Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]

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 Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]

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Solitaire | Patpatpatpatpatpat
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Simje Voniestosiwjski
Simje Voniestosiwjski
Solitaire | Patpatpatpatpatpat
MessageSujet: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptySam 9 Mai 2020 - 16:40

Il fut question, à un moment donné, de se juger soi-même. L’eau frappe les vitres chaudes et se condense, nuages éphémères. Il se souvient d’histoires de pancakes fait maison avec tout son amour, l’amour de l’autre, puis l’appel d’Hannah. Il ne sait pas pourquoi ce souvenir là en particulier l’éreinte, lui sable tout le corps comme une rafale en bord de mer.

Il se souvient Gdansk, chez lui, Varsovie. Le chien, l’appartement au dernier étage, les morceaux de vie accumulés qui faisaient qu’il était lui. Et maintenant je n’ai plus rien. Il tire sur sa chemise encore tiède du repassage, lisse le col de sa veste de costard et essuie ses mains sur son jean. Il doit prendre la voiture pour aller travailler maintenant. Aberrant. Tout ça pour voir des petits élèves qui étudient quelques semaines pour tout lâcher. Des bourses, des pots entre potes, des bières-pong qui te font lâcher tes études. Y’a pas à dire, l’amitié ça fait dévier du chemin originel.

Les essuies-glace font un shlak slak migraineux contre son pare-brise. Il respecte les limitations bien sûr : il s’agit de Simje, là. Il s’agit de Simje, mais plus vraiment à vrai dire. Simje sans Allen, Simje sans chien, Simje sans Hannah. Un frisson caracole sur son échine glaciale. Peut-être que ma moelle épinière a été arrachée quelque part pendant la mission. Il faut juste qu’elle repousse. Mission auquel il n’a pas participé sur le terrain en vrai. Il a oublié les détails, ne lui restent que la nausée, la sensation des feuilles de papier contre ses doigts collants et sa voix tendue pour parler à leurs supérieurs. De celle qui dit, on devrait pas y aller, on devrait pas y aller, selon les cartes, selon les calculs, selon la science, selon l’univers tout entier on devrait pas y aller. Hannah qui l’appelle le stressé du buble, Simje qui n’en rigole pas. Comment en rigoler quand on est aussi sûrs que ça va mal finir ? Je ne savais pas ce que ressentais Hannah, elle avait l’air de rire, mais un rire aigu et étranger. Elle était pas de ceux qui vont sur le terrain en plus, mais forcément, à force d’épurer les rangs, il reste plus grand monde pour aller à l’abattoir.

Il n’aime pas trop la ville. Pas qu’il l’ait vraiment choisi : il a postulé dans plusieurs pays. Pas le canada, pas la pologne, pas l’écosse. Ailleurs. Il fallait partir ailleurs. Detroit l’accueille un semestre, pas plus. Après il ira sûrement plus au sud, ou bien en France, peut-être au pays de galles. Mais pas sur les côtes. L’iode, le sel, les runes tracées dans le sable c’est fini. La folie c’est refaire les mêmes choses, encore et encore et espérer un résultat différent. Alors j’essaie autre chose, m’voyez ? Autre chose. Dans sept ans, tout mon corps aura oublié ce que ça faisait que de toucher un autre être vivant. On aura oublié l’accident, les saandwiches au poulet, ma langue elle saura plus les cafés trop clairs d’Hannah, des tisanes qu’elle disait. On saura plus les grincements de sa chaise de bureau, son rire trop fort qui me cassait bien les couilles, et le léger tic nerveux qui la parcourait quand mon anxiété l’atteignait comme un tsunami. Dans sept ans, mon corps ne saura plus parce que les cellules qui savaient seront toutes mortes.

Les bons petits soldats que je connais aussi, peut être, sûrement. Nawel, Zach, Ian, Rhyan, Emeric, Zaï. Tous, pew, pew, pew. Oh mais pas Allen bien sûr. Allen qui est safe quelque part en costard derrière un bureau. Il ne manque de mourir qu’avec moi, dans des circonstances qu’on n’imagine pas reproduire en faisant exprès.


Il pose un couvercle sur les souvenirs qui affleurent comme un relent d’évier bouché.

Son hybride se garde dans un bruit de navette spatiale sur le parking professeur. Il sait qu’il sue la solitude. Il attrape sa malette de cuir, lisse ses chaussures, descend prestement. Il n’ira pas en salle de repos, il n’ira pas prendre un café, il n’ira pas à la photocopieuse. Ses soeurs ont vaguement pris des nouvelles à la fin de l’été, mais maintenant que l’hiver se profile, il ne sait même plus vraiment sur quel continent elles habitent. Peu importe. Il entre dans l’amphi-théâtre totalement vide.
La porte de secours claque brutalement. Il sursaute, se protège le visage.

Il n’a jamais été agressé pourtant.

Il essuie ses mains sur son jean. La solitude est si forte qu’une barre lui enserre le front, menace d’embuer ses yeux. Mais ce n’est qu’un sentiment. Une émotion qu’il ne tient qu’à moi de rendre irréelle. Les mômes vont pas te manger. Donner un cours face à une centaine de morveux devrait pas te tuer non plus. Non non, ce qui tue c’est Orpheo, c’est les ordres débiles donnés à des naïfs qui suivent les ordres et qui vont mourir parce qu’on leur a promis un salaire à la fin du mois. Il expire doucement. Si il avait eu conscience de son corps et s’il en avait pris soin, sûrement qu’il se serrait astreint à quelques exercices de respirations. Mais, debout derrière le bureau en plexi bon marché, les doigts sur la matière lisse, il se sent juste perdre le contrôle petit à petit. Allez, on met le diaporama, on se glisse dans l’histoire humaine, juste humaine avec leurs explications juste humaines et des photos humaines et des lettres humaines. On regarde les élèves et on les captive deux heures pleines.

Et après ?

Il n’a pas de plan. Vivre au jour le jour comme disent les aventuriers. Et bien, Simje est un aventurier du quotidien, de celui qui se félicite d’avoir fuit ses problèmes et de toujours mettre un pied devant l’autre. Il n’a pas posé de bombe, il n’a assassiné personne, il n’a pas pété les plombs. Il a changé de téléphone, de ville, de pays, de job, d’univers. Et je sais qu’on n’en fait pas une vie, de toute ce manque affectif. Je sais. Juste six mois, et je m’installerai dans une putain de petite ville où les gens se connaîtront à force de se croiser, des habitudes pour se complaire, un sourire quand on croise les mêmes gens pendant le footing du soir. . Il prend une gorgée dans son thermos. Le café n’est pas celui d’Hannah et vient comme une pierre dans son estomac.

Et pour la première fois, il trouve une porte de sortie. Comme s’il n’avait jamais remarqué cet intérieur en lui, une petite porte qu’il pourrait sceller. Il voit bien que de la lumière en sort, blanche, éclatante, tranchante, cruelle.

Pouvoirs.

Les élèves commencent à rentrer petit à petit ; habituellement c’est les premiers de la classe, les lèche-culs, les acharnés, les boursiers. Mais comme il pleut, en tout premier on a les ennuyés, les solitaires, les branlos, les frileux. Ceux qui ont prétexté un partiels pour quitter le cours d’avant plus tôt. Ceux qui sentent la clope et les donuts bon marché.

— J’ai cinq minutes de retard, annonce-t-il dans un anglais poli et lisse de tout accent.

Tous le regardent, étonnés ben ouais, il est là le prof, pourquoi il dit qu’il n’y est pas, mais voilà, le prof se casse. Je sors par la porte de derrière, anxieux à l’idée de laisser partir la petite porte. J’ai les clés en main et je crois en être capable. Les rafales de vent portent la pluie sur ma chemise et mouillent mes cheveux mais je m’en fou, regardez par la porte : mes pouvoirs. La guérison, vous voyez, si vous ne collez pas les mains sur quelqu’un, vous le soignerez pas. Les sens de chat c’est pas pareil, vous aurez les battements de coeur, la sueur, les lipsticks à la fraise et les chapsticks au beurre de karité. Vous aurez des morceaux d’eux qu’ils le veuillent ou non.

Que tu le veuilles ou non.

Enfin je croyais.

Je repousse cette partie de moi en boule dans un coin. Vieux linge humide tombé derrière la machine à laver. Je repousse mon don et Allen et Lily et les autres, je repousse cette petite conne de Nawel, je repousse ce fils de pute de Cormag, je repousse moi, mon petit moi, je repousse le chien percuté par une voiture, je repousse les balles de calibre neuf que je lui ai calé dans le crâne alors qu’il piaulait sa vie, un os blanc sortant de sa fourrure imbibée. Je repousse la pologne et les ressacs de mon enfance et les missions et Declan et les runes atroces sur son bras. Ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille : dans le monde magique, on ne joue pas sur le même level. On torture, on viole pour des idéaux ; exactement comme chez les humains mais pas avec les mêmes moyens. J’veux dire, la plupart de ces gens pètent les plombs en cassant des trucs, en se mutilant, en se mordant la langue jusqu’au sang, en enfonçant leurs ongles dans leurs paumes. Rien de tel que la douleur. Mais vous avez déjà vu des humains faire ça ? Se faire saigner la langue ? On traine tous des camion-citernes de peine derrière nous.

J’veux plus ça.

J’veux plus jamais ça.

J’peux plus avoir ça.

Je ferme brutalement la porte et mon pouvoir s’éteint subitement. J’ai l’impression d’être sourd et aveugle. Mon nez est numb. Je suis dans une bulle de rien, brutalement isolé de mes sens. Je regarde autour de moi les formes presque floues, la pluie qui ruine tout et le silence qui m’englobe et m’enserre comme un vieux pote jamais revu. Je n’entends plus le brouhaha des élèves. Rien du tout. Seule ma tête continue de tourner comme une F1 en surchauffe, mes pensées prennent plus de place mais je fais le tri.

Je lisse ma chemise.


Le professeur fou rerentre dans la pièce. Il a les cheveux mouillés qui retombent sur son front, il chausse des lunettes pour les écrans qui ne se teintent pas de buée. Bien sûr qu’elles sont runées.

Il les enlève, les laisse tomber sur le sol, les écrase.

Le silence qui balaie la salle est digne d’une onde de choc. Tous attendent.
Le petit brun trentenaire se râcle la gorge. Il fait flap flap avec ses feuilles pour les aligner, regarde ses élèves dans les yeux, perdu. Un nuage de brume l’entoure.

— On va débuter.

Il allume le power point. Pas de ronronnement spécifique. Les conversations reprennent doucement : il ne les comprend pas. Des modulations, quelques mots, jamais de phrases entières. Ses doigts tremblants pressent les boutons mécaniquement : il sait faire.

Il sait faire, il sait faire, il sait faire. Je sais aussi laisser le passé derrière et me porter vers l’avant, sans pouvoirs, juste ce qu’il reste de moi, humain, sans guérison, les mains pleines de peau et pas de lumière, les oreilles sourdes et le coeur aveugle.

Et parce que je sais si bien faire, j’écris à la craie sur le tableau linguistique une petite phrase en polonais :

aujourd’hui

nous

parlerons

du
sri-lanka.
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Allen Kristiansen
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptySam 9 Mai 2020 - 23:41


"Hold your own"


Si j'avais su à quel point apprécier quelqu'un ça pouvait rendre con, ça pouvait transformer chaque information en espoir naissant, p't'être que j'aurais réfléchis à deux fois. Sauf pour toi.



« On pourrait compter les années sur les doigts d’une main. »

A choisir, je préfère m’arrêter là et réécrire franchement quelque chose que rester ratatiné sur moi-même à me dire « mais non, mais non, ça changera, tu verras. Au pire t’oublieras. » Eh bien, je n’ai pas oublié. Je ne saisis pas même comment l’amitié et toutes ces émotions auxquelles je tiens ont pu un jour se rassembler et se rassurer entre elles par un « t’oublieras ».
Même avec les plus grandes occupations du monde, y’a toujours eu un petit espace laissé tout nu. Tout honteux. Enveloppé dans la culpabilité et une ignorance presque palpable. Cet espace, c’est celui des espoirs déçus, des désirs inassouvis et des gens qu’on n’a pas pu voir assez longtemps. Aussi longtemps qu’on l’aurait voulu en tout cas.

Il y a trois jours, je barbotais encore dans mon univers familier, avec un loup pour office de chauffage au sol et des lunettes plantées sur le nez. Tranquille, avec la petite famille, le cousin et son jumeau, les papiers d’adoption en attente sur le guéridon dans l’entrée. La routine bien huilée, les questions soigneusement dirigées vers les choses sans attachement. Si j’ai bien appris une chose dans cette guerre, c’est que les jedi n’ont jamais eu autant raison. Sans attachement, pas de misère ni de tristesse. On apprend à vivre les choses simplement comme elles sont.

J’ai essayé d’être un jedi, parce qu’on a beau avoir gagné la guerre, les gens qui sont morts ils ne se relèveront pas pour autant. J’ai la rage d’être monté si haut dans les échelons à une période où le monde regardait vers le bas, le sol, ses pieds et ses propres pas, en se demandant pourquoi, pourquoi on en est là.
J’dois faire ma crise de la trentaine.

Quoiqu’il en soit, y’a eu tellement d’histoires qui se sont succédé ces derniers mois, peut-être même ces dernières années qu’on aurait pu en faire un livre avec une jolie « FIN » en lettrines dorées. Je me suis toujours demandé ce qu’il advenait de ces protagonistes une fois leur tâche accomplie, après le « happy ending » tant attendu ?
On le vit en ce moment : les choses, toutes les choses se remettent en route. Le matériel d’abord, comme si c’était un moyen de se raccrocher au présent. On lit encore plus de paperasse, on signe et on trie, on écrit, on fait. J’installe ma routine parce que c’est rassurant. Puis je me rattache aux gens, mais plus tout à fait comme avant. Les nouveaux ne percent plus ma carapace de grand nounours. Pourquoi s’attacher quand les gens meurent si facilement ?
Ceux qui comptent se limitent à mes deux mains.
Phil, Kelyann, Kilyann, Louis, Behati, Zacharia, les parents…
Le polonais.

Le polonais, il se retrouve dans cet espace creux et empli de culpabilité. Est-ce que j’aurais dû lui parler plus souvent ? Se voir plus souvent ? Faires des conneries encore un peu plus comme des gosses de quinze ans, sans les responsabilités et avec l’innocence des jeunes garçons ? J’aurais bien aimé.
Simje il n’arrive pas à disparaître et plus le temps passe, moins il s’atténue. Grossières erreur que d’avoir cru être un jedi. Les émotions caractérisent le personnage et la sensibilité son empathie pour les autres. Je n’en peux plus de soupirer.

~
Pourtant, lorsque je saisis mon téléphone, un peu incertain, dans un coin que je connais sans connaître, trop près de mon chez moi et pourtant si loin de mes habitudes, je songe à faire demi-tour. J’ai appris d’une source toute sauf sûre, portée par je ne sais quelle rumeur qu’un certain polonais avait élu domicile pour quelques temps à Detroit. Trop près du Canada. Beaucoup, beaucoup trop près du Canada.
Je regarde le téléphone et je songe à mes raisons. Aux siennes. Qu’est-ce qui l’a poussé à agir ainsi ? À couper les ponts sans prévenir, le genre de choses qu’on apprend par un « ce numéro n’est plus attribué ». Je ne peux pas dire que je ne me suis pas inquiété. Était-il mort ? Orpheo l’aurait signalé, ses collègues l’auraient signalé, n’était-il pas promu directeur ? On ne pouvait pas disparaître comme ça.
Je. Ne le permettrais pas.

Et pourtant je l’ai permis parce que je me suis mis à sa place. J’ai d’ailleurs lamentablement échoué. Mais j’ai essayé. Pourquoi quitter Orpheo ? Quand bien même les raisons peuvent être nombreuses, Orpheo reste une organisation magique. Le genre d’endroit que l’on ne peut quitter sur un coup de tête. Tout le monde finit par en avoir besoin, pour se sentir normal dans son anormalité. Pourquoi couper les ponts avec le monde magique ?
Et pourquoi diable avec moi ?

C’est cette simple question qui m’amène ici.
J’m’en fiche, Simje, de tes raisons. Honnêtement, t’as mille et un droits de te défaire de toute cette souffrance au quotidien. Directeur de QG, ça n’a jamais été une balade de santé et je sais de quoi je parle. Mais sérieusement, un appel c’était trop ? Un message même, rien que deux mots juste pour rassurer, juste pour dire « d’accord, je m’en vais. »
Ça serait tellement, tellement mieux passé.
Je t’aurais quand même couru après en faisant mine de rien faire, mais au moins je n’aurais pas eu des raisons de te tacler dès que ta tête de polonais serait entrée dans mon champ de vision. Qu’importe.

Toujours bien vêtu dans mon costume, je traverse le bâtiment où dit-on, Simje enseigne. Et quelle matière proposes-tu ? Ils sont où, ces cours particuliers sur le sable ? Mais qu’est-ce que tu fiches dans une école basique comme celle-ci ? T’as peur de quelque chose ? C’est trop dur de parler alors tu fuis ?
J’espère que t’es déterminé, parce que j’ai bien l’intention de te courir après.
Et. Je. Te. Taclerai.

Les vitres sont passées au radar, avec le regard de ces inspecteurs du travail. Pas de Simje en vue. Toujours pas. Toujours pas. Je finis par croire que tout cela n’était qu’une raison pour me faire bouger, que croire à des on-dit d’on-dit ce n’est vraiment pas dans mes habitudes. Que tout est cartésien, qu’un scientifique il se base sur des faits et pas sur des espoirs. Parce que c’est bien ce dont il est question, non ? Un peu d’espoir.

-Trouvé.

La vitre de l’amphithéâtre me donne l’air de voir à travers un aquarium et Simje, au milieu, ressemble à un tout petit bonhomme. Si loin et pourtant si proche. J’ai envie de débouler et lui dire « mais qu’est-ce que t’as foutu ?! » et « On a un jour été amis ou bien j’étais trop con ? ».
Je calme ces sensations avant de soupirer. Le plafond est blanc cassé.
Il est en plein cours mais je n’ai pas la patience d’attendre gentiment.
T’avais qu’à être gentil pour commencer.

Alors je pousse les doubles portes et les jeunes se retournent. Je les apaise d’une main et d’un simple :

-Je ne fais que regarder. Reprenez vos affaires, Monsieur le professeur.

Il n’y a aucun ton dans ma phrase. Juste une constatation. La perçois-tu ? Est-ce que tu sens toutes les questions qui se bousculent ?
C’est la merde, j’ai presque autant envie de t’enlacer que de te foutre un pain dans la gueule.
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Solitaire | Patpatpatpatpatpat
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Simje Voniestosiwjski
Simje Voniestosiwjski
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyDim 10 Mai 2020 - 0:27

Un petit quelque chose dans l'ambiance se tend.

No. No. No way. No. No. NO !

Ses poumons se figent.

Alors là.

Un léger appel d’air indique que quelqu’un est rentré dans la pièce. Mais il sait, il sait avant même d’avoir conscience de le savoir. Fuck me, seriously, fuck meIl presse fort fort fort sur la porte de ses pouvoirs pour garder tout sous couvert, à sa place, mais une sueur froide lui coule le long de la colonne vertébrale.

Ah beh allons-y hein, traquons le polonais jusque dans une petite ville moisie pour lui faire des reproches. Ça pue les remontrances d’un gosse de huit ans ton attitude Allen. .

— Je ne fais que regarder.

J’vais m’étouffer, voilà. Oh hell no, you're not staying. You're not fucking staying mate. No freaking way.

— Reprenez vos affaires, Monsieur le professeur. Oh dear.

Le polonais reste très raide, très droit et très immobile dix bonnes secondes pendant lesquelles les élèves se lancent des regards curieux. La putain de tes morts. Le brun jette un oeil sur le tableau, manque d’effectivement s’étouffer avec sa propre salive. L’anxiété le rend fébrile alors qu’il efface le tableau d’un geste saccadé. Ah non mais non, en fait. Non. Non, non, non, pas maintenant, pas dans cette vie. Il se retourne mais bien sûr qu’il n’y a personne derrière lui. Dommage, j’aurais voulu dire, SÉCURITÉ, FAITES SORTIR CET INDIVIDU DANGEUREUX. Mais il est trop beau trop propre dans son costume débile. J’ai envie de l’étouffer. La colère lui fait faire des bulles du cerveau alors qu’il s’oblige à répondre, une pointe de cynisme sur le bout de la langue.

— Avec plaisir, monsieur le directeur.

Les élèves se retournent pour détailler l'individu. Directeur de quoi, ils ne sauront jamais.
Voilà, parce qu’on est plus d’égal à égal hein, parce que leur poste de directeur pologne, ils peuvent se le mettre bien profond dans leur cul les gens d’Orpheo, Orpheo ta mère même. Il croit quoi, qu’il va se ramener et ME ramener ?

C’est ça le plan ?


Un souvenir incroyablement vicieux lui martèle le crâne, l’histoire d’Hannah qui l’appelle pour qu’il rentre urgemment, et Allen qui l’embrasse pour ne pas qu’il parte. Qui l’embrasse pour ne pas qu’il parte. Qui met son corps dans la balance pour ne pas qu’il parte, avec tous ses sentiments.

Et aujourd’hui, voici le brave, le très courageux, l’incroyable Simje qui s’est juste sauvé à l’autre bout de la galaxie. Peut-être que si j’avais choisi Taiwan il n’aurait pas ramené son cul.

— Étudions plutôt la linguistique symbolique des langues nordiques. Il s’agit du chapitre sept dans votre dossier. Celui où on parle de l’influence des croyances et des religions sur les formes des lettres jusqu’à leur attribuer de faux pouvoirs.

Il se râcle la gorge. Te rappelles-tu de la chaleur, des runes dans ton dos, de l'eau qui grouille et des questions sans réponse ?

— Ou du moins des pouvoirs non-scientifiques et non-vérifiés bien entendu. Qui suis-je pour prétendre que graver santé et victoire sur le sable est vide de sens ?

Je pique un fard — comme c’est surprenant dis donc ! Avec ta peau vraiment foncée et très difficilement colorée, c’est sûr qu’Allen ne remarquera pas les plaques blanches et la colère sous tes traits, well done Simje !

Le polonais change de diaporama d’un geste sur son téléphone et viennent s’afficher à l’écran des colliers de runes. Intelligence, savoir, santé, fertilité, courage.

Courage, ah ! Courage. Courage d’envoyer Hannah et sa petite oreillette sur le terrain, courage de l’entendre dire d’une voix incroyablement calme « j’suis baisée, c’est comme ça que je meurs » alors qu’elle attendait dans les toilettes que les coups de feux s’éteignent. Qui était là pour entendre en direct la porte s’ouvrir, mh ? Pas ceux qui nous avaient forcé d’engager la pologne dans l’histoire. Non non non, moi, juste moi. Le Sri Lanka avait été franchement beaucoup, le charnier avait été sincèrement de trop, mais là ! Clairement, ciao les petites merdes. Ma peau vaut pas plus chère que les autres mais j’ai besoin de sauver mon cul pour un fois.

— Allez je vous écoute, petit effort d’interprétation et d’imagination. Pourquoi ces runes là sont-elles représentées de cette façon ? Pourquoi une barre ici et pas un oeil, pourquoi un oeil là et pas un point ?

Sa propre voix lui semble étrangère en l’absence de ses pouvoirs. Un étranger qui aurait pris son corps comme navette, sa peau blafarde et ses cheveux corbeaux, ses oreilles d’efle et ses yeux d’eau. Les yeux à la couleur des feux éteints, des yeux à la couleur des hôpitaux en feu, des yeux à la couleur des peaux noyées, des iris sous l’eau, des Hannah fusillées.

Heureusement j’suis pas empathe quand même, j’aurais sûrement pu mêler ma rage à la sienne et faire brûler tout un QG.
Oups, hein.
Putain.
J’me rappelais même pas qu’il ressemblait à ça — il a vieilli un peu. Ou peut-être qu’il m’en veut juste assez pour..

Pourquoi il m’en veut au juste ?
Mmh ? Puisque c’est si facile de me trouver, il n’a rien à dire, rien à grogner. J’aurais dû lui faire un recommandé, un pigeon voyageur, d’ailleurs tu sais le chien, le chien oui, le chien mort que je pose juste là, le bruit des freins et de l’impact, j’arrête pas d’imaginer tu m’excuseras mais j’imagine le corps ployer sous la vitesse, la colonne enroulée autour de l’élan, tu m’en veux pas trop Allen dit, as-tu entendu parler de l’équipe polonaise entièrement décimée ?

Et bien enchanté, moi c’est le directeur. Simje Voniestosiwjski, mais tu sais déjà le prononcer me semble-t-il.


Il rassemble ses papiers dans un geste mécanique, poli par son stress. Allen ressemble à une ancre de bâteau qu’il aurait oublié de scier avec un petit coutelas de rien du tout et beaucoup, beaucoup de motivation. Parce que ça ne lui a jamais manqué à Simje ça, une lourde détermination pour pallier à tout et faire des choix honnêtes.

Pourquoi le rattraper, hein ?

J’ai mal au ventre très très mal au ventre faites le partir allez quelqu’un qu’il s’en aille je veux bien croire en dieu si c’est pour qu’il se casse. L’idée lui vient de dire, allez, class dismissed for today, et fuir à l’arrière du bâtiment, tout raide comme un piquet et se foutre à l’abri dans son hybride et fermer la port et les vitres et se barrer de là en vitesse.

Pourquoi le rattraper, hein ?

Hâte qu’il me dise mais enfin, quand on est quelqu’un de bien, on ne part pas. On ne part pas sans prévenir ou bien on ne part pas tout court. Et bien surprise, Allen.

Je suis un vieux gars déchu et fatigué responsable de trop de petites choses empilées, responsable de trop de grandes choses mortes et enterrées, alors tu rentres chez toi avant de casser tes illusions. Continue de croire en un autre moi, un moi qui serait pas là devant des élèves moisis dans une université moisies avant un cerveau moisi. Sauve-toi.

Sauve.

Toi.


Tu ne le ramèneras pas chez toi de toute façon, tu le sortirais de là pour le replacer au milieu même de sa misère, monsieur le directeur.
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Allen Kristiansen
Allen Kristiansen
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyDim 10 Mai 2020 - 12:07


"Hold your own"


Si j'avais su à quel point apprécier quelqu'un ça pouvait rendre con, ça pouvait transformer chaque information en espoir naissant, p't'être que j'aurais réfléchis à deux fois. Sauf pour toi.



« L’amitié double les joies et réduit les peines. »

J’aimerais croire en cette citation, pourtant la peine actuelle me fait l’effet d’un couteau dans la poitrine. Lorsque nos yeux se croisent, je comprends à l’instant que je ne suis pas le bienvenu. Un « sors de ma vie » presque oppressant qui me force à croiser les bras pour m’entourer d’une aura défensive. J’ai les dents serrées et un poids sur le cœur mais je fais face, j’aurais dû m’attendre à ce genre de remontrances. C’est Simje après tout.
Il en dit bien plus par des silences que par des mots.

J’ai besoin de soupirer pour évacuer ces émotions mais je les retiens en boule, pas pour les relâcher plus tard mais pour les mâcher soigneusement et les ajouter à l’entassement de mon petit espace creux tout nu tout honteux. Un petit rappel pour les futures fois où mon empathie prendra le dessus.
J’ai l’amertume qui ne demande qu’à se déverser mais le calme reste en surface, aussi dur qu’un bloc de glace séparant l’air de l’eau. Le séparant lui de moi. Est-ce que tu peux comprendre que je tiens à toi ? Un petit peu au moins ?

— Avec plaisir, monsieur le directeur.

Les visages se retournent mais mon regard reste figé sur la longue forme au loin. Alors c’est comme ça. Alors chacun reste planté sur ses idées et on ne va pas plus loin. Je ne sais pas même ce que je recherche en venant ici. Des excuses ? Des explications ? Peut-être même simplement s’enquérir de son état. J’ai jamais autant couru après les banales phrases de politesse, d’un « salut ça va, quoi de neuf ». D’un sourire si rare qu’il en devient un miracle à lui seul.
Pourquoi t’es parti sans rien dire ?
Sans rien me dire.

— Étudions plutôt la linguistique symbolique des langues nordiques. Il s’agit du chapitre sept dans votre dossier. Celui où on parle de l’influence des croyances et des religions sur les formes des lettres jusqu’à leur attribuer de faux pouvoirs.

Les images se succèdent tranquillement sur l’immense diaporama et j’hallucine. J’hallucine simplement. De cette situation, de son comportement, de mon idiotie. J’ai envie de descendre les marches quatre à quatre et de lui empoigner le col pour lui dire que renier sa vie c’est une chose, mais renier les autres c’en est une autre. Que quitte à être égoïste de son côté, je le sois aussi du mien.
Mais je ne dis rien. Je ne bouge pas.
Allen est dans son costume de directeur même dans le monde des non doués.

— Ou du moins des pouvoirs non-scientifiques et non-vérifiés bien entendu. Qui suis-je pour prétendre que graver santé et victoire sur le sable est vide de sens ?

Il bouillonne presque instantanément. Je ne saisis plus, sa phrase signifie pour moi tout et son contraire. Est-ce que tu regrettes ces moments ? Est-ce que tu m’en veux d’être là ? Entendre tout à coup des pensées parasites me fait comprendre que mon don s’est activé par automatisme. Pourtant, il s’éteint avant d’avoir pu dévaler l’entièreté de l’amphithéâtre. Non, ce n’est pas le moment d’aller fouiller dans son cerveau. Quelles que soient ses raisons, il sera libre de me les fournir ou non. Je ne suis pas là pour ça.

Pourtant, la tentation est bien là. La tension qui l’entoure pourrait même être détecté par un non-doué. Ou bien est-ce moi qui commence à traduire ses émotions dans son inaction. Pourquoi est-ce que tu t’es éloigné du monde magique ? Tu sais que rien ne changera pourtant, n’est-ce pas ? Tu ne feras que courir d’un endroit à un autre comme un homme en fuite, poursuivi par tes pouvoirs, par ce que tu es. On ne retire pas la magie d’un homme comme on retirerait une tumeur. Même pour l’occulter, il faudra user de magie, de runes de contraintes et j’en passe. Pourquoi subir tout ça ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?
Cette fois, c’est à mon pouvoir de se manifester par les actions d’étudiants tous proches, prêts à remettre leur manteau. Ma mémoire recherche des causes mais j’ignore absolument tout. Les informations circulent principalement entre continents et bien sûr avec le QG d’Angleterre. Je n’ai aucune raison de m’immiscer dans les affaires polonaises ou même européennes si la demande ne m’est pas faite. Est-ce qu’il me racontera ?

— Allez je vous écoute, petit effort d’interprétation et d’imagination. Pourquoi ces runes là sont-elles représentées de cette façon ? Pourquoi une barre ici et pas un oeil, pourquoi un oeil là et pas un point ?

Il continue son cours et je remercie les dieux de m’avoir fait naître dans les bras de mère Patience. Il serait bien entendu faux de dire que rien ne m’attend au QG, mais la situation actuelle est plus importante que le reste et je ne compte pas non plus faire un scandale en plein cours au risque de perturber encore davantage la petite vie mal cadrée du polonais. Alors j’attends, le dos contre le mur du fond, le téléphone à la main pour continuer mon travail à distance.

Les minutes passent. Peut-être même l’heure. Puis la sonnerie retentit et je relève le regard. A en déduire par l’engouement moyen des jeunes, leur affaires laissées en plan malgré le départ de certains d’entre eux et la mise en place de groupuscules de discussion, il s’agit d’une simple pause.
Tant pis, je vais tenter ma chance.

Je range mon téléphone et descend les marches tranquillement. Il y en a quelques-uns qui se retournent et épient la future conversation avec grand intérêt. Le prof va-t-il se faire remonter les bretelles ? En fait, il fait partie d’une secte ? Pratiquement que des remarques négatives.
Ai-je l’air grave à ce point ?

En parvenant sur l’estrade, mon premier réflexe est d’éteindre le micro. Même si l’amphithéâtre est construit de manière à faire porter la voix, tout le monde sait que sans micro, il faut tendre l’oreille. Les bancs de l’université restent les mêmes partout. Ça me rend un tout petit peu nostalgique, parce que le reste est globalement écrasé par le personnage en face de moi.

-C’était trop difficile de dire « j’suis vivant » ? De donner des nouvelles ?

Ma main vient instantanément se poser sur mon crâne pour ralentir la tornade qui se prépare. J’ai envie de briser la table toute proche et faire une démonstration de magie pour lui dire que c’est ça, son monde, mais le soin, les apparences sont comme un bloc qui m’empêche d’agir selon mon désir. Un bloc immense qui se renforce années après années.
Y’a qu’avec lui que j’en arrive vraiment à devenir un gamin. Mais peut-être bien que moi je ne lui apporte plus rien. Quel intérêt y’a-t-il alors ?

-Simje… Je ne te forcerai jamais à revenir à Orpheo, mais j’aimerais… j’ai besoin de réponses. Pourquoi est-ce que tu es parti du jour au lendemain ?

Comment est-ce que t’as décidé ça ?
Est-ce que tu regrettes un peu ?
J’aimerais que tu regrettes.
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyDim 10 Mai 2020 - 16:39

Tiens toi fort à ce que t’as vu à ce que tu es à ce que tes mains tiennent à ce que tu ressens, la réalité est ici, pas assise sur une chaise à patienter. Il a autre chose à foutre pourtant, Allen Kristiansen.

Il se fond dans le travail. Il se glisse à l’intérieur comme il sait si bien faire. Son mécanisme pour pas couler c’est bosser, apprendre ou faire apprendre. Il ne s’épanouit pas en temps que professeur mais tout le monde s’en fou, ça ne change rien au propos. Décrypter des choses, en montrer d’autre. Il écoute les élèves comme un automate bien éduqué, le coeur battant la chamade dans son torse. C’est si fort qu’il sent l’énergie que ça lui demande, à son palpitant, de taper son stress contre ses côtes. Mais que peut-il lui dire ? Il n’y a pas à avoir peur, tout va bien se passer ? Ah ! On sait bien tous les deux que ce n’est pas le cas, parce que Allen est quelqu’un de têtu, et moi quelqu’un de muet, je dirais pas, c’est sûr que je saurais pas dire. Tout est tombé dans le puits il y a des semaines de ça maintenant, et voilà qu’aujourd’hui se sont les pouvoirs que j’ai paumé, bien exprès, en enlevant méticuleusement tous les cailloux. J’ai bien fait gaffe j’ai pas fait de bruit en repartant de la forêt.

Même la pluie ne lui semble plus si présente avec ses oreilles d’humain basique, d’humain banal, d’humain mutilé, d’humain amputé. La pause qui sonne lui vrille le ventre d’une peur intense qu’il connait bien. La peur c’est chez lui, une maison pas vraiment accueillante mais qui pense toujours à lui faire un lit douillet au cas où il voudrait y rester la nuit.

Ou l’année.

Allen fond sur lui, instanément. Oh putain. Putain putain putain putain. Il fait genre de rien du tout mais regarde du coin de l’oeil les chaussures vernies les cheveux à leur place et les pans de sa veste voleter derrière lui. Il ne sent rien mais il sait que s’il n’avait pas tourné le dos à la magie il saurait la boule qui obstrue la gorge du brun.

Il monte d’office sur l’estrade surtout fait comme chez toi bro, hein, hésite pas à AH! super proche le garçon là, super super proche et éteint le micro avant de lâcher des mots comprimés tellement ils ont été over pensés.

— C’était trop difficile de dire « j’suis vivant » ? De donner des nouvelles ?

Peut-être bien que c'était trop dur ouais, peut-être bien que ç'aurait ressemblé à un échec une défaite un point à la ligne qu'il était pas capable de mettre aussi honnête que ça aurait été. Que ça aurait dû être.
Je rassemble les fichettes déjà rassemblés mille fois, en me râclant la gorge, empreint d’émotions qui sont si fortes que je ne les reconnais pas. Je sais pas quoi faire alors je fais ce que je sais faire le mieux : laisser le stress garder le meilleur de moi.

Il lève son regard vide vers le brun, comme si il n’était pas bien surpris par cette intrusion, comme si elle était naturelle, comme si Allen était voué à arriver là tel un étudiant venant se plaindre pour deux points en plus.

— Salut, Allen.

Son prénom dans ma bouche.
Voix lissée, pas maîtrisée pour autant. Ah ben qui est surpris hein ! Ma vie bien rangée, propre, puis Allen. Une fois, deux fois, trois fois. Il affiche un sourire de circonstances, de ceux qu’on sert aux familles et aux morts.

— J’suis vivant.

Si mon coeur continue il va se barrer développer des petites jambes et sûrement au moins un bras avec une main pour faire des fucks. Et peut être une bouche pour me dire tiens voilà c’est pour toute la pression que tu m’as collé à la gueule toutes ces années ! Vieux gars !
Sûr que ça sera mérité. Sûr.


— Simje.. Je ne te forcerai jamais à revenir à Orpheo (non mais on est où là, monsieur le directeur, bien sûr que tu le feras pas, non mais sérieux), mais j’aimerais… j’ai besoin de réponses. Pourquoi est-ce que tu es parti du jour au lendemain ?

Il lui jette un regard comme on jette les billes dans la cours de récrée. Tiens, regarde, je te vois. Je te vois vraiment Allen, en entier, mais je peux plus me voir moi-même.

Du jour au lendemain ? DU JOUR AU LENDEMAIN ? Il a juste capté quand il a voulu m’appeler et que y’avait personne. Y’a de la paperasse pour quitter le post de directeur, et vu la boule de colère noire que j’emmenai partout avec moi, pas de doute, on m’a laissé filé. On savait au fond qu’on avait merdé et que j’allais tous leur crever les yeux et regarder les globules couler sur les joues.

— Je suis parti parce que je ne pouvais plus rester directeur.

[i]Et voilà on oublie pas de lisser sa chemise, essuyer ses mains moites et lancer un regard inquiet à ses élèves qui se tassent en chuchotant. On ne sait pas ce qu’ils chuchotent parce que tout est tout contrôle, tout est parfaitement sous contrôle, dans ce trou que je m’apprête à reboucher. Et je suis désolé que tu y sois dans ce trou, Allen. Je suis vraiment désolé et y’a des tas de choses que j’aurais sûrement dû te dire comme, je peux sûrement pas me permettre d’avoir quelqu’un dans ma vie qui nique tous mes murs toutes mes barrières sans même essayer, quelqu’un qui me fait sentir incroyablement moi, puis vivement, puis plus seul qu’il ne l’a jamais été alors que rien n’a changé, et que sans Hannah, j’suis encore plus rien du tout, rien du tout du tout, et parce qu’il n’y a rien à garder je m’en vais.


— Je suis désolé (de quoi au juste ? il avale des mots trop honnêtes pour en placer des plus lointains et cruels) que tu te sois déplacé pour t’entendre dire ça.

Il se demande s’il a changé pour l’autre ou si pas du tout, rien de changé, tout comme avant. [i]J’ouvre la bouche pour lui dire je suis désolé que tu te sois déplacé pour ça, mais rentre Allen, rentre chez toi et laisse moi ici.

Rentre chez-toi.

Rentre chez toi, rentre, rentre, rentre, rentre, rentre. Le cours va reprendre, rentre. Ma vie va reprendre, merci pour la pause mais rentre. Il se mord légèrement l’intérieur de la joue, l’endroit spongieux à mordre pour faire rerentrer les mots en dedans pour pas qu’ils prennent forme. Des mots - idées qui deviendront jamais des mots - plaies.
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyDim 10 Mai 2020 - 21:46


"Hold your own"


Si j'avais su à quel point apprécier quelqu'un ça pouvait rendre con, ça pouvait transformer chaque information en espoir naissant, p't'être que j'aurais réfléchis à deux fois. Sauf pour toi.



« On ne se sent jamais aussi seul que face au fantôme de l’amitié »

Combien de temps cela fait-il depuis notre dernière rencontre ? Plusieurs mois oui, qui m’en paraissent être des années. La culpabilité m’enserre la taille jusqu’à m’étouffer et ces questions qui tournent en boucle et me forcent à chercher mes torts dans cette relation toute sauf classique. Chercher des torts non pas par curiosité avec l’éventualité de n’y être pour rien, non. Chercher pour trouver. Il y a bien quelque chose dont je sois responsable pour qu’il se défile comme ça ?
Être directeur d’un QG ? Être à Orpheo ? Être magique ? Être son ami ?

M’approcher de lui me fait l’effet d’une descente aux enfers. Je sais pertinemment qu’il me repoussera à sa manière, que je continuerai de m’accrocher par respect pour les moments où il a souri. Je ne m’improvise pas samaritain ou psychologue, j’y ai aussi beaucoup gagné. Ce qu’il m’a offert par sa simple présence ne peut tout simplement se décrire par de simples mots.
Ceux qui arrivent sont des boulets de canon tirés à bout portant et je les regrette presque immédiatement. Mais Simje reste Simje en toute circonstance et son regard suffit à faire passer la boule de ma gorge à mon estomac. J’ai la nausée et l’envie de le secouer mais ça ne servirait à rien. Il réagit avec sa grosse carapace sur le dos et se fiche certainement de ce que je raconte. Il sait ce vers quoi il s’est dirigé et je ne suis qu’un fantôme du passé, n’est-ce pas ?

— Salut, Allen.

« C’est bien, au moins tu te souviens de mon nom. » L’acidité reste posée sur la langue mais les deux barrières de dents sont si tendues qu’elles retiennent toute ma vie et mon aigreur. Heureusement ou non, je ravale les mots avant d’avoir pu les expulser. C’est toujours comme ça. Il frise l’insolence et je me referme, mais quand je m’ouvre il m’ignore.
Tu es une bombe à retardement, Simje et je suis toujours là à tripatouiller les circuits pour nous donner deux minutes de plus. Avec le Sri Lanka, je crois même que je serai capable de rester lorsque ça explosera.
Ouais, le deuil a été fait. Il a entraîné 10 ans de plus dans la figure, mais il a été fait. J’ai regardé right through it et j’ai cassé mon déni parce que ça ne me menait nulle part.

— J’suis vivant.

Mon cœur s’émiette et l’émotion prend le pas sur le reste. Qu’est-ce qu’il est con. Mais franchement, Simje, qu’est-ce que t’es con. Je n’arrive pas à croire que je fais tout ça pour rien, parce que tu finiras par me congédier plus tôt que tard. Peut-être est-ce une manière de lui dire au revoir à ma façon ?
Et de faire tout traîner pour justement ne pas avoir à prononcer cet adieu.

Il répond à mes questionnements par ses deux immenses yeux et j’y réponds d’un air inquiet, curieux aussi. Désireux d’apposer les réponses qui me manquent comme un tampon sur un contrat. Mais comme toujours il se contient et ma résolution fond comme neige au soleil. Celle de ne plus sonder son esprit. S’il a décidé d’être un humain, de me rayer de tout, qu’est-ce qui m’empêche d’agir comme à mon habitude ? Satanée promesse de mes deux.

— Je suis parti parce que je ne pouvais plus rester directeur.

Il y a une différence immense entre ne plus désirer être directeur et disparaître des radars. Peut-être que le métier de directeur a été la goutte de trop, peut-être qu’il en a juste eu marre de ces imbéciles d’Orpheo et que mon visage les lui rappelle trop. Mais ça ne suffit pas. De toute manière, au fond de moi, je sais qu’aucune excuse ne suffira. Mais je continue à chercher et mon don s’active, lassé de compter mes tours sur le circuit de course. Les couleurs et les motifs s’emmêlent parce que Simje a toujours fonctionné à mille à l’heure mais je fais rapidement le tri.
Et alors là, la chaleur m’envahit. Des émotions contradictoires aussi mais surtout la chaleur d’obtenir les mots qu’il n’arrive ou ne veux pas prononcer. Finalement, j’ai réussi à être quelqu’un pour lui. Et il rejette cela pour… le confort ? Je ne comprends pas vraiment. Quel mal y a-t-il à se sentir vivant ? Quel mal y a-t-il à ressentir le bonheur, puis le manque ? Et puis il parle d’Hannah. J’ignore de qui il s’agit mais les couleurs me suffisent. Il a dû se produire quelque chose mais je n’ai pas eu la curiosité suffisante pour déclencher mon don plus tôt.
Et son « je ne suis plus rien du tout » qui se répète en boucle.

Ça, ça m’horripile.
Plus. Que. Tout.

— Je suis désolé que tu te sois déplacé pour t’entendre dire ça.

La seconde suivante, mon esprit dévie la soudaine colère. La main qui aurait voulu se loger dans la joue adverse préfère geler le bord de la table après qu’un soudain poids lui soit tombé dessus pour masquer l’évènement magique. Il va falloir user de stratagèmes pour ne pas contaminer la table entière. Il m’énerve. Il m’énerve, il m’énerve, il m’énerve. Pourquoi est-ce qu’on fait toujours un pas en avant et trois pas en arrière. T’es vivant, tu respires, tu marches, c’est quoi cette absence totale d’objectifs ? Tu vas continuer ta vie de professeur, à cacher tes pouvoirs comme s’il s’agissait de la peste avec la peur qu’on ne finisse par le découvrir ? Et tu feras quoi le jour où tes sens finiront par s’emballer, furieux à l’idée de les avoir laissé en plan plusieurs années ? Rien n’est fini et t’es là devant moi à dire que t’es plus rien du tout. A me dire que ce n’était pas la peine de faire le déplacement.
C’est toujours la peine.
J’apprendrais le polonais juste pour te répéter ces mots.

Je secoue la tête.

-Je ne peux pas te dire adieu comme ça. Vraiment pas. T’es quelqu’un qui compte pour moi. Et t’auras beau secouer et secouer et secouer encore, jamais je pourrais lâcher.

Et quand bien même je penserai parfois à partir une bonne fois pour toute, ton Toi tout entier que tu considères comme n’étant rien du tout finirait par me revenir en pleine face. Si seulement tu pouvais voir la place que tu prends à travers mes yeux quand tu es là, tu te rendrais compte qu’on est tous quelqu’un pour un autre.
Je soupire.

-Alors je te conseille de te renseigner sur les numéros contre le harcèlement, tu pourrais en avoir besoin dans les prochaines semaines.

Et sourit un peu. Je me doute qu’il n’appréciera pas, me renverra des vérités à la figure qui me tendront de nouveau jusqu’au ciel. Et ce sera le yoyo sentimental. Mais peut-être aussi que ces vérités finiront par le décharger un peu. Ou pas. Peu importe. Qu’est-on censé faire dans ce genre de situation ? À qui donner tort et raison ? Où est la bonne réponse à ce questionnaire anonyme ?
Je coche la non-séparation.
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyDim 10 Mai 2020 - 22:21

La tension monte d’un cran sans que Simje n’ait vu venir la colère de l’autre qui gèle la table. Comme c’est surprenant. Pourquoi perdre le contrôle pour si peu, enfin ? N’a-t-on pas vécu des choses plus graves qu’un déménagement et une démission ? Il secoue la tête et le polonais arrête de respirer quelques secondes en se souvenant du don de l’autre. L’autre qui pouvait pas y rentrer grâce à sa langue natale, l’autre qui avait fini par trouver un chemin.

— Je ne peux pas te dire adieu comme ça. Vraiment pas. Ah quel bâtard il insiste pas sur les raisons parce qu’il a lu parce qu’il lit dans mon crâne parce qu’il est rentré dedans j’en suis tellement sûr putain tes promesses ouais, belles promesses ouais T’es quelqu’un qui compte pour moi. outchEt t’auras beau secouer et secouer et secouer encore, jamais je pourrais lâcher.

Outch, ça fait étrangement mal. Il sonde le visage de le canada mais ne discerne de cette pointe de dévouement qu’il ne comprend pas. L’adolescent qu’il était aurait poussé au maximum les limites de l’autre jusqu’à le faire céder pour pouvoir dire : mentir, tu m’abandonnes quand bien jamais tu as mis un « jamais » dans ta phrase.

Mais il n’a pas besoin de ça pour le traiter de sale menteur.

Il attend une petite seconde que la douleur se dissolve dans son ventre comme une pastille incroyablement acide. Pourquoi l’amitié d’Allen le brûle-t-elle de la sorte ? Affligeant.

Comme s’il se rappelait que des amis c’était aussi des crochets plantés dans la chair. De ceux qui amène à bon port et empêche de couler, de ceux qui font du mal quand on essaie de les arracher. Hein, heureusement qu’on saigne que du dedans, ça pourrait tâcher la jolie chemise.

— Alors je te conseille de te renseigner sur les numéros contre le harcèlement, tu pourrais en avoir besoin dans les prochaines semaines.

Et il sourit. Je jure, son visage s’étire un peu genre héhé, téma ma blague comme elle est drôle elle est pas drôle ta blague l’ami, oui, l’ami, parce que putain.

Putain.

Voilà.

Grosse répartie hein.

J’ajuste ma coque sur le dos tel une noix pas très mûre.

Il se pince l’arrête du nez, extrêmement contrarié.

— Allen, je…

Il relève la tête, n’ayant absolument pas répondu au petit sourire haha trop drôle du canadien, et le regarde posément dans les yeux en essayant de se convaincre qu’un grand calme l’envahit. C’est un échec bien sûr mais son visage se lisse d’émotions alors qu’il bégaye comme un gros nul.

— Déjà, tu sors de de ..de ma tête.

Il ne lui rabâche pas un t’avais promis, parce qu’il sait qu’Allen le sait. Et s’il a rien creusé du tout c’est parce qu’il a lu, ben tiens, fais toi plaisir, mon petit journal intime en direct, j’peux te balancer des images de rien mort, de canon pointé dans l’oreille rose au milieu de la fourrure. Ça a rien rapport avec rien, mais ça me purge un peu de les porter que moi. Non mais sérieusement qu’il sorte de là, il n’a jamais eu sa place à l’intérieur de mon crâne.

Il déglutit, refoule des images bien plus trash, le charnier avec Ian, Ian putain, Ian qui semble être juste dans le présent, sauvage et irréel à tuer les autres comme ça, d’une chaleur qui prouve juste qu’il brûle si fort du dedans qu’il claquera avant tout le monde. À trop donner on crève de faim.

Mais c’est pas le sujet.

— ...Pourquoi t’es venu ? (il s’empêche de dire : ,Allen ? parce qu’il sait qu’utiliser les prénoms des autres pour les épingler c’est un truc de vilain et lui, Simje, n’est pas le méchant de l’histoire. Mais il griffonne sur un post-it écoeurant vert fluo son numéro de téléphone et vient le coller directement sur le torse du directeur). Tiens. Voilà.

Les élèves marmottent autour de lui. La pause va bientôt finir, Allen pourrait très bien dire « classe annulée ! » qu’ils se barreraient tous en croyant avoir affaire à leur supérieur. Mais Simje compte bien fermer sa gueule et les laisser tous revenir pour forcer l’autre à partir. Y’a pas vraiment de sens à sa venue, mais c’est très Orpheo ça, de débarquer avec la grande cavalerie sans même un plan. Typique de l’organisation planétaire que d’essayer de tirer des fils au pif. Pourquoi t’es là Allen, qu’est-ce que tu veux ? Parce que moi j’ai peur de ce qu’il se passe en ce moment même, j’ai peur que tu me manques, j’ai peur d’avoir envie de rentrer à la maison quand bien même je n’en ai plus, quand bien même j’ai vendu l’appartement et les meubles dedans. J’ai peur de me rappeler de souvenirs qui me blessent plus qu’ils me réchauffent, j’ai peur de me rappeler les émerveillements que je ressentais à runer sur le sable et qui maintenant me font juste ressentir une lourde, lourde, lourde trahison. J’ai peur de dérouler l’histoire d’Hannah et de la raconter, même à moi, même tout seul dans ma tête. Il passe une main contrariée dans ses cheveux corbeau, une ride de détresse entre ses sourcils.

Une phrase lui vient sur le bout de la bouche,
une phrase qui dit
souviens-toi de ce que ça a donné la dernière fois que t’as voulu me faire rester

mais elle traverse seulement son esprit,
l’inquiétude prend le relais avec une efficacité cruelle.

Pourquoi suis-je toujours celui qui doit s’en aller ?
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyLun 11 Mai 2020 - 0:31


"Hold your own"


Si j'avais su à quel point apprécier quelqu'un ça pouvait rendre con, ça pouvait transformer chaque information en espoir naissant, p't'être que j'aurais réfléchis à deux fois. Sauf pour toi.



« Jouons à cache-cache. »

Je n’ai jamais su comment le polonais devinait lorsque j’étais dans sa tête. En général, ce n’est pas quelque chose que l’on remarque comme une purée de pois sur un pare-brise ou une sensation de nausée. Est-ce que mes mots sont les premiers à me trahir ? Je n’en ai pas l’impression mais il sait. Et quand il amène sa main à son visage, je sais que j’ai encore trahi quelque chose.

— Allen, je… Déjà, tu sors de de ..de ma tête.

La culpabilité resserre encore son étau et je me sens piégé dans mes propres actions. Tout tourne en rond et nous sommes destinés à nous renvoyer l’ascenseur. Il est contrarié ? Bien, nous voilà au moins sur la même longueur d’onde. Ses paroles ne me disent rien, il voit mon inquiétude mais tout le survole. Un « Salut Allen », une absence de réponses à mes tentatives infructueuses pour connaître son état. Tu veux plus de moi ? Alors qu’est-ce qui retient cette promesse, hein ? Qu’est-ce qui m’empêche d’aller trouver les réponses moi-même ? Tu ne peux pas faire comme si tu brisais tout et me reprocher ensuite d’agir comme je le ferais avec un inconnu. Sincèrement, tu t’attendais à quoi ?
Tu. T’attendais. A. quoi.

J’ai plus la force d’aller chercher plus loin. Tout me dégoûte mais je garde encore les pieds solidement ancrés sur le sol. La sonnerie finira par retentir tôt ou tard et il faudra parvenir à comprendre le regard de l’autre à ce moment. Ça me paraît pour l’instant mal parti.
Puis le voilà qu’il se met à écrire. L’espace d’un instant, je divague complètement. Est-ce qu’il en a juste marre de me parler et on va poursuivre cette conversation par échanges de post-it ? Puis au retour des étudiants, je me poserai dans le fond et lui écrirai des mots sur une longue banderole ?
Mais non.

— ...Pourquoi t’es venu ? Tiens. Voilà.

Je lis le curieux papier. Des chiffres. Un numéro de téléphone. Et son allure, toujours la même, d’un barre-toi fissa. Pourquoi je suis venu ? Premièrement, je plie soigneusement le papier et le dépose dans ma poche. Deuxièmement… Deuxièmement je songe à nos graves problèmes de communication. Pourquoi je suis venu ? Je n’y crois pas. J’aurais presque envie de lui rire au nez. Il a reconverti son cerveau en ventilateur ? Je parle au vent, c’est ça ? La question me tombe tellement dessus que j’en perds totalement les mots.

-Mais… Merci, mais...

Je me masse les tempes, conscient d’avoir déjà mal démarré mon monologue. Les lettres défilent plus vite que je n’ai le temps de les attraper pour les former. Ça ressemble à des nuages poussés par un vent de tempête, mais des nuages blancs. De l’ordre, je recherche un peu d’ordre par ici. Bien. Par où commencer ?

-Je suis venu parce que je n’ai plus de nouvelles. Parce que tes derniers mots, j’les ai eu via un répondeur et que les histoires en Europe elles franchissent rarement l’Atlantique. Je suis venu et j'étais même pas sûr de te trouver. Parce que j’avais besoin de savoir ce que tu devenais. Si la coupure entre nous elle était intentionnelle ou non. Si…

Il peut me reprocher de n'avoir pas cherché à me renseigner. De n'avoir pas cherché directement au lieu d'attendre. Ma voix me paraît si loin, coupée par la saccade de minuscules grêlons contre les vitres. Takatakatak. Roulements de tambours.

-… Enfin, si je pouvais faire quelque chose pour toi.

Je serre un peu plus le bout de la table, bien que le pouvoir soit désormais apaisé. Avec la pluie dehors, mieux vaut rester le plus calme possible. Ces paroles n’ont pas été mâchées ni prémâchées. Elles se sont exprimées comme un petit point d’orgue à mes sensations. Avec moi qui suis toujours là à lui dire « je me sens comme ça », « hey, je ressens ça » et lui qui subit. Qui subit ? Est-ce que je suis un trop plein d’émotions ? Pourtant, si je m’exprime comme ça, c’est pour compenser son absence. Pour qu’au moins un des deux puisse comprendre. Suivre la conversation sans avoir à constamment éluder ou étudier trop franchement notre dialogue de sourd.

J’en demande pas tant. Je ne lui demande pas de me déballer sa vie là maintenant. J’ai constaté l’absence du chien et je me complais à croire qu’il l’attend au bercail –n’oublions pas que Simje ici présent avait fait le trajet avec ce même chien aux frais de la boîte à notre première rencontre et que ça avait alors occupé tout mon esprit- mais je devine que ça ne va pas non plus de ce côté. Je ne lui demanderai pas. Cette fille, Hannah, non plus. La goutte d’eau en tant que directeur non plus.
Pas de détails s’il ne le souhaite pas, juste des ressentis, juste… Juste me dire « ok, ça va. » ou « je suis fatigué. ».
Mais des vrais ressentis.

J’ai envie d’être la personne qui remarque ses états d’âmes quand personne ne s’en rend compte.
Qui tape dans le dos quand l’autre fait croire que tout va bien.
Mais est-ce seulement ce qu’il veut.
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyLun 11 Mai 2020 - 18:01

Bien bien bien bien bien bien.
Il lui semble qu’ils reviennent inlassablement au même endroit, une place toute particulière dans leur relation qu’ils ne cessent d’habiter tous les deux, toujours. Un point de rupture unique peuplé de leur essence même, Allen plongé dans le tourbillon, les mains dans le cambouis, tendu dans un but empathique et doux, une douceur invincible que Simje porte au coeur malgré lui. Et le polonais, honnête et sincère, les choses à nues posées dans un premier degré terrifiant. Il n’ose plus trop penser librement mais la pièce lui est familière, un lieu qu’il retrouve parfois en rêve souvent en pensées, des endroits pour satisfaire les brins d’humanité qu’il lui reste, qu’il a renoncé depuis longtemps à tresser.

Ambrozy lui manque.

Allen prend le papier qui se plie un son croustillant.

— Mais… Merci, mais…

La contrariété te va si bien, Kristiansen. Je crois que c’est pour ça que j’avais fait brûler ton QG, pour exhaler un peu de frustration mal contenue sur tes traits. Et maintenant quoi, quoi, quoi, quoi, que du stress, pas obligé de dire ces mots tu sais pas obligé, vraiment pas nécessaire c’est juste trop, trop, trop, trop, trop. Il se retient de tirer une éééénième fois sur sa chemise. Il voudrait se pincer la peau pour garder un peu contact avec la terre, sa tension clapote dans sa tête, sûrement que ça fait des bulles d’air et me rend débile.

— Je suis venu parce que j’n’ai plus de nouvelles, il me dit, comme si c’était normal, même qu’il continue, parce que tes derniers mots, j’les ai eu via un répondeur et que les histoires en Europe elles franchissent rarement l’Atlantique.

How convenient ! Mon âme trop cynique se prend un coup de pied, mais rien à faire, j’ai envie de lui siffler ma peine au visage, comme un petit serpent là, kssskskssssksss regarde comme je suis légitime pour souffrir, toi peut être que tu te remets des choses mais moi j’oublie pas, j’oublie pas, j’arrête pas d’imaginer mon équipe dans le carnage d’une villa de riche, là, le sang dans la piscine, le couteau dans le ventre de Boris et les choses qui tournent pas rond comme le monde qui continue de rouler avec des gens en moins à porter.

— Je suis venu et j’étais même pas sûr de te trouver il me raconte, j’ai envie de lui dire, bravo, médaille de bravoure détective caribou, mais je ferme ma gueule parce que je sais pas d’où ça sort tout ça, ce gars devant moi, et il ajoute, parce que j’avais besoin de savoir ce que tu devenais. Si la coupure entre nous elle était intentionnelle ou non. Si…

Oh dear.

— …Enfin, si je pouvais faire quelque chose pour toi.

Je m’humecte les lèvres pour mastiquer mes mots pour qu’ils sortent mieux pensés, plus gluants, qu’ils soient pas trop acérés, qu’ils s’accrochent pas trop longtemps à son joli costume, dans son dos, là où il pourrait juste gratter sans vraiment voir c’est quoi ces marques rouges et dégueulasses.
Parce que ça serait moi, les choses rouges et dégueulasses.

Et j’tournerai bien la tête en lui disant ça pour pas trop me faire avoir, mais j’essaie d’être brave, hein, au moins une fois, il m’a appris à dire les choses depuis le feu et le QG non, alors bon, je dis.

— J’ai pas rompu avec toi, Allen.
Il lui offre un sourire fatigué, si fatigué qu'il n'atteint pas ses yeux, il atteint tout juste ses joues, dévoile à peine ses dents.

La blague va faire plof, et c’est aussi bien comme ça. Même que j’ai utilisé son prénom quand bien même je le voulais pas.


— Mais je…

Il se tait, pas vraiment par peur mais par manque de suite. Mais tu quoi, Simje ? Le silence s’étire.




La sonnerie retenti.



Il se rend compte que ses mains crispées tremblent un peu, et parce qu’il trouve Allen courageux, il dit à voix haute, d’un timbre bas et posé, maîtrisé, avant même que les élèves ne soient tous revenus.

— Classe annulée. Rentrez chez vous. Dites le à vos petits camarades.

Il souffle doucement, les jointures blanches et tout ce qu’il peut rassembler de courage dans sa petite poitrine de polonais têtu.

— Tu peux pas débarquer comme ça à Détroit pour trouver des réponses que je suis censé te, te, te te donner.

Ah yes. À vrai dire bien sûr que si, il peut. Il peut et il le fait. Un concept bien trop simple pour le polonais.

— Je voulais pas te faire croire que t’avais fait un truc, pas bien, ou, enfin, je sais pas. J’ai |

Faire parler Simje, quel exercice facile.

— Je suis parti parce que j’étais aigri et en colère et que je pouvais pas partager ce que j’avais perdu, j’avais pas envie qu’on me fasse aller mieux, ou bien, ou quoi que ce soit, parce que c’était à moi de, de, de, de décider, et,

Il la boucle un instant pour avaler sa salive au goût de cadavre.

— J’ai perdu l’intégralité de mon équipe dans une mission que je savais baisée depuis le début. C’était la faute d’Orpheo, tu vois, mais je sais bien que c’était pas une organisation qui était à la tête du truc mais un gars, c’est toujours des gens qui prennent des décisions et des gens qui obéissent, et j’ai obéis, et tout le monde est mort, et j’ai dû partir, Allen.

Il presse à nouveau ses doigts sur l’arrête de son nez pour chasser la barre qui scie son troisième oeil en deux.

— Fallait vraiment que je parte, dit-il, le visage pâle et la mine dénuée d’émotions. Ses yeux vides ne sont plus les hôtes de larmes salées depuis quelques temps, fallait vraiment que je parte.

Parce que je pouvais plus rester plus rester du tout la nuit les jours les années je pouvais plus rien prendre, j’étais plein à en craquer et c’est toujours le cas si tu me donnes de la pitié ou de l’empathie je t’éclate à la tête Allen je t’éclate à la tête en petits morceaux de moi parce que c’est trop j’espère que tu sais quand c’est trop toi aussi mais que t’en as pas bavé que ça va que tu joues pas à la course avec tes démons la nuit qu’ils savent se taire des fois que tu leur gèles la gueule mais moi, quand je pars, quand je pars parfois ils ne suivent pas, je ne les croise pas à Détroit dans les rues malades et abandonnées.

- fallait vraiment que je parte, soufflé-je plus pour moi-même, le regard au sol.

J’ai pas envie d’entendre ouais, ma main droite, elle bossait pour moi pour vivre, elle s’asseyait à l’arrière de ma caisse dans toutes les missions, elle s’asseyait sur le siège arrière de ma vie pour me laisser briller mes moments mais prendre les défaites avec moi. Elle s’habillait toujours bien parce que c’était cool, elle mettait du jean sur du jean, elle avait vu beaucoup et elle rigolait trop mal, c’était ma pote préférée, c’était ma pote préférée, c’était ma pote préférée. Et j’me sens coupable de penser qu’à elle quand y’a tous les autres mais y’avait d’autres gens pour les pleurer et pas elle et c’était vraiment ma pote et maintenant, je ne vais plus nulle part parce que quoi qu’on en dise j’ai pas trouvé de mer de pardon, d’océan de forgiveness. Il reste juste moi, qui essaie de tenir moi, hold your own you know. Hold your own, hold your feelings because what you feel is real and is what matters.


Alors il ne va plus nulle part, et c’est gentil Allen d’être allé nulle part un moment avec lui.
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyLun 11 Mai 2020 - 21:51


"Hold your own"


Si j'avais su à quel point apprécier quelqu'un ça pouvait rendre con, ça pouvait transformer chaque information en espoir naissant, p't'être que j'aurais réfléchis à deux fois. Sauf pour toi.



« Qu’est-ce qu’on se marre. »

La vie ne me prépare jamais à ces rencontres avec Simje. C’est juste un coup, bam, comme ça, qui débarque de nulle part et ne donne pas non plus de suite. Pourtant, dans le fond, nos scénettes elles sont plus ou moins toujours les mêmes. On change de sujet mais il y a nécessairement un moment où on suppose une explosion d’émotions. J’ai beau le savoir, j’ai beau en le voyant me dire « aller, cette fois-ci, tu gères, t’as trente ans maintenant t’es un homme mûr », toujours toujours je redeviens mon moi d’il y a vingt-cinq ans qui veut tout savoir, tout analyser, tout bien pas se maîtriser.

Et voilà, on en arrive à ma très humble demande.
Et lui.

— J’ai pas rompu avec toi, Allen.

Ah le salaud. Le polske rumpetroll – ça veut dire têtard polonais pour ceux du fond. Je ne suis pas content. Pas content. Pas content pas content. Je lui dis que je suis inquiet, que j’ai peur qu’on en finisse là et lui là. Lui là il me sort « j’ai pas rompu avec toi » avec un p’tit sourire. Typique de toi Simje, Typique, je ne devrais même pas notifier la chose, passer à ce que tu t’apprêtes à dire ensuite parce que je sais que ta méthode c’est de tirer le plastique usagé et les choses difficiles à dire en commençant par un petit rayon de soleil.
Il me fatigue. Et ça me fatigue encore plus d’avoir à lever les yeux au ciel et cacher tant bien que mal dans un toussotement affreusement simulé le rire qui veut s’échapper. Maintenant on arrête de sourire. Maintenant comme dans tout de suite. Allez. Par pitié. J’ai l’impression qu’un personnage random tire les bordures de mes lèvres et ça me fait hurler mentalement.
Je ne te pardonne pas Simje.
C’était déloyal.
Voilà.
Grumpy Allen qui sourit.

— Mais je…

Le voilà qui entame la partie plus sérieuse et me donne de nouvelles raisons de maudire le sourire qui refuse de me quitter. Heureusement, la douche froide survient avant son discours. La sonnerie. Ah. Est-ce que ça sonne pour nous la fin aussi ? Je ne sais pas. J’ai son numéro, sa phrase imbécile qui rassure mon imbécile Moi. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un adieu mais mes pensées restent les mêmes. Si c’est cette nouvelle vie qu’il recherche, je ne lui mettrai pas de bâton dans les roues. Alors, je m’apprête à partir. Un peu respectueux, surtout incertain.
Et paf, deuxième entrée en scène de mon polonais malgré tout préféré.

— Classe annulée. Rentrez chez vous. Dites le à vos petits camarades.

Le regard fait des allées et venues entre ses lèvres et l’animation progressive dans l’amphithéâtre. Je ne le montre pas mais je suis vraiment, vraiment reconnaissant. J’essaye de ne pas inonder la pièce de ma présence parce que les secondes à venir trouveront certainement ces effusions bien embarrassantes voir totalement inadaptées.

— Tu peux pas débarquer comme ça à Détroit pour trouver des réponses que je suis censé te, te, te te donner. Je voulais pas te faire croire que t’avais fait un truc, pas bien, ou, enfin, je sais pas. J’ai |

Ses mots ont beau être tantôt saccadés, tantôt trop rapides ou subitement trop lents, j’écoute sans rien dire. Les réponses me viennent mais les prononcer nous ferait retourner en arrière. Qu’il n’ait sérieusement aucune pensée particulière me concernant vient naturellement réchauffer mon cœur. C’est déjà ça de pris. Culpabilité peut aller se recoucher.

— Je suis parti parce que j’étais aigri et en colère et que je pouvais pas partager ce que j’avais perdu, j’avais pas envie qu’on me fasse aller mieux, ou bien, ou quoi que ce soit, parce que c’était à moi de, de, de, de décider, et,

Ce qu’il a perdu. Que s’est-il donc passé ? J’aurais peut-être dû me renseigner avant de venir. Etudier documents sur documents les agissements des dernières semaines, des derniers mois en Pologne, afin qu’il n’ait rien à prononcer, que je puisse lui dire « je sais, je suis désolé, je suis là si tu as besoin ». Au lieu de ça, c’est une histoire douloureuse qui se profile, une histoire qu’il ne pouvait pas partager mais qui semble aujourd’hui un peu moins virulente. Un peu plus acceptable. Ou bien est-ce moi qui l’en force inconsciemment ?

— J’ai perdu l’intégralité de mon équipe dans une mission que je savais baisée depuis le début. C’était la faute d’Orpheo, tu vois, mais je sais bien que c’était pas une organisation qui était à la tête du truc mais un gars, c’est toujours des gens qui prennent des décisions et des gens qui obéissent, et j’ai obéis, et tout le monde est mort, et j’ai dû partir, Allen.

Une mission suicide. Voilà le fond du problème, la fameuse petite goutte qui a fait déborder le vase. La certitude d’une mission pourrie jusqu’à la moelle mais que l’on doit mettre à exécution, parce qu’être directeur c’est encore être sous les ordres de quelqu’un, d’un quelqu’un encore moins sur le terrain. N+1, N+2, N+3, des équations à la place des gens. Des noms qu’on doit remplir à côté des numéros : trois personnes nécessaires, cinq, douze, quinze. Connaître l’issue d’une mission mais envoyer les exorcistes malgré tout. C’est d’ailleurs dans une mission suicide qu’on nous charge de déterminer le nombre de personnes à envoyer et qui finit par nous faire faire des statistiques morbides. « S’ils sont trop nombreux, ils auront plus de chance, mais si l’on se trompe à un chiffre près, c’est l’hécatombe prévue. Alors il faut envoyer des gens efficaces, mais pas trop non plus. Nécessairement emmener les apprentis en se persuadant que leur esprit vif jouera en leur faveur, secrètement limiter les pleurs en achevant les deux en même temps. »
Est-ce que je suis en train de devenir inhumain ? J’ai peur de lâcher un « c’est normal, c’est la guerre » banal et froid. Je ne suis pas un bon toutou fidèle à Orpheo, loin de là, leurs techniques tendent parfois à se transformer en complot de conservateurs, amenant même les gens comme moi, comme Simje, à effectuer des tâches immorales. Mais c’est comme ça. Tant qu’il y aura des idées divergentes, des esclaves, des N+1 et des N+2, il y aura des batailles gagnées et perdues, des missions suicide pour trois bouts de terre ou un homme déjà brisé. Il y aura les coupables et ceux qui prendront. Les personnes de terrain et les cols blancs. Les conséquences et un éternel jeu de ping-pong.

— Fallait vraiment que je parte, fallait vraiment que je parte.

Il répète, plus bas. On est tous là à faire nos choix, moi je reste, moi je pars, peut-être qu’on se retrouvera, ou peut-être pas. Il est parti. Il s’est dit que c’était ça ou leur exploser au visage, il en est arrivé à tout couper pour se dire plus jamais ça et son chien il a certainement dû mourir quelque part, dans une circonstance qui a tout fini.
Et t’es parti, parce que plus rien ne te retenait, pour claquer la porte du monde magique. Et moi je suis là, l’égoïsme en vie, à te demander pourquoi tu m’as quitté. Et t’as encore le sourire pour me répondre « J’ai pas rompu avec toi, Allen. »
Simje…

Je croise les bras et lève la tête vers le ciel. J’espère qu’ils ne rigolent pas trop, les personnes qui nous regardent là-haut. De toute façon, ça fait bien longtemps qu’on se protège du regard des dieux avec nos boîtes carrées, suffocantes et austères. On n’a plus peur qu’il nous tombe sur la tête, le ciel, on a déjà bien à faire avec nos semblables.
Le sourire revient, mais l’expression a changé. Mélancolique.

-Je suis désolé. – et – Pour moi, t’as été courageux de réussir à prendre la décision de partir.

Je ne suis pas certain que c’est ce qu’il a envie d’entendre, mais c’est tout ce qui me vient. La vérité vraie, quelque chose dont je serai incapable et qui m’impressionne réellement. Quitter le monde magique parce que ce qu’on y fait n’a pas de sens, parce qu’il va à l’encontre de ses propres valeurs, c’est sain, honnête envers soi. Difficile mais faisable.
Je me tourne de nouveau vers lui.

-Merci d’en avoir parlé.

C’est la guerre. Je n’arrive pas à trouver les mots pour répondre à ce sujet. Tout sonne trop froid, trop taillé dans la pierre, comme un message automatique prononcé dans un haut-parleur. Mon naturel est une absence de naturel alors il n’y a que le sourire qui s’exprime. Un hochement de tête sûr aussi.
Je répète.

-Tu as eu raison de partir.

Comme pour me persuader que le chemin à suivre est peut-être là aussi. Que l’antipathie ce n’est pas ma marque de fabrique en vérité et que Simje, il est toujours là pour me le prouver. J’attrape la craie sur la table et échoue lamentablement à le lancer sur le rebord du tableau.

-Même si comme on n’a pas rompu, je serais toujours là pour te sortir de ta torpeur de nouveau professeur de… de quoi au juste ?

Je lève la tête vers le diaporama. Il n’a pas l’air d’avoir tant changé que ça, le polonais.
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyLun 11 Mai 2020 - 22:39

Allen semble prendre une inspiration qui vient du dessous, comme si l’air était plus frais en haut, pas utilisé, un peu plus fort en oxygène. C’est lui qui manque d’air ? J’aimerais bien qu’il fasse une blague, vraiment absolument n’importe quoi pour que je cligne des yeux et qu’il y ait autre chose qu’un épais brouillard. Mais pas du tout, il m’annonce je suis désolé, et j’ai vraiment pas envie d’entendre ça, surtout pas de sa bouche alors qu’il insiste, pour moi, t’as été courageux de réussir à prendre la décision de partir, mais quel courage enfin, quel courage, de quoi tu parles, partir c’est décider qu’on pouvait rien construire, rien sauver, c’est refuser de mettre du temps de l’énergie et de soi pour assurer un peu de pérennité, n’importe quoi, quelque chose, mais non, ceux qui s’en vont s’en vont juste, et il redit derrière merci d’en avoir parlé, et encore, putain, encore il répète ça comme ça, tu as eu raison de partir. Le corps de Simje se gonfle d’une détresse immense, grand grand grand grand puis d’une colère sourde qui vient jusque dans sa gorge, les veines et les artères épaisses de son cou transmettent les émotions au travers des humeurs.

Il est là à regarder son ami (ami, sérieusement, ami ? mais rien du tout, Allen est Allen, rient à voir avec un pote, rien à voir du tout c’est pas vraiment ça l’amitié c’est autre chose, je crois qu’on sait tous les deux qu’on est un pas à côté, mais dans quelle direction, je ne saurais pas dire. Je ne saurais plus rien dire. Il cligne des paupières en espérant que la scène se finisse d’une manière ou d’une autre alors qu’un malaise profond le saisi. C’est comme ça qu’on, je sais pas, cheer up les gens ? J’veux pas être cheered up. Et bien, c’est comme ça que font les gens, quand ils tiennent à toi ?

C’est vraiment ça que l’amour les gens peuvent te porter ?

Tout à fait incapable de pleurer, surtout pas en public, il se fige en entier, muscles raides et tendu, ligne de bouche qui se limite à un trait droit, pression ultime sur deux lamelles de peau.

Allen essaie de lancer une craie.

Simje sent la pression monter si fort qu’il en fermerait presque les yeux mais il préfère s’accrocher aux mots de l’autre, persuadé qu’il y aura quelque chose, un son de proximité, n’importe quoi auquel se raccrocher, une ancre pour garder le bâteau à terre ou à quai au moins. Mais rien du tout. Mais rien du tout, et je ne sais pas ce que j’attendais, il reprend mollement ma blague, tout aussi gêné sûrement que ce que je le suis, même si comme on n’a pas rompu, je serais toujours là pour te sortir de ta torpeur de nouveau professeur de… de quoi au juste ? et voilà, comme un petit chit chat, on va continuer à se raconter trois ou quatre petites banalités, et toi tu deviens quoi, ta femme, tes enfants, mh, le loup qui te sert de chien ou bien le cabot qui te sert de loup, je sais plus trop. Et ses muscles qui se tendent d’une crispation telle qu’un fourmillement vient dans sa nuque l’élancent, il essaie de desserrer les dents et pose platement quelques mots :

— De linguistique.

Mais vraiment, vraiment il a envie de se fracasser la tête contre les murs, mais bien, avec du sang sur le carrelage fendu et une bonne pelletée de neurones en moins parce que c’est ça qu’il nous reste Allen, c’est ça, hein, t’es venu pour pour pour poppppppour juste ça, dddidire des putains de banalités et vérifier que j’aime bien ben super tu vois je vais, je vais et tu es désolé, j’ai eu raison, merci bien de m’appuyer, c’est un soulagement que d’avoir ton soutien trop ttrttrop précieux sans ça qu’est-ce que j’aurais fait et son monologue dérape dans une vitesse délirante.

Ses mains se mettent à trembler, mais y’a pas que ses mains, son pouvoir se gonfle d’un coup et prend toute la place dans sa gorge. Mais personne n’est réellement plus têtu que Simje qui se dit alors là c’est mort tu repars j’veux rien entendre vraiment pas surtout pas lui ni son coeur dans son ventre ni le bruit de ses doigts sur les tissus qu’il porte il est hors de question puis y’a rien à guérir ici rien du tout juste le passé inacessible et si j’étais pas bien égoïste alors j’effacerai le sri-lanka pour sauver des vies et on en serait pas là il ne serait pas revenu et la pression dans l’air change.

C’est infime ?

Pas tant.

Comme si subitement le temps s’était ralenti — alors que non, bien sûr que non — comme si tous les objets avaient été liés à Simje qui devenait un aimant — alors que non, pas du tout.

Pas du tout non.

Il sent dans ses mains une énergie grooooooosse qui serre fooooooort ses paumes et les compresse et il devrait jeter un coup d’oeil à Allen pour s’inquiéter et inquiéter l’autre avec — on s’inquiète toujours beaucoup mieux à deux, c’est très stérile et en général, avec un soupçon de fatigue on attend la parano et c’est délicieux — mais il arrive pas à les décoller de ses mains qu’il sent toutes puissantes, ce surplus de magie qui danse dans ses paumes brûlées par cette vie de merde que je me trimballe hein, on va être honnête et il se dit, je vais dire à Allen de partir, qu’il devrait pas rester là quand une odeur de brûlé remonte un peu — genre je vais foutre le feu à un truc, après son QG c’est ma salle de cours on en est là dans la vie — et il résiste ffffort, du plus fort qu’il peu pas les flammes et jette enfin un regard paralysé au canadien avant de poser les deux mains à plat sur la table.

Une onde de choc balaie toute la salle. Une petite, un courant d’air qui fait claquer quelques assises, souffle les feuilles, fait tomber la craie, soulève le t-shirt de Simje, fait voleter le costume d’Allen.

— Oh dear.

Il regarde ses paumes, tout à fait affligé par la situation.

— Ah c’est mort.

Elles semblent normales, bien entendu. Ah là là

— Non non y’a pas moyen.

Pas de nouveau pouvoir que je dois apprendre à maîtriser et faire avec et canaliser c’est moooooooort mort mort mort mort mort et mon coeur si il continue il va me faire décoller parce que y’a un réacteur dans moi là c’est sûr, sûr sûr sûr sûr il les essuie sur sa chemise, à plat, toute retenu oubliée.

— Voilà, à faire parler les gens tu les casses.

Il sert quand même deux fossettes à Allen avec cette réplique. Pour peu il pourrait presque lui tirer la langue

— Putain, rajoute-t-il tout de même pour faire bonne figure, tout à fait contrarié, et puis : typique de la magie ça, hein, tu lui dis d’aller se faire mettre et ça te revient bien dans la gueule comme un boomerang alors que toi tu voulais juste jeter le galet le plus loin possible.

Il lance un regard à Allen.

— Putain.
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyMar 12 Mai 2020 - 14:53


"Hold your own"


Si j'avais su à quel point apprécier quelqu'un ça pouvait rendre con, ça pouvait transformer chaque information en espoir naissant, p't'être que j'aurais réfléchis à deux fois. Sauf pour toi.



« It’s definitely my heart, my feelings, but why don’t they listen to me ? »

Notre histoire elle fait un peu comme cette craie. Elle tombe, elle s’échoue lamentablement sur le sol et on décidera par la suite soit de la ramasser, soit on l’oubliera et quelqu’un finira par marcher dessus. Espoir déçu.
Y’a rien de plus qu’un silence à mes quelques mots et c’est la pierre qu’on jette au fond du puits. Un. Deux. Trois. Quatre. Quand est-ce que notre action se répercutera-t-elle sur l’autre surface ? Est-ce que sera sonore ? Assourdi ? Peut-être même que ça tombera sur un caillou, que ça résonnera. Qu’il n’y a pas d’eau au fond. Ou qu’il n’y a pas de fond.

Il garde le silence mais quelque chose est anormal. J’ai fait une bêtise, encore. Je n’ai pas eu les mots que j’aurais dû avoir parce que Simje, j’ignore ce que tu souhaites. La pente que je croyais monter se transforme en toboggan et je sombre dans une eau froide l’instant suivant bouillante. Les encouragements, ça ne marche jamais avec lui. Pourtant, je suis toujours là à essayer. A me dire qu’un jour ça va marcher, qu’on pourra discuter d’abord sérieusement puis que ça se finira sur une touche plus légère. Mais si la théorie s’apparente au solfège, notre chanson elle se joue tout le temps en canon. La mélodie a raté le temps, ce temps qui me paraît mis en suspens, incontrôlable, irrécupérable. Il a tenté une entrée et j’ai foiré la sortie, le crescendo est en cours et j’attends le changement d’armure.

Il répond à ma question presque par automatisme et j’ai envie de m’étouffer.

— De linguistique.

Qu’est-ce que j’aurais dû lui dire ? Il est au bout de ses nerfs et quoi qu’il se prépare, ça va péter. J’étais censé craquer le premier, m’imposer avec mes gros sabots et lui dire « tu m’énerves » mais j’ai préféré juste m’adapter parce que c’est toujours comme ça que ça se passe, on se transmet un bébé tout cramé sans même savoir pourquoi on le fait. On s’en fiche limite qu’il soit mort, on continue de compter et de se le refiler jusqu’à ce que l’un ou l’autre craque et claque.

Pourtant j’aimerais bien le prendre une bonne fois pour toute et le balancer ce bébé tout cramé, dire « stop on arrête ». Simje je te comprends pas, s’il te plaît explique moi les choses qui nous séparent, apprends-moi à faire sortir de mes lèvres des mots qui te feront du bien et pas des choses qui ne t’atteindront pas, ou trop, ou qui seront transformées dans ton usine à mémoire.
C’est usant de danser sur un pied puis l’autre, puis les deux et de partir à l’improviste avec des codes commun mais que nos propres histoires ont déformé. Mais j’essaye toujours et je me foire et je recommence. On n’est peut-être pas faits pour être potes, mais je n’ai pas envie de dire, en partant, que je n’aurais pas essayé.

L’instant suivant marque une brusque montée d’adrénaline. Le pouvoir de glace s’étend à tout mon corps par la voie royale du sang et s’échappe par les pores de ma peau, dans un ultime élan protecteur. Pas assez puissant pour être visible car à peine formé face à la bombe prête à exploser. Qui explose. Dans une toute petite petite explosion. Un coup de vent juste assez fort pour notifier de sa présence, minuscule prévention d’un ras le bol généralisé.
Onde de choc.
J’ai presque peur de comprendre.

— Oh dear. Ah c’est mort.

Un second pouvoir et pas un des moindres, peu répandu également. J’ai vu passer ce type dans un document sur un sorcier noir. Un Soul je crois. Maîtriser ce genre de pouvoir suppose de l’entraînement mais du fait de son très gros potentiel destructeur, il n’est pas facile à canaliser ou même mettre en pratique. Pour un ex-exorciste désireux de sortir du monde magique, c’est une plaie plus qu’autre chose. L’ai-je à ce point énervé ? Il a craqué, mais je serais le premier à claquer à ce rythme. J’espère qu’au moins la chose l’aura déchargé des choses dont il ne veut pas parler.

— Non non y’a pas moyen. Voilà, à faire parler les gens tu les casses.

Et il se remet à sourire.
Pardon ? Je ? Les casse ? Mais c’est quoi ton problème, c’est quoi ton problème. Je mets mon Moi tout entier à l’épreuve pour dérouiller la boîte à musique, j’attends, j’écoute les rouages et j’ai l’entière conviction d’y arriver. Je ravale ma frustration parce que parler à une boîte à musique c’est inutile n’est-ce pas et j’ai que la finalité en tête. J’aime bien la mélodie et je veux continuer à l’écouter mais la finalité elle est que le machin me claque entre les pattes. C’est peut-être ça le fond du problème, il ne veut pas qu’on s’occupe de lui. Et moi qui l’assimile misérablement à une boîte à musique parce qu’il emploie des termes pareils.
Je n’ai jamais eu envie de le casser. Je voulais juste des nouvelles, parce que c’est ce que font les gens. Des trucs inutiles qui ramènent juste au présent, je n’ai pas forcément envie de revivre les choses qui explosent, les morts qui pleurent sous la terre et la souffrance. Je veux revivre cette légèreté à Las Vegas, à la plage en Pologne. Je donne assez de ma vie dans le dramatique, je nage dedans au quotidien.
Alors ton sourire tu ne l’associes pas à ce genre de parole, parce que c’est un couteau de plus. Je serre les dents. Cassé, ça ne veut pas dire brisé, ça suppose d’être réparé mais ma bouche est cousue. Est-ce que proposer mon aide aidera ? C’est quoi sa limite ? J’ai peu envie de me retrouver soufflé à deux mètres et au pire tomber sur un escalier et mourir là, bêtement.

— Putain, typique de la magie ça, hein, tu lui dis d’aller se faire mettre et ça te revient bien dans la gueule comme un boomerang alors que toi tu voulais juste jeter le galet le plus loin possible. Putain.

Et il me regarde. Et je le regarde. P’tin j’suis rincé. Séché, essoré, passé au rouleau compresseur et Simje tu sais quoi ?

-De rien.

Tu ne m’as pas cassé mais ton onde de choc c’était pire que tout. Et tout est toujours pire que tout avec toi. Sur tous les plans, qu’ils soient tristes, joyeux, énervants, amusants. Alors voilà, de rien. De rien de t’avoir cassé et de t’avoir fait sortir de tes gonds. J’aurais bien envie de te dire de manger tes morts mais spoiler alert j’ai encore suffisamment de retenue en moi pour t’éviter des remontées acides. Quoique. C’est à mon tour de t’envoyer le bébé cramé alors un p’tit sourire, une p’tite parole bien placé et on est reparti pour un tour. Mais bordel.

Et puis c’est quoi ça. Comme si s’éloigner de la magie c’était facile. Bien que je sois forcé d’admirer ses talents à enterrer les choses déplaisantes, c’est se retirer un organe dont on parle ici. Je me retiens de lui lâcher un lui à l’échelle 1:1 en glace juste pour étourdir les curieux sur les dernières marches de notre podium et balancer sans gêne « ça, c’est ton monde bordel et maintenant tout de suite, j’ai envie de t’enfermer dans un glaçon histoire de te donner l’apparence des mots que tu balances. »

-Mais hey, sois content, l’onde de choc c’est rare.

Sérieux.
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyMar 12 Mai 2020 - 20:36

Le polonais voit bien que l’autre ne plaisante vraiment plus à l’instant, qu’il est mal à l’aise avec ce qu’il est en train de se passer. Bienvenue dans ma vie hein, j’ai vraiment l’impression que quand on est tous les deux on n’est jamais vraiment super super à l’aise de toute façon, on va pas se mentir.

Le silence coule sur les deux quelques secondes où il ne se passe rien, jusqu’à ce que, fourbe, Allen se gonfle de deux petits mots qui ne pèsent pas bien lourd.

— De rien.

Je le fixe pour essayer de trouver quelque chose à interpréter, comprendre une faille ou agripper un angle. Et tout ce que je trouve c’est une frustration plus grosse que prévu, genre, vraiment fat et le gars est même en colère.

En vrai ça me fait sourire en grand. 1-1 mon grand, j’adore te pousser dans cette communication passive agressive que tu abhorres.

J’ai super envie de rigoler parce que c’est absurde, il est en colère de quoi là, il va se calmer, et c’est moi qui monte dans les tours, envie d’éclater, quelque soit la manière au juste, de rire, en sanglots, de rage, piétiner ce que je trouve, casser de la porcelaine ou les cous de bébés chats. M’en fou.

Mais c’est pas le pire.

Tututututut, loin de là. Il se trouve toujours chez Allen des ressources qu’on ne peut pas soupçonner. Des relents de je ne sais quoi qui débarquent sans prévenir comme des méduses sur la plage. Parce que oui, oui oui oui oui oui, le gars me dit : mais hey, sois content, l’onde de choc c’est rare.


Oui oui j’vous jure il dit ça là.


Le polonais lui sert deux yeux ronds comme des soucoupes, totalement outré. Un empathe se serait évanoui face à une telle décharge d’outrance. Ses sourcils relevés, le visage sidéré en entier, il reste une bonne seconde sans bouger pour être sûr que l’autre ait dit ce qu’il a vraiment dit.

Et même qu’il répète.

— J’ai pas dû bien entendre.

Bah ouais sans la magie sans mon pouvoir y’a quand même de grandes chances que ça soit ça, j’ai pas pigé, il a pas dit sois content à l’impératif, il m’a pas traité comme un iguane de malaisie, denrée rare qu’il faut à tout prix sanctifier, il a pas dit ça comme ça c’est complètement…

Je sais pas.

Voilà, le mec réussit à briser mon monologue intérieur et je peux vous dire que c’est rare. C’est aussi rare que l’onde de choc.

— Sois content ?

J’vais m’étouffer. Aheuh, Aheuh, Aheuh.

— Déjà j’suis supposé être t-t-t-out pacifique genre ouh là, fais gaffe, hein, attention toi là-bas parce que j’peux écouter ton coeur et voir plus loin que toi. Et si tu te tiens pas bien, j’peux — fear me — te guérir ! Tataaaaaaam.

J’avale le noeud qui s’est formé dans ma gorge qui m’assèche la langue.

— Je quitte Orpheo parce que je vomis la guerre et j’ai quoi ? Le truc le plus offensif qui soit qui|


Alors qu’il n’a rien touché du tout un courant d’air souffle l’amphithéâtre une seconde fois. Simje s’arrête, mains en l’air, tout à fait sidéré par ce qu’il vient de se passer. Comme si les années de refoulement étaient prêtes à ressortir par marées plus ou moins contrôlables et il fait un pas en arrière précipité. Son corps lui semble très lointain, plus vraiment sien.

Ah je veux pas. Je veux pas je veux pas je veux pas. Allen fait quelque chose. Prend en charge ce qu’il est en train de se passer, franchement la prochaine étape c’est quoi, je m’immole, yeha, nouveau pouvoir ? Il joue avec les muscles de sa mâchoire, serre desserre serre desserre, tout anxieux, du piment sur les lèvres et dans les paumes. Non. Non, non, non, non. Non. Repars d’où t’es venu. Peut-être que ça se rune.

Oh.


Une tenaille l’étripe sournoisement quand il pense aux runes, à la sagesse et la sérénité qu’il ressentait quand il en traçait, quand il assemblait, démêlait, créait, quand il produisait son propre langage magique indétectable intraçable, quelque chose de nouveau, des néologismes qui mêlaient grèce ancien et quartiers pauvres de norvège. Du aussie slang avec un peu de noblesse italienne, des magiques qui avaient poussé des runes à émerger.

Il rentre la tête dans les épaules. Me sent comme un pirate qu’a cherché un trésor dix ans durant et qui, arrivé à la croix, capte que y’a rien en fait. Que y’a jamais rien eu. Il fait quoi le pirate après ? Mh ? Avec son oeil en moins et son crochet ? J’suis arrivé au bout de la carrière d’Orpheo, directeur, mais y’a rien au bout du chemin. J’suis allé voir les sentiments que j’avais pour Allen mais y’a rien au bout du chemin y’a rien de réalisable, y’a rien de concret y’a des in and out permanent et une incompréhension dramatique.

Il presse ses mains sur ses joues blanches.

— Désolé.

Il s’excuse pour des tas de trucs comme si ça pouvait réparer se lien qu’il crève de peur de voir disparaître. Aucun rapport avec rien. Bon courage pour comprendre Allen. Mais si en vrai. Il préfère partir plutôt que voir les fibres se casser petit à petit alors comprenez, de voir que l’autre l’a suivi, il sait plus trop bien, il est parti sans pouvoir revenir et maintenant ce qu’il a laissé le rattrape. Tout d’un bloc, tout d’un coup. L’air dans ses poumons est vicié, l’eau dans sa bouche si sale. J’ai plus de trente ans et c’est toujours la débandade peeeermanente, entre fanfreluches et pertes de contrôle. Toutes ces années de puberté à contrôler jusqu’à la taille exacte de chacun de mes cheveux, tout ça pour tout laisser glisser maintenant.

— Mais t’as sûrement raison, cheers, si Orpheo découvre ça, sûrement que j’aurais besoin de ton numéro anti-harcèlement.

Gagner la guerre Simje, ça ne veut donc plus rien dire ?
Il ravale cette question, piétine en sautant dessus à pieds joints. ftg

La magie fait ressortir tout, tout d’un coup et il reste là, bras inutiles, corps bloqué à tout essayer de rentrer, fourrer des émotions dans les manches, dans les poches, sous son crâne. Ça dit beaucoup la mort et la solitude mais
ça
dit
aussi
un peu
de
gratitude.
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyJeu 14 Mai 2020 - 13:03


"Hold your own"


Si j'avais su à quel point apprécier quelqu'un ça pouvait rendre con, ça pouvait transformer chaque information en espoir naissant, p't'être que j'aurais réfléchis à deux fois. Sauf pour toi.



« Fulminera bien qui fulminera le dernier »

Un jeu du chat et de la souris qui ne se termine jamais. La balance qui penche d’un côté et de l’autre sans jamais se stabiliser car tantôt on y pose une plume, tantôt une enclume. Les poids n’ont que rarement été équilibrés et la plupart du temps, ça ne s’est jamais simplement joué à quelques grammes près. Enclume, plume, la terminaison est la même mais le poids opposé.

Ses yeux s’ouvrent grands comme des boules de billard. Eh oui, surprise, les virages à 180° tu n’es pas le seul à les supporter. Quand bien même aurais-je préféré ne pas en arriver à de telles extrémités, il me semble que cette méthode ait au moins pour avantage de taper où il faut. Soit outré, ouais, soit outré. Outre-toi bien la panse, on en reparlera plus tard. Et voilà qu’il dit :

— J’ai pas dû bien entendre.

Ai-je une maîtrise à ce point exceptionnelle pour le surprendre ? Pour peu, je prendrais ces mots pour un compliment. Ça laisse supposer mon état général, hein. Il y a une nouvelle tornade qui se prépare et je n’ai vraiment pas envie d’être pris dedans, d’où mon silence. S’il s’en était sorti avec un nouveau pouvoir type métamorphose en hamster russe, la donne n’aurait pas été la même. Je me serais mis à répéter jusqu’à ce qu’il craque, puis j’aurais pris une cage, l’aurais mis dedans et me serait renseigné sur la psychologie des hamsters russes jusqu’à ce qu’il se calme. Manque de bol, j’ai plus à craindre avec une onde de choc chronométrée.

— Sois content ?

Ouep.

— Déjà j’suis supposé être t-t-t-out pacifique genre ouh là, fais gaffe, hein, attention toi là-bas parce que j’peux écouter ton coeur et voir plus loin que toi. Et si tu te tiens pas bien, j’peux — fear me — te guérir ! Tataaaaaaam.

Est-ce de la colère ? Du désespoir ? De l’agacement ? Il se retrouve pris entre deux feux et en faisant un quelconque effort, je pourrais me mettre à sa place mais right now, y’a la volonté qui est partie bouder. Il est vrai que Simje a été doté de pouvoirs et dons assez passifs, mais je ne suis pas du tout d’accord pour autant sur le côté « inoffensif ». Il maîtrise les runes et ça c’est assez pour faire flipper les bourreaux, les élémentaristes, les gens-qui-font-des-ondes-de-choc. Petit rappel historique ?
QG Ottawa ? Ça crame à cause d’une rune.
Sri Lanka ? Tout pète à cause d’une rune.
Grotte avec Sadima et Meiko où j’ai failli mourir ? Encore des runes.
On continue ou je m’arrête là ?
Il a l’air de bien sous-estimer l’étendue de ses capacités, le coco. On tenterait bien un rappel mais je ne veux pas tomber de la corniche.

— Je quitte Orpheo parce que je vomis la guerre et j’ai quoi ? Le truc le plus offensif qui soit qui|

Et bam, deuxième micro onde de choc. Heureusement que les derniers étudiants ont quitté l’amphithéâtre, sinon les plaintes pour espace de travail insalubre risquent de fuser. Qu’importe, j’ai beau bien blaguer, la vérité c’est qu’avant un tsunami il y a toujours des petites vagues. Et le mieux serait d’éviter d’avoir à expliquer pourquoi une partie du bâtiment s’est subitement retrouvé soufflé.

Un intense débat mental s’opère dans la tête du polonais mais une fois encore je bloque la curiosité dans l’œuf. De toute façon, qu’est-ce qu’il pourrait bien y avoir, à l’intérieur ? Des « Oh Allen, je t’en veux tellement, tu peux pas savoir comment ça m’énerve cette situation et toi et tout en fait. » pour la partie qui me concerne. Je ne doute pas que ses pensées aillent voir ailleurs également. Quelque chose comme « et comment on fait pour s’en débarrasser ? Oh mazette ne suis-je pas un expert en runes ? Oh mince, j’ai renoncé à m’en servir, intense débat mental en cours. ».
Il attend une autorisation ou bien ? Effectivement, si l’on veut stopper l’effusion de magie, il n’y a pas trente solutions. On rune et le tour est joué.

— Désolé.

C’est à moi de papillonner des yeux. Pardon ? Il s’excuse ? De quoi ? Enfin, il se peut que la liste des choses que je lui reproche soit aussi remplie qu’un casier judiciaire de serial killer, mais là, comme ça, après une mini onde de choc de ras le bol généralisé, ça me prend au dépourvu. Désolé rien du tout.
Ce n’est pas mon état actuel qui ébranlera mes sentiments pour sa personne, si c’est ça qui l’effraie. Nous sommes tous les deux imparfaits. Mais ça il ne le saura jamais. Ja-mais, sinon je perdrais tout crédit la prochaine fois que je sortirai de mes gonds. Et alors là… Là ça risquerait de monter d’un cran.

— Mais t’as sûrement raison, cheers, si Orpheo découvre ça, sûrement que j’aurais besoin de ton numéro anti-harcèlement.

Et pas qu’un peu. Un ancien directeur qui développe ce genre de pouvoir ? Ce n’est plus une panacée, c’est un miracle tombé du ciel. Par contre, ça l’est aussi pour le clan opposé. Etant donné le grief que Simje porte à l’encontre d’Orpheo, qui sait si les sorciers noirs ne pourraient pas y trouver un moyen de l’atteindre. Mais occupons-nous d’abord de ce nouveau pouvoir, pour toi et mon éventuelle survie.
Les bras croisés, les fesses toujours sur la table, je déclare dans ma langue un "tutecalmes" :

-Tu sais que le dauphin de Las Vegas a élu domicile dans mon bureau ? Phil dort tout le temps avec.

Phil est une source inépuisable de conversation. Il est né pour ça et pour une fois, ses activités indignes d’un co-directeur me sont utiles. C’est juste histoire de détourner un instant son attention, imposer une sorte de brise vague pour prévenir le reste. Ça ne lutera pas suffisamment si la vague est un véritable tsunami mais on fera avec.
Finalement, je me tourne vers lui, plus sérieux.

-Bref, si tu ne parviens pas à te calmer, il va falloir runer ton pouvoir temporairement et rapidement. J’ai entendu dire qu'il pouvait se déclencher lorsque les mains sont à une certaine distance, ça a l'air d'être sa zone de concentration. Mais l'onde de choc est tellement rare qu’elle peut probablement se mettre en activité de manière différente selon les personnes.

Je passe ma main sur ma barbe, songeur. Aucune idée de comment gérer ça à moins de runer le tout et aller voir des professionnels. Il me semble qu’il y a un centre de réhabilitation aux pouvoirs et dons dangereux en Alabama et ils sont totalement neutres. Ils pourraient l’aider. Parce que j’ai déjà eu à diriger certains collègues vers ces personnes, je suis en contact plus ou moins direct.

-Je connais des professionnels, totalement neutres, qui pourraient t’aider à gérer ça. Que ce soit pour le développer ou l’occulter. Ce ne sont pas des chercheurs ni des médecins, juste des accompagnateurs très compétents.

Si tu ne prends pas la main tendue, promis je m’improvise pyromane et je te la crame jusqu’à ce que tu comprennes. Et si tu me souffles à deux mètres avant, je… sais pas, mais je le ferai pour sûr.
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyVen 15 Mai 2020 - 16:46

Le polonais s’agrippe fermement à ce qu’il pense être lui. Un lui qui dérive petit à petit dans une eau plate, à peine ridée par une respiration qui ne lui semble pas venir de lui. Comme un enflement qui pulserait à l’intérieur de lui. Petit homme presque perdu à la mer qui serre ses mains sur ses tripes fort fort fort fort en espérant ramener la paix par un peu de douleur.

Ou de douceur ?

Les mots d’Allen l’effleurent à peine pourtant, « Tu sais que le dauphin de Las Vegas a élu domicile dans mon bureau ? Phil dort tout le temps avec » et chatouillent son ventre d’aiguilles poisonneuses. Las Vegas. Un endroit vieux comme le monde, j’ai l’impression qu’on était là bas il y a plusieurs décennies, quand on était jeunes et presque ado, alors que pas du tout, on était très adultes déjà et tout aussi brouillons. Il sourit quand même pour notifier à l’autre que très bien, très bien, il peut jouer avec lui sur ce terrain là. L’avant, le confortable avant où il était glorieux.

La pilule a du mal à passer mais il ne sait pas de laquelle il s’agit.

Le pouvoir enfle en lui comme un bouton purulent crade crade crade sale sale sale et il se retrouve en train d’haleter une frustration qu’il ne connait pas. Une rage qui arrive enfin au bord de ses lèvres comme une écume des jours passés.

— Bref, si tu ne parviens pas à te calmer, il va falloir runer ton pouvoir temporairement et rapidement. J’ai entendu dire qu'il pouvait se déclencher lorsque les mains sont à une certaine distance, ça a l'air d'être sa zone de concentration. Mais l'onde de choc est tellement rare qu’elle peut probablement se mettre en activité de manière différente selon les personnes.

Il hoche la tête, un peu absent. Oui oui le runer, mais sûrement que je pourrais le faire, m’ouvrir moi même une plaie dans le bras, je connais ce jeu, le pincement de la peau qui s’ouvre et la main maladroite qui ne veut pas s’exécuter. Le cerveau qui peine à convaincre les muscles de s’activer mais si, bras, entaille l’autre bras, fais-toi du mal pour sauver les meubles.

Il est essoufflé sans savoir pourquoi.

Manquerait plus que je prenne feu et j’aurais gagné un lot, pfou, immense, dans la loterie de merde de la vie on m’aurait dit ah c’est vous le millionnaire. Au bingo j’aurais coché tous les chiffres. Et Allen qui essaie vraiment de l’aider, pensif, compréhensif. Pourquoi se sent-il subitement happé à des kilomètres de l’autre, pourquoi a-t-il du mal à l’entendre ? Il le contemple, ses doigts dans sa barbe de quelques jours.

Il est beau.

-Je connais des professionnels, totalement neutres, qui pourraient t’aider à gérer ça. Que ce soit pour le développer ou l’occulter. Ce ne sont pas des chercheurs ni des médecins, juste des accompagnateurs très compétents.

Simje se pince les lèvres, mince ligne blanchie par la pression. Perdu perdu perdu perdu où suis-je passé bordel, j’étais là y’a quelques secondes mais j’arrive plus à mettre la main sur moi même, j’aurais juré avoir vu passer mon ombre mais elle court trop vite maintenant pour moi. La température ne change pas mais un frisson douloureux lui colle la chair de poule. Contre toute envie il remonte ses manches de chemise, dit :

— J’pense je pourrais me runer tout seul, je, je…

Ses yeux se perdent un instant dans le vide, il a envie d’ouvrir la bouche pour saliver sans comprendre.

— Comme dans la cave, ha, tente-t-il, sincèrement à bout de souffle pour faire diversion, un sourire moqueur échoué dans sa voix.

Il fouille dans son matériel mais bien sûr qu’il n’y a pas de couteau. Bien sûr enfin, on ne se trimballe pas avec une lame dans ce monde là, d’où viens-tu pour ne pas t’en souvenir, t’as rien laissé derrière n’est-ce pas. « J’ai juste pas de, de lame » pose-t-il le plus platement possible, à court de mots, de souffle, d’arguments, oui se runer soi-même pour ne rien abîmer, ça serait dommage ils ont rien fait et Allen a rien fait non plus et



La bulle lui éclate la rune avec une violence qui le fait grimacer de douleur subitement. Le pouvoir gonfle en lui il le sent comme une pression intérieur qui voudrait lui faire éclater la cage thoracique. Des craquements de côtés qui viendraient se planter dans les murs. Il lève le menton, en proie à un sentiment vertigineux de déferlement magique et module un « tudevraisreculer » et se tourne et atteint la porte du fond, celle juste derrière l’estrade, une porte de secours qui mène dehors où une petite onde de choc vient courir sur l’herbe. Mais rien d’important. Rien de dangereux, rien d’atroce, rien de remarquable.

C’est pas ça qui lui a éclaté au cerveau c’est sa propre colère. Suintante, dégueulasse putain, de celle qui te fait comprendre oui oui oui oui oui oui ils ont rien fait ces gens, et Allen il n’a rien fait non plus, mais y’a des coupables non, des coupables à c’est la faute.

La. Faute.

Accuser.

C’est pas un truc que j’ai fait dans ma vie en plus, jamais jamais, j’ai pris sur moi et jme suis laissé faire. Mais là j’peux pas dire si, j’peux pas dire j’ai pas prévenu parce que j’avais dit et répété et encore répété et j’étais sorti de moi pour hurler sur Hannah et les autres et j’avais été aussi bien entendu que si j’avais été dans l’espace mais je pourrais tout souffler avec ça.


Ses dents serrées font jouer les muscles de sa mâchoire.

Ses sourcils affichent un rictus de souffrance immense de celle qui dit je suis désolé désolé désolé mais mais je crois que je vais devoir y aller tous les souffler d’un coup net que ça se reproduise plus que les gens au pouvoir paient qu’ils soient corrompus ou pas, j’m’en fou.

Rentrer leurs âmes dans des ataúdes et qu’ils y croupissent. Voyez, les langues changent et vivent et travaillent et se fondent des relations des uns et des autres. Peut-être puis-je faire passer ce mot arabe passé dans l’espagnol dans le polonais, le faire mien pour désigner les cercueils des traites et des tout-puissants. Pas sûr que les allemands aient versé du sang pour cette mission. Pas sûr que verser du sang ait été utile après tout.

Mais qu’ils payent, vous voyez ?


Le calme lui revient par vagues salées comme quand il s’asseyait, plus jeune, sur la plage proche de chez ses parents, quand ses soeurs étaient toutes rentrées au chaud. Il attendait d’avoir les doigts complètements numb et engourdis pour rentrer chez lui avoir le fouet du sang qui revient.

Tonight, somebody's lover
Is gonna pay for a sin
It's coming on, it's coming on
I don't know, just what is leading me
Or if time is on my side
It's coming on, it's coming on

Ça lui fait penser à ce son qu’il écoutait avant, y’a longtemps aussi, tout semble être y’a longtemps maintenant comme si sa vie s’était scindée à deux. Il pousse à fond le couvercle sur les pouvoirs, déterminé. Il se sent lourd, pâle, peu présent mais habité et moins vide qu’auparavant.

Moins vide, c’est ça, moins vide.

Ses iris se remplissent de touches de vengeance, sentiment qu’il n’avait jamais fait qu’effleuré jusqu’alors quand ses soeurs lui cassaient trop les couilles. Il expire doucement, l’onde de choc revient dans ses bras, ses épaules, déforme ses os pour s’y faire une place alors qu’il murmure «  il faut que j’y aille »
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Allen Kristiansen
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyDim 17 Mai 2020 - 21:52


"Hold your own"


Si j'avais su à quel point apprécier quelqu'un ça pouvait rendre con, ça pouvait transformer chaque information en espoir naissant, p't'être que j'aurais réfléchis à deux fois. Sauf pour toi.



« Ça n’a plus aucune espèce d’importance. »

L’impuissance. Voici bien un des pires sentiments que je puisse éprouver. La sensation puissante, présente d’être là et malgré tout invisible aux yeux de la personne que l’on désire le plus soutenir. Mon discours s’enchaîne mais ce n’est rien de plus que l’eau qui tombe sur les carreaux. Les réponses sont formulées, les solutions présentées mais rien ne change et la pluie n’est bientôt qu’un murmure. L’impuissance est bien le pire des maux.

— J’pense je pourrais me runer tout seul, je, je…

Il n’en a pas l’air. Son esprit est quelque part, mais certainement pas dans son corps et connecté au temps présent. Je compte les secondes comme si ces dernières me permettaient à moi aussi de ne pas m’envoler, de ne pas me laisser envahir par l’absence du personnage face à moi.

— Comme dans la cave, ha, J’ai juste pas de, de lame.

Il cherche une lame. Ou autre chose. Des réponses, des idéaux, un chemin vers lequel aller ? Il reparle du Sri Lanka et j’affiche un sourire attristé. On a beau refermer une plaie, la cicatrice sera toujours là pour nous ramener à son souvenir. Laide, informe, blanchâtre et sensible. Les blessures du cœur ne sont finalement pas si différentes, il faut simplement trouver comment l’habiller, accepter la douleur qu’on a eu et qu’on retrouvera à chaque fois qu’on tombera sur elle.
Mon point positif, ça a été de rencontrer Simje.

Je soulève ma veste pour fouiller dans la poche arrière de mon pantalon. Pas de lame non, mais un marqueur banal mais terriblement utile dans ce monde qui est le mien. Le sien. A peine pourtant ai-je le temps de le lui tendre qu’il semble de nouveau à deux doigts de me péter à la figure et me conseille comme il peut de dégager de son champ de vision. Pourtant, avant même d’avoir pu faire un pas, c’est à lui de se précipiter vers la porte de secours. De ma position, je ne perçois pas grand-chose mais j’attends silencieusement la déflagration. Une seconde, deux, trois. Quatre. Toujours rien. J’incline la tête sur le côté pour avoir un meilleur angle de vue. Toujours rien. Il est de dos et je me tais. Quelque chose ne tourne pas rond. Pas rond du tout. Je ne peux pas en être assuré, c’est plus une intuition qu’autre chose. Mais il y a un sentiment présent qui inonde la pièce de sa présence et je ne mets pourtant pas la main dessus.
C’est frustrant.

— Il faut que j’y aille.

Comment ça ? Où ? L’inquiétude me gagne comme une bouffée d’adrénaline. Pour faire quoi ? Ce n’est pas «Il faut que j’y aille. » sans intentions, qui désigne un retour à la maison, au coin du feu, dans une atmosphère chaleureuse ou tout du moins passive. C’est un ton à destination de quelqu’un, de quelque chose, qui amène à une action, quelle qu’elle soit.

Mais ma bouche est scellée des événements récents. Est-il calmé ? C’est certainement ma première interrogation. La plus importante, qui, je l’espère, se trouve être affirmative. Je n’ai jamais testé son type de pouvoir et loin de moi de m’y frotter. C’est comme si tout à coup je devais prendre la plus grande des précautions, pour tout, avec un homme qui ne vit pas sur le même temps et peut concrètement assimiler tout et son contraire. Puis-je même l’interpeler ?
Aaaah, cette situation me prend bien trop la tête. Aurais-je mieux fait de ne pas venir finalement ? Et si j’avais réellement mal agi ? La tentation est très forte d’aller trouver moi-même les réponses à ces chamailleries incessantes mais la perspective de mettre Simje d’encore plus mauvaise humeur suffit à rabattre mon don dans mon propre esprit.

-Qu’est-ce que tu comptes faire ?

Cela me paraît le plus confortable pour commencer. Libre à lui de me répondre ou non d’ailleurs puisqu’il se peut qu’en effet, notre conversation touche à sa fin. Toutes ces émotions sont bien trop prenantes pour me laisser vivre sur mes batteries trop longtemps. A fortiori lorsque mon interlocuteur se trouve être ce polonais.
Je réintègre le marqueur dans la poche et garde une certaine distance avec Simje. J’ai un peu honte de me mettre ainsi sur la défensive mais ma sécurité est actuellement un bien précieux que je ne saurais négliger.
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Solitaire | Patpatpatpatpatpat
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Simje Voniestosiwjski
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyLun 1 Juin 2020 - 12:22

Il me demande où je vais aller et recule d’un pas. Je forme les mots dans ma bouche pour les dire, là, tout chauds à sortir du four. Mais quand j’ouvre la bouche, aucun son n’en sort tant ce que je suis supposé dire est à mille lieues de celui que je suis censé être.

Censé, être.

Ça me rappelle quand ma soeur m’avait dit — la plus jeune — je te connais Sim, t’es pas comme ça. T’es pas méchant, t’es pas colérique, c’est pas toi ça. Tu vas le regretter.
Maintenant ça me semble idiot. Pourquoi devrais-je être constant, une seule et unique ligne. Pourquoi ne puis-je donc pas être gentil un jour et timide, explosif et extraverti le lendemain ?

Inarrêtable le jour d’après ?

Cruel celui qui suit.

Mais est-ce vraiment de la cruauté que d’essayer de prendre les armes pour se sortir d’une situation intenable, insupportable ?

Insupportable, définition : impossible à supporter, d'endurer, au physique ou au moral. Synon. atroce, cruel, intenable, intolérable.
Intolérable.
Ne puis-je pas penser qu’il n’est plus tolérable d’envoyer les petites équipes des petits pays à la mort pour tenter quelques percées dans une guerre qui dure, dure, et dure encore ?

Ne puis-je pas demander justice ?
Que les gens cessent de mourir comme des nombres pour les puissants ?

Atroce, cruel, intenable, intolérable.

« Quand le soir, dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos petits enfants, avec votre bonne conscience, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d’inconscients, au regard de Dieu, que n’en aura jamais le désespéré qui a pris les armes pour essayer de sortir de son désespoir. » disait un religieux. N’est-ce pas le cas du fils de pute d’allemagne, rentrant le soir embrasser sa petite famille, sa pupille, sa femme, sa bonne conscience à pleine bouche ?

La magie remonte sur ma langue, me faisant saliver. Un goût de violettes et de cendres. Violet gris, gris violet ; sûrement les couleurs du visage des morts. Du visage d’Hannah.

— Me venger, Allen.

Mais c’est sorti trop vite.

— Trouver justice. Demander, justice.

Mais ça veut juste chercher un sens à tout ça et le trouver coûte que coûte, non ?

Le polonais se sent trop léger sur un sol trop lointain, comme si on avait tiré de dessous ses pieds un tapis vieux de trente ans. Plus là, la stabilité. Son pouvoir fait vibrer tout son corps et il pense à Rhyan et ses orages. Comment fait-elle pour les garder dedans ?
Il lui semble qu’elle ne les contient jamais par la raison.
Alors comment ?

Il en claque des dents.

Qui est pathétique maintenant.

Il aimerait dire je vois pas pourquoi et depuis quand tuer des gens est légal et autorisé pourquoi parce que c’est international on sait plus bien qui a le droit de faire quoi et comment et pourquoi et pourquoi parce que c’est la guerre subitement on augmente le score des morts comme si c’était normal, comme si tout le monde devait faire ça, des pertes nécessaires.

Des pertes nécessaires c’est ça, des, pertes, nécessaires, c’est ça qu’on m’a dit.


Mais il ne dit rien parce qu’il ne sait plus qui il est ni comment est-ce qu’il en est arrivé là, tout lui manque subitement avec une force qui l’écrase lourdement. Une fourmis sous la chaussure de la vie. Son appart lui manque, ses soeurs, la plage, le sel sous les doigts et sur les verres des lunettes, les cafés dégueulasses qu’Hannah faisait, sa routine au bureau, aller courir le matin, son chien, les petites oreilles roses à l’intérieur de son chien.

Il pince ses lèvres en essayant de respirer pour pas raser le campus, le bâtiment les gens et murmure « si je ne fais rien je vais en mourir je crois » et puis « je suis désolé » qu’il pourrait répéter à l’infini et à tout le monde, pierre de malheur, pierre déceptive aux yeux clairs qui ne sait que se tromper.

Misérabiliste.

— Allen, si.. si tu pouvais faire quelque chose qui aurait du sens, pour toi, est-ce que tu le ferais ? Est-ce que t’essaierais de t-t-trouver un peu de paix même si c’était trop tard m-m-même si les gens étaient déjà morts ?
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Allen Kristiansen
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyLun 8 Juin 2020 - 14:51


"Hold your own"


Si j'avais su à quel point apprécier quelqu'un ça pouvait rendre con, ça pouvait transformer chaque information en espoir naissant, p't'être que j'aurais réfléchis à deux fois. Sauf pour toi.



« C’est une conversation qui tourne au vinaigre. »

Je ne saurais déterminer lequel de mes sens obstrue les autres et me plonge dans ce nouvel état d’inquiétude extrême. Quelle est ma certitude quant aux actions à venir de Simje ? J’ai l’impression de faire face à un inconnu, à un caractère étranger sur un visage familier. Une année change la vision d’un homme. Le caractère se forge sur l’amoncellement de difficultés, tel un roi sur sa montagne de déchets. Je ne comprends pas à ce moment le fossé qui s’est créé entre nous, nos réponses dissonantes à un événement presque commun.

Des morts. Des morts qui s’entassent, des visages qui disparaissent du jour au lendemain, une sensation de tristesse infinie avec laquelle il est obligatoire de se détacher pour ne pas tomber dans un puits sans fond. Quelle serait ma réponse à une demande écrite d’Orpheo d’envoyer Phil au casse-pipe ? Aurais-je suffisamment confiance en sa débrouillardise pour m’assurer sa survie ? « Au moins lui ». Les morts sont toujours plus durs à faire passer lorsque l’on connaît leur passé, leur présent et qu’on leur ôte leur futur. Quand on les fréquente des années et qu’on comprend subitement qu’une action devenue machinale n’a plus lieu d’exister. Des habitudes brisées en miettes, déposées sur le sol le long du chemin, avec l’espoir vain de voir revenir l’être cher, attiré par ces souvenirs de sa vie passée.

— Me venger, Allen.

Les deux mots viennent tomber dans mon estomac comme une enclume trop grosse, trop lourde pour être digérée. Ces mots n’ont pas leur place sur ce visage. Se venger. Se venger des morts ? Œil pour œil et dent pour dent ? Mais qui sont les responsables ? Lui ? Orpheo ? Une haute sphère ? Les sorciers noirs ? La guerre ? L’être vivant ? Trouver un coupable est une chose humaine, mais à quel point peut-on faire reposer une action sur une personne ? Comment peut-on déterminer le pourcentage de responsabilité ? Ses choix ? Les intérêts d’une telle mission ? Les questions sont aussi nombreuses que la complexité du mot coupable.

— Trouver justice. Demander, justice.

Il se rattrape mais je ne parviens pas à effacer ses premières paroles. J’ai la question qui frôle mes lèvres. Comment ? Comment comptes-tu te venger ? Orpheo ne l’écoutera pas. Il acceptera sa démission et le remplacera par un autre, plus malléable, moins sentimental. Quelqu’un capable de transformer des vies humaines en lettres, en noms, capable de les rayer d’une main tout en occupant l’autre d’un nouvel ordre.

Le polonais m’a l’air de flotter, plus vraiment sur Terre, tandis que mes pieds sont on ne peut plus ancrés au sol. Je visualise mon spectre d’action en plissant les yeux, pas vraiment certain de le discerner. Quelles sont mes chances d’être balayé ? Quels mots auront plus d’impact que d’autre ? Jusqu’où dois-je intervenir ? Il me paraît absolument nécessaire de ne pas lui tourner le dos maintenant, pour lui comme pour l’organisation.

Il me tire de ma rêverie, lui toujours aussi perdu, moi à peine certain de la marche à suivre.

— Allen, si.. si tu pouvais faire quelque chose qui aurait du sens, pour toi, est-ce que tu le ferais ? Est-ce que t’essaierais de t-t-trouver un peu de paix même si c’était trop tard m-m-même si les gens étaient déjà morts ?

Je ne trouve pas immédiatement les mots. Les siens tournent dans mon esprit comme une comptine dont le sens échapperait à un enfant de quatre ans. Comment répondre à ces interrogations ? À cette douleur à peine masquée ? J’inspire profondément et tâche de reprendre le fil de mes propres émotions. Calme, posé. La réponse est évidente mais elle peine à se faire une place. Comme si les mots mis bout à bout ne ressemblaient finalement qu’à un ramassis d’inepties insensées, détachées, froides. Il ne cesse de prononcer mon nom et je sens la pression flotter au-dessus de mes épaules. Quelle réponse attend-il ? Serait-il… Serait-il véritablement capable de s’attaquer à Orpheo ? Tuer ? Même s’il y parvenait, ce serait sa propre vie qu’il mettrait alors en danger.

La nouvelle réponse me paraît subitement plus agréable. Je secoue doucement la tête et me lance.

-J’essayerai de me reconstruire oui, dans la mesure où ma demande de justice ne me mette pas en danger voir ne pèse encore plus lourd à long terme.

Traduction : ne te lance pas dans une entreprise trop conséquente. Les morts ne pourront être ramenés malgré tout son acharnement. Ce qu’il dit est vrai, la paix n’est pas à trouver pour les morts, elle est à rechercher pour les vivants. Les aider à remonter la pente et à trouver suffisamment de motivation pour repartir malgré la peine accumulée. J’aimerais connaître le cheminement de ses pensées sans me trahir. Inquiet malgré moi, les mots sont répétés avec un ton différent, plus grave.

-Qu’est-ce que tu comptes faire ?

Et avant d’avoir pu tourner ma langue dans ma bouche ne serait-ce qu’une fois, la suite sort sur un fond d’impératif.

-Ne t’attaque pas à Orpheo.

Ils te briseraient encore davantage que tu ne l’es déjà. Ça ne servirait à rien. Serait-ce aussi un fond de protectionnisme ? Une manière de justifier les morts par la présence toujours souveraine de l’organisation. « C’est leur faute, ils m’ont demandé de le faire, ils m’ont demandé de les envoyer à la mort, je n’ai pas eu le choix. » On a toujours le choix.

La peur sous-jacente d’une remise en question brutale n’est pas à l’ordre du jour. Tous mes efforts pour me détacher de ces meurtres déguisés ne méritent pas d’être anéantis par la justice d’un homme, aussi sincère soit-elle. Peu importe l’amitié, peu importe mon indignation envers Orpheo, au fond de moi je crois toujours en elle.
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Simje Voniestosiwjski
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyMar 6 Oct 2020 - 15:45

Si Simje avait pu lire dans la tête de l’autre (l’étranger à lui, si loin, si différent), il aurait pu entendre qu’Allen l’aurait bien vu en hamster russe. Quelque chose d’inoffensif — raté, la colère mène à certaines choses, la frustration à d’autres, mais le désespoir lui, mène rarement au pacifisme édulcoré.

Tout perdre, n’avoir aucune chance de récupérer sa vie.
Ne pas se rendre compte qu’on aimait la tranquillité d’une vie sans problèmes, que des choses mineures — le mauvais regard d’un père, qu’est-ce que c’est ? La moitié des gens sur cette terre sont malheureux de cette manière.

Et puis, si il avait empathe il aurait senti les dix pas en arrière qu’Allen a fait depuis le début de la conversation, et sûrement que ça lui aurait fait de la peine. Mais qu’est-ce un peu de peine quand on se sent déjà immergé tout au fond de l’océan ? Qui en a quelque chose à foutre des remous au fin fond des abysses, de toute façon ? Il s’humecte les lèvres, il sait qu’il n’a pas dit les bonnes choses, et puis qu’il ne fait pas l’effort de prendre la main tendue. Comment reprocher Allen de rétracter la main qui s’en va ? Il ne peut pas voilà tout. Il ne peut pas, et tout est en train de couler entre ses doigts sans qu’il ne puisse bouger.

Tout a changé, et il se sent engagé sur un chemin qu’il regrette sans pouvoir changer de voie. Depuis quand au juste ?
Peut être que c’était là depuis le début et que je suis juste un idiot, que l’eau monte depuis ma naissance même, chaque petite parcelle de temps grimpant sur la précédente pour en arriver là. Et j’ai rien vu venir, le naïf coincé dans une tempête qui s’annonce depuis des heures, mordu par un chien qui n’en peut plus de montrer les dents.

Son pouvoir le fait saliver et son coeur bat tout contre son visage, afflux de sang irrégulier qui lui chauffe les joues. Mais Allen ne bouge pas, c’est pourtant putain d’inconfortable ici, tout, le corps la vie les mots, tout est le malaise personnifié, ne devrait-il donc pas en profiter pour putain de se barrer ? Il déglutit une salve épaisse, presque étouffé dans ce qui vient.

Dans ce qui arrive.

La tempête mousse quelque part, si proche, si proche, si proche. Il se rappelle vaguement d’une chanson qui clapote sous son crâne, ça dit, elle a pris mon coeur j’crois qu’elle a volé mon âme.
Mmmmh.

Et Allen se cale sur le bureau. La nostalgie percute Simje de plein fouet, tremblant sur son bateau ivre. Il se souvient la stabilité et le poids de l’autre (toujours étranger, toujours lointain) comme quelque chose qui ne s’en va pas. Qui reste, qui tient. Pragmatique, solide.
Ça lui rappelle vaguement quelqu’un un jour, qui était terre à terre — tellement qu’il ratait les blagues et le cynisme.

Tout a changé — depuis quand au juste ?
Peut être depuis une seconde seulement, depuis qu’il est entré dans la pièce. Peut être qu’il est ce qui reste parce qu’il souffle tout le reste.

- J’essayerai de me reconstruire oui, dans la mesure où ma demande de justice ne me mette pas en danger voir ne pèse encore plus lourd à long terme.

Simje s’ouvre d’un quart de sourire. Ses pensées s’entreochoquent, incohérente — Ah la voix de la raison ! La voie de la raison — et puis comme s’il se gardait du danger lui ou encore mais qu’est-ce que et aussi mais à quoi ressemble sa vie au juste désormais ?
Le temps se suspens, et pour la première fois, Simje qui remarque tout, toujours, qui tique sur le moindre effet le moindre changement, sent le courant électrique minuscule lui redresser les poils.

Ah.

- Qu’est-ce que tu comptes faire ?

Il ne suit plus la fin, électrisé par les sensations dans ses doigts jusqu’à ses coudes, comme un serpent étranger qui se serait logé sous sa peau. Un sourire vide s’affiche sur son visage, presque étonné de sentir si fort quelque chose après avoir été persuadé d’être presque mort.
Ou totalement, d’ailleurs.

— Ne t’attaque pas à Orpheo.

Allen est toujours en face mais il semble être derrière une vitre épaisse de plexiglas, tout devient cotonneux et une nausée dégueulasse vient à nouveau le faire saliver. Mais qu’est-ce que?.. putain, et Allen qui s’éloigne de part ses mots et se protège et sûrement qu’il a bien raison mais Simje ne peut rien entendre, c’est trop tard là maintenant pour comprendre, pourquoi pas Orpheo hein, et même, même que l’air devient léger d’un coup et il ne peut que dire d’une voix tendue ce qu’il a déjà dit, parce qu’il va le briser comme une poupée de chiffon et tout se terminera à Détroit, la ville de personne :

— Tu devrais partir.

Et puis, parce que ce n’est pas un conseil mais une demande express, il rajoute après avoir déglutit des mots blancs :

— S’il te plaît.

Mais c’est quoi le mieux — ou le pire ? Souffler un amphi ou des gens ou sortir et soulever des voitures, peut être que c’est rien mais là, là là son instinct qui hurle des cris sauvages dans son ventre sait la vérité, une vérité qui va le rafler d’un coup comme une lame au fond d’une bahine, il serre les dents sans savoir comment gérer, il ne sait plus rien, aussi dépourvu face à ça qu’un nouveau né.

L’amphi émet des bruits de matières frottées. Est-ce que tu sens, toi aussi, les choses venir pour mieux se faire briser ?

Ses autres pouvoirs s’emballent, ses mains brûlent subitement en piques aigües et ses sens reviennent en force sous son crâne, décapsulant les verrous, noyant sa personnalité assemblée de toutes les secondes de sa vie. Qu’est-ce que c’est ? mais il ne sait plus si c’est son coeur ou celui d’Allen ou les deux ou tous les coeurs du monde, la vie a cessé de faire sens quelques minutes plus tôt.

Jusqu’où peut-on mordre sa langue avant qu’on en remarque le sang ?

Le prénom coule de ses lèvres à nouveau, « allen » et c’est plein de menaces, comme si Simje avait regardé les laisses des mollosses s’user jusqu’à la rupture sans pouvoir rien faire. Tire toi tire toi tire toi tire toi tire toi il a l’impression d’être condamné à inspirer jusqu’à exploser mais le moment viendra où il faudra expirer.

Expluser.

Ravager.
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyLun 19 Juil 2021 - 14:01


"Hold your own"


Si j'avais su à quel point apprécier quelqu'un ça pouvait rendre con, ça pouvait transformer chaque information en espoir naissant, p't'être que j'aurais réfléchis à deux fois. Sauf pour toi.



« Le temps s’allonge. »

Le temps s’allonge et c’est comme si des années nous séparaient. Une barrière temporelle que je n’arrive pas à rattraper. J’ai les mains presque moites et la sensation que quoi que j’y fasse, la finalité ne sera qu’identique. Parce qu’elle s’est déjà produite. Parce que mon présent est déjà du passé pour lui. Que cette conversation ne fonctionne pas, parce que ni lui ni moi ne comprenons ce que l’autre recherche ou même s’il a besoin d’aide. Parce qu’un pas vers l’autre, c’est un pas de moins vers soi et la crainte en aboutissement d’avoir donné trop et de demeurer blessé, sur le bord de la route.

Peut-être devrais-je me demander ce qui m’amène concrètement ici, à le voir, à l’écouter. D’avoir abattu tant de kilomètres, délaissé mon travail dans le plus grand des calmes, sans me figurer un seul instant des conséquences. Le tout, juste pour donner des leçons et savoir en toute connaissance de causes que ça n’allait pas bien se passer. Pourquoi ai-je fait ça ? Pour lui ou bien pour moi ? De m’être subitement rappelé de son nom, d’avoir cherché à l’appeler pour tomber sur son répondeur et m’être rendu compte du soutien que je n’avais pas été. « Mais c’est de sa faute de m’avoir lâché. »
Très directeur-friendly, de relarguer ses fautes et/ou insécurités sur l’instance encore au-dessus. C’est comme si je n’avais jamais grandi.

Les paroles ne cessent pas, comme une fontaine que l’on refuse de couper en plein hiver, malgré tout conscient des effets d’un gel. Explosion, mais par procuration ici. Je lui demande de ne pas s’attaquer à Orpheo, non pas pour défendre l’institution mais pour le protéger lui. Cependant, ces quelques secondes me confirment qu’il ne m’écoute plus. Si c’est une rage bouillonnante ou simplement un détachement propre à Simje, je ne sais pas. Mais le mur s’étend entre nous, presque palpable. J’aimerais soupirer pour faire redescendre la pression mais la soupape est scellée.

L’air se transforme de nouveau.

— Tu devrais partir.

Il faut que j’y aille. Tu devrais partir. Séparons-nous comme ça parce que là, ça ne va pas. Parce qu souffler un amphithéâtre, c’est visiblement pas dans sa top-list des priorités mais qu’en arrivant dans son champ de vision, j’ai un peu bousculé l’ordre établi. Des questions sans réponses, des espoirs à peine formulés se tordent dans mon estomac à mesure que je sens le dialogue s’effriter. En continuant à gratter le crépi, qu’y trouvera-t-on ? Si je m’étais présenté dans d’autres circonstances, si j’avais pris la peine de trouver ton nouveau numéro et que je me serais simplement annoncé d’un « Simje, c’est moi Allen. Je ne veux pas te déranger, mais quand tu auras le besoin ou même l’envie, appelle-moi. », est-ce que tu aurais apprécié ?

— S’il te plaît.

Je baisse un instant les yeux. D’accord. D’accord, d’accord, d’accord.
Je ne dérange pas. Plus. Après être arrivé comme une tornade, je repars exactement pareil. Ou presque. Je serre doucement le post-it avec le numéro de Simje inscrit dessus et inspire profondément. Si c’est ce qu’il veut. Si c’est ce qu’il veut vraiment et qu’il ne se contentera pas juste de penser qu’au final j’aurais pas dû partir ça me va. La tentation de frôler les limites de son esprit pour déterminer s’il est vraiment temps pour moi de faire demi-tour me titille mais je continue de m’y refuser. Tant pis. Advienne ce qu’il adviendra.

Je lève les bras en l’air d’un air résigné et répond d’un simple :

-D’accord. Tu sais où me trouver si besoin.

J’hésite à lui dire que je sécurise le périmètre au cas où mais m’en retient. C’est pas ok de lui dire qu’il peut tout relâcher mais s’il a un minimum confiance en moi il saura que ses arrières sont assurées quoi qu’il fasse. Qu’est-ce qu’il fera après ? Est-ce qu’il essayera de m’appeler ? Est-ce qu’on coupera les ponts ? Je ne devrais pas m‘en soucier. Si j’ai pu occulter sa vie pendant plusieurs mois sans lui donner de nouvelles, sans doute suis-je capable de le faire encore pour les mois à venir.

J’abaisse les bras et fait demi-tour sans rien ajouter, avant de remonter les marches de l’amphithéâtre en silence avec ce même questionnement « ai-je bien fait de venir ? » et encore et toujours « mais pourquoi ? ». Pourquoi. Je pousse les portes et fais face à un environnement relativement désert. Tant mieux. Je préviens les quelques étudiants de quitter les lieux pour x ou y raisons, mon costume ajoutant malgré moi un semblant de gravité à la situation.
Puis finit par me retourner. Fermer les yeux un instant, songer à la nécessité ou non de retourner à ses côtés, hésiter un instant avant de définitivement quitter les lieux.
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Admin | Solitaire, ex-membre de Croix | Plouf !
EMPLOIS/LOISIRS : BATEAU
LOCALISATION : Dans mon bateau
CITATION DU PERSONNAGE : Dès que les vent tournerons, je me n'enalleron de lapin !

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Niveau du personnage
Point RP:
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Kåre F. Nilsson
Kåre F. Nilsson
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MessageSujet: Re: Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH]   Passage niveau 7 : Hold your own [VALIDE PAR ZACH] EmptyMer 21 Juil 2021 - 22:45

Simje :

NIVEAU VALIDE !

Pouaaaah comment il a pas fait du bien à mon moral ce RP. C'était dur. J'suis pas bienbienbien j't'avoue. Mais il a des raisons Simje, il en a. Et putain Hannah quoi. Alors qu'elle était si touchante Hannah. Et qu'elle était amoureuse à sens unique Hannah. J'aime bien comme tu mets touuujouuuuurs Orpheo en mauvaise posture genre nanannan jaaamais ils auront fait un truc bien. C'est juste la guerre gnn. Point. Non mais à raison pour ce RP vraiment j'sais plus quoi dire hein ça m'a fumée. L'écriture tout en textures, le corps et l'âme de Simje qui en peuvent plus, les pouvoirs qui gonflent et qui explosent. Tu as vraiment exploré le moment charnière dans l'évolution de ton personnage et c'était parfait. Mais cruel.

7 ~ Confirmé : Le personnage ne souffre plus de la fatigue lorsqu'il se sert de la magie qu'il contrôle, sauf s'il en fait usage trop longtemps et s'intéresse à développer le pouvoir qu'il ne maîtrise pas encore ( à savoir : si vous maîtrisez votre don, le personnage s'intéresse maintenant a son pouvoir et inversement).

Allen :

+9 points RP
+4 points membre

Alors je vais commencer par le seul point négatif pour pas l'oublier: des fois t'utilises des expressions ou des formules euh. Je trouve qu'on comprend pas trop où tu veux en venir avec ça. Comme par exemple " Les siens tournent dans mon esprit comme une comptine dont le sens échapperait à un enfant de quatre ans.". J'suis pas sûre de saisir le pourquoi du comment dans le contexte. J'retire pas de point pour ça parce que c'est pas grand chose par rapport à la qualité globale du RP et autant c'est moi qui suis illettrée. En tous cas. J'avais oublié comment t'écris bien. C'est PAS DU TOUT le même style que Simje. Mais alors, ça passe super. Allen est un super pendant à Simje, il est carré, il a beaucoup de tristesse et de refoulé au fond de lui aussi, tu restranscrit tellement bien ce qu'il est. Protocollaire, sérieux, mais avec tellement de tendresse au fond. Big up au gif de ton code ♥

Conclusion :

Mettez vous rien que deux secondes à la place des étudiants qui étaient à l'origine dans cet amphitéâtre. Et marrez vous. D'ailleurs comment il les juge Simje, ouille, ça pique. Mais comme je viens de l'écrire pour Allen, quel harmonie entre les deux. Ou peut-être pas harmonie parcequ'ils sont pas du tout dans le même schéma de pensée ni dans le même état d'esprit mais WOW comme ça marche bien, c'est fou, j'ai eu de l'empathie super fort avec les deux et j'étais trop heureuse de retrouver un de mes duos préférés :3
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