EMPLOIS/LOISIRS : Solitaire en quête de raison LOCALISATION : Japon CITATION DU PERSONNAGE : La vie est un conte, l'amour est une vie
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Sujet: Ne réveille pas le loup qui dort Dim 3 Fév 2019 - 14:11
"Ne réveille pas le loup qui dort"
Vivre en restant caché ou rester cacher pour vivre ? Pour moi c'est sensiblement la même chose, une routine au jour le jour où chaque micro stress peut impliquer de lourdes conséquences. On s'y fait.
« À quoi bon vivre entouré Alors qu’un secret me maintient sans cesse à l’écart. »
Un lourd soupir s’échappe de mes lèvres. Il fait plutôt beau aujourd’hui et j’ai décidé d’emmener les enfants au parc, ayant volontairement provoqué un trou dans mon emploi du temps. Néanmoins, parce que les responsabilités se fichent pas mal des congés, j’ai dû empiéter sur ma nuit pour gagner du temps. Nuit blanche. Autant dire que cette pause sera plus que bienvenue.
Chaque pas dans le parc fait surgir des souvenirs, agréables ou non. Ma tête me semble toujours sur le point d’exploser, me plongeant dans une anxiété constante devenue naturelle. Je pense à la réaction du public quand notre nouveau parfum sera commercialisé, aux recettes, aux dépenses, au déplacement dans deux jours à Bombay pour rencontrer un futur partenaire, au colloque qui a lieu le lendemain, aux papiers de divorce fraîchement signés, à la potentielle vague que cela risque de provoquer, au moment où il faudra trouver les mots pour l’expliquer aux enfants, à la charge mentale que cela risque de provoquer, à leur sécurité, à la décision du juge vis-à-vis du responsable des deux enfants, ou d’un d’entre eux. Tant d’autres choses...
Ayumi vient de fêter ses sept ans il y a à peine deux mois et je me rends tardivement compte de la vitesse à laquelle elle grandit. Je n’ai pas honte d’assumer le fait que je ne suis pas le meilleur des pères, pas le plus disponible. Je me rattrape en chérissant chaque seconde avec elle, me concentrant uniquement sur sa présence et celle de Mitsuo. Lui va sur ses 5 ans. A l’inverse d’Ayumi, il ne développe pour l’instant aucun pouvoir ni don. Les retards n’existent pas vraiment et compte tenu de son bagage génétique, il est probable que la première manifestation surnaturelle ne se produise pas de manière aussi virulente qu’un sorcier. De plus, à part quelques excentricités de la part d’Ayumi, on ne peut pas dire que Mitsuo soit dans un environnement familiarisé à la magie.
Bref, pour cette raison et par souci d’agir dans la discrétion la plus absolue, je prends un soin infime à tracer une rune de restriction de magie sur l’épaule de mes enfants. C’est à peu de chose près celle que l’on apposait sur des prisonniers magiques du temps où j’étais exorciste. En moins puissant, parce qu’il s’agit de mes enfants. La mienne ne me quitte pas non plus, jour, nuit, de plus en plus puissante pour enfouir mille lieux sous terre l’animal redevenu sauvage. Depuis moins d’une année, je parvenais encore à me contrôler, à retirer la rune de temps en temps. C’est impossible à présent et mon pouvoir s’est entièrement retourné contre moi. Il est devenu une menace. Mes connaissances en runes m’ont bien aidé mais la virulence de certaines d’entre elles se sont faites sur le tas. J’ai le bras tatoué en conséquence.
-… Pa, Papa !
Je baisse les yeux. Ayumi m’observe avec ses joues gonflées, décidément agacée par mon manque d’attention. Je lui souris en réponse et m’accroupit pour être à la hauteur de mes deux enfants. Passe une main dans les cheveux de l’un, pince le nez de l’autre.
-Qu’est-ce qu’il y a, princesse ? -Je veux aller jouer là-bas !
Relevant les yeux vers la direction pointée par Ayumi, je constate la présence d’une aire de jeux. J’acquiesce et tâche de calmer mes frayeurs. Ça ne peut qu’aller. Les enfants sont protégés et j’ai encore assez d’énergie pour maîtriser d’éventuelles excitations ou frustrations. Mitsuo n’est pas un problème en général. Ayumi en revanche est d’une extraversion à toute épreuve qui se fâche pour un rien. Impossible de dire de qui lui vient ce trait de caractère. La voilà déjà partie vers ladite place. Mon garçon m’observe avec indécision avant de passer sa main sur ma joue. Sincèrement, il y a actuellement plus de quatre-vingts pour cent de chance qu’il soit un psychique. Nous n’avons pas encore effectué de test pour déterminer s’il s’agit d’un mêlé ou d’un humain doué, mais tout me porte vers la seconde option. Il a des façons de faire et de réagir qui me rappelle les lecteurs de pensées et empathes de l’orphelinat. J’ai conscience de brider ses pouvoirs avant même qu’ils ne se manifestent mais je n’ai pas le choix. C’est la seule règle obligatoire à toute sortie.
Il finit par rejoindre sa sœur déjà en haut du toboggan et semblant faire la loi pour le passage des enfants derrière elle. J’hausse un sourcil amusé et me relève avant de les suivre. Il y a beaucoup plus d’enfants que je ne le pensais, auparavant masqué par le bosquet d’arbres. Des parents du coin très certainement qui, en me voyant surgir avec des habits inadaptés – j’ai pris l’habitude du costume noir chemise noire depuis de nombreuses années – me reluquent un certain temps. Sans compter la présence absolue et constante de mon garde du corps. Mon père a instauré cette règle et ça me fait toujours un peu sourire. C’est à se demander s’il a peur des autres ou de me voir flancher. Je ne le saurais certainement jamais.
Qu’importe, je n’y fais vraiment pas attention et m’assoie sur le banc le plus proche, isolé et tranquille.
-Papa ! Papa regarde !
Ayumi me fait signe du haut du toboggan et je la suis du regard. Elle dévale à toute allure la piste glissante et arrive tête la première à l’arrivée. Tombe dans le sable et roule dedans pour atterrir sur les fesses, les cheveux et le visage tout ensablé. Ma fille est un danger public et je ne pense qu’au prochain enfant qui descendra le toboggan et frappera la nuque du mien avec ses pieds. Je me lève d’un bond et la récupère in extremis avant la collision. Elle a l’air fière d’elle et lance même un :
-Mon papa il est toujours là pour me sauver !
J’ignore si elle joue ce numéro seulement avec moi pour me tester et vérifier que mes yeux sont bien posés sur elle, mais c’est épuisant. Fronçant les sourcils, je réponds d’un regard dur :
-Ce n’est pas une raison pour faire face au danger. On descend un toboggan normalement sans faire de galipette. Tu aurais pu te faire très mal.
Elle se renfrogne un peu et me permets à peine de retirer les grains de sable de son visage avant de repartir. Je cherche alors Mitsuo et le trouve en-dessous de l’édifice, jouant calmement avec le sable et quelques autres enfants. J’aimerais bien qu’il déteigne sur Ayumi tiens. Mais c’est le contraire qui se produit. Epoussetant mes vêtements, j’observe Ayumi prendre Mitsuo par la main et l’inciter à monter le toboggan. Mais il est encore trop jeune pour celui-là. Je crie le nom de ma fille et secoue la tête. Les autres parents doivent la trouver terriblement malpolie alors qu’elle est simplement une enfant très chahuteuse aux yeux des pays occidentaux. La faute à sa jeunesse et son éducation anglaise. Elle lâche alors Mitsuo et monte toute seule, le laissant totalement en plan. Fantastique. Il me regarde et se précipite dans mes bras, reniflant.
Ça commence bien, c’est moi qui vous le dit.
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EMPLOIS/LOISIRS : S'entraîner. LOCALISATION : Dans les airs... CITATION DU PERSONNAGE : વેશ્યા
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Dim 3 Fév 2019 - 15:39
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Unbreak the broken time.
Le froid attrape mes lèvres, mange mon visage, ralenti mes doigts. Je ronge ma patience petit à petit, l’aéroport, le taxi, les rues. Je déteste partir loin d’Autumn pendant aussi longtemps mais j’ai purement et simplement été réquisitionné Fin. Les soldats d’Orpheo obéissent bien ; la mission est naze.
Ramener Ren.
Je sais pourquoi Takeji n’y va pas ; fierté, rancoeur, amitié qui court depuis tellement longtemps qu’il n’y a pas lieu d’aller s’abaisser à chercher quelqu’un qui nous a abandonné. Mais pourquoi moi ? Suis-je connu pour être diplomatique ? Peut-être pensent-ils qu’avec mon don d’empathe je pourrais demêler les raisons de Ren, ses sentiments, ses peurs.
Je n’ai pas envie de parlementer avec quelqu’un qui a laissé l’orphelinat, qui est parti, quelqu’un qui n’a pas vu les morts, ni le sang, qui ne sait pas. Quelqu’un qui ne sait pas, pas parce qu’il est ignorant mais parce qu’il a détourné le regard et mis les voiles. Et quand j’ai la haine envers quelqu’un, c’est compliqué de ressentir ce que eux ressentent.
Il ne m’est pas bien compliqué de le retrouver, il va sans dire que l’organisation a gardé un oeil sur lui. Peut être a-t-il échappé aux radars de Rosenrot ou Croix ; qui irait jusqu’au Japon pour tuer quelqu’un qui ne prend plus part à quoi que ce soit ? Je traine autour de son chez-lui, de son travail, de son café préféré. Il n’est jamais chez lui, n’a pas d’habitudes constante et semble se trouver dans un brouillard émotionnel constant. Quand j’arrive à le suivre jusqu’au parc - enfin - je suis une boule d’ennui et de nerfs. Le Japon me déplaît, la ville aussi, la mission également.
Ren bien sûr. Mais ses enfants sont étrangement mignons. Je joue au coureur étranger et fais quelques tours du parc avec mes écouteurs ; l’endroit n’est pas bondé mais pas désert. Quand enfin je connais à peu près les lieux - au cas où je me prendrais une déculottée, car il est hors de question que je rentre les mains vides - je fais un dernier tour en marchant et me dirige vers l’aire de jeu. Enfant 1 et enfant 2 glandent vers le tobbogan alors que Ren les surveille, visiblement distrait. C’est la première fois que je m’approche d’aussi près mais il n’a plus rien du professeur à l’orphelinat. Il n’a plus rien de ce gars qui nous aidait à muter. Je fronce le nez ; plus je m’approche plus j’entends le sifflement de sa magie. Le feulement de son chat. Il ressemble à une cocotte minute qui prétend être un bol.
Je me lèche les lèvres, déformation du loup, et m’avance. Pas vers les enfants bien sûr - je pense que Ren serait capable de m’arracher la gorge si je prenais sournoisement l’un des deux dans les bras - mais vers lui. A nouveau j’ai dix ans, puis quinze, puis vingt sous ses yeux - gamin dissipé qui ne voulait pas apprendre.
Qui n’a peut être toujours pas appris.
Je me doute qu’il se doute que je ne suis pas là pour des prunes - peut être pense-t-il qu’il y a eu un décès important ? Je m’en fiche, je ne me serais pas déplacé pour lui annoncer la mort de qui que ce soit. Tu t’en vas ? Et bien soit. Je ne vois pas pourquoi je dois ramener quelqu’un qui a ramé si fort pour se barrer. Je sens le duvet implanté sur ma colonne se hérisser et je me rends compte avec une bonne dose de gêne qu’il m’impressionne un peu, qu’il me fait peur, presque.
J’ai retourné ça trente fois dans ma tête, pas question de lui dire qu’il est temps de rentrer à la maison, sa maison c’est ici, ni qu’ils ont besoin de lui en Angleterre. Personne n’a vraiment besoin de lui. Ils le veulent par convénience, pas par nécessité. Rah, j’aimerais qu’il puisse capter mes raisons de faire un sitting dans un parc pour enfant sans que je lui explique.
- Il y a des affaires non-réglées en Angleterre qui t’attendent.
Je serre les dents en essayant de ne penser à rien. Ni l’orphelinat, ni les gens, ni les anciens professeurs, ni les amis, ni la guerre, ni les charniers, ni la magie, ni son chat qui sifflent.
- Depuis un bon moment, quand même.
Je déglutis. J’ai ma ptite idée pour le forcer à rentrer ou au moins me considérer un instant.
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Dernière édition par Ian Coley le Sam 16 Fév 2019 - 21:41, édité 3 fois
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Dim 3 Fév 2019 - 17:03
"Ne réveille pas le loup qui dort"
Vivre en restant caché ou rester cacher pour vivre ? Pour moi c'est sensiblement la même chose, une routine au jour le jour où chaque micro stress peut impliquer de lourdes conséquences. On s'y fait.
« À quoi bon remuer un passé Qui n’a plus lieu d’exister. »
Le regard est posé sur le présent. Je ne me retourne plus. Le combat contre mon léopard est une douleur constante, ignorée et jamais ressassée. Le passé est le passé, de bons souvenirs qu’il serait inutile de ramener dans le contexte actuel. Le Japon est ma terre d’exil et celle qui m’a vu naître. Il m’a fallu des années pour me réhabituer à cette vie, à cette routine endiablée, à ces griffes qui pénètrent toujours plus ma chair.
Le regard est posé sur le futur et mes enfants. A ces bouts de moi-même qui grandiront à l’écart du monde magique, apprendront à brider leurs pouvoirs avant de savoir s’en servir. Ils pourront choisir plus tard leur chemin sans que je ne me mette en travers. Qui sait, cet apprentissage pourrait bien un jour leur servir si le Secret est dévoilé et que notre espèce se retrouve de nouveau chassée. L’on n’en viendrait pas à supposer son voisin présent depuis des générations qu’il est en vérité un sorcier.
Mitsuo quitte finalement mes bras pour retourner jouer avec les autres et je reprends ma place précédente, serein ou tâchant d’en avoir l’air. Ayumi est toujours à l’affut de mes agissements mais semble s’être déjà entouré de quelques autres enfants. Peut-être pourrais-je fermer les yeux quelques secondes ? C’est au moment où la phrase me frôle l’esprit qu’un autre homme entre dans mon champ de vision. Un homme blond, européen, grand. Trop grand. Les souvenirs de l’orphelinat me reviennent en plein face. Que fait-il ici ? Il m’a fallu quelques secondes pour le reconnaître tant il a… changé ? Grandi ? Durci. Est-ce Orpheo ? Ma faute ? La guerre ? Je fronce à mon tour les sourcils. Jette un regard alentours, sonde la moindre présence magique. Est-il seul ? Il n’a rien d’avenant et je cherche mes enfants du regard. Ils continuent à jouer. Tant mieux. Luttant pour ne pas paraître trop préoccupé, mes yeux se posent de nouveau sur l’étranger. C’est un étranger. Un fantôme du passé qui n’a rien à faire là. Rien du tout.
- Il y a des affaires non-réglées en Angleterre qui t’attendent.
Sa voix me semble sortie d’un songe. C’était un adolescent la dernière fois mais un homme aujourd’hui et je serais bien idiot de le sous-estimer. J’ai envie de détourner les yeux mais je n’y peux rien, ils continuent de le fixer sans ménagement. Le garde du corps derrière moi émet un léger mouvement pour l’empêcher d’approcher plus près mais je le retiens d’une main. Il ne pourra rien faire contre Ian. C’était à l’époque un jeune homme très doué et son entraînement à Orpheo a certainement dû le rendre encore plus puissant. Dans l’état actuel, je ne fais moi-même pas le poids. Un léger sourire étire mes lèvres en constatant le peu d’écho que cette affirmation produit dans mon corps. Ah, la résignation est quelque chose qui coule dans mes veines depuis bien longtemps.
Il n’y a pas besoin d’être télépathe pour comprendre qu’il m’en veut. A vrai dire, j’ignore tout simplement si quelqu’un, quel qu’il soit, m’attend encore à Orpheo. Bien sûr, je repense à Alicia et sa proposition de me faire entrer au QG de France. A son autre proposition sur le centre de réhabilitation aux pouvoirs et dons dangereux. Six mois se sont écoulés depuis, sans que je ne daigne faire le moindre pas vers Orpheo. Que les exorcistes continuent de ne pas avoir besoin de moi ; dans un contexte comme celui-ci, je ferais encore et toujours passer mes enfants. Qu’on désapprouve mes choix ou non ne me concerne pas. Qu’on me traite de lâche aussi. La reprise obligatoire de l’entreprise doublée du début de la guerre se sont produits en même temps, quel choix avais-je donc ?
- Depuis un bon moment, quand même.
Je me lève doucement, à défaut de l’inviter à s’asseoir et incline la tête pour le saluer.
-Ian.
La syllabe aux consonnances anglaises résonne sur une voix posée. Je ne suis pas assez idiot pour lui faire des réflexions semblables à « ça fait longtemps » ou « comment vas-tu ? ». Il n’a clairement pas l’air d’être en visite et de m’avoir vu par hasard. Comment m’a-t-il retrouvé et pourquoi diable Orpheo s’intéresse-t-il subitement à ma personne ? La visite d’Alicia m’avait l’air complètement désintéressée et je doute qu’elle m’ait volontairement cachée une rencontre passive ayant pour but de me ramener dans les rangs. Cela signifie-t-il que les exorcistes perdent la guerre ? Je doute d’être un personnage aussi exceptionnel qui vaille en plus la peine de faire déplacer un européen aussi loin de sa terre. Et Takeji ?
Je déglutis.
-Si l’organisation est assez aux faits de mes mouvements, ils auraient pu m’envoyer une simple lettre au lieu de te faire déplacer aussi loin. Par ailleurs, je ne suis pas irremplaçable.
Une dame de son petit mètre accoure subitement vers moi et me prend la main. Elle a le regard perçant entièrement dirigé vers l’étranger et lance assez fort :
-Qu’est-ce que tu veux à mon papa !
Génial, on avait vraiment besoin d’attirer l’attention en plus. Je m’accroupis à ses côtés et lui murmure de rester avec Mitsuo. On ne sait jamais et je n’ai pas envie de voir ce qu’il pourrait se produire si Ian décidait de s’approcher d’eux. Elle continue de fixer le blond puis lève haut la tête avant de courir en direction de Mitsuo un peu plus loin. Je me relève et recentre mon attention sur Ian. J’en arrive à le considérer comme une menace alors qu’il a été mon élève pendant si longtemps. Les relations changent à une telle vitesse.
Les mains dans les poches, je secoue la tête pour décaler une mèche de devant mon visage. Si Ian est là, c’est qu’il n’a pas l’intention de repartir les mains vides. Déjà à l’époque, c’était une tête brûlée. Je doute que cela ait changé depuis. Sans cesser de m’exprimer sur un ton calme, je préviens :
-J’ai démissionné il y a plus de quatre ans et ignorais qu’Orpheo agissait comme une autorité gouvernementale prête à fliquer ses anciens combattants. Ça ne change rien, je ne reviendrais pas sur ma décision alors dis-leur de trouver quelqu’un d’autre s’il te plaît. J’aimerais qu’on en reste là.
Je l’espère de tout mon cœur. Qu’il se rende compte à quel point il n’y a rien à creuser ici. Que fini sonne avec jamais. Un jamais que toutes les superstitions telles que « touche du bois ! » ne saurait modifier. Déteste-moi de tout ton cœur, je m’en fiche. Que tu comprennes ou non, il te faudra rentrer chez toi et retrouver ceux à qui tu tiens, simplement.
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Dim 3 Fév 2019 - 17:47
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Unbreak the broken time.
Il me voit et j’essaie de taire mes sentiments pour écouter les siens. C’est comme tendre l’oreille pour essayer d’entendre un hurlement dans la tempête.
Tu ne hurles pas Ren. Tu inclines la tête avec une politesse presque irrévérencieuse. Je pensais être flatté par le recul qu’il met entre nous deux, que mon ego se rengorgerait aux légers relent de méfiance de Ren. Presque de la peur.
Rien du tout.
Juste de la peine.
Tu me considères comme une menace car j’en suis une.
- Ian.
Il a pris un coup de vieux.
Je reste un peu loin, légèrement de profil, concentré. Je ne sais pas pourquoi je pense qu’il peut devenir violent. Non, ça serait un mensonge. Comme celui caché sous sa peau. Un vilain, vilain mensonge qui pourrait me déchirer en deux si il le laissait sortir. Mais comment pourrait-il ?
- Si l’organisation est assez aux faits de mes mouvements, ils auraient pu m’envoyer une simple lettre au lieu de te faire déplacer aussi loin. Par ailleurs, je ne suis pas irremplaçable.
Je ne pourrais pas acquiescer plus que ça ; mais à nouveau, on ne m’a pas demandé mon avis. On m’ordonne. Un aller retour en Angleterre Ren. C’est tout ce qu’on te demande, putain. Sa fille rush subitement vers nous, adorables petits pas, pat, pat, pat, pat puis des mots que je ne comprends que vaguement.
J’étais pas sincèrement assidu en cours et le Japonais ça m’est passé au dessus. Bon, okay, je comprends juste « papa ». Toujours est-il que je ne bronche pas, muscles relâchés face à cette petite chose. Vulnérable petite chose.
Je blague, il n’est pas dans mes possibilités d’agresser une ptite tête comme ça. Mais Ren n’a quand même pas l’air à l’aise sur le sujet ; il la renvoie immédiatement. Peut être a-t-elle senti l’électricité entre nous.
- J’ai démissionné il y a plus de quatre ans et ignorais qu’Orpheo agissait comme une autorité gouvernementale prête à fliquer ses anciens combattants. Ça ne change rien, je ne reviendrais pas sur ma décision alors dis-leur de trouver quelqu’un d’autre s’il te plaît. J’aimerais qu’on en reste là.
Je souris fadement.
- Une lettre ? Tu y aurais répondu ?
Bitter.
- Je ne suis pas responsable des ordres que je reçois, seulement de les accomplir. Tu sais aussi bien que moi que je ne partirais pas.
Si il y a bien quelque chose que j’ai appris à l’orphelinat, c’est la patience.
Peut être.
Un peu.
Je dois sentir le loup à des kilomètres. Là, dans un square, comme l’adolescent que j’étais avant incapable de maîtriser ses pouvoirs. Enfin, incapable ; ai-je eu vraiment envie de tout enfouir ? Comme lui le fait ? J’ai du mal à saisir. Sent-il toujours le besoin de retrouver le froid, la neige, l’odeur de fer entre les dents, la langue râpeuse sur le poil ?
- Le parc n’est pas runé comme tu l’es.
Je ne veux pas être malpoli ou m’imposer. Je sais que quand on allait au collège on était runés également par les professeurs pour ne pas exploser en classe ou à l’épicerie, quand on allait chercher des bonbons. Ses enfants le sont sûrement ; lui également. Ou passe-t-il le plus clair de son temps à essayer de faire taire ce bourdonnement constant ?
Ce n’est pas une menace et j’espère qu’il ne le prendre pas comme tel. Je ne souhaite pas la bagarre, je ne souhaite pas le trainer de force, je souhaite juste lui faire réaliser que je peux rendre sa vie absolument épuisante pour les prochains jours.
J’enlève mon pull - auquel je tiens - et apparaît en t-shirt, étranger suspect au milieu des enfants, mes bandes de métamorphe noires apparente sous le tissu clair.
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Dim 3 Fév 2019 - 18:49
"Ne réveille pas le loup qui dort"
Vivre en restant caché ou rester cacher pour vivre ? Pour moi c'est sensiblement la même chose, une routine au jour le jour où chaque micro stress peut impliquer de lourdes conséquences. On s'y fait.
« Depuis quand est-ce devenu aussi dur De feindre ce que je suis. »
Ce qu’il y a de simple avec les humains non doués, c’est justement cette innocence qui les pousse à te considérer comme eux. Ils questionnent les faits magiques comme des apparitions surnaturelles et s’y intéressent d’un point de vue extérieur. Ils t’intègrent à leur mode de pensée sans se douter un seul instant que tu leur es étranger. Mais Ian, cet être venu d’une presque autre dimension, vient titiller à mon oreille la différence que je m’efforce de masquer au prix de ma santé depuis des années. C’est frustrant, agaçant. Je n’ai pas le luxe ni la volonté d’être « comme tout le monde ». C’est parfaitement impossible, mais pourquoi vouloir réduire mes efforts à zéro en paraissant ainsi ? Il n’a aucun droit de faire cela. Pars, Ian. Pars maintenant et ne reviens jamais.
- Une lettre ? Tu y aurais répondu ? -En effet. Et je me serai exprimé dans les mêmes termes qu’aujourd’hui.
C’est exactement ce qui ce serait produit. Orpheo n’a aucun droit de me réquisitionner de cette manière. Je n’ai plus aucun rapport avec elle et je n’ai pas souvenir d’avoir signé un contrat impliquant de me mettre en membre mobilisable quand ça leur chante. La colère qui gronde au loin est une injustice, une liberté d’expression grillagée depuis longtemps. Je n’ai pas décidé de partir. C’était un devoir. Et maintenant, maintenant que tout semble enfin marcher droit dans ses bottes, que la douleur est un quotidien ignoré, voilà que l’on me demande de quitter mes habitudes durement acquises par nécessité. Non. Et s’il me faut être traîné devant le QG pour le répéter, soit. A l’instant où ils retireront chacune de mes runes, ils comprendront à quel point quatre années ont pu changer l’être que je suis. Je serre les dents.
- Je ne suis pas responsable des ordres que je reçois, seulement de les accomplir. Tu sais aussi bien que moi que je ne partirais pas.
Quatre années en dehors de toute organisation me fait prendre conscience du véritable statut de soldats que possèdent les exorcistes. Exécution d’un ordre, quel qu’il soit, sans faillir. En quoi cela diffère-t-il d’un ordre d’une des organisations noires ? Il me semble l’avoir connu plus téméraire, moins obéissant. Par quoi a-t-il pu passer pour changer ainsi ? L’orphelinat ? Peut-être. Campé sur mes positions et déterminé à suivre mes idées, je ne réponds pas. Changer mes habitudes n’a jamais été aussi difficile.
Nous continuons à nous regarder, moi dans l’espoir d’en finir, lui aussi mais dont les issues sont radicalement opposées aux miennes. Le stress est maintenu en laisse, tout comme le reste. Il me semble que ma maîtrise de soi n’a jamais été aussi forte qu’en ce moment. Chaque pensée est passée au tamis, aux rayons avant d’être concrètement réfléchie. Rien ne doit dépasser.
- Le parc n’est pas runé comme tu l’es.
Le flux de pensée est alors trop puissant et les questions se bousculent. Qu’est-ce qu’il veut dire par ça ? Je ne comprends pas. Je ne comprends pas du tout. A l’instant où il retire son pull, je fais un mouvement de recul. Il compte attaquer ? Ici ? Des gens nous jettent des œillades indiscrètes. Nous sommes au Japon ici Ian, tu fais suffisamment sensation en étant blond, grand et caucasien, inutile d’aller plus loin. Ses bandes de métamorphe filtrent à travers son haut. La menace m’apparaît certaine et je gronde, ma couleur d’iris naturelle filtrant à travers mes lentilles brunes. Sans bouger de ma place, les mains le long du corps mais sans posture défensive, je réponds.
-Pour la dernière fois Ian, rentre en Angleterre.
Que pourrais-je dire de plus ? Je refuse de m’ouvrir davantage, décrire la situation dans laquelle je me trouve et dont ils se fichent pas mal. Je ne suis tout simplement pas en état de me battre actuellement et à moins qu’Alicia ait vendu la mèche, ils ignorent que je suis contraint de rester sous forme humaine. A moins, bien sûr, que leurs espions ne m’observent 24h/24, ce dont je doute fortement. Je soupire. Comment paraître un peu plus précis sans nécessairement menacer à mon tour cet adolescent devenu adulte ? Ce n’est pas comme si je venais de le faire.
-J’irai les voir de moi-même afin de leur exprimer mon refus. Tu n’as qu’à leur dire que tu as réussi. Tu ne dois pas nécessairement revenir avec moi, si ?
Si tel est cependant le cas, c’est qu’Orpheo doit avoir une idée derrière la tête ou véritablement avoir besoin de bras supplémentaires. J’ignore pourquoi ils décident de se manifester maintenant. Je n’ai pas senti de tension supplémentaire ces derniers temps. Pas de meurtres en série dans une grande ville telle que Tokyo, pas d’émanation de magie particulière. Rien qui justifie la présence d’une personne comme moi. Je n’ai plus rien d’un professeur et Ian doit pertinemment s’en douter. Peut-être est-il même là simplement pour me tester, voir s’il existe encore quelque chose de l’exorciste que j’étais. Je ne pense pas.
-Va retrouver ceux que tu aimes et laisse-moi auprès des miens. Dieu seul sait à quel point tu meurs d’envie de partir.
Cela se lit sur son visage comme le nez au milieu de la figure. Il déteste être là. Il déteste me regarder et voir s’effriter ses souvenirs comme un vieux mur. Je lui évite d’avoir à subir ça plus longtemps.
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Dim 3 Fév 2019 - 22:22
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J’essaie de maintenir un flot de pensées normales - humaines. Moins de flashs d’images, plus de mots clairement formulés, moins d’instincts, moins d’odeurs et plus de conventions sociales. Mon nez se fronce alors que je m’empêche de m’humidifier les lèvres. Je sais que quelqu’un qui se pourlèche les babines n’a jamais l’air bien accueillant.
- En effet. Et je me serai exprimé dans les mêmes termes qu’aujourd’hui.
Tu ne serais pas rentré, donc. Quel utilité ? J’aurais fini par devoir me ramener quand même, exactement de la même façon, exactement au même endroit. Tu emmènes souvent tes enfants au parc, Ren ?
Petits, petits enfants.
Je fais rouler mes muscles pour en défaire la tension. J’ai conscience que je n’ai pas tant vieilli que ça - allez savoir pourquoi, les autres cessent de vieillir vers la trentaine alors que je me suis arrêté bien avant. Les muscles finis me trahissent quand même.
Ils trahissent la magie.
Et toi, qu’est-ce qui te trahi, Ren ?
- Pour la dernière fois Ian, rentre en Angleterre.
L’adolescent que j’étais a terriblement envie de lui cracher à la figure, lui dire qu’il n’a plus aucun poids sur moi, qu’il n’est plus mon professeur et que je pourrais l’écraser maintenant, lui mettre dans les dents les choses exaspérées qu’il savait placer en cours quand on en foutait pas une. Tu penses que ça marchait Ren ?
Mais je ne suis pas venu pour régler mes comptes, je pose ma respiration sur mon rythme cardiaque. Comment se sent-il lui ? Visiblement tiraillé. Mon don est imprécis aujourd’hui, il paraîtrait.
- J’irai les voir de moi-même afin de leur exprimer mon refus. Tu n’as qu’à leur dire que tu as réussi. Tu ne dois pas nécessairement revenir avec moi, si ?
Pense-t-il que je lui fais assez confiance pour cela ? Que je vais le laisser se terrer, manipuler sa vie entière à nouveau pour disparaître des radars ? Je prends une respiration profonde et secoue la tête :
- Pas confiance.
Je le regarde droit dans les yeux. C'est fou, les professeurs c'était ceux en qui on pouvait avoir confiance. Ceux en qui on pensait qu'on pouvait avoir confiance. Ce qui est plus fou encore, c'est mes désillusions adolescentes qui me suivent jusqu'ici.
Bastet où es-tu ?
- Va retrouver ceux que tu aimes et laisse-moi auprès des miens. Dieu seul sait ) quel point tu meurs d’envie de partir.
Je hausse un sourcil, mes lèvres se froncent dans une moue délicate. J’essaie de me taire mais je n’arrive pas à m’en empêcher :
- Dieu ?
L’ironie file entre mes lèvres ; tant pis. L’ironie, ça n’est pas très grave. L’acidité par contre..
- Auprès des tiens ? - ça fait beaucoup de question, j’admets - je pensais que l’orphelinat, Takeji, Nephilim faisaient parti des tiens.
Sourire cruel, en demi-ton. Je sais qu’on me regarde et qu’on me dévisage, j’ai l’air terriblement anglais comme ça, peau pâles et blond, des tâches de rousseur d’hiver sur mon nez et mes joues, les yeux clairs.
Tant pis.
Si ça pose un problème, c’est à l’autre, celui qui dit être chez lui. Moi j’me sens chez moi partout.
Mensonges.
- Les miens ?
Je sais que je me répète, que j'ai du mal à aller vite mais ; il y a quelques temps j'aurais pu considérer Ren comme en faisant partie je crois, pas de ceux dont on est proche mais ceux que l'on voit tous les jours, qu'on connait au quotidien, qui nous semblent faire partie du décors mais en qui on sait qu'on peut avoir confiance.
- Je retrouverai ceux que j'aime quand j’aurais la certitude que tu retourneras en Angleterre. C'est pour Nephilim.
Je n’ai pas plus de détails mais ça ne m’importe pas. Pourquoi t’as abandonné tout le monde, pourquoi t’es parti comme ça, pourquoi t’es parti sans chercher à savoir, pas de nouvelles et pas d’attaches, si tous les profs faisaient comme toi, nous les orphelins, serions-nous à nouveau dépossédés ? Peut être qu’on m’a envoyé ici sur une base personnel ; les gens laissent, quittent, abandonnent les orphelins.
On aurait tous aimer ramener quelqu’un à la maison.
Cette mission doit-elle devenir personnelle ? J’en doute et pourtant, je sais bien que je ne suis pas impartial face à Ren. Mais de quel droit puis-je lui demander de se séparer de son pays ou de sa famille ? Ses enfants resteraient-ils ici ?
J’en sais rien. Mais je m’en fou, un soldat ne discute pas des ordres. Nephilim - dont j’ai de nombreux souvenirs sous la neige, les joues ronde et la douceur sur un sourire - a été aperçue et doit être rattrapée. Par son tuteur légal donc.
- Juste.. rentre.
Je ne sais plus qui parle. L’orphelin, l’adolescent, l’adulte ou le soldat ; celui qui s’en fou ou celui qui ne sait pas.
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Mar 5 Fév 2019 - 19:39
"Ne réveille pas le loup qui dort"
Vivre en restant caché ou rester cacher pour vivre ? Pour moi c'est sensiblement la même chose, une routine au jour le jour où chaque micro stress peut impliquer de lourdes conséquences. On s'y fait.
« Souffle le vent Et chasse la poussière »
Les mots ne sont-ils pas faits pour exprimer les pensées profondes ? À travers les quelques millénaires d’existence, notre espèce semble être parvenue à développer et échanger sur les notions les plus abstraites. Pourtant, Le « non » et le « oui », les principales syllabes et les expressions du désir les plus rudimentaires semblent parfois échapper aux esprits les plus érudits. Quand les points de vue semblent à ce point opposés, un oui prend la forme d’un non, passe par des figures pour revêtir l’habit marquant l’opposition.
Dead end.
Les préventions ne changeront rien. Dans l’esprit de Ian, mon point de vue lui est totalement étranger. Il ferme les yeux parce que cette idée ne lui convient pas, personnellement ou non. Je préfèrerai, à choisir, qu’il ne soit que dans l’optique Orpheo et non en tant qu’ancien élève. Est-ce par hasard qu’ils l’ont choisi lui, un jeune perturbateur dans mes souvenirs, avec qui j’ai pu partager certainement plus de choses qu’avec d’autres ? Orpheo ne laisse jamais rien au hasard. Ma réponse aurait-elle changée s’il s’était agi de Takeji ? De Lisbeth…
- Pas confiance.
Un sourire attristé passe sur mes lèvres l’espace de quelques secondes, presque poussée par un vent éphémère. Revenu à son état initial, neutre. On ne peut plus japonais, dans cet esprit du « ne me fait pas perdre la face car tu serais alors malpoli ». Mais Ian est un anglais. Il se fout pas mal de ces formalités, n’est-ce pas ? Ces libertés me manquent un peu.
Il n’a pas confiance en moi et je n’ai plus confiance en lui. Nous voici revenu à l’origine de notre rencontre, ses cheveux blonds et ses yeux bleus, son passé et puis l’orphelinat. Sans orphelinat cette fois-ci mais au centre d’un parc humain avec deux petites têtes préservées d’un cruel monde magique. Sans eux, j’aurais pu tout plaquer, l’entreprise, le Japon, tout. Mais ces bouilles-ci ne méritent pas d’acquérir cette maturité précoce, ces incertitudes et cette peur au jour le jour. Ils ont besoin d’une jeunesse épanouie, vivante, complète. Il n’y a qu’ici que je puisse leur offrir tout cela. Tu sais ce que protéger signifie, non ?
- Dieu ? Auprès des tiens ? Je pensais que l’orphelinat, Takeji, Nephilim faisaient parti des tiens.
Aucune réaction et profonde inspiration. Je n’ai jamais été très doué pour culpabiliser ou même apprendre de mes erreurs. Au risque de me répéter une énième fois, il n’existe en cette terre aucune explication susceptible de me faire changer d’avis. Ian ne comprend pas. Ou peut-être est-ce cet écart entre nos deux langues, nos deux cultures qui nous poussent à percevoir ce monde objectif d’un point de vue subjectif. Nos passés aussi. Qui choisirait-il entre Autumn Bowen, car c’était bien d’elle dont il était la plus proche et d’un de ses professeurs ? Il peut suffire d’une fois, d’une seule et minuscule fois pour que tout chamboule. Une mission pour déclencher la machine infernale et être réintégré exorciste. Takeji aura été plus fort que moi, parvenant à maintenir tout cet équilibre aussi longtemps sans en pâtir trop lourdement. Ce n’est pas mon cas, soit, assumons-le.
- Les miens ? Je retrouverai ceux que j'aime quand j’aurais la certitude que tu retourneras en Angleterre. C'est pour Nephilim.
Pour Nephilim ? À quelle bassesse se mettent-ils pour me faire sortir de mon trou ? J’ai presque envie de rire. Presque, car ce fond de réalité m’inquiète. Nephilim ? N’était-elle pas portée disparue ? L’auraient-ils retrouvée ? Que pourrais-je seulement faire de plus qu’un autre exorciste ? Pourquoi ne me l’envoie-t-on pas simplement ? Un flou épais s’installe dans mon esprit à mesure que les questions s’entassent les unes par-dessus les autres. De quel type de mission s’agit-il ?
- Juste.. rentre.
Pourquoi ai-je toujours cette sensation de provoquer des impairs, de marcher sur une corde sensible dès lors qu’une manifestation magique passe sous mes yeux ? Pourquoi diable ne me laisse-t-on pas tranquille une bonne fois pour toute ? Pourquoi dois-je toujours jouer au méchant et m’exprimer en des termes qui me paraissent violents et qui pourtant sonnent si bien sous l’influence de la voluptueuse langue anglaise. En plusieurs années à échanger en japonais et faire face à des accents asiatiques, il me semble compliqué de trouver les mots adéquates.
-Ils font toujours parti des miens. Mais ces enfants, là, ils passent et passeront toujours avant le reste. Il peut suffire d’une mission pour qu’Orpheo me rabatte dans ses rangs. C’est hors de question et l’on pourra me traiter de lâche, je ne rentrerai pas pour autant. Takeji est parvenu à rester fidèle à ses principes et assurer la sécurité de ses enfants, grand bien lui fasse. J’agis pour la même raison, à ma manière.
Adoptant cette attitude passive-agressive, réflexe défensif assez – trop – utilisé dans mon domaine, j’enfonce de nouveau mes mains dans mes poches, les sourcils froncés par un énième refus de soi. La tête décide et le corps est forcé de suivre, depuis toujours et à jamais. La sensibilité ? Elle se manifeste auprès de mes enfants. Et je continue de parler, m'exprimer comme je le fais rarement.
-J’irai m’occuper de Nephilim mais je refuse d’être lié d’une quelconque manière que ce soit à Orpheo. Je veux agir seul, de mon propre chef, parce que j’en suis responsable. Si elle refuse de me suivre ou de rentrer dans les rangs d’Orpheo car je devine qu’il s’agit de « l’issue » de cette mission, je ne la retiendrai pas. Est-ce que cette réponse ira à l’organisation, tu crois ?
Mes paroles sont dures mais réalistes. En s’assurant mon retour et celui de Nephilim, ils toucheraient un micro jackpot et je refuse d’avoir à impliquer une jeune fille qui semble s’être sortie d’affaire depuis l’incident de l’orphelinat parce qu’une vague demande m’en a été faite. Orpheo se serait-elle radicalisée ? Ian, est-ce que tu t’en rends compte ou suis-je simplement devenu extérieur à tout cela pour ouvrir enfin les yeux sur cette aberration ? Je n’ai pas encore joué ma dernière carte cependant et si, jusqu’à présent, j’hésitais purement sur le fait de ne pas m’étendre sur mes propres problèmes, ils me semblent dès à présent un bon moyen de faire perdre toute volonté à Orpheo, d’abaisser d’une manière encore plus violente le respect déjà fortement entaché de Ian pour moi.
Ma manche est soulevée sans ménagement et dévoile les runes superposées les unes aux autres, certaines trop profondes, même égratignées des griffes d’un animal enragé forcé à vivre reclus, enfermé dans une cage trop petite pour lui. Trop petite pour moi.
-Tu ne te souviens peut-être pas quand je parlais en cours de ces métamorphes bridant leurs pouvoirs et des conséquences que cela pouvait provoquer. Quoi qu’il en soit je ne peux plus le sortir, ça pourrait devenir dangereux pour tout le monde. Ces runes me préservent depuis plus d’un an et j’ai besoin d’elles. Voilà pourquoi je ne peux pas, même pour une mission, revenir à ces « miens » qui sont aussi les tiens.
Ça devrait suffire, non ? Ce portrait honteux, ces marques d’un passé que je refuse de confronter malgré tout l’épanouissement que ces années ont su générer, cette confortable illusion de vivre agréablement dans un monde trop petit pour moi.
Je rêve de ce moment où je quitterai tout, où je me perdrai dans les montagnes de l’Himalaya avec pour seuls témoins quelques buissons ras. De ce jour où il éclatera bel et bien ce léopard, dans toute sa splendeur et qu’il dévalera les montagnes en poursuivant une proie. Avec des enfants protégés, loin, loin de cette folie furieuse. Avec la peur intrinsèque de ne plus jamais reparaître sous forme humaine.
Est-ce que tu souffres d’être à jamais enfermé, mon fort et beau léopard argenté ?
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Mar 5 Fév 2019 - 20:19
Siffle le chat
Unbreak the broken time.
Je vois bien que ça ne marche pas. Si je devais décrire Ren à travers mon don je dirais simplement que c’est un mur. Il n’y a aucune chance raisonnable pour qu’il rentre avec moi et pourtant c’est tout ce dont j’ai besoin.
Besoin.
Il jette des coups d’oeil sur sa progéniture. Je ne suis pas trempé dans l’affaire, je ne sais pas pour combien de temps on a besoin qu’il rentre, pourquoi lui, pourquoi réintégrer l’organisation est quelque chose d’important. Je ne sais même pas si je dois y réfléchir ou pas.
Bon soldat.
- Ils font toujours parti des miens. Mais ces enfants, là, ils passent et passeront toujours avant le reste. Il peut suffire d’une mission pour qu’Orpheo me rabatte dans ses rangs.
Alors c’est ce que je suis ? Un rabatteur de boîtes de nuit ou un mouton d’un culte, le gourou m’aurait demandé de reprendre Ren dans ses filets. Nous n’avons plus rien à ses yeux de quelque chose qui essaie pour le mieux. L’île est relativement protégée de la guerre je suppose, mais le ras-de-marée noir finira bien par se déverser ici. Enfin. J’en sais rien.
On m’a demandé de le ramener.
- J’irai m’occuper de Nephilim mais je refuse d’être lié d’une quelconque manière que ce soit à Orpheo. Je veux agir seul, de mon propre chef, parce que j’en suis responsable. Si elle refuse de me suivre ou de rentrer dans les rangs d’Orpheo car je devine qu’il s’agit de « l’issue » de cette mission, je ne la retiendrais pas. Est-ce que cette réponse ira à l’organisation, tu crois ?
Je recule d’un pas. Je sais déjà qu’il va parlementer, sait-il aussi que je vais rester ? Je vais muter, au milieu de tout le monde, pour qu’il réagisse, vous voyez ?
- Non.
Pour avoir autre chose que des mots. Mots futiles, lancés, vides de sens. J’ai besoin de viscéral, de vraies raison, j’ai envie de le sortir de là où il est engoncé. Mais j’ai sûrement l’impression qu’il est engoncé juste parce qu’il est japonais, père, marié. Ou plus marié.
Je sens ce qu’il va faire une demi-seconde avant que ça n’arrive ; la curiosité me rapproche de lui. Étrange ballet que nous formons là, de quoi avons-nous l’air ? Je regarde les runes sans bouger, je vois bien ce qu’elles représentes mais à nouveau je n’en comprends pas l’intérêt. Pourquoi avoir muselé la moitié de soit ?
- Tu ne te souviens peut être pas quand je parlais en cours de ces métamorphes bridant leurs pouvoirs et des conséquences que cela pouvait provoquer. Quoi qu’il est soit, je ne peux plus le sortir, ça pourrait devenir dangereux pour tout le monde. Ces runes me préservent depuis plus d’un an et j’ai besoin d’elles. Voilà pourquoi je ne peux pas, même pour une mission, revenir à ces « miens » qui sont aussi les tiens.
Je secoue la tête. Il n’y a pas d’autre, il n’y a pas de le. Ce n’est que moi, amputé d’une partie de toi, comme si un humain normal s’attachait une main dans le dos de peur de frapper son entourage. Idiot. Professeur devenu mutilé.
Je hausse les épaules.
J’aurais du mal à exprimer clairement ce dont j’ai besoin, et pourquoi est-ce qu’il devrait rentrer, il a l’air de se foutre de ce que je raconte comme moi je me fiche de ses raisons, j’ai besoin que tu rentres et puis c’est tout, j’suis prêt à tout à peu près, n’importe quoi pour lâcher un zest de colère. Cette colère qui prend toute la place en moi, parfois, si je peux en poser un morceau sur quelqu’un d’autre c’est pas plus mal et puis, et puis tant pis.
Je fonds dans mes vêtements.
Le chat s’extirpe du t-shirt queue haute. Une vague de sensations m’assaillent et il me faut quelques minutes pour voir à nouveau bien net comme il faut.
Miaou.
Je m’assois à distance de Ren et des enfants et incline la tête. Alors quoi maintenant, les gens nous ont-ils vu ? Scandale ou non ? Réaction ou non ? J’ai envie de lui dire que peut être qu’il ne se souvient plus de mes autres formes mais qu’il ne doute pas un instant qu’il y a d’autres forms autrement plus détonnantes qu’un chat dans un parc.
Pour les étrangers comme pour ses enfants.
Vous savez le bruit que ça fait, un loup, les minots ?
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Jeu 7 Fév 2019 - 21:52
"Ne réveille pas le loup qui dort"
Vivre en restant caché ou rester cacher pour vivre ? Pour moi c'est sensiblement la même chose, une routine au jour le jour où chaque micro stress peut impliquer de lourdes conséquences. On s'y fait.
« Tels des yeux scintillants En plein cœur du blizzard. »
A l’instant même où la négation est posée, un :
- Non.
Simple et sans fioritures, je comprends que toutes mes explications ne pourront changer son avis. Et pourtant. Elles s’enchaînent, pressées l’une par l’autre, désireuse de se raccrocher à un wagon imaginaire. Aux certitudes concernant mes choix de vie, à ce « j’ai fait de mon mieux » qu’il ne convient pas de remettre en question en se présentant seulement maintenant, après tant d'années. Je sais que la figure blonde devant moi n’est pas Ian. Ou pas tout à fait. Il n’aurait certainement pas fait le déplacement pour me ramener. Takeji s’en est chargé il y a de cela plusieurs années et le tout s’est soldé par un cuisant échec. A quoi bon. Non, Ian est la figure représentative d’Orpheo. Et Orpheo de la magie. Et la magie coule dans mes veines. Cycle bouclé.
Il s’approche lorsque je dévoile mon bras, mais chacun de ses pas me font reculer de deux. Par précaution, par peur, pour marquer physiquement la séparation nettement tranchée avec ce monde-là ou peut-être un peu des trois. Son don d’empathe peut-il percevoir tout cela ? Ma mémoire trop vive me rappelle sans effort mon arrivée à l’orphelinat, frais jeune japonais exilé de son pays et l’impressionnante pile de papier retraçant les identités de chacun de mes étudiants. Ian, empathe et métamorphe. A perdu sa mère. Perturbateur, impulsif.
Impulsif. Il disparaît sous mes yeux, forcés de trahir mes émotions, immenses boules de billard songeant aux conséquences de son acte et préparant l’après avec une lourde tension. Ce jeune exorciste devient le déclencheur d’une longue cascade d’action incontrôlées. La première consiste à dresser un portrait appris et répété dans ma tête, tel le consciencieux professeur que j’étais. 3 formes félines dont deux sauvages, un canidé sous sa forme fusionnelle, un mustélidé et un équidé. Signe distinctif : garde sa couleur d’iris sous toutes ses formes.
En effet, son regard est toujours aussi vert et le mien perçant semble prêt à brûler mes lentilles. Je recule de deux nouveaux pas alors que le chat semble agir naturellement, comme... un chat. Y’a-t-il eu des témoins ? Je n’ose pas me retourner pour constater les regards abasourdis, les clignements à répétitions concentrés sur la forme échappée d’une pile de vêtements, à l’endroit exact d’un jeune occidental évanouit dans l'espace. Mes dents se serrent face à une réponse tout à fait inattendue, un besoin viscéral de ma fille d’appliquer un mimétisme face à mon ancien élève. Se transformer. Outre son incapacité totale à se maîtriser, Ayumi se sent investie d’un besoin certainement touchant mais contre-productif de m’aider. Son corps draine, aspire ma magie pour fournir l’énergie nécessaire au fonctionnement à plein régime de sa rune.
En l’espace d’une seule expiration, le terrible frissonnement associé à l’effacement d’une rune surgit deux fois sur mon bras. La colère sourde de mon animal en cage bourdonne dans mes oreilles, sensation identique à la coupure d’un nerf. Je me perds alors que mon esprit ressasse l'action de métamorphose, avec cette envie brutale de l'imiter. J’en suis réduit à vouloir agir comme ma fille, de manière instinctive. A nouveau, des réminiscences se superposent au présent, à la réaction en chaîne que la transformation d'un seul élève peut provoquer sur tous les autres enfants. Classe métamorphosée en zoo en quelques secondes. Stupide, stupide mimétisme.
La figure paternaliste, l'humain, reprend le dessus sans aucun autre choix que celui de fuir. J’inspire profondément et appelle le nom de mes enfants qui se précipitent à mes côtés.
-Je m’en occupe, Monsieur.
Sonné, je relève brutalement la tête, frappant de plein fouet le présent en cours. Mon garde du corps passé devant moi, son air conscient des actes surnaturels, son regard décidé et sa main paume ouverte fermement dirigée vers Ian. Les miennes rencontrent celles de mes deux enfants et je me raccroche à eux pour rester conscient au minimum. Je ne comprends rien, l’attitude de mon garde du corps me rappelle celle des illusionnistes, compte-t-il attaquer Ian ? Aurons-nous le temps de fuir ?
Le pari est lancé et Mitsuo dans mes bras, j’ignore le monde alentours, les visages certainement décrépis, la frayeur de certains, l’intérêt pour d’autres. Ce n’est pas mon combat, ce n’est pas mon histoire. Les maquilleurs viendront réparer les dégâts car tel est le devoir d’Orpheo. On parlera de l'impulsivité de Ian et puis c'est tout.
Je parcoure avec mes enfants une partie du parc, me maudissant intérieurement d’avoir abattu autant de kilomètres avant d'atteindre la voiture. Ayumi traîne la patte, luttant dans son petit corps contre quelque chose qu'elle ne maîtrise pas mais qui ne parvient pas pour autant à se manifester. Je me retourne. L’endroit est plus ou moins désert. Il y a quelques couples mais plus de traces de Ian. Aucun doute qu’il saura me retrouver avec son flair mais qu’importe, pour le moment, je me dois de gérer au moins ça. Reposant Mitsuo, je m’accroupis pour faire face à la jeune demoiselle et la prend par les épaules.
-Papa est là, ma chérie. Calme-toi. Respire, tu te souviens ? Comme je te l’ai dit. Demande-moi ce que tu veux le plus en ce moment et je vais te l’offrir, d’accord ?
Apaiser l’esprit d’un enfant soumis à l’emballement de son pouvoir de métamorphe est comme l’occuper à la suite d’une vilaine blessure. Transformer ses pensées négatives, effrayées, en quelque chose d’autre, de plus rassurant, confortable. Qu’est-ce que je désire le plus en ce moment ?
Rentrer.
-La jolie robe que j’ai vu hier !
J’acquiesce. La tension redescend d’un cran et mon énergie s’accapare la lente reconstruction du mur me séparant de mon autre moi-même. Partons d’ici tant qu’il en est encore temps.
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Sam 9 Fév 2019 - 21:59
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Unbreak the broken time.
Je sens les rouages dans sa tête, je sens le stress et la montée d’adrénaline et.. ah. Je sens de la pisse. Le parc sent vraiment, très fort la pisse. Ew. Je n’ai pas le temps de m’avancer - et par ailleurs je suis assis sur mon arrière train - qu’il est déjà en ébullition. Il attrape ses enfants alors que son garde du corps entre dans mon champ de vision. Il est, vu comme ça, purement lamba. J’espère qu’il l’est - tout en me doutant que, si on s’accorde à dire que Ren est quelqu’un de plein aux as, son garde du corps peut coûter une fortune.
Je n’ai envie de boulotter personne, ceci-dit.
En quelques secondes seulement, je n’aperçois pour Ren. Plus rien, à dire dire. Mes oreilles de chat se rabattent sur mon crâne alors qu’un ultrason sort de la bouche du monsieur. Je n’ai aucune idée de si c’est un pouvoir particulier, un dessin ou une illusion mais naturellement - et sans réfléchir, ce qui est bien dommage - je mute humain.
A moitié à poil au milieu de l’hiver, vulnérable, fatigué d’être un idiot. Un idiot qui a travaillé sans relâche tout de même. Le bruit ne cesse pas mais je ne l’entends plus que très peu sous forme humaine. J’espère que personne ne va me coller du plomb sous la peau mais j’ose espérer qu’on essaie juste de me neutraliser. En tout cas, l’illusion - si je suis dans un dessin, le gars est un maître suprême - n’est que peu précise mais me désoriente totalement. Je change de direction plusieurs fois en avançant vite et aléatoirement pour qu’il soit obligé de la conserver de partout, de manière cohérente.
Je mute loup.
Son odeur est celle des cuirs lustrés de chimie, des soies synthétiques et des parfums à l’eau florale. Dommage pour toi ptit gars. Je change de direction, les oreilles en feu et devient panthère, puis cheval, puis - haletant - loup. J’ai toujours trouvé ça archi con que ça ne puisse pas transpirer - on n’est pas toujours à même de pouvoir haleter en paix - et je saute sur le gars. J’attrape juste un bras et vrille sur moi même. L’articulation se brise dans un bruit de cartilage de poulet - j’ai faim - et je deviens humain.
Une brûlure net me rôti l'omoplate.
La sueur me perle immédiatement sur le front alors que je fais mine d’étouffer le gars :
- Je ne compte blesser personne.
Ce qui est ironique parce que lui il est entamé. Comme un poulet.
- Personne d’important. Ni Ren, ni les enfants.
Le manque d'air lui a chassé toute magie de la main. La douleur s'installe mais est rapidement mise à distance. J'ai mal à cet endroit. Je ne suis pas la douleur. La douleur est ailleurs. Je repars, mute loup et trottine dans le parc au petit trot, celui qui peut m’emmener sur des kilomètres et des kilomètres sans que je ne ressente de lassitude. Chaque arbre est nouveau, chaque rocher est différent ; chaque castor est délicieux. Je mets un moment à le retrouver à vrai dire parce que outre les odeurs de pisse, de déchets et de plastique suantant de ces vieilles airs de jeu avec un sol mou et débile : il y a du monde. Et si Ren sent le chat brûlé, ses enfants et bien.. je ne sais pas ce qu’ils sentent. Et j’ai peur qu’ils se soient séparés.
Bref, je perds du temps à essayer de gamberger alors que ma caboche de toutou est en surchauffe. Ma langue pendouille alors que je traverse les allées en ignorant les gens. Hop hop hop hop hop hop hop hop.
Quand je tombe sur lui, les poils de mon échine se hérissent et je m’approche assez, museau froncé mais crocs rangés. Soyons polis. Je m’assois sur mon arrière train comme un vilain cabot avant de muter panthère. Rejoins moi, Ren. Je mute loup et trottine, mute à nouveau panthère.
Mute humain et essuie la sueur de mon front. Il fait sûrement froid mais j’ai l’impression d’être au coeur d’un volcan.
- Ton garde du corps n’avait vraiment, vraiment pas très bon goût et il ne garde vraiment, vraiment pas très bien ton corps.
Je m’assieds en tailleur comme un gosse sur le sol. Je supporte mal la station debout en temps que bipède, c’est peu confortable, fatiguant, ça fini par faire un peu mal au dos. J’espère qu’il va considérer le fait que je ne plaisante pas.
- La guerre ne vous a pas trop atteint ici, si ?
Je me fends d’un sourire mais mon coeur bat à trois mille à l’heure. Rancoeur.
- Ils sont mignons, tes enfants.
J’essaie de me couper de mon don mais je suis aussi anxieux que lui sans pouvoir savoir où il commence et où je me termine.
- Tu pourrais juste régler tes affaires une fois pour toute en Angleterre. Tout refuser en bloc, dire aux concernés que tu ne reviendras pas. Que tu ne veux pas revenir, que tu ne veux pas les revoir.
Je me lèche les lèvres ; tant pis pour l’habitude lupine.
- J’crois qu’il y a certaines choses qu’on a besoin de s’entendre dire en face.
N’est-ce pas ? Je reste humain mais ça me démange, si les humains avaient un odorat plus développé, s’ils étaient moins aveugles, ils sentiraient la faim de courir, le manque sur la peau et la trace des crocs dans la gencive et l’animalité, celle qui fait les choses avec des tripes et pas avec notre tête, l'odeur des charniers et le regard de Simje, les flashs d’images, suis-moi, suis-moi parce que toi, tant que t’es ici nous, nous on meurt là-bas.
J'espère que tu m'entends, Ren.
Nous on meurt là-bas.
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Dim 10 Fév 2019 - 15:38
"Ne réveille pas le loup qui dort"
Vivre en restant caché ou rester cacher pour vivre ? Pour moi c'est sensiblement la même chose, une routine au jour le jour où chaque micro stress peut impliquer de lourdes conséquences. On s'y fait.
« Tu pourras toujours courir Le temps ne cessera jamais de te rattraper. »
Le chemin continue de s’étaler devant nos pieds. C’est comme si le parc s’était transformé en immense labyrinthe. Je suis pourtant certain du parcours mais il ne semble jamais se terminer. Ian n'a pas l'air de nous avoir suivi, certainement grâce à l’intervention du garde du corps magique. La question sur sa nature humaine ou sorcière n’aura pas tardé à être résolue. Espérons simplement qu’il parviendra à gérer Ian.
Cependant, l’intuition très forte de l’avoir sur mes traces finit par m’obliger à me retourner. Il mute au loin mais sous mes yeux ainsi que ceux de mes enfants. Loup, panthère, loup, panthère, humain. Le goût ferrique du sang dans ma bouche me fait prendre conscience des canines enfoncées dans mes gencives. Et trois runes de moins. A ce niveau, il va falloir que je compte sur ma propre maîtrise. La rune posée sur Ayumi tiraille mon avant-bras et c'est à l’instant où la très sérieuse supposition de laisser Ayumi se transformer pour regagner un peu de magie m’effleure l’esprit que je comprends que mon énergie passe la barre de la réserve.
- Ton garde du corps n’avait vraiment, vraiment pas très bon goût et il ne garde vraiment, vraiment pas très bien ton corps.
Dieu que les occidentaux sont directs et malpolis. En quelle langue faudra-t-il lui dire de laisser tomber ? Et alors quoi ? L’a-t-il tué ? En est-on arrivé là pour un simple retour en Angleterre ? Je déteste qu’on me force la main, a fortiori parce que je suis de ceux qui commandent, non ceux qui exécutent. Peut-être y’a-t-il un peu de ça dans mon manque de désir de revenir. C’est incroyable de constater avec quelle vigueur mes pensées ont changé depuis la rencontre avec Alicia. J’avais semblé prêt à tout quitter, prêt à plier mes bagages pour revenir auprès d’eux. Je passais également une mauvaise passe, ce qui n’est plus le cas. Ça aura pris du temps mais tout semble finalement avoir trouvé sa place. Une place où j’ai volontairement évanoui le monde magique.
- La guerre ne vous a pas trop atteint ici, si ?
Je ne comprends pas où il veut en venir mais je réponds malgré tout.
-Le Japon est une petite île et le vivier de doués n’a jamais été très élevé. Ils n’ont aucune raison de parcourir les rues d’innocents.
J’espère que cela répond à sa question. Bien que le QG de Tokyo soit toujours plutôt influent dans le monde magique, la grande partie des sorciers se situe en Europe. Les sorciers noirs n’ont pas de raison de s’occuper l’esprit sur le reste. Après, étant devenu extérieur à tout ceci, je dois davantage compter sur mes connaissances du milieu pour comprendre un fait masqué par les maquilleurs. Il se peut donc que je n’ai pas eu vent de toutes les attaques sur mon territoire. Toujours est-il que je ne ressens pas les effets directs de la guerre.
- Ils sont mignons, tes enfants.
Mes sourcils se joignent presque à cette réponse. Mes deux mains protectrices viennent passer mes enfants derrière moi. Si le premier de deux vient se réfugier entre mes jambes, la deuxième lutte pour me passer devant. Aussi je l’attrape par la main pour ne pas la laisser approcher du blond. Elle n’a strictement aucune chance contre lui et même si son extraversion a déjà su la sauver en de nombreuses occasions, elle risque de faire face à plus fort qu’elle.
- Tu pourrais juste régler tes affaires une fois pour toute en Angleterre. Tout refuser en bloc, dire aux concernés que tu ne reviendras pas. Que tu ne veux pas revenir, que tu ne veux pas les revoir.
N’est-ce pas ce que je m’évertue à faire ? Dis Ian, tu crois que je balance des mots comme ça pour le plaisir de m’entendre parler ? Que ce soit une lettre, un émissaire, que sais-je, ça n’y change rien. Faudrait-il marteler encore davantage le pieu déjà enfoncé pour qu’il me crache à la figure et qu’Orpheo me raye des effectifs ? Ce sont des choses que j’ai appris à taire depuis mon retour mais nul doute que les phrases blessantes font encore partie de mes capacités. Rien n’y fait. Même penser rationnellement me pousse à rester à ma place. A mon poste actuel. A quoi bon retourner auprès d’eux ? Un homme ne fera pas changer une guerre. Autant recruter les jeunes, ceux qui le souhaitent vraiment. Si la guerre doit être perdue, elle le sera. Et si nous devons mourir, alors nous mourrons. Mais parce que l’homme courre après chaque seconde de vie supplémentaire, alors il est théoriquement plus sécurisant de rester en dehors de tout conflit. Alors, phrase cinglante ou non ?
- J’crois qu’il y a certaines choses qu’on a besoin de s’entendre dire en face.
Je souffle d’un air exaspéré et détourne un instant la tête avant de me recentrer sur son regard. Cherche-t-il à me culpabiliser ? À me faire croire que les choses peuvent changer ? Je suis PDG et commerçant, Ian, c’est mon boulot d’avoir l’air convaincu et convaincant à l’oral. Tu m’as surpris en apparaissant de nulle part mais si tu veux me voir prononcer un certain nombre de mots pour te convaincre de l’inutilité de ta mission, soit. Autant te libérer de ta position le plus rapidement possible.
-Je pensais avoir réglé mes affaires au moment où ma lettre de démission est tombée dans la boîte postale. Y’aurait-il fallu que je signe avec mon sang pour être pris au sérieux ?
Ça m’agace. Cette situation m’agace, Ayumi m’agace à agir contre ma volonté, mes runes m’agacent à cesser de fonctionner les unes après les autres, Ian m’agace à se pavaner comme s’il était là dans son bon droit. Et le léopard, là, emplissant mon être de sa présence, paradoxalement tapi dans l’ombre avec l’attente patiente de son évasion. Je n’en peux plus. Mes yeux tournent à droite, à gauche, évaluent le terrain. Il y a quelques familles au loin qui viennent vers nous mais nous sommes relativement cachés par un bosquet d’arbres, un peu comme l’aire de jeu. Tant pis, l’énergie drainée par Ayumi est trop puissante. Me saisissant brusquement de sa jolie cape, je la lui retire et prend son désormais grand corps dans mes bras avant de stopper brutalement l’apport de magie à sa rune. Ses bijoux, sa jolie robe, le tout éclate et sa forme de bébé léopard des neiges émerge d’un seul coup. Elle devient d’autant plus forte mais pour moi le choix est vite fait. Mieux vaut avoir l’air louche avec une petite fille à moitié nue que deux léopards en liberté. Je retiens comme je peux le besoin doublement paternel de protéger ma fille, gardant le dessus humain par la seule présence de Mitsuo dans l’équation. C’est comme ça que ça va se jouer maintenant. 1-0 je gagne, 0-1 je mute. Chaque élément du décor est un argument en ma faveur. Temporaire. Il n’est plus question de gagner du temps, il est question de l’occuper autrement. Ma seconde langue non maternelle vient frapper contre mon palet avec rage et désespoir, pour atteindre rapidement sa cible.
-Tu as raison, Ian. Je ne veux plus les revoir, vous revoir. Jamais plus entendre parler d’Orpheo, des sorciers, de l’orphelinat. Plus rien.
Si tu dois faire quelque chose, fais-le maintenant. Saute-moi dessus ou crache-moi au visage si ça te chante mais agis, toi qui sait si bien le faire.
-Et si mon départ était à refaire, je le referais, parce que ma famille n’est pas Orpheo.
Prends ces mensonges et mâche-les jusqu’à ce qu’ils te semblent véritables.
-… Ni même l'orphelinat.
Oblige-moi à prononcer des phrases que je ne pense pas.
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Dim 10 Fév 2019 - 19:24
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Unbreak the broken time.
L’exaspération me prend la gorge, sature mes sens quelques secondes. Ren aurait été influence qu’il ne s’y serait pas pris autrement et je me retiens de reculer un pas. Je n’ai plus dix ans, je n’ai plus peur des émotions des autres. Elles ne sont pas miennes, elles sont autres.
Elles sont autres.
- Je pensais avoir réglé mes affaires au moment où ma lettre de démission est tombée dans la boîte postale. Y’aurait-il fallu que je signe avec mon sang pour être pris au sérieux ?
Je détourne un peu le regard ; il est si différent que je n’ai aucune prise, rien à quoi me raccrocher. Est-il seulement encore un peu humain ? Sûrement. Ses émotions le montrent non ? Mais si je sens la peur enrober son coeur je sais aussi l’acidité, Ren acerbe qui pense que j’ai tord, tellement tord que ça se tortille en lui ; il pourrait me dire « mais casse-toi Ian putain de tes morts » que ça n’aurait pas plus de sens.
Il attrape sa fille et la laisse muter. Elle est comme lui mais j’espère qu’il n’est pas en train de briser sa famille - bien sûr qu’il est en train de le faire. Je le sais et je le sens, petite fille déjà aventureuse mais frustrée. Elle sait que quelque chose cloche - je ne parle pas de moi, je parle bien de son père - non ? Je sens cette incompréhension comme un cailloux dans sa chaussure.
Sa rage me percute avant même ses mots. C’est trop fort, trop étouffant pour que j’entende quoi que ce soit d’autre. Il est en colère, ses nerfs sont électriques et je me prends tout dans la gueule :
- Tu as raison, Ian.
J’en ferme les yeux de douleur.
- Je ne veux plus les revoir, vous revoir. Jamais plus entendre parler d’Orpheo, des sorciers, de l’orphelinat. Plus rien.
Je presse mes doigts dans ma brûlure. Moi. Je suis moi, je ne suis pas en colère moi, je n’ai pas mal moi, je suis moi et je dois ramener Ren, je ramènerai Ren car je suis un bon soldat.
-Et si mon départ était à refaire, je le referais, parce que ma famille n’est pas Orpheo.
Je cligne des yeux.
-… Ni même l’orphelinat.
Le vent est glacial sur ma peau nue, cheveux blonds balayés par l’air japonais. Je ne sais pas si nous sommes observés, si j’ai l’air bizarre, si j’ai perdu de ma superbe, si j’ai encore envie de ramener ce gars là sur mon sol à moi, mon chez moi, ma terre où on se bat. Je ne pense pas. Mais j’ai besoin qu’il rentre parce qu’on me l’a demandé, parce que c’était important pour d’autres, tellement important que j’suis ici et, vous voyez, on m’a juste demandé de le ramener. Pourquoi est-ce que j’me prends ça dans les dents ?
Mon menton tremble de contrariété, l’enfant en moi est touché.
Coulé.
Mais tant pis. Si l’enfant n’est plus là, il ne reste que le moi de maintenant. Lourd, dessiné, déterminé.
Oh ce que j'aimerais partir. Dire, okay. Okay restes-là et restes-y bien.
Je baisse les yeux, lui offre un sourire peiné puis serein. La ligne de mes épaules s'affaisse : je sais que j'ai perdu. Je sais que tu le vois, tant pis. Tant pis si j'y ai cru, tant pis si je suis déçu. Ça ne change rien.
- D’accord.
Au fond, ça ne change rien. Je n’étais pas là pour des raisons personnelles. Je crois. Je hausse les épaules et me concentre sur les enfants, je laisse leur sentiments rentrer un peu en moi - j’me doute qu’il sait ce que je fais - et attrape ses morceaux d’enfance. Les adultes se trompent, ils sont plus complexes que ce qu’ils pensent.
- Je n’ai pas d’obligation sur l’état dans lequel je te ramène.
Je passe une main moite dans mes cheveux. Je n’aime pas ce que je raconte et j’ai envie de rentrer chez moi pour process ce qu’il vient de lâcher. J’ai envie de dire à Autumn est-ce que tu te rappelles quand je te disais que les pierres étaient comme des pierres dans mon coeur et ses sourcils se seraient relevés, un oui à demi mot et bien, parce que je crois qu’ils restent là pour toujours, je ne sais pas évacuer ces cailloux je sais juste les réduire en poussière, et est-ce que la poussière tu peux pas la balayer Ian et je dirais non, ou alors souffler dessus ? mais non plus.
Les mots sont comme les pierres dans mon coeur. Ren m’enterre. Je gronde.
- Tu n’es pas armé, tu as tes deux enfants et ta bête à gérer. Tu penses quoi ?
Tête baissé légèrement et yeux relevés.
- Tu penses que je vais hésiter à blesser quelqu’un qui n’est pas de famille ?
J’écarte les bras.
- Tu penses que je vais hésiter à blesser qui que ce soit ?
Ma voix est basse et vibre d’une menace enfin dévoilée. Je mute panthère et glisse silencieusement autour d’eux. Paws on the soft ground. Je passe ma langue sur les crocs. Souple et lourd à la fois, est-ce que tu te souviens Ren ? Est-ce que tu t’en souviens ? Je redeviens un humain aux mains sales.
- Une rune de parole ou mes crocs dans les gens.
Mon accent british déforme presque la phrase ; rien d’américain ici ou de neutre. Purement moi et ma conscience qui ne fait plus la différence entre les gentils et les méchants depuis longtemps. Du sang reste du sang. L’utile de l’inutile ça se dissocie par contre. Tu retournes sur le sol anglais une dernière fois Ren, crois-moi.
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Dim 10 Fév 2019 - 20:55
"Ne réveille pas le loup qui dort"
Vivre en restant caché ou rester cacher pour vivre ? Pour moi c'est sensiblement la même chose, une routine au jour le jour où chaque micro stress peut impliquer de lourdes conséquences. On s'y fait.
« La vie n’est pas un long chemin rectiligne, C’est un ensemble de boucles dont on cherche constamment à s’échapper. »
Les mots me manquent. Je n’ai pas cligné des yeux en proférant mes insultes, en brisant tout ce qu’il avait bien pu penser de moi en bien. J’ai vu ses épaules s’affaisser, son regard changer. Nul besoin d’être empathe pour savoir quand les mots touchent l’autre. Brusquement, violemment. Injustement.
Non, je n’ai plus les mots et j’espère sincèrement qu’il aura décidé de lâcher l’affaire, car mentir sur des relations véritables sont radicalement différentes d’une vente de produit. C’est modeler un passé et obscurcir un futur. S’enfoncer dans le double mensonge d’être un simple humain et de détester sa famille d’adoption. J’ai néanmoins choisi cette vie et il n’est plus temps de revenir sur mes décisions. Qui accepterait d’offrir le pardon à un homme capable de proférer sans ciller ce genre d’atrocité ?
Il sourit à moitié et je devine sa tristesse au travers.
- D’accord.
Je cligne frénétiquement des yeux. Ce n’est pas la réponse que j’attendais. Où est passé le Ian qui réagit presque au quart de tour ? Si toute cette discussion ne s’était pas étalée au point de modifier les aspects de nos passés respectifs, je lui aurais certainement lâché un « Tu as bien changé » plein d’amusement et de nostalgie. Mais je ne peux pas. Alors, je secoue légèrement la tête, préparé à la tournure évidente de cette histoire. Il fixe mes enfants et je le laisse faire. Qu’il aille chercher ce qu’il souhaite, qu’il se complaise à croire ce qu’il veut, qu’il me transforme en ce qui l’arrange. Plus rien n’a de logique depuis qu’il s’est montré.
- Je n’ai pas d’obligation sur l’état dans lequel je te ramène.
Je ferme les yeux et inspire profondément. Mon cœur tambourine à mes tempes, boum boum boum. Je sens se dessiner le futur sans une once d’hésitation. Ça me dépasse. Je ne me suis pas battu depuis des années. Je ne porte plus d’arme sur moi depuis plus de deux ans. Je suis extérieur à tout ceci, à toute cette barbarie sans nom qui, pour un non, se sent prêt à attaquer. Mais je l’ai cherché. J’ai espéré au fin fond de moi qu’il soit suffisamment dégoûté pour faire demi-tour, mais j’ai simplement occulté le peu d’humanité qu’il gardait pour moi. Je lâche un rire entre deux respirations.
- Tu n’es pas armé, tu as tes deux enfants et ta bête à gérer. Tu penses quoi ?
J’en pense que cette histoire va très mal finir, très rapidement. Sans cesser de l’entendre parler, contrôlant ma respiration à mesure qu’elle se mêle à une autre plus acharnée, je m’accroupis pour déposer Ayumi sur le sol, passe une main dans les cheveux de Mitsuo, libère deux mots à destination de ma fille bien plus à l’aise sous sa forme de léopard.
- Tu penses que je vais hésiter à blesser quelqu’un qui n’est pas de famille ?
Je pense que tu cherches les ennuis.
- Tu penses que je vais hésiter à blesser qui que ce soit ?
J’en suis certain. Tu ne blesseras pas d'innocents. Il mute de nouveau et le rugissement violent de ma panthère me siphonne les tympans. Il redevient humain et je reprends un minimum de contenance. Mitsuo passe ses mains dans la fourrure d’Ayumi et les deux s’éloignent. Tant pis. Franchement, tant pis. Puisqu’il n’a pas l’air de comprendre la dangerosité de la chose, qu’il en soit ainsi. Quand il devrait gérer la fureur d’un animal sauvage avec ses pensées d’humains, il comprendra peut-être quelque chose.
- Une rune de parole ou mes crocs dans les gens.
Je retire calmement – ou en tout cas avec l’air d’être calme – mes lentilles de couleur en les laissant tomber par terre. Mieux vaut éviter de me perforer les globes au cas où l’autre soit dérangé par cette invention humaine.
-Je pense qu’en l’état actuel, de nous deux c’est moi qui blesserai le plus de gens. Voyons voir qui d’Orpheo ou de mes proches arriveront le plus vite. Sauf si bien sûr tu parviens à gérer la chose toi même.
Je saisis le téléphone dans ma poche et appuie sur le numéro d’urgence avant de retirer ma veste et la jeter au loin. Je doute sincèrement de mes capacités à pouvoir muter en autre chose qu’un léopard, aussi autant limiter la casse un maximum. J’ai l’impression d’étouffer, d’être saisi à la gorge et plongé dans un bassin où l’on m’incite à me noyer. Est-ce qu’il a vécu ça, mon léopard ? Est-ce qu’il se noie depuis plus d’un an comme ça ?
Je pèse encore le pour et le contre. La rune de parole ? Il n’y a rien qui puisse la briser, surtout lorsqu’elle est formulée par le propriétaire de la rune. Laisser sortir mon animal et risquer de provoquer la venue d’Orpheo ? Bah, il y aura toujours des maquilleurs pour gérer les aléas de la dispute. Et puis, aux yeux des autres, à mes yeux, je resterai neutre. « Je suis allé parce que j’y ai été forcé ». Avec un peu de chance, mon père sera le premier à rappliquer et je m’en sortirai indemne.
J’ai théoriquement plus de chances de m’en sortir en mutant qu’en agissant correctement. Soit. J’ignore les tambourinements intempestifs. Je suis calme. Calme comme jamais. Un calme qui annonce une tempête centennale dans mon corps. Des transformations qui n’ont pas eu lieu depuis des années. J’ai peur, tellement peur. Et si mon corps ne tenait pas ? Et si je refusais de redevenir humain ? Et si les humains m’attrapaient avant les autres, d’une belle balle dans la tête ? J’avale ma salive. J’ai l’amertume sur le bord de la langue :
-Ne t’épuises pas à avoir l’air d’un méchant, Ian.
J’ignore d’où me vient ma brusque confiance en moi alors que je tremblais de peur la seconde d’avant. La sensation d’être plus fort, peut-être ? De pouvoir me mesurer physiquement à un de mes anciens élèves ? Et après ?
Et après plus rien. La main me tire vers le fond du bassin et je ferme brutalement les yeux pour me cacher.
Elle s’exprime. Mes runes cèdent d’un coup et mes vêtements se déchirent, morceaux de pièces étalés au sol. Et là, au milieu, le lourd léopard au poil luisant et aux canines dévoilées. Le regard animal posé sur l’humain face à lui avec une intention non filtrée. Une intention dévoilée qui se traduit par une brutale impulsion des pattes arrières vers sa cible, griffes dévoilées.
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Dim 10 Fév 2019 - 23:07
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Voilà. La marée monte et je sais que j’ai à la fois gagné et perdu. Il retire ses lentilles mais j’entends son coeur qui bat à ses oreilles, sur ses poignets, à l’intérieur de ses cuisses. Si j’étais un vampire, j’aurais sûrement atrocement faim, ne me vient pourtant qu’une nausée qui me fait entr’ouvrir la bouche tellement la sensation d’étouffement est présente.
-Je pense qu’en l’état actuel, de nous deux c’est moi qui blesserai le plus de gens. Voyons voir qui d’Oprheo ou de mes proches arriveront le plus vite. Sauf si bien sûr tu parviens à gérer la chose toi même.
J’attends. Réellement, j’attends, je me recentre et patiente avec politesse. J’aurais pu lui bondir dessus mais soyons gentlement par ici. Il sera sûrement submergé et incapable de réfléchir. Plus animal que moi. Je ne connais pas ses autres formes mais j’espère avoir sa panthère duveteuse. On joue sur le même niveau bien que je sois plus lourd, plus jeune, plus entraîné. Alors j’attends. J’attends et il prend des milliards d’années, son coeur bat comme le mien maintenant et je ne fais plus la différence. Il a peur. J’attends toujours.
- Ne t’épuises pas à avoir l’air de méchant, Ian.
Comment j’ai envie de le gifler. Ne t’épuises pas à avoir l’air d’un enculé, Ren. Oh wait ! C’est naturel chez toi.
Je jette un coup d’oeil anxieux vers les limites du parc.
Proches.
Roh, comment j’vais me faire déchirer par Orpheo après cette mission !
Avant même que ses vêtements se déchirent, à l’instant parfait où ses yeux se révulsent je détale. Savez-vous que le loup est un des animaux les plus endurants du monde ? Taillés pour courir, inépuisables, de remarquables sprinteurs. Je ne sais pas ce que la panthère va garder en tête une fois sortie, si elle aura vite conscience ou pas. Après des années d’enfermement, il m’est d’avis que ça risque d’être trop immersif pour qu’il s’en sorte. Les odeurs, les bruits surtout, les voitures et les cris.
Je ne table absolument pas sur un combat et je détale aussi vite que mon loup le permet. Mais mon loup me permet tout, toujours. Je rattrape son gosse-humain et son gosse pas humain en quelques bonds, mute en panthère, fais rouler le léopard dans la poussière, redeviens loup et me rapproche de l'humain, l’attrape par les fringues et accélère.
On bondit sur peut être vingt mètres - juste de quoi atteindre l’autre côté du parc.
Okay, je n’ai aucune idée précise de ce que je suis censée faire. Je redeviens humain et attrape le petit dans mes bras - qui est un peu lourd - et me regarde, sidéré, incapable de vraiment réagir. Genre on dirait un hibou muet, bouche ouverte, les poings serrés sur mes bandes mais sans que cela ne soit intentionnel.
Désolé. T’auras quelques années de thérapie avec un psy pour régler ça.
Bon. Voiture de location. De l’autre côté du parc. Taxi ? Je suis à moitié nu. Personne ne s’arrêtera, je suis déjà un scandal dans la rue. Les policiers japonais ne sont pas armés si ?
Je coupe mon don, je pige rien, trop de monde est choqué. Je cours pieds-nu sur le bitume (aucune idée de où est le enfant léopard) rentre dans la boutique d’en face (librairie) et lâche l’enfant en m’adossant devant la porte.
Je fais quoi ? Ah ben ça y est, ça pleure. Fort fort fort. Le bouquiniste me regarde absolument terrorisé, lève les mains, dit des trucs, je dis :
- Il faut partir.
Il lève les mains encore et encore et en restant face à moi traverse sa boutique et sort par la porte arrière. Je tourne le verrou de la boutique. L’enfant pleure fort.
Je mute en loutre. Mmmmmais c’est mignon une loutre non ? Visiblement pas, ça braille fort fort fort. Mmmmh putain c’est la merde un peu je voulais pas faire ça mais contre une bête qui bave tellement elle a souffert, je pense pas faire le poids. Je sais pas, j’aurais dû, je pousse une banque de livres devant la porte (je pense pas qu’un félin puisse casser une vitre si ?) et m’assois en tailleurs à côté du enfant.
- Ça va aller, promis. C’était pas pour te faire peur.
Il dit un truc en japonais. Shit. Il repleure. Shit. Ça a même pas appris à ses gosses l’anglais ? Shit.
- Désolé.
Quand même, sorry, tu dois piger non ? Il se remet à me fixer de ses yeux tout rond, j’aimerais bien ronronner sur ses genoux en miaulant, mais déjà, j’en peux plus, ensuite il aura sûrement peur, ensuite y’a des chances que je rate et que je le piétine sous forme équine. Je sors le téléphone pressé sur mon coeur et envoie un signal d’alerte à Orpheo. Pas alerte rouge mais alerte « bon les gars, ça s’est pas HYPER passé comme prévu. »
J'halète sur le sol et frissonne de froid. Fiévreux. Comment j'ai trop forcé.
Venez me chercher putain. Je rééssaierais demain.
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Lun 11 Fév 2019 - 22:31
"Ne réveille pas le loup qui dort"
Vivre en restant caché ou rester cacher pour vivre ? Pour moi c'est sensiblement la même chose, une routine au jour le jour où chaque micro stress peut impliquer de lourdes conséquences. On s'y fait.
« Efface tout Repart sur le bon pied. »
J’aurais pensé que la transformation m’aurait plongé dans un coma artificiel, une brume épaisse et suffocante. J’aurais pensé devenir spectateur de ma propre vie, assis sur une chaise de velours, les yeux fixés sur l’écran géant.
C’est en réalité un cinéma 4D, avec des sensations et des sièges mobiles. Lorsque le poids de l’autre panthère me tombe dessus, que les deux bestiaux roulent sur quelques mètres, mes naseaux hument la poussière, ma peau glisse sur l’irrégularité des graviers et je cherche des points d’encrage à mes griffes. Non, à vrai dire ce n’est pas un cinéma. Je vois simplement des couleurs : rouge, noir, puis blanc, rose, fuschia, doré, vert. Les couleurs se succèdent en une panoplie d’émotions sans me laisser le temps de comprendre, d’analyser. J’ai les sensations qui me situent à peu près dans mon environnement. Graviers, graviers, gazon. Rouge, bleu, noir, noir. Est-ce qu’il est furieux ?
J’ai la gueule qui s’ouvre sur une boule poilue, ma langue rétractée et la prise juste assez forte pour ne pas blesser. Un poids sur l’avant lorsque je relève la tête. Les oreilles qui écoutent les gémissements félins tout proche et les cris lointains. Noir, noir, vert, bleu, doré. Ça n’a aucun sens.
Les battements de cœur ralentissent un peu plus et la pointe d’une feuille passe sur le duvet de mon oreille. Une seconde, une troisième, sur tout mon corps. Je suis parti me cacher ? Vert, orange, noir, orange. Il tourne frénétiquement la tête, je sens le vent sur mon visage. Je vois passer en avant-plan, devant l’enchaînement de couleur incessant, un fil doré dont le contact électrifiant me fait immédiatement regretter mon geste. J’entends le léopard grogner, menace directement dirigée vers moi. Il passe nerveusement sa langue sur la boule de poil à ses pieds, trop tétanisée pour bouger peut-être. Il doit très certainement s’agir d’Ayumi.
Il grogne de nouveau. Recule. Vert, vert, vert ,vert. Qu’est-ce que ça signifie ?! La tension monte d’un cran jusqu’à ce qu’il se décide à rugir. Des bruits, des bruits de cris proches. Trop proches. Combien y’a-t-il de personnes ? Mais il y a autre chose, saleté de peluche, il y a autre chose. Ecoute-moi quand je te parle.
Il n’y a pas de nous, il n’y a jamais eu « nous », il y a toujours eu « je ». Alors furieux, peureux, complètement déboussolé, sauvage et tout le reste, je m’en fiche. S’il y a une chose à retenir, c’est qu’il n’y a pas lieu de se dissocier et que je ne suis pas dans le bon milieu au bon moment avec la bonne forme. Qu’il est paradoxalement hors de question de reprendre forme humaine maintenant. Il rugit une nouvelle fois. Blanc, blanc, vert, noir.
La dernière fois, j’ai pu bénéficier des conditions optimales, me perdre dans des montagnes, me perdre sans peur pendant plusieurs jours. Mais c’est d’un esprit d’humain dont j’ai besoin maintenant, tout de suite, pas d’une bête blessée d’avoir été muselée. On règlera ça, j’arrêterai de me voiler la face, je m’offrirais une autre vie. J’ai compris, on peut y aller.
Le fil doré passe de nouveau en avant-plan et c’est une décharge mille fois plus puissante qui me rabat trois sièges en arrière. L’animal bondit en avant et je songe aux conséquences.
NON !!
Mais il se fiche de ce que je pense, il se fiche du « nous » qui n’existe pas. Cette saloperie d’animal n’a pas les yeux en face des trous et de la cire dans les oreilles. Ma colère se mêle à la sienne, décuple la mienne et multiplie la sienne au centuple. S’il tombe sur des humains et leur fait du mal… Le goût du fer investit ma bouche et un frisson horrible et morbide parcoure mon échine, ma colonne, peu importe. Les sentiments ne sont plus dissociés et le lien doré réapparaît.
Je recule pas à pas de mon allure de quadrupède, j’entends des hurlements et je ne sais pas, je refuse de savoir ce qu’il s’est passé et d’où vient ce goût amer. Mitsuo. MITSUO ! Je fais demi-tour, me base uniquement sur mon flair pour récupérer Ayumi dans ma bouche et effectue une puissante foulée pour me propulser en avant. La trace du loup est encore fraîche et j’élimine toutes les odeurs parasites. Il reprend immédiatement la main à l’instant où la piste s’arrête aux barrières du parc. Je ne peux pas rester aussi instinctif, je vais me faire rouler dessus en quelques secondes si je sors d’ici sans savoir à quoi m’attendre. Ian, où que tu sois, je te jure que tu vas passer un sale quart d’heure.
La piste reprend sur sa forme humaine, quelque chose de magique, une odeur particulière. Orange, bleu. C’est mon fils que tu dois trouver, rien d’autre. Pas d’émotion intempestive, seulement un but, c’est comme ça que je fonctionne. Il s’élance et je serre les dents, tente de repérer mon chemin par les seules voies qui me sont libres d’accès, les odeurs, les frottements de l’air, le bruit. Il y a cette publicité qui tournait en boucle. Je reconnais la rue. A droite, à gauche, tout droit. Peu importe les cris, de toute manière c’est fait, Ian n’avait qu’à rester à son point de départ pour éviter de donner davantage de travail à ses collègues.
La piste s’arrête mais ça ne me satisfait pas. Pas du tout, j’ignore pourquoi. Jaune, jaune, jaune. La queue se balance de droite à gauche et le corps tourne en rond. Il y a toujours des cris, parallèlement un silence de plomb, des voitures qui s’arrêtent, des warnings qui s’allument. A l’instant même où l’esprit pourtant simplet du léopard passe au travers du mien, je ressens un haut le cœur indéfinissable et un « non, non, non, non, non… » tourne en boucle dans ma tête, hurlé dans mes tympans pour ordonner à l’animal de stopper ses conneries une fois pour toute. Ayumi est lâchée et mon corps gagne plusieurs vingtaines de centimètres au garot. Okapi me voici. Okapi sans volonté menacé par deux entités destinées au même objectif, retrouver le gosse paumé à l’intérieur. Se cabrant, il envoie valdinguer les carreaux et reprend immédiatement sa forme de léopard. J’ai pour ma part l’impression d’avoir reçu une dose d’héroïne pure. Non pas que j’ai déjà testé, mais je pense que ça s’en approche.
J’ai envie de vomir et c’est ma forme qui s’en charge pour moi. Ça hurle dehors, comme jamais. Je n’ai heureusement pas la forme suffisante pour songer à la merde dans lequel je me suis plus ou moins volontairement embourbé et je ne discerne de toute façon plus grand-chose. Une chose reste pourtant assurée. Si je suis au bout de mes forces, pourquoi diable ne suis-je pas sous forme humaine ? Non pas que cela me dérange, actuellement j’aimerais garder un maximum l’anonymat, au cas où les maquilleurs agissent mal. Sait-on jamais. La forme animale est de nouveau dans ma bouche et le saut dans la boutique effectué.
Je grogne visiblement fort mais l’odeur de Mitsuo me fait émerger. Sa peur me passe au travers et je me surprends à croire que j’en suis peut-être un peu la cause. Rendez-moi mon fils. Rendez-le-moi. Rendez-moi ma vie, mes habitudes, ma routine, mon confort. Rendez-moi mon identité.
La sirène de la police résonne au loin. Dorée. Tout devient doré. Apaisant.
-J’espère qu’ils ne vont pas tarder.
Cette voix rauque me procure un frisson de plaisir et de bonheur de la bouche du félidé. Je sais que tout est loin d’être fini, que l’épuisement est la seule chose qui me fasse actuellement reprendre le dessus sur la situation. Je me traîne sur quelque pas, en arrière-boutique, lourd, lâche le bébé panthère à mi-chemin et m’adosse à une étagère en reprenant forme humaine. Les yeux clos. Le cœur au bord des lèvres. Nu et honteux, silencieux, priant pour voir arriver une voiture familière mais persuadé d’en reconnaître une tout autre.
Laissez-moi vous dire que la téléportation ne fait toujours pas partie de mes priorités.
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Dernière édition par Ren Takahata le Mar 12 Fév 2019 - 20:14, édité 1 fois
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Mar 12 Fév 2019 - 14:23
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Unbreak the broken time.
Bon, on va se pas se mentir, c’est la merde - j’ai merdé - et Orpheo va sûrement me tomber dessus. Dommage pour eux que les rangs aient trop réduis pendant la guerre pour me mettre à pieds, mais dommage pour moi de ne pas avoir su gérer ça. D’un autre côté, s’ils avaient voulus de la diplomatie, pourquoi diable m’auraient-ils envoyés ?
Je pose ma respiration et contraint mon coeur à cesser de battre à mes oreilles. J’attends sans cesser d’essayer d’occuper le petit garçon. Je n’ai pas - et n’aurais peut être jamais - le talent de ne faire muter qu’une partie de mon corps et je me fie uniquement à mon don pour essayer de le faire un peu sourire ou du moins, qu’il arrête de pleurer. Je ne résiste pas de devenir chat quelques secondes, complètement extérieur à ma propre mission. Il n’ose pas s’approcher pour autant, mais on est descendu de plusieurs étages dans la terreur. Mais le temps nous est compté et, si l’enfant reste patient, je sais que Ren est derrière. Je sens un brouillon d’émotions qui court, comme un ballon gigantestque qui nous arriverait dessus. J’ai envie de grogner sourdement mais la gorge humaine est trop mal faite pour cela, on ne peut que moduler des mots et peu de sons.
Les carreaux éclatent avec un bruit mat - pas très félin - et petit mioche se remet à pleurer. La babysitting que je fais a envie de s’arracher les cheveux. Soit muet, s’il te plaît, petit tas. J’attrape l’enfant dans les bras quand la panthère saute à travers les débris. Je ne sais pas s’il pourrait croquer son propre enfant mais je n’ai absolument pas confiance. J’enfonce mes mains dans les bras potelés, saturé par la peur et l’incompréhension.
Et oui, ça, c’est Papa.
- J’espère qu’ils ne vont pas tarder.
Je ne capte qu’à ce moment des bruits de sirènes et, même si je ne suis pas vraiment le délinquant de l’histoire, je sais que je vais fuir. Je ne resterais pas avec un félin qui parle, déjà, pour la forme, et ensuite je risque de passer des heures en cellule avant l’arrivée d’Orpheo.
On a foutu le bordel. En cinq secondes, tout a dérapé, c’est fou.
Il reste toujours un bébé chat en liberté (dieu que c’est mignon, poilu, touffu, immense queue absurde) mais je doute que ces tout petit crocs ne puisse me traverser avec haine ou violence. Le bébé chat à l’air perdu en plus.
Ren également. J’ai envie de faire coucou de la main pour voir s’il réagit mais les sirènes me tendant à mort. J’ai envie de déguerpir mais j’attends encore.
Il redevient humain, je recule en fond de boutique avec le petiot qui tend les bras. Non, je ne te rendrais pas à Papa. Oui, tu es tout mou et tout potelé et tout mignon, non, ça ne m’empêchera pas de faire du chantage grâce à toi.
Je me pose en face de Ren, nu, vieux.
Enfin non, il est pas vieux, mais il est vieux quand même, fatigué, lasse - j’espère qu’il n’a tué personne.
Je fais sautiller le petit gars sur mes genou. Il ne dit rien, pas un mot, mais il n’a plus l’air d’avoir peur. Victoire suffisante. Il ne pleure pas, ne chouine pas, attend. J’ai pas l’air de tant lui déplaire, si ? Peut être que je ne suis juste pas habitué à ses émotions, que normalement il est toujours archi heureux et que le doute et l’indécision que je ressens là, c’est super négatif. Aucune idée. Ren sent l’acidité et la défaite. Un peu. J’abuse mais quand même. Je crois que je pourrais graver moi même une rune dans son bras sans lui demander son avis. Peut être que ça va contre le principe même de rune mais hein, je suis pas très très calé dans ces délires d’écritures cheloues, et magiques, et mortelles.
Donc bon.
- Une rune, et je disparais seul, pas de rune, et je disparais avec ton gosse.
Après, autant je m’habitue à lui, je lui apprends l’anglais, j’oublie que de base c’est pas le mien et hop, je le ramène à Autumn.
- La proposition expire dans pas très très longtemps.
Je suis sûre que je peux atteindre assez humainement la voiture de location mais après ça, en vrai, aucune idée de ce que je vais faire de l’enfant. Le refiler à Orpheo pour qu’ils le refilent à Ren, sûrement. Putain, je fais n’importe quoi.
Il tend à nouveau les bras vers son père et j’attrape ses petites mains dans les miennes, immenses. Allez, dis à Papa que y’en a marre et qu’il faut rabaisser son ego au bout d’un moment. Dis à Papa qu’il casse les couilles et que j’aimerais rentrer en Europe.
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Mar 12 Fév 2019 - 21:15
"Ne réveille pas le loup qui dort"
Vivre en restant caché ou rester cacher pour vivre ? Pour moi c'est sensiblement la même chose, une routine au jour le jour où chaque micro stress peut impliquer de lourdes conséquences. On s'y fait.
« Compte les feuilles d’automne Rassemblées autour de toi. »
J’ai envie de rire. Nerveusement très certainement. Il n’empêche que les sirènes à l’extérieur me paraissent tout à coup moins menaçantes, moins puissantes, moins proches. C’est comme si mes tympans sondaient l’intérieur d’une bouteille vide et profonde. Comme si l’on venait de me poser des bouchons sur les oreilles. Je suis terriblement fatiguée et me sent gelé et brûlant à la fois. Je rabats mes jambes sur moi comme un enfant, pour me cacher de moi, des autres, honteux d’apparaître à ce point à découvert.
Ian se pose face à moi et j’ai un instant l’impression de revenir des années en arrière. Ramener l’un ou l’autre des étudiants partis en vadrouille et ayant déclenché on ne sait quel merdier derrière lui. C’est moi l’étudiant aujourd’hui et lui l’adulte venu ramasser les morceaux. Ou presque. Je souffle.
Mitsuo tend ses bras vers moi et je l’observe un instant. Je pense à ce qui aurait pu arriver si Ian l’avait laissé près de moi. Peut-être n’était-il pas dans l’optique initiale de le protéger mais il est très probable que cela l’ait malgré tout sauvé. Qui sait ce dont j’aurais été capable à ce moment. Un éclair de lucidité après les faits. Il m’aura bien fallu goûter le sang pour reprendre un peu de contenance alors… Alors je frissonne de nouveau, passe la main devant ma bouche, inquiet. Puisque Ian ne semble pas me regarder fixement pour autre chose que sa mission, il est probable que je ne dégouline pas de sang. Quand bien même. Que s’est-il passé ? J’espère n’avoir blessé personne. L’optique de tuer n’est pas même supposée.
- Une rune, et je disparais seul, pas de rune, et je disparais avec ton gosse. -Tu es devenu téléporteur ? Félicitations.
Je laisse finalement échapper un rire discret, simple et spontané. Ai-je encore le choix ? J’ai raté, déclenché un pseudo drame – drame existentielle pour moi-même – et manqué de blesser des gens, mon entourage. Je suis actuellement nu, ma fille menace de me suivre d’un instant à l’autre, la police est devant la librairie, mon téléphone doit sonner dans le vide à l’heure qu’il est quelque part dans le parc et tu fais mine de prendre en otage mon fils qui a plus à gagner de s’éloigner de moi pour le moment. A-t-il conscience que tout cela est sa faute ? Sans doute, puisque c’est la raison de sa présence.
- La proposition expire dans pas très très longtemps.
Je murmure quelques mots réconfortants en japonais pour calmer Mitsuo, tandis qu’Ayumi vient se poser à mes côtés, petite boule de poil – et de nerfs – qui vient pénétrer la chair de ma cuisse avec ses griffes. La tête rejetée en arrière, les yeux de nouveaux fermés, je prends le temps de reprendre mon souffle, encore mal calé sur le rythme cardiaque humain.
-Il paraît que les léopards des neiges sont des félins très dociles.
Je respire de nouveau et recentre mon attention sur Ian. Je n’ai pas cette sensation de le voir sous un nouveau regard car il menace tout de même de me retirer mon enfant, néanmoins la menace me paraît moins violente, moins hostile. Son ton n’a pourtant pas changé et la fatigue joue certainement un rôle non négligeable dans l’histoire, mais c’est le ressenti que j’ai. Je prends le bébé léopard dans mes bras et la câline doucement, calant ma respiration aux battements de son cœur.
-Je ne te promets pas que ce sera mon cas si tu « disparais » d’un seul coup. Néanmoins…
Je sais m’avouer vaincu lorsque je le suis. Je sais aussi tirer l’épingle lorsqu’une grosse pelote me barre la route. Ian m’aura au moins fait ouvrir les eux sur quelque chose. Volontairement ou non, je serais toujours lié au monde de la magie. J’ai réussi à me voiler la face longtemps, trop longtemps. J’ai vu ce qu’il en retournait de m’opposer à ce point à ma nature, à me complaire dans mes craintes. La réponse est claire, j’ai besoin de relier avec ma forme fusionnelle.
Et pour cela, il n’y a pas des dizaines des solutions, il faut relier avec la magie. Un retour en Angleterre me permettra d’aller fouiller la banque de données et trouver des gens qui m’aideront, sans passer par Orpheo. L’organisation me fait toujours confiance, c’est le principal.
Alors, je tends mon bras, paume ouverte et demande :
-Donne-moi un marqueur, je ne suis pas néophyte au point d’oublier comment tracer une rune d’astreinte. J’émets juste une condition supplémentaire : Tu ne disparais pas tout seul. Tu nous fais tous disparaître.
Je souris. Je me sens revigoré même si je gis complètement par terre, dans mon sang, ma sueur, mes larmes et tout le reste. Je retrouve un semblant d’amusement à ma monotone vie et ça me fait penser à autre chose. Aux choses que j’ai pu manquer, bonnes comme mauvaises.
J’agite l’index avec rapidité pour l’inciter à se décider.
-La proposition expire dans peu de temps.
Haha. Ha. Ian, sérieusement.
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Mar 12 Fév 2019 - 21:47
Siffle le chat
Unbreak the broken time.
J’aimerais bien chanter une comptine mais je me rends compte que je n’en connais aucune. Des morceaux me reviennent, la jument et son petit poulain, une autre avec un bail de tortues qui courent pas vite, un Noël des chatons, un Noël des animaux qui auront tous un petit cadeau, et l’affreux souvenir d’une chanson où le chat finissait en chair à pâtée.
J’ai jamais compris cette passion qu’ont les adultes de vouloir faire chanter les enfants. C’est beau la musique, c’est beau, les choeurs. Non, c’est beau quelqu’un qui fait quelque chose avec envie. Bande de sales races.
- Tu es devenu téléporteur ? Félicitations.
Mais ferme ta gueule Ren. T’es pas vraiment en position de plaisanter. J’attrape les doigts de l’enfant, un par un en les secouant. Il est déjà trop vieux pour jouer à ça je crois mais il me sourit quand même. Je le sens toujours immensément paumé mais j’ai pas envie de le rassurer sur le sujet : il aura jamais de map de vie, surtout pas dans le monde de la magie. Une fois qu’on est paumés mon p’tit gars, on ne se retrouve jamais. N’est-ce pas Autumn ?
Je me mords la lèvre pendant que l’autre se permet de rire. Ouais ouais. J’ai le ventre encore vrillé de ce qu’il m’a dit droit dans les yeux, repoussant mes souvenirs de famille, les seuls que j’avais.
Est-ce qu’il sait ? Que moi j’avais pas d’parents, pas de frères et soeurs. Juste eux. Et que eux, ils avaient d’autres gens pour se poser. Et tout ce temps où j’ai cru avoir quelqu’un, en fait je n’avais personne. Il déforme mes souvenirs heureux - rares - et j’ai envie de me piler de drogues ce soir pour oublier.
D’allumer un joint avec Carla dans Little Angleton ravagé. Mais tu ne sais pas ça Ren, tu ne sais pas ça.
Il parle japonais et caresse sa fille.
- Il paraît que les léopards des neiges sont des félins très dociles.
Ses yeux me brossent à nouveau mais je n’ai que faire de ces mots.
- Je ne te promets pas que ce sera mon cas si tu disparais d’un seul coup. Néanmoins..
Je hausse un sourcil. Il est en train de céder mais n’arrive pas à se résoudre à le faire sans vagues, sans accros. Dis que t’avais tord aussi, dis-le s’il te plaît, dis que c’est ma faute mais que t’aurais pas dû parler. Je dégouline d’espoir, j’me fais pitié. Je sens le ptit machin s’agiter sur moi.
Tu serais pas empathe par hasard petit gars ?
- Donne moi un marqueur, je ne suis pas néophyte au point d’oublier comment tracer une rune d’astreinte. J’émets juste une condition supplémentaire : tu ne disparais pas tout seul. Tu nous fais tous disparaître.
Il sourit, posé nu.
- La proposition expire dans peu de temps.
Ouah ! Mec. Sérieusement ? On plaisante là ? Je réajuste le gosse sur moi sans le lâcher - il tient chaud, haha - et attrape donc un marqueur dans un des tiroirs.
- D’accord.
Je lui lance le marqueur en question et retourne m’asseoir en tailleur. Je sais que la police est là et peut être qu’elle est en train de faire le tour du bâtiment - j’ai l’impression qu’ils attendent des autorisations surtout, ils ont l’air mou du genoux et pas pressés.
A l’instant où Ren a terminé, je l’attrape par l’épaule et le relève d’un coup net.
- Tu devrais redevenir panthère.
Je ne vérifie pas qu’il me suit, je ne vérifie pas de l’état de sa fille, je garde monsieur l’enfant dans mes bras en essayant de ne pas le serrer trop fort. Je me jette dans la porte arrière. « Je ne veux plus les revoir » je passe l’angle de la rue sur mes deux jambes mais j’ai déjà envie de muter. L’air glacial me cingle le corps. « vous revoir » j’entends encore les sirènes mais je sais qu’il n’y a personne de ce côté. « Si mon départ était à refaire, je le referais » je pose Mitsuo au sol et le regarde droit dans les yeux « parce que ma famille n’est pas Orpheo » mes mains viennent sur ses épaules « ni même l’orphelinat »
Je m’excuse à voix basse en envoyant autant d’apaisement que je peux.
Je suis désolé petit gars, tu mérites pas ça.
J’extirpe les clés de ma caisse de mes bandes de métamorphe. Mes dents sont tellement serrées que je crois que ma mâchoire va éclater sous la pression. J’en tremble de rage, c’est dire.
Je me retourne et plaque les clés contre le torse de Ren avec mon téléphone.
- Volvo au bout de la rue, grise, immatriculation qui se termine par soixante-quinze. Le code du téléphone c’est 23 18.
Je recule et tourne les talons, j’aimerais dire quelque chose d’intelligent mais il n’y a rien qu’une blessure béante qui me fait siffler :
- J’espère que tes voeux s’exauceront.
« Je ne veux plus les revoir » « vous revoir » « jamais plus entendre parler d’Orpheo » « des sorciers » « de l’orphelinat » J’espère ouais, qu’il sera tranquille et qu’il aura la paix sur son île avec ses gosses déjà mutilés comme il se mutile lui même. Je laisse mon don d’empathe fluctuer, incapable de mettre le moindre effort pour le contrôler mais il évite Ren.
C’est parfait.
Je mute loup et lui jette un dernier regard avec de disparaître, redevenant chat à l’angle de la rue. Je suis incapable dans l’état où je suis de passer directement d’humain à chat, comme je serais incapable plus tard de passer de chat à humain. Je trottine, poussiéreux et misérable en direction de ma piaule.
Bonne galère surtout Ren, j’espère qu’on se recroisera dans les locaux d’Orpheo pour parler du bon vieux temps. Surtout du bon vieux temps.
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Sujet: Re: Ne réveille pas le loup qui dort Mar 12 Fév 2019 - 22:38
"Ne réveille pas le loup qui dort"
Vivre en restant caché ou rester cacher pour vivre ? Pour moi c'est sensiblement la même chose, une routine au jour le jour où chaque micro stress peut impliquer de lourdes conséquences. On s'y fait.
« … Et laisse tout, Abandonne-tout derrière toi. »
J’aurais pu être empathe. Peut-être. Non, en fait. Avant mes enfants, je ne me souciais déjà que de moi, de mon apparence. Il fallait être présentable, lisse, distant parfois sympathique. Ayumi et Mitsuo n’ont fait qu’élargir très légèrement mes œillères. Alors parler d’empathie ? C’est à peine si les pouvoirs destinés aux autres, comme guérisseurs, ne se manifestent qu’au dernier moment, au moment où la vie d’un autre est véritablement en danger. J’assume d’avoir tout pensé pour moi, d’avoir entassé des chaussures à ma pointure sans m’occuper des pieds qui en avaient réellement besoin. Je me suis construit dans un monde d’abondance qui ne manque de rien, qui achète l’inaliénable et qui préfère marcher seul que vivre entouré. Parce que c’est ça, d’être riche, non ? Soit tu tombes dans la drogue, soit tu finis paranoïaque et tu coures après le moindre centime. Ce sont peut-être des clichés, mais ils s’appliquent plutôt bien à ma famille.
- D’accord.
C’est plié donc. Il vaut mieux qu’il ne soit pas téléporteur. De toute manière, vu son état, il éprouvera certainement quelques difficultés à nous transporter tous les quatre. Tuons donc cette idée dans l’œuf. Il me balance le marqueur et je m’exécute rapidement, méticuleusement. Ça ne servirait à rien de faire la fine bouche et « rater » une forme sans savoir l’effet que cela pourrait provoquer. Ce serait aussi risquer de lui faire perdre le peu de confiance déjà inexistant et par là même ma chance de sortir de ce pétrin à peine provoqué par le blond. Il me revaudra ça, un jour.
J’achève la rune et le petit signal lumineux vient confirmer l’activité du machin. Honnêtement, je déteste vraiment ce type de rune. Ça finit par te mettre dans un état totalement second et tu ne maîtrises plus rien. Et ne plus maîtriser, c’et ma hantise depuis toujours. Tu comprends l’état dans lequel je me trouve actuellement ? Tu t’en fiches, c’est normal.
Il s’en fiche. Me relève par l’épaule et enchaîne.
- Tu devrais redevenir panthère.
Oui, tout à fait. Et pourquoi pas faire un feu dans toute cette librairie pour lui faire cuire un œuf ? Deux secondes de contenance sous forme animale et il croit l’affaire close ? Si je me transforme encore, c’est tout le quartier que je vais ameuter. La panthère est calme, il vaut mieux, mais ce n’est pas une raison pour l’autoriser à se manifester. Mais il s’en fiche. Encore. Il remplit sa part du contrat et je ne compte pas non plus lui en demander plus. Séparons-nous, maintenant que sa mission est terminée. Quelle mission, n’est-ce pas ?
Je jette un coup d’œil à droite comme à gauche tandis qu’il enfonce la porte arrière. Il y a une remise et je m’y engouffre très rapidement pour en sortir un grand drap brun, un peu poussiéreux mais qu’importe. Il suffira pour m’envelopper. J’en profite pour cacher Ayumi dans mes bras, curieusement calme et rejoint Ian à l’extérieur. Il ne faut pas deux minutes pour que ses clés et son téléphone tombe dans mes mains après avoir percuté mon torse.
- Volvo au bout de la rue, grise, immatriculation qui se termine par soixante-quinze. Le code du téléphone c’est 23 18.
Au bout de la rue, fantastique. Espérons que tous les curieux se soient amassés devant la boutique et qu’aucun regard ne soit dirigé vers l’arrière. J’ai l’esprit concentré sur l’après, sur tout sauf sur Ian. Sa phrase me fait l’office d’un vague rappel à l’ordre :
- J’espère que tes voeux s’exauceront.
Flou. Vide de sens pour le moment. Je ne pense pas aux mots prononcés plus tôt, à la justesse de mes paroles, taillées pour toucher, frapper au centre de la cible. Il mute mais je n’ai toujours aucune réaction, aucune volonté non plus de la part de ma panthère de se manifester. Ce n’est qu’à l’instant où son regard se tourne que mes sourcils se froncent très légèrement, culpabilité naissante étouffée par les besoins immédiats. Il disparaît sous forme de chat et je m’applique à tracer une rune d’oubli sur ma peau avant d’attraper prestement la main de Mitsuo pour qu’il ne s’inquiète pas. Ça devrait suffire à nous offrir quelques secondes d’immunité contre la foule certainement rassemblée au coin de la rue.
Les pas sont rapides et sans un regard pour les gens, j’ouvre la porte, installe rapidement les enfants à l’arrière – tant pis pour le siège enfant – et monte à l’avant. Je téléphone rapidement à mon père pour nous donner un lieu de rencontre et sort de la place de parking.
Une chose est sûre, de bonne foi ou non, je saurais trouver Orpheo dans moins d’une semaine. J’en salive d’avance, tiens.