Bien sûr que cela se passe sur la place — où, ailleurs ? C’est là que tout a commencé. A suit, un peu en arrière parce que c’est de sa faute si ça a commencé. Ou du moins c’est ce qu’il se disait, du temps où il pouvait encore se dire des choses.

Ils devraient arrêter de cramer des trucs, ils en ont conscience : ça ne les mènera nulle part, mais ceux à qui ils ont parlé ont été soufflé par l’explosion et il n’y a eu que du noir après. Plein de fissures et de pluies par une autre, une humaine, une humaine au visage connu. C’était ça, qui avait tout fait exploser ? Les visages connus ?

Elle l’avait dit pourtant au début, Loving you is a losing game, c’était les paroles d’une chanson que L. chantait tout le temps. C’était quoi le prénom déjà ? Ça lui manquait à L. Ça lui manquait parce qu’avant il avait l’habitude de… de … de … mais les souvenirs ne remontaient pas, parce que visiblement, ils n’avaient pas été humains — pas considérés comme tel, du moins.

Ils apparaissent sur la place de Little Angleton et les cris retentissent parmi les moldus ! Les moldus comme ils les appelaient, il ne fait pas exprès H. Mais c’est les pires peurs qu’ils voient et ça hurle et ça court et ça a toujours fait ça.
Alors il avait toujours bridé ça, avec des runes qu’un… qu’un … qu’un avait tracé, pas des normales, des autres. Mais qui ?
Alors ça hurle, parce qu’il n’en a plus rien à foutre.

J'suis posé j'suis sous jack, dans mon bendo, pouloulou

Evidemment que je sirote un p'tit whisky au Lonely Ghost quand ça arrive. J'suis toujours chanceux moi, m'voyez. J'étais pas à Londres quand un bâtiment a explosé, ou quand des fantômes ont explosé un bâtiment, ou quand des fantômes ont eux même explosé ce qui a causé la destruction d'un bâtiment... Enfin BREF. J'étais pas là. Je canadais au Canada avec des canarisseaux. JE VOUS CHUT. Non mais en vrai c'est vrai. Deux minutes avant j'étais à Londres à prévenir Kurty qu'il y avait un souci et deux minutes après ben j'ai un cousin qui débarque et me dit qu'on a besoin de moi pour venir signer un papelard à Toronto et paf j'me téléporte tiens. Et finalement je suis retenu par 3 autres cousins et je reviens même pas prendre par aux hostilités. La honte un peu. Enfin voilà. En tous cas j'ai quand même été mis sur le coup par Phil par la suite et c'est plutôt cool. On a eu une petite réu sur le sujet à Ottawa et Philouchet nous a déniché les identités des morts qui marchent flottent. Parce que lui était là et à a peu près bougé son derche. Maintenant voilà, on sait qu'ils sont décédés mais pas trop comment ni où ni pourquoi.

Et donc voilà que je m'y attendais pas spécialement (parce que j'étais en train de catch up sur la vie avec Randall après avoir fouillé les environs en quêtes d'infos toute la journée) et BOUM les voilà les salopiauds. Purée. Ils sont bien jolis. Non. Ils sont flippants, Zach, flippants. Morts. Mais ils étaient certainement beaux physiquement avant. Même sur en vrai mec, tu les as vus en photos dans des copies de passeports. Dans le dossier. Mais beaucoup plus, nous n'en savons. Oué j'suis yoda ouais.

Donc y a masse de gens qui courent un peu partout et moi je suis un glandu. Alors j'essaie de me souvenir des runes apprises par Simje pendant la formation où CA A CRAME. Ololol. Hm. J'protège/cache la zone un peu ouais. Sinon on va encore me dire que des tas de trucs sont de ma faute, blabla, faut pas s'excuser auprès des sorciers noirs qu'on arrête, blabla, pas écraser une banane sur le boss d'Orpheo Allemagne, bla.

Donc ouais voilà et j'écarte les bras -Phil m'a raconté qu'il avait fait ça la dernière fois- et je crie (parce que clairement je sais faire que ça dans la vie dès que je suis confronté à un poltergeist ou à un ennemi/truc chelou en général).

- Austin, Luke, Harrison ! Coucou ! Comment j'peux vous aider dites les gars ?

Et là bim j'explose sur place et tout le monde m'en voudra pendant toute la durée de ma mort qui a priori sera éternelle. Si j'en crois Dieu et la Bible.
Et tout à coup je vois... Hayley. Ma famille. Mes soeurs. Massacrés. Y a du sang partout et moi j'ai aucun avenir je n'appartiens plus à rien, à personne. Je secoue très fort la tête parce que même si ça déchire profondément, j'ai déjà vécu ça, des illusions créées par des esprits. J'dois rester fort même si je commence à me recroqueviller sur moi, dans le sol. Ouch.

Jonathan était de sortie pour aller chercher du pain. Il avait pris sept pensionnaires avec lui, histoire de les responsabiliser un peu et d'avoir des bras pour porter le tout. Judith n'aurait pas apprécié qu'il ne revienne pas avec l'exacte liste de course qu'elle lui avait transmis et il ne porterait pas les 35 baguettes demandées pour le pique de certains demain, ni les sacs de viennoiseries qu'ils pourraient dévorer au goûter. C'était un petit extra pour elle : d'habitude, la cuisinière faisait tout maison. Un peu de repos dans cette vie à cent à l'heure.

Il regardait ses textos pendant que les enfants se chamaillaient. Entre Naomie, Quãn et Thisbe qui discutaient tranquillement, Chance, David, Nadejda et Lucius couraient en essayant de s'attraper sans aucune considération pour leur environnement. On aurait dit des chatons après des mouches : rapides, vifs, surexcités mais totalement inconscients. Ils auraient pu sauter dans le vide sans s'en rendre compte.
y
Le groupe arriva prêt de la place du village et tombèrent au mauvais endroit au mauvais moment. Des innocents se mirent à courir partout en hurlant et flottait au milieu des silhouettes fantomatiques. Merde. Jonathan rangea aussitôt son téléphone.

- Naomie ? Prend David, Nadejda et Chance, vous repartez illico! Thisbe, Quãn, vous vous souvenez des entraînements ? Essayez de faire évacuer la zone aux innocents. Surtout, ne voulez mêlez pas au danger, vous n'êtes pas armés.

Il regarda les deux adolescents - presque adultes - hocher la tête et partir, tandis que Naomie rebroussait chemin, prenant la responsabilité des plus jeunes. Jonathan essaya d'évaluer la situation, mais il n'y comprenait pas grand chose et il entendit hurler :

- Austin, Luke, Harrison ! Coucou ! Comment j'peux vous aider dites les gars ?

Il reconnut Zacharia, proche du centre de l'agitation et chercha Hayley du regard, espérant tomber sur une touffe de cheveux de feu, mais elle n'était pas là. Sortant son petit couteau (puisque l'urgence de la situation nécessitait du sang, l'encre ou la craie ne suffirait pas), Jonathan s'entailla le bout de deux doigts et couru en faisant le tour de la place poser des runes pour sécuriser l'endroit, éloigner les innocents. Le professeur de runes se rapprocha du jeune exorciste, encore un peu perdu, la tête pleine des cris des innocents.

- Y'en a trois ?

Il regardait partout, pour être sûr... Mais est-on jamais sûr de quelque chose ? Et puis Zach s'effondra, dans un chaos que l'homme ne comprenait pas, non atteint du mal qui semblait avoir prit possession du garçon.

L’atmosphère est toujours la même après toutes ces années. Elias et Lina sont à côté de moi, dans la voiture, assis, impatients. Et je regarde l’extérieur d’un air vide. Vidé. Les doigts sont resserrés sur la ceinture de sécurité et dans la tête une mélodie qui répète « faites que ce soit fini, fini, fini. ». Les parents regardent droit devant, ils sont heureux, parlent et s’égosillent sur la musique qui tourne elle aussi.

Little Angleton. Des bribes de souvenirs carbonisés sous le soleil d’été, des pleurs qui se soustraient aux rires, mais il faut y aller, il faut « faire face à tes démons ! ». Qu’ils fassent front face aux leurs avant de s’improviser thérapeute pour jeune adulte. Les portes claquent sur le parking, tout le monde descend, je fais encore quelques remontrances. Pourquoi sortir. POURQUOI SORTIR ?! Et les pas avancent et c’est toujours la même chose, droite, gauche, droite, gauche. Merry go round. J’ai la tête qui tourne elle aussi, le soleil qui ne devrait pas être aussi fort.

Puis viennent les cris. Des cris distincts, des pleurs et la thérapie qui commence, les yeux qui s’ouvrent comme des boules de billard face au carnage des sorciers noirs. Au sang sur le sol. Sur la place, les gens s’accroupissent, se serrent la tête face à… mon traumatisme ? Je fronce les sourcils. Non, je n’y suis pour rien, j’ai de la force, mais pas assez pour soustraire toutes ces personnes-là. Et je regarde en face, plus loin. Des fantômes. Trois fantômes. Est-ce que les mots qui ont été criés sont les noms de ces personnes ? Austin, Luke, Harrison. Un, deux, trois. Est-ce qu’ils jouent avec les gens ? Pourquoi y’en a-t-il encore debout ? Je regarde mes mains. Je regarde les autres corps debout, insensibles. Aucun point commun.

J’observe alors les trois fantômes. La peur est autour de moi, dans ce coin, au Mystery. A l’orphelinat. Trop de choses me remontent en mémoire et la boule vient se loger dans ma gorge. Et mon regard se rive sur ces apparitions et mon pouvoir renvoie le tout droit devant moi. De la sueur, de l’attente paniquée, des rires de nos bourreaux, le sang, le feu, et la braise, les pouvoirs et les runes, partout. Les craquements. Je déteste les foules. Je déteste les hommes, tous ces adultes, les prises de décisions. Mon cœur se resserre dans ma poitrine et je souffle. Pourquoi sortir ?
Tout est dangereux à l’extérieur.

Ça fait un moment qu'on est de retour à LA Mely et moi (et Laure-Anne, obviously, même si elle a pas vraiment son mot à dire là dedans ma choupinette), et je suis ravi, RA-VI. J'en avais MARRE de Paris la … la... Je trouve pas de rime. MAIS PARIS QUI PUE DU CUL. Voilà. On a enfin retrouver la maison. Tout le monde est pas là, bizarrement, ils sont tous partis comme nous, peut être, je sais pas. Mely m'avait juste dit que ça craignait ou je sais pas. J'espère que tout le monde va bien. J'espère que tout le mode reviendra. Déjà j'ai croisé des enfants qui jouaient au village et cela me RA-VI.

J'suis allé voir Randall pour lui demander des nouvelles, voir comment il allait, faire une petite pause quoi. Le bon café du copain. Donc je passe par la place (AH BAH LA CA RIME), et là y'a tout plein de gens qui courent et qui paniquent, moi j'ai la tête pleine de question, si je pouvais être un … emoti ? Emogi ? Emo … Quoi déjà ? Se serait « ?????? ». J'comprends pas trop ce qui se passe, après y'a souvent des trucs bizarres dans le coin, j'ai l'habitude. Vous êtes chelou mes petits Little Angletonois. Mais vous êtes mes chelous et je vous aime.

J'avais dit que je vous aimais, alors pourquoi. Pourquoi, pourquoi d'un coup, tout le monde est … Mort autour de moi ? Pourquoi mon village est en ruine ? Pourquoi je suis le seul debout alors que tous les enfants du Mystery sont amoncelés comme un tas de bûches, inanimés ? Pourquoi le bar ya plus que quelques piliers qui tiennent à peine debout ? Pourquoi mon épicerie y'a un gros trou à la place ? Pourquoi le cinéma est éventré ? Pourquoi, qu'est-ce qui se passe, tout allait bien il y a cinq secondes ? J'arrive pas à bouger. J'arrive pas à bouger. Je veux aller voir si Mely et Laure-Anne vont bien. Faites qu'elles aillent bien. Je viens de tout perdre, à nouveau, tout. Faites qu'elles soient encore là.

Pourquoi alors que je pense à elles et que je me retourne, pour me précipiter à la maison alors que toutes mes forces m'échappent, je les vois, toutes les deux... à terre... Pleine de liquide rouge... Pourquoi … C'est une mauvaise blague les filles. Très mauvaise. Pourquoi vous me faites ça. Pourquoi.

Mes jambes cèdent, je hurle à la mort, trop chamboulé pour pleurer.

Cormag était en route pour aller à l'orphelinat. Il voulait faire une visite de contrôle et prévenir toute l'équipe de ce qu'il s'était passé à Londres. Ce n'était pas son travail de faire ça, mais il ne voulait pas Pandora Mystery à la tête de l'orphelinat. Ils avaient réussi à négocier, mais il n'était tout de même pas fan de l'équipe à la tête de l'orphelinat. Il voulait donc voir comment ça se passait, de ces propres yeux. Il avait réussi à organiser un rendez-vous. L'équipe était donc au courant de sa venue, ce qui amenuisait l'effet de surprise, ils auraient le temps de se préparer, mais bon. Il voulait bien faire des efforts si eux aussi en faisait.

La route pour l'orphelinat passait par le village. Village qu'il connaissait bien, même si il avait beaucoup changé depuis que lui même avait fait ses études ici. Un cinéma s'était installé, il en fut surpris mais n'en avait honnêtement rien à faire.

Puis, trois silhouettes apparurent sur la place. Des silhouettes fantomatiques.

Non, pas encore, pas ici...

De suite, il sentit une pression sur son crâne, il ne pensait pas que sa barrière mentale fut éprouvée aujourd'hui, encore moins sur le chemin. Au moins, il était toujours prêt. Il traça des runes, méthodiquement, rapidement, pour ne pas souffrir des pouvoirs des apparitions.

Il vit l'exorciste qui lui avait un jour écrasé une banane sur lui s'approcher du centre. Il vit Jonathan pas loin non plus, qui était avec les étudiants. Il donna des ordres pour protéger les plus jeunes qui allèrent de suite vers l'orphelinat. Au moins, on ne pouvait pas dire que l'équipe ne protégeait pas les enfants, c'était déjà un bon point.

– Austin, Luke, Harrison ! Coucou ! Comment j'peux vous aider dites les gars ?

Oh, des noms. Bien, bien.

Mais l'exorciste à la banane s'écroule et Cormag court alors vers lui, appose les runes nécessaires pour qu'il puisse s'en sortir, pour qu'il puisse surtout être utile. Peut-être avait-il d'autres informations qui seraient utiles.

Il déroula son don vers les fantômes.

– Bonjour messieurs. Pouvons-nous parler ?

Il insista sur le dernier mot. Il mit toute sa magie dans ce dernier mot. Il voyait assez d'humains innocents par terre, à hurler à la mort, il en voyait assez courir, il espérait que les enfants avaient fui assez tôt. Il ne fallait pas qu'ils déclenchent à nouveau leur pouvoir. Il fallait parler, juste parler. Il fallait découvrir ce qu'ils voulaient, qui ils étaient.

Je sors du Cinémagnifique, un paquet de pop-corn au trois quart vide encore dans mes mains. Parfois j'aime bien faire ça ; un film toute seule dans le noir alors qu'autour moi les couples se rencontrent. Les salles de cinéma sont à la fois lieu du public et lieu du spectacle et, au détour d'un film, j'observe parfois les spectateurs, ces mains qui glissent l'une vers l'autre sans oser se saisir, les corps trop tendus pour se rencontrer ou, au contraire, ceux qui s'aimantent et s'embrassent follement entre deux sièges. J'aimerais bien que ce soit Ange et moi, mais à Little Angleton c'est trop compliqué. Il y a trop de gens que nous connaissons, trop de regards. Londres est un peu différentes même si nous passons la plupart de notre temps chez lui à traîner devant Netflix - and chill.
Alors je vais au cinéma seule et ça me fait beaucoup rire. La plupart du temps. La séance d'aujourd'hui était plutôt décevante et c'est en traînant un peu les pieds que je ressors. Au loin, j'aperçois Jonathan et une ribambelle d'orphelins et je me dis que je pourrais proposer aux plus jeunes la fin de mon pop-corn, quand je les vois soudain s'agiter et disparaître. C'est seulement alors que je remarque des innocents en train de courir dans tous les sens et trois silhouettes fantômatiques.

- Austin, Luke, Harrison ! Coucou ! Comment j'peux vous aider dites les gars ?

C'est Zach, le mari de la fée rousse qui a parlé. Mais j'ai à peine le temps d'enregistrer les trois prénoms que je vois Redwan surgir de nulle part, son sourire le plus sale défigurant son visage. Il vient pour moi, j'en suis certaine, et je sens mon coeur et mes jambes se dérober sous moi alors que je cherche désespérement un peu d'eau pour m'échapper, pour me battre.
C'est un véritable cauchemar.

Je salue de la main Myaw avant de ranger la bobine du film dans sa boîte. La gamine traîne si souvent au cinéma que je crois que je vais finir par lui proposer de bosser ici. Ca lui fera un peu d'argent de poche et ça m'évitera de devoir courir entre la vente des tickets, la technique, l'administratif,... bref, j'ai besoin d'aide. Et le cinéma marche assez bien depuis notre retour au village. Il faut croire que les gens ont besoin de fiction pour s'échapper, pour oublier les horreurs qui se sont déroulées à Little Angleton. C'est pas moi ou ma caisse qui allons nous plaindre.
Après avoir rangé le tout, j'attrape mes clés et May qui s'accroche à mes basques, bien décidée à retrouver ma petite Laure-Anne - je l'ai laissée à l'orphelinat en douce pour qu'elle apprenne à contrôler ses pouvoirs et qu'elle ne fasse pas de gaffe devant son père - et à rentrer à la maison pour attendre mon cher mari. Sauf que je vois May soudain se figer, froncer les sourcils et foncer devant moi. Curieuse, je me dépêche de verouiller la porte avant de la suivre au centre du village.

La place du parc est dévastée. Je vois ma plus fidèle cliente terrorisée dans un coin, un homme plié en deux par la peur et il me semble même apercevoir Lesty du en train de s'enfuir du coin de l'oeil. Mais... mais... ce n'est pas possible ! Lesty est étendu, devant moi, la tête dévissée de ses épaules et je sens la nausée en même temps que les larmes m'envahir.

- C'est une illusion. Et ce sont eux les responsables.

J'essaie de contenir mes larmes pour me forcer à relever les yeux. Au centre de la place, des fantômes et un homme qui se dresse devant eux. Mon pouvoir se tend automatiquement vers eux, fouillant les esprit à la recherche de quelque chose auquel m'accrocher. Je ne trouve rien d'autre que des échos, des prénoms qui souffrent.
Alors j'utilise ma télépathie pour attirer leur attention.

- Arrêtez ! Harrison, Luke, Austin, arrêtez ! Tous ces gens sont innocents, j'ignore ce que vous cherchez, mais ce ne sont pas les bonnes cibles.

Et le corps de Lesty qui s'agite, comme pris de soubresaut avant de se relever, sa tête soudain rattachée au corps, un air accusateur sur le visage :

- Melany, toutes ces années tu as menti ! Tu es un monstre et ta fille est comme toi. Sorcière, sorcière, sorcière !

J'avale difficilement ma salive. C'est une illusion, c'est une illusion.

- Recule, souffle May dans ma tête. Je ne pressens rien de bon.

Les prénoms sont dit et les fantômes deviennent un peu plus tangibles. Légèrement, plus tangibles du moins. Rien n’est réellement fait pour arrêter ce qu’il se passe, comme une immense incompréhension. Harrison jette un regard à Luke, qui attrape la main d’Austin… et passe au travers. Des prénoms. Ils n’avaient plus qu’une lettre et ont des prénoms.


Un bon début.


Ça demande comment aider, mais pourquoi auraient-ils besoin d’aide ? Un autre homme s’approche et la magie claque à la gueule des trois polty, dans une vibration. Ils ne savent plus démêler les pouvoirs, qui de qui pourquoi — ou pourquoi leur magie est-elle toujours présente maintenant qu’ils sont morts, ils faudrait demêler la pelote, il faudrait remonter et trier les fils, comprendre pour résoudre.

— Arrêtez ! Harrison, Luke, Austin, arrêtez ! Tous ces gens sont innocents, j'ignore ce que vous cherchez, mais ce ne sont pas les bonnes cibles.

Et ça répond dans sa tête, et dans sa tête uniquement :

— C’est les sorciers et l’humaine.


De l’autre côté, et parce qu’il a posé des mots magiques, Cormag Crimgeour est téléporté 1 km plus loin.


- Vous vouliez parler, lâche l’un des trois.

Un quatrième fantôme flotte derrière, incapable de reprendre consistance suffisamment pour parler. La forêt autour d’eux commence à brûler mais l'horreur s'est dissipé dans les airs. Plus rien, plus de preuve, aucun sens à tout ça. La vie peut reprendre son cours n'est-ce pas ?

Parce que c'est comme ça que ça fonctionne, n'est-ce pas ?
Les gens souffrent et personne ne remarque. Des vies contre de l'argent.

Le mêlé vacille un instant, utilisant un mur comme support, avant de regagner suffisamment contrôle de lui pour remercier le téléporteur qui vient de lui servir de taxi. Un des avantages d'être chef, c'est qu'on peut difficilement lui dire non.
Par contre, la téléportation, ce n'est vraiment pas pour lui. Ça le laisse tout déboussolé à l'arrivée et, franchement, il a beau vaguement comprendre le concept – les humains innocents arrivent bien à téléporter des atomes, penser au fait de se faire désintégrer atome par atome puis reconstruire ailleurs sur Terre lui donne des sueurs froides.

Mais peu importe, il est ici, à LA, avec un but. Aller voir Simje et le secouer comme un cocotier jusqu'à obtenir des réponses sur cette affaire fantomatique. Ou, peut-être, demander poliment avant. Oui, peut-être qu'il commencera par ça. Il en est là de sa planification stratégique, en pleine traversée de la place du village, quand il réalise simultanément que les trois objets de ses soucis sont présents et qu'un type, Zacharia Creed si sa mémoire est bonne (elle l'est, elle est excellente même), est en train de beugler le nom des spectres pour tous les spectateurs présents.

Comme sur un signal, une partie des personnes présentes sur la scène semble soudain soumise à quelque chose qu'Edwin ne peut pas voir. Certains visages se tordent de douleur, on croirait entendre des cris et soudain un soulagement aussi brusque que le reste. Suivi d'une nouvelle activité côté fantôme, l'un d'entre eux disparaissant en même temps qu'un des occupants de la place – Cormag ?. Edwin décide de prendre l'initiative de s'adresser aux deux restants, en espérant qu'ils soient capables de le comprendre.

- Écoutez, si vous cherchez quelque chose on peut probablement vous aider mais avant ça, avez-vous conscience d'être des poltergeists, des fantômes ? On peut remonter vos souvenirs à partir de là éventuellement.

Exorcisme 101, des fois rappeler aux morts qu'ils sont morts aide tout le monde, ce qui n'empêche pas le mêlé de se tenir prêt à décamper si ça commence à sentir le roussi.

D'autres têtes connues pointèrent le bout du nez. Jonathan se crispa. Il était ravi de voir des renforts, moins quand ce n'était que des innocents. Il vit la boulangère se prendre les mains à la tête et hurler la mort. Il espérait que Quãn et Thisbe avait réussi à évacuer quelques personnes de la zone avant que l'attaque qui prenait les autres ne les ait prit eux aussi. Zach se remit grâce à l'arrivée providentielle et étrange de Scrimgeour. Jonathan n'aimait pas le type, mais il était efficace.

– Bonjour messieurs. Pouvons-nous parler ?

Le professeur se demandait pourquoi pas lui. Pourquoi il n'était pas touché.
Et Cormag disparu avec un fantôme.

Jonathan regarda de tous les côtés pour essayer d'évaluer la situation. Il aperçut Myaw en panique, à côté de la gérante du cinéma qui n'avait pas l'air bien non plus. Ni une, ni deux, il se téléporta à côté des deux jeunes femmes. Des illusions, donc ? Rien d'autre n'expliquait la terreur qu'il ne ressentait pas. Il n'était pas atteint, pour une raison qu'il ignorait encore, mais ce qui ne le touchait pas et n'avait pas de forme physique préhensible devait être une illusions. Il apposa deux runes sur les bras de Myaw et Mélanie, le sang de son doigt coulant encore légèrement.

- Écoutez, si vous cherchez quelque chose on peut probablement vous aider mais avant ça, avez-vous conscience d'être des poltergeists, des fantômes ? On peut remonter vos souvenirs à partir de là éventuellement.

Jonathan se retourna et vit Edwin Al Hattal, le chef de la Police Magique. Quelque chose en lui se sentit rassuré. Cormag avait disparu, mais un autre exorciste venait et pas n'importe lequel. S'il n'y avait vraiment eut que Zach et lui, il n'aurait pas été très certain de pouvoir protéger tout le monde. Maintenant, il se sentait un tout petit peu plus confiant. Il dit à Myaw :

- Ca va aller. Respire, c'était une illusion. Je veux que tu t'écartes du danger ok ?

L'homme se sentait le devoir éternel de protéger tous les orphelins, ces enfants qui étaient presque ses enfants pour lui. Il retourna vers le cœur de l'action, prêt à laisser le puma sortir si besoin était. Prêt aussi à essayer de comprendre un peu plus. Le chef de la Police Magique avait posé une question, Jonathan en poserait d'autres.

- Qui est celui qui fait les illusions ? Pourquoi ça ne touche pas tout le monde ?

Pourquoi pas lui ?

Redwan tient la tête morte d'Ange dans une main et celle d'Edwin dans l'autre. Mon amoureux et ma famille, arrachés par les mains de celui qui m'avait torturée toutes ces années. La douleur et les larmes déchiraient mon estomac. Pourquoi eux ? Pourquoi eux ? Et dans le dos de mon ancien maître, Green Soul avec un sourire qui dévoilait ses dents tachées par le sang.

– Je t'ai menti tout ce temps, Myaw. Et c'est moi qui ai tué ta mère.

Je hurle, je hurle à la mort alors qu'il dresse devant moi ses mains dont le sang de ma mère goutte. Il l'a tuée, il me l'a enlevée, et maintenant Red a pris tout ce qu'il me restait encore. Je me sens partir, dériver, la peur faisant battre mes organes un peu trop fort. Mais soudain je sens une main chaude toucher mon bras et je regarde, médusée, Jonathan en train de dessiner sur une rune alors que la voix de Green continue à répéter en boucle ta mère, ta mère, ta mère. Mais déjà les illusions s'estompent, il ne reste que les souvenirs douloureux jusqu'à ce qu'une voix que je reconnais perce les dernières brumes de douleur mentale.

– Écoutez, si vous cherchez quelque chose on peut probablement vous aider mais avant ça, avez-vous conscience d'être des poltergeist, des fantômes ? On peut remonter vos souvenirs à partir de là éventuellement.

Mon oncle était là, en vie, sa tête bien accrochée à ses épaules. Les fantômes n'avaient fait que jeter des voiles sur nous.

– Ça va aller. Respire, c'était une illusion. Je veux que tu t'écartes du danger ok ?

La voix de Jonathan finit de me raccrocher à la réalité, mais je n'ai pas envie de m'en aller, je n'ai pas envie d'abandonner Edwin. Mon professeur, lui, s'est déjà éloigné et ne remarque pas que je n'ai pas fait un pas. Il s'est rapproché des silhouettes fantômatiques.

– Qui est celui qui fait les illusions ? Pourquoi ça ne touche pas tout le monde ?

À côté de lui, je vois Melany qui s'approche, encore un autre fantôme avec elle, mais qui lui n'a pas l'air agressif. La gérante du cinéma se penche vers Jonathan pour lui poser une question, mais je n'essaie même pas d'écouter, je préfère les contourner afin de pouvoir me rapprocher d'Edwin, jusqu'à pouvoir me tenir à côté de lui et accrocher son bras. Je veux être sûre qu'il soit bien réel. Je ne veux pas qu'il meurt lui aussi.

Toute la colère du monde se dessine dans les yeux de Lesty qui me fustige du bout de son doigt. Je serre les dents ; je sais que c'est une illusion, mais c'est difficile de contenir ma peine. Un jour peut-être, mon mari comprendra que la magie existe et surtout que je lui ai menti pendant toutes ces années. Il faudra lui dire pour mon passé, pour May, pour notre fille et j'ai le sentiment de ne pas être prête pour cela. Je ne serai jamais prête. Je veux notre petite vie tranquille, lui dans son magasin et moi au cinéma, les bières au Lonely Ghost avec les amis en fin de journée alors que L-A joue devant la place du café. Je veux pas de complication.

– C'est les sorciers et l'humaine.

Mais quand on est télépathe avec les fantômes, il est difficile d'avoir une vie normale.

Passant à travers les accusations de Lesty, je vois Jonathan, un des professeurs du Mystery, s'approcher. Il s'occupe de Myaw avant de se tourner vers moi pour tracer une rune sur mon bras avec son sang et, rapidement, mon mari disparaît. Les illusions se sont dispersées ainsi qu'un des fantômes et un homme qui semblait discuter avec eux. Il a été remplacé par un autre qui essaie de leur faire comprendre qu'ils sont morts.
Ces exorcistes. Vu le niveau de magie de ceux-là, il doivent se traîner depuis un bon moment. Un moment assez long pour ne pas ignorer leur condition.

Jonathan se penche vers Myaw pour lui dire quelque chose avant d'avancer à son tour pour s'adresser aux silhouettes nuageuses. Je note au passage qu'il lâche une information intéressante – tout le monde n'a pas l'air touché par les illusions. Pourquoi ?

– Tu as une idée May ?
– Ça n'a aucun sens. Des enfants comme des adultes ont été touchés, ils ne font aucune distinction d'âge. Des sans pouvoir également, ça ne réside pas là-dedans. On dirait que c'est aléatoire.

Et la réponse du fantôme qui résonnait encore dans ma tête… Je m'approche de Jonathan et me penche un peu vers lui.

– Ils cherchent des sorciers et une humaine.

May de son côté s'est approché encore plus près des fantômes – que risque-t-elle de toute manière, elle est déjà morte – les défiant du regard.

– Ils ne me disent rien en tout cas, je ne les ai jamais vus avant à Little Angleton.

Des touristes fantomatiques, donc. Super nouvelle.

- Écoutez, si vous cherchez quelque chose on peut probablement vous aider mais avant ça, avez-vous conscience d'être des poltergeists, des fantômes ? On peut remonter vos souvenirs à partir de là éventuellement.

Il y a un fantôme qui s’avance plus que les autres, et c’est Luke, et il est grand, blond avec l’air de celui qui a des milliers d’années et 20 ans à la fois.

- Qui est celui qui fait les illusions ? Pourquoi ça ne touche pas tout le monde ?


Je ne comprends pas pourquoi nous sommes mort, il dit le fantôme. Vouloir nous aider ?

Il y aurait de bonnes raisons de les exorciser.

Pas d’illusions. Des vraies choses à l’intérieur de vos vraies têtes.

L’autre ne comprend-il donc pas que les horreurs viennent de l’intérieur ?

Pas les mêlés. Les problèmes ne viennent jamais des mêlés. Les fautes et les meurtres, jamais des mêlés.

C’est extrêmement réducteur on en conviendra, mais c’est tout ce qu’il a à offrir. L’autre frère s’avance à son tour. Ils ne sont pas redevenus assez tangibles pour vouloir des choses, pour se dissocier, pour reprendre réellement contact avec la réalité, suffisamment pour être à nouveau entier, avec des désirs et des volontés.

Mais pas loin encore, pas bien loin, pas si loin.

Incontrôlable et pas voulu, admet Luke, et c'est dommage, ils étaient puissants avant, mais c'était avant qu'elle entre dans leur vie pour la leur prendre.

Le feu démarre à leurs pieds comme un souvenir trop tenace, une tâche de vin qui ne part pas.

In your head, in your head, they are crying

Elle accourut avec l'éclat de ses pas dans les pavés de la place, ce seul son dans les oreilles. Rien de ce qui se déroulait d'étranger à Little Angleton ne pouvait lui rester inconnu longtemps. Lorsque Pandora débarqua, c'était la débandade. Des innocents hurlaient de terreur un peu partout, Jonathan tenait Myaw par le bras et semblait inquiet pour elle, Melany, à ses côtés, était concentrée sur trois spectres... Et demi ? Qui flottaient sur la place, un peu hagards, et fit tout de suite le rapprochement avec Londres, quelques jours auparavant. D'ailleurs, Edwin Al Hattal, de la police magique, était présent, tout comme son collègue Zacharia Creed.

Les formes fantômatiques s'expliquèrent, vaguement, devant la vieille sorcière figée, entourée de toujours plus de personnes essayant d'aider, criant d'incompréhension. Pandora savait que Jonathan avait les orphelins bien en main. Elle alla s'occuper des innocents, de les rassurer, les éloigner, soigner ni vu ni connu ceux qui s'étaient blessés dans leur peur. Il ne restait que quelques personnes encore sur la place quand du feu se mit à crépiter. La directrice eut un haut-le-corps. Elle renvoya une dernière personne chez elle, courut vers le centre de la place, traça des runes pour éteindre, puis envoya son pouvoir vers les morts, qui ne comprenaient pas pourquoi. La guérison disait l'apaisement, pas celui des corps qui n'avait plus mais celui des âmes. Pandora reprit la conversation là où l'avait laissée Melany, espérant pouvoir apporter quelque chose, ne pas arriver comme un intru dans la scène.

- Vous aider à comprendre pourquoi vous êtes morts.

Elle ne dit rien de plus, son pouvoir affluant de ses mains tendues vers eux, de son corps tendu, de toute sa volonté. Elle avait connu des revenants, elle avait été épuisée par ces situations de désespoir. Pourtant, elle avait toujours cette motivation. Faire que les choses aillent au mieux, en leur temps.

Il voit Myaw du coin de l'oeil, elle est indemne. Lui n'a toujours pas explosé, les fantômes sont toujours là et ils parlent. On dirait qu'il a touché juste, ils n'ont pas conscience d'être morts. D'autres paroles sont échangées et, bientôt, Pandora Mystery elle-même intervient, proposant aux apparitions d'outre-tombe de les aider à comprendre pourquoi ils sont morts. Ce à quoi Edwin ajoute :

- Et pourquoi vous restez ici à souffrir au lieu de profiter d'un repos éternel.

Il faudrait peut-être tenter de les exorciser mais déjà il en manque un. Et exorciser des fantômes liés en en oubliant un sur place peut conduire à une situation plus compliquée qu'elle ne l'était initialement. En plus, il y a trop de potentielles victimes collatérales sur cette fichue place au milieu de nulle part pour ça. Alors le mêlé ajoute en direction des deux spectres :

- Austin, Luke et Harrisson Stevens, c'est ça ? On peut supposer que vous êtes frères. Que vous êtes probablement anciennement des êtres magiques, humains, mêlés ou sorciers, vu vos pouvoirs. Vous n'avez pas l'air vieux, vous êtes trois, on peut aussi supposer que vous avez été assassinés, probablement ensemble. Ça vous semble correct ? Si oui et que vous cherchez quelqu'un, vous êtes peut-être en train de chercher la ou les personne responsable de votre situation.

Cette place n'est vraiment pas l'endroit pour parler avec des esprits paumés et puissants.

What's in your head ?

Ange arrive juste pour se jeter sur Myaw et l'entourer de ses bras, sans filtres, mais Pandora ne tique pas, car elle connait son impulsivité, elle sait qu'il aime Myaw. Elle ne sait juste pas comment. L'exorciste serre fort l'adolescente dans ses bras et lui murmure qu'il l'aime au creux de l'oreille, Edwin ne doit pas l'entendre.

Au bout de quelques minutes, il arrive enfin à s'en détacher, non sans avoir mis une rune de protection sur Myaw. Il ne veut pas l'empêcher de prendre part à ça, car il connait, il sait, lui aussi voulait se rendre utile, tôt, et si la femme qu'il aime veut devenir exorciste, elle devra bien apprendre tout ça. Elle a été trop longtemps séparée du vrai, elle quitte une souffrance pour une autre mais au moins, elle est libre.

Ange regarde Pandora parler aux fantômes, remarque Melany et son spectre à elle derrière, voit l'absence de réponse des trois autres -quatre ?- et se souvient qu'elle a une télépathie, pas la même que la sienne à lui. Ils ne disent rien, c'est peut-être la seule à pouvoir communiquer avec eux ?

Le jeune homme s'approche de son ancienne camarade et lui murmure:

-Melany... Est-ce qu'ils te parlent à toi ? Tu devrais essayer de continuer à leur poser des questions.

Puis intinctivement il se change en husky parce que c'est une forme pas trop suspecte pour les éventuels innocents qui seraient encore dans le secteur -il voir Mr. Khayman encore là, ça l'inquiète- et observe les fantômes pour voir s'il les perçoit différemment sous une forme animale. Avec son pouvoir, il est plus proche des choses intangibles.

Ca parlait dans leur tête - ou dehors ? Ils étaient quatre, les trois frères qui n’étaient pas exorcisables, et le dernier, à la traine, là aussi.
Jamais vu à LA, avait dit la fantôme — et pourtant. Ils y avaient été.

Les aider à comprendre pourquoi ils étaient morts.

Parce qu’ils étaient morts, right ? Assassinés ensemble.

Mêlés, répond Austin. Assassinés ensemble, répète-t-il stupidement. Magiques. Il faudrait faire un sens de tout ça, enchaîne-t-il, un sens pour s’en aller, je crois. Ou pour revenir. Ou pour partir. Comme si on était là mais pas là, morts mais pas morts. On est morts comment ?

Et c’est Luke qui s’avance vers eux. Il porte les cheveux mi-longs, il a des cales sur le bout des doigts. Il ne sait plus pourquoi mais quand il frotte sont pouce contre chacun de ses doigts il n'a plus vraiment de sensations - est-ce parce qu'il est mort ? Parce qu'il n'a plus de corps ? Il a dû mal à se souvenir du temps où il en avait un.

Lola.

Le prénom reviendra en boucle, il n’y aura que ces deux syllabes pour le coupable, le coupable de bas étage qui ne l’aura pas fait pour une raison incroyable, ça rappellera la bassesse de la vie et le manque de valeur des mêlés, pourquoi tuer, certes, mais pourquoi ne pas le faire ? Il y avait trop de raisons qui poussaient à achever des mêlés.

Lola l’avait su ; l'humaine l'avait su.

Ils disparaissent.