Kleine Morde unter Feinden

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 Kleine Morde unter Feinden

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MessageSujet: Kleine Morde unter Feinden   Kleine Morde unter Feinden EmptyDim 15 Avr 2012 - 17:56

Spoiler:
Berlin, automne 2010.
Putain ce que c’est moche une ville quand il pleut. Les monuments de la capitale dégoulinent de noir, pollution qui glisse le long des édifices. Pollution : boue que l’humanité laisse à ses héritiers. Quel cadeau.

Mais après tout, qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Moi, Leo Spielberg, orphelin de mon état, je n’ai pas une grande expérience du concept de l’héritage. Ce qu’on m’a légué, c’est une gueule d’acteur de cinéma. Mes parents devaient être pas trop mal.
Je ne sais pas.
Je ne les connais pas.

Juché sur ma moto, je trace un sillon sur l’asphalte mouillé de la capitale allemande, mes ray-ban glisse sur mon nez trempé par la pluie. Certes, les lunettes de soleil ne sont pas trop appropriées au temps charmant de Berlin, mais elles font office de pare-brise. Il ne me manque plus que deux petits rétroviseurs pour nettoyer les verres.
Je passe devant la Brandenburger Tor et remonte en direction de la Siegessäule qui brandit fièrement ses ailes d’or sur le ciel damassé de nuages. Le long de la longue avenue, les arbres du Tiergarten sont rouges et jaunes, certains ont déjà perdu des feuilles qui forment des tableaux mouchetés d’écarlate sur le trottoir… Putain, ça me donne des envies de faire de la poésie ces petits riens d’automne.

Je me souviens encore de mon époque à l’orphelinat, couché dans l’herbe, quand j’avais douze ans, à écrire pendant des heures sur mes carnets moleskine. Les idées fusaient en tout sens, comme des électrons libres qui jaillissaient, si rapides que j’arrivais à peine à les capter: heureusement que j’écrivais vite. Très vite. Le crayon glissait sur le papier comme un joueur de hockey sur la glace, et je remplissais des pages et des pages à une vitesse affolante. J’avais toujours été très habile de mes mains, mais, bien sûr, désormais, j’utilisais plus mes talents pour manier des couteaux que des stylos…
J’accélère dans le virage de la Siegessäule et me couche sur le côté pour suivre le mouvement de la Yamaha R1 qui vrombit entre mes cuisses serrées. Je lâche les gaz ; le rugissement du moteur me fait trembler de plaisir. Elle a un joli son ma Japonaise, en plus d’avoir des courbes exaltantes. L’aiguille sur le compteur grimpe en même temps que l’adrénaline qui glisse dans mes veines.
Plus vite. Plus fort.
Qui a dit qu'on ne pouvait prendre son pied qu'avec des nanas?
Je zigzague entre les voitures qui roulent paresseusement sur le bitume détrempé - le monde me paraît parfois si lent. La vitesse de la moto ne cesse d’augmenter : 80, 90, 100, 110… Je roule à plus de cent kilomètres heure dans les rues de Berlin, j’exulte, je ris, le vent vole dans mes cheveux et plaque mes lunettes sur l’arrête de mon nez. Oui, je n’aime pas mettre de casque. Mais soudain, un coupé allemand quitte brutalement sa file et me coupe le passage (je ne peux m’empêcher de penser que le principe du coupé prend ainsi tout son sens). Je vais trop vite, je n’arriverai pas à… Si, j’y arriverai. Il suffit d’accélérer encore un peu.
Le moteur rugit, je serre les fesses tandis que je parviens in extremis à me faufiler entre le coupé et la voiture qu’elle doublait, juste avant que l’allemande ne se rabatte sur la file de droite.
Un tonnerre de klaxons retentit derrière moi.

- Fallait mettre ton clignotant, connard… murmuré-je en souriant.

Après quelques minutes, je débouche enfin sur le Kurfürstendamm, Kudamm pour les intimes, la longue et fameuse avenue de Berlin-Ouest, la version allemande des Champs-Elysées. Je ralentis, bifurque dans une petite rue sur la droite et arrive enfin devant l’hôtel. Voilà, c’est là, qu’on m’a donné rendez—vous, dans le hall du Best Western de la Kantstrasse. J’aurais préféré la Nietzschestrasse, mais bon, il ne faut pas rêver non plus, c’est déjà formidable qu’ils aient donné à une avenue le nom d’un philosophe. Même si la pensée du vieux Kant ne me séduit guère.
La Yamaha se tait, panthère de métal sagement rangée sur le parking de l'hôtel; j’entre dans le hall.

C’est con, mon cœur bat un peu trop fort, comme si j’allais à un rendez-vous amoureux.

Sauf qu’en général, un rendez-vous amoureux ne vous met pas en présence d’une personne qui vous hait viscéralement et qui désire vous éradiquer de la surface de la terre. Mais bon, j’avais l’habitude : avoir des origines juives conforte dans l’optique que le monde n’est de loin pas rempli de bisounours. Et puis, étant en Allemagne...
Mais bref, ne réveillons pas de vieux conflits.

Le portier fagoté dans sa livrée rouge pince les lèvres à mon arrivée : ma dégaine ne lui plaît pas. Ce doit être la combinaison de moto qui le dérange; pantalon et veste de cuir noir.
Ah, nan, il tique sur ma tête. C'est à cause des lunettes de soleil. Alors qu’il pleut. Jaloux, va. Je plante mon regard dans le sien et lui souris, plein d’empathie. Il lutte un instant, mais je suis plus fort. Oui, c'est ça monsieur le rouge, inclinez-vous bas face à Leo Spielberg. Je passe devant lui et l'entend prononcer un délicat « Mein Herr » plein d’admiration.

J’adore mon don.
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Anja L. von Duisbourg
Anja L. von Duisbourg
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MessageSujet: Re: Kleine Morde unter Feinden   Kleine Morde unter Feinden EmptyLun 16 Avr 2012 - 1:41

Kleine Morde unter Feinden Pluieacidepollutionecol

L'air vibra alors que les talons d'Anja frappaient le sol avec force. Autour d'elle les gens s'écartaient, virevoltaient, s'envolaient pour se cacher dans des trous de souris. Leur cheffe semblait d'une humeur sombre, massacrante, une humeur de chat à manger les souris. Or qui mieux que les esclaves ou les pauvres petits soldats résidant dans le Quartier Général de Rosenrot pouvaient illustrer la parfaite métaphore d'amuse-gueule pour félin ? Mais la jeune femme ne leur prêta aucune attention, se dirigeant directement vers son bureau.
Les choses allaient mal, très mal.
Un visage, une image, un coup de vent. Il n'avait suffit de rien pour que les souvenirs de la sorcière blonde remontent à la surface. Des souvenirs ombrageux qui la mettaient hors d'elle à chaque fois qu'elle y pensait. Épargner un humain... même pas pour en faire son esclave ! Même pas parce que c'était un vieillard qui de toute façon souffrirait plus en mourant par le temps que par ses coups. Non, un humain, un vulgaire humain. Noir certes, mais terriblement... humain. Beaucoup trop humain. C'était une erreur impardonnable, une erreur que la Croix l'avait poussée à faire. Ça remontait à plus d'une année et pourtant, la scène était toujours aussi pesante dans son esprit. Aussi déplaisante, agaçante, cassante. Ça se répercutait en elle comme des millier d'épines sous sa peau. Ça blessait parce que c'était synonyme d'échec et que l'échec était proprement inacceptable. Quelle honte, mais quelle honte...

La journée avait pourtant bien commencé. Enfin s'il est un tant soit peu possible qu'une journée puisse bien commencer pour une sorcière noire extrémiste pour l'éradication de la race humaine alors qu'à chaque fois qu'elle mettait le pied dehors elle en croisait un bon millier. Mais aujourd'hui elle n'avait aucune raison de mettre le pied dehors. Ni non plus de parler avec ce Dorian si prétentieux. Ni non plus de s'obscurcir l'esprit en pensant à Orpheo. Rien à faire, journée de calme et de repos. Juste se balader tranquillement dans les couloirs du QG de Rosenrot et s'assurer que tout était en ordre, que la machine était bien huilée et que ses soldats bien rangé. Mais voilà, un regard, le simple regard d'un esclave à peine croisé le temps d'une seconde, lui avait rappelé celui ravageur de Leo Spielberg.
Et tout avait explosé.
La rage avait déformé le visage de la jeune femme alors que son poignard avait fusillé l'air jusqu'à trouver le coeur de l'esclave. Personne n'avait tiqué, personne n'avait pipé mot. Comme si c'était normal de voir quelqu'un tuer un homme sur un coup de tête. Et c'est un peu ça le malheur; à Rosenrot il est normal qu'un esclave se fasse descendre de la sorte. Plutôt rare, en effet, mais loin d'être indécent ou inquiétant. Juste normal. Ce qui l'était moins c'était cette colère soudaine qui vrillait les traits d'Anja, elle qui avait l'habitude de si bien cacher ses sentiments... Sans se justifier la sorcière noire avait alors tourné les talons pour se diriger droit vers son bureau.
La porte claqua alors que la fulminante enfant - car que sommes-nous réellement à à peine 19 ans ? - se dirigea droit vers un tiroir qu'elle ouvrit d'un coup sec avant d'arracher le double fond dévoilant aux yeux du monde une vieille boîte en bois foncé. Sa main dansa un instant devant l'objet alors qu'une serrure imaginer par ses soins se laissait arracher par la télékinésie de la jeune femme. Et d'un grincement ancien la boîte s'ouvrit, révélant ses entrailles de papiers et de rouge. Des lettres par centaine, par millier peut-être même, toutes regroupées ensemble, toutes destinées à une seule et unique personne. Sa mère.
Sans prêter plus d'attention que cela aux feuille du dessus, la demoiselle blonde plongea sa main pour pêcher une lettre plus vieille, datée de deux ans dans le passé, au caractère indéniablement énervé. La lettre concernant Leo Spielberg. Elle avait à peine 18 ans, elle travaillait encore pour la Croix et pourtant la même haine empoisonnait son âme. Anja n'avait pas changé, loin de là... La lettre était peut-être vieille, mais pas sa rage.
Et sans attendre, elle posa ses yeux sur les premiers mots.

Berlin, le 3 octobre 2010
Liebe Mutti,

Ça remonte à plusieurs semaines. La Croix cherchait une personne capable de parler l'allemand. Du moins c'est ce qu'on m'a dit à ce moment là, je réalise à présent qu'ils désiraient surtout quelqu'un difficilement influençable. Ils ont dû me tromper en me choisissant, ils devaient le savoir qu'ils prenaient un risque... Un risque qui n'a pas payé, un risque qui a failli faire tout échouer.
Ce jour là maman, j'ai failli te rejoindre.
Mais ce n'est pas le pire, oh non, c'est loin d'être le pire. Qu'importe la mort tant qu'on a exécuter son devoir ? Qu'importe sa souffrance tant qu'on a enclenché celle des autres ? Je n'ai pas remplis ma mission jusqu'au bout, j'ai failli. J'ai failli et je mérite rien d'autre que haine de moi-même et flagellation pour cela. Tu dois avoir honte de moi maman, et je te comprends parfaitement.

Mais revenons au début. Un hôtel, le Best Western, trônant au beau milieu de la Kantstrasse. La rue de Kant. Moi j'en ai rien a cure de Kant ou même de tous ces humains qui se prétendent "philosophes". Ils n'ont de sage que leur mort bien que trop tardive, quand à leurs mots ils sont proprement indésirables, sonnant pour la plupart du temps complètement faux, à l'aspect plus que bancal et contradictoire. Ce n'est rien d'autre que des hommes qui ont peur de mourir. Ça me crisse, ça m'agace, ça m'exaspère. Mais le nom de cette rue n'était pas mon idée, cette hôtel non plus et l'homme que j'allais y rencontrer encore moins. À vrai dire, je me serai bien passer de ce face à face hors-norme et de cette alliance crispante si ce n'avait pas été un ordre de la Croix. Et je ne discute jamais les ordres de Croix.
Leo Spielberg. C'était le nom qu'on m'avait offert, balancé au bout d'une pique, tendu comme de la viande au lion. Leo Spielberg et rien de plus. Si ce n'est qu'il était humain et que c'était la seule personne au monde capable de nous aider à éliminer une cible bien trop menaçante pour l'organisation. Leo Spielberg, Leo Spielberg, Leo Spielberg... J'ai répété ce nom qui sonnait terriblement allemand une bonne dizaine de fois dans ma tête alors que mes bottines noires arrachaient un claquement sourd au béton noyé sous mes pieds. La pluie martyrisait la capitale et mes idées alors que la haine grandissait en mon centre. Un humain, un vulgaire humain... Comment la Croix pouvait-elle oser ? Pourquoi moi, comment moi ? Tu te rends compte maman à quoi je dois m'abaisser ? À un humain. Heureusement qu'ils m'ont aussi donné l'ordre de me débarrasser de toutes choses gênantes après le meurtre de la cible. Leo Spielberg fait parti de la catégorie "chose gênante".
Je ne savais pas que... pas encore.
Disons qu'à ce moment là mes pensées étaient occupées loin de Berlin et de sa noirceur humide, à tordre le corps faible et humain de l'être avec lequel j'allais devoir faire équipe, cherchant les positions les plus douloureuses que l'on m'avait enseignées. Les manières les plus horribles et longues de mourir. Tant et si bien que je n'ai même pas offert un regard au portier qui s'est empressé d'ouvrir la porte, emprisonné dans ses habits rouges et sa condition misérable. Aucune magie ne vibrait autour de lui, m'offrant la vision ignoble d'un humain tout ce qu'il y a de plus simple et dégoûtant. Je ne lui ai pas jeté plus d'attention que son rang ne le lui permettait, me dirigeant droit vers le salon à thé.

Dissociable parmi les indissociables, anormal parmi les normaux, noir parmi les gris. Mon regard a tout de suite été magnétisé par l'homme à l'allure beau gosse, ray ban sur le nez et tout habillé de cuir. Le type même de la gente masculine que je ne peux supporter. Révulsant. Répulsant. Répugnant.
Mes mains hurlaient son sang alors que ma lame chatouillait froidement mon esprit, mais pas une seule émotion n'a traversé mon visage. Je me suis entraînée dure maman pour parvenir à cette perfection là. Et je refusais de quitter mon masque pour cet ennemi auquel j'allais devoir m'associer.
À la place j'ai explosé les quelques pas qui me séparaient de lui, balançant des hanches sous la robe moulante dont on m'avait parée. "Séduit le Anja. Séduit le comme un chat se faufile jusqu'à sa proie. Puis, au moment opportun, saute lui à la gorge pour la décharnée. Il n'y verra que du feu". Il n'y verra que du feu... la stupidité des hommes devant quelques courbes et deux mèches blondes me dégoûtera toujours.
Mais Leo Spielberg avait l'air loin d'être stupide lui.
Sous une apparence travaillée à la perfection, je sentais la haine qui résonnait et les réflexes de tueur à gage. Ce n'était pas n'importe qui ni n'importe quoi. C'était un meurtrier en puissance. C'était une âme blessée qui cherchait à se venger. C'était un danger ambulant. C'était un humain. Et c'était mon nouvel équipier. Le temps d'une mission, avant que je ne l'envoie au cimetière.

[...]


Sa main tremblait alors que le nom de l'humain noir défilait sous ses yeux. Elle l'avait enterré, elle avait fait son deuil, elle l'avait oublié. Ou plutôt elle croyait l'avoir fait car son souvenir était toujours là, bien présent, presque omniscient. Mais ce n'était pas tout. Car tout comme son souvenir, Leo Spielberg était encore bien vivant. Anja avait échoué.
Échoué.
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AnonymousInvité
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MessageSujet: Re: Kleine Morde unter Feinden   Kleine Morde unter Feinden EmptyLun 16 Avr 2012 - 10:55

Ce fameux automne 2010...

J'étais jeune et insouciant à l'époque. Quoique... Jeune, j'en conviens, je n'avais que 21 ans, mais pour l'insouciance il faudra repasser. Un chasseur de prime est rarement insouciant. C'est même un trait de personnalité fort déconseillé à ceux qui désirent ardemment garder la vie. Et moi, j'y tiens à la vie, surtout lorsqu'elle me permet de fouler la moquette d'un hôtel prestigieux, au coeur de Berlin. Celui qui m'avait dit, à peine deux ans auparavant, alors que j'errais dans les forêts de Transylvanie, qu'un jour je serais invité dans un tel endroit, n'aurait reçu pour toute réponse qu'un formidable éclat de rire.
Et se serait fait détroussé puis laissé pour mort.
Et oui, la vie est ainsi faîte, on ne survit pas sans pitance: il fallait bien que je me nourrisse. Les pigeons et les perdrix possèdent certes une chair exquise à celui qui sait les accommoder, mais les armes ne se cueillent pas dans les arbres. Ce serait fort pratique, mais Dieu ne jugeait visiblement pas opportun de faire de l'homme un guerrier.
Encore un qui n'avait pas lu Nietzsche.
Alors, bien entendu, si un pauvre innocent croisait ma route, je ne crachait pas sur les espèces sonnantes et trébuchantes que son porte-monnaie contenait. De plus, une lutte de plus ne faisait pas de mal à mon entraînement.
Attention, ne me faîtes pas dire des choses que je ne pense pas: mon entraînement en Roumanie n'était pas une promenade de santé pour sénior. Pas lorsqu'on avait pour maître un pur psychopathe à qui la notion de "repos" échappait complètement et qui avait plutôt pour maîtres mots les termes de puissance, d'endurance et de stratégie. Certes, je considère aujourd'hui que mon ancien maître est très probablement le type le plus abject et vicieux que la Terre ai jamais porté. (hmm, ces termes me font aussi penser à quelqu'un d'autre à qui je dois rentre des comptes...) Et évidemment, c'était un sorcier, comme par hasard... Néanmoins, je sais que sans lui je ne serais jamais parvenu au niveau où je suis actuellement. Les onze mois que j'avais passé en Roumanie avaient achevé le peu de foi que j'avais encore pour Orpheo: l'orphelinat avait été ma maison durant douze ans et ma prison pendant cinq. Mon maître m'avait offert une autre voie, une voie à travers la forêt de Transylvanie, une voie qui mène à la vengeance... Puis il m'avait trahi. Alors oublions ces longs mois d'épreuve et de survie dans la vallée de la Mures et concentrons nous sur des souvenirs nettement plus réjouissants.
Des souvenirs au doux goût de vengeance.

Lorsque je ferme les yeux, je revois très nettement mon arrivée dans le Best Western de la Kantstrasse: la jolie réceptionniste brune derrière son comptoir de marbre rose, le couloir richement éclairé qui longe le jardin d'hiver, les clients de l'hôtel avachis dans les sofas de satin bleu. Tout respire le luxe, le calme et la volupté.
Drôle d'endroit pour prévoir un meurtre.
En arrivant dans le salon de thé (mon dieu! Un salon de thé pour parler d'un assassinat, l'absurdité de la situation me ravit!), je m'assure de m'asseoir dans un renfoncement que les caméras ne peuvent surveiller de trop près. Car si j'ai la possibilité de nous rendre, mon interlocutrice et moi, invisibles aux yeux des personnes de chair et de sang, je ne peux néanmoins appliquer mon don aux services de sécurité. Pour le coup, une mémoire informatique est plus puissante qu'une mémoire humaine.
Ou sorcière, bien entendu.
Je m'enfonce confortablement dans un fauteuil club et ne peux m'empêcher de songer qu'il ne me manque plus qu'un verre de scotch pour parfaire le tableau. Mein Name ist Spielberg. Leo Spielberg. Oui, j'ai besoin de gonfler mon égo avant de rencontrer ma partenaire. Je n'ai pas peur, mais je prie tout de même le basketteur fou logé dans ma poitrine de bien vouloir laisser mon malheureux muscle cardiaque tranquille. J'en ai besoin de mon petit coeur bien entraîné. Il y a de la bagarre en perspective.
Putain.
J'arrive pas à croire qu'ils me demandent de faire équipe avec une sorcière noire. Les ennemis ne sont plus ce qu'ils étaient; avant, on se haïssait jusqu'à ce que mort s'ensuive ou on se tuait mutuellement, le plus souvent par derrière et dans d'atroces souffrances. Normal, quoi.
Mais là, non. On nous oblige à faire amis-amis, à s'entraider, et c'est après la partie qu'on est censé s'assassiner. Ça ne me plaît pas trop cette affaire. Bien sûr, moi aussi je veux la peau de l'enfoiré qui a trahi mes frères d'armes, je veux le voir implorer ma pitié alors qu'il baigne dans son sang, je le voir trembler, craindre la mort, la voir arriver dans son manteau noir et sentir sa morsure glacée... Mais j'aurais préféré régler cette histoire seul. Quitte à crever en l'emportant avec moi. À la vie à la mort, maître.
Pourtant, on m'avait prié d'accomplir cette mission avec l'aide (ce mot m'agaçait prodigieusement) d'un suppôt de la Croix, pour en garantir le succès. Puis, bien entendu, je devais tuer la main secourable que le monde sorcier nous avait tendue, car personne ne doit découvrir que les deux races ont besoin l'une de l'autre.
Non, vraiment, cette mission, malgré un but qui me tenait à coeur, était malsaine. Ce n'est pas parce qu'on est un humain noir qu'on se transforme en ignoble monstre assoiffé de sang.
Je laisse cette qualité d'âme à messieurs et mesdames les sorciers noirs.

Sexy

C'est alors que je me fais cette réflexion que mon rendez-vous pénètre dans le hall de l'hôtel. Ses pas sont amortis par la moquette moelleuse du couloir, mais le reflet d'Anja von Duisbourg précède sa propriétaire. La blonde sorcière noire paraît glisser le long de la vitre du jardin d'hiver. Son port de tête est altier, sa démarche fière et décidée, et son long manteau noir flotte dans son sillage. Elle devrait me terrifier avec ses allures de Dark Vador femme et annihiler la moindre particule de fierté propre aux humains noirs qui me reste. Mais non, inutile d'insister, je n'ai pas peur. La technique aurait certainement fonctionné sur quiconque ne possédant pas la libido d'un adolescent de quatorze ans. Mais cette fois, la technique d'intimidation a échoué.

Voilà ce qui arrive lorsqu'on fait appel à un type qui passe la plupart de son temps à fantasmer sur les jolies filles qu'il rencontre et dont les hormones contrôlent la moitié de son cerveau.

Je n'ai pas peur, je suis juste fasciné par le mouvement ondulatoire des hanches d'Anja qui fait voleter le manteau à chacun de ses pas. Je ne peux détacher les yeux de cette silhouette dont les jambes interminables sont découvertes par une robe sombre et moulante. Je tente de croiser le regard de la jeune femme, mais le la vitre ne me renvoie que des mèches blondes qui se reflètent sur la glace comme autant de fils d'or.
Et merde, ils m'ont envoyé une bombe.
Merci, merci, je sens que ça va beaucoup m'aider à me concentrer.
La sorcière noire arrive enfin dans le salon de thé, jette un coup d'oeil circulaire, puis s'approche de moi. Cette nana est une professionnelle du crime. Ne serait-ce que parce qu'il est interdit par la loi de se déplacer d'une façon aussi sexy et diabolique sans risquer de provoquer chez chaque homme qui la regarde une crise cardiaque instantanée...
Trêve de plaisanterie, Anja von Duisbourg est un soldat de la Croix aguerri. Elle dégage une aura exceptionnelle, un mélange de mépris, de force et de fierté qui est impressionnant dans une âme aussi jeune. La fiche dit qu'elle n'a que dix-huit ans, mais son allure lui en donne aisément quatre de plus. Je devine à sa démarche quelque peu explosive et à son regard glacial que la jeune sorcière noire bouillonne d'une rage contenue. Pourtant, la demoiselle cache redoutablement bien ses émotions, elles sont remarquablement discrètes. Je dirais même imperceptibles pour qui n'est pas Influent.

Je sais qu'elle me méprise jusqu'au plus profond de mon âme et que, si elle n'avait pas eu besoin de moi, elle m'aurait fait souffrir jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Moi aussi je suis ravi de te rencontrer, Anja.

Je me lève poliment et l'attend, un sourire amusé aux lèvres. Dieu merci, ils ne lui ont pas mis de décolleté, mon regard aura ainsi moins de chance de se perdre dans les mystères d'un paysage de dunes fait de courbes et de douceur... Je plante mon regard dans celui de mon ennemie et constate avec plaisir que mon coeur bat à nouveau à un rythme appréciable.
Sorciers de La Croix, j'ai hâte de voir quels trésors d'ingéniosité votre poulain peut mettre à mon service dans cette lutte contre mon ancien maître.

- Guten Tag Anja, ich bin Leo Spielberg, dis-je en tendant la main à la jeune femme.

Rassemble tes forces, Leo, et garde la tête froide. La partie va être longue.
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Anja L. von Duisbourg
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MessageSujet: Re: Kleine Morde unter Feinden   Kleine Morde unter Feinden EmptyMar 29 Mai 2012 - 17:51

Kleine Morde unter Feinden Regreth
« Je guigandérlirais... vigoureusement. » a dit le Chapelier. What a mistake !

L'air vibra autour de la sorcière noire, à genoux au milieu de tous ses mots, de tous ses maux. La mâchoire contractée, les yeux d'une furie et les poings serrés, elle tourna d'un geste violent la feuille recouverte de ses pattes de mouches. Le reste de la lettre était encore pire. Comment avait-elle pu se laisser embobiner par pareil imbécile ? Pourquoi l'avait-elle laissé faire ? Quelle faiblesse ! Pour cela elle se détestait, mais elle se haïssait encore plus de replonger dans ses souvenirs là qu'elle croyait avoir oublié.
Mais le passé continue de hanter...

[...]

J'ai regardé la larve humaine se lever à mon arrivée, son regard glissant sur les courbes harmonieuses que la Croix avait tenu à mettre en avant. Je détestais déjà cette robe moulante qui me donnait l'impression maladroite d'être limitée et d'attirer tous les regards, réduisant ma discrétion à néant. Pourquoi m'avoir affubler de la sorte ? Déstabiliser Leo Spielberg ?
C'était idiot. Le jeune homme n'avait visiblement aucun besoin de toute cette mascarade pour déglutir devant la puissance des sorciers. Ce n'était qu'un humain, un vulgaire et putride humain. Pourquoi aurais-je dû avoir peur ? C'est vrai ça, que pouvait cette... chose face à un membre de a Croix surentraîné ? Rien, absolument rien.
Du moins en étais-je certaine à ce moment là. Si j'avais su...

- Guten Tag Anja, ich bin Leo Spielberg

J'ai observé la main qu'il me tendait, hésitant un instant à l'ignorer, puis je me suis résolue à glisser mes doigts froid contre les siens, mon regard bleu restant fixé dans ses yeux, cherchant une toute petite faille par laquelle entrer, glisser mon poison, puis laisser tout exploser.
Mais je n'avais en face de moi qu'un sourire charmeur qui aurait presque rendu un tueur sanguinaire l'air fier et honnête des anges. Il ne laissait rien paraître, il n'offrait aucune ouverture, à croire qu'il avait été entraîné...
Et il avait été entraîné. J'ai repassé rapidement dans ma tête les informations que la Croix avait pu obtenir sur le jeune homme. Orphelin, ayant vécu plusieurs années au Mystery Orphanage, s'était enfuit pour cause inconnue, n'avait pas rejoint Orphéo, mais avait préféré aller s'exiler en Roumanie où il avait enfin pu trouver son maître. Maître qui allait le trahir lui ainsi que ses amis, maître qui avait offensé la Croix et le monde magique, maître trop dangereux, maître honteux, maître à assassiner...
C'était lui la cible. Leo ne devait être qu'un dommage collatéral. Sur le moment j'ai presque trouvé cela dommage, il y avait bien pire comme espèce d'humain sur cette Terre. Lui aurait fait un bon spécimen d'esclave. Schade. Mais maintenant, après ce qu'il m'a fait, après l'offense qu'il m'a opposé, je ne peux me permettre de laisser traîner de telles pensées.
Si tu savais maman...

- Guten Tag, Leo.

J'ai retiré ma main de la sienne, prenant soin au passage d'effleurer son poignet pour vérifier les battements de son coeur. Boum. Boum. Boum. Trop calme. Trop normal. Aucun affolement, ni aucune peur.
Enflure. Qu'il profite de son coeur tant qu'il en a encore un...
D'un geste calme que je me forçais presque à exécuter avec une lenteur fascinante, je me suis assise sur l'un des fauteuil confortable du salon de thé, croisant dignement mes jambes et invitant d'un geste de la main mon compagnon - et future victime - à faire de même.
Leo Spielberg... 21 ans, né à Berlin le 12 février 1989, reporter, brun ténébreux au yeux allumeur. Les informations glanées se mêlaient à celles que je découvrais dans chacun de ses geste, chacune de ses mimiques, me criant que l'humain en face de moi n'était pas n'importe qui. C'était un homme de paradoxes, un homme construit en équilibre sur des mensonges et qui n'avait aucune peur de la chute tout en laissant le vertige bercer sa peur. Absolument tout en lui hurlait la méfiance et la difficulté, mais voilà j'ai cru plus malin d'ignorer ces quelques détails.
Je n'aurais jamais dû.

- Also Leo... Was weißt du ?

L'allemand coulait entre mes lèvres naturellement et je dois avouer que converser avec cet homme, bien qu'humain, me réjouissait presque. La belle langue de Goethe me laisse toujours un certain sourire au coeur, réminiscence de souvenirs passés. Des souvenirs de toi, de Diego et peut-être bien de papa... Des pans entiers de mon enfance me reviennent parfois, une enfance passée dans le plus beau cadeau que confie l'humanité aux bébés ; l'ignorance.
Mais je n'étais pas là-bas pour me remémorer mon passé, mais bel et bien pour assassiner un homme, puis un deuxième. Leo était une sorte de... cartouche d'encre. On la glisse dans la plume, le pistolet des mots, puis on mitraille de lettres une pages à la blancheur douteuses, jusqu'à la laisser pour morte puisque usée jusqu'aux fibres, la virginité éclatée sous l'encre. Et enfin, lorsque la cartouche est vide, on la laisse trébucher au fond d'une poubelle, l'enterrant aux milieux des déchets et autres cartouches usagées.
Ça aurait dû être aussi simple que cela.

Alors pourquoi ça ne l'a pas été ?

[...]


Oh oui, diable, diable, pourquoi n'avait-il pas été aussi simple que cela ? Incapable de se débarrasser d'une fichue cartouche d'encre... Et rien n'avait changé depuis ce terrible jour là. Anja était toujours dans l'impossibilité de jeter Leo de ses souvenirs. Il y était ancré, comme s'il se riait d'elle, comme s'il cherchait à la meurtrir un peu plus à chaque fois qu'elle y repensait.

Il existe de ces baisers que l'on regrette. Des baisers grisés par l'alcool et la nuit, un sentiment de tout puissance nous poussant vers les lèvres d'autrui. Des baisers dont on ignore que les conséquences vont s'acharner à nous appeler, nous foutant le rouge aux joues et la haine au coeur. Pour ces baisers on se hait, on enfonce sa tête sous l'oreiller, comme si se cacher la vérité pouvait arranger les choses. Ils se tâtent de nous hanter un bon bout de temps, nous empêchant parfois de dormir, nous donnant l'envie de régurgiter tous nos souvenirs, de vomir nos délires. On sait qu'on a tort, mais on l'ignore et on continue nos conneries. Parce qu'on se fout des conséquences comme de notre première culotte, parce qu'on est sûr que le futur ne compte pas. Grossière erreur.
Leo Spielberg était comme l'un de ces baiser. Une grossière erreur, la pire blague de l'humanité. Anja s'était laissée choir sur des "on verra", persuadée de pouvoir faire face aux conséquences.
Elle avait tort.
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MessageSujet: Re: Kleine Morde unter Feinden   Kleine Morde unter Feinden EmptyMar 28 Aoû 2012 - 2:50

Anja von Duisbourg sourit. Son sourire est resté gravé dans ma mémoire, tout comme le creux de ses lèvres, les courbes de ses reins, l’odeur de ses cheveux... Le Best Western de la Kantstrasse. Cet endroit de délices et de souffrances. Le paradis d'un homme de paradoxe. Mon paradis.
Je ne peux imaginer ce que sourire lui coûte. Je me souviens des lumières des lustres de cristal qui étincellent un instant sur ses dents blanches. La sorcière semble presque heureuse de me voir, si on excepte le regard qui gèle ses prunelles.

C’est tout de même fascinant ce contrôle somatique. Je connais l’aversion des sorciers à l’égard des humains noirs de ma condition. Pour eux, nous sommes inutiles. Inutiles et fort laids. Nous sommes des déchets terrestres. Nous, pauvres petites loques mortelles qu’ils semblent prendre pour des objets de plastique que l’on utilise puis que l’on abandonne dans la première poubelle venue. Force est de constater, messieurs et mesdames les sorciers, que vous omettez un détail néanmoins crucial : lorsqu’on jette du plastique dans la nature, il met du temps à se décomposer. Très longtemps.
Un humain noir est un vrai préservatif de latex abandonné sur la pinède. Indispensable à l’instant T, les générations futures de sorciers noirs qui sillonnent le monde conspuent éternellement leurs ancêtres. Ils auraient dû supprimer cet objet ridicule aussitôt après l’avoir utilisé. Certes il a été utile, mais maintenant ? Maintenant il gêne. Il embarrasse. Il pollue le monde.

Parfois, j’aime être ce grain de sable qui empêche à la mécanique cosmique bien huilée de s’emboiter efficacement. Je prends un malin plaisir à sentir que je taquine les puissants. Je suis ce putain de moustique qui pourrait avoir le pouvoir d’empêcher de dormir Poutine lui-même. Je fais chier. J’emmerde le monde et pourtant je suis intouchable, car trop petit. Infime, minuscule, ridicule. Perdre du temps et de l’énergie à me poursuivre serait reconnaître mon importance.
Alors je ne crains rien, je volète de ci de là, je mène mes affaires, je règle mes dettes, j’abats une somme de travail, immense pour moi, microscopique à leurs yeux. Et parfois j’embête, j’agace, je dérange.
Et j’adore ça.

Comme maintenant, dans cet hôtel berlinois où je sais que je joue le rôle de ce tout petit puceron qui sert à peine et par lequel on est pourtant obligé de passer. Une petite porte du pays des Merveilles dans l’embrasure de laquelle Anja von Duisbourg peinera à passer. Et oui il faut se plier en deux, mademoiselle, et accepter de courber l’échine. Un instant seulement. Moi aussi ça m’agace de devoir faire ça et, contrairement à vous, mon lobe préfrontal me permet d’avoir quelque chose qui, apparemment, vous échapper complètement : des scrupules.

De toute façon, vous n’avez pas le choix. Alors serrez les dents et tuez moi plus tard, si vous y arrivez. Mais croyez-moi, les moustiques se font repérer moins facilement que les éléphants.

- Guten Tag, Leo.

Je me souviens de la main de la jolie Anja. Elle est fraiche et douce dans ma paume. Fraîche comme la mort.
Je me souviens aussi de sa voix. La voix de la sorcière est aussi ensorcelante que son apparence. Mon dieu, je dois avouer que là ils ont mis le paquet. Chapeau bas, amis du mal, je ne peux que m’incliner devant autant de zèle à placer devant moi une aussi charmante rose vénéneuse. On se laisserait presque piquer, juste par coquetterie, juste pour le plaisir de mourir d’une aussi jolie main… La satisfaction de savoir que je bouffe une partie du temps de cette ravissante veuve noire ne fait que renforcer mon égo. Gonfle gonfle petite tête et frôle les plafonds brodés des hôtels berlinois.

- Also Leo... Was weißt du ?

Fantastique. Comme je m’y attendais, Anja accepte tacitement de converser en allemand de notre petit meurtre. J’étais persuadée que cette langue était particulièrement adaptée à de petites discussions de cet acabit. Elle a cette pointe de barbarisme qui berce toute bonne histoire noire, cet accent berlinois presque snob qui fait jaillir les mots à toute vitesse, sublimes, envolés, vraies munitions de mitraillettes qui viennent percuter l’interlocuteur dans ce voile suave propre aux langues du nord. Chaque fois que je parle en allemand, avec cette voix basse, nasale, qui triomphe au cœur des artères de Berlin, je pense à cette voix sombre qui éclate en rire les soirs de juin dans les parcs de la capitale. Mauerpark, Friedrichaim, Prenzlauerberg… Autant de mots magiques qui me rappellent mes premiers pas dans l’existence, avant l’orphelinat, avant tout ça. Avant que l’anglais ne soit ma langue de lèvres, ma langue de rêve. L’allemand est depuis toujours ma langue refuge. La langue secrète que moi seul comprenais et domptais. La langue qui me permettait de replonger au plus profond de moi quand le besoin s’exprimait. Comprendre.
L’allemand, ma force dans ce bras de fer à mort. Car je connais très bien l’issue de ce duel, je ne me fais pas la moindre illusion. Une fois que j’aurais obtenu les informations qu’il me faut, je dois me casser, et fissa. Demeurer ce préservatif de latex que l’on perd sur la lande et dont on ne retrouve plus de trace lorsqu’on le cherche, bien qu’on sache qu’il est là. Prêt à emmerder son monde.
Je m’assieds dans un fauteuil de tissus bleu du salon et j’invite Anja à faire de même.

- Was weiss ich ? Das ist keine echte gute Frage Anja. Denn Ich weiss nichts. Ich weiss nur, dass deine… Organisation einen Typ sucht. Was kenne ich ? Das wäre schon besser. Ich kenne seinen Namen und seinen Wohnort. Was will ich ? Das wäre die gute Frage.


Spoiler:

Oui, je ne sais rien. Ce que je sais ne sert foncièrement pas à grand chose, les espions des sorciers pourraient sans problème découvrir la planque de leur cible, ses habitudes… Oui mais voilà, les apprentis chaudronniers ont besoin de moi. Quelle ironie. Petit égo : gonfle, gonfle… Ils ont besoin de moi car je suis le seul qui puisse l’approcher d’assez près. Ils ont besoin de moi car il leur faut quelqu’un qui ait la même haine qu’eux, mais logée dans un corps d’humain. Je suis humain. Je connais le faux nom de Pietru Dairosvski, mon ancien maître. Je sais où il vit, ce qu’il fait, ce qu’il veut. Mon but ? Le terrasser de sorte qu’il ne puisse plus venir me hanter, nous trahir. Un terrain sur lequel je suis en totale congruence avec mes ennemis magiques.
Je suis seul contre mon ancien maître et malgré mon égo à la tête un peu trop large, il n’empêche que je suis réaliste : je sais que je n’ai pas la moindre chance de le liquider sans aide.

Ce que je m’apprête à dire à Anja n’est pas facile. Les mots sont âpres dans ma bouche. Assis dans mon fauteuil de tissus bleu, je contrôle mes gestes parasites afin d’éviter à ma main de s’en aller fourrager nerveusement dans les franges des accoudoirs. Les mots collent à mon palais. J’en ai honte. Pourtant je me force à les dire, ayant l’impression d’effectuer des efforts surhumains pour pousser les lettres de long de ma langue, puis hors de ma bouche. Je ne tremble pas, ne cille pas d’un cil, mais j’ai l’impression de pratiquer une autocastration en articulant :

- Ich brauche euch.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Kleine Morde unter Feinden   Kleine Morde unter Feinden EmptyMar 28 Aoû 2012 - 18:39

Elle avait envie de jeter la lettre. De l'envoyer balader. Dans le décor. De tout déchirer, tout arracher. Hurler sa haine au monde, arracher ses cris au silence. Elle avait envie de mourir sur ce bout de papier, de se laisser emporter par la misère enfouie au fond de son coeur et qui surgissait à présent en flot ininterrompus, vaporeux et écumeux, près à lui briser le coeur, à lui briser la vie.
Anja avait mal. Anja souffrait. Et quand on souffre on serait prêt à tout pour voir la douleur s'arrêter, ne serait-ce qu'un instant, un instant béni des Dieux ou le mal retourne dans sa tanière. Anja avait peur et ça elle n'en avait pas le droit.
Leo était entré dans sa vie et avait choisis de tout massacrer, tout ce en quoi elle avait toujours cru, toutes ses valeurs. Il avait vu ses failles, compris ses faiblesse, il avait été fort là où elle avait échoué. Leo avait gagné, tout simplement.

[...]

On s'est assis dans des fauteuils et c'est à ce moment précis que je me suis demandée si je n'avais pas fais une erreur en acceptant de le suivre aussi facilement dans l'allemand. Il semblait si sûr de lui, comme s'il avait passé sa vie à apprivoiser les moindres subtilités de cette langue à tel point qu'il la maîtrisait bien mieux que moi qui pourtant y avait grandit, y avait été bercée, y avait été aimée. La délicatesse de certains mots, les doubles-sens, les intrigues et les non-dit à demi voilés, rien ne semblait être secret pour lui. Comme si cette langue se glissait dans chacun de ses pores pour le rendre plus fort, plus brillant, plus terrible encore.
Je me suis tout de suite ôtée cette idée de la tête. C'était stupide, c'était idiot. Il était venu sur mon terrain, sur la langue par laquelle j'ai grandit, évolué. Il était chez moi et il n'avait strictement aucune chance de gagner. Et qui peut bien se targuer de vaincre grâce aux mots ? Leo était humain, Leo était pathétique. Ce qu'il faisait ne servait à rien, on ne peut pas gagner par la parole.
Tout du moins je me suis forcée à penser ça. À me l'enfoncer bien profondément dans ma petite tête, à taper au marteau dessus. Comme si c'était la seule évidence, la seule vérité possible. Comme si je n'avais pas d'autres choix que ça. Comme si... comme si...
J'ai été conne.

- Was weiss ich ? Das ist keine echte gute Frage Anja. Denn Ich weiss nichts. Ich weiss nur, dass deine… Organisation einen Typ sucht. Was kenne ich ? Das wäre schon besser. Ich kenne seinen Namen und seinen Wohnort. Was will ich ? Das wäre die gute Frage.

Sa voix était douce. Elle a caressé ses lèvres, s'est enroulée dans l'air avant de se dérouler jusqu'à moi. Un contraste parfait de ses mots qui me semblaient si dur. Je ne sais pas pourquoi j'ai eu cette impression à ce moment précis, ce couteau qui s'enfonçait sous ma gorge, ces menaces qui n'existaient pas et qui pourtant polluaient l'air ambiant.
Un instant j'ai froncé les yeux ; j'ai pris la peine de l'observer. Pour tout de dire maman, il était beau. Il avait ce sourire charmeur, ces prunelles de tombeur et ces mains à la fois forte et douce. C'était un bel humain, à croquer. Je suis sûre que n'importe quel sorcier noir aurait adoré l'avoir comme esclave pour pouvoir le mettre au fond de son pieu. N'importe qui, à l'exception de moi.
Voilà pourquoi la Croix m'avait choisie moi. Parce qu'ils connaissaient mon aversion non seulement envers les humains, mais aussi envers les hommes. Le sexe masculin. Ils savaient que je ne me laisseraient pas piéger par ces pommettes saillantes et cet air de mauvais garçon. Parce qu'ils étaient persuadé que je saurai résister à son charme.
J'ai honte.

- Ich brauche euch.

Sa voix était moins douce, le ton était plus neutre. Comme s'il cherchait à masquer sa gêne, ses faiblesses. On aurait pu croire à ces mots qu'il allait laisser transparaître sa nervosité, glisser une main dans ses cheveux ou se frotter la nuque. Mais rien. Pas le moindre geste, preuve de l'extrême faiblesse contenue dans ses mots. Parce qu'il se forçait. Il se forçait à m'avouer cela, à reconnaître devant moi, Anja von Duisbourg, membre de la Croix, sorcière noire, que lui Leo Spielberg était faible. Rien d'autre qu'une larve. Une larve ayant besoin de moi, besoin de nous.

- Wir werden ihn töten. Diesen Typ. Deinen Typ. Wir werden ihn töten...

Spoiler:

J'ai souris. Un semblant de sourire. Comme si je lui offrais là la seule chose qu'il pouvait désirer. Comme si je sacrifiais mon monde pour pouvoir l'aider à vivre, à survivre. C'était ce qu'il fallait. Qu'il nous croit essentiel. Qu'il ne puisse plus s'endormir sans être bercer par le fait de nous savoir dans l'ombre, prêt à tuer un homme pour lui. Il ne fallait pas qu'il pense que cela était un simple service. Mais bien plus que ça. Un sacrifice.
Et là il se laisserait faire. Prêt à nous donner ce qu'on veut, prêt à nous aider. À offrir les renseignements désirés sur un plateau. Leo était comme une huître entre les mains de la Croix. Il suffisait de trouver le bon endroit où glisser un couteau pour le faire s'ouvrir, exploser.
Et qui pourrait savoir manier un couteau mieux qu'un sorcier noir ?

- Es ist dein Zimmer. Morgen. Sechs Uhr. In dem Eingang. Sei nicht zu spät.

J'ai balancé la carte magnétique sans m'embarrasser de plus de détails. Sans m'embarrasser de plus de mots. Étrangement, Leo semblait quelqu'un dont la simple présence me fatiguait. Peut-être parce que tout mon corps me suppliait de l'assassiner ici, tout de suite, alors que je devais le laisser vivre jusqu'à la fin de la mission ? Toutes ces contradictions en moi étaient fascinantes. Et épuisantes. Je me suis relevée sans attendre la moindre réponse, ai tourné les talons et me suis dirigée vers ma propre chambre. Abandonnant derrière moi cet être si pathétique. Cet être si petit.


Le lendemain je me suis réveillée une heure avant le rendez-vous que j'avais jetée à Leo. Je devais me préparer. Non pas pour séduire cet être abjecte, mais pour faire face au sang qui risquait de couler. Fini les robes noires saillantes qui s'emmêlaient dans mes talons aiguilles. Place au jeans souple, aux baskets plates et à la vestes de cuir. Quelques lames planquées sous mes manches. Pas besoin de flingues ; la télékinésies associées à un poignard fait autant de dégâts qu'une balles.
J'ai relu les notes envoyées par la Croix. On savait qu'il y aurait du mouvement aujourd'hui même, dans la soirée à Berlin. Pietru Dairosvski devait se trouver à l'endroit clé de son plan pour dévoiler aux humains la magie. Quel plan ? Où exactement ? C'était à Leo Spielberg de remplir les blancs.

Cinq minutes avant six heures, je me suis glissée hors de ma chambre et j'ai emprunté les escaliers. Leo dormait au même étage que moi et je n'avais aucune envie de le croiser dans l'ascenseur. Moi je passais de temps avec cet homme, mieux je me sentais. Cet homme à la fois répugnant, repoussant, dégoûtant. Et pourtant tellement fascinant...
Trop fascinant.

[...]


Ce n'était pas de la peur. Non, ou en tout cas pas de lui. Lui n'était rien qu'un humain. Un vulgaire humain, pas plus précieux qu'un bâtard de chien. Mais il y avait quelque chose. Quelque chose qu'il dégageait, dans son odeur, son sourire, son pouvoir. Oui, c'était ça. Son fichu pouvoir.
Anja pensait être au dessus de ça. La Croix avait confiance. Elle avait confiance. Mais ils avaient omis ça. Ils l'avaient tous omis.
Les pouvoirs n'ont rien d'humain.
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AnonymousInvité
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MessageSujet: Re: Kleine Morde unter Feinden   Kleine Morde unter Feinden EmptyMer 26 Déc 2012 - 12:25

En entrant dans la chambre d’hôtel, je comprends que j’ai bien affaire à une organisation criminelle sorcière pleine aux as.
Friqués les potes de Merlin l’Enchanteur.

Je me jette avec ravissement sur l’édredon moelleux, enfonçant avec plaisir mon visage mal rasé dans l’étoffe de taffetas rouge, frottant ma peau rêche contre le tissus doux. Un râle de jouissance glisse entre mes lèvres lorsque je me retourne sur le dos. Mon regard se perd le long du plafond légèrement humide du grand hôtel et coule sur les stucs de plâtre. Puis je me redresse et contemple mon reflet dans le miroir de l’armoire en face de mon lit.
Quel beau gosse.
Dommage que je ne sois visiblement pas au goût de la jolie Anja.
Je resonge à la fin de notre conversation qui me laisse dans la bouche un goût amer de capitulation. Il existe un mot pour ça en tchèque : la litost. Il est intraduisible dans les autres langues et pourtant clairement indispensable à l’expression des relations humaines. La litost signifie plus ou moins le sentiment d’avoir été humilié profondément, sans pour autant avoir été capable de se défendre.
Je me sens humilié.
Et je déteste ça.

Bien sûr qu’en acceptant l’aide des sorciers j’allais devoir me plier à leurs caprices et à leurs manies de passer pour des êtres supérieurs, il n’empêche que le goût immonde dans ma bouche ne cesse d’enfler et de faire rouler contre mon palais tout le mépris d’Anja à mon égard.
Sa façon acide de planter ses mots.
De balancer la carte magnétique de ma chambre d’hôtel.
De tourner les talons sans plus de cérémonie.
Je ferme les yeux et revois le balancement subtil de ses hanches, l’ondoiement du bas de sa robe lorsqu’elle repart vers le hall, son reflet aux traits durs qui glisse une fois de plus le long du couloir. Sa disparition n’a laissé dans l’alcôve où nous nous entretenions plus que le poids glacé de ses derniers mots et les dernières notes de ses effluves entêtantes.

J’inspecte négligemment la carte de l’hôtel et appelle le room service pour qu’ils m’apportent un peu de ce doux nectar nommé Wein en langage allemand.
Quitte à me faire humilier, autant en profiter pour prendre un peu de bon temps.

Quelques minutes plus tard, le groom toque à la porte et pousse un chariot sur lequel trône une bouteille de Vosne-Romanée premier cru, un petit voile de coton couvrant pudiquement son ventre plein. Le liquide rubis coule avec allégresse dans le verre de cristal et scintille dans la douce lumière de la chambre. Le nez embaume et achève de combler ma litost.
Rien de mieux qu’une bouteille à deux cent euros pour récupérer son honneur.
Avec un sourire et en le priant de prendre un pourboire généreux sur la note, je congédie le groom et m’en vais siroter mon nectar sur le petit balcon de ma chambre. L’air est glacial, mais le contraste entre la boisson qui apaise les sens et le temps automnal me ravit. La pluie a cessé de tomber et laisse les rues miroiter dans le soir qui tombe.

Les courbes sensuelles d’Anja ont réveillé une envie sourde au fond de moi. Mon regard court le long des rues, le long des gens, le long des femmes, il s’échappe dans les ruelles, mon esprit s’envole, mon cœur bat au rythme de la ville, je sens ma raison s’enfuir à tire d’aile. Le vin coule entre mes lèvres. Une envie folle de monter sur la rambarde du petit balcon, de longer la façade détrempée, d’enjamber le balcon suivant, et ainsi de suite, jusqu’aux fenêtres de la chambre de la belle sorcière. Voir dans l’obscurité naissante sa silhouette se déplacer derrière le rideau de soie. Ses cheveux d’or luire dans la pénombre, ses mains d’ambre ôter ses vêtements et apercevoir ce corps blanc et ferme s’approcher de la salle de bain. Pénétrer à sa suite dans la pièce chaude et humide, au milieu de laquelle s’épanouit comme une fleur une gigantesque vasque remplie aux trois-quarts. Voir Anja éteindre l’eau qui coulait dans la baignoire, la voir glisser un pied gracile dans l’eau bouillante et mousseuse, puis son corps fin et athlétique s’enfoncer dans l’écume nacrée.
S’asseoir sur une pile de serviettes chaudes et admirer le visage dur se détendre peu à peu. Tressaillir devant les étendues de chair que la mousse laisse parfois apercevoir dans son balancement éternel. Se pâmer pour un orteil ou un sein qui perce le nuage blanc posé sur l’eau.

J’avale une gorgée de vin.

Vite, retourner dans la moiteur de la salle de bain, imaginer, les courbes qui créent des tourbillons dans l’eau savonneuse, les mèches blondes détrempées qui se collent aux omoplates, au front, aux tempes, qui ruissèlent sur la poitrine. Surprendre une esquisse de sourire sur les lèvres de la sorcière blonde, un léger gémissement de plaisir procuré par l’étreinte brûlante et apaisante de l’eau chaude.
Doucement, s’approcher de la baignoire, après avoir bu un autre verre, ne pas faire de bruit, embrasser ces lèvres laissées à l’abandon et inscrire dans la chair le goût du vin.
S’arrêter.
Calquer sa respiration sur celle d’Anja.
Reprendre son voyage le long de sa peau. Parcourir son front humide, ses pommettes hautes, abandonner des baisers sur ses paupières closes, arpenter sa nuque où s’entremêlent ses cheveux, son cou, sa gorge livrée à la chaleur moite… Revenir sur la clavicule saillante et terminer sur l’épaule où scintillent encore quelques filaments de mousse.

Reprendre sa place sur la pile de serviettes humides. Attendre la fin du bain, pour voir enfin la jeune fille émerger de la baignoire telle Vénus sortie des eaux, la feuille de vigne en moins. Capturer l’éclat de son corps une fraction de seconde avant qu’elle ne s’enroule dans une serviette moelleuse, la suivre une fois encore dans son habillage, ne l’abandonner que lorsque la belle s’est glissée dans son lit titanesque. Rêver une dernière fois être la chemise de nuit qui enserre sa peau, puis revenir dans le froid mordant du balcon berlinois.
Avaler une gorgée de vin.

- Oh putain il fait froid, murmuré-je en rentrant dans ma propre piaule.

Je considère un instant mon lit. Ouais, vraiment trop titanesque pour y dormir tout seul comme un con. Je risque de me paumer là-dedans. Pourtant, après quatre heures d’errance dans les rues de Berlin, je finis par rentrer, seul, et m’affale dans les bras de Morphée.

Mon réveil sonne quelques trop courtes heures plus tard et je parviens à grande peine à m’extirper de mes draps, la tête encore lourde et la bouche pâteuse. J’ai encore dans la tête cette foutue sorcière. Bordel, elle me file des fantasmes assez tenaces. Déjà que celui d’hier était pas mal, apparemment ceux de cette nuit n’étaient pas mauvais non plus… Mais mec, j’ai plus seize ans, ça devrait plus m’arriver des réveils pareils… Immonde.
Je sais pas ce qu’il me prend.
Fascinante la petite Anja apparemment.
Peut être trop.
Peu après six heures je sors de la chambre, habillé de pied en cape, et descends à toute vitesse les escaliers pour rejoindre ma sorcière bien-aimée dans la salle du petit déjeuner. Le buffet colossal a visiblement été préparée à l’avance rien que pour nous.
Je remarque avec déception qu’elle a laissé tomber la robe de gala pour ce matin. Elle me voit approcher avec un regard mauvais. Hmmm, moi aussi je suis ravi de te voir ma belle.

- Gut geschlafen ?

Je m’assieds en face d’elle après avoir rempli une assiette de petits pains, d’œufs, de bacon et de confiture.

- Persönlich war es eine kurze Nacht. Ziemlich anstrengend.

Je dis le tout avec un sourire de petit con, sachant pertinemment que mes paroles ne peuvent que la faire enrager.
Leo Spielberg : ou comment vous mettre de bonne humeur dès le matin.

À votre service chers sorciers. Surtout après une nuit pareille...
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