Le soleil d’automne est rouge à l'horizon.
Je m’amuse à faire tournoyer des feuilles sous l’arbre tandis que Newt lit un livre. Je les fait passer pas loin de lui pour qu’il se déconcentre mais il ne réagit pas. C’est dingue, ce gamin a une concentration à toute épreuve. Je dis gamin même si il est plus âgé a priori… Moi, j’ai tendance à être plus turbulente que lui et pourtant on est quand même amis. Il faut dire qu’arrivée ici il y a un moment je ne parlais pas la langue et nous étions les deux reclus de l’école. Lui car il est bizarre et moi car je ne comprends personne donc dans un sens j’étais tout aussi bizarre. En plus je parle avec un fort accent espagnol et les gosses ne prennent même pas la peine de me comprendre alors que Newt lui, m’écoute et m’aide. Quand on y réfléchit c’est fou ce que les gosses peuvent être cruels entre eux. Alors que s' ils connaissaient Newt tout le monde voudrait devenir son ou sa meilleur pote !
Comment fait- il pour me supporter ?

-Eh Newt ! Regarde ! C’est une Buse Variable ça nan ?

Il lève la tête. Il regarde l’animal une seconde la secoua pour me dire que non.

-Maldición… Je suis si nulle pour reconnaître les oiseaux.

Newt est quelqu’un de discret, s' il peut ne pas parler du tout il le ferait. Moi ça me va, même si je parle sur le fond ça ne me gène pas qu’on me réponde pas. A la maison c’est toujours comme ça, je raconte mes journées, ce que j’ai pu faire voir mais mes parents n’en n’ont rien à faire. Ma mère est dans le fauteuil devant la télé et quand mon père est là, il fume sur la terrasse ou reste enfermé dans son bureau. Je les aime, mais ces derniers temps ça devient vraiment difficile de communiquer. Je compense ma frustration de silence par une trop grande énergie la journée à l’école. Je dois être insupportable.
Je me jette à terre la tête vers les nuages.

-Ma mère m’a encore oublié. Dis-je dans un soupir.

C’était de plus en plus courant ces derniers temps, mon père était parti un mois on ne sait où et ma mère elle ne faisait rien. J’avais pris l’habitude de faire à manger, le ménage, la vaisselle, j’en oubliais presque de faire mes devoirs ce qui me valait plusieurs punitions par les maîtresses et maîtres de l’école. Mais je m’en fichais, de toute façon j’étais une idiote soyons honnête, je finirai marchande de pomme de terre que ça ne m'étonnerais pas. Ce qui me plaisait moi c’était de marcher dans les plaines venteuses et écouter la chanson que le vent m'apportait du large et non d’apprendre des choses que je n’arrivait pas à comprendre la moitié du temps. Je rêvais de partir de là et de voler n’importe où.
Je perds mon sourire et ferme les yeux. J’entend le vent qui chatouille mes oreilles et ça me calme. Il ne faut pas que je pense à mes parents là. Ce serait gâcher ce moment, ils en gâchent déjà assez....
Je veux profiter de ce coucher de soleil.
Je me pose sur le côté une main retenant ma tête et je regarde mon ami. Il est si calme.
Mais j'ai envie de lui parler.
Mais lui il lit la...

-Eh, Newt, ça parle de quoi ton bouquin ?

Mierda, peux pas m'en empêcher, ¿no ?