Quand tu sors.
Visiter le Monde.
N'oublie surtout pas.
De prendre ton parapluie.

Assise à la fenêtre, je regarde la pluie qui tombe. J'essayerais bien de compter les gouttes, mais il y en a bien trop pour que j'y parvienne. Et elles tombent, elles chutes, elles dansent devant mes prunelles d'enfant. C'est beau la pluie. J'ai envie de sortir la rejoindre pour danser avec elle. Mais Mme Mystery n'est plus tellement d'accord que je sorte depuis le jour où je suis rentrée si tard de l'Eglise. Et encore, si elle avait su pour David, je crois qu'elle m'aurait interdit de remettre les pieds dehors jusqu'à mes 74 ans !

Mais un enfant.
Ca a besoin.
De sentir le soleil sur son visage.
Et la pluie mouiller ses cheveux.

Alors je me relève et je sors une vieille robe mauve et une paire de collant violet de mes affaires. Il n'y a personne dans ma chambre, j'ai de la chance. Je me dépêche de m'habiller et ajoute à ma tenue mes bottes multicolores et mon anorak bleu. Cette fois, je suis parée pour la grande aventure ! Il ne me reste plus qu'à sortir discrètement pour que personne ne me voie. C'est la partie la plus difficile de mon plan je crois bien...

Petite fille aimerais être souris.
Mais si petit fille.
Etais une souris.
Souris voudrait être mouche.

La chance me sourit aujourd'hui, car je ne crois personne dans les couloirs ou les escaliers. Me faufilant jusqu'à la porte, j'emporte avec moi un parapluie transparent. Et enfin je suis libre ! Alors je commence à courir, courir vers nul part, comme si j'avais envie de m'enfuir de cet endroit que j'aime tant. Juste le temps d'une journée, je l'occasion de pouvoir voler de mes propres ailes. Pas longtemps, parce qu'au fond, c'est ici qu'est ma vie. Pas loin non plus, parce que de toute façon, le monde est trop grand. Et puis bientôt, sonnera l'heure du retour.

Car l'oisillon.
Retourne toujours au nid.
Retrouver sa famille, sa maison.
Et surtout son bonheur.

Ca doit faire environ une dizaine de minutes que je cours. Peut-être un peu plus, peut-être un peu moins. Je suis arrivée au port, là où accoste les bateaux du Monde entier. Un jour, moi aussi je monterais sur un de ses bateaux ! Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je me contente de m'asseoir sur un vieux banc mouillé et de regarder voguer les voilier, loin, si loin de la réalité du Monde.

J'ai travaillé dure c'est dernier temps, j'ai besoin de sortir, de solitude et d'inspiration. La Mer... tant d'immensitée sur un monde qui est dit petit par les Hommes. Il pleut, le ciel cherche donc a remplir la mer plus qu'elle ne l'est deja ? La mer est agitée, comme mon coeur. Elle me correspond, c'est donc là bas que j'irais, et que je méditerais. Il pleut vraiment beaucoup, je vais donc mettre mon imperméable (noir). Tante s'est absentée, je lui laisserais un mot l'informant de mon départ. Je passe la porte, me souvenant alors quand je l'ait passé peu aprés la mort de mes parents. L'air dehors est frais, et la pluie me fouette le visage, mais c'est agréable... Je prend alors la direction du port et, impatient d'y arriver, commence à courir. J'ai toujours eut des facilitées pour la course, courir vite et longtemps ne me cause aucun problèmes. J'arrive donc rapidement au port, et me perd de longue minutes dans l'infini beautée et agitation de la mer, et commence à penser a mes parents. Une larme commença à couler sur ma joue, mais je pleure suffisament comme ca et là, je ne veut vraiment pas pleurer. Mon attention fut alors porter sur une fillete habillée d'une multitude de couleurs. Ignorant pourquoi, je ne put détacher mon regard d'elle. Peut etre que c'est parce que elle a l'air heureuse dans cet environnement aussi lugubre. D'habitude, je reste indifferents face au autre personne, il faut dire que je n'est jamais été trés sociable. Peut être que ça change. J'ai même l'envie d'allé lui parler et de lier connaissance. Je m'assois donc à coté d'elle sur un banc humide. "Bonjour... ou Salut, je m'appel Yoren, et toi ?"

Il suffit d'un rayon de soleil.
Pour illuminer le ciel.
Il suffit d'une couleur.
Pour me rendre heureuse.

Mes pieds volent au dessus du vide, car je suis trop petite pour pouvoir effleurer le ciel. Mais ça ne me dérange pas, au contraire, j'aime bien. Il paraît qu'on a moins d'ennui quand on est enfant. Et je sais qu'un jour tout changera autour de moi, que le Monde me semblera moins grand, car c'est moi qui aurait grandit. Alors autant profiter d'être une fourmi avant le changement. J'ai encore le temps devant moi. J'espère juste que personne ne me volera mon temps comme on a volé celui de maman... Mais lorsque la pendule de notre vie sonne les douze coups de minuit, on ne peut rien faire d'autre que de mourir.

"Bonjour... ou Salut, je m'appelle Yoren, et toi ?"

Je me tourne vers le nouveau venu qui s'assied sur mon banc. Automatiquement, je tends le parapluie au dessus de nous deux. Il est bien ce parapluie, il est assez grand pour nous protéger tout les deux. Même si je dois lever mon bras bien haut, parce que le jeune homme à mes côté est bien plus grand que moi. Ce n'est plus une fourmi, ça c'est sûr. Je me demande, le monde est-il différent vu de là-haut ? C'est fatigant de tenir mon bras en l'air...

- Coucou. Moi c'est Myaw.

Je lui souris, puis mon regard va à nouveau se perdre dans la mer en furie. C'est beau, même si c'est un peu triste. Je veux dire, c'est tout gris. Pourquoi d'ailleurs ? Cela serait bien plus joli en rose, non ? Peut-être que si tout les poissons roses du Monde se réunissaient, la mer deviendrait rose. Je ne sais pas, il faudrait que je demande à Hayley ou à Ange, parce qu'eux ils doivent savoir. Ils savent pleins de trucs.

Je me demande.
Si ils savent ça.
Parce qu'ils sont grand.
Moi aussi je veux grandir.

Il y a des jours comme ça... Un instant j'ai envie de monter sur des échasses et de vieillir et l'instant d'après, j'aimerais devenir aussi petite que ce point qui s'agite à l'horizon. Qu'est-ce que c'est d'ailleurs ? On ne dirait pas un déchet, plutôt quelque chose de vivant. Peut-être un oiseau blessé. Ne pourrait-on pas l'aider alors ? Je me demande si c'est dangereux d'aller sur la jetée par ce temps là. Sans doute que pour moi oui, il y a tellement de vent que je pourrais m'envoler ! Mais je ne suis pas toute seule. Yoren est grand, il doit pouvoir faire quelque chose, non ? Bah oui, c'est aussi ça la vieillesse. Trouver des solutions quand les cervelles des plus petits sont en repos !

- Qu'est-ce que c'est le truc là-bas ?

Je suis obligée de crier pour qu'on m'entende. La pluie tombe à présent bien plus fort que quand je suis sortie de Mystery. J'espère juste que je ne serais pas trop mouillée pour rentrer, je ne saurais pas comment justifier cela aux professeurs...

Ca faisais longtemps que je n'avais pas parlé a quelqu'un, et je croit bien que c'est la première fois que je parle a une enfant de cinq ou six ans. Comment étais-je à cet âge là ? Je n'en sais rien, je n'ai aucun souvenir remontant avant cet accident qui emporta mes parents et mon enfance par la même occasion. Depuis ce jour, ma vie n'est que ténèbres occasionées par un deil infini. Finalement, lui parler était agréable, et troublant à la fois. Elle était encore dans l'âge de l'enfance, mais elle possède une voix pleine d'assurance et de maturitée. Elle aussi a souffert, cela ce voit dans sa voix, mais ce n'est pas le sujet que l'on aime aborder, surtout avec l'inconnu que je suis. Je l'observais discretement. Son regard était perdu dans la mer, avec une esquisse de sourire. Elle doit probablement penser à quelque chose de fascinant, car peut de chose font sourir par ce sombre temps. "Qu'est-ce que c'est le truc là-bas ?"
C'était elle qui venait de parler. Encore une fois, sa voix chargé d'assurance me surpris. Intrigué, je tournis la tête en direction de son doigt. Il y avait en effet quelque chose. A première vu, on aurait dit un débris quelquonque amené par le vent, mais en regardant bien, il était évidant qu'il s'agissait d'une personne vivante, et apparament mal en point. Elle ou il, à cette distance, je ne peut pas distinguer, avait l'air blessé et en difficultée. Incapable de le laisser là, je courut dans sa direction pour lui porter assistance, me demandant si Myaw me suivait. Arrivé sur les lieux, je découvrit la personne grelotante et portant de nombreuses blessures. Ne sachant que faire, je la couvrit de mon manteau.
-"Ca va allé, ne vous inquiétez pas, on va vous aider".
L'observant, avec ses plaies nombreuses et profondes, j'en déduis qu'il a besoin d'être soigné. Je vais rarement en ville, et ne connais aucun endroit où on porrait l'aider. Me tournant vers Myaw, je lui demandait "Où peut-on trouver un medecin ?"

Regarder un cadavre.
Est plus facile que l'on ne le croit.
Mais que faire.
Face à un mort-vivant ?

C'est un corps qu'on découvre échoué au port. Les cheveux en bataille et entièrement mouillé, je peux deviner sa guerre face à la mer. Et après avoir nagé jusqu'à l'épuisement, il a enfin pu s'extraire de sa furie, comme si les tourbillons salés lui offraient une seconde chance, lui donnait la possibilité de vivre un peu plus longtemps. Une sorte de sursis parce que la nature lui pardonne ses fautes. Ou peut-être est-ce juste le hasard ? Je m'agenouille à ses côtés, observant Yoren poser son manteau sur le noyé. Il me demande si il y a un médecin près d'ici... Je sais qu'il y en a un à Little Angleton, il a soigné ma toux une fois. Il m'a aussi donné une sucette à la fraise. C'est bon, j'aime bien les bonbons.

-" J'ai pas besoin d'un docteur. C'est un guérisseur qu'il me faut."

Un guérisseur ? Les seuls guérisseurs que je connaisse, c'est ceux de l'orphelinat. Mais ça, ça fait partit du secret. Et le secret, on a pas le droit d'en parler. Motus et bouche cousu, on a tous promis. Et une promesse estune promesse. Vous savez, si on la brise, les conséquences peuvent se retourner contre nous. "Qui sème le vent récolte la tempête." Maman disait ça. Je ne suis pas sûre de ce que ça signifie, mais je trouve que ça correspond bien.

C'est comme l'histoire du papillon.
Qui d'un battement d'aile.
Peut déclencher un ouragan.
Est-ce-qu'un battement de mes cils peut arrêter la tempête ?

-" J'ai juste besoin d'un guérisseur..."

Sa voix est terriblement faible. Parfois, je pense à la mort de Maman. Je n'étais pas là lors de ces derniers mots, mais j'imagine que sa voix était aussi faible que celle de cet inconnu. Et juste après... elle n'étais plus là. Après cela, je n'ai plus jamais aller pu me réfugier dans ses bras, je n'ai plus jamais pu aller pleurer contre sa joue, ni entendre son rire. Je ne veux pas qu'il arrive la même chose à cet homme, même si je ne le connais pas.

Est-ce que le secret.
Est plus important que sa vie ?
Je crois qu'avec Yoren.
On peut stopper la tempête mortelle qui l'attend.

" Frappez moi. Mettez moi une baffe ! (...) Allé ! Je vais m'évanouir !"

Je glisse ma main sous la veste afin de saisir la sienne. Je ne veux pas qu'il meurt ! Ses doigts sont glacé alors pour le réchauffer un peu, je serre sa poigne le plus fort possible. Mais je n'ai pas assez de force, je ne suis qu'une gamine. Une petite fille. Je lance un regard suppliant à Yoren. Ne le laisse pas partit, s'il-te-plaît...

- Est-ce que tu vas mourir ?

Mon regard cherche celui du noyé. Je veux qu'il me dise "non". Juste un mot, ce n'est pas si difficile à dire, n'est-ce pas ? Même si c'est un mensonge. Et alors ? Je m'en fiche, je m'en fiche ! Non, ce n'est pas vrai. J'aimerais que ta réponse soit la vérité, parce que je ne veux pas d'un cadavre de plus derrière moi. Je ne peux pas abandonner ce corps à la mer déchaînée à côté de nous. Elle nous a rendu son enveloppe charnelle, nous allons aussi garder son âme.

- Il faut l'emmener à l'orphelinat.

Ma main se pose sur son front et, au moment où mes doigts effleurent sa peau, des gouttes d'eau se mettent à voler en tout sens. Aussitôt je retire ma paume, comme si je venais de me brûler. Que s'est-il passé ? Je n'ai jamais vu cela auparavant. Ou si, mais ce n'étais pas moi, c'était ceux que j'appelle les sirènes. Parce qu'il décide ce que fait l'eau. Elle suit leurs indication. Mais pas les miennes, juste les leurs. Moi je suis enfermée dans mes cauchemars et mes rêves, c'est tout ce que je fais. Tout ce que je peux faire. Rien d'autre. Et encore moins être une sirène, parce qu'au fond, je ne sais même pas nager...

Ce n'est pas un non.
Ce n'est pas un oui.
Juste une réponse d'adulte.
Pour tenter de rassurer une gamine.

-" Ne t'inquiètes pas pour ça...

J'ai envie de le secouer. Il est si facile de dire cela ! Mais en attendant, il ne m'a pas répondu. Rien promis. Oui, c'était une promesse que moi j'attendais. Je crois qu'un mensonge même m'aurait suffit. Je connais trop de gens qui sont morts, j'ai vu trop de gens partir, j'ai côtoyé trop souvent le sang pour voir un autre regard disparaître de cette Terre. Il est encore trop tôt. Et il le sera sans doute toujours.

Comme l'étoile polaire.
Qui a guidé tant de marins.
Un sourire illumine ses lèvres.
Guide vers la survie ?

-Oui, mais comment allons nous le transporter ?

Ils savent, tous les deux savent ! Je le vois sur le sourire qui a dansé sur les lèvres du noyé et dans la question de Yoren. Ou plutôt, celle qu'il n'a pas posé. "Pourquoi l'orphelinat et pas l'hôpital ?". C'est ça qu'il m'aurait demandé si il n'avait pas eu connaissance du secret. Tous les deux savent. Mais ce que nous ignorons par contre, c'est comment transporté le mourant assez vite. Le temps tourne si vite... un peu comme les vagues qui viennent hurler leur rage contre les rochers... Enchaînement colérique qui n'a cesse d'aller ce fracasser sur les récifs....

-Connait-tu quelqu'un qui pourrait nous aider à le transporter ?

Quelqu'un ? Je ne comprends pas. Mon cerveau est tout embrumé, comme si c'était moi que la mort envahissait peu à peu. La main de l'inconnu est toujours aussi froide, glaciale. Mes pensées sont tétanisées, comme si le Monde avait décidé de tourner au ralentit, pour contraster avec le roulement de la mer...

-" Petite, toi qui sait, tu dois connaître un homme capable de passer facilement d'un endroit à un autre !"

Un homme capable de... Ces quelques mots font tilt dans mon esprit. Téléporteur, évidemment. Comment ai-je pu ne pas y penser plus tôt ? D'un bond je me relève, je sais que j'en trouverais un au Mystery. Mais aurais-je assez de temps ? Assez de temps avant que la main si froide que je viens de lâcher ne devienne gelée pour l'éternité ? Assez de temps avant que cet homme... meurt ? Je le regarde peut-être pour la dernière fois, les larmes au bords des yeux et le coeur au bord des lèvres.

- Je reviens vite. Avec de l'aide. Yoren, ne le laisse pas mourir, s'il te plaît.

Tourner les talons.
Et courir.
Car cette fois.
C'est une question de vie ou de mort.

Le chemin jusqu'à l'orphelinat défile sous mes pas. La rencontre du sol contre mes semelles produit un clac similaire à un très lointain coup de feu. Un instrument de la mort... La mort, encore ce mot. J'ai envie de fermer les yeux et de me boucher les oreilles. Mais je sais que même ainsi ces quatre lettre, une syllabe, une horreur, continuera à raisonner dans mon esprit. Et puis j'ai une mission à résoudre.

Question de vie ou de mort.

Les ténèbres ensevelissent ces lieux de tristesse et de haine, normal, un homme agonise à mes pieds, et que puis-je faire ? Je n’est ni le pouvoir de transport ou de guérison, mais juste celui de métamorphe et de télépathe avec les animaux, inutile dans cette situation, remarque je pourrais toujours devenir animal, afin de le transporter, mais ça l’achèverait aussitôt, et on va éviter de le tuer, ce serait dommage, pour une fois qu’il y a de l’action…

-Ne t’inquiète pas pour ça…

Pas très convaincante cette réponse, « tu es sur ? »
Une fille de cinq ans, de n’importe quelle âge en fait, même pas forcement une fille, ne peut pas se contenter de cette réponse laconique et vide de toute assurance, moi non plus elle ne me suffit pas, mais bon, je me met à sa place, il ne doit pas en savoir plus que nous sur son état et ses chances de survies, d’autant qu’il est à moitié inconscient, donc pas en état de nous faire un thèse sur sa santé. Mais qu’a-t-il fait pour être comme ça ? Le coup de la chute ne marche pas dans la réalité, il n’a pas put faire ça en tombant, c’est impossible…A mon avis, il y a du sorcier noir là-dessous, mais ce n’est pas la préoccupation actuelle, il faut le sauver, sa vie est en train de s’échapper par toutes ses blessures béantes, des blessures faites par une épée, à tout les coups. Un indice de plus au problème, tient bon mon gars…

-" Petite, toi qui sait, tu dois connaître un homme capable de passer facilement d'un endroit à un autre !"

Quoi ? Je ne comprends plus là, remarque, il ne parlait pas à moi, ils doivent se comprendre à mon avis, vu que Myaw n’avait pas l’air étonnée par ces étranges paroles, à mon avis, ces personnes sont comme moi, avec dons et pouvoirs, parce qu’ «un homme capable de passer facilement d’un endroit à un autre », on appelle ça un téléporteur, et c’est magique, je suis pas bête non plus…
En tout cas les paroles du jeune homme ont eut leur effet. Myaw se releva d’un coup, jeta un coup d’œil à l’homme étendu par terre, et dit, pour lui comme pour moi :

- Je reviens vite. Avec de l'aide. Yoren, ne le laisse pas mourir, s'il te plaît.

-Bien sur que je ne le laisserais pas mourir, Myaw, ne t’inquiète pas, mais court, vite !

Ne pas qu’il meurt, mon nouvel objectif, pas de soucis, enfin bon… Je ferais de mon mieux en tout cas, mais qu’est-ce que je peux faire si le destin décide de reprendre sa vie ? En attendant, je peux toujours lui parler.

-Ces blessures ne sont pas due à une simple chute, n’est-ce pas ?

Au moins, il m’entendais, car il dirigea son regard dans ma direction, un regard envoûtant, et métallique, mais qui a encore un éclat de vie au fond. Non, il ne mourra pas. Je lui interdis, j’ai déjà vu deux innocents morts, mes parents, je ne veux pas en voir un troisième, de plus, une fille de cinq ans, comme Myaw, risquerait d’être vraiment choqué à la vue d’un cadavre, alors il doit rester en vie. Pour une raison inconnue, je me mis à prier, moi, qui ne connaissais rien à la religion, je priais pour que cet homme ne meurent pas. Est-ce ainsi que les gens commencent à croire en Dieu ?

C'est comme une dernière promesse.
Que le vent m'apporte.
Depuis la mer.
Qui toujours se déchaine.

-Bien sur que je ne le laisserais pas mourir, Myaw, ne t’inquiète pas, mais court, vite !

Je me repasse les mots de Yoren dans ma tête. Il a promit. L'inconnu ne mourra pas, pas aujourd'hui. De toute façon, il n'y a plus assez de place dans la cimetière de ma tête pour accueuillir un nouveau mort. Si quelqu'un, encore une fois, perd la vie... ma tête explosera. Ma grand-mère. Et surtout maman. C'était assez comme morts. C'était trop même. J'ai déjà payé ma dette au Paradis et aux Enfers. Alors s'il vous plaît. Ne prenez pas un Homme de plus.

Dérapent sous mes pieds.
Les pas et les larmes.
Se reflètent dans mes yeux.
Les pas et les larmes.

Je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie. Enfin, c'est ce que je crois. Peut-être bien qu'une fois je suis allée à cette vitesse. C'était un jour où j'aurais voulu apprendre à voler. Haut, très haut, comme les oiseaux. Alors j'ai couru, jusqu'à toucher les nuages, jusqu'à sentir le vent vouloir arracher mes cheveux. J'ai couru et j'avais la sensation de voler. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui je ne cours pas assez vite, les nuages sont trop haut et le vent ne veut pas se battre avec mes cheveux. Aujourd'hui je suis une pierre lourde qui ne fait que rouler jusqu'à l'orphelinat. Un poids. Et c'est ce que je ressens lorsque le Mystery se dessine devant moi. Suis-je arrivée trop tard ?

- Quelqu'un, quelqu'un ! S'il vous plaît, aidez moi !

Mes yeux sont rouges et mon coeur est bleu. Tout froid, paralysé par la peur. Mes yeux sont rouges et presque aveugles. J'ai de la peine à chercher et à voir. Le paysage semble si flou... Calme toi Myaw, calme toi... C'est la voix de ma mère qui résonne dans ma tête. Ma mère qui est morte... Mais je ne cherche pas à comprendre. Je me tais et je m'arrête. Arrête de courir, de pleurer, de crier, de penser, de vivre. Pendant dix secondes, je m'arrête.

1, 2, 3, nous irons au bois.
4, 5,6, cueuillir des cerises.
7, 8, 9, dans un panier neuf...
Et enfin 10.

Maman avait raison, je vais mieux ainsi. Je suis plus calme. Alors seulement, je peux recommencer à courir, à crier, à penser, à vivre. Jusqu'à ce que je le voie. Jonathan. Mr... j'ai oublié son nom de famille. Mais ça n'a pas d'importance, pas maintenant, pas aujourd'hui ! On s'en fout ! Alors je me précipite vers lui, parce que j'ai besoin d'aide, maintenant. Moi avec mes jambes d'enfants et mes pouvoirs dans les rêves, je ne suis pas assez puissante. Mais Jonathan c'est un adulte. Les adultes sauvent le Monde. Même si ce sont eux qui l'ont détruit à la base. Alors lui il sauvera le naufragé de la mer. Je l'espère. Vraiment.

- Tu dois m'aider ! Il y a... il y a un homme au port. Pas mort, mais... tout bleu et tout froid. Je ne veux pas qu'il meurt. Yoren ne veut pas qu'il meurt. Et l'homme il ne veut pas mourir. On doit aller le chercher. S'il te plaît.

Et mon petit coeur rythme mes mots à la chamade...



[Désolée d'avoir mis tant de temps à répondre =S