettre dans un état pareil. Je m’approche à grands pas et pose mes mains sur ses épaules avec un air inquiet sur le visage. J’ai tellement pas la tête à plaisanter que son nom s’échappe tout juste de mon murmure.
-Rhyan, qu’est-ce qu’il t’arrive ?
Je regarde son verre pas du tout fini non loin et je crache. J’ai pourtant dit qu’il fallait faire attention à la drogue. Fais chier. La prochaine fois, quand elle me dira d’aller me faire foutre, j’ose espérer qu’elle prendra mes phrases précédentes à la lettre. Ça me saoule. Je suis passablement très beaucoup irrité et je gère mon pouvoir comme je peux. Mon visage s’approche un peu plus du sien et je récupère son attention du mieux possible.
-Faut qu’on se barre, tu m’entends ?
Mais alors que je l’empoigne par le bras pour la faire sortir, tout s’arrête en l’espace d’une demi-seconde. Une petite dizaine d’armes s’extraient de leurs fourreaux et pointent en direction des six sorciers noirs visiblement présents à l’intérieur. Autant dire que le résultat est immédiat. Des cris subits, une grande majorité de gens qui s’agenouillent sur le sol ou courent dans tous les sens. Et puis Orpheo, parce qu’il n’y a décidément qu’eux pour parler ainsi aux humains :
-Veuillez rester calme s’il vous plaît et rester à vos places. Nous n’intervenons que pour ces individus.
Les sorciers noirs ne répondent pas. D’ailleurs, la plupart ont lâché leur verre et gardent les mains en évidence. Vu leur peu de distance avec les exorcistes, j’aurais fait de même. A un moment faut pas être con et rester en vie le plus longtemps possible. Le silence retombe plus ou moins sur l’assemblée et je nous ai accroupi en même temps que les autres. Bonne nouvelle, j’ai trouvé la taupe. Mauvaise nouvelle, visiblement les trois étaient dans le coup à en déduire par leur position face à l’un des sorciers noirs. On les sort un à un de la pièce et je songe très sincèrement à me barrer. Puis je comprends à quel point ça pourra pas se passer comme ça. Parce que j’suis compris dans la nouvelle équation même si j’étais pas prévu à l’origine. Je sais sincèrement pas comment j’ai fait pour éviter les trois glandus mais on dirait qu’on me cherche pas.
-Il en reste un.
Enfin parle pas trop vite hein. Bon. Il me semble qu’on va devoir employer la manière forte. Espérons que Rhyan soit suffisamment jetée pour pas me tomber sur le poil quand je vais vraiment agir comme un sorcier noir, et pas que dans mon attitude. Espérons aussi que ce blizzard ait été sa création et pas celle d’un élémentariste eau. Ce serait vraiment, vraiment notre fête auquel cas. J’m’approche de Rhyan, j’lui fais un petit bisou sur le front même si ça n’a aucune logique et je lui souffle un léger :
-Désolé.
Sur ce, je récupère l’arme dans la doublure de ma veste et charge le pistolet. Y’a pas trois milles solutions pour faire flancher les gens d’Orpheo. J’ai 9 balles et un chargeur de plus. 18. J’peux en assassiner 3 pour un sorcier noir. Autant bien le leur faire comprendre. Le bruit du chargeur fait malheureusement un certain bruit et j’attire immédiatement le regard sur moi. Me lève. Abat les trois personnes les plus proches de moi. Deux femmes, un homme. J’crois que je le reconnais. C’est pas le vieux ? Y’a pas sa fille, on dirait. Les gars d’Orpheo bloqués à la porte me regardent mal mais ça tombe bien, c’est réciproque. J’aime quand on joue selon mes règles.
-On commence le compte à rebours ? Toutes les cinq secondes, j’en abats un de plus si vous ne libérez pas les autres. Et quand le chargeur sera vide, c’est le bateau qui va exploser. Ce qui nous laisse approximativement trente secondes. Prêts ?
Je jette un regard au petit homme tout cerné. S’il me reconnaît, il doit tout aussi bien connaître mon pouvoir, n’est-ce pas ? M’est avis qu’une onde de choc sur un bateau à moteur qui transporte de l’alcool, ça doit faire un joli petit feu d’artifice. Mon regard jusque-là avenant se mue dans un rictus sinistre et je souffle :
-Un.
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Mar 2 Oct 2018 - 14:58
RHYAN
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Mar 2 Oct 2018 - 20:52
"We didn't come this far just to get this far"
Parfois, il faut savoir provoquer le destin. Tenter des choses qu'on ne tenterait normalement pas, sortir de sa zone de confort et apprécier chaque instant. Parce que ça ne dure jamais
Tout était plus ou moins fait pour marcher. Me donner tout du moins une porte de sortie quoi qu’il arrive, avec du sauvetage de noirs par la même occasion. Pourtant, je fais pas dans la charité. On a pas cet espèce d’altruisme entre sorciers qui consiste à sauver son prochain au péril de sa vie. On sauve la sienne puis, en fonction du danger, on estime les chances qu’on a de sauver celle de l’autre. Si y’a un pourcentage négatif, on essaye pas. Sauve qui peut.
Bref, pour mon sauve qui peut, j’ai besoin des autres sorciers noirs. Je dois suffisamment détourner l’attention d’Orpheo pour que les autres puissent prendre le relais. Après tout, les exorcistes se sont eux-mêmes foutus en embuscade en mettant un groupe d’un côté du bateau et en m’oubliant de l’autre. Bon, certes, ils pourraient juste m’abattre, mais fort heureusement, ils n’ont pas l’air d’être des conservateurs. Sinon, otages ou pas, ils m’auraient déjà fait sauter le crâne. J’estime donc avoir une chance incroyable. Le canon dirigé vers un énième personnage auquel je ne m’intéresse même pas, je démarre mon compte à rebours. Mes mains vrombissent presque sous la pression exercée par mon pouvoir, mais je le retiens pour la simple et bonne raison que le compte à rebours n’est pas terminé. Il n’y a d’ailleurs rien de mieux que ça pour faire réfléchir les gens. Niveau pression psychologique, ça reste une panacée indémodable.
J’éclate quand même la tête de la personne à proximité, histoire de leur faire comprendre que c’est moi qui gère le jeu et que si besoin, j’en change les règles comme il me chante. J’ai un vide à la place du cœur dans ce genre de situation, mais Rhyan est toujours là pour me rappeler que sans lui, point de vie. Je suis tellement persuadé qu’elle plane encore quelque part que j’en oublie presque sa présence, entouré dans ma monotonie sorcier noir versus exorcistes. Pourtant, ce n’est qu’une fois collée à moi et une lame sous ma gorge que sa présence me revient parfaitement. Mais alors par-fai-te-ment. J’aurais essayé de simuler la surprise à ce point que j’y serai pas parvenu. Je lâche mon pistolet et mon cœur, bien présent, émet un soubresaut. Surpris ? Ebahi plutôt.
- Tu peux arrêter de compter.
C’est une blague ? Dites-moi que c’est une blague. Je relève lentement, très lentement les mains. Les questions se bousculent à la sortie de mes lèvres mais je suis encore sous le choc. Tout l’hémisphère persuadé d’avoir joué à une vaste blague depuis notre rencontre s’acharne à la considérer comme une traîtresse, appuyé encore par le regard soutenu de l’exorciste au loin. Là, tout de suite, je songe à lâcher l’explosion illico tout autour de moi. Mais heureusement, le moi de l’autre hémisphère parvient à passer au-dessus de l’état confus et atterré pour imaginer autre chose. Cesser de définir une action par A+B mais en acceptant de saisir les nuances. Grosse nuance ici pour une question de taille : Est-ce que Rhyan est sincèrement en train de me faire croire qu’elle est un espion ? Mais genre, pas du bon côté ? Oui. Non. J’en sais foutrement rien.
- On le descend avec les autres.
Réfléchis. Réfléchis. La pression sur la lame est forte, un peu trop forte pour être simulée, un peu trop faible pour tuer. Alors quoi ? Je sais pas saisir l’ambiguïté comme les femmes. J’ai des nuances dans mes mots, mais pas dans mes ressentis. Le gris, c’est soit un peu plus noir, soit un peu plus blanc, alors finalement c’est la même chose. Tu vis, tu meurs, point. J’ai pas le temps de répliquer qu’elle lui crache dessus.
- Bien sûr que non. Avec un pouvoir pareil on évite de faire sauter un bateau.
My, my. Cette femme. Je commence à comprendre pourquoi elle me plaît tant. J’ai un sourire léger sur le visage, un peu moqueur, et l’un des exorcistes me répond d’un air mauvais. J’ai toujours aucune idée du futur déroulé de la situation mais ça m’empêche pas d’être un peu plus léger. Enfin, façon de parler, j’ai quand même une lame qui est en train de couper la peau de mon cou à l’instant où mon futur se joue. Y’a un peu de houle et je comprends que miss météo doit être plutôt perturbée. Le problème, c’est que ça tangue et que sa jolie petite lame polie a tendance à faire un aller retour passablement désagréable sur ma plaie. Ça se compte en millimètre, mais justement, ça bouge.
- On rentre au port.
Et maintenant elle aboie des ordres. Dois-je dire à quel point je l’aime ? Si ça se trouve, elle s’est inventé aussi toute une vie pour être avec moi et en fait elle est un peu plus gradé que je ne le pensais. M’enfin, ça tient pas la route, elle a quand même frôlé la mort plusieurs fois sans savoir si j’allais oui ou non la sauver. Elle m’a accessoirement sorti de belles merdes. Trop de risques pour quoi, au juste ? Se dévoiler dans une soirée sans importance, à l’instant où je commence à peine à la faire entrer dans ma vie ? Dans une micro partie de ma vie ? Ça n’a aucun sens, c’est du bluff total. Il y a trop de variables à faire rentrer pour que tout se soit particulièrement bien déroulé selon un plan. Et Orpheo ne ferait pas tout ça juste pour moi. Peut-être bien que je m’accroche à quelque chose de faux. Mais tant pis.
Le moment s’étale un peu et je la sens se rapprocher de mon oreille pour me glisser un :
- Désolée.
Bien reçu. Désolé en retour. J’attends que la houle monte un peu plus et un nouveau tangage me fait m’activer. J’abaisse brusquement les bras et lui assène un coup mesuré, très mesuré. Trop mesuré. Dans l’aine afin qu’elle se décide tout du moins à me lâcher. Sa lame me coupe et la plaie commence à saigner un peu plus franchement. J’écarte son bras pour la faire tomber en arrière et relâche une partie de mon pouvoir en le dirigeant pleinement devant moi. Avec le stress, il parvient à passer un peu derrière ma personne mais en nettement moins violent. Les fenêtres explosent de part et d’autre, mais pour avoir soigneusement visé l’avant du bateau et non le bar, ils devraient pouvoir s’en sortir avec une jolie petite propulsion sur deux-trois mètres. Assez pour les distancer. Je m’accroupis pour saisir le revolver bloqué sous mon pied avant l’onde et coure jusqu’à la fenêtre la plus proche. Aperçois Rhyan un peu plus loin et me précipite vers elle. J’ai pas le temps de m’étaler sur les mots ni de les choisir avec tact alors ça sort brut de pomme :
-Saute avec moi ou garde tes pattes à Orpheo. Tu sais où j’habite.
Le bateau coulera pas pour ce que je lui ai balancé. Si elle souhaite garder un minimum de logique auprès de son organisation, le mieux est pour elle de rester. Mais elle risque de devoir s’expliquer. Ou peut-être est-ce que je réfléchis mal. On a pas les mêmes manières de fonctionner. Si j’avais été dans sa situation face à des sorciers noirs, je serais resté et j’aurais feint à merveille mon état. Mais peut-être que l’honnêteté c’est tout ce qui compte par ici. Et puis, comme je l’ai dit, elle sait où j’habite. Et j’l’embrasse parce que hey, c’est peut-être la dernière fois qu’on se voit. Et puis parce que j’ai eu envie, ça fait comme dans Titanic. Avec une eau à 25 degrés.
Enfin espérons, parce que je vais y goutter dès maintenant. J’attends pas plus et passe par une fenêtre pour tomber sur le pont passer les rambardes et plonger après avoir pris une grande inspiration. C’est pas très chaud.
Pas trop trop froid non plus. Allons aussi loin qu’on le peut sans sortir la tête hors de l’eau si possible. J’ai raté ma mission mais j’suis vivant donc c’est tout ce qui compte. Enfin raté c’est vite dit, on m’a dit d’identifier la taupe. J’ai trouvé. D’autres sorciers noirs s’en chargeront par la suite. J’irai quand même réclamer mon salaire.
Je nage et je flippe un peu en écoutant quelques balles traverser l’eau. Bah, ils ignorent où je suis et vu la luminosité, je suis dès à présent hors de danger. J’attends d’être hors de portée et sort enfin la tête, prend une grande inspiration. J’suis à bonne distance. Je sais pas où est Rhyan mais je pense que si j’avais eu un sniper là maintenant, je les aurais tous explosés comme des faisans. Mais je vais pas risquer à tirer avec un revolver qui a pris l’eau.
Je m'attarde pas, le sel sur ma blessure est comme une torture. Je nage, encore et encore, ignorant la douleur, jusqu'au port. Ça prend le temps que ça prend mais j'ai perdu le bateau de vue. Je me hisse sur une rampe de secours et tousse. Ma. Vie. Je suis épuisé et plaque mes cheveux en arrière. La douleur du sel sur ma plaie me fait tourner de l’œil et je m'empresse de la runer. Rune qui ne fonctionne pas. C'est quoi cette blague ? J'ai beau y injecter mon énergie, le machin fait même pas mine de tenter une cicatrisation. Génial. Qu'est-ce que c'est que ça, encore. Elle est où Rhyan ? J'ai beaucoup envie qu'elle s'explique. Chaque toussotement me donne envie de mourir.
Faut rentrer.
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Mar 2 Oct 2018 - 22:04
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Mer 3 Oct 2018 - 17:34
"We didn't come this far just to get this far"
Parfois, il faut savoir provoquer le destin. Tenter des choses qu'on ne tenterait normalement pas, sortir de sa zone de confort et apprécier chaque instant. Parce que ça ne dure jamais
Le sel, franchement, c’est pas top. Avouons que même lorsque la mer est translucide, où les coraux fréquente les poissons tropicaux et où l’envie de se baigner est omniprésente, y’a toujours une partie qui se dit « va falloir se sécher après, et les cheveux ils vont coller, et puis le siège de voiture il va être sale, et puis j’aurais ce goût atroce sur les lèvres ». Si la mer et l’océan étaient doux, y’aurait plus de monde dans l’eau, c’est moi qui vous le dit. Donc déjà soit. L’eau salée, c’est pas top. L’eau salée quand on est égratigné, ça pique. L’eau salée quand on a une plaie ouverte, c’est mille fois pire. Mais alors sur le cou en complément, je crois qu’il n’y a rien de pire. C’est à croire que le sel s’est engouffré jusque dans mes poumons après avoir colonisé toute la trachée. Et ça, à chaque respiration.
Mais l’apitoiement dans ce genre de situation n’a pas lieu d’être. J’aurai le temps d’insulter le monde entier une fois que je serai chez moi, en vie. Je pose mes mains sur la bordure bétonnée du port et soulève mon poids additionné à celui des vêtements mouillés pour me hisser sur la terre ferme. Une fois certain d’être à l’abri des regards, je souffle franchement et déclenche une rune de vent. Suffisamment puissant pour me sécher au moins en apparence. Je me retourne mais n’aperçois ni Rhyan ni… le bateau. Il y a tout de même de drôles de nuages à l’horizon.
Je secoue mes cheveux et reprend la route vers la maison. A pied, de toute façon ce n’est pas très loin et je n’ai plus besoin d’agir selon l’étiquette vaguement définie précédemment. J’inspire et me fraie donc un chemin dans le silence de la nuit. Des lampadaires allumés et un vent léger, un peu trop froid même lorsqu’on est mouillé. J’arrive à l’entrée de l’hôtel et tombe sur le même homme à l’accueil. Il me jauge de bas en haut sans prononcer un seul mot. Tant mieux, j’ai vraiment pas envie de parler. Je le salue à peine, d’un signe de tête banal. Il ne me répond pas et continue à me fixer. Est-ce qu’il est en ligne avec Rosenrot et attend un retour ? Pas de gris une fois encore. Du blanc, ou du noir.
-Tu laisseras rentrer la femme qui était avec moi ce soir.
Traduction : Bah tu peux juste aller te faire foutre et continuer à faire ton boulot. Son expression ne change pas du tout. Il continue à me fixer gravement, avec l’air de ces vieux PNJ qui te fournissent une quête alors que tu évolues dans les égouts depuis un bon quart d’heure. Sauf que celui-ci ne parle pas. Et que cet hôtel a tout sauf l’air d’un égout. Peut-être est-ce sa mine allongée et ses incisives avancées qui me font penser à un rat. Ou bien c’est sa mâchoire inférieure qui est en retrait. J’en sais rien. Il est concrètement pas celui qu’on qualifierait de top model. Mais il fait plutôt bien son boulot, alors c’est tout ce qu’on lui demande. Il soutient un instant mon regard et finit par acquiescer lentement. Un fond sonore de grincement de porte serait parfaitement adapté à son hochement de tête saccadé.
Je récupère les clés, monte à l’étage et rentre dans l’appartement. Je suis pas tellement fatigué mais j’ai pas pour autant envie de me lancer dans un footing nocturne. Franchement, mater un film ou jouer sur une console, ce serait parfait. Mais avant ça. Diable, avant ça, je veux juste me dessaper complètement et jeter cette tenue aux ordures. Je referme ma porte d’hôtel et déverse sur mon chemin jusqu’à la salle de bain chaussures, veste, cravate, chemise, montre, pantalon, chaussettes, calbut. Je passe la porte de douche et ouvre l’eau à fond. Le passage à l’eau chaude est quasi immédiat et ma peau se teinte d’une couleur écrevisse en quelques instants. Une sensation parfaitement contradictoire perturbe mon faciès qui, d’une part, réagit avec joie à la chaleur des gouttes sur le visage et d’autre part, rougeoie de douleur sur la plaie. Qui se réouvre évidemment. L’eau chaude fait fondre le sel, qui s’évacue, qui maintenait plus ou moins la coagulation. Pouf, la blessure est de nouveau toute fraîche. Mais bon, on sait très bien que l’eau de mer, c’est pas trop ça. Les pollutions, le plastique, j’ai beau pas être super intéressé, ça nous martèle pas mal le cerveau que bon, vaut mieux éviter de se blesser avant d’aller piquer une tête. Manque de pot.
Je supporte encore un instant la douleur après m’être correctement lavé, shampoigné, douché jusqu’à cette sensation de propreté tant nécessaire. Je sors de la douche et m’essuie en tapotant la blessure, qui charge sa couleur sur la serviette blanche. Je dois avoir des bandages dans mon sac. De toute façon, j’ai rien emporté dans la salle alors je passe la grande serviette autour de ma taille et, les cheveux tout mouillés, je sors. Et là, un sifflement. Mais ce sifflement. Je sais pas, je l’ai jamais entendu mais je serais capable de le reconnaître entre mille. Alors déjà, d’où elle me siffle ? Je suis pas un chien, à ce que je sache. Je râle et fouille rapidement dans mon sac à la recherche de compresses, que j’applique rapidement sur me cou. Je vais devoir crier et ça me saoule à l’avance. Je m’approche du balcon et me penche pour voir Rhyan. Je lui aurais bien fait comprendre qu’elle a pas du tout le droit de me siffler comme ça, mais à observer son état, je me retiens de lâcher une blague et préfère :
-Entre, l’accueil est prévenu et la porte est ouverte.
Et sur ces mots, je disparais. Parce que j’en ai pas fini et je peux pas sortir la chercher dans ma tenue actuelle et il y a toujours mes vêtements qui tentent d’imiter les cailloux du petit Poucet jusqu’à la salle d’eau. Je commence par ramasser ça et le jeter en vrac sur un des fauteuils. Bien. Maintenant, calbut numéro 2, jogging noir et débardeur blanc. Plus classique, tu meurs. Puis, de quoi désinfecter la plaie et deux-trois trucs de pharmacie. J’emporte le tout et referme la porte de la salle de bain derrière moi, enfile les vêtements et me pose très sérieusement devant le miroir. Ok, c’est plus profond que je l’aurais pensé. Je serre les dents au moment de désinfecter à l’alcool. J’ai conscience qu’autant de temps après la blessure, c’est un peu inutile, mais c’est psychologique. J’en ai bien rien à foutre de me rouler dans des crottes en mission si après je peux juste être propre. On a le mode mission et le mode vie de tous les jours. Et les deux son radicalement opposés.
Bref. Comme les runes ne fonctionnent pas, j’évalue les dégâts. Pas besoin de suturer, c’est déjà ça. Sans Olive, ç’aurait été bien compliqué. J’applique la compresse stérile et jauge un instant le scotch et les bandes pour finir par opter pour le premier. Voilà, en deux temps trois mouvements, j’ai un joli gros pansement. Il aurait été moins grave, je l’aurais laissé à l’air libre et j’aurais dessiné deux yeux au-dessus mais comme les runes ne semblent pas être efficaces, on fait moins le malin.
J’entends la porte d’entrée s’ouvrir et je lance à travers la mienne :
-Je te libère la place dans 30 secondes.
Même moins. Je finis de tout ranger, jette les déchets dans la poubelle et ouvre la porte de la salle de bain, frais. Bien, bien frais. Rayonnant presque. Je m’étire et ne manque pas de faire tout de même remarquer, en passant une main sur mon cou.
-C’était joli, sur le bateau. Franchement, quand tu m’as passé la lame sous le cou, j’y ai cru. L’utilisation d’une lame magique, ça par contre…
Je hoche la tête de droite à gauche, mimant une certaine hésitation. Je suis tellement content d’en avoir fini avec cette mission que je me sens capable de tout oublier. Ça change un homme d’être propre sur soi, c’est moi qui vous le dis. Je devrais juste pas la retenir. D’ailleurs, je passe en retrait de la pièce pour l’inciter à continuer ses affaires malgré ma petite parlotte.
-Et désolé pour ce que j’ai pu dire, là-bas. J’ai tendance à oublier que je suis pas doué pour travailler en groupe.
Sauf avec Olive, mais c’est parce que je le considère pas vraiment comme une autre personne ; plutôt comme un prolongement de moi. Je m’assoie sur le fauteuil et récupère mon téléphone portable pour m’occuper l’esprit le temps qu’elle se change et profite un peu des bienfaits de l’eau. Normalement, y’a pas de soucis d’eau chaude, c’est une chaudière et je suis sorti il y a un certain temps. Vu l’heure ensuite, ça m’étonnerait qu’on sorte, mais on verra bien. Pour le moment, on va faire son gros cas social et jouer au démineur les genoux en tailleur sur le fauteuil.
12 ans d’âge mental. Même pas capable de commencer par les bases du social par un "comment ça va ?" On s'ouvre difficilement aux problèmes des autres lorsqu'on a vécu accroché à un jumeau toute sa vie.
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Mer 3 Oct 2018 - 19:12
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Ven 5 Oct 2018 - 18:49
"We didn't come this far just to get this far"
Parfois, il faut savoir provoquer le destin. Tenter des choses qu'on ne tenterait normalement pas, sortir de sa zone de confort et apprécier chaque instant. Parce que ça ne dure jamais
On dirait que le fait de m’excuser est une fête à célébrer. En tout cas, c’est ce qui transparaît dans ses yeux. Et je me rends compte après coup qu’effectivement, ça n’a rien de moi de me lancer dans des excuses. Mais j’y peux rien, je me sens bien, Rosenrot ne viendra pas frapper à la porte ni ce soir, ni demain, ni même dans deux jours ou trois. J’suis seul avec elle, et sur le coup, ça me suffit pour être un peu plus joyeux que la normale. J’ai pas envie qu’on commence à se prendre la tête alors peut-être que cache mon côté relou au fin fond d’un tiroir peut-être pendant une heure ou deux. Qu’importe, je m’en rends pas compte. Est-ce que ça va si j’ai juste l’air gentil ? C’est pas mal aussi le calme après la tempête qu’on s’est tapé. Faut pas croire que je suis un affamé de sang dès que je m’ennuie. Bon d’accord, sans Rhyan ou Olive, je dis pas que les trois jours se seraient pas déroulés sans un ou deux accro. Mais là n’est pas la question.
- Ça va.
Ah oui. Bon ben si ça va… Je m’attendais tellement à une nouvelle tempête que sa petite réponse toute tranquille me laisse sans voix. Je sais d’ailleurs pas pourquoi je m’étais attendu à ça. Ni pourquoi je me suis spécialement attaqué à ne pas la faire chier justement pour pas récolter sa mauvaise humeur. Va falloir que je refasse ma propre psychologie pour savoir où ça commence à partir en cacahuète. Elle hausse les épaules. Va te changer. On dirait qu’elle va tomber. J’irai pas jusqu’à dire qu’elle est faible mais ça se sent qu’elle est à un bout. Un bout de quoi, j’sais pas. Eh, déjà. Je tiens à faire remarquer que j’arrive à choper des émotions chez les autres. Ce qui est une évolution en soi. Bon, juste pour elle. Ça reste quand même une chose. Bonne ou mauvaise, je vous laisse débattre.
- J’ai, pris, bordel. T’as sauté, et là, tout le monde s’est mis à tirer dans tous les sens, j’me suis pris une balle, je sais même pas de qui, j’suis passée à travers le bateau sans faire exprès, j’me suis à moitié noyée et ensuite tout a explosé. Mec, t’as, tout raté. Tu sais coudre ? Désolée pour la lame, c’est un cadeau de mon père. C’est chiant hein ? Va falloir attendre, j’espère que ça te laissera pas de cicatrice. Ma couverture a sauté je-sais-pas-comment. C'est sûrement écrit Orpheo sur mon front.
Est-ce qu’elle m’a déjà parlé aussi longtemps comme ça, en passant les mots les uns derrière les autres avec une rapidité pareille ? On dirait qu’elle me raconte un résumé de film qui l’aurait bien emballé. Elle sourit et j’ai envie d’exploser de rire. C’est pas du tout drôle, mais cette décharge d’énergie venue d’on ne sais où, c’est trop, le tout sur un bon début de nuit. Bon, et le contenu des paroles est pas mal quand même. Manquer de se noyer pour être passé à travers le bateau, c’est déjà un comble en soi. Et puis, elle est en vie, c’est le principal non ? On peut bien rire d’être passé à côté de la mort si on reste en vie. En plus, on a toujours plus de choses à raconter quand une soirée, une journée, un après-midi ou seulement quelques heures se sont mal passées. Ou pas de la manière qui nous arrangeait. Quand une journée est banale et qu’on pose la question fatidique du « comment s’est passé ta journée ? », on répond par « bien ». Quand en revanche y’a ce chat qui s’est fait écrasé, cette vieille qui a frappé le gosse du coin et ce gars qui a shooté dans le verre du mendiant, tout de suite, on fait un focus dessus et la journée sort de sa routine.
Tout ça pour dire que c’est nouveau pour moi qu’elle s’exprime avec autant de légèreté sur des choses que l’on pourrait qualifier de grave -qui ne le sont que pour les petites natures- et avec un air aussi… intime ? Familier plutôt. C’est comme raconter des potins sur le bord de la route en rentrant de l’école, le sac de dix tonnes sur le dos.
Passons pour la lame. Espérons aussi que ça cicatrise néanmoins, parce que ça n’a pas qu’un but esthétique mon histoire, c’est aussi mon visage de travail. Et si un truc aussi énorme me permet de me différencier de mon jumeau d’un simple coup d’œil, ça peut devenir vraiment problématique. Parce que le masquer avec du maquillage est une chose, mais c’est jamais parfait. Et les runes ont leurs limites. Je suis à deux doigts de rire.
-Eh, respire. T’es vivante, c’est le principal. Et pourquoi tu me demandes si je sais coudre ?
J’ai pas le temps d’ajouter quoique ce soit qu’elle file dans la salle de bain et moi je reste sur mon téléphone à laisser le temps s‘écouler. J’entends le bruit de la douche et reste focalisé sur mon jeu. C’est quand même bien passionnant comme jeu, le démineur. Les rageux diront que c’est de la chance, moi je dis que c’est de la logique. Un peu de chance aussi. Je laisse un instant le téléphone sur le côté et m’occupe un peu de mes vêtements laissés en abandon à côté de moi. Les armes sont posées anarchiquement sur le tas de vêtements et je profite de ces quelques instants pour nettoyer les lames et le pistolet. L’eau de mer, c’est pas franchement ce qu’il y a de mieux face au métal. Je termine ça tout en laissant divaguer mon esprit sur tout et n’importe quoi puis me recentre sur mon jeu. J’ai le temps de finir quelques parties et puis…
- Hey.
Je relève la tête. Elle a les cheveux tout mouillés, une serviette pour simple vêtement, teintée de rouge à un endroit. Toujours avec cette allure légère, des membres fins, elle donne l’air d’un joli petit ange qui remonte dans les nuages après s’être pris les gouttes de rosée. Je pensais pas pouvoir faire dans les métaphores, mais en quelques mots, je la trouve juste tellement belle. Y’a une espèce de tranquillité en ce moment que j’ai pas l’habitude de connaître et qui me va. Une sérénité toute douce qui me donne envie de m’envelopper dans du coton. C’est agréable. Je la suis du regard, à l’affut du moindre mouvement et la regarde se rhabiller. Ici ?
- T’aurais un t-shirt qui craint rien à me prêter ?
Elle va sincèrement me faire croire que dans sa valise, elle a pas du tout prévu le pyjama ? Ou peut-être qu’elle dort toute nue. Auquel cas. Well. Pas que ça me dérangerait. Bref. Je bouge pas. J’admire ses petites courbes de ma place avec un regard observateur. Peut-être que ça me donne un air vilain. Je sais pas. En général, je me pose pas trop de questions sur moi-même quand je vais dormir avec une nana. Principalement parce que je me fous de la nana. Principalement parce que je sais ce que j’ai à faire et que ça s’arrête là. Mais là, y’a pas de papier qui me dise quoi faire et je suis loin de me foutre de ce qu’elle pense.
Et puis là, elle rougit. C’est pas la première fois, mais ça reste toujours aussi adorable. J’veux me rapprocher et la voir un peu plus. Qu’elle se dise pas qu’elle doit pas me montrer ça, pour une quelconque raison. Que je sais qu’elle n’est pas frêle comme une princesse mais que j’aime aussi quand elle en a involontairement l’air. Mais peut-être qu’elle se vexerait si je lui disais ça. Elle me donne pas l’air de vouloir être protégée. Elle a vécu par elle-même, c’et une exorciste et elle attend certainement toujours rien de moi. Je sais pas si j’attends toujours rien d’elle par contre.
J’ai levé le pied et je suis debout. A quelques mètres à peine lorsqu’elle poursuit :
- T’aurais un téléphone, ehm, protégé ? Ou neutre ? J’ai un petit coup de fil à passer.
Je m’accroupis près de ma valise. Une chose après l’autre. Mes mains fouillent à la recherche de quelque chose « qui ne craint pas », donc. Est-ce que je dois continuer à lui lancer des piques parce que c’est comme ça que ça a toujours fonctionné entre nous ou est-ce que je lui réponds sincèrement sans faire de détour, tel que l’homme au premier degré que je suis ? La dernière fois m’a laissé un goût amer. Je dirais pas que j’ai peur de la toucher. J’dirais plutôt que j’ai peur d’agir et de tout foirer.
- Désolée.
Je me relève et évalue ce qui se trouve dans ma main. C’est qu’une manière de détourner mon attention.
-Hm ? Pourquoi tu t’excuses ? Désolé, j’ai plus que mon téléphone, l’autre a fini à l’eau. Mais il y a une cabine téléphonique à cinquante mètres de l’hôtel.
Je relève les yeux et dérive jusqu’à sa blessure avant de l’indiquer du menton, neutre.
-Tu veux de l’aide pour ta blessure, sinon ?
J’ai vraiment, vraiment envie de la toucher. De prendre sa taille et m’approcher de son visage. Juste ça. Juste pour sentir sa chaleur, son odeur, imprimer dans ma tête sa taille et ses courbes, l’épaisseur de ses cheveux. Mais c’est bizarre, comme ça, d’un coup. En plus, elle doit être crevée. J’ai pas le souvenir qu’on ai mangé mais en général c’est pas ma priorité.
Je soulève à hauteur d’épaule les deux tenues et lui lance :
-Je te laisse choisir. Si c’est pour éponger le sol ou en faire de la charpie, prends la chemise s’il te plaît. Si c’est pour porter, les deux iront, même avec deux tâches de sang.
Non parce que même si des deux hauts y’en a un qui ressemble à un t-shirt noir banal et tagué de partout et l’autre à une chemise noire très chic, si y’a à choisir je garderais le t-shirt. La chemise c’était un change au cas où et elle a aucune identité si on peut dire. C’est une chemise chère mais qui sort de la boutique. Le deuxième, tout noir, c’est un t-shirt tagué avec du feutre à tissu, le résultat d’années et d’années à nous bagarrer pour lui. Maintenant, je crois qu’Olive a lâché l’affaire et fait semblant de le laisser traîner pour que je me l’accapare. C’est écrit en allemand, en français et en anglais. Y’a des dessins de runes absolument non fonctionnelles, des têtes qui font des tronches abominables. Y’a des conversations entières ou des concours de la meilleure insulte. Au fil des lavages, il s’est distendu un peu pour s’adapter à nos morphologies mais il est encore en très bon état. En général, je le prends juste pour le prendre parce que je l’ai porté des millions de fois. C’est peut-être ce qu’on considère être un gri-gri.
Pour moi, c’est juste une œuvre d’art. J’agite les deux vêtements et rit à moitié :
-Y’a pas de piège, tu prends ce qui t’arrange. T’as faim sinon ? Je peux commander un truc pendant que tu passes ton appel. Et tu peux prendre mon manteau si le tien est pas sorti.
Franchement, n’importe quoi. Du moment que c’est chaud et que ça rentre dans l’estomac, c’est le principal. J’ai pas particulièrement faim mais au moins on dormira pas le ventre semi-vide. J’arrête pas de lui poser des questions ou quoi ?
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Sam 6 Oct 2018 - 12:09
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Dim 7 Oct 2018 - 18:49
"We didn't come this far just to get this far"
Parfois, il faut savoir provoquer le destin. Tenter des choses qu'on ne tenterait normalement pas, sortir de sa zone de confort et apprécier chaque instant. Parce que ça ne dure jamais
Non mais ce regard. C’est quoi le problème avec un manteau pour sortir ? En-dessous de 20°C c’est acceptable un manteau non ? J’ai tendance à m’en foutre pas mal de la mode et tout ça donc à partir du moment où ça suppose de mettre quelque chose par-dessus des habits, c’est un manteau. J’ai l’air un peu ronchon dans un premier temps, jusqu’à ce qu’elle se décide à choisir le t-shirt. Le tissu glisse entre mes doigts et je le laisse s’échapper sans rien dire. Ça me fait curieusement un peu bizarre de me dire que ce vêtement vivra sa première expérience sur le dos d’une femme. Sur le dos de quelqu’un d’autre qu’Olive ou moi. J’ai toujours l’air de ne m’attacher qu’à peu de choses car je perds rarement les choses auxquelles je tiens. Peut-être qu’il compte un peu plus pour moi que je le pensais, ce haut. Elle se tourne et je la suis du regard, l’observe porter ce vêtement bien trop ample pour elle. Laisser tomber la serviette. J’ai pas les idées claires mais je fais comme si c’était pas le cas. C’est vraiment, vraiment pas le moment de me laisser aller. Elle se rend peut-être pas compte de ce qu’elle fait, mais ça fait quoi de nous, tout ça ? Est-ce que ça va si on y va doucement ou est-ce qu’on brûle toutes les étapes. Si les relations sont systématiquement livrées sans mode d’emploi, celle-ci n’a pas même pas lieu d’être correctement définie. Je crois que pour le moment, je crains un seul mot. Un « non » clair et directif. Alors, j’agis selon mes préceptes : je pose le moins de questions sur ce qui compte et noie le reste dans des phrases bateaux. P’t’être que t’aurais peur, Rhyan, si tu percevais tout à coup tout ce que je pense sur toi.
- Merci. J’ai super faim et je verrais après l’appel pour la plaie. C’est peut être là que tes talents de couturier vont m’être utile.
Voilà. Des questions banales pour des réponses concrètes. De quoi occuper la tête et museler le cœur. J’ai pas appris ce genre de choses chez les Soul, on nous apprend pas à aimer de toute manière. Mais peut-être que la présence d’Olive m’a permis de garder un semblant d’affection. Le problème c’est que c’est pas de l’affection ça, c’est une ruche vrombissante au-dessus de ma tête. Menaçante si incontrôlée. Je souris en réponse à son clin d’œil et l’observe disparaître en deux-deux. J’me retrouve comme ça, tout seul dans la chambre. Je ramasse la serviette laissée à terre et remonte lentement jusqu’à la salle de bain pour le déposer sur un porte-serviette. J’ai des gestes lents et désintéressés, plongés et satisfaits de leur travail. J’attrape mon téléphone, parcoure les listes de restaurant pour choisir un truc pas trop chiant et rapidement prêt. Y’a de tout. Pizzas, pâtes, chinois, libanais, turc, même du fast-food américain. Mais je choisis les falafel. Parce que ça remplit bien l’estomac et c’est bon. Et j’en ai pas mangé depuis longtemps. J’ai jamais su d’où venait ces machins mais c’est bon. Visiblement, ils en font dans le libanais. Du coup, je prends tout et n’importe quoi parce que 1. J’suis du genre à tout goûter 2. J’en ai aucune idée des goûts de Rhyan. C’est vrai, j’en ai absolument aucune idée. Elle est végétarienne ? Vegan ? Carnivore stricte ? Quand le mec au téléphone me prend la tête avec les possibles intolérances au gluten ou quoi, je me frustre tout seul. J’en ai aucune idée. Je vis bien, je suis bien en chair et j’ai pas peur de goûter ce qu’on me présente. Mais elle ? Si ça se trouve, elle a un régime super spécial et elle pourra rien manger et j’aurai l’air bien fin. Sauf que ça se fait pas de dire qu’on va rappeler.
Wait. Depuis quand ça se fait pas ?
A quel moment je me dis que faire du tort à un humain, ça se fait pas ? Mais je m’en branle violent de ce qu’il pense ou pas de moi. Oui, enfin sauf qu’il est censé m’apporter ma nourriture. Bon. Je finis par commander plein de trucs et lui file l’adresse de l’hôtel. Dans 10 minutes, il me dit. J’insiste pas et je raccroche. J’ai oublié le prix qu’il m’a donné pour l’ensemble mais si j’ai pas noté, c’est que c’était pas mirobolant.
Je me relève du lit et file de nouveau jusqu’à la salle de bain. C’est fun, le cou c’est vraiment le dernier endroit agréable où se faire mal. Je suis pas mal limité dans mes mouvements si je veux éviter de me faire mal en fait. Pas que la douleur soit insupportable, à vrai dire elle me gratte plus qu’autre chose. Mais le frottement de la plaie contre le pansement est passablement irritant, sur tous les points de vue. Le scotch c’était sans doute pas fantastique, il maintient pas assez le pansement contre la peau. J’crois que j’ai pas le choix, va falloir me passer des bandes autour du cou. On repassera pour l’aspect esthétique mais bon hein, la seule qui puisse faire une remarque est celle qui est à l’origine de la blessure. Je m’empresse donc de retirer le pansement déjà bien imbibé pour opter pour des compresses et commence à passer les bandes autour de mon cou, en serrant juste ce qu’il faut. La précision, c’est mon métier, je vais pas me faire un garrot. A ce moment,
- Hey.
Je passe la tête par la porte de la salle de bain et bloque le bout de tissu dans les tours de bandes. Je bouge la tête un peu plus brusquement pour vérifier la réponse de la plaie et semble déjà un peu plus satisfait. Tout se maintient parfaitement en place. Si Rosenrot se décide à me mettre à la retraite précipitamment, j’aurais plus qu’à devenir chirurgien. Pour sorciers seulement, faut quand même pas abuser.
- J’peux rien faire pour ton cou, j’suis désolée. Si vraiment ça te gêne faudra me le dire.
Le lui dire ? Et après ? Elle va me faire une danse de la guérison ou agiter des feuilles de lauriers autour de moi en parlant une autre langue pour que je guérisse plus vite. Je sais pas pourquoi, mais quand cette image s’invite dans mon esprit, j’explose d’un rire franc et m’empresse de me justifier en passant ma main devant ma bouche :
-C’est bon, j’ai géré le problème. J’aurais bien aimé voir ce que tu aurais fait pour me soulager par contre. Mon esprit s’est engagé dans des drôles d’idées, haha.
Heureusement que j’étais pas en train de boire, parce que je lui aurais tout relâché au visage. Je m’approche de mes vêtements et jette un coup d’œil à la montre. Il devrait plus trop tarder, le livreur maintenant. Elle va tenir jusqu’au repas ? Elle a les yeux qui papillonnent et dans sa tenue trop large pour elle, ça lui donne un air tellement, mais alors tellement adorable. Rhyan, elle me montre des parties d’elle que je connaissais pas et ça me fait sombrer un peu plus. C’est la première fois que je la vois aussi… apaisée ? Pas avec ce sentiment d’avoir trente mille histoires sur la tête et le poids de ses actions derrière elle. Je sais pas depuis quand je fais aussi attention à ses mimiques et je sais qu’il y a encore des milliers de choses à apprendre, mais c’est une sensation vraiment épanouissante. Et plus je m’enfonce, plus j’ai peur de la moindre de ses réactions. Je sais qu’à un moment, mon élastique va lâcher et ira dans un sens ou dans l’autre. Je peux pas déterminer la voie qu’il prendra alors je prends mille et une précautions, frôlant le game over à chaque nouveau plateau. C’est angoissant.
Et grisant.
Je m’approche d’elle d’une air radieux et taquin et poursuit, les mains dans le dos.
-Le livreur devrait pas tarder. Tu vas tenir jusque-là ? J’peux te maintenir éveillée, si y’a que ça.
Et je pose mes index successivement sur le bord de ses épaules, son cou et ses joues que je remonte un peu pour tenter un sourire grimace forcé. Comme si je voulais la maintenir debout. Je résiste pas à l’idée de passer une main dans ses cheveux aussi. Puis j’réalise ce que je viens de dire.
Et là j’la lâche. Le bateau il coule par tous les trous, capitaine. Sans jeu de mots.
-Enfin…
J’ai la réaction d’un gamin de 8 ans qu’on vient de prendre sur le fait. J’arrive pas à déterminer si mes pensées profondes sont sorties sans que je leur demande leur avis ou si j’m’auto-censure tellement que le moindre double-sens me paraît être une grosse remarque pataude. Parce que c’est une remarque pataude. On balance pas ça comme ça. Enfin… Ouais, j’oubliais que j’ai une phrase sur le feu. Ouais, le feu. C’est chaud patate, par ici. Sans jeu de mots again. Pitié, tuez-moi. Enfin, non, c’est une expression. J’lui dis quoi ? « J’ai un jeu de cartes si tu veux. » ? Problème numéro 1. J’ai pas de jeu de cartes. Ni même de jeu de société ou de truc qui se joue à deux, concrètement. J’suis un asocial qui vit sur son portable ou aux crochets de Rosenrot. Et j’ai pas vu passer de console par ici, malgré le joli écran plasma.
-J’ai acheté du libanais. Ça te va ?
C’est tout ce qui me passe par la tête. Absolument tout. J’ai enfoncé la porte de sortie qui me restait et j’ai l’air juste bien con. Quand j’me souviens comment ça s’est passé la dernière fois et à quel point on a failli s’étriper, j’me dis que c’est vraiment pas la peine de remettre ça sur le tapis maintenant. A vrai dire, je sais même pas pourquoi j’ai parlé de la maintenir éveillée. J’peux même pas lui chanter de chanson, je sais pas chanter. J’pourrais faire la danse du réveil. Je sais pas si c’est cette vision qui décidément semble bien marcher sur moi ou si je suis juste complètement gêné, mais j’me remets à rire. Bon, c’est pas le même rire. Celui-là est plus diffus, moins présent. Il a un petit air d’excuse. J’passe ma main dans mes cheveux. C’était donc définitivement un rire d’excuse.
-Désolé, c’est parce que t’es vraiment trop mignonne dans cette tenue. Mais l’enlève pas hein. Enfin, pas qu'ça me…
Cyan, juste. Tais-toi.
Y’a un klaxon en bas qui résonne par le balcon. C’est ce qu’on appelle le klaxon de la libération. Louons un culte au klaxon de la libération. Loué sois-tu, ô toi livreur grec au nom imprononçable, probablement avec une famille et une jolie petite routine bien agencée. Aujourd’hui, tu sauves la vie du pauvre pêcheur que je suis. Répand ton souffle de pot d’échappement et ta puissante voix pour me libérer de mes maux. Je me suis excusé plus de fois en une soirée qu’en 4 années réunies.
-Ouais. J’vais aller réceptionner. Tu… restes là, hein ?
Stp, prends pas peur. Moi j’attends. J’attends que je tu me répondes. Le klaxon de la libération a sonné, par contre je peux faire patienter le livreur un peu plus longtemps. J’suis pas du genre à m’enfuir. Et j’veux pas non plus qu’elle s’enfuit quand j’aurais le regard tourné. J’ai jamais autant espéré un « oui » dans ma vie. Juste qu’elle reste. Pas plus. Ça me suffit.
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Lun 8 Oct 2018 - 15:50
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Sujet: Re: We didn't come this far just to get this far Lun 8 Oct 2018 - 20:39
"We didn't come this far just to get this far"
Parfois, il faut savoir provoquer le destin. Tenter des choses qu'on ne tenterait normalement pas, sortir de sa zone de confort et apprécier chaque instant. Parce que ça ne dure jamais
J’sais pas ce qui me prend. Enfin non. C’est faux. J’sais tout à fait ce qui m’arrive, c’que j’veux mais j’enterre tout sous une montagne de poussière. Ça fait rapidement beaucoup d’épaisseur mais suffit de souffler un peu dessus pour que tout revienne à la surface. C’est peut-être le retour de la douche. J’ai trop forcé sur la chaleur moi qui suis plutôt habitué à me jeter sous la fraîcheur. Qu’on ajoute à ça cette blessure qui m’énerve et Rhyan qui me demande sans trac de lui prêter une de mes tenues. J’y peux rien, y’a un enchaînement de choses qui font que…
Bref.
J’ai les mots qui se mélangent et plus je parle, moins j’ai l’air fier. Mais je continue, parce qu’on m’a appris à ne jamais perdre la face. Sauf que j’la perds violemment malgré tout. Plus ça va et plus c’est pire. Et l’autre, je vous jure, je la vois presque se marrer. Ça ne tient qu’à elle de m’exploser son rire à la figure. J’sais pas sur quel pied danser et je décide donc de me taire, plus sage décision des dernières secondes. Et puis le livreur. Et puis j’lui demande de rester. Quand même.
Y’a un silence.
Non ? Je veux pas l’entendre me dire ça. Je veux pas qu’elle disparaisse comme ça sans dire au revoir ou quoi. J’ai beau l’avoir vu à deux secondes de s’esclaffer, je suis pas foutu de deviner ce qu’elle pense maintenant. On dirait que tout s’est refermé, qu’on est passé d’individus à exorciste et sorcier noir. Voilà, c’est exactement ça. Y’a à nouveau ce fossé qui s’est créé et ça m’effraye de voir à quel point ça peut être long de le reboucher. Si rapide pour le creuser. J’aimerais bien y couler du béton, la prochaine fois.
- Oui.
Ça me suffit. J’acquiesce silencieusement de la tête et je m’en vais. Je descends les escaliers avec la sensation de lâcher des poids derrière moi. J’ai l’esprit qui se vide comme à chaque fois que je fais un minimum d’exercice. Bouger, ça suffit. C’est terriblement facile. Trop facile. Je me focalise sur cet homme à l’entrée de l’hôtel. Comme une mission. Pourrie, certes, mais ça me suffit pour mettre ces angoisses émergentes sous le tapis. Ça fera plus d’effet qu’un monticule de poussière.
Je réceptionne la commande, paye, vérifie le contenu du paquet et remercie l’homme avec un faux sourire. Il hoche la tête et démarre sa mobylette. Petite mobylette. J’laisse un instant le vent frapper contre ma peau, rêve éveillé. Ma tête se lève pour diriger son attention sur le balcon. Y’a personne ; Elle a fermé la fenêtre d’ailleurs ? J’ai l’impression de rien entendre. En même temps, y’a pas de raison de faire la fête. Et puis, elle avait tout à fait l’air claquée. J’soupire et je remonte les marches. Normalement, ni trop pressé, ni trop lent. Je pousse la porte du micro appartement et l’observe posée sur le lit, à faire je sais pas trop quoi. Je m’attarde pas trop et m’approche pour poser le repas sur le lit. J’ai la flemme ultime de nous déplacer sur une table ou sur le sofa. Le lit, c’est bien. Les rageux qui dit que c’est sale, je les invite à avoir évité une fusillade et sauté d’un bateau avec le cou à moitié ouvert. Ensuite, on discutera.
- Hey.
Je relève la tête, déjà bien intéressé par la bonne odeur de nourriture.
- J’peux rien faire pour ton cou, j’suis désolée. Si vraiment ça te gêne faudra me le dire.
Je fronce les sourcils, songeant aux possibilités qu’elle se soit frappée la tête pendant mon absence. On sait jamais, un accident est si vite arrivé. Ou bien je suis dans une boucle temporelle et j’ai une chance de me racheter et refaire l’histoire. Mais j’y crois pas trop même si j’suis dans le monde de la magie, c’est pour dire. Ça pue le traquenard alors je me tais, pour une fois. C’est toujours bien d’attendre la fin de l’histoire avant de partir sur un scénario totalement improbable. Ou bien elle jase. Ouais. A voir le sourire qui s’affiche sur son visage radieux – à se demander où elle est passée, la fatigue – c’est définitivement de la moquerie. Première fois qu’on se fiche autant de ma gueule que maintenant. J’aurais dû prendre du champagne pour fêter ça, tiens.
- Enfin, je te répète ça au cas où t’aies enfin de refaire la conversation de toute à l’heure sans la gêne que t'as brassée.
J’lui lance un regard de spitz nain mouillé. Le genre de chien tout petit qui essaye de soutenir le regard alors qu’il a juste l’air ridiculement rachitique sans sa grosse touffe de poils. Bah c’est pareil, avec un soupçon accusateur, parce que hey, c’est bon, on peut arrêter cinq minutes. Je lève les yeux au ciel pour marquer le début d’agacement et j’manque allègrement d’attention quand elle s’approche tranquille pour me voler un baiser. Pouf, j’oublie tout. Ah ouais. En fait, c’est peut-être qu’une impression, mais genre elle me mène par le bout du nez un peu là non.
Je demande l’avis de l’arbitre, ce match est on ne peut plus déloyal. Ma tête se secoue toute seule. Genre j’ai rien demandé.
- Libanais c'est parfait.
Ouais bah j’espère bien parce que le monsieur il est parti. Comment ça, j’suis mauvais joueur. Je savais pas qu’on jouait à quelque chose déjà. Donc voilà.
- Et peut être qu’on pourra voir après manger pour ces histoires de tenues à garder ou à enlever.
J’lui réponds par un sourcil relevé. Genre. Ouais. Ecoute, déjà si t’arrives à finir de manger, ce sera bien. Et après, après seulement on verra. J’dis pas que ça m’intéresse pas, que j’aimerais pas, mais je suis réaliste. Donc on arrête avec ce petit sourire, on arrête de mettre des espoirs comme ça et on mange gentiment. D’ailleurs, j’ouvre le paquet, je chope une cuillère en plastique et un pois chiche et j’m’en sers comme d’un projectile contre Rhyan. Comme je vise bien mais que j’suis pas trop expert en système de trébuchet, je touche son bras au lieu de viser la tête. A si peu de distance, c’est un peu ridicule, mais j’ai surestimé la capacité d’une cuillère en plastique par rapport à l’aérodynamie et le poids d’un pois chiche. Bref, ça l’a touché, c’est le principal.
-C’est tout ce que j’ai à dire.
Et j’me sers. Voilà. Sans plus m’exprimer. Y’a rien à dire de toute façon. On discute de tout et de rien en mangeant. Ça fait drôle, même s’il y a bien des choses qu’on n’aborde pas, conscients dans notre fort intérieur des secrets qu’on devra continuer à garder comme tels jusqu’à ce que l’un des deux choisissent de changer de camp. Et comme ça n’arrivera pas, on sait qu’on part déjà avec un lourd handicap. Parce que les relations ça se base sur la confiance, non ? Limiter les phases d’ombres. C’est comme ça. On fait comme on peut, ça durera le temps que ça durera.
Même que la soirée m’a l’air bien terminée quand je me rends compte à quel point j’ai mangé et que j’ai qu’une envie, c’est marcher pour faire descendre tout ça et me pieuter. Ça tombe bien, parce que Rhyan m’a l’air plutôt bien prête à prendre le même chemin. Avec un saut direct jusqu’au lit.
Voilà, ça se termine tout en douceur.
[FIN]
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