– Merci beaucoup d’avoir gardé les jumeaux. Tu rester pour une tasse de thé ?

Jun dort dans mes bras. Le pauvre s’est réveillé ce matin avec 40°C de fièvre. Pile le jour où Taki est en mission à l’autre bout du monde. Et je suis toujours tellement énervée contre Orpheo que je vois mal les appeler pour leur demander de s’occuper des jumeaux. Ils seraient capable de les perdre. Déjà qu’ils me volent mon mari bien trop souvent à mon goût, je n’ai aucune envie qu’ils s’en prennent – en plus – à mes enfants.
Pas facile donc, de trouver une solution pour faire garder les jumeaux le temps de courir à l’hôpital. Surtout avec la tête à l’envers causée par la peur de voir mon plus jeune fils malade et complètement éteint. J’ai hésité un instant à abandonner la recherche « baby sitter » et à emmener les jumeaux avec moi – même s’ils sont dans une phase particulièrement insupportable et incontrôlable de leur vie. Mais une solution inattendue a comme atterrit devant ma porte. Toujours faire confiance au destin. Et bon, forcer un peu la main du destin à coup d’air désespéré sur la figure aussi. Même si je conçois que ce n’est pas facile d’accepter de garder deux gamins de huit ans surexcités en permanence.

– Ça s’est bien passé ? Ils n’ont pas été trop… trop intenables ?

Je pose Jun sur le canapé. Le pauvre est épuisé. Il a une grosse, grosse otite à l’oreille gauche et le médecin lui a donné des médicaments qui l’ont directement assommé. En plus, j’ai dû prendre le métro pour rentrer. Normalement c’est Taki qui gère les trajets d’un coup de magie, mais là, forcément... Et je ne peux pas vraiment demander à Jace de faire le taxi. Surtout que j’ai vraiment, vraiment zéro confiance dans la maîtrise de son don. Il a d’ailleurs interdiction de se téléporter avec quelqu’un.
Ce qui ne l’empêche pas, évidemment, de téléporter sa sœur environ vingt fois par jour. Insupportables, donc. Mais je les aime très fort. L’un n’empêche pas l’autre, et heureusement ! Au moins ils ont compris qu’il ne fallait pas utiliser la magie devant leur petits camarades de classe, ce qui était ma grande peur en les scolarisant dans le public. Mais d’un autre côté, quelle autre possibilité avions-nous ? Avec Taki, on travaille tous les deux et, même si ses horaires sont plus libres que les miens, il lui arrive souvent de devoir partir pendant des longues périodes. Impossible donc les scolariser à domicile. Et avec l’attaque du Mystery il y a quelques années… Plus aucune confiance dans cet orphelinat. Imaginer mes enfants aux prise avec des sorciers noirs me glace le sang.

– Tu sais quoi, sautons le thé et passons directement à plus fort.

Je sors deux bières du frigo que je pose sur la table du salon avant de m’asseoir à côté du corps endormi du plus jeune de mes enfants et de poser une main, presque dans un réflex, sur son front.

– Ne te méprends pas, je ne veux pas paraître ingrate, mais… la dernière fois qu’on s’est vu ça ne s’est pas très bien terminé. Je suis pas sûre de bien comprendre ce que tu fais là du coup.

Je jette un coup d’œil dans le couloir et aperçois mes deux aînés en train de jouer aux legos.

– Mais merci pour les jumeaux.

Pim pim pim pim pim pim poum !

Shybaï rentre, tornade habituée d’avoir cette tripotée de petits enfants qui, bien que très mignons, sont très… très… des enfants quoi. Ça touche tout, ça change d’humeur comme de slip.. non, bien plus vite que ça, ça passe de JE CHIALE DE FRUSTRATION à Ouh papillon, papillon, haha ! hahah ! Ha ! Bref, des mômes quoi. Mais tant qu’ils ne s’enfoncent rien dans les oreilles, les yeux, la bouche, et tant qu’ils tombent pas sur des angles de table, moi ça me va plutôt bien.

– Merci beaucoup d’avoir gardé les jumeaux. Tu rester pour une tasse de thé ?

J’ai pas vraiment le temps de répondre qu’elle tornade dans tous les coins, ses cheveux noirs voletant autour d’elle quand un halo d’énergie survoleté.

– Ça s’est bien passé ? Ils n’ont pas été trop… trop intenables ?

Je sais pas trop comment dire que muter en animal, ça marche toujours à 1000% sur les enfants. Je suis pas certain de devoir avoir qu’à un moment, ils ont eu un putain de poney dans leur salon, mais voilà quoi, dans l’idée. Maintenant l’attention des ptits nains sous forme de loutre est généralement plus aisé que leur galoper après en leur disant nan pas-ci nan touche pas ça nan, na, NON putain.

J’espère qu’elle retrouvera pas trop de poils non plus.

— Ils ont été super.

Je souris mais elle ne me regarde absolument pas, affairée dans cet endroit qui est son quotidien.

– Tu sais quoi, sautons le thé et passons directement à plus fort.

Elle attrape deux bières, et allons-y, hyper empressée. Je sais qu’elle est brouillon à l’intérieur d’elle et, j’ai beau avoir tamponné mon empathie à fond pour éviter de trop la lire, il m’est impossible d’ignorer les tensions internes qui la fond agir ainsi. Elle marche sur des oeufs, et j’ai du mal à savoir pourquoi.

– Ne te méprends pas, je ne veux pas paraître ingrate, mais… la dernière fois qu’on s’est vu ça ne s’est pas très bien terminé. Je suis pas sûre de bien comprendre ce que tu fais là du coup.

Oh.
Ah. Bien.
Je me passe une main gênée dans les cheveux, m’étirant sur la chaise, avant de lâcher un rire malaisé. Au moins c’est tout à fait clair.

— Je euh..

Je me souviens pas vraiment de la dernière fois.
Voilà.

— Mais merci pour les jumeaux.

Je bois une gorgée de bière alors, le joue tout à fait monté aux joues. L’air de rien elle a un jour été ma prof, et je me sens repris en faute comme si j’avais quatorze ans.
Depuis que mes pouvoirs prennent plus d’ampleur et que le côté animal se visse en moi, il m’est dur de revoir le passé avec précision, le loup m’ancrant inlassablement à l’instant présent et seulement lui, résolument là, tout de suite.

— J’étais dans le coin je, j’étais allé voir Carla..

Je sais pas vraiment si je dois re-situer qui s’est et j’ajoute :

— La copine de Louis, et bref, Taki m’en a parlé c’est pour ça que j’ai pu dépanner.

Nouvelle gorgée parce que je suis mal à l’aise, et que c’est pas franchement dans mes habitudes. J’veux vraiment pas faire chier.

— Je suis désolé pour la dernière fois je.. je sais plus exactement mais je sais parfaitement que je peux être très con.

Et très impulsif, colérique, aucune manière, des mots aboyés plus vite que la lumière, des portes claqués. Quand la fatigue me hâte j’suis tellement pressé d’être dans le calme et le rien que parfois je détraque les autres pour qu’ils me fassent de la place, une percée pour la fuite.

— Ils ont été super.

Je crois avoir vaguement entendu la voix de Ian, au loin. Mais c'est peut-être une hallucination compte tenu du fait qu'on parle de Jace et Hana. Les jumeaux Kido-Artissa. Ceux qui ont emprunté à leur parents leur folie, mais pas du tout leur calme.
Je m'active, pose les bières, les décapsule, me demande s'il faudrait aller chercher un verre avant de me dire que je suis en face de Ian et pas de la reine d'Angleterre. D'un autre côté je doute que j'aurais filé de la bière à la reine d'Angleterre. Bref, c'est un autre débat.

– Je euh…

Jun bouge un peu contre moi, mais c'est une fausse alarme et il reste endormi. Ses petits pieds se posent contre ma jambe. Il a grandit si vite. J'ai l'impression que hier encore, c'était un bébé qui babillait joyeusement dans un berceau. Et avant-hier c'était Ian l'enfant, au Mystery, à faire plein de bêtises avec ses petits camarade.
Et le voilà désormais homme et exorciste.

— J’étais dans le coin je, j’étais allé voir Carla...

Je fronce les sourcils, Carla ?

— La copine de Louis, et bref, Taki m’en a parlé c’est pour ça que j’ai pu dépanner.

Louis. Encore un nom qui ressurgit du passé. Que sont-ils devenus tous ces orphelins désormais adultes ? Beaucoup ont rejoint Orpheo, avec l'espoir de pouvoir encore sauver le monde. Ils ont tout vécu, tout vu, tellement souffert et pourtant ils sont encore prêt à se battre. D'où sortent-ils cette force de résilience ? Celle que j'ai perdu des années auparavant en perdant mon bébé ? Est-ce la jeunesse qui leur permet cela ?

— Je suis désolé pour la dernière fois je.. je sais plus exactement mais je sais parfaitement que je peux être très con.

Je hausse les épaules ; ses excuses sont acceptées depuis longtemps. Tout est oublié. C'était une autre époque de toute manière, une époque où tout le monde marchait sur des oeufs.
Mais je n'ai pas le temps de répondre que mes deux aînés se téléportent dans le salon. Jace lance un coup d'oeil courroucé aux boissons sur la table et lance :

– Maman ! Tu sais que l'alcool c'est mauvais pour la santé, ils l'ont dit à l'école !

Je lève les yeux au ciel et avale une gorgée de bière. Toujours la carte de la maturité avec mes enfants.

– Tu sais ce qui est mauvais pour la santé ? Les enfants qui se téléportent au lieu de marcher. Et en emportant leur soeur avec alors qu'ils savent qu'ils n'ont pas le droit de le faire.

Jace fait mine de bouder un quart de millième de seconde avant de grimper sur mes genoux. Aussitôt rejoint par Hana. Bon, je dois reconnaître que le plan des jumeaux est pas mal : au moins coincée comme je suis ça va être difficile de boire quoi que ce soit. Mais comment dire non à mes enfants qui se blotissent contre moi pour leur dose quotidienne de câlins ? Je fais semblant de me plaindre, mais dans les faits, je les serre très fort contre moi.
Un jour c'est eux qui seront grands comme Ian, à boire des bières avec leurs anciens profs et peut-être à se battre contre Orpheo. Et je n'ai pas hâte du tout de ce jour.

Je vois leur ressemblance comme jamais, maintenant qu’ils crapahutent autour d’elle. Vous pourriez dire que ce que n’est pas le cas de Jun, mais à vrai dire si, des expressions du visage sont similaires des façons d’afficher satisfaction ou autre également. Petit bonhomme. C’est fou comme la vie a dérapé d’un coup, et pour tout le monde. On pourrait dire qu’on aurait pas pu le prévoir, mais le tonnerre grondait depuis des mois voire des années déjà. Je ne sais pas ce qu’on aurait pu faire — et j’étais jeune à vrai dire, inconscient et un peu con — mais les mesures d’Orpheo restaient alignées à leurs moeurs et valeurs.

Comme quoi, en temps de guerre, les moeurs et les valeurs, hein…

Surtout avec les nouveaux allemands. Jace et Hana subitement dans la salon ; ils ont de la chance d’avoir cette liberté de mouvement, pew pew, comme dans le film, là, Jumper ! Trop cool. Trop cool et trop classe. Mais trop chiant pour les parents, j’en conçois. Mais bon, pour quelques heures, j’étais l’attraction plus intéressante que leurs pouvoirs. Pas dit que ç’aurait duré bien longtemps.

– Maman ! Tu sais que l'alcool c'est mauvais pour la santé, ils l'ont dit à l'école !

Je crois savoir qu’ils vont à l’école humaine et, même si ce n’est pas un choix que je juge, je ne le comprends pas pour autant. Leurs problèmes seront différents des humains normaux, leurs enjeux aussi, ils devront mentir longtemps et puis, quand leur monde partira en couilles à eux aussi, ils seront seuls.

Si je me sens heureux d’avoir Carla en dehors de cette bulle écarlate, j’me sens également heureux d’avoir Autumn dans mon chez moi, d’avoir ses mots, ses renards et ses souvenirs.

M’enfin, ils sont jumeaux déjà, et c’est beaucoup.

– Tu sais ce qui est mauvais pour la santé ? Les enfants qui se téléportent au lieu de marcher. Et en emportant leur soeur avec alors qu'ils savent qu'ils n'ont pas le droit de le faire.

Presque immédiatement — le temps de boudage d’un enfant est limité — Shy se retrouve avec un tas d’enfants sur elle, câlins, à la maison, heureux. Je bois une gorgée de bière en souriant, c’est mignon. La guerre n’a pas l’air de les avoir trop soufflés et c’est tant mieux — pourtant Takeji est passé à travers meurtri. Ça fait un moment que je l’ai pas vu.

— Et Takej

Mais je n’ai absolument pas le temps de finir que la porte s’ouvre à la volée. Je m’attends à voir mon ancien prof, donc — qui serait assez chez soi ici sinon le dernier habitant du troupeau ?
C’est pourtant Rhyan qui passe la porte, sac à main au bras, cheveux lâchés dans un halo clair sur ses épaules, pas de cernes, pas de bleu, une humaine qu’on croirait sorti d’un film devant nous.

Je déteste qu’elle m’ait dit pour Cyan, je déteste que ça la rende heureuse, je déteste qu’elle soit jamais allé aussi bien de sa vie, je déteste qu’elle ait pris part à la reprise du Mystery, je déteste qu’elle soit proche de tout le monde comme si ça lui était encore permis, je déteste de pas réellement réussir à lui en vouloir, mais je la déteste de mettre ce mur d’incompréhension autour de nous.

(y’avait qu’à pas me menacer de rameuter deux persos)

J’ai quelques heures de retard — et j’le savais. C’est con, c’est con c’est con c’est con, j’aurais adoré avoir les mini-pattes rien que pour moi, à les faire hurler des rire en les poussant à travers les murs.

Ne dites rien à Shybaï, c’est un secret entre enfants et mi-adulte, ça ne concerne ni leur mère, ni leur père, ni le cactus totalement décédé qu’ils font genre de garder. Dommage que Jack soit mort depuis — il n’aurait pas supporté un troisième môme de toute façon je crois. Je tornade dans la rue, trop pressée d’y allée, ils me manquent fort, Shybaï aussi. Même si elle est reloue parfois, comme tout humain débordé, fatigué (et anciennement en guerre).

La vie est plutôt cool, et je me permets de passer à travers les portes d’entrée de l’immeuble parce que pourquoi pas ; je passe quand même par la porte normale. Je balaye la scène de la pièce : Ian, Shybaï, Jun-qui-est-tout-rouge-et-les-yeux-tout-larmoyants et oh mon dieu les jumeaux !

— Et coucouuuuuu, soufflé-je en rentrant, résolument réjouie de les voir qu’ils sont mignons, mon dieu, qu’ils ont grandis oh là, là là là là là.

C’est le câlin général de nous trois (la société secrète des secrets) avant que je relève la tête. J’embrasse Shy sur la joue, effleure du doigt la joue toute rebondie du dernier arrivé, visiblement au bout de sa vie et salut d’un « hey » monsieur Ian Coley ici présent. Je ne suis ni folle, ni très conne, et je sais bien qu’il n’est pas pour ma fréquentation avec Cyan Soul.

Moi non plus, au demeurant, mais mes désirs n’en font qu’à leur tête, et mon bonheur aussi. Je n’étais pas préparée à ce qu’il se situe là, mais maintenant que je l’ai, hors de question de faire autre chose que le chérir. Malheureusement pour le monde — ou pour notre amitié — mes valeurs ne font pas le poids face à un amour qui se veut sain, supportif, doux, absolu. Je n’ai pas la force de me rendre misérable.

Enfin, si, mais pas en quittant Cyan.

— Je suis vraiment désolée de ne pas avoir pu me dégager plus tôt, j’aurais adoré garder les monstres, mais Orpheo m’a retenu.

Un sourire me barre le visage.

— Un gars s’est téléporté sans faire exprès vraiment, vraiment très très loin et on a cru qu’on y remettrait jamais la main dessus.

Je fais les gros yeux aux deux mignonnets pour faire bonne mesure : la téléportation, c’est le mal. Demandez à Edwin si quand vous avez envie de pisser vous terminez pas dans des lacs, si en pensant à la dernière minute à mamie votre don va pas essayer de vous faire traverser un continant. Mmmh mmmh. J’vous ai à l’oeil. Je sais très bien qu’ils mettent la misère à leurs pauvres parents de temps à autre — tant que c’est que ça, c’pas bien grave — mais viendra le jour où ça sera plus grave.
Ou alors le jour où ils auront un mentor. Et alors là, bon courage le mentor. Bon courage.

Entre deux câlins des jumeaux, je peux vaguement voir Ian bouger derrière une masse de cheveux, de mains et de mouvements. Je suis submergée sous une vague d'enfants.

– Et Takej...

Mais il n'a pas le temps de terminer qu'une porte – ma porte d'entrée – claque et que je fronce les sourcils. Ce n'est pas Takeji qui rentre de mission, c'est certain. Parce qu'il n'ouvrirait pas cette porte ainsi. Il n'ouvrirait pas cette porte du tout d'ailleurs. Parfois je me demande pourquoi il a besoin de clés pour rentrer. D'autant plus qu'elles passent environ 90% de leur vie dans le vide poche de l'entrée.
Alors qui peut bien débarquer sans prévenir ? Deux possibilités : soit un sorcier noir venus nous enlever – et auquel cas je suis bien heureuse qu'Ian soit présent pour se battre avec moi –, soit…

– Et coucouuuuuu

… Rhyan.

Les jumeaux me délaissent immédiatement pour se précipiter dans ses bras. Voilà, ça fait toujours plaisir de voir que quand elle débarque je semble disparaître aux yeux de mes enfants. Heureusement Jun – réveillé par tout ce raffut – se réveille et vient se blottir dans mes bras, tout brûlant de fièvre.
Et puis je grogne, je grogne, mais je suis heureuse de la revoir. Ça fait un bout de temps qu'elle a pas mis les pieds à la maison. Ces jeunes… ça passe toute leur vie à courir dans tous les sens, limite encore plus épuisants que des enfants.
Je me sens vieille d'un coup.

– Je suis vraiment désolée de ne pas avoir pu me dégager plus tôt, j’aurais adoré garder les monstres, mais Orpheo m’a retenue.

Elle dit ça, elle dit ça, mais elle vit pas tous les jours avec. Cela dit, si elle insiste, je crache pas sur une baby sitter pour garder les enfants de temps en temps histoire que Taki et moi on puisse se faire un resto de temps en temps.
Hmm. Après réflexion, je propose même qu'on saute le resto pour aller directement dans une chambre d'hôtel. Vous savez ce que c'est la vie sexuelle de deux parents avec trois enfant dont une peut se rendre invisible et un autre peut se téléporter ? Non ? Bah moi non plus. Et c'est bien là le problème.

– Un gars s’est téléporté sans faire exprès vraiment, vraiment très très loin et on a cru qu’on y remettrait jamais la main dessus.

Et voilà. Prends ça dans la figure la téléportation. J'ai toujours dit que c'était le mal, de toute façon.

– Moi je maîtrise super bien la téléportation ! se vante Jace.

Mais bien sûr. C'est comme ça qu'un jour il s'est retrouvé chez la voisine. Je vous raconte même pas ce qu'on a dû inventer pour calmer la vieille folle qui soupçonnait vraiment un enfant de sept ans d'essayer de la cambrioler.
Mais je me contente de lever les yeux au ciel et de ne rien faire remarquer à Jace devant Rhyan. Je crois qu'il l'aime bien et qu'il est même un peu amoureux d'elle. C'est mignon.

– Si tu insistes Rhyan, je dis pas non à ce que tu les gardes samedi prochain pour que j'aille tester le spa qui vient d'ouvrir dans le quartier.

J'ai reçu le prospectus hier. Ils offrent un cocktail dès une entrée achetée.

– Oh oui siteuplaît siteuplaît siteuplaît ! Dis oui Riri ! supplie aussitôt Hana.

Je disais donc, ça fait plaisir d'exister devant ses enfants.