MESSAGES : 620 DATE D'INSCRIPTION : 03/12/2010
Niveau du personnage Point RP: (142/200) Point Membre: (124/200) Niveau: 7 - ConfirméeAnja L. von Duisbourg Admin | Cheffe de Rosenrot ♛ | Sujet: I 've heard many stories about the Great and Terrible Evil Queen, Bold and Audacious perhaps but not evil Jeu 14 Nov 2024 - 15:39 | |
| L’odeur du sang absolument partout.
Le corps, flétrit et détruit, est roulé en boule dans sa cellule. Le froid la mord aussi sûrement que les hématomes, traces de nombreuses tortures, qui tachent sa peau. Elle est hideuse, la couronne dévissée, reléguée au rang de déchet. Ils ont tout arraché, tout détruit ; ses longs cheveux blonds ne sont plus que quelques touffes éparses sur son crâne, les os collent à la peau, créent de nouveau bleus sous leur saillance.
Ces fils de chien.
Ils ont tout verrouillé, ils ont bien trop peur que le monstre s’échappe. Combien sont au courant qu’une reine crève au milieu des secrets? Combien sont assez puissants pour savoir les traits morts derrière ce visage émaciés ? Les muscles n’ont plus la force que de trembler, l’air est si glacial qu’on la retrouvera peut-être morte au matin. Triste fin d’un monde qui s’écroule. Elle n’a même plus la force de réfléchir, de fouiller dans sa mémoire pour trouver les failles béantes de ceux qui l’ont trahie – car trahison, forcément il y a eue. Plus personne à accuser, simplement une reine déchue, réduit à néant et privée de ses pouvoirs. Le monde magique n’existe plus dans ces deux mètres carré de cellule où règne l’odeur de pisse. Les dents crissent d’une musique funeste tandis que celle qui n’est plus rien ferme les yeux à la recherche d’un sommeil autant que de la mort. Marche ou crève, les rêves lui ouvrent les bras et elle se sent glisser sur un terrain inimaginable. Une anomalie dans les runes ? Une inadvertance de ses bourreaux ? La douceur d’une plage l’enveloppe et, au loin, la mer et les vagues. Forcément, ça ne peut être qu’ici que tout s’achève. D’abord elle croit être tombée dans le rêve de celle qu’elle n’a jamais véritablement connue. C’est lorsque la présence à ses côtés se fait sentir qu’elle comprend que ces décors n’ont rien de l’imaginaire d’ Elaïa.
– Tu m’as manqué.
Anja est redevenue Anja et elle est majestueuse alors qu’elle se tourne vers Green. Sur la plage nue qui n’entend que les rouleaux des vagues, tout paraît calme et paisible. Au loin, la silhouette d’une enfant à l’orée de l’adolescence danse sur un royaume qui n’appartient qu’à elle et qui ne ressemble en rien au tas mortifère de cadavre sur lequel sa mère a gouverné. Le sable brûle la plante de ses pieds et la cheffe à l’agonie n’est pas certaine d’évoluer dans un rêve ou aux portes de la mort. Si c’est la mort, elle est bien douce.
_________________« Oiseau moribond, elle est plus proche de l'envol que je ne l'ai jamais été et j'ai mal. Déchirure. » « Pis donner à bouffer à des pigeons idiots Leur filer des coups d’ pieds pour de faux Et entendre ton rire qui lézarde les murs Qui sait surtout guérir mes blessures » - Do you know how to fight ? - And you, do you know how to die ? |
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MESSAGES : 553 DATE D'INSCRIPTION : 21/12/2010
Niveau du personnage Point RP: (241/200) Point Membre: (133/200) Niveau: 7 - ConfirméGreen Soul Solitaire | Âme verte | Sujet: Re: I 've heard many stories about the Great and Terrible Evil Queen, Bold and Audacious perhaps but not evil Mar 19 Nov 2024 - 9:49 | |
| Green s’étire, lascif sur le canapé de velours. Le soleil d’automne traverse les carreaux de l’immense baie vitrée carrelée sur lesquels Elaïa a collé des suncatchers, dispersant la lumière blanche en arc en ciel. Sa fille s’échine sur une plante, en lui intimant « d’arrêter de mourir, comme ça, et de perdre tes feuilles de partout ». Comme souvent, son cerveau fracturé lui donne l’impression que rien n’existe, que tout va s’évaporer au profit d’une autre réalité. Comment concilier ses années de soldat et celui sans magie ? Sans entrainement ? Mais surtout, sans Anja ?
Comment est-ce que ça a seulement pu arriver ?
Elaïa tourne son visage vers lui, comme toujours, pleine de questions, traversées par les émotions de son paternel. Son visage est celui d’un secret murmuré dans le noir, du bout des lèvres, sans certitudes et il n’est pas sans rappeler celui de sa mère, les pommettes taillées dans la cruauté, le genre de femme à bleurir même les draps.
Le soleil lèche une de ses jambes relâchées. Il a un travail, une vie, tout lui manque, rien du tout, il est en colère de tout, mais jamais plus obligé d’injecter sans haine dans les ventres mous des adversaires, il a le loisir de s’ennuyer, le luxe de guérir, la joie de découvrir qu’il n’est pas plus heureux maintenant qu’il a le temps de se poser la question. Et puis sa fille se lève et déclare « je vais voir si Aliosha et Yvgeny veulent bien jouer avec moi ». Elle attrape les clés de la maison sur la pointe des pieds et sort dans le quartier. Il a passé la nuit à cercler les environs après l’apparition de runes, extrêmement discrètes, à sur plusieurs bouches d’égouts. Est-ce le temps de déménager de nouveau ? Il est fatigué de courir et fantasme de tous les égorger, avec la facilité des chats à qui ça ne coûte rien d’achever un loir. Il est fatigué.
Il est fatigué et c’est Anja qui le réveille, et l’homme redevient garçon et ferme, ferme, ferme les yeux. Il ne l’a pas vue depuis si longtemps mais l’aimant n’est pas brisé. Il a tout fait pour, il a échoué. Ils ont échoué. Petit, il était sûr qu’il y avait des solutions à tout, il était incapable de laisser tomber quoi que ce soit et aujourd’hui encore, son coeur était ponctué de pièces exprès pour garder tout le monde dedans, pour aimer mal et aimer à l’étroit. Il n’avait jamais dit tant pis, plus jamais, il n’avait jamais dit j’espère qu’on ne se reverra plus, adieu.
« Tu m’as manqué », dit-elle et il a l’impression d’être face à la reine qu’il a aimé sur un bureau, pas à sa femme qu’il n’a jamais comprise. Mais quand il l’effleure, l’illusion se dégrade du bout de ses doigts, des flashs lui brûlent la peau alors qu’il effleure la joue d’Anja.
Alors comme ça, elle n’est pas infinie ?
Ils paieront tous un jour ou l’autre, il le sait. Il se réjouit, au fond, qu’Anja paye et pas Elaïa. Mais Elaïa paie aussi leur dette, il n’est pas idiot, dans chaque carton de déménagement, dans chaque question dont il n’a pas la réponse, dans chaque cicatrice qu’elle refuse de regarder quand ils vont se baigner ensemble.
« Mon amour » murmure-t-il comme le secret qu’elle est. Mon amour au singulier, le seul et l’absolu. Peut-être étaient-ils faits l’un pour l’autre, peut-être se sont-ils trop abimés pour correspondre à d’autres chairs. Il n’a plus été avec personne. Il a peur qu’elle disparaisse, il a envie qu’elle disparaisse.
« How can something be so fair and so cruel ? »
Il est juste qu’ils ne soient plus ensemble, Il est juste qu’une reine finisse par perdre sa couronne, Il est juste que les sorciers noirs ne fassent pas de vieux os, Il est juste qu’elle paie, qu’elle paie ! Qu’elle paie.
Il pince ses lèvres puis ferme les dents puis se mord la joue, la langue et finit, malgré lui, vaincu, incapable.
« Où es-tu ? »
Le fou de la reine, la lame entre les dents. _________________ Dc de : Ian, Nawel, Rhyan, Lola, Josh, June. |
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