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MESSAGES : 391 DATE D'INSCRIPTION : 27/10/2012
Niveau du personnage Point RP: (79/200) Point Membre: (21/200) Niveau: 7 - ConfirméeBleuann W. Soul Admin | Sorcière Noire | Âme bleue | Sujet: Tirer sur le fil Sam 24 Oct 2020 - 17:42 | |
| Tu tires sur le fil. Là où ça fait le plus mal, juste à côté du trou dans ton coeur. Tu t'acharnes depuis des jours à écouter à l'intérieur de toi, le tout petit battement d'ailes que tu sens encore, celui qui a résisté malgré les intempéries, le temps, l'éloignement. Comme un petit oiseau en train de mourir, mais qu'il ne faut surtout pas lâcher. Surtout pas. Caresse sur ses ailes fragiles, douceur dans le nid que tu façonnes à l'intérieur de toi. Et tirer toujours.
Ça fait maintenant cinq mois que ton coeur s'est brisé, fracassé contre un mur. Ancré dans ta tête, tu as vu tourner en boucle le regard lancé par Ange. Sa déception, sa tristesse, son dégoût de toi. Tellement de douleur qui a résonné dans ton coeur. Et tes parents, leur folie, leur colère, leur haine. Ils ont piétiné un peu plus ton coeur en miette, sans te laisser de répit. Rosenrot par-ci, Rosenrot par-là. Fallait pas lâcher, tu vois. Fallait continuer à se batte, tu sais. Fallait pas abandonner le rang. Alors la journée tu as continué à te battre. Mais la nuit tu relâchais tout. Les larmes qui ont creusé des rigoles sous tes yeux. Les cauchemars qui t'ont empêchée de dormir. La dépression qui, jour après jour, te dévorait. Et le regard de Ange, toujours, toujours, toujours. Tu as vite compris qu'il te fallait partir. Mais pour aller où, comment ? Toute seule ? Ange c'était impensable, invivable. Pas après Myaw, pas après tout ça. Et partir toute seule alors que tu ne sais rien faire d'autre que de tuer ? Partir toute seule pour être rattrapée par Rosenrot ? Retourner ta veste et rentrer à Orpheo ? C'était signer ton arrêt de mort. Mais il y avait autre chose. Une plume dans ton coeur qui chatouillait le trou laissé par Ange. Une odeur enfantine, un rire cristallin, un amour pur, mais rongé.
Un matin tu t'étais levée, tu avais fait ton sac et tu avais tiré sur ce fil oublié. Ça avait mis du temps, tellement les battements s'étaient tari. Tellement vous étiez loin. Mais le battement existait et tu l'avais suivi. Surtout ne pas le lâcher. Ça avait été rude. Pas de fuir ainsi, un matin, en abandonnant tout derrière toi. Qu'est ce qu'il y avait à abandonner de toute façon ? Pas tes parents. Pas tes frères. Pas Rosenrot. Plus Ange. Non, ce qui avait été dur c'était d'éviter Rosenrot qui, même en étant en état de suffocation suite à la guerre, avait encore des ramifications partout. Des racines noires qui se dissimulait dans les ruelles les plus sombres. Il te fallait tout éviter pour ne pas être vue. Te dissimuler. Et malgré cela, réussir à traverser la moitié du monde. Direction l'Australie. Pour ne surtout, pas perdre l'oiseau dans ta poitrine.
Et puis, deux mois après ton départ, tu y étais arrivée. Il n'y avait plus qu'une porte entre toi et le bout du fil. Plus qu'une porte avant de retrouver la relation décharnée que tu avais laissée dans le passé.
Tu toques. _________________ « Dans presque tous les mythes fondateurs, personne n'a de pire ennemi que son frère, si ce n'est son père qui, craignant une alliance des frères contre lui, prend parfois les devants et les tue. » Dc de Myaw Nienta ~ couleur blue |
| | | MESSAGES : 552 DATE D'INSCRIPTION : 21/12/2010
Niveau du personnage Point RP: (241/200) Point Membre: (133/200) Niveau: 7 - ConfirméGreen Soul Solitaire | Âme verte | Sujet: Re: Tirer sur le fil Sam 24 Oct 2020 - 21:32 | |
| que reste-t-il de Green des morceaux de passé recomposés pour les circonstances quelques gouttes de spleen des nécroses et des béances et puis toi, Bleu.
L’eau remonte tout à coup, la vague se forme, minuscule, devient mousse, happe leurs pieds. Elaïa éclate de rire, écrase ses paumes dans l’eau en éclaboussant son père. Il se fusille les yeux à regarder l’horizon brûlant d’Australie. Rien à voir avec la tendresse et la froideur allemande. Il n’est pas nostalgique, mais il aimerait rentrer, parfois, à la maison. Mais pas la maison qu’il habitait avec Anja. Elle ne lui manque pas, cette demeure-là, elle a enfermé tous les démons leurs peurs leurs tords. Parfois il se rend compte qu’il se souvient d’une odeur, un rayon de soleil dans le salon surchauffé quand l’étoile tapait en plein sur les fenêtres, la sensation d’un canapé trop moelleux, le bar en bois poli mais doux.
À d’autres moments, c’est Anja qui lui manque. Pas Anja, Anja, il sait qu’elle ne changera pas et qu’ils ne peuvent pas s’aimer en l’état, ils ne savent que se percuter, se fondre, s’arracher de l’autre. Contempler ses cicatrices, se les reprocher. Recommencer. Mais quand il se laisse aller à quelques errements, y’a des images de ses cheveux qui repassent en boucle, des discussions dans la cuisine avec un verre de vin à la main, lui en jogging épais, t-shirt, elle pas mieux, des discussions interminables, brillantes. Il fronce les sourcils à ce souvenir, ravale une tristesse qui lui pèse fort sur la langue, inspire doucement. Que les larmes retournent faire nager les poissons de ses regrets.
Le plus souvent à vrai dire, c’est sa maison d’enfance qui lui manque. Ses frères, l’absence d’inquiétude permanente, les projets, la vie. Bleu. Mais il sait que c’est une vie qu’il n’aura plus jamais. Il se souvient avoir chialé comme un môme à gros sanglots morveux en hoquetant « i can’t have that life back » et y’avait rien eu de plus à ajouter. Il s’était abandonné lui pour Chloé, puis lui pour sa famille, puis il avait cru pouvoir se sauver avec Anja mais il avait eu tord.
Alors il s’était laissé pour Elaïa.
Il se retourne, l’éclabousse d’un grand splash. Ses cheveux clairs s’aplatissent sur son ptit crâne, elle rouspète de sa ptite bouche, essaie de l’éclabousser, puis essaie de le pousser. Pas farouche la gamine, qu’il soulève net et attrape dans ses bras avant de retourner tranquillement vers la maison, à coup de « qu’est-ce qu’il féroce ce petit humain ! » avant de la laisser glisser à terre. « allez viens, c’est l’heure »
Mais devant la porte il y a Bleu. Frêle, frêle, frêle.
Elaïa n’a pas grandi avec son père mais le connait bien déjà, observant tout, tout, tout. Elle lui attrape la main immédiatement, contact chaud mais pas si rassurant, quand le concerné lâche d’une voix qu’elle ne lui connait pas.
— Hey.
_________________ Dc de : Ian, Nawel, Rhyan, Lola, Josh, June. |
| | | MESSAGES : 391 DATE D'INSCRIPTION : 27/10/2012
Niveau du personnage Point RP: (79/200) Point Membre: (21/200) Niveau: 7 - ConfirméeBleuann W. Soul Admin | Sorcière Noire | Âme bleue | Sujet: Re: Tirer sur le fil Sam 24 Oct 2020 - 23:34 | |
| Tu toques, mais personne n'ouvre la porte. À la place, c'est une voix derrière ton dos qui t'appelle.
– Hey.
Ta respiration se coupe presque. Il est là, derrière ton dos, à quelques pas seulement. L'être pour lequel tu as traversé la moitié de la Terre. La voix qui tout de suite te rassure et te réconforte. Alors tu te retournes, mais pour t'apercevoir que ton frère n'est pas seul. Une enfant, une gamine qui ne doit pas avoir plus de dix se tient à côté de lui, ses doigts fermement ancrés dans les siens. Une petite fille que tu n'as jamais vu auparavant et qui pourtant te semble tellement familière.
– Hey.
Gorge sèche. Tu te rapproches d'eux et t'agenouille à la hauteur de l'enfant. Ses yeux brillent dans la chaleur de l'Australie. Des yeux que tu connais bien pour t'y être souvent perdu lors de ta propre enfance. Des yeux malicieux qui te racontaient des histoires d'horreur dans des cabanes faites de vos matelas et de vos draps. Des yeux déterminé qui ne pleuraient jamais, même lorsqu'ils se retrouvaient enfermés dans l'obscurité. Des yeux qui cherchaient toujours les tiens lors des cris et des coups de vos parents. Il y a la même force qui vibre dans les yeux de cette enfant que tu ne connais pas et que, pourtant, tu connais si bien. Et tellement de choses qui se dégagent de cette petite. Tellement de puissance, d'émotions. Ton empathie lit en elle comme dans un livre ouvert, comme si le lien du père avait été transmis à la fille.
– Salut. Je suis Bleuann, ta tante.
Puis tu lèves le menton en direction ton aîné. Dans ta tête plein de questions s'enchaînent et tu sais que tu n'as pas besoin de les prononcer pour qu'il les devine. Qui est cette fille ? D'où sort-elle et comment est-il possible que personne, absolument personne, ne soit au courant. Et surtout, qui peut bien être sa mère ? Mais tu tais les questions et tu les laisses dans un coin de ta tête. Ce n'est pas l'important, pas pour l'instant. Ce qui compte c'est ces trois âmes du bout du monde, cette improbable rencontre perdue en Australie, cette fuite du temps. Alors tu attrapes la main libre de ton frère, ta paume contre la sienne, brûlante, l'odeur de l'enfance qui se mêle à celle du sable, du soleil, de Green devenu adulte, Green devenu papa.
Tu m'as manqué, hurlent tes yeux. Et tu sais qu'il l'entend, parce que ton coeur le crie si fort que tu as l'impression que tes tympans ont explosé. Silence aqueux et pourtant tellement bruyant, une tête sous l'eau qui remonte pour aller brûler contre le Soleil. Tu m'as tellement manqué. Et tes doigts qui serrent un peu plus fort ceux de ton grand frère. _________________ « Dans presque tous les mythes fondateurs, personne n'a de pire ennemi que son frère, si ce n'est son père qui, craignant une alliance des frères contre lui, prend parfois les devants et les tue. » Dc de Myaw Nienta ~ couleur blue |
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Niveau du personnage Point RP: (241/200) Point Membre: (133/200) Niveau: 7 - ConfirméGreen Soul Solitaire | Âme verte | Sujet: Re: Tirer sur le fil Dim 25 Oct 2020 - 9:05 | |
| Il a peur — mais pas plus que hier, pas plus que demain, sûrement que ses angoisses plafonnent, elles ne peuvent pas aller plus haut. Qui disait que la souffrance avait ses limites, mais pas la peur ? Ça lui rappelle vaguement un enterrement ; il refoule la pensée, revient à maintenant : il a peur qu’elle lui en veuille. Ne rien dire, se taire, s’éloigner. C’est avoir caché la voile de sa barque qu’il l’emmenait plus loin, plus loin, plus loin.
Pourtant elle répond, elle dit « hey » et elle s’approche. Il ne se demande pas comment elle a fait pour le retrouver, ni pourquoi elle est là.
Il sait.
Elle s’accroupit auprès de la gamine qui ne moufte pas un peu. Elle ne s’accroche pas non plus à la jambe de son père, non, elle tient simplement sa main et se tient là, droite. Il a du mal à savoir comment elle a été élevée. Littéralement. Mal. Un enfant ça dit peu dans les détails, ça raconte pas toujours vraiment, les mômes sont rarement les narrateurs les plus faibles. Alors monte en lui ces relents de colère envers celle qui est toujours sa femme : tu m’as enlevé tout ça. Tu nous a enlevé tout ça.
Pourquoi ?
Les secondes s’égrènent un peu, avant que Bleu ne dise « Salut. Je suis Bleuann, ta tante ». Elaïa la détaille. Grands, grands yeux. Elle n’est pas certaine de lui trouver un air de ressemblance très marquée avec Green, mais elle répond juste « Elaïa. »
Les mots résonnent pour le père qui se dit, je suis Elaïa, la fille de Green et d’Anja, jamais vue, à peine sentie, observée, ou la fille de Green et Sakura et Mohammed, la soeur des autres, et peut être qu’elle se sent seule désormais, et il s’en veut de l’avoir arrachée pour ses convictions à lui mais il voulait qu’elle reste entière, pas brimée, pas frappée, pas aussi tranchante et fragile que tous les Soul qui dévient.
Parce qu’il le sait, Green. Il le sait que Bleu aussi, elle a dévié. N’est-ce pas ?
Elle se relève enfin. Green aurait pensé être impatient, mais il lui semble désormais qu’ils ont un temps qui leur est propre, étiré, mou, dans lequel ils peuvent se mouvoir à deux, enfin, à trois, sans le reste du monde. Une bulle tissée rien qu’à eux. Elle attrape sa main, encore quelques secondes qui caracolent entre eux jusqu’à ce qu’il tire sur cette main pour l’attirer à lui, la presser contre son coeur. Son bras fait le tour de son dos, petit petit dos, son nez dans son cou, odeur, sensation, touché, sa soeur contre lui là, et murmure « toi aussi ».
Mais parce que deux Soul ça attire l’attention — trois, pardon — il passe une main dans son dos presse une paume contre la porte. La rune fait écho à celle cachée sur sa peau et se laisse manipuler. Elaïa rentre la première. Ne reconnais-tu donc pas ta reine, en filigrane sous les traits de l’enfant ? À son grand désarroi, il reconnait aussi un peu Sakura, parfois Mohammed aussi, et ça lui pince la gorge si fort.
Si fort. _________________ Dc de : Ian, Nawel, Rhyan, Lola, Josh, June.
Dernière édition par Green Soul le Dim 25 Oct 2020 - 11:10, édité 1 fois |
| | | MESSAGES : 391 DATE D'INSCRIPTION : 27/10/2012
Niveau du personnage Point RP: (79/200) Point Membre: (21/200) Niveau: 7 - ConfirméeBleuann W. Soul Admin | Sorcière Noire | Âme bleue | Sujet: Re: Tirer sur le fil Dim 25 Oct 2020 - 10:12 | |
| – Elaïa.
La petite a dit cela naturellement, facilement. Elle n'a pas la timidité des enfants de son âge, elle a juste une forme de méfiance qui irradie. Un héritage génétique des Soul ? Ou de sa mère – qui est sa mère – ? Ou simplement l'éducation du père sur l'enfant. Papa. Tu observes la petite main dans celle tellement plus grande qu'elle tient. Green n'a rien d'Alec Soul. Elaïa n'a rien de toi. Elle domine la peur que tu vivais quotidiennement auprès de ton géniteur. Elle n'a pas un prénom de couleur. Ce n'est pas une soldate de plus pour l'arc-en-ciel Soul. C'est une enfant. Un peu méfiante, certes, qui a l'air forte et intelligente, mais c'est une enfant.
Tu attrapes la main de ton frère. Tu sais ce qu'il est resté de votre dernière rencontre, tu sais la haine, la peur, l'énervement qui a longtemps vécu entre vous, tu sais le lien qui s'est étiolé au fil du vent et, pourtant, tu n'as pas peur qu'i te rejette. Parce que c'est Green et Bleu, parce que c'est les dernières couleurs de l'âme. Ton frère t'attire tout contre sa chaleur et tu te laisse tomber dans tes bras, des larmes chaudes roulant sur tes joues. Pas les sanglots d'une enfant – l'enfant ce n'est plus toi désormais, c'est Elaïa –, mais la douleur sourde d'une femme au coeur brisé. Le sel qui lèche ses joues cherche à s'excuser, à retrouver le réconfort des bras de l'aîné, le lien si fort qui vous unissait.
– Toi aussi.
Green passe la main derrière ton dos et pousse la porte. Elaïa se détache et entre la première, de retour chez elle, dans une maison qui est son foyer. Tu l'observes en passant. Sa démarche, son air, sa détermination. Tout te rappelle ton frère enfant. Mais un peu différent, comme s'il avait déjà été abîmé par la vie, comme lorsqu'il avait déjà perdu son innocence. Cette enfant est un mélange entre le Green enfant et le Green adulte, comme si elle n'avait pas vraiment de mère. Tu suis ta nièce dans l'entrée, tes yeux fouillant automatiquement l'obscurité. On peut fuir une famille, on peut fuir une organisation, on ne peut pas fuir un entraînement. Ton cerveau repère les brèches, les endroits où une ombre pourrait se faufiler, les possibilités de fuite. Tes prunelles balaient l'espace et gravent tout dans ta mémoire. Quelques secondes à peine, indétectable pour un humain, tellement lisible pour ton frère. Face à Green, de toute façon, tu es transparente. Tu déposes ton sac dans un coin – petit sac qui résume sa vie dans son contenu, tes économies, quelques vêtements, une ou deux armes – et avance dans l'endroit. Tu n'oses pas vraiment toucher les murs, les objets ou les meubles, comme si tu avais peur de tout abîmer. De tout casser.
Alors tu restes debout. _________________ « Dans presque tous les mythes fondateurs, personne n'a de pire ennemi que son frère, si ce n'est son père qui, craignant une alliance des frères contre lui, prend parfois les devants et les tue. » Dc de Myaw Nienta ~ couleur blue |
| | | MESSAGES : 552 DATE D'INSCRIPTION : 21/12/2010
Niveau du personnage Point RP: (241/200) Point Membre: (133/200) Niveau: 7 - ConfirméGreen Soul Solitaire | Âme verte | Sujet: Re: Tirer sur le fil Dim 25 Oct 2020 - 11:09 | |
| Il aimerait lui dire viens, viens dans l’étage de trop, celui dont on ne sert pas, viens dans la véranda, viens dans le patio, regarde les levers de soleil et les lentilles d’eau. Rien du tout, ils n’ont pas de chambre d’amis, il y a vaguement un bureau, des jouets par terre, des câbles de console sur le parquet abimé par le sable et le sel. Un canapé mi-bois, mi-mou, une mezzanine où Elaïa dort qui grince putain, des cactus et des aloe plein le jardin où rien d’autre ne pousse, l’eau à trois pas, ça ouais, et puis rien. Rien, rien, rien. Tout lui manque, Mais rien ne lui manque assez pour qu’il regrette son choix.
Il voudrait dire ça a un prix de partir, ça a un prix de quitter, ça a un prix de laisser, mais il sait qu’elle sait, et les valises qu’elle porte sous les yeux, il sait qu’elle ne les posera pas.
Il la regarde détailler les choses, scanner l’endroit, alors que sa fille lui rappelle doucement, réattire l’attention à elle, murmure dans son coin, hey, hey, hey, et moi, moi, qui est cette soeur qui éclipse toutes les règles toutes les habitudes tous les vigiles ? « j’ai surf après, hein » et il sait que s’il avait tiré un peu ses parents à lui comme ça, il se serait fait au mieux jeter, au pire frapper, et il se demande en quoi ça a fait quelqu’un de lui, en quoi il est supposément plus dur, à essayer de boucher toutes les trous toutes les béances et le sang qu’il perd sans pause. « bien sûr, je sais »
Il sait aussi qu’elle ne dit pas Papa.
Il soupire, continue d’observer Bleu. Il se voit lui-même, tous les jours ou presque, écouter les insectes vivre pour être sûr qu’aucun assassin n’est tapi ici. Il a fait de son mieux pour disparaître, mais l’inquiétude le suit partout. Il regarde Bleu regarder, Elaïa regarde Green regarder Bleu. Pas un mot, petit temps suspendu.
« Tu peux poser tes affaires dans notre chambre »
Il tire une casserole et met de l’eau dedans, et proposant à sa fille « tu lui fais un tour de la maison ? » mais l’enfant lui retourne des yeux cendrés qu’il scrute quelques secondes. Le dialogue silencieux est habituel, il sourit, un sourire qui lui creuse les joues et remonte jusqu’à son regard à lui.
Il accompagne donc lui-même sa soeur jusque dans la chambre alors que sa fille les suit un peu de loin, pas très sûre, pas bien certaine.
La chambre est grande, spacieuse, lumineuse. Vide. Un matelas sur le sol, un portant en métal noir, quelques fringues suspendues. Une vague odeur de pin, le soleil directement sur le parquet, une montre abandonnée, cassée, roulée en boule dans un coin. Un bol d’eau, des croquettes, pas de chat. Il se retourne vers sa soeur, murmure avec une sérénité inconnue dans la voix « ne reste donc que Red et Olive pour filer droit, mh. » qui tire sur les fils des mots de coeur, des ruptures sauvages, du manque. Il se souvient de quelqu’un qui lui avait dit « I wish I could quit her but I can’t stand the shakes ». Le manque, les tremblements, le withdrawal de la drogue.
L'grand frère, Amandine. Green, Chloé. Cyan, Rhyan. Bleuann?..
Elaïa se tient sur le pas de la porte, les doigts contre le battants. Tu n’entres pas dans ma chambre si tu n’es pas invitée, je n’entrerais jamais dans la tienne si tu ne m’y invites pas. Il la désigne d’un vague mouvement de la main, ses septs ans, ses yeux gris flamme, marron cendré, soleil éteint ou or poudré, ses cheveux, sa posture, sa ligne de mâchoire, ses mimiques sa taille, sa discrétion jamais discrète tant elle irradie.
Comme sa mère.
« Anja », lâche-t-il sans détours.
Il y a huit ans, Anja. Il y a huit ans, je n’étais pas roi, il y a huit ans, tu n’étais pas déchue. _________________ Dc de : Ian, Nawel, Rhyan, Lola, Josh, June. |
| | | MESSAGES : 391 DATE D'INSCRIPTION : 27/10/2012
Niveau du personnage Point RP: (79/200) Point Membre: (21/200) Niveau: 7 - ConfirméeBleuann W. Soul Admin | Sorcière Noire | Âme bleue | Sujet: Re: Tirer sur le fil Dim 25 Oct 2020 - 22:03 | |
| On dirait une de ces maisons de passage. Une planque pour sorcier en fuite d'Orpheo. Une planque avant une mission. Pas vraiment un logis. Il n'y a pas de feu qui crépite dans la cheminée. Pas de photos sur les murs. Pas de dessins d'enfant accrochés au frigo. Mais chez les Soul non plus, il n'y avait pas tout ça. Alors le manque de vie, tu ne le remarques pas dans ce foyer. Ce que tu y vois, ce que tu y ressens, c'est ton frère qui a tout abandonné pour une enfant, et ta nièce qui rappelle son existence, son quotidien d'une simple phrase : « j'ai surf après, hein »
C'est leur vie ici. Leur vie dans laquelle tu viens poser tes valises et tes cernes, comme un poids dans leur existence.
– Bien sûr, je sais.
Ta gorge se tord presque en entendant le calme dans la voix de ton frère. Un calme de père, un amour de père. Pas simplement de géniteur. Tu sens également la maladresse, la distance entre ces deux êtres, le manque de confiance un peu. Tu ne peux pas empêcher ton don d'empathe de chercher à tout saisir, à tout comprendre, surtout en présence de Green. Mais tu comprends qu'il essaie. Qu'il sacrifie beaucoup.
– Tu peux poser tes affaires dans notre chambre.
Il demande à Elaïa de lui montrer la maison, mais la petite ne semble pas convaincu par cette invitation. Et tu ne peux que la comprendre. Tu es une parfaite inconnue dans sa vie. Et dans quelle vie, d'ailleurs ? D'où sort-elle ? Green l'a-t-il kidnappée à sa mère ? Tant de questions dans le silence gênant qui suit la question de ton aîné. Puis Green se décide à bouger, t'entraînant dans une grande chambre à l'odeur de bois et vide, si vide. Comment croire qu'ils vivent ici alors qu'il n'y a presque rien ? C'est de la survie. Comme s'ils attendaient autre chose avant de bouger. Mais attendre quoi ?
– Ne restent donc que Red et Olive pour filer droit, mh.
Tu poses ton sac sur le parquet, ignorant si tu pourras dormir là pour la nuit. Tu étais tellement occupée dans ta fuite, dans ton envie de retrouver ton frère que tu n'as jamais pensé à l'après. Prévoyante, petite Bleu.
– Et Bianco. Leur plus grande fierté. Tu sais, s'il nous trouvait, il n'hésiterait pas à…
Ta voix s'éteint en apercevant le regard curieux d'Elaïa dans l'encadrement de la porte. Elle porte le sang des Soul en elle, et pourtant tu n'as pas envie de la détruire tout de suite. Pas envie de parler de mort, du sang qui tache vos mains, de l'odeur des cadavres sur vos souvenirs commun. Green, comme s'il suivait ton regard et le fil de tes pensées lâche, sans prévenir, un nom.
– Anja.
Ta première réflexion est de te dire qu'elle ne lui ressemble pas. Certes il y a une beauté froide qui irradie, un menton volontaire, une cascade de cheveux dans le dos. Mais il n'y a pas le manque d'humanité de la chef de Rosenrot. Son air si supérieur, si destructeur. Elaïa est si éloignée de cette mère qui se bat pour Rosenrot, que pour Rosenrot. Pas pour Green, pas pour sa fille.
– Alors tu l'as aimée ?
Comme s'il était impossible de faire des enfants sans amour. Regarde tes parents Bleu, innocente Bleu malgré ton coeur déchiré. Mais pas une enfant aussi belle. Tant de beauté ne peut pas naître sans un minimum d'amour. _________________ « Dans presque tous les mythes fondateurs, personne n'a de pire ennemi que son frère, si ce n'est son père qui, craignant une alliance des frères contre lui, prend parfois les devants et les tue. » Dc de Myaw Nienta ~ couleur blue |
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Niveau du personnage Point RP: (241/200) Point Membre: (133/200) Niveau: 7 - ConfirméGreen Soul Solitaire | Âme verte | Sujet: Re: Tirer sur le fil Dim 25 Oct 2020 - 23:00 | |
| Elle pose à peine son sac et il le remarque. Il ne peut s’empêcher d’effilocher toutes les coutures de ses pensées après cette action ; ne veux-tu donc pas rester, ne peux-tu donc pas rester, ne te sens-tu donc pas suffisamment chez toi ?
N’est-ce pas un chez-soi, cette maison ? Mais qu’en pense Elaïa, alors ?
Il pince les lèvres pour s’empêcher d’expliquer : notre chambre, la tienne Bleu, et la mienne si tu veux, Elaïa a la sienne bien sûr, décorée un peu comme un enfant de presque huit ans la voudrait. Ou pas. Pas de princesse dans sa vie. Pas d’histoire d’élue à venir sauver. Et pourtant, here, we, fucking are. Il s’humecte les lèvres, ravale ses explications didactiques dignes de deux inconnus.
— Et Bianco. Leur plus grande fierté. Tu sais, s’il vous trouvait, il n’hésiterait pas à…
Elle se tait. Green fronce le nez, répond dans son torse et sa gorge oh, mais moi non plus je n’hésiterais, et quand je dors, les songes où je lui enfonce une lame dans la gorge ne sont pas des cauchemars. Certaines douleurs sont des évidences : Bianco vivant est une souffrance. Il l’oublie toujours, il nie facilement qu’ils ont un jour été enfants tous les deux. Il nie tout, et parce qu’il ne peut pas rapporter sa colère sur beaucoup de sa famille, comme il ne peut pas faire trop porter le chapeau, il se concentre sur son père, Bianco, Olive les mauvais jours. Stupide jumeau.
Il laisse passer un peu d’air entre ses dents en se disant qu’il élève une môme en ayant toute, toute, toute cette rancoeur sous la langue, colère et violence qui lui tendent la main. Toutes ses vertus il les tient du combat : la patience du prédateur, la minutie de l’armurier, la persévérance du père.
Bref.
Voilà ce qu’il a envie de se dire à chaque début de pensée. Bref Green. embraye. Le soleil et le sel sur ta peau, ta fille qui glisse sur les vagues et rentre les yeux rougis, ses cheveux qui n’ont déjà plus le blond doux de leur mère mais qui sont presque blancs par le traitement qu’elle leur inflige. Ta soeur, bien réelle, bien présente.
Qui te dit.
— Alors, tu l’as aimée ?
Il ferme les yeux une demi-seconde, le temps de laisser passer un frisson. Des années de passion qui demandent leur dû. Il regarde sa fille qui n’en perd pas une miette, sa soeur qui saura s’il ment, et pose d’une voir claire : « si fort… » mais alors Bleuann, si tu savais comme il l’a aimée, chérie, comme Elaïa était au dessus de tout, incroyable, et comment elle est devenue…. devenue… Il se sent défait.
Bref.
« Et toi, crois-tu qu’il valait le coup ? »
Celui qui t’a fait saigner, pleurer, pleurer, pleurer.
Elaïa lui jette un coup d’oeil de biais, fauve, silencieuse — ne pourrait-elle pas parler, éclater de rire, éclater en sanglots ? Elle n’éclate pas beaucoup à vrai dire, entière, posée là, les yeux sur tout, mesurée et parfaite. Elle se coule dans sa chambre à elle — sûrement pour aller se changer, les adultes n’ont pas l’air de trop avoir de quoi pour elle.
Et Green qui reprend, « non, non, j’voulais pas dire ça » et refait ses mots après les avoir mieux pensés « à quel point valait-il le coup, et comment.. pourquoi… pourquoi… » pourquoi est-ce que tu l’as perdu, Bleu.
Si tu as la chance de l’avoir perdu, oh, il est tombé de ma poche sûrement, perdu et pas abattu. _________________ Dc de : Ian, Nawel, Rhyan, Lola, Josh, June. |
| | | MESSAGES : 391 DATE D'INSCRIPTION : 27/10/2012
Niveau du personnage Point RP: (79/200) Point Membre: (21/200) Niveau: 7 - ConfirméeBleuann W. Soul Admin | Sorcière Noire | Âme bleue | Sujet: Re: Tirer sur le fil Dim 25 Oct 2020 - 23:49 | |
| Malgré les années, tu connais si bien ton frère que tu n'as aucune peine à isoler ses sentiments pour écouter ceux d'Elaïa. La petite fille ne dit rien, mais écoute attentivement, comme suspendue aux lèvres de son père, comme en quête d'une réponse à des questions qu'elle est incapable de formuler du haut de son enfance. L'intelligence brille dans ses yeux. L'intelligence et la tension. Sait-elle seulement vraiment qui est sa mère ? Ou s'accroche-t-elle à ce simple prénom, Anja.
– Si fort.
Il ne ment pas, et pourtant tu sens que ça te dépasse. Que tu ne pourras jamais vraiment comprendre les sentiments qui ont vécu entre ton frère et celle qui aurait dû devenir sa femme. Entre ton frère et la mère de leur enfant. Merde alors. Une gosse, en plein milieu d'une guerre comme le monde magique n'en avait plus vu depuis des siècles. Une gosse qui vaut tellement cher dans ce vivier de sorciers noirs. Et pourtant personne n'en avait jamais rien su. Où était-elle toutes ces années ? Green connaissait-il seulement son existence. Et comment personne ne s'était jamais aperçu des regards de la cheffe envers un simple soldat, pendant autant d'années ? Même toi, Bleuann, tu n'avais pas senti ça. Malgré ton don. Comment, comment, comment ?
– Et toi, crois-tu qu’il valait le coup ?
Tu bats des paupières pour empêcher les larmes de brouiller totalement ta vision. Elaïa s'efface et tu ignores si tu dois être soulagée ou triste de voir partir cette inconnue qui te semble si familière. Mais Elaïa n'est pas Green. Elaïa est aussi Anja. Elaïa est peut-être également enfant de ceux qui l'ont élevée. Tu penses à Ange et aux enfants que vous n'aurez jamais. Tu n'as jamais voulu avoir d'enfant, et pourtant tu y penses. Pourquoi maintenant ? Pourquoi Ange te hante-t-il autant ?
– À quel point valait-il le coup, et comment.. pourquoi… pourquoi…
Tu t'assieds sur le matelas, les genoux repliés contre toi, dans une position qui sonne à tes yeux comme enfantine. Et vulnérable.
– Myaw.
La fille de Chloé. Comment aurais-tu pu imaginer que celle qui t'avait voler ton frère parviendrait à revenir d'entre les morts à travers le visage juvénile d'une gamine ? Et que cette gamine parviendrait à déchirer ce que tu avais construis avec l'homme que tu aimais, si fort. Vous aviez réussi à surmonter vos deux camps, Roméo et Juliette des temps modernes. Mais vous n'aviez rien pu faire contre cette réminiscence de celle qui avait emporté Green. Es-tu condamnée à te faire enlever tous ceux que tu aimes ?
– Un soir il est venu la chercher. Il ne savait pas que… enfin il savait pour Rosenrot, mais pas pour mon nom. On est tombé nez à nez alors…
Des entailles dans la gorge. C'est trop difficile d'évoquer cette scène, de revivre la surprise, puis la déception et la haine apparue dans les yeux d'Ange.
– Je l'aime si fort que je l'ai laissé partir. J'ai laissé partir Ange.
Genou contre ta poitrine, tu renifles comme une enfant. Heureusement qu'Elaïa est partie, elle aurait eu pitié de toi. _________________ « Dans presque tous les mythes fondateurs, personne n'a de pire ennemi que son frère, si ce n'est son père qui, craignant une alliance des frères contre lui, prend parfois les devants et les tue. » Dc de Myaw Nienta ~ couleur blue |
| | | MESSAGES : 552 DATE D'INSCRIPTION : 21/12/2010
Niveau du personnage Point RP: (241/200) Point Membre: (133/200) Niveau: 7 - ConfirméGreen Soul Solitaire | Âme verte | Sujet: Re: Tirer sur le fil Lun 26 Oct 2020 - 12:24 | |
| Alors qu’il sent toujours le ressacs de son passé venir, partir, venir, partir, sans qu’il réussisse un quotidien un présent, les mots de Bleu le ramène brutalement à l’instant présent. Un seul prénom qui semble expliquer sa peine douloureuse, dans sa gorge et ses poumons, comme si elle avait l’hiver en dedans. « Myaw. » Immédiatement il se sent sur la défensive, il n’a pas pu la faire sortir de là, il n’a rien pu empêcher, il n’a pas pu tuer Red et le laisser saigner.
« Un soir il est venu la chercher »
Il ferme les yeux, son coeur bat à ses tempes, pow, pow, pow. Myaw, libre. Il se mord la joue pour ne pas la presser de questions de détails, il voudrait qu’elle s’endorme maintenant pour fouiller ses rêves, Myaw est forcément quelque part, un visage, une main, un mot ?
« Il ne savait pas que… enfin il savait pour Rosenrot, mais pas pour mon nom… »
Ah, si sale le nom de Soul, si sale, si sale, si sale. Comment Cyan a-t-il bien pu faire pour avoir la jolie Rhyan a ses côtés, semblant fidèle et accordée à ses horreurs à lui, il ne sait pas. Les gens de l’autre côté ne comprennent pas ce que ça veut dire, Rosenrot, Soul. Des âmes ils n’en n’ont plus, personne. Forcément que ça dégoûte.
« On est tombés nez à nez alors… »
Elle pleure. Il ne bouge pas. Ses pieds s’enracinent dans le sol, l’aura de tension s’étend, l’englobe dans une bulle de tension. Il se souvient que la dernière fois que ses doigts ont fourmillé de cette façon il a muté en puma.
« Je l’aime si fort que je l’ai laissé partir. J’ai laissé partir Ange. »
Il ne tilt pas au prénom. Il essaie de respirer, de répondre, il voudrait câliner ou réconforter mais le petit être minuscule qui pleure comme une enfant n’est pas à l’avant de ses pensées et, sans pouvoir s’en empêcher il murmure « et Myaw ? Tu l’as laissée partir, Myaw ? »
Il se laisse glisser sur le parquet. Elaïa ne revient pas, pourtant il sait qu’elle sait. Tant pis. Il se demande si ce n’est pas ça, la malédiction Soul : aimer trop fort. En espérant que sa fille n’ait pas cette tare, cette vocation à aimer d’autres plus qu’elle-même. Peut-être qu’en lui disant ce qu’elle vaut plutôt que comment elle est raté comme ce qui a été répété à Bleu, encore et encore, peut-être qu’alors il y aura quelque chose à sauver. Et dans une vague de soulagement, tous ses regrets s’envolent, à Green : comme il était compliqué d’être sorcier noir et de souffrir, souffrir, souffrir, encore souffrir, essayer d’avoir, ne rien garder et tout perdre. Il a l’impression d’avoir passé ses années de jeune adulte sur le qui-vive, persuadé que le tapis allait lui être tiré de sous les pieds.
Mais c’est le cas, non ? C’est toujours le cas.
« on n’est pas fait pour garder qui que ce soit de toute façon Bleu, je crois.. »
et c’est la vérité. Nue, froide, amochée. Personne ne reste, pas même vous. _________________ Dc de : Ian, Nawel, Rhyan, Lola, Josh, June. |
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Niveau du personnage Point RP: (79/200) Point Membre: (21/200) Niveau: 7 - ConfirméeBleuann W. Soul Admin | Sorcière Noire | Âme bleue | Sujet: Re: Tirer sur le fil Lun 26 Oct 2020 - 18:06 | |
| Tu sens naître la tension dans le lien qui te lie avec ton frère. Ça tire dessus de manière autoritaire, ça tire sur ce prénom et ça fait mal, encore plus mal. Ange t'en veut pour Myaw, Green t'en veut pour Myaw. Puis la tension se relâche, aussi simplement qu'elle est née. Flotte le parfum du soulagement dans cette pièce vide de meubles et lourde de vos émotions. Que pense ton aîné de tout cela ? Te hait-il encore un peu ? Tu n'as pas envie de retomber dans ce débat, dans ces questions. Tu aimerais tellement claquer des doigts et t'affranchir de cette gamine, l'oublier. Ne jamais être tombée face à elle dans cet orphelinat maudit. Ne jamais l'avoir attrapée et offert à Red. Alors Green ne t'en aurait pas autant voulu. Alors Ange aurait su dépasser ton nom et vous seriez encore ensemble.
– Et Myaw ? Tu l'as laissée partir Myaw ?
Ton frère a dit "Myaw" et pourtant dans sa voix tu entends "Chloé". Et Chloé ? Tu l'as laissée partir Chloé ? Tu aurais envie de lui hurler dessus que Chloé est morte, qu'elle vous a déjà suffisamment déchirés dans la vie pour recommencer dans la mort. Sacrée zombie. Mais tu fermes les yeux et tu nettoies ta haine. Elle est tellement inutile. Ange ne reviendra pas. Et ce n'est pas en criant sur ton frère qu'il pourra te pardonner quoi que ce soit.
– Oui.
Tu relèves les yeux de tes genoux pour découvrir ton frère assis sur le parquet. Deux déchets balancés dans l'océan et échoués par terre. Vous devez être beau à regarder.
– On n'est pas fait pour garder qui que ce soit de toute façon Bleu, je crois…
L'amour n'est pas une qualité des Soul. C'est pas dans leur éducation qui ne leur fait miroiter que le pouvoir et la puissance. Les alliances, ça c'est important. Se marier avec la bonne personne, faire des enfants solides, noyer ceux qui résistent. Sous la haine, les brimades, les coups. Vous avez pas appris ce que c'était que de tomber amoureux, de ressentir des frissons jusque dans votre coeur noirci. Pourtant, c'est arrivé. À plus de la moitié d'entre vous. Alors il a fallu composer avec. Mais comment composer quand on a jamais appris ? Est-ce une malédiction ou un simple manque ? Pouvez-vous apprendre à aimer ? Pouvez-vous retourner le cours du temps ? Quand tu regardes ton frère, affalé sur le sol, tu comprends que non.
– Et Elaïa ?
Elaïa quoi ? Elaïa aussi va-t-elle partir ? C'est pour ça qu'il l'a traînée jusqu'au bout du monde ? Pour l'isoler, pour la forcer à rester, princesse dans une cage de sable doré ? Elaïa aussi est-elle incapable d'aimer ? Va-t-elle fuir ? Ou est-ce Green qui, un jour, emportera ses valises et laissera sa chair dans une maison encore plus vide ?
Ces pensées te transpercent de douleur jusqu'à ce que tu les repousses. Elaïa ce n'est pas pareil. Green n'est pas un père, Green est un papa. Tu te rappelles sa douceur lorsque vous étiez gosse, sa patience, sa présence toujours autour de toi. Green a su t'aimer. Il est parti par amour, mais avant cela, il a su t'aimer. Et quelque part, ne t'aime-t-il pas toujours ?
N'est-ce pas, fondamentalement, la raison de ce lien tissé entre vos âmes ?
– Elle ne ressemble pas à Anja. _________________ « Dans presque tous les mythes fondateurs, personne n'a de pire ennemi que son frère, si ce n'est son père qui, craignant une alliance des frères contre lui, prend parfois les devants et les tue. » Dc de Myaw Nienta ~ couleur blue |
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Niveau du personnage Point RP: (241/200) Point Membre: (133/200) Niveau: 7 - ConfirméGreen Soul Solitaire | Âme verte | Sujet: Re: Tirer sur le fil Mar 27 Oct 2020 - 11:26 | |
| Elle admet que Myaw est partie et, plutôt que d’être soulagé Green se demande s’il pourrait la retrouver dans ses rêves. Où elle est, maintenant. Qui elle aime, désormais. Ange ? N’est-il pas bien plus âgé qu’elle ? Il pourrait se demander ce qui fait qu’Ange ait traversé l’enfer pour sauver la fille de Chloé mais il sait, il sait parce qu’il retraversait l’enfer aussi pour sa mère. Comment un Soul pourrait-il entrer en compétition avec ces filles-là, ces femmes-ci?
C’est presque drôle. Presque.
— Et Elaïa ?
Il lui jette un regard franc, droit ; et quoi, Elaïa ? On ne garde pas son enfant. On n’essaie pas de le conserver, de le marier, de lui passer une bague au doigt pour lui dire et maintenant tu restes là. Il hausse les épaules, vraiment certain de n’avoir aucune envie de s’engager là-dedans. Le ton de Bleuann le dérange un peu, mais il ne dit rien, il se tait jusqu’à ce qu’elle rajoute.
— Elle ne ressemble à pas à Anja.
Il visse consciencieusement ses prunelles fauves aux iris glacées de la cadette. Il ne sait pas si sa fille écoute ou non ; est-elle tapis l’oreille à la cloison ? Que vaudrait-il mieux qu’elle entende, qu’elle n’a rien de sa mère qui était la reine folle et sanguinaire qui ne pliait devant rien, ou qu’elle a tout de cette femme forte qui faisait courber les ego et qui l’avait aimée assez fort pour la garder, l’éloigner. Peut-être Anja savait-elle qu’elle aurait été une mère houleuse, injuste, débordante.
Aucun moyen de le savoir maintenant désormais. Mais ça ne change rien, et il formule ses mots avec soin.
— Tu ne connais ni l’une, ni l’autre.
Le calme plat de la réponse est comme un tapis poli posé sur des menaces. Ne va pas par-là Bleu, tu ne sais pas Anja qui un jour a compris a lu a aimé quand même, tu ne sais pas Anja les deux doigts dans sa plaie pour le runer, tu ne sais pas le langage de la violence, ses éclats à elle qui polissait ses bords tranchants à lui.
Tu ne sais pas Elaïa et les mots que Mohammed et Laure lui ont mis dans la bouche. La gamine est bien trop intelligente pour les laisser sortir maintenant, elle sait qu’elle ne devrait pas, mais parfois, dans un éclat de dureté tu sais bien ce qu’elle pense, comment elle se tient, tu le devines parce qu’elle ressemble à tous les sorciers noirs sûrement de toute la terre entière. Engoncés dans un carcan de valeurs qui aident à tenir debout quand on vous tire la carpette de sous les pieds. Encore, encore, encore.
Et parce qu'il ne veut plus de larmes plus de débats, surtout pas sur sa fille et sa presque-femme alors, alors il inspire pour faire entrer un peu de sérénité en dedans, et, lèvres closes se lève. Il toque doucement à la porte voisine "tu me rejoins dehors quand t'es prête ? on va pas tarder à être en retard" _________________ Dc de : Ian, Nawel, Rhyan, Lola, Josh, June. |
| | | MESSAGES : 391 DATE D'INSCRIPTION : 27/10/2012
Niveau du personnage Point RP: (79/200) Point Membre: (21/200) Niveau: 7 - ConfirméeBleuann W. Soul Admin | Sorcière Noire | Âme bleue | Sujet: Re: Tirer sur le fil Mar 27 Oct 2020 - 12:07 | |
| Green te fixe des yeux, les flammes dansant dans le fond de ses iris. Comme s'il pouvait encore t'effrayer après toutes ses années. Tu avais peur de le perdre encore – parfois, même si tu commençais à réaliser que vous reveniez toujours l'un à l'autre –, mais jamais tu ne pourrais avoir peur de la violence dans ses yeux. Ça roulait sur toi comme le vent : présent en permanence, mais jamais vraiment dangereux.
– Tu ne connais ni l'une, ni l'autre.
Tu soupires. Pourquoi était-ce toujours aussi compliqué avec tes frères ? Tu aurais souhaité, pour une fois, pouvoir juste te laisser aller à partager ton chagrin d'amour avec un de tes aînés. Qu'il puisse t'aiguiller. Te soulager. Te réapprendre à vivre. Mais Green était sur la défensive, comme toujours, toujours, toujours. Vivre avec Anja laissait des séquelles… Et vraiment, ne connais-tu pas ta nièce ? Ne peux-tu pas saisir sa complexité en balançant les tentacules de ton don d'empathe ? Ne peux-tu pas lire en elle les mêmes traces que tu ressens, depuis l'enfance, dans l'âme de ton frère ?
Tu ne dis rien de tes pensées. Tu laisses ton frère se relever, sortir de la pièce pour se diriger vers sa fille. Sa fille. Si votre père était au courant… Si Bianco connaissait l'existence de la plus petite des héritières Soul, la fille d'Anja von Duisbourg. Un rêve d'Alec Soul, cette gamine. Un rêve et un cauchemar. Et maintenant, c'était quoi le plan ? Tu avais retrouvé ton frère, mais tu n'avais jamais vraiment songé à la suite. Tu n'avais pas non plus imaginé rencontrer ta nièce en même temps. Et lui, c'était quoi, son plan ? Qu'était-il venir faire à l'autre bout du monde ? Se cacher de Rosenrot ? Elle l'avait retrouvé, nul doute que l'organisation noire serait capable de le retrouver également. Se cacher d'Anja ? Anja, tant que la guerre n'était pas perdue, était Rosenrot. Ça n'avait pas plus de sens. Alors quoi ? Alors vous étiez tous les deux perdus.
Tu t'allonges sur le matelas, les yeux fixés sur le plafond au-dessus de toi. Quand vous étiez enfants, Green s'allongeait contre toi et te désignait des noeuds sur le bois au-dessus de la tête et il inventait des noms d'étoiles. Il recréait tout un ciel pour te protéger. Tu te demandes s'il fait la même chose avec sa fille. Si seulement il est capable de refaire la même chose, de puiser en lui assez d'amour et de patience pour lui réinventer un monde. Ou alors Chloé a-t-elle trop gardé de cet amour en mourant ? Anja a-t-elle achevé cet amour comme elle achève des corps ? As-tu toi même volé de cet amour pour soigner tes blessures ?
Le plafond devient flou au-dessus de toi et se transforme en véritable nuit dans ta tête. Tu vois une minuscule planète verte gravité autour de trois étoiles. Trop de lumière a géré. Les étoiles implosent et la planète se perd dans l'Univers alors que tu t'abandonnes dans le sommeil.
_________________ « Dans presque tous les mythes fondateurs, personne n'a de pire ennemi que son frère, si ce n'est son père qui, craignant une alliance des frères contre lui, prend parfois les devants et les tue. » Dc de Myaw Nienta ~ couleur blue |
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