Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]

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 Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]

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MessageSujet: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyLun 22 Oct 2012 - 20:19

Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] Bebeal10

ALLEN & BEHATI

10h du matin.

10h du matin et les travailleurs pressés sont encore là, à s'entasser aux arrêts de bus et aux entrées des immeubles de bureau. Assise à la table d'un petit café de la rue, un petit pain et du chocolat chaud sous le nez, elle les observe déambuler en costards cravates, un regard terne rivé sur la montre, le nez au vent.

Vaguement amusée.

Peut-être pensent-t-ils qu'en allongeant le pas, nous humains sommes capables de distancer toutes les pensées grises qui se collent à nos ombres et drainent avec entrain la couleur des projets qui n’appartiennent qu’à nous et aux belles aurores ?

C'est dans la monotonie des choses.

Pensées absurdes interrompues par le cri impétueux du ventre qui n'est pas rassasié. Croque une tendre bouchée de sa viennoiserie. Le nez au vent, en plein dedans. Odeurs de pisse. Bouquet d'ordures. Nausée.

La voilà qui fronce un sourcil, qui plisse le bout du nez et qui retient son souffle. Dans l'absolu, ses yeux suivent une jeune femme blonde, pas spécialement belle ou attirante, qui évite une trace suspecte sur le trottoir grisâtre. Elle passe à côté d'un clochard à même le sol qui tente de se rendormir en soupirant. Il pue – la sueur, l’alcool, la clope, le désespoir et les chairs abîmées de ses pieds nus, épais comme des sabots. Behati en mettrait sa main à couper. Ils puent tous, de toute façon : les dessous de bras de la dame, les pieds du commercial en cravate, les SDF s’abritant du soleil dans les impasses jonchés d'une jungle de poubelles.

Drôles de pensées pour un petit-déjeuner. Surtout pour un petit déjeuner. Mais quand on s'ennuie, on s'ennuie. Alors elle se lève d'un pas souple, avale son chocolat en quelques gorgées avant de replacer sa chaise contre la table. Elle s'étire quelques instants, soupire quand ses muscles endoloris tirent douloureusement sous sa peau, et quitte le petit café de la rue d'un pas nonchalant, les mains dans les poches.

Énième fugue pour un énième vagabondage, elle zigzague, tête droite, entre ces travailleurs pressés qui ne la voient pas en respirant de toutes petites lampées d'air. C'est Freja qui ne va pas être contente.

    « T'aurais pas un euro, ma jolie p'tite fille ? Pour un vieux lascar comme moi ? »

Behati se stoppe, tourne doucement la tête et fixe dans les yeux le vagabond de tout à l'heure, celui qu'elle croyait endormi. Les nouveaux mendiants ne cherchent même plus les centimes : les piécettes ne valent plus rien aujourd'hui. Elle a un petit peu mal au cœur mais plonge tout de même la main dans sa poche, la retire pour compter la petite monnaie qui trône au creux de ses doigts.

Puis elle tend le bras vers ce type pas très net.

À ce moment là, au moment même où leurs deux peaux entrent en contact, où la paume du mendiant effleure la sienne, les pupilles de la petite se vident et se voilent.

Sourcils froncés, air fâché, elle ressemble à un travailleur pressé.

Mais elle ne fait qu'assister impuissante à la déchéance de cet homme qu'elle ne connaît pas, elle ne fait que se faufiler dans ses souvenirs tandis que dans sa rétine se grave une partie, floue et vague, de son histoire : après que sa société a fait faillite, il apprend que sa femme qui le trompe depuis des années décide le quitter et que le seul enfant du couple n'est en réalité pas le sien.

Pensées grises.
La rue. L'alcool. La clope. Le désespoir. La perspective d'en finir pour que tout s'arrête enfin.
Idées noires.
Il a l'odeur de celui qui a baissé les bras et qui a tout perdu.
Pour la couleur, la candeur, on verra tout ça ce soir.
Il pue. Il empeste la défaite.

    « Arrêtez de boire, M. Gordon. C'est pas bon pour la santé. »

Elle termine de glisser les quelques pièces dans sa main décharnée, tandis qu'elle sent ses prunelles se balader sur son visage, lui offre un sourire fade en guise d'au revoir puis lui tourne le dos pour continuer sa route : Behati devine qu'il se demande comment une gamine de son âge a fait pour deviner son nom sans qu'il ne lui dise rien.

C'est pas comme si j'avais demandé à savoir...

En début d'après midi, elle décide de s'asseoir sur le banc d'un l'arrêt de bus pris au hasard, pour s'abriter de la pluie. De petites fourmis factices criblent la chair de ses jambes de sensations désagréables, ses cheveux sont ornés de perles aqueuses et son tee-shirt gris est pailleté de mouchetures noires. Elle fait en sorte d'oublier les mèches assombries qui se collent à sa peau et la piqûre délicate des gouttes.

Et elle attend que ça passe.

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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyLun 22 Oct 2012 - 22:05

" C'est urgent. "

À vrai dire, il n'en faut pas plus pour me faire venir. On m'a d'ailleurs fait venir pour moins. Le problème, c'est que ces deux uniques mots veulent dire tout et rien à la fois. Elles veulent souvent rien dire en somme. Et si j'ai fait de mon activité première la persuasion, je reste moi-même très persuasif. Tout de même pas naïf mais parfois... parfois je peux la frôler de très près. Surtout quand ces paroles sont prononcées ou écrites via une amie chère. La voilà, cette habitude à faire passer les amis et ma famille avant le travail. Bref, je ne décrirai pas le temps qu'il m'a fallu pour venir à Londres pour finalement découvrir que rien de grave n'était arrivé. Sachons-le, je me suis tapé un nombre incalculable d'heures d'avion pour discuter de la pluie et du beau temps. Tout ceci aurait pu se passer par téléphone, par SMS, par toutes ces choses qui existent dans notre monde moderne et qui servent à discuter à distance. Mais non, il a fallu me faire venir et me donner comme excuse un "je voulais te voir". Moi aussi, je voulais la voir. Mais j'aurai préféré que ça se passe à distance et de préférence sans payer un billet d'avion.

Enfin, si on exclut ce léger contre-temps, je suis actuellement en voix pour rentrer chez moi, au Canada, après de minis-vacances de trois jours – je n'allais, de toute évidence, pas rester une demi-journée après une autre passée dans l'avion. Vacances qui me retirerons deux jours de travail mais aussi deux jours de rémunération. Passons. Il fait plutôt chaud ici aussi. Mais je n'ai pas omis mon sweat. Et un jean, tout ce qu'il y a de plus normal. Je ne mets pas de manteau. Et puis, j'ai des bottes aux pieds. De simples bottes, noires, comme Mr tout le monde. Mon portable sonne. Je décroche.

-Hey ! m'agresse la voix. Dis, tu rentres aujourd'hui Ally, non ?
-Comment t'as eu mon numéro ?


Ma valise roule derrière moi. Ça fait trop de bruit. Ça m'énerve. Et mon ton est tellement désabusé qu'il doit en ce moment même franchir l'océan Pacifique et atterrir droit dans les oreilles de l'humain doué pas doué qui me sert de co-directeur. Il y a un silence. Silence qui dure. Je m'apprête à raccrocher. Sa voix repasse au-dessus de l'océan et sa réponse se fait percevoir.

-Y'a la masse de taf ici.
-T'as pas répondu à ma question.


Je tranche. Il me fait perdre mon temps. Sauf que la grande différence entre lui et moi, c'est que mon portable fait l'international. Pas le sien. À moins qu'il n'appelle du poste. Si tel est le cas, cela veut dire qu'il est dans mon bureau. Et on ne dérange pas mon bureau. D'ailleurs, qu'est-ce qu'il fait dedans ? J'ai confié les rênes à mon apprenti, pas à lui. Il est jaloux ou quoi ? S'il fout le bordel il va m'entendre... Je fais quelques pas. M'arrête. Branche mon kit mains libres, parce que mine de rien, j'ai pas que ça à faire de discuter avec lui. Et puis je me remets en marche. Alors, je dois aller poster une carte pour mes parents. Après, il va falloir que je prenne le bus pour magasiner un peu. J'ai quelques trucs à acheter. Je bouscule quelqu'un. M'excuse poliment. Reprends la marche. L'autre a toujours pas esquissé une parole.

-Qu'est-ce que tu fous dans mon bureau ?

On dirait que je parle tout seul, avec ma grosse écharpe cachant mes écouteurs. Mais ce n'est pas le cas. Je repère un bureau de poste et dépose ma lettre après un temps interminable. Maintenant, direction les magasins. Je ne sais franchement pas où je vais mettre cette fichue valise. Peut-être que je devrais la déposer à l'aéroport.

Mauvaise idée, ils croiraient à une alerte à la bombe. Et dans ce cas, je ne serai pas rentrée avant trois jours. Mais qu'est-ce que je vais en faire ? Je m'arrête dans un coin relativement sombre et trace avec professionnalisme une rune de repérage et une autre de verrouillage sur l'intérieur de la valise. De cette manière, les éventuels voleurs s'y reprendront à vingt fois avant de réussir à l'ouvrir. J'aime beaucoup les runes. C'est tellement pratique. Puis, je me remets en route.

Je discute avec mon collègue encore pendant un certain temps. Mais plus ça va, plus mon moral baisse. Il me parle du boulot et.... surtout du boulot en fait. Un mission échouée, trois morts. C'est la seule information que je retiens. En si peu de jours. Je me mords la lèvre. Je percute une nouvelle personne. M'excuse – de nouveau – poliment. La blonde n'apprécie pas. Mais détourne rapidement son regard. Quand à moi, je passe une main dans mes cheveux et les passe en arrière, soudainement fatigué. Je raccroche au moment où le co-directeur me raconte ce qu'il a mangé aujourd'hui. Ça ne m'intéresse pas. Alors, je mets de la musique et me plonge dans mes réflexions. Si mon corps est encore en vacances, en revanche mon esprit n'a jamais le temps de s'y mettre. Ça cogite tout le temps.

Et il pleut. Alors je mets ma capuche qui finira de toute façon trempée. Si je dois sauver quelque chose, ce sont mes cheveux. Merci les frisottis. Pourtant, les bouts de mèches n'y coupent pas et ne parviennent pas à s'abriter avec les autres sous la capuche du sweat. Je soupire et repère enfin mon arrêt de bus. Et j'ai toujours pas réglé le problème de la valise. Parce que c'était de ça dont partaient mes innombrables réflexions. Passons. Je me retrouve sous l'abribus et m'assoit aussitôt. C'est dingue le pouvoir qu'à la pluie. Elle permet de faire déserter plusieurs rues auparavant bondées. Un vrai miracle. Je me demande si je peux changer la pluie en glace. Bonne question. J'essayerai un jour. Un jour... Je retire ma capuche qui ne sert franchement plus à grand chose. On dirait une éponge. Mais mes cheveux sont – presque – secs. Victoire. Je place ma valise sur le côté et me penche légèrement en avant, les avant-bras sur les cuisses et le corps incliné de 45°, en attendant de voir arriver le bus. Je tourne la tête et tombe nez à nez avec une petite fille. Enfin, pas si petite que ça, avec son visage sévère et ses cheveux tous mouillés. Elle a pas froid comme ça ? Bon, ce ne sont pas mes affaires, mais de toute façon, je ne m'occupe rarement que de mes oignons. Alors, laissez-moi penser en paix. Je retire une oreillette et baisse le son général de ma musique de moitié. Autant dire que ce n'est plus qu'un simple bruit de fond, avec le tintamarre incessant de la pluie.

-Souris petite demoiselle, la vie est plus belle que tu ne le penses.

Et c'est moi qui dit ça en plus. Comme pour la motiver, et certainement me motiver moi-même à engager une discussion, je dirige mon regard brun vers ceux bleus de la jeune fille et lui sourit chaleureusement. Ouais j'ai tendance à être plus gentil avec les enfants qu'avec les adultes, allez savoir pourquoi.

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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyMar 23 Oct 2012 - 22:23

Dans la clarté pluvieuse où baigne le matin demeure, seul, le bruit du vent, qui arrache de son souffle les feuilles rouges et jaunes des platanes de l'allée principale pour ensuite les emporter dans un tourbillon de couleurs. L'avenue déserte, proclamation de richesse et de goût, est flanquée d'une vingtaine de résidences aux accents indécemment ostentatoires. Des animaux de marbre arpentent des jardins trop pleins, exaltations du pouvoir et du respect imposé par ces riches familles, et fixent, au milieu des parterres de fleurs trop parfaites, un point vide de leurs yeux de pierre.

Au milieu de tout ça, elle regarde tomber la pluie interminable, comme possédée par ce relent de grisaille, pauvre être sans ressort qui se soumet corps et âme aux éléments.

Et en plus, il faut s'occuper.

Patiemment.

Les mains ? Bof c’est futile, c'est sans grande importance. Ce qu'il faut c'est surtout s’occuper l’esprit, ne pas lui laisser une seule seconde de répit : réfléchir, encore et encore, faire tourner ses pensées en rond, tenir bon, tenir le temps de l'orage et trouver quelque chose à faire, quelque chose d'autre que de regarder bêtement ses doigts entrelacés, quelque chose d'autre que de jouer avec ses pieds en attendant que le prochain bus daigne arriver. Pas qu'elle ait hâte de retrouver le quartier de Paddington, avec ses rues moites et ses odeurs de poubelles qui imprègnent les trottoirs sales, ses commerçants affables balayant mollement devant leurs portes les restes de lointaines agapes que flairent de vieux chiens affamés, son ciel saturé de gris (bien que ce soit le lot commun de tous les londoniens) et de fumée de cigarettes : il faut bien qu'elle continue ses recherches, et pas question de faire l'impasse sur le moindre petit bout de terrain. Elle ne peut pas se permettre de faire la fine bouche.

Aah... Comme c'est ennuyeux d'avoir 12 ans. À cet âge, on se sent prisonnier d’un corps trop petit, trop faible et pas assez... aguerri pour survivre par lui-même. À 12 ans, il est bien loin le temps des innocences. Pour elle, en tout cas. Elle, ce qu'elle veut, c'est poursuivre ses buts tout en s'appropriant le monde : les autres, ce sont des curiosités à étudier en dehors du cocon familial. Elle aime bien observer ces imbrications ordinaires, ces révérences insignifiantes, ces fonctionnements de pantins, ces interactions en cascades pour essayer d'en saisir le bien-fondé.

    « Souris petite demoiselle, la vie est plus belle que tu ne le penses. »

Surprise qu'un inconnu lui adresse la parole, elle tourne lentement son visage vers le propriétaire de la fameuse voix et scrute attentivement ses traits de ses deux grands yeux bleus. Elle reste silencieuse, absorbée par une réflexion intérieure qu'elle aurait préféré ignorer.

La vie est belle ? Vraiment ? Alors pourquoi est-ce qu'elle lui a pris ses parents et sa sœur ? Pourquoi est-ce qu'elle est obligée de vivre avec des inconnus ? Pourquoi est-ce qu'on l'empêche de retrouver son cousin ? Pourquoi est-ce qu'on laisse M. Gordon vivre dans la rue ? Et puis pourquoi est-ce qu'elle a hérité contre son gré de cette voix et de cette chose étrange qui lui permet de voir ce qu'elle ne devrait pas ? Pourquoi ?

    « Mmh... »

Son regard se perd sur le sourire du jeune homme qu'elle n'ose pas vraiment lui rendre. C'est embarrassant que l'on puisse lire ses expressions et deviner si facilement qu'elle pense à des choses un peu tristes, des choses auxquelles une gamine de son âge n'est pas censée penser.

Comme un peu prise la main dans le sac, elle lui lance sur un ton monocorde :

    « Vous trouvez que c'est bête d'avoir les mêmes envies que tout le monde... ? »

Morne lundi, gris, ténu sous un ciel résolument infini et pluvieux. Elle regarde sa peau hâlée avec l’impression que ses souvenirs et ses racines se jouent d'elle avec malice. Les mêmes envies que tout le monde ? Retourner en Afrique avec sa famille, sa vraie famille.
Ignorante de tout.
Et tant pis pour Freja et Vinesh.
Tant pis pour son égoïsme de gamine pourrie gâtée.
Tant pis pour le reste.

Les mêmes envies que tout le monde, c'est aspirer au bonheur, tout simplement.
Le bonheur... Pff... Pensée cocasse qui lui arrache les prémices d'une amère risette.
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyMer 24 Oct 2012 - 19:45

" J'aime pas la pluie. "

Ça fait bizarre de penser ça. Après tout, moi je viens un peu de Suède. Où il pleut. De Norvège aussi. Où il gèle. Et puis, j'ai fait mes études en Écosse. Près des embruns de la mer. Je suis un peu venu à Londres. Où il pleut acide. Et maintenant, je commence ma vie au Canada. Où il neige. Peu importe où je vais, je retrouve l'eau dans tous ses états. Même quand je suis chez moi et que je prépare un plat, je vois le dégagement gazeux d'H2O. Cette eau. Cette même eau qui tombe du ciel d'un air machinal, qui éclabousse les gens, qui les rend presque maussade. Cette même eau qui crée ce bruit de fond qu'on entend, qu'on ressent une fois sous la protection d'un abri ou d'une voiture. Ah, ces voitures. Le bruit de caoutchouc sur le sol mouillé me donne envie de grincer des dents. C'est un bruit que tout le monde reconnaîtrait mais jamais au grand jamais ne parviendrait à reproduire. Où même à décrire. Moi, pourtant ça me fait penser à des chips qu'on écrase. Mais quelque chose de plus diffus malgré tout. Des chips mouillées peut-être. Bref.

Les gouttes de pluie tambourinent au-dessus de l'abribus. À tel point qu'on pourrait penser qu'il finira forcément par s'écrouler. Le ciel est devenu aussi gris que le béton au sol. Quoique l'avantage du ciel, c'est qu'au moins, lui il n'a pas de chewing gum collés dessus. Si le sol avait été un être pensant, je l'aurais plaint. Or, comme il n'en est pas un – et je parle seulement du béton – je n'ai aucune raison de plaindre sa situation.

« Mmh... »

Je remonte un peu le volume de mon Ipod©. Et j'ai conscience de faire de la pub, même si déjà bon nombre d'entre nous ne savent même plus ce qu'est un mp3 et ne jure que par la marque. C'est vraiment désolant. La demoiselle n'a pas l'air de vouloir engager la discussion, et je ne force jamais la main aux gens. Jamais. Ne serait-ce uniquement parce que je n'ai souvent pas envie qu'on me dérange. Enfin bon, c'est un peu triste de voir cette petite fille assise à un siège de moi, à fixer ses doigts sans grand intérêt. Et je n'ai pas non plus envie de me tourner les pouce jusqu'à l'apparition du bus. Ses yeux me regardent par la suite. Alors je lui souris, par politesse. Et si ce n'en est pas, sans doute est-ce simplement de la gentillesse. Je parcoure ma musique en silence, attendant sans doute que la jeune fille ne se décide à parler, ou tout simplement se taise à jamais. Même si je préfère de loin la première solution. Ce n'est pas que la compagnie de mon engin électronique m'importune, mais je préfère tout de même parler. J'aurais tout le temps d'apprécier écouter dans l'avion.

« Vous trouvez que c'est bête d'avoir les mêmes envies que tout le monde... ? »

Et tout ceci est dit d'une voix tellement dépourvue de sentiments... Est-ce que les filles de son âge ont vraiment ce genre de pensées en tête ? Il doit y avoir quelque chose qui la tracasse. Ça question est, ma foi, très étrange, en plus de donner lieu à un certain nombre de réponses, pour la plupart terriblement subjective. Que faudrait-il répondre ? Faut-il même répondre ? Pose-t-elle cette question uniquement pour passer le temps ou est-ce nécessaire, voir utile ? Je ne demande pas mieux. Tant qu'elle ne me demande pas de danser la Java parce qu'elle s'ennuie, je me ferais un plaisir de répondre présent à toutes ses interrogations. Reposant mon regard sur celui de la petite demoiselle, je lui réponds sans une once d'hésitation :

-Ça dépend qui est ton Mr. "Tout le monde". Si j'étais toi, je ne me focaliserai pas dessus et je vivrais mes envies en fonction de leur apparition. Ne pas être un mouton suivant le troupeau de la société.

On ne peut pas tout réaliser. Il y a des rêves qui apparaissent pour la vie, mais qu'on ne pourra jamais avoir. D'autres qui arrivent dans l'instant, qu'on parvient à effectuer, et ça nous donne du bonheur pendant un petit temps. On fait des fixations sur tel ou telle chose. Et les envies viennent, ou pas d'ailleurs. Le dernier portable à la mode peut avoir séduit des millions de personnes. Mais toi, toi tu n'es pas intéressé. Et on te met un peu à l'écart. C'est minable. En tant que sorcier, on est naturellement mis à l'écart. Parce que nous n'avons pas forcément ces mêmes envies. Parce que nous avons des facilités qui nous permettent de ne plus dépendre de tel ou tel objet. Mais je ne vais certainement pas commencer à philosopher maintenant. Pour mon propre bien. La philosophie, ça m'a toujours donné envie de dormir. Dans le genre sommeil profond. Il me suffisait de lire mes cours le soir pour bien dormir la nuit. Sauf que je ne lisais pas mes cours de philosophie le soir. Tout comme les autres d'ailleurs. Sauf en période de contrôles...

-Tu m'a l'air bien tracassée... Quel âge as-tu ?

Oui, je ne lâcherais pas le fait que poser une question aussi étrange est forcément due à une question plus compliquée encore, mais plus personnelle aussi.
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyMer 24 Oct 2012 - 22:56

« Ça dépend qui est ton Mr. "Tout le monde". Si j'étais toi, je ne me focaliserai pas dessus et je vivrais mes envies en fonction de leur apparition. Ne pas être un mouton suivant le troupeau de la société. »

Dans le silence entrecoupé par le charivari de l'orage, assise les pieds ballants à ne pas trop savoir où poser l’âme, elle a l’air maussade de ceux qui savent qu’ils ne reviendront pas, l’air préoccupé de ceux qui s’encombrent brutalement de la réalité et l’air partagé d’un douloureux dilemme qu’on ne peut se résoudre à trancher.

Tête baissée et sourcils froncés : elle a tout du travailleur pressé.

Elle ne sait pas vraiment où tout cela finira par la conduire. Est-ce que ça la conduira quelque part, au final ? Rien n'est moins sûr. Parler de ses états-d'âme à un parfait inconnu, quand bien même puisse-t-il inspirer toute la confiance du monde, ne fait vraiment partie intégrante de ses habitudes. Et puis, ça lui donne l'impression de retourner elle-même le couteau dans sa plaie, comme un masochiste qui tend à se faire fouetter.

    « Des fois, j'aimerais bien être un mouton comme les autres, vous voyez ? »

Elle ne daigne pas lever la tête lorsque les mots franchissent la barrière de sa bouche. Elle ne veut pas être différente, ça ne l'intéresse pas. Non. Disons plutôt qu'elle se veut concernée à moindre mesure. Elle ne veut pas de capacités spéciales. Elle ne veut pas de cette voix hideuse qui contraint et plie les autres à sa volonté. Elle ne veut plus voir la souffrance des gens crépiter dans sa rétine pour s'insinuer sournoisement dans sa tête. Elle ne veut plus être triste pour les autres et porter un fardeau qui ne lui appartient pas et qui ne dépend même pas d'elle.
Et surtout, elle ne veut plus que tout cela dépende des aléas du destin.

Un mouton comme les autres, ignorant de tout, de rien, et naïf jusqu'au plus profond de ses entrailles.

    « Je suis bête. Bête et étrange. Je crois que ça me dérange.»

Elle ne daigne pas lever la tête lorsque les mots franchissent la barrière de sa bouche. Elle n'a pas pu les retenir.

Lippes aux digues inviolables ? Pff... Fichus mots.
Frustration.

Elle se mordille la lèvre en guise de repentir et reste là à regarder les gouttes s'écraser lourdement sur le pavé pour tâcher grossièrement le paysage.

C'est bien la pluie. Ça lui donne l'impression que le ciel pleure avec elle.

Sur le bitume, elle laisse voguer l'imaginaire entre les gouttelettes qui trouve dans les flaques d'eau des traces d’arc-en-ciel brisé. Les gouttes qui s'écrasent sur le macadam forment des huttes, des fleurs de cailloux, des soleils et des palmiers. Elle pourrait presque apercevoir un bras de mer ou l'horizon d’un ailleurs. C'est un peu comme un pas sur les couleurs d'un monde parallèle, comme un poème glissé entre les pages d’un manuel de mathématiques, comme un sourire éclatant au beau milieu d'un enterrement.

    « Tu m'a l'air bien tracassée... Quel âge as-tu ? »

Elle a bien envie de lui dire « Ne vous en faites pas, c’est juste la pluie qui me rend comme ça » ou alors « C'est pas comme si j'étais la personne la moins chanceuse du monde ». Après tout, chacun a ses propres problèmes. C'est juste que des fois, elle a besoin de hurler à la face du monde que non, tout ne va pas bien et que oui, elle voudrait que tout soit différent.

Mais à quoi bon s'égosiller ? Le monde est sourd et ne l'entend pas.

Ça aussi, c'est dans la monotonie des choses.

    « 12 ans. C'est en partie ce qui me tracasse. Et vous ? »

Le creux de sa joue est assailli par le mouvement de ses morsures intérieures qu’elle régule comme on suçote un réconfort.

Et la pluie, quant à elle, continue de tomber.
Indifférente.


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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyVen 2 Nov 2012 - 16:48

" Moi, j'aimerais... "

Qu'est-ce que j'aimerais, en fait ? J'aime bien ma vie, même si elle est plutôt chargée. Pourtant, il y a pire que moi. Il y a toujours pire, toujours mieux. Un juste milieu entre deux opposés. Je fixe la demoiselle qui remue ses pieds dans le vide, comme si elle voulait courir. D'ailleurs, qu'est-ce qu'elle fait là en fait ? Je ne sais même plus si je me suis posé la question. Il est un peu tôt pour quelqu'un de son âge. Elle devrait être encore dans son lit, attendant que ses parents ne viennent la réveiller. Elle devrait ouvrir de petits yeux et lancer un sourire, ou bien ronchonner et grappiller quelques minutes de somnolence sous les couettes si confortables. Pourtant, elle est là, le regard vide de ces gens qui ne voient que le destin se dérouler comme un tapis rouge. Et ils ne lutent pas. Elle est trop jeune. Trop jeune pour subir le destin comme une marionnette. Je détourne mon regard d'elle.

Et cette pluie qui ne s'arrête pas. C'est ça qui me rend si créatif dans ma façon de penser. En temps normal, je me fiche pas mal de tout ça. Les gens pressés me passent devant, me passent derrière, mais je ne fais pas attention à eux. Tout du moins tant qu'ils ne pénètrent pas dans mon espace et qu'ils ne me bousculent pas. Je me demande quand cette pluie va s'arrêter. Que je puisse penser à autre chose. Attendre ce bus va finir par me provoquer une dépression. C'est terrible. Alors, pour passer mon temps, la dernière chose à faire est de... parler.

« Des fois, j'aimerais bien être un mouton comme les autres, vous voyez ? »

Je hausse un sourcil interrogateur. Cette façon de parler ne signifie pas beaucoup de choses pour moi. Elle a une terminaison, mais bien souvent, je me trompe. Une sorcière. Ou une humaine douée. Ni plus ni moins. Presque instinctivement, mon esprit s'incruste dans les pensées de la fille. Des mots, des phrases, quelque chose qui reste flou. Je connais ça. Si c'était une simple humaine, j'aurai parfaitement compris ses pensées. Mais ce n'est pas le cas. Preuve qu'elle résiste à mon don malgré elle. Son don ou pouvoir doit lui aussi être basé sur le mental. À mon haussement de sourcil s'ajoute un sourire légèrement moqueur. Je me demande vraiment pourquoi elle m'en parle comme ça. À l'entendre, on dirait qu'elle se croit seule au monde à posséder de pareilles capacités. Elle est pourtant bien en tord de le penser, si tel est le cas. Sans lui laisser vraiment le temps de poursuivre, j'enchaîne tranquillement :

-Et qu'est-ce qui te fait croire que tu es un mouton différent ?

Il y a plusieurs sortes de moutons. Il y a vraiment ceux qui suivent sans se poser de questions. Ceux qui croient commander mais qui sont dictés par quelque chose de plus haut encore. Qui leur demande de sauter par-dessus la falaise. Leur laissant croire qu'ils ont le choix de le faire ou non, en proposant d'alléchantes paroles mielleuses par la même occasion. Et le mouton saute. Il y a aussi le mouton intelligent mais qui ne souhaite pas sortir du lot. Alors, il saute, comme les autres. On trouve de plus en plus de ce troisième mouton. Mais il n'ose jamais se démarquer des autres. Peut-être que c'est aussi le cas de cette jeune demoiselle. Moi, j'ose espérer n'être tout simplement pas un mouton. Mais plutôt l'un des bergers qui les protègent du loup. Les sorciers noirs en l'occurrence. Je sais que je ne pourrais jamais tous les sauver, d'où l'intérêt d'être à plusieurs bergers. L'union fait la force, comme on dit. Je sors de mon sac à dos un blouson noir dont je ne pensais pas me servir. La petite va finir par me donner froid si je ne la couvre froid. Et je déteste avoir cette impression. Je referme le sac, le remet dans mon dos, tandis que ma compagne de discussion poursuit après un petit silence.

« Je suis bête. Bête et étrange. Je crois que ça me dérange.»

Pour son âge, moi je la trouve au contraire bien trop consciente de son monde. La réalité devrait être bien plus endormie dans son cœur. Cette vérité ne devrait fleurir que d'ici quelques années. Pour l'instant, elle ne devrait vivre que d'amour et d'eau fraîche. Mais sa présence ici même prouve que quelque chose, à l'évidence, ne va pas. Je ne sais pas vraiment quoi répliquer à cette petite fille. Qu'elle n'est pas étrange ? Réponse stupide. Je ne la connais et ne la connaîtrais certainement jamais assez pour répondre honnêtement à cette question à moitié posée. Tout ce que je sais, c'est que si elle n'a pas conscience de ne pas être la seule à avoir des capacités surnaturelles, elle peut se sentir étrange, en effet. Peut-être me faudrait-il l'éclairer. Alors, au lieu de poursuivre sur ses paroles, je lui annonce qu'elle m'a l'air terriblement tracassée. Ce à quoi elle me répond ces quelques mots :

« 12 ans. C'est en partie ce qui me tracasse. Et vous ? »

D'accord, c'est bien une étrange fille. Elle est plus mûre que je ne le pensais. Pas par la signification de ses paroles, mais simplement par sa façon de s'exprimer. Les questions existentielles à son âge, on en a un sacré nombre, et je suis moi-même passé par là. Mais il y a telle et telle façon de le dire. Et elle s'en sort plutôt bien. Je tends mon manteau vers la petite fille, et avant de lui répondre, je lui propose :

-Tu veux pas mettre ça sur ton dos ? Tu me donnes froid. Et j'ai 22 ans.

Après ça, je me réchauffe les mains. Fichu pouvoir qui ne peut pas me réchauffer quand j'ai froid aux doigts. Je m'en souviendrais... Je retiens. Mon pouvoir second, je veux que ce soit élémentariste feu. Ou n'importe quoi d'autre qui me donne chaud quand je le souhaite. Ou bien, je demande à me faire muter en Afrique. Là, ça me servira à quelque chose. J'inspire profondément avant de poser une main sur ma valise et demander une nouvelle fois :

-Je sais que ça me concerne pas, mais qu'est-ce que tu fais ici, sous cet abri à cette heure ? Autre qu'attendre le bus, bien sûr.

Je ris un peu à la fin de ma phrase. Mon humeur joue au yoyo, décidément.
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyVen 2 Nov 2012 - 23:34

    « Et qu'est-ce qui te fait croire que tu es un mouton différent ?

    - Et ben, ma maman me le disait souvent quand j'étais un peu plus jeune, enfin... pas dans ces termes, mais elle me disait sans cesse que j'étais spéciale, que je n'avais pas la même façon de penser que les autres enfants de mon âge et que c'était... différent avec moi, qu'elle avait presque l'impression de parler avec une adulte. Mais je pense que c'était pour flatter mon ego. A moins que c'était le sien, qui sait ?
     »

7 Octobre 2009.

Trois ans, jour pour jour. Oh, cette date ne vous dis encore strictement rien, elle le sait, mais pour elle, cette date, c’est le début de la fin. La fin de son petit monde, l'explosion de son doux cocon familial et, par delà, son équilibre. Leur fin a été le point final à tout ce qui l’y raccrochait.

Morts.

Que doit-elle dire ? Comment agir ? Doit-elle faire comme si le monde continue de tourner malgré tout, comme si encore une fois rien de tout cela n’était arrivé, comme s'ils n'avaient jamais existé, comme si ce jour fatidique était un jour ordinaire dans une vie ordinaire ? Doit-elle laisser le tabou régir son temps jusqu'à en oublier l'existence même de cette ancienne vie pour ainsi obéir aveuglément à Freja ? Est-ce qu’un seul jour dans sa vie sa mère adoptive lui demandera son avis ? Est-ce qu'elle lui demandera si ce n'est pas trop dur, comment elle vit la situation au lieu de se retrancher dans le silence et dans la négation ?

Ils sont morts.

Certes elle n'est pas facile à vivre, certes elle ne fait aucun effort, d'accord ils sont morts. Mais vous voulez que je vous dise ? Elle ne peut plus se permettre d'être innocente. La naïveté, c'est pour les gens heureux. Elle ne se voile pas la face, jamais : la petite fille qu'elle était avant est morte avec eux. Alors, c'est sûr que ça ne lui fait pas rien. Bien sûr qu'elle les aimait. Oui c’était sa famille et pas des fantômes. Oui elle les aime encore malgré toute cette vie qu'elle va devoir passer sans eux et oui, il est évident ce n’est pas de sa faute. Elle n'a jamais demandé à choisir entre sa vraie famille et Freja et Vinesh. Ça n'aurait fait aucun doute dans son esprit, d'ailleurs. Mais voilà : même s'ils lui manquent terriblement, même si tous les soirs elle pense à eux avant de s'endormir, si elle pense à eux quand il neige, quand il pleut, quand elle voit des photos de Pretoria ou même quand elle voit le visage enfantin de son cousin sur le papier glacé ; ils sont morts et qu'elle pense à eux ou non n'y changera rien. Oh ! Ça ne l'empêchera pas de continuer malgré tout ! C'est juste qu'elle ne pourra jamais tourner la page ou, à moindre mesure, qu'elle ne pourra jamais essayer d'y parvenir si elle ne met pas la main sur Edwin.

Et même si c’est trop dur d’avoir l’impression de ne venir de nulle part, d’avoir l’impression de ne pas appartenir au même monde que les autres, de crever tous les soirs dans son lit en retenant les sanglots au bord de ses yeux pour qu’ils reviennent, de répondre à chaque Noël qu'elle les veut de retour comme cadeau, de parvenir à donner le change et de faire comme si tout allait bien, elle se doit de continuer. Et si aujourd'hui elle est si cruelle avec Freja -surtout Freja- et Vinesh, si elle profite de leurs faiblesses sans aucune honte et sans aucune peur, c'est parce que devant eux, elle ne veut plus paraître, plus prétendre, plus faire semblant.
Behati ne veut plus se taire : ils ne sont pas sa famille et ne le seront jamais. Comment le pourraient-ils ?

Maman, papa et Bianca sont morts, vous dis-je.

    « J'ai toujours eu des problèmes avec les mots alors, je n'y pense pas dans ce sens. C'est pas clair mais... disons que je ne me distingue pas des autres moutons par rapport à mon comportement ou à mes agissements, mais plutôt par rapport à mon pelage : ma différence ne dépend pas de moi et elle fera toujours en sorte que, quoi que je fasse pour ressembler aux autres, je resterais dissemblable du troupeau. En ce sens, je suis un mouton noir parmi les blancs moutons. »

Et ça, cette chose qui la démarque tant des autres, c'est comme un sale insecte qui ne la lâche pas, comme un mal être constant, un genre de feu qui la consume et la dévore, lentement. Qu'elle décide, choisisse ou se batte contre ça : rien ne change. Sa voix est là et le passé brumeux entoure sa gorge de ses doigts glacés et vaporeux.

C'est difficile de mettre des mots sur ce qu'elle ne comprend pas...

    « Vous trouvez que je suis étrange, vous aussi ? Moi, je le crois : je suis déglinguée. En plus, je vous parle de ça alors que vous avez certainement des problèmes d'adultes à régler : vous avez un pli contrarié sur votre front. C'est dommage, ça gâche, vous qui êtes très beau. »

… surtout quand les autres en général lui inspirent de la peur et de l’ennui à la fois. Elle regarde de loin, observe ces petites choses de la vie quotidienne. Parce que l'autre est un mystère. Parce qu'elle aimerait trouver des semblables ou, du moins, quelqu'un capable de lui expliquer la provenance de ses... particularités. Oui, elle aimerait bien savoir si elle est la seule dans ce cas là, mais elle préfère la plupart du temps les livres dans lesquels les personnages ont l’avantage, qu'ils soient tout aussi tordus ou non, d’être au moins irréels et absents.

Behati : inexplicable petit être torturé de l’intérieur qui transporte un malaise venu d’on ne sait où et qui la mènera nul part.

« Je vous ai vexé ? Si c'est le cas, je suis désolée. Mais je vous avais dit que j'étais malhabile avec les mots... » lâche-t-elle doucement après un silence relativement pesant. Elle a du mal à se rendre compte, des fois, que sa bouche et ses paroles vont plus loin que ce que la courtoisie autorise.

    « Tu veux pas mettre ça sur ton dos ? Tu me donnes froid. Et j'ai 22 ans. »

Elle fixe la veste tendue vers elle un instant, hésite -et si elle voyait des choses étranges sur lui?- et, tandis qu'un sourire éclot sur ses lèvres sèches, elle lâche, tout doucement :

    « Désolée. Et merci beaucoup, vous êtes vraiment très gentil. »

Rougissante de gêne, elle s'empare timidement de la veste, l'enfile avec précaution, s'y recroqueville imperceptiblement avec l'impression d'avoir autour de ses fines épaules un linceul qui se resserre peu à peu et enfonce les poings profondément dans ses poches. Jusque là, elle avait fait abstraction du froid qui lui avait saisi le nez comme avec des tenailles et piqué les orteils dans ses Converse.

    « Je sais que ça me concerne pas, mais qu'est-ce que tu fais ici, sous cet abri à cette heure ? Autre qu'attendre le bus, bien sûr.

    - Behati. C'est mon prénom. Et ce que je fais ? C'est simple : je cherche quelqu'un. Désespérément.
    »
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyLun 5 Nov 2012 - 19:13

De l'extérieur, la petite fille n'a pas l'air plus différente des autres. Elle n'a pas de marque visible témoignant de cette [b]bizarrerie[/i] dont elle se croit atteinte. Rien. C'est en lui parlant qu'on en apprend un peu plus sur elle et surtout sur cette façon de penser si unique. Si unique pour son âge. C'est comme si elle était une érudit. Pourtant, à 12 ans on ne sait rien de la vie.

Mon regard se porte sur ma valise, trempée elle aussi. Je crains pour l'ordinateur portable à l'intérieur. Sans m'en formaliser davantage, je repense à sa façon de parler. En vérité, j'ai menti. À 12 ans, on peut savoir des choses. Surtout après avoir vécu des traumatismes. Ça, je l'ai bien compris en ayant vécu à l'orphelinat. Quelque chose comme devenir orphelin en a fait grandir d'un seul coup plus d'un. Ce n'était pas mon cas, mais j'en ai connu un grand nombre qui n'arrivaient pas à obstruer ce moment de leur vie. C'était compréhensible, et pourtant je ne comprenais pas. J'étais trop jeune. Maintenant je ne vis plus là-bas. Certains on repris du poil de la bête comme on dit. D'autre en revanche se sont mués dans un silence létal. Tout le monde n'est pas identique. Oui, tout le monde accueille différemment tel ou telle annonce. Aussi grave, aussi importante soit-elle.

- Et ben, ma maman me le disait souvent quand j'étais un peu plus jeune, enfin... pas dans ces termes, mais elle me disait sans cesse que j'étais spéciale, que je n'avais pas la même façon de penser que les autres enfants de mon âge et que c'était... différent avec moi, qu'elle avait presque l'impression de parler avec une adulte. Mais je pense que c'était pour flatter mon ego. A moins que c'était le sien, qui sait ? »

Un sourire triste se dessine sur mes lèvres, sans fixer la jeune fille. Flatter l'ego des parents en favorisant l'enfant ? Ça, je connais. La joie des miens lorsqu'ils ont su que j'avais déjà découvert mon pouvoir à seulement quelques années de vie. Depuis, impossible de déterminer ce véritable âge, car ils l'embellissent toujours plus pour l'avancer. À en croire mes parents, je faisais déjà de la glace sorti du ventre. La blague. N'empêche que cette histoire a fait le tour de la famille. Voir plus. La honte. Bref, tout ça pour dire qu'au final... ce que je raconte s'éloigne un peu du sujet.

La façon de penser, de s'exprimer des enfants est surtout un témoin de l'immaturité des gens. Même à mon âge, il arrive que les adultes fassent preuve de débilité. Et mon regard ne se pose absolument pas sur l'animal me servant de co-directeur à ses heures perdues. Quoique je suis persuadé qu'il le fait exprès. En fait, j'espère qu'il le fait exprès. Être monté si haut dans l'échelle sociale ne peut pas être dû au hasard. Et ce vieux schnoc de directeur qui m'a précédé l'avait déjà sous ses ordres quand je suis arrivé. Et il était absolument impossible qu'il ai pu gérer ce que je gère aujourd'hui à son âge fort avancé. J'ai conscience qu'il y a quelques années, c'était le calme relativement plat, mais tout de même, ils ne se tournaient pas les pouces. Et dites-moi que j'ai raison, sinon je démissionne.

« J'ai toujours eu des problèmes avec les mots alors, je n'y pense pas dans ce sens. C'est pas clair mais... disons que je ne me distingue pas des autres moutons par rapport à mon comportement ou à mes agissements, mais plutôt par rapport à mon pelage : ma différence ne dépend pas de moi et elle fera toujours en sorte que, quoi que je fasse pour ressembler aux autres, je resterais dissemblable du troupeau. En ce sens, je suis un mouton noir parmi les blancs moutons. »

Elle me ramène brusquement à la réalité, alors que mes pensées divaguaient bien loin. Si loin que même mes expressions faciales en ont été influencées. Ce co-directeur, un jour, me tuera. Bref, même si on ne dirait pas, j'ai écouté ce qu'elle a dit. Et mon expression faciale ne change pas. Je fronce les sourcils. Jusqu'à présent je n'ai rien dit – j'étais ailleurs mais ça personne ne le sait – mais je n'aime pas quand les gens se dévalorisent devant moi. Derrière moi, ça m'est égal, de toute façon, je ne pourrais pas réconcilier tout le monde, alors inutile de jouer le bon Samaritain. Non, mais même si ce n'est pas de la dévalorisation à l'état pur, ça s'en rapproche dangereusement. Et ça, même si je ne suis pas doué pour rassurer ou consoler, je sais m'en occuper. Je croise les doigts et les passe derrière ma tête en m'adossant à la vitre de l'abribus. En fermant les yeux, je laissais échapper, à moitié détaché de la conversation :

-Eh bien eh bien, tout ça m'a l'air fort péjoratif. Je te proposerai bien une autre façon de penser.

C'est vrai, c'est plutôt déprimant d'entendre quelqu'un babiller des paroles pareilles. Ce n'est pas méchant. C'est juste ce que je ressens, ni plus ni moins. Je m'apprête à poursuivre, mais la demoiselle me devance.

« Vous trouvez que je suis étrange, vous aussi ? Moi, je le crois : je suis déglinguée. En plus, je vous parle de ça alors que vous avez certainement des problèmes d'adultes à régler : vous avez un pli contrarié sur votre front. C'est dommage, ça gâche, vous qui êtes très beau. »

J'ouvre les yeux, dirige simplement mon regard vers la demoiselle. Oui, c'est vrai que je suis un peu frustré par ses propos. Ce qui doit l'effrayer, lui faire se sentir délaissé, c'est sûrement cette impression d'être différente. Oh, elle l'est. Si elle possède des pouvoirs, elle n'est pas comme les autres. Mais pas comme tout les autres. Je précise ma pensée tout en gardant mon regard rivé sur elle, répondant par la même occasion à sa question.

-Pourquoi tu voudrais pas penser ça comme une chance. D'être un mouton noir ? Puisque tu as la capacité de te séparer du troupeau, tu ne sauteras pas de la falaise quand les autres le feront.

Je n'ai même pas noté sa dernière phrase, certainement en raison de la gravité que j'accorde au sujet. Non, je ne permettrais pas à cette fille de se penser trop différente au point de s'éloigner non plus du troupeau mais de la vie. Je ne veux pas la voir devenir comme certains orphelins, même si elle n'a pas forcément vécu la même chose qu'eux. J'aime trop l'être humain pour le voir dégénérer. Je ne la connais que depuis quelques minutes, et je ne peux d'ailleurs même pas appeler ça connaître mais je l'apprécie pourtant. Voilà comment je suis avec les inconnus. Terriblement sociable. Sympathique. Bref, à croire que je peux faire ami-ami avec la planète entière. Et c'est pas très juste, puisque passé un certain temps de confrontation avec moi, je deviens beaucoup plus... taquin.

« Je vous ai vexé ? Si c'est le cas, je suis désolée. Mais je vous avais dit que j'étais malhabile avec les mots... »

Vexé ? Non, disons simplement que je suis en train de me traumatiser le cerveau avec des histoires qui ne me concernent pas. Comme d'habitude quoi. Ce dernier a de toute façon appris à sélectionner l'important dans une discussion pour ne pas surchauffer inutilement. Et puis si je réponds qu'elle m'a vexé même si ce n'est pas le cas, ça contribuerait encore davantage à lui éviter de me parler. Pourtant, elle n'a pas l'air de vouloir rester muette depuis que j'ai engagé la discussion. Même si elle semblait plutôt réticente au premier coup d’œil. Après, soit c'est moi qui ai une bonne tête, soit c'est une fille qui est très bavarde mais timide.

Je secoue la tête de façon négative. Inutile de parler pour lui répondre. En revanche, ce qui est beaucoup plus important, c'est sa santé, et la mienne par-dessus le marché. Enfin, c'est censé être secondaire ça. Je lui propose un blouson, parce que j'ai pas trop envie de la voir s'enrhumer sous mes yeux. Surtout que c'est moi l'adulte du groupe. D'ailleurs, plus j'y pense, plus je me demande ce qu'elle fait là toute seule. Je remets pas en cause le fait qu'elle ai le droit de prendre le bus pour rentrer chez elle. C'est juste qu'il est tôt. Et à son âge, c'est un peu dangereux. Elle me remercie. J'acquiesce de la tête sans ajouter de nouveau quelque chose. Je n'aime pas particulièrement le silence, mais des foi il faut savoir quand parler, quand se taire. Voilà tout. Et je parle. Pour lui demander ce qu'elle fait là. La phrase est un peu sortie d'elle-même, poussée par la curiosité humaine. Ah, cette curiosité humaine...

- Behati. C'est mon prénom. Et ce que je fais ? C'est simple : je cherche quelqu'un. Désespérément. »

Behati ? C'est pas commun. En fait, je crois même que je c'est la première fois que j'entends un nom pareil. Les parents ont bien dû s'amuser. Mais ça possède un certain charme avec des consonances qui me rappellent les pays arabes. Peut-être que je me trompe. C'est même fort probable. Pays chauds. Un jour, j'irai en vacances. Un jour. Je m'évaderai de ces pays froids. De ces temps pluvieux. De ce ciel gris et de cette fraîcheur qui vous saisit jusqu'aux petits méandres du corps.

Quoiqu'il en soit, avec tout ça, je me rends compte que je me fais malpoli. Il va falloir que je lui donne mon prénom. Mais pas tout de suite. J'ai bien entendu ? Elle cherche quelqu'un ? Eh bien, c'est pas en restant sous un abribus que ça va changer quelque chose. À moins qu'elle ne se soit protégé le temps que la pluie ne cesse. Sinon, j'ai une autre explication dans la tête. La fugue. Les enfants fuguent de plus en plus jeunes. C'est plu si rare que ça. Et vu comme elle est vêtue, je peux facilement m'imaginer la scène. Sauf qu'elle aurait un petit panier avec elle pour s'en sortir. Je pars un peu loin, quand même. Pour ça y'a pas trente six mille solutions, lève toi et cherche. Ouais, j'aimerais dire ça. Mais deux raisons m'en empêchent. La première est que c'est un peu excessif de dire ça. La deuxième vient de la construction de la phrase même, me rappelant trop les paroles des Évangiles ou je sais pas quoi du « lève-toi et marche ». J'ai conscience que ma deuxième raison sert juste à appuyer le fait que je ne lui répondrais pas ça, aussi parce que ma première raison est bancal mais bref, c'est comme ça.

-C'est pas en restant planté ici que tu vas le trouver, Behati. Et même cette capacité que tu trouves si étrange – mais que tu possèdes malgré toi – ne te permettra pas de trouver ton bonhomme plus rapidement.

Je lui lance un sourire avenant, même si ma phrase a l'air d'être terriblement provocante. J'ai aussi introduit mollement le fait que je ne me sens pas si distant des capacités qu'elle a l'air de répudier en raison de cette différence. Je détache mes doigts et inspire profondément. Toujours adossé à la vitre, je poursuis :

-Enfin, désolé si je te parais brusque. C'est pas contre toi. Et moi c'est Allen, au fait.

Bah voilà, finalement je lui ai donné mon prénom.
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyLun 19 Nov 2012 - 14:16

Debout devant la fenêtre de ses pupilles, l’horizon lui semble bien morne -en faisant abstraction du temps, évidement. Ses yeux se sont enfin habitués à ne voir qu’à travers une loupe ternie par la solitude.

    « Pourquoi tu voudrais pas penser ça comme une chance. D'être un mouton noir ? Puisque tu as la capacité de te séparer du troupeau, tu ne sauteras pas de la falaise quand les autres le feront. »

Parce qu'elle n'a jamais demandé à être différente. Elle est fatiguée d'être consciente. Pas tout à fait de tout, mais suffisamment pour entretenir ses cauchemars. Elle est fatiguée de porter le fardeau d'un passé qui ne lui appartient pas, fatiguée de ne voir que des scènes de souffrance et de destruction, fatiguée de savoir qu'elle possède ça et que ça ne lui apporte rien de bien concret.
Elle ? Elle veut le bonheur naïf des ignorants. Et dieu sait combien il lui arrive d'en rêver : après tout, qui n'a jamais souhaité mener une vie parfaite, sans erreur, sans tâches et sans regrets ? Une vie où la crainte de l'autre ne vous transpercerait pas les entrailles de lames de rasoir si bien aiguisées...

Toute ma vie ou presque, j’ai eu l’impression d’être perdue. Trop perdue d’ailleurs pour dire que je le suis encore... Perdue au milieu de cette foule, de ce flot de visages inconnus et sans expressions, de cette nuée de masques blancs impénétrables, de cet amalgame d’éclats de voix ténébreuses, obscures, ombrageuses... Perdue, différente, dans un monde qui ne me correspond pas. Perdue et consciente de l'être.

Oh ! Bien sûr qu'il y aurait un prix à payer pour tout cela !
Pour avoir une nouvelle vie, une vie heureuse, il faut tracer un trait indélébile sur l’ancienne.
Pour tout gagner il faut d’abord tout perdre.
Accepter de tout voir disparaître.
Et rester de marbre.
Rester debout.

    « Parce que je m'effraie. Parce que je déteste tout ce que je suis. Des fois, je sauterais bien de la falaise pour tout oublier... C'est que c'est un peu éreintant d'être une gamine torturée, vous voyez ? »

Il lui arrive d'être profondément meurtrie quand elle se fait spectatrice malgré elle de la noirceur des tréfonds de l'âme humaine. Les cauchemars inondent ses yeux de larmes invisibles, son visage se mue en un théâtre de souffrances sourdes quand ses cris, rendus muets par cette lucidité qui lui est propre, pompe sa vie jusqu’à la moelle.

Ma tête est une prison, une muraille de goudron.

    « C'est pas en restant planté ici que tu vas le trouver, Behati. Et même cette capacité que tu trouves si étrange – mais que tu possèdes malgré toi – ne te permettra pas de trouver ton bonhomme plus rapidement... enfin, désolé si je te parais brusque. C'est pas contre toi. Et moi c'est Allen, au fait. »

Capacité étrange... ?

Je ne m’accroche pas je m'enfuis, sans laisser à quiconque la chance de me rattraper. Je cours. Vite. Je suis encore une gamine fragile qui voudrait prétendre être grande. Aussi grande et forte que toute une nuée d'adultes.

Je suis encore trop petite pour un monde aussi vaste.

Je ne m'attache pas. Plus. Jamais. C'est de la faiblesse. C'est ce que je retiens quand je repense à tout ce que j'ai perdu. Je préfère nuire à mes proches et détruire Freja et Vinesh parce que c’est la seule chose que mes petits bras et mes petites jambes sont capables de faire pour le moment. Là dessus, y'a comme un arrière goût de revanche, moi qui n'ai rien pu faire pour aider mes vrais parents : je vois le pouvoir que j'ai sur eux et ça me fait sourire. Parce que je ne suis pas aussi impuissante que j'en ai l'air...

Même si je suis encore trop jeune pour un monde aussi vaste.

J'assimile relation à abandon. C'est la leçon que je tire quand je regarde tout ce que j'ai perdu. Je ne supporte pas que l’on me touche. J'aimerais me replier sur moi-même si d'aventure on essaye de m’approcher d'un peu trop près. J'aimerais être dépourvue de tout sentiment pour éviter de ressentir à nouveau le vide d'un amour trop tôt perdu.

Mais je suis une petite fille incapable de rester en retrait de ce monde trop vaste pour moi.

Et malgré tous les désirs et toutes les peines, je suis incapable de tirer un trait sur mon passé. Je suis incapable de prétendre être une gentille fille sur du long terme. Une partie de moi reste profondément sombre et néfaste vis-à-vis de ces autres qui me sont « intimes », ou même vis-à-vis de moi : j'ai ce besoin constant de faire souffrir mon entourage gratuitement pour les dissuader de m'aimer, moi qui veut briser mon cœur de mes propres mains.

Je ne serais jamais un ange, mais uniquement parce que je l'ai choisi.

Il paraît que c'est très difficile de se reconstruire sur du sable, mais pas impossible. C’est ce que j’essaye de faire maintenant.

Vivre en paix avec moi-même et avec tout ça.

Déchéance profonde.

Le monde me fascine et me révulse. Il est le reflet de ce que je ne serais jamais.

Blessure immortelle.


Edwin Axel Al Hattal.

Ah oui, c'est vrai. Je suis toujours à me plaindre et jamais dans l'acte.
C'est un peu comme si je le délaissais sur le bas-côté de la route, quelques fois.
Je l'aurais presque oublié s'il n'était pas attaché à ma cheville par de si lourdes chaînes et si les cadenas qui claquent sur le sol ne se rappelaient pas à mon souvenir.
Des cadenas et des chaînes que j'ai moi-même forgés, à chair et à sang.


    « Non. Non, c'est contre moi, Allen. »

Le ton de sa voix avait repris des accents clairs et neutres et son visage affichait l'air indifférent de ceux pour qui plus rien n'existe. Elle se leva de son banc, réajusta son T-Shirt avant de retirer la veste de ses épaules et de la tendre à son propriétaire. Devant le manque évident de réaction de la part de ce dernier, elle la déposa délicatement à son côté, s'empara de son petit sac pour se tenir ensuite face à lui.
Un peu vexée peut-être...
Non. Certainement.

    « C'est contre moi, vous avez raison. C'est idiot. Je suis une idiote. Susceptible alors qu'il n'y a pas lieu de l'être. Il faut que j'arrête de m’apitoyer sur mon sort et que je continue de chercher. C'est pas comme ça que je le trouverais, sinon, vous l'avez très bien souligné... »

Ses yeux montèrent vers ce ciel qui crachotait toujours ses gouttes de pluie. C'était encore ce que l'on pourrait qualifier de "violente averse" -les nuages avaient même commencé à se parer d'éclairs- alors, peut-être pourra-t-elle noyer son âme pour la purger sous ses trombes d’eau glacée, qui sait ?

    « Je vous prends aux mots et vais donc y aller. Bonne chance pour la suite. Et ravie de vous avoir rencontré. Ce fut vraiment instructif. »

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Allen Kristiansen
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptySam 8 Déc 2012 - 17:28

Je sais bien que l'esprit d'un enfant est différent de celui d'un adulte, mais il faut dire que celui de la jeune Behati est carrément différent de ces deux esprits. Il est torturé. Tellement torturé qu'il me fait mal au crâne. J'aimerai la remuer, lui faire comprendre à travers ses yeux vitreux qu'il y a quelque chose au loin. Quelque chose de difficile à atteindre. Mais c'est un but. Et c'est en se fixant ces buts qu'on progresse, qu'on apprend à apprécier la vie. Et ne me faites pas croire qu'elle aime sa vie, en ce moment. Je n'ai même pas besoin de le lui demander pour avoir ma réponse. Sa façon de parler, même de bouger, décrit son mal être. Est-ce à cause de ses capacités ? Elle a l'air totalement perdue sur ce dernier point. Personne ne lui a-t-il informé de la magie ? C'est trop étrange. Vraiment étrange. J'inspire profondément. Comme si je voulais comprendre ce qui lui arrivait. Ce n'est pas vraiment mon rôle, j'en ai conscience, mais je ne peux décidément pas la laisser comme ça.

« Parce que je m'effraie. Parce que je déteste tout ce que je suis. Des fois, je sauterais bien de la falaise pour tout oublier... C'est que c'est un peu éreintant d'être une gamine torturée, vous voyez ? »

Je fronce les sourcils. Voilà un esprit plutôt pessimiste. Même pas plutôt. Carrément pessimiste. Sauter de la falaise. C'est si facile. C'est trop facile d'en finir. Sur le coup, c'est compliqué de poser le pied qui te sépare de la mort. Tu pries pour que ce soit rapide. Et tu hésites. Au bord du précipice. C'est dur de vouloir mourir. Je me demande ce que ferait la jeune fille si elle se trouvait au bord de cette même falaise. Sauterait-elle sans se poser de questions ? Ou bien refuserait-elle ? J'hésite. Franchement, j'hésite. Je ne la connais pas. Et c'est triste de se dire qu'elle serait capable de sauter. Très triste. Je serre mon poing. Comment peut-on en être à un tel point à son âge ? Il y a un truc qui ne va pas bien. Vraiment pas bien. Je n'acquiesce pas, à moitié fâché par ses propos.

J'ai besoin de savoir cette motivation dans son cœur. Je l'observe. Elle est plongée dans ses pensées. Ça c'est une bonne chose pour moi. Je n'aime pas jouer l'inconscient, même quand je suis censé en être un. C'est un peu mesquin de forcer l'esprit d'un petite fille, mais c'est la seule opportunité qui s'offre à moi. La seule et unique. Sans fermer les yeux, je détourne un peu le regard et tâche de me concentrer sur les pensées de la demoiselle. Et c'est comme un souffle chaud qui passe dans mon esprit. Je suis submergé d'émotions diverses et variées. Il me faut un certain moment pour trier un peu les informations. J'entends tout à coup un nom, bien distinctement. Edwin. Sérieusement, Ed ?! À entendre son nom en entier, il ne me semble pas me tromper. Edwin... c'est donc cette personne qu'elle recherche ? Le destin fait bien les choses, on dirait. Mais ça m'amène à me poser encore plus de questions. Comment a-t-elle pu être écartée de la magie en ayant une connaissance comme Edwin. Lui qui est sous-directeur de la police magique... c'est vraiment étrange.

« Non. Non, c'est contre moi, Allen. »

Je soupire, et détache mon esprit du sien. Je l'observe d'un nouveau regard. Presque compatissant. Je n'ai pas la capacité de connaître le passé des gens, ni même le futur. Je peux simplement lire les pensées du moment. Mais j'ai appris une bonne chose. Si c'est vraiment cette personne qu'elle recherche, je peux lui être d'une grande aide. Edwin est un de mes amis. Et puis, il est à Londres aussi. Je trouve étrange qu'elle ne l'ai pas encore croisé, surtout si elle fugue souvent. Oui, vraiment bizarre. En même temps, Ed passe beaucoup de temps au QG d'Orphéo. Si j'amenais Behati là-bas, elle comprendrait certainement qu'elle n'est pas la seule à être pourvue de dons et pouvoirs. Encore faut-il vouloir franchir la porte. Le QG est un gros bâtiment, et c'est vrai qu'il fait plutôt majestueux, à tel point que monter ses marches t'expose à un certain nombre de regards. Mais l'intérieur est assez différent. Le hall reste relativement classique, mais une fois entré dans les couloirs périphériques, la magie est dévoilée. Que ce soit runes ou armes, ou même usage abusif de certains pouvoirs, tout est montré. Mais voilà, il y a un autre problème. Et ce dernier n'est pas négligeable. Nous, les exorcistes, avons prêtés serment de garder le Secret. Et pour un directeur d'Orphéo, ce serait vraiment mal vu d'en parler à tort et à travers.

Quoiqu'il en soit, j'ai une excuse. Elle aussi est magique, même si elle tend à mal le prendre. Peut-être qu'en découvrant que d'autres sont aussi doués qu'elle, cette dernière finira par apprécier ce don. Peut-être. Je ne peux rien promettre, je peux juste essayer. C'est déjà pas mal, en soit. Je reste le regard fixé sur Behati, sans parvenir à en dévier.

« C'est contre moi, vous avez raison. C'est idiot. Je suis une idiote. Susceptible alors qu'il n'y a pas lieu de l'être. Il faut que j'arrête de m’apitoyer sur mon sort et que je continue de chercher. C'est pas comme ça que je le trouverais, sinon, vous l'avez très bien souligné... »

Un léger sourire s'affiche sur mes lèvres. Eh bien voilà qui est mieux. Même si on ressent encore très bien cet accent pessimiste, il y a une certaine envie. Un but. Voilà, c'est ça que je cherche à lui faire comprendre. Mais je ne vais pas la laisser marcher dans les rues alors qu'il continue à pleuvoir. Mieux vaut rester sous l'abribus. D'autant plus que le ciel se fait de plus en plus menaçants. Il va carrément finir par y avoir une tempête. Ou même un orage. Dans tout les cas, je ne peux pas la laisser partir comme ça. La voilà qui a déjà pris son sac et m'a posé mon blouson. Il faut que je lui retienne la main. Elle est debout, prête à partir. Qu'est-ce qu'elle va faire maintenant ? C'est triste de penser que si je n'ouvre pas la bouche, elle ne se rendra pas compte que la personne qu'elle recherche est à quelques mètres. Quelques kilomètres peut-être. Rien de plus. Il faut que je m'exprime. Tout de suite. Mais elle ne m'en laisse pas le temps.

« Je vous prends aux mots et vais donc y aller. Bonne chance pour la suite. Et ravie de vous avoir rencontré. Ce fut vraiment instructif. »

Je lui laisse à peine le temps de terminer sa phrase et lui saisit presque violemment la main. Non, je ne peux pas rester comme ça les bras croisés. J'ai prêté serment, certes, mais je suis dans l'incapacité totale de laisser cet enfant dans l'ignorance. D'un air sérieux, je lui lance :

-Behati. Edwin est plus proche que tu le crois. Je le connais.

Simple phrase. Mais qui trahissait une multitude de choses. Elle ne m'a pas parlé de cette personne. Pourtant, j'affirme la connaître. Et c'est vrai, je connais bien Ed. C'est un bon ami avec qui j'ai pourtant rarement l'occasion de discuter... pour la principale raison qu'on ne peut pas beaucoup se voir. Je suis au Canada et lui à Londres. Si Behati a tant envie de le voir, je peux les faire se retrouver sans trop de problèmes. J'ai l'habitude d'aller à Orphéo, et à vrai dire j'en sors presque. Je ne serai pas ici si ce n'était pour une quelconque réunion. Je relâche la main de la petite demoiselle et me décide à le lui montrer. Il pleut énormément dehors, à tel point qu'on ne peut voir bien loin. C'est une bonne chose. Je tends la main vers la pluie, et les gouttelettes s'écrasent avec violence sur la paume de ma main. Je ferme les yeux pour bien me concentrer, même si ça ne me demande pas trop d'énergie comme je suis sorcier. Relâchant subitement mon pouvoir, l'eau autour de ma main se transforme en glace, ainsi que l'eau qui s'y agglutine. Je forme la glace en un espèce de cerf sur ses pattes arrière. Puis, je referme la main et la glace fond instantanément pour tomber avec violence sur le sol en une gerbe d'eau.

-Tu es loin d'être la seule, jeune fille. Nous sommes très nombreux à être comme toi. Celui que tu cherches est lui aussi doué.

Elle comprendra bien ce que j'ai voulu lui dire. Maintenant, il faut prier pour que personne ne nous ai vu. Je tourne la tête, mais n'aperçois personne. Tant mieux. C'est à elle de garder le secret maintenant. Sans doute devrais-je la prendre avec moi ? Elle est encore jeune, elle pourrait tout aussi bien aller à l'orphelinat Mystery. C'est probablement la meilleure solution. À présent j'attends de voir sa réaction.

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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyMar 11 Déc 2012 - 21:40

Je trouve qu'on forme une belle équipe d'excentriques, ma raison et moi. Une sorte de duo de choc, un couple d’éclopés abîmés par la mélodie du passé, accrochés ensemble par des centaines de milliers d’échardes mais surtout fermement décidés à avancer sans ponton et sans digue pour nous abriter de cette étendue infinie et noire, avec une ancre qui dérape souvent sur les fonds sablonneux.

Je ne crois plus à la famille et, plus largement, à un modèle de famille unie : le peu de vie que j’ai expérimenté m’a maintes fois prouvé que la famille est une entité sacrée, à part. Unique.
Un seul schéma pour une seule vie. En théorie.

C'est un idéal. Mon Idéal.

Ça m'a aussi prouvé qu’il n’y a rien de plus idiot et de plus faux que ce stupide adage populaire qui laisse tomber mollement un « on ne choisit pas sa famille » à la moindre embûche.

Oh ! Moi, j'ai choisi. J'ai choisi et je n'ai même pas pris la peine de tergiverser le temps d'une seconde, de peser le pour et le contre, de retourner le tout dans ma petite tête.
J'avais choisi.
Dès le départ.
Sans doutes. Ni regrets.

Mon choix n’a d’ailleurs toujours pas varié.

Et ce n'est pas parce que c'est eux plutôt que d'autres. Si c'en avait été d'autres, je n'aurais pas changé d'un demi. Je serais restée moi, cruelle, à l'affût de leurs faiblesses, fuyante et insaisissable.
Je les aurais rendu fous, fous parce que j'ai choisi et que ce choix m'a amenée à rester seule. Seule et sans contradictions, avec la même ligne et le même cap. En plein vent, sans amarres, avec ma raison et cette ancre qui s'embronche de temps en à autre sur la vie.

J'ai voulu une cassure propre et nette. Parce que...
… parce que ça n'a plus aucun sens.
Ça. N'a. Plus. Aucune. Importance. Sans. Eux.

Quand je suis avec mes parents adoptifs, je ne pense pas au bonheur ou aux jours heureux, oh non ! S’agitent follement dans ma tête les cris et les sanglots, les claques, les coups de ceinture, de cintre en bois, les fugues et les retours sur des airs colériques et presque sanglants, les mains qui se veulent réconfortantes mais qui ne font que creuser dans mon indifférence, les explications malhabiles et les pétages de plomb. La dépression, la déchéance.
Cruauté.

À quand la fin ?

Freja et Vinesh ne méritent pas tant de malheurs.

Et dire que je ne leur suis même pas reconnaissante de m'avoir sortie du trou dans lequel j'étais enchaînée et de m'avoir prise sous leur aile.

J'ai quitté un enfer pour un autre.

J'aurais préféré grandir sans cette idée obsédante que l'on veut m'arracher mes souvenirs les plus précieux pour en cultiver de nouveaux, pauvres et superficiels, et faire de moi ce que je ne suis pas ou pire, faire de moi ce que je ne veux pas être par dessus tout : une gamine dont la vie a commencé un soir d'orage. À 9 ans. Rien n'a jamais existé avant. Tout ce qui suit est important. À un point tel que des fois j'arrive à me demander depuis combien de temps je suis avec eux, parmi eux, sans en avoir la moindre idée. Des mois, des années, des décennies, des millénaires ? Une éternité.
Je sais compter les coups mais je n’ai aucune notion du temps. Des années peut-être ? Pourquoi pas… si ce sont beaucoup de jours et de nuits emprisonnées, alors oui, cela fait des années que je suis là. Pour eux. Avec eux. Parce qu'ils m'ont choisie.

Point. Final ? Vraiment ?

Ces années passées avec eux ne sont réduites qu’à une souffrance profonde et sans fin que je ne parviens pas tout le temps à contenir. Je n'ai plus honte de dire que Freja et Vinesh sont un exutoire nécessaire à ma survie.

Après tout, un choix est décisif dans une vie.

Rien a disparu vous savez ? Rien du tout en fait, bien que tout ait changé. Pour eux. Pour moi. Tout a changé quand un couple a pénétré dans un dortoir lugubre avec l'idée d'adopter un enfant : après tout, pourquoi ne pas se rabattre dans ces endroits où pullulent les chiens errants ? C'est toujours mieux d'adopter ces pauvres enfants qui croupissent dans des orphelinats sombres et sinistres ! Et puis, plus le môme a eu une vie malheureuse et mieux c'est ! Pourquoi se refuser un tel plaisir : ça fait tellement de bien à l’ego !

Oui je sais. Vous pensez que je suis une enfant difficile. Complexe. Et par dessus tout : affreusement mutilée. Et vous savez quoi ? Vous avez raison. Je pense souvent que ce serait mieux pour tout le monde, y compris pour moi, si je parvenais à disparaître. Parce qu'il existe cent raisons de ne plus être là, dix fois plus pour la lâcheté, et mille autres pour ne plus y penser. C'est juste qu'il y a des peurs difficiles à braver et des craintes que l’on a mis tant de sueurs à quitter.

Il y a de nos lâchetés des souffrances qui ne concernent que nous.

Je me suis fais une raison je vous le jure, mais n'osez pas me dire que la vie continue, je détesterais qu’elle ne change pas d’un pouce ; ne venez pas dans vos petits souliers me dire que ça va aller quand vous n’avez pas réfléchit une seule fois au sens de cette phrase ; et ne venez surtout pas me dire que vous comprenez, parce que, voyez-vous, je suis de ceux qui croient que l'homme est de ces êtres capables de vivre sa vie les yeux fermés, planqués derrière une façade où se mélange croyance et arrogance, persuadés de tout connaître.

Narcissisme.

Il faut savoir se contenter du silence. Savourer.
Et laissez filer.


    « Behati. Edwin est plus proche que tu le crois. Je le connais. »

A-t-elle bien entendu...? Edwin. Edwin ? Celui de la photo ? Sa photo ?

Deux grands yeux azurés se heurtent à la chaleur d'un regard ambré.

Elle est plongée dans ses pupilles, comme glacée sur place. Pas un son ne sort de sa bouche, mais sa respiration devient erratique. Peut-être a-t-il deviné où elle était ? Peut-être parce qu’il a décelé avant elle ce que son trouble personnel occultait ? Il a réussi en un millième de seconde à la toucher à l'épicentre et à faire flancher cette force infiniment fragile qui se dégage de ses souvenirs.

Révolution.

    « Vous... vous le connaissez ? Je veux dire... vous connaissez mon cousin ? Vous savez réellement où il est ? Vous... »

Edwin.
Je t'aime tant quand tu m'émeus.


    « Attendez. Attendez une seconde... comment... comment vous avez deviné son... »

De la lumière à la noirceur de l'âme.

Il y a sur son visage une infinie douleur, théâtre de tous les maux cherchés pendant des siècles par les auteurs et poètes, ce cliché saisissant qui résume en une unique expression des lames de rasoir acérées de sentiments qui transpercent un cœur décharné.

La seconde est froissée par la stupeur, le chagrin, le désespoir quand les larmes sont à un millimètre de l’explosion.

Il se moque de moi. Il se moque de moi et de savoir ce que ça fait...

    « Freja. C'est Freja, hein ? C'est Freja qui vous a engagé. C'est Freja qui vous a dit que je le cherchais, qui vous a dit comment il s'appelait... Freja ne veut pas que je retrouve Edwin. Elle refuse parce qu'il est la seule famille qu'il me reste. Ma seule vraie famille... »

Rêves écorchés.
Cœur meurtri.
Asphyxie.

    « Vous êtes là pour me dire que c'est une mauvaise personne, pas vrai ? Vous êtes là pour me dire que c'est le mal en personne, n'est-ce pas ? Vous êtes là pour me décourager. Mais je ne vous croirais pas. Je ne crois plus les adultes depuis longtemps. Je me fiche de ce que vous pensez. Je me fiche de qui il est. Je me fiche qu'il ne soit pas comme je l'imaginais. Je veux le voir... je veux juste le voir au moins une fois... »

Avec toute la hargne du monde, elle s'empare de son sac, farfouille quelques instants pour sortir de ses entrailles une enveloppe jaunie par le temps. Elle s'avance ensuite d'un pas décidé vers cet homme, lui saisit le poignet avec force pour glisser au creux de sa paume son plus précieux trésor.

    « Pourquoi... ? Pourquoi j'aurais pas le droit... ? »

Ses doigts agrippent le tissu de son t-shirt tandis que les larmes coulent silencieusement sur ses joues. Son coeur bat encore, survivant à la douce mélodie de ses souvenirs, semblables aux couleurs d'un superbe arc-en-ciel chamarré.

    « Vous ne pouvez pas comprendre... vous ne pouvez comprendre ce que ça fait de vouloir retrouver quelqu'un de cher sans y parvenir... moi, c'est Freja qui me met des bâtons dans les roues. Edwin est à portée de main je le sais, mais je suis incapable de faire le moindre pas vers lui parce qu'on m'en empêche. Parce qu'elle m'en empêche : elle a même brûlé tout ce qui me restait de mes parents pour ça. Sauf que je ne me laisserais pas faire... je me suis juré que je ne me laisserais plus faire, même si je dois détruire cette femme moi-même... »

Derrière le voile de ses paupières, elle imagine son cousin, figé à jamais sur le papier glacé : elle aime son regard parce qu’il y a du tendre dedans, parce qu'il semble attentif et ne se vêt pas de prétention. Elle aime son visage simple et sans défauts et ses cheveux mordorés qui se perdent dans une bataille indisciplinée.

Je ne peux pas le laisser entrevoir mes faiblesses. Je dois me ressaisir. Me contrôler. À nouveau. Je déteste perdre le contrôle...

D'un coup de manche, elle parvient à redevenir maîtresse d'elle-même avant d'assister, partagée entre admiration et scepticisme, au manège pseudo-magique de son ''compagnon de fortune''. La parole reste muette et la seconde se fige.

Debout sur ses jambes, elle reste glacée comme... comme ce cerf qui est apparu quelques instants dans la paume de sa main...

    « Tu es loin d'être la seule, jeune fille. Nous sommes très nombreux à être comme toi. Celui que tu cherches est lui aussi doué. »

Serait-ce là une évidence qui n'en est pas une ? A moins que tout ne soit que mirages et illusions... Un semblable ? Cela fait si longtemps qu'elle en cherche pour comprendre et, dans l'idéal, qu'il lui retire toutes ses... particularités...

    « Je ne sais pas comment vous avez fait ça... êtes-vous une sorte d’illusionniste ? Un charlatan peut-être ? Et puis, je ne peux pas être comme vous puisque je suis incapable de faire ça... »

Elle laisse enfin deviner le voile trouble de ses yeux et la trace du souvenir des passés bien gravés dans sa rétine. Tout en elle est laid. Après tout, les vilains petits canards demeurent ainsi à jamais quand les cygnes ne sont pour eux que des mythes et des légendes.

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Dernière édition par Behati S. Al Hattal le Lun 28 Jan 2013 - 22:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptySam 29 Déc 2012 - 21:01

" Ouvre les yeux. Le vois-tu, maintenant ? "

Il lui faut une lumière. Quelque chose qui lui permette de voir au delà des ténèbres. En vérité, je suis loin d'être philosophe. Les phrases comme celles-ci, j'en sors une seule fois par an. Pour des raisons qui me dépassent souvent. Mais j'ai parfaitement contrôlé cette pensée-ci. Il lui faut vraiment une lanterne. Elle ne comprend pas ses pouvoirs. Doit croire qu'elle est maudite. C'est déjà arrivé à d'autres enfants avant elle. Puis, ils ont connus l'orphelinat et la vie est allée mieux depuis. Il y a aussi ceux qui sont encore aujourd'hui persuadés d'être maudits. Mais au moins ils savent qu'ils ne sont pas seuls. L'humain est faible, mais partager un fardeau l'aide bien souvent à assumer le destin avec plus de volonté. Oh, ça, il ne faut pas être devin ni même savant pour le deviner. À son âge, j'avais découvert mon pouvoir depuis un certain temps déjà. Mais moi j'étais entouré de mes parents pour m'expliquer. J'étais plongé dans la magie depuis mon enfance. Et ce n'est apparemment pas le cas de la jeune Behati. Alors, Secret ou non, je me dois de remettre cette jeune fille sur le droit chemin.

Oh, je ne suis pas Jésus, ni même le bon Samaritain. Je pense faire quelque chose de juste, mais ça n'influe pas sur mon morale. Au moins, elle dormira moins bête ce soir. Que ce soit une bonne action ou non, je m'en fiche. Peut-être que, pour moi-même, je ne veux pas la laisser dans l'ignorance. Pourtant, d'autres encore me diront que l'ignorance est parfois préférable au savoir. Peut-être. Peut-être pas. Tout dépend du secret à dévoiler ou non. Celui-là pourrait bien la conduire à penser autrement. Ou bien la laisser indifférente. Changer son destin. Ou ne pas même modifier un des fils. Personne ne sait. Pas même elle. Alors autant tenter la chose si découvrir la vérité ne peut pas vraiment modifier en mal son esprit. En tout cas, j'ose espérer. Elle pourrait effectivement tomber sur un sorcier noir qui lui inculquerait un nombre justement incalculable de fausses idées, qu'elle goberait par son manque effectif de savoir sans même s'en douter. Qu'importe. Tenter le diable de temps en temps ne fait pas de mal.

De toute façon, à présent il est trop tard pour faire demi-tour. Je lui en ai parlé. J'ai dévoilé ses pensées profondes. Ses pensées du moment. À aucun instant elle n'a prononcé son nom. Pourtant. Pourtant je l'ai trouvé. J'ai prononcé ce nom. Sans même hésiter. Sans même chercher à lire sur ses lèvres. Que doit-elle penser de moi, à présent ? Que je suis un magicien ? Un malfrat ? Quelqu'un qui cherche à lui faire du mal ? Ou bien qui souhaite l'aider ? A-t-elle un peu confiance à moi maintenant ? Compte-t-elle s'ouvrir et me faire partager ses autres pensées, sans que je n'ai nul besoin de fouiller son esprit ? C'est quelque chose de mal. Pandora me l'a dit plus d'une fois. Elle aussi lit les pensées. Pourtant, elle s'en sert très rarement. Elle m'a dit que ce qui a besoin d'être prononcé l'est. Que l'esprit est la seule chose qui soit vraiment intime à l'homme. Que c'est, pour de nombreuses personnes, sa seule défense. Le mur que personne, jamais, ne pourra franchir. Elle a sans doute raison, mais moi c'est devenu un peu trop habituel. Un genre de toc incurable. Il me faudrait constamment un réveil avec moi, pour sonner quand je m'apprête à sonder les pensées de quelqu'un. Il faudra que je pense à amener des piles avec, parce qu'il risque de s'user très très rapidement.

« Vous... vous le connaissez ? Je veux dire... vous connaissez mon cousin ? Vous savez réellement où il est ? Vous... »

Son cousin. Voilà une information ayant échappé à mes oreilles. Son cousin. Alors comme ça, ils sont de la même famille ? Voilà une bonne chose. Mais c'est drôle, je n'ai jamais entendu parler de la bouche d'Edwin l'existence d'une aussi mignonne petite cousine. Est-il seulement au courant de son existence ? Vous me direz, il est aussi en droit de ne pas me raconter sa vie privée. Après tout, nous nous voyons rarement. Et je suis en partance pour le Canada. Lui est encore ici. D'ailleurs, je ne suis même pas passé lui dire bonjour. Honte à moi. Alors que je sors à peine du QG d'Orphéo. Il y a des baffes qui se perdent, moi je vous dis. Toujours est-il que Behati n'a pas l'air plus choquée que ça d'entendre de ma bouche sortir des mots qu'elle n'a jamais prononcé. Ou bien n'a-t-elle même pas fait le lien. C'est possible. Elle a l'air tellement torturée pour retrouver son cousin que ce petit détail aurait très bien ignorer la barrière du cerveau. Après tout, elle a eu sa réponse à une question non formulée. Un sourire apparaît doucement sur son visage. Sans doute est-ce ça, la lumière qui lui permettra de retrouver son chemin. Se fiche-t-elle de la magie ? Pourtant, ce n'est pas don offert à tout le monde. Edwin doit être vraiment important. Vraiment très très important à son petit cœur. Je trouve ça mignon, quelque part. C'est une sorte d'amour d'enfant. Une recherche désespérée. On pourrait facilement transformer ça en comédie tragique. C'est sa force, mais aussi sa plus grande faiblesse. Ce serait tellement, tellement facile de la manipuler en jouant avec ses sentiments. Vraiment, vraiment facile. Secouant la tête pour chasser ces pensées plutôt mauvaises, je m'apprête à répliquer, mais Behati ne m'en laisse pas le choix.

« Attendez. Attendez une seconde... comment... comment vous avez deviné son... »

Ah, enfin, il me semble qu'elle réagit. Mon sourire s'agrandit. Si elle cherche au fond de soi, elle pourra trouver la réponse par elle-même. Elle doit le sentir. Elle doit sentir qu'il y a quelque chose de différent chez moi. De différent par rapport aux autres passants, devenus bien discrets sous la pluie torrentielle. Je suis comme elle. Elle est comme moi. Nos pouvoirs ne sont pas aux antipodes. Loin de là. Des pouvoirs mentaux. Ça se travaille, et c'est vraiment plus facile qu'on ne le pense. Elle qui voit probablement des choses, elle pourrait se créer rapidement un mur. Se protéger de la vue des autres. Le plus dur, ce n'est pas de projeter ces pouvoirs. C'est de les retenir. De leur imposer des barrière. Sinon, on en devient fou. C'est à se demander comment elle fait, pour, encore aujourd'hui, être debout. Peut-être a-t-elle découvert ses dons assez tard. Dans le cas contraire, elle doit avoir un sacré sang-froid. Ou bien a-t-elle déjà craquée, et son visage pourrait témoigner pour elle. C'est triste. À l'entente de Edwin, son visage s'est adoucit. Il me semble que j'ai touché au bon point. Oh, et pour en revenir à ça, j'aimerai bien savoir de quel pouvoir mental elle est doté. Avec un peu de chance, je serai en capacité de l'aider. De nouveau, reprenant pouvoir sur moi-même et non sur mes pensées, je veux enfin lui annoncer le fond de ma pensée. Mais elle me devance une fois de plus.

« Freja. C'est Freja, hein ? C'est Freja qui vous a engagé. C'est Freja qui vous a dit que je le cherchais, qui vous a dit comment il s'appelait... Freja ne veut pas que je retrouve Edwin. Elle refuse parce qu'il est la seule famille qu'il me reste. Ma seule vraie famille... »

Je hausse un sourcil. J'ignore qui est cette dénommée Freja, mais je vais bien vite le savoir. Oh, et puis non, elle n'a pas l'air de la porter dans son cœur, ça me suffit amplement pour ne pas avoir à chercher dans son esprit les relations qu'elle entretient avec cette femme. Courage Allen, un peu de maîtrise de soi. Ne pas lire les pensées. Ne pas le faire. Pourtant, je suis mortellement frappé par cette envie profonde d'y plonger sans plus de recommandations. Non, non. Il faut que je l'arrête. Que je lui dise. Mais comment ? Elle ne m'écoutera pas. Elle est certaine de ce qu'elle avance. Pourtant, on sent une hésitation. Loin, mais présent. Et pas besoin de lire les pensées pour ça. Sa voix chavire à la veille de chaque respiration. Elle a peur. C'est une peur bien dissimulée. Elle est plus forte que je ne le pense. Mentalement, en tout cas. Elle a du en subir, des satanés choses de la vie. Elle est trop jeune.

« Vous êtes là pour me dire que c'est une mauvaise personne, pas vrai ? Vous êtes là pour me dire que c'est le mal en personne, n'est-ce pas ? Vous êtes là pour me décourager. Mais je ne vous croirais pas. Je ne crois plus les adultes depuis longtemps. Je me fiche de ce que vous pensez. Je me fiche de qui il est. Je me fiche qu'il ne soit pas comme je l'imaginais. Je veux le voir... je veux juste le voir au moins une fois... »

Je fronce les sourcils. D'un air très marqué. Je suis resté silencieux jusqu'à maintenant. Il faut que je le reste un peu plus. Mais c'est difficile. Je ne veux pas qu'elle se méprenne. Et de toute évidence, elle est en plein dedans. Une mauvaise personne ? Edwin ? C'est quelqu'un de très gentil. Bon, il a son caractère à lui. Ça c'est sûr. Mais il n'empêche qu'il est sympathique. C'est une personne que je ne suis pas mécontent de connaître. Bref, je DOIS arrêter son petit manège intérieur. J'inspire profondément et ferme les yeux. Croisant mes doigts et baissant la tête, je commence.

-Behati...

Quelque chose effleure mes doigts. Une enveloppe. Assez vieille, si on en juge par le papier jaunie. Je ne sais pas de quoi il s'agit. Mais de toute évidence, c'est quelque chose de très important pour elle. Mais je ne sonde pas ses pensées pour deviner ce que contient l'enveloppe. Elle se met à pleurer. Juste ciel. Tout mais pas ça. Je déteste voir quelqu'un pleurer. Mais quand c'est un enfant et que c'est malgré moi de ma faute, je deviens encore plus mauvais. Je ne suis pas de ceux qui se renferment sur eux mêmes. Mais je suis simplement démuni. Comme un autre enfant, face à elle. Qui est le plus mûr, des deux ? Moi, pour avoir débuté une discussion que je pensais bénigne ? Certainement pas. Ai-je fait une bêtise ? Il est trop tard pour se rendre compte des éventuelles conséquences. Elles sont là sous mes yeux, transformées par d’innombrables petites perles d'eau salée. J'espère seulement que ses soucis disparaîtront en même temps qu'elles.

« Pourquoi... ? Pourquoi j'aurais pas le droit... ? »

Je soupire. Pas pour ses paroles, mais bien parce que je n'ai rien à répliquer. Il me faut lui laisser la parole. Lui laisser dévaler son flot de pensée. Peut-être la peine disparaîtra elle aussi. Peut-être... il faut de l'espoir en ce monde. On ne vit pas sans espoir. On n'a jamais vécu sans. Je sens venir le long monologue. Épilogue de cette longue histoire.

« Vous ne pouvez pas comprendre... vous ne pouvez comprendre ce que ça fait de vouloir retrouver quelqu'un de cher sans y parvenir... moi, c'est Freja qui me met des bâtons dans les roues. Edwin est à portée de main je le sais, mais je suis incapable de faire le moindre pas vers lui parce qu'on m'en empêche. Parce qu'elle m'en empêche : elle a même brûlé tout ce qui me restait de mes parents pour ça. Sauf que je ne me laisserais pas faire... je me suis juré que je ne me laisserais plus faire, même si je dois détruire cette femme moi-même... »

Détruire une personne. Voilà un bien mauvais mot de la part d'une aussi jeune fille. Cela veut dire tant de choses. Ça peut aller jusqu'à tuer. Autant mentalement que physiquement. Sans doute la mort est-elle préférable à la mort mentale. Dès lors cette dernière perdue, l'on n'est plus qu'une coquille vide. Et l'on souffre. On souffre, mais personne n'est là pour entendre les cris. Tout simplement. C'est si facile de détruire une personne. Je pourrais le faire. Chez elle. Je pourrais détruire cette petite personne. Sa faiblesse est si visible à présent. Il va falloir qu'elle apprenne à cacher tout ça. Ou qu'elle aperçoive enfin la source de ces maux. Si j'avais su. Si seulement j'avais su pour elle. Tout se serait passé plus rapidement. Cette femme, Freja, je ne peux pas l'aimer. Même sans la connaître, je trouve ça abominable de priver à un enfant le droit de rêver. Le droit de trouver sa famille. Elle a perdu ses parents. Ça se comprend aisément. Mes yeux toujours clos finissent par se rouvrir sans crainte. Je prends les mains de la plus jeune et lui lance un sourire encourageant. Lui reposant la lettre dans ses mains, je referme ces dernières dans mes paumes et termine enfin ma phrase.

-Behati. Je ne connais pas cette femme. Et peu importe le mal qu'elle t'a fait d'ailleurs. Je peux changer ça. Je peux te trouver cette personne, Edwin. C'est un de mes amis. Il n'est pas loin d'ici.

Reste un mystère à éclaircir pour elle. Il faut lui expliquer le pourquoi du comment. Comment je suis au courant. Et par la même occasion découvrir ce qu'elle est capable de faire. Un pouvoir mental, c'est certain, mais lequel c'est autre chose. Elle ne lit pas dans les pensées, c'est certain. C'est le genre de pouvoir, qui, non maîtrisé, se remarque très vite. La personne devient rapidement folle, et n'arrête pas de hurler pour surpasser les voix dans sa tête. J'y suis passé, mais heureusement, moi j'ai eu des personnes pour m'aider à passer au-dessus de ces bruits passagers. Bon, il y a aussi un autre type. Le genre de pouvoir mental qui se développe par contact avec la personne. Alors non, ce n'est pas ça. Je réalise alors que je lui tiens la main. C'est peut-être ça. Sans doute. Un contact. Je relâche sa main et m'écarte légèrement. Tout à fait honnête, je lance du tac au tac.

-Je lis dans les pensées. C'est comme ça que j'ai su de qui tu parlais. Désolé si c'était personnel.

Vint alors le moment de la démonstration. Ce petit cerf né au creux de ma main. L'exemple. Oh, ça ne va pas me servir dans la vie de tous les jours de faire apparaître des sculptures éphémères. Mais de temps en temps, ça me sert. Comme maintenant. Behati est debout. Aussi gelée que ma statue. Statue qui, rapidement, retourne à son état d'origine, l'eau. Petite démonstration qui n'a pour autre but de démontrer mes dires. Non, elle n'est pas la seule à posséder des dons, des pouvoirs et autres. Nous sommes nombreux. Certainement pas aussi nombreux que l'on puisse penser, mais suffisamment pour opposer des clans et rentrer dans des conflits d'intérêt.

« Je ne sais pas comment vous avez fait ça... êtes-vous une sorte d’illusionniste ? Un charlatan peut-être ? Et puis, je ne peux pas être comme vous puisque je suis incapable de faire ça... »

Sans vraiment comprendre pourquoi, je ris. Face à tant d'innocence, on ne peut pas vraiment faire autrement. Elle n'a pas compris le fond de ma pensée. Moi qui me voulait sérieux, j'ai dû passer pour un sacré guignol. Quelle blague. Me calmant le plus rapidement possible, je tâche de peser le pour et le contre. Ce n'est que quelques secondes plus tard qu'une réponse me vient :

-Je suis un élémentariste. Mais je peux également m'insinuer dans les pensées des gens, comme je l'ai dit. Tu dois avoir un pouvoir à peu près similaire, non ? Quelque chose qui... t'attaque le cerveau sans vraiment prévenir... je me trompe ?

Oh non, je ne me trompe pas. Quand on a appris à sentir les pouvoirs des autres depuis un certain temps, on devient rapidement expert. Mais je veux l'entendre dire de sa bouche. Voir si, vraiment, elle est capable de me faire confiance. Après tout, elle n'est pas encore au courant, mais elle aussi elle va devoir préserver ce qu'elle sait. Et pour en dire plus, je dois être persuadé de sa bonne foi. Nous ne pourrons progresser. Et si elle ne se plie pas à ce genre de choses, elle ne sera pas non plus capable de revoir son cher Edwin. Après tout, lui est plongé dans la magie jour comme nuit. Et ce n'est certainement pas prêt de changer. J'inspire profondément, lorsqu'un bruit familier m'arrache de ma rêverie. Le bus. Eh bien, c'est vraiment pas trop tôt. J'en ai même oublié ma présence sous cet abribus.
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyMar 12 Fév 2013 - 14:12

Trois petits chats, chapeau de paille, paillasson, somnambule, bulletin, tintamarre… marre… marre.
De se faire manipuler sans arrêt, d'être tout le temps à cran et sur ses gardes...

    « Behati. Je ne connais pas cette femme. Et peu importe le mal qu'elle t'a fait d'ailleurs. Je peux changer ça. Je peux te trouver cette personne, Edwin. C'est un de mes amis. Il n'est pas loin d'ici. »

Le cœur et les larmes au bord des lèvres et à bout de rompre, un sourire fantasmagorique lisse ses lèvres avant d'être chassé par un plissement de sourcil. Nez plissé, moue incrédule, le regard vrillé au sien, elle lui lâcha, soupçonneuse :

    « Vous n'êtes pas en train de me mentir pour me ramener à la maison sans que je ne me débatte, n'est-ce pas ? Auquel cas je vous préviens : j'ai des jambes et je sais m'en servir... »

Elle gonfla ses joues, victorieuse et fière. Avant qu'une chose parmi tant d'autre la frappe entre les deux yeux...

    « Mais si vous ne connaissez pas Freja... si vous ne savez pas qui elle est, comment... comment vous... ?

    - Je lis dans les pensées. C'est comme ça que j'ai su de qui tu parlais. Désolé si c'était personnel.

    - Vous lisez dans les pensées ? Genre... comme par magie ?
     »

Elle l'observa quelques secondes, hésitante sur l'attitude à adopter. Puis, elle finit par croiser les bras, dépitée qu'il ose la croire si naïve, quoi qu'un tantinet intriguée. Après tout : si Freja ne l'avait effectivement pas engagé pour la retrouver, s'il ne savait vraiment rien d'elle avant qu'ils ne se rencontrent... comment avait-il pu... comment avait-il pu connaître le nom d'Edwin sans qu'elle ne le prononce une seule fois... ?

Elle se gifla intérieurement pour se reprendre, afin qu'il ne se rende pas compte du trouble qu'il avait réussi à causer et qui commençait à semer la pagaille dans sa petite tête bien remplie.

La magie ? Quelle idée ! C'est ridicule ! La magie, c'est une désillusion, une absurdité entretenue par de grands rêveurs aveugles.
Au même titre que l'existence d'un soi-disant dieu.
Sinon, qu'on m'explique pourquoi ils n'ont pas sauvé ma famille... et pourquoi ils m'ont épargnée, moi.


Comment peut-elle douter ne serait-ce qu'un instant de la réalité de ce monde ?

    « Ce n'est pas possible : la magie, ça n'existe pas. Ça... ça ne peut pas exister... ça... ça... n'aurait aucun... Seriez-vous en train d'embrayer sur de l'irrationnel parce que je ne suis qu'une enfant ? »

Trois petits chats, chapeau de paille, paillasson, somnambule, bulletin, tintamarre… marre… marre. À bout.
De tout.

Sa raison lui chuchotait de partir loin d'ici, qu'il pleuve, neige ou vente, susurrant à son oreille que ce gars n'était définitivement pas net. Oh ! Elle sentait qu'il n'avait pas grand chose de dangereux et qu'il ne lui voulait pas de mal. Mais le fait de tout ramener à la magie sonnait complètement fou, surtout aux oreilles d'une personne aussi terre-à-terre que Behati qui, rappelons-le, avait été élevée dans ses plus jeunes années au sein d'une famille de scientifiques.

Mais il y avait en face de ça son implacable curiosité, cette envie de tout savoir à la limite de l’indécence qui, quand à elle, la clouait sur place, ensevelissant ses pieds dans le goudron du trottoir pour l'empêcher de bouger ne serait-ce que d'un seul centimètre.

    « Je suis un élémentariste. Mais je peux également m'insinuer dans les pensées des gens, comme je l'ai dit. Tu dois avoir un pouvoir à peu près similaire, non ? Quelque chose qui... t'attaque le cerveau sans vraiment prévenir... je me trompe ? »

Elle tiqua sur sa phrase, incrédule. Était-il en train de lui signifier que non seulement elle n'était pas la victime d'une quelconque malformation non... plutôt le réceptacle de... de pouvoirs magiques, mais qu'en plus de ça, elle n'était absolument pas toute seule à disposer de... de ça ?

Elle résista à l'envie de se boucher les oreilles pour ne plus écouter une sornette de plus, enfonçant ses ongles dans la chair tendre de ses paumes : mais comment... comment savait-il ça ? Même Freja, même Vinesh, même ses vrais parents n'étaient pas au courant...

Ses pensées commençaient à s'embrouiller franchement, elle qui faisait habituellement preuve d'un sang froid remarquable et d'une rationalité hors du commun pour son âge: le voilà qui débarquait comme ça, sans prévenir, parvenant à la faire douter de la réalité même, un simple sourire sur le visage...

    « Qui attaque le cerveau... vous dites... »

Oh. Oui. Son cerveau.
C'est vrai. Terriblement vrai.

Mais si seulement il n'y avait que ça...

Il y a sa bouche aussi.
Et sa langue, ses oreilles, et ses jambes.
Et puis il y a également les autres.

    « Je ne sais rien. Je n'en sais rien ! Je ne sais même pas si je peux vous faire confiance alors... Je veux dire... vous êtes en train de me parler de magie et... »

Elle coupa sa phrase pour se raidir, soudainement glacée jusqu'à la moelle. Une sourde angoisse, un sombre pressentiment l'envahirent des pieds à la tête, s'infiltrant jusque dans ses veines et lui secouant les os, lorsqu'elle vit Allen détourner le regard pour le planter au loin...

    « Le bus... »

Le bus était là.
Le bus allait l'emporter très loin.
Très loin d'elle.

Devait-elle le retenir ? Ou le laisser partir aussi sobrement que lorsqu'il avait débarqué dans sa vie... ? Devait-elle lui accorder sa confiance, à lui, rencontre éphémère et simple étranger de passage dans sa si petite existence ? À un adulte, qui plus est ? À moins qu'elle ne doive rester sur ses gardes... jusqu'à la fin... et le laisser s'en aller... au loin... sans regrets...

Et tu te dois de trancher le dilemme en chirurgien aveugle.

Le bus s'arrête juste en face d'eux tandis qu'un passant se dirige vers l'abri bus en courant. Son regard, désarçonné et horrifié, voltige entre le chauffeur qui vient d'ouvrir ses portes, sur cet homme dont le visage est tendu sous l'effort de sa course, et sur Allen, qui fixe intensément l'intérieur de l'engin.
Puis elle ferme les yeux tandis que le doute, l'incertitude ainsi qu'une concentration maximale modèlent ses traits : après tout, et quand bien même elle reste silencieuse, ses pensées se cognent et se percutent au point de lui brûler les tempes.

Et c'est alors qu'elle croit l'entendre se lever...
Lui...

Il n'en faut pas plus que sa raison lui glisse entre les doigts : sa tête se vide tandis qu'elle ouvre de grands yeux sur l'homme assis au commande du bus et, sentant comme une poussée se faufilant dans son larynx jusqu'à sa glotte, cria à son intention un « PARTEZ ! » autoritaire, bien qu'emplit d'une angoisse caverneuse.

Ce hurlement atroce, soudain, perça l'air, aussi brutal qu'un roulement de tonnerre par une journée sans nuages. Elle sentit la présence du passant à ses côtés et tourna la tête vers lui : il semblait figé dans son mouvement -celui de grimper dans le bus pour se mettre au chaud-, glacé sur ses pieds. Puis elle plongea ses pupilles dans les yeux du chauffeur : les siens étaient ronds de surprise, ternes, et vides.

Il ferma brutalement ses portes puis démarra sur les chapeaux de roues, sans demander son reste.
Le passant quant à lui tourna les talons, sans un mot et trempé comme une soupe, pour poursuivre sa route.

Elle, elle resta bras ballants et poings serrés, la bouche un instant entrouverte pour laisser échapper son souffle court, comme pétrifiée par cette résonance profonde du cri, cette authentique sensation de terreur qui provenait du fin fond de ses entrailles.

Frissonnante, elle porta la main à sa gorge et la frotta frénétiquement, comme pour chasser quelque chose de pénible et de douloureux...

Elle venait de l'utiliser. Encore. Elle le savait. Elle avait senti au fin fond de sa gorge cet étrange écho qui chantait sur sa langue et son palet quand elle avait recourt à... à ça...

Ses yeux se fermèrent à nouveau, fort, fort, fort, comme pour exorciser un mauvais cauchemar. Comme à chaque fois.
Ses dents commencèrent à martyriser convulsivement ses lèvres gercées. Comme à chaque fois.
La chair de poule se déploya sur ses petits bras tandis que ses mains se serrent sur sa poitrine, contre son cœur furibond. Comme à chaque fois.

Mais si, et comme à chaque fois, elle était affolée par ça, cette fois-ci cependant, elle ne semblait rien regretter. C'était comme si ça avait compris son besoin éperdu de réponses et que ça avait enfin agi en corrélation avec ses désirs.

Pour elle.

Il avait bien fallu qu'elle le retienne pour qu'il résolve ses questions les plus difficiles et puis, elle était visiblement horrifiée à l'idée de perdre la seule piste viable qu'elle ait eu de toutes ces dernières années.

Mais avant ça...

    « Si... si vous prétendez être ce que vous êtes... si vous êtes vraiment un... enlevez... enlevez ça de ma voix s'il vous plaît... »

Et le bonheur... le bonheur dans tout ça ?

C'est quand même bête quand on a les mêmes envies que tout le monde.

Mais j'veux être comme tout le monde.
A tout prix.
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyJeu 7 Mar 2013 - 20:28

" N'oublie pas qui tu es vraiment. "

Je fixe l'horizon un air neutre sur le visage. La pluie n'a pas l'air décidée à s'arrêter de sitôt. C'est vraiment bête. J'ai horreur de prendre l'avion lorsqu'il pleut. Déjà que je me pose beaucoup de questions sur comment une chose peut pareille peut voler, alors si en plus des milliers de gouttes s'obstinent à tomber du ciel, j'en arrive rapidement à avoir peur. Je sais, y'a toute une histoire de réacteur et tout ça, mais bon, je suis mieux les pieds sur terre. Vraiment mieux. Mais bon, il faut avouer que sans les avions, je ne serai jamais allé au Canada. J'aurai bien sûr pu m'y rendre par bateau mais dans ce cas-là je me serai offert un petite croisière en supplément. Et pendant ce temps je ne serai pas en train de trimer comme un fou. Qu'importe, je ne suis pas non plus overbooké, c'est déjà ça. Mais j'ai juste tendance à me plaindre pour n'importe quoi, du moment que ça m'occupe. Bref, concentrons-nous sur la situation actuelle. Behati ne me fait pas confiance. C'est bien. Moi, à sa place, sans rien y connaître à la magie, j'aurai fait la même chose. Ça paraît presque un rêve de trouver quelqu'un qui fouille vos pensées et qui en plus vous donne ce que vous voulez. Ça n'arrive pas tous les jours, et je peut comprendre sa mine soupçonneuse. Mais bon, pour une fois que je suis en capacité d'aider, je ne vais pas m'arrêter à de simples pensées.

« Vous n'êtes pas en train de me mentir pour me ramener à la maison sans que je ne me débatte, n'est-ce pas ? Auquel cas je vous préviens : j'ai des jambes et je sais m'en servir... »

Je ne sais pas ce que lui a fait cette Freja ou peu importe son nom, mais ça a dû être terriblement éprouvant pour la jeune fille. Pour qu'elle en arrive à se retrouver sur un banc sous la pluie, en compagnie d'un homme qu'elle ne connaît pas et sans vouloir rentrer chez elle, c'est qu'il y a une sacré tension chez elle. Ou bien peut-être n'est-ce que mon imagination... ou même celui de Behati. Après tout, les enfants ont souvent tendance à chercher des problèmes là où ils ne sont pas. Paradoxalement, ils ont aussi l'immense faculté d'ignorer ceux qui pendent sous leur nez, mais ce n'est pas le cas. Je n'ai pas l'intention de la ramener chez elle, et de toute manière, même si c'était le cas, je serai bien en peine de devoir la prendre sous le bras et de chercher à lui demander où se trouve sa maison, car dans une immensité comme Londres, j'ai vraiment un sacré pourcentage de chance de me tromper de maison. Quoique, je pourrais bien sûr fouiller dans ses pensées, mais il faudrait qu'elle soit à même de penser exactement au bon moment l'adresse exacte de son chez elle. Et avouez que vous vous posez rarement la question. Et vous récitez encore moins votre adresse, sauf pour l'écrire quelque part, auquel cas je serai bien sûr en mesure de lire plutôt que de fouille ses pensées. Voilà tout.

Je secoue la tête négativement. Non, je ne veux pas lui faire de mal, et si l'annonce de cette Freja lui fait ml au cœur, alors je ne lui forcerai pas la main. J'ignore l'âge de Behati, mais en plus à l'adolescence, les jeunes deviennent vraiment bornés. Si elle me dit qu'elle sait se servir de ses jambes c'est certainement parce qu'elle compte s'en servir je l'ai très bien compris. À propos... elle a l'air habituée à être poursuivie. J'espère que ce n'est pas le cas. S'il faut la ramener à Edwin, je la ramènerai à Edwin. Je sais qu'il aime pas particulièrement les gamins, mais bon, si ces deux-là ont un quelconque lien de parenté, je ne peux pas juste me permettre de l'ignorer. Et puis, avant de me lancer un regard suspicieux, j'ai d'abord vu son élan de joie. Et ce n'est pas négligeable.

« Mais si vous ne connaissez pas Freja... si vous ne savez pas qui elle est, comment... comment vous... ?

On en arrive au sujet principal. Si elle souhaite rencontrer Ed, il y a une chose qu'elle doit savoir avant tout. Et c'est certainement la chose la plus importante, pour son développement personnel. L'existence de la magie. Je me demande combien de personnes sur terre sont dans le même cas que Behati. Posséder un pouvoir, mais ne pas savoir le brider, ne pas savoir que l'on n'est pas seul, qu'il y a tout un monde dedans. Et dans le pire des cas, prendre la magie pour une malédiction. Je n'ose même pas imaginer les dégâts sur la personne. Il y a des pouvoirs plus dangereux que d'autres, certains plus visibles. La métamorphose par exemple, ou même l'invisibilité. Il faut qu'elle soit en courant, elle aussi, même si le Secret doit être un maximum préservé. Mais bon, je songe au bonheur des humains avant toute chose. C'est pourquoi je ne tarde pas à lui expliquer le pourquoi.

Vous lisez dans les pensées ? Genre... comme par magie ? »

J'acquiesce tranquillement. Ça me paraît logique. Ça me paraît tellement logique. Si logique qu'une tête surprise s'extirpe de ma coquille. Évidemment, par magie. Il n'y a pas beaucoup d'autres choses capables de faire lire les pensées des gens. Après, sait-on jamais, j'ai peut-être la tête d'un guignol fier de sa farce, mais ce n'est en tout cas pas vrai. Je reste silencieux, car lorsque je vois la figure tirée par Behati, je me dis qu'il faut la laisser réfléchir dans son coin. Ça ne sert à rien de discuter sans cesse si au final rien de constructif n'en sort. Les moments de silence sont ô combien aussi importants que ceux d'échanges. Parfois même plus importants, à vrai dire. Et puis, Behati m'a tout l'air de ne pas se laisser facilement influencer. C'est bien pour une fille de son âge, mais ça risque aussi de poser plus de difficultés. Les enfants se font plus facilement à l'idée de magie. Mais pas elle. La jeune fille doit certainement peser le pour et le contre. Le problème, c'est qu'une personne normale aurait tendance à peser la réalité et le mensonge, alors qu'il n'y a aucun mensonge dans mes propos. Absolument aucun.

« Ce n'est pas possible : la magie, ça n'existe pas. Ça... ça ne peut pas exister... ça... ça... n'aurait aucun... Seriez-vous en train d'embrayer sur de l'irrationnel parce que je ne suis qu'une enfant ? »

Aucun sens ? Mais tout peut posséder un sens à partir du moment où l'on y croit. À contrario, l'imaginaire peut nous paraître loufoque, sans aucune sens. Pourtant, il y en a. pour certaines personnes, c'est un moyen de s'évader, une chimère faisant s'envoler les pensées sombres et créant un nouveau monde. Pour d'autres, c'est une prison dans laquelle les gens sont susceptibles de s'enliser trop facilement. Tout dépend du point de vue comme de la croyance. C'est difficile d'avaler du premier coup l'existence de la magie, mais je ne suis pas pressé, et je fais simplement ça pour elle. Quoique, à voir ses expressions faciales, je me demande si je ne lui ai rajouté une couche à tous ses problèmes.

Si elle est une enfant, oh ça oui. Elle est certainement une grande enfant, mais Behati reste une enfant. C'est vrai qu'elle a raison de penser comme ça, mais franchement je m'y prendrais d'une autre manière pour arriver à mes fins., étant donné que je considère la magie comme une chose réelle et en plus à protéger de la vue des humains. Je ne me serai pas lancé à cœur ouvert si je ne savais pas que la jeune fille était une sorcière elle aussi. Humaine douée ou vraie sorcière peu m'importe, elle est magique et c'est une certitude. Qu'elle accepte ou non ce fait, de toute façon, si elle souhaite revoir Edwin, il va bien falloir passer pendant ses heures de travail, puisque je ne connais pas l'endroit où il habite. Et cela signifie rentrer au QG le plus conséquent d'Orphéo. Une fois rentrée, c'est un peu un autre monde. Ça ne se voit pas au premier abord, dans le hall par exemple, mais dès les premières portes franchies, la magie bat son plein, et particulièrement dans les cachots pour bloquer cet accès à la magie justement. Qu'elle le comprenne aujourd'hui ou demain, peu importe, elle finira de toute façon par s'y faire, même en y allant à reculons.

-Est-ce que j'ai l'air de rire ? C'est tout à fait sérieux. Il y a ceux qui connaissent la magie, d'autres non. C'est un grand secret. Edwin lui aussi est magique, comme toi et moi.

Oui, souvent dans un famille, le caractère magique a tendance à se développer. Des fois, il arrive qu'il saute une génération. Mais il est toujours là. Au final, ce n'est que l'effet du hasard. On aurait tendance à penser qu'avec un caractère comme ça, tout le monde serait sorcier, mais non, il faut croire que dans tout cela, il y a une régulation intense. Un nombre de sorciers, mêlés et humain doué définit, qui n'augmente pas ou peu. Et qui peut aussi baisser.

Pour poursuivre, je lui annonce finalement la nature de mon pouvoir. Élémentariste. Un bien grand mot qu'on croit sorti tout droit d'un livre d'histoires fantastiques. Et pourtant, je suis bien en possession de cette magie depuis l'enfance. S'il faut prouver, alors je prouve. Ça a souvent tendance à faire diminuer le taux de méfiance. Ou à le faire carrément augmenter. Mais je ne pense pas que ce soit le cas ici. Il faut aussi que je lui parle de son don à elle. Même si je ne suis pas vraiment sûr de ce que j'avance. Pour le coup, elle va devoir m'aider, même sans s'en rendre compte. Il y a énormément de pouvoirs mentaux. Une dizaine de pouvoirs différents seulement basés sur le cerveau. Il est peu probable qu'elle soit comme moi, auquel cas elle saurait pertinemment que je dis la vérité. Non, c'est plutôt autre chose. Peut-être doit-elle toucher la personne ? Sans aucun doute, sinon elle aurait vécu d'atroces années.

« Qui attaque le cerveau... vous dites... »

Ah, il semblerait que j'ai touché juste, pour le coup. Un pouvoir qui attaque le cerveau. Décidément bien mental. hm... Mais ce n'est pas suffisant pour émettre une hypothèse de pouvoir. Vraiment pas suffisant il est là, il existe, mais de là à l'identifier avec si peu d'informations, c'est impossible. J'acquiesce. Oui, un pouvoir qui attaque le cerveau, probablement la pire chose qui puisse arriver. Avec des pouvoirs mentaux non maîtrisés, ça peut provoquer un mal de crâne assez rapide et violent. Moi-même des fois, lorsque je suis fatigué, il m'arrive de ne plus garder cette barrière me séparant du monde des pensées et paf, en moins de vingt minutes, je dois être absolument seul à moins de vouloir traîner un mal de tête toute la journée. Pour d'autres personnes, ça fonctionne dans l'autre sens. Tout dépend.

« Je ne sais rien. Je n'en sais rien ! Je ne sais même pas si je peux vous faire confiance alors... Je veux dire... vous êtes en train de me parler de magie et... »

Je tourne mon regard sur le côté, ignorant pour le coup les dernières paroles de Behati. Ah, voilà le bus. Vraiment, vraiment pas trop tôt. J'ai l'impression que ça fait plusieurs heures. Ce n'est certainement pas le cas, mais qu'importe. Puis, je redescends les yeux vers Behati. Elle aussi, elle a remarqué le bus arriver. Ah, oui, ça par contre, ça risque de clore notre discussion assez rapidement. Ça me gêne d'un côté, parce que quelque part, je lui ai un peu promis d'aller voir Ed. Mais en même temps, je dois rentrer au Canada. Et là-bas il y a aussi un autre devoir qui m'attend. Et me voilà en train d'hésiter pendant que le bus parvient jusqu'à notre hauteur. Me lever ? La laisser seule ? Bof, finalement, je n'en ai plus vraiment envie. Je dois, pourtant, mais à choisir entre revoir Edwin et aider Behati ou retrouver mon idiot de co-directeur et mes papiers, je préfère la première solution. Mais le devoir m'appelle vraiment. Alors, tout en apercevant un homme courir vers le bus, je décide de me lever. Je n'arrive pas à croire que je vais la laisser toute seule comme ça. Quelque part, je prie pour que quelque chose arrive, n'importe quoi, qui me donne une raison pour rester là. Une excuse, en quelque sorte.

Soudainement, un hurlement s'extirpe de la bouche de Behati. Sur le coup, j'en sursaute directement. Ça provoque un truc étrange. J'ai l'impression d'avoir eu une peur intense, un froid puis un chaud extrême. Ah ça, je sais ce que c'est pour l'avoir déjà vécu autrefois. Je respire profondément, pour calmer mes phalanges blanchies par mes poings serrés. Le chauffeur ne demande visiblement pas son reste et l'autre homme fait demi-tour. Si j'ai ressenti sa magie, c'est parce que je suis à côté d'elle. En tout cas, c'en était bel et bien. Et Behati le sait parfaitement, bien qu'elle ne l'associe pas à ce mot. Je me retourne, la fixe intensément. Un pouvoir hypnotique. Il y a beaucoup d'illusionnistes, mais beaucoup moins d'hypnotiseurs. Pourquoi, je n'en sais rien, mais c'est ainsi. Behati se frotte la gorge. Au moins, elle a bien conscience de son geste, même s'il se trouve être pour le coup un réflexe. Mais ça n'a pas l'air de l'enchanter. En fait, je dirai même l'inverse. Elle en a peur. C'est sans doute ça. Les hommes ont peur de ce qu'ils ne maîtrisent pas, de ce qu'ils ne connaissent pas. C'est tout à fait normal. Mais si cette chose existe, c'est que d'autres sont en mesure de répondre aux questions posées.

« Si... si vous prétendez être ce que vous êtes... si vous êtes vraiment un... enlevez... enlevez ça de ma voix s'il vous plaît... »

Je cligne des yeux, surpris par cette situation. Retirer... sa magie ? J'ignore même si cette prouesse est possible. Peu de gens souhaitent vraiment redevenir humains après avoir découvert leurs pouvoirs. Sa phrase sonne bizarrement à mes oreilles. Retirer un pouvoir. C'est impossible. C'est un peu notre être, notre nous qui fait que nous sommes encore plus différents des autres. Au lieu de le rejeter, il faut au contraire apprendre à l'apprécier. Il nous donne une force. Une nouvelle force pour affronter d'autres choses plus grandes encore. Il faut réussir à le lui faire comprendre, mais je ne sais vraiment pas par où commencer. Pour toute réponse, je lâche ma valise et vient me rasseoir tout près d'elle. Il n'y a même pas besoin de lire dans ses pensées pour sentir sa peur. Et moi mon rôle, c'est de commencer à la calmer. Je regarde devant moi, pose mes coudes sur mes genou et commence :

-Est-ce que tu as peur de moi ?

Elle pourrait me répondre oui, me répondre non, mais je penche plutôt pour la seconde solution. Non. Je n'ai pas de raison de faire peur, je n'ai pas une tête de tueur, c'est même plutôt l'inverse... et pourtant :

-Je suis un sorcier. Un magicien si tu préfères. Peu importe le nom que l'on me donne, l'issue reste la même. J'ai l'air gentil, mais j'ai déjà tué. Tu sais, dans mon monde... ou plutôt... dans ton monde aussi, il y a des gens qui, comme moi, ont tué et tuent encore. Il y a d'autres sorciers dedans. Les sorciers noirs. Eux, ils peuvent tout faire. Tuer des innocents ou non. Toi, tu as la chance d'avoir un pouvoir qui peut les arrêter. Ne considère pas ça comme une malédiction.

Au final, je ne l'ai certainement pas rassuré. J'ai même fait l'inverse. Ah, c'est difficile de parler de choses aussi sérieuses d'un air presque aussi insouciant. Elle me pose des questions, j'essaye d'y répondre, mais bien souvent je suis à côté de la plaque. Je n'ai pas l'habitude qu'on remette en question l'existence même de la magie. J'ai toujours été baigné dedans, depuis tout petit. J'ai parlé à plus de sorciers dans ma vie qu'à d'humains. Pour moi, le monde est celui de la magie. Et Behati me désarçonne à chaque nouvelle interrogation. Je passe une main sur mon visage, cherchant à trouver une nouvelle tournure de phrase. Heureusement, une me vient rapidement à l'esprit.

-Des fois, nos pouvoirs font écho à nos demandes ou à notre nature. J'ai toujours voulu savoir ce que les gens pensaient et un jour, ce don est arrivé. Ça n'arrive pas par hasard. Ces dons, ces pouvoirs nous protègent. Nous rendent aussi plus fort.

Voilà, c'est un peu mieux. Malgré tout, il me faut quand même répondre à sa question, car avec mes beaux discours, je ne suis pas sûr qu'elle comprenne vraiment. J'aime les belles tournures de phrases, mais je crois que je n'ai pas le choix pour l'instant.

-Cela dit, je suis absolument incapable de retirer ton pouvoir. Je doute même que ce soit possible.
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyMar 23 Avr 2013 - 22:41

    « Pourquoi tu restes dans ton coin ma chérie ?
    - ...
    - Tu n'as pas envie de jouer avec les autres enfants ? 
    »

Elle fixait sa mère droit dans les yeux tout en gardant indubitablement le silence, comme si le sujet de conversation ne l'intéressait aucunement. Elle voulait lui répondre quelque chose pourtant, mais c'était comme si sa langue était entravée par une barre de fer chauffée à blanc. Elle voulait lui répondre, lui dire tout ce qui la chagrinait depuis tellement longtemps.

Elle voulait que sa mère lui dise combien sa voix était jolie. Elle voulait que sa mère soit fière d'elle.

Mais sa bouche demeurait obstinément close.
Résolument close.

Alors sa mère lui sourit, peut-être un peu triste, lui caressa tendrement les cheveux et s'éloigna pour aller acheter des glaces.

Et elle l'abandonna une fois encore dans les tourbillons de sa mélancolie.

Muette et seule.

Qu'ils sont loin les superbes levers de soleil et ses couchers, plein de promesses. L'hiver se pare de gelées matinales et d'après-midis venteux, nimbés de lumière blanche sous des nuages de plomb.

La ville respire l’ennui sous un ciel bouché.
L'ennui et l'averse.

En profiter pour penser aux autres, les écouter et les lire. Absorber comme une éponge le monde pour le connaître à défaut de le comprendre. Respirer tranquillement, reprendre son souffle et calmer les battements affolés de son cœur. Lever le nez vers ce ciel bardé de nuages et de pluie, puis le regarder la rejoindre. Apaisée, enfin, quand il prend place à son côté, et faire comme si tout était rentré dans l'ordre en gardant les yeux rivés sur l'immensité au dessus d'elle.

Faire comme si tout allait pour le mieux alors que les effluves de son pouvoir bourdonnent encore en elle, dissonances grinçantes jetées sur une partition angoissante.

    « Est-ce que tu as peur de moi ? »

Peut-être. Oui ? Je ne crois pas. Ça m'étonnerait ! Je devrais ?

    « Non. Non mais quelque chose me souffle que je devrais avoir peur, que je devrais au moins me méfier de vous, même rien qu'un peu. Je sais ça et je le sais parce que j'ai appris à mes dépends que c'est quand on accorde un tant soit peu sa confiance que l'on finit par être trahi. Et déçu. Et blessé. Et j'en ai assez d'être considérée comme une moins que rien qui ne mérite que d'être trompée. »

Elle avait grandi à travers ses crises existentielles, appris de ses expériences, mûri au fil des années.

    « Je suis un sorcier. Un magicien si tu préfères. Peu importe le nom que l'on me donne, l'issue reste la même. J'ai l'air gentil, mais j'ai déjà tué. Tu sais, dans mon monde... ou plutôt... dans ton monde aussi, il y a des gens qui, comme moi, ont tué et tuent encore. Il y a d'autres sorciers dedans. Les sorciers noirs. Eux, ils peuvent tout faire. Tuer des innocents ou non. Toi, tu as la chance d'avoir un pouvoir qui peut les arrêter. Ne considère pas ça comme une malédiction. Des fois, nos pouvoirs font écho à nos demandes ou à notre nature. J'ai toujours voulu savoir ce que les gens pensaient et un jour, ce don est arrivé. Ça n'arrive pas par hasard. Ces dons, ces pouvoirs nous protègent. Nous rendent aussi plus fort. Cela dit, je suis absolument incapable de retirer ton pouvoir. Je doute même que ce soit possible. »

« Pourquoi tu restes dans ton coin ma chérie ?
- ...
- Tu n'as pas envie de jouer avec les autres enfants ?
 »

La peur ankylose ses membres en un battement d'ailes de papillon. Écœurement. Elle a une furieuse envie de crier quand une explosion de sentiments tous plus douloureux les uns que les autres envahissent son petit corps tendu et tremblant.

Elle se lève maladroitement avec un besoin impérieux de pleurer, hurler, s'enfuir.
Mais elle veut parler.
Elle doit parler.
Elle ne veut plus se taire.
Elle veut comprendre. Comprendre et savoir.

Elle glisse alors ses doigts tremblants dans la poche de son jeans et en sort un anneau doré, enfermé dans plusieurs petits sachets transparents. Elle laisse son regard voguer dans le creux de ses mains, les larmes à un millimètre de l'explosion. Elle aimerait mieux se dire qu’elle ne frissonne que de froid et que les perles qui pointent à l’orée de ses yeux ne sont que les fruits de l’hiver approchant.

Elle se veut forte, aussi forte que pourrait l'être une petite fille de 12 ans.

    « Vous savez ce que c'est ? Cet anneau, c'est tout ce qu'il me reste mon ancienne vie. Cet anneau, c'est ce qui a mis fin à mon innocence. Le point final. C'est ce qui m'a rendue malheureuse, triste, vide, aigrie et désespérée. Et vous savez quoi ? Cet anneau, en dépit de tout ce qu'il m'a apporté de sombre et de lugubre, de douleur et de souffrance, j'y tiens plus que ma propre vie. Si je perdais l'enveloppe qui contient la photo d'Edwin, j'aurais beaucoup de mal à m'en remettre. Pour cet anneau, je serais capable de me damner. Laissez-moi vous expliquer pourquoi... »

Continue. Et parle. PARLE NOM DE DIEU ! HURLE, CRIE ET RAGE CONTRE LE MONDE ENTIER MAIS PAR PITIÉ, NE TE REDUIS PLUS AU SILENCE !

    « Je déteste ma voix et, d'aussi loin que je me souvienne, je l'ai toujours haïe. Quand j'étais plus petite, je refusais de parler parce que j'avais peur d'influencer les autres. J'avais peur que, si jamais je demandais à quelqu'un d'être ami avec moi, il ne le devienne que parce que je le lui avais demandé. J'avais peur que l'amour de mes parents ne me soit dû que parce que je leur parlais. Je voulais être aimée pour moi, pour ce que j'étais, sans jugement et sans condition, et non pas parce que cette... cette chose pouvait exhausser mes moindres désirs. Alors oui. Oui, j'ai haï ma voix au point d'accepter toute forme de solitude, au point de me réduire au silence pendant de nombreuses années. Même face à mes propres parents. J'ai haï ma voix parce que j'étais terrifiée par ce que j'étais capable de faire. De leur faire. Pour autant, je m'y suis accommodée et maintenant, je parle comme on boit du petit lait. »

La ligne de sa bouche se fendit et le sourire qu'elle lui offrait se paraît d'un feu de toutes les couleurs, dépourvu d'agressivité. C'était la première fois qu'elle s'ouvrait à quelqu'un avec autant d'abandon et elle se disait que, peut-être, parler sans retenue allégerait ce poids qui trône sur sa conscience depuis tellement longtemps.

Oui. C'était la première fois depuis longtemps qu'elle avait l'impression qu'elle pouvait réellement être comprise par un autre qu'elle, sans être jugée de quoi que ce soit.

    « Vous m'avez demandé tout à l'heure si il n'y avait pas quelque chose qui m'attaquait le cerveau sans prévenir et je ne vous ai pas vraiment répondu : alors oui, il y a bien quelque chose comme ça dans ma tête et ça n'a aucun rapport avec ma voix si ce n'est le côté magi... anormal. Le côté anormal. »

Elle s'était rattrapée in extremis, pas encore tout à fait prête à croire aux dons et pouvoirs. À la magie, tout simplement.

Elle retourna s'asseoir auprès de lui et poursuivit, tendue :

    « Pour en revenir à l'anneau, sachez que c'est la seule chose qui me reste de mes parents. De ma mère en tout cas. Dis comme ça, ça pourrait être une sorte de lot de consolation à leur absence mais... hm... en fait, il n'en est rien. Vous allez peut-être comprendre pourquoi... »

… pourquoi toutes les histoires ne finissent pas bien.

Cela fait si longtemps qu'elle ne croit plus aux contes pour enfants qui parlent de dragons, de sorcières et de belles princesses à sauver, à ces mensonges si jolis que l'on raconte depuis la nuit des temps : la vie lui a toujours si absurde et dérisoire qu'elle n'a jamais vraiment compris ce qu'elle pouvait bien ici...

    « Vous cherchez peut-être la raison pour laquelle je l'ai mis dans des vulgaires sachets alors que j'y tiens tellement... ? Parce que je n'ose pas le toucher. Pourquoi ? Tout simplement pour m'en protéger : parce que je peux voir... des choses... des souvenirs. Oui. C'est ça. Je peux voir des souvenirs rattachés à une personne ou un objet. »

La chair de poule se déploya à nouveau le long de ses bras comme une désagréable cajolerie, et elle s'efforça de se vider la tête en se concentrant sur le son de la pluie crépitant au contact du béton : ses doigts étaient si raides et ses articulations si blanches qu'elle aura bien du mal à ouvrir ses mains pour les faire bouger à nouveau.

    « Ça a définitivement l'air d'un lot de consolation comme ça, pas vrai ? Je suppose que ça aurait pu l'être si ma mère ne l'avait pas porté le soir de sa mort. De leur mort. »

Elle déglutit, réprima de nouveau un tremblement tandis que ses dents suppliciaient sans fin ses lippes déjà martyrisées.

    « Vous comprenez où je veux en venir ? Vous comprenez pourquoi j'ai l'impression d'avoir été maudite le jour où j'ai compris que je pouvais influencer les autres, doublement maudite le soir où j'ai découvert ma capacité à voir le passé, triplement maudite quand le premier souvenir que j'ai vu a été la mort de mes parents et de ma sœur ? Parce que je les ai vu mourir. Tellement de fois. En direct. Pouvez-vous imaginer un instant ce que ça fait de voir cette scène, encore et encore et encore, tout en sachant que vous ne pourrez rien y changer ? »

Souvenirs, souvenirs : ce sont comme des tessons de verre profondément incrustés dans sa peau, raccrochés ensemble par des centaines de milliers d'épines.

Rêves brisés et promesses mutilées.

    « Il y avait des soirs où la douleur était tellement insupportable que je me fichais de ce que je pouvais bien voir, tant que je pouvais les apercevoir ne serait-ce qu'un instant. Alors je le serrais contre moi et je cauchemardais toute la nuit. J'entendais mes parents et ma sœur hurler de terreur tandis que la voiture prenait feu, et je voyais en direct l'accident, encore et encore. Ça ne m'empêchait pas de le tenir contre mon coeur jusqu'à m'en rendre folle à lier. Je crois bien être devenue folle, d'ailleurs, et chaque jour était un supplice. »

Ses souvenirs se cramponnent à son âme comme une noyée à sa bouée et guident son coeur vers une monstrueuse hécatombe. Nostalgie. Elle mouille ses yeux à chaque fois que ses pensées effleurent son passé avant de l'enfouir sous un tonnerre d'amertume.

Plus rien n'a ce petit goût de joie et de surprise désormais, seuls les frissons parcourent son corps désabusé. Que les larmes coulent sur sa joue. Que la pluie déverse toute sa haine.

Peu importe.

    « Je ne veux plus être terrifiée par des souvenirs qui ne m'appartiennent pas. Et je ne veux pas être un héros. Je n'en ai aucunement l'étoffe. Et je ne crois pas que j'en aurais la force. »

Plus rien ne sonne aussi beau à ses jeunes oreilles que la douce symphonie des instants passés.


Dernière édition par Behati Al Hattal le Jeu 11 Mai 2017 - 0:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptySam 2 Nov 2013 - 19:13

"Le temps s'en va, et pourtant tu es encore là."


Le ciel pleure, encore et encore. Plus j'y pense et plus je me dis qu'aujourd'hui c'est un temps de Merde, avec une grand majuscule. C'est ravi quoi, j'ai rien demandé d'autre que de rentrer chez moi. J'ai posté ma lettre à la poste, et maintenant me voilà assis à attendre le bus. C'est chiant. POurtant, à côté de moi il y a une petite étincelle de vie. Une petite étincelle qu'on croirait sortie d'un endroit tout noir. Toute fine, cachée sous l'abribus pour ne pas être éteinte par la pluie. Voilà un peu à quoi elle me fait penser. Pourtant, plus je la regarde, plus je me dis qu'en fait, elle n'a pas l'air si fragile. Elle ne sait juste plus où donner de la tête. Elle ne sait plus à quoi rime le chat qui traverse la route, ou bien le destin d'une goutte tombant dans les égouts au lieu du trottoir. On se pose beaucoup de questions, quand on est enfant. Moi-même, ça m'est souvent arrivé. Ça m'arrive encore quelquefois, quand j'ai rien à faire. Et là, je discute. Avec elle. Parce que je pense que je peux faire un truc, même si c'est infime.

Alors, je lui demande si je lui fais peur. Après lui avoir raconté pareille chose, c'est ce qu'une petite fille comme elle devrait ressentir. La peur, de l'inconnu, de soi-même. Qui suis-je ? Pourquoi je suis née comme ça alors que d'autres vivent une vie peinard ? Le hasard qui a fait se rencontrer une femme et une homme et qui par l'amour ont fait naître un enfant. La vie est un ensemble de hasard. Alors à quoi bon pleurer et se lamenter quand il est si facile de mourir. Quelque part, tant que l'on ne met pas fin à ses jours c'est qu'il y a là l'espoir de quelqu'un ou quelque chose pour nous sortir de notre misère, non ? J'espère pouvoir l'aider aujourdh'ui, même si elle ne m'a pas l'air d'être du genre suicidaire. Peut-être un peu mélancolique. Ou beaucoup même.

« Non. Non mais quelque chose me souffle que je devrais avoir peur, que je devrais au moins me méfier de vous, même rien qu'un peu. Je sais ça et je le sais parce que j'ai appris à mes dépends que c'est quand on accorde un tant soit peu sa confiance que l'on finit par être trahi. Et déçu. Et blessé. Et j'en ai assez d'être considérée comme une moins que rien qui ne mérite que d'être trompée. »

Je comprends ça, même s'il ne m'est que rarement arrivé de le ressentir. Je soupire. J'ai envie de répliquer quelque chose. En fait, je sais parfaitement quoi lui répondre, mais j'ignore comment elle le prendrait. Il faut que je réfrenne cela et que je prenne quelques pincettes supplémentaires. Je croise les mains et regarde devant moi. Oui, il fait vraiment un sale temps, pour sûr. Mais ce sale temps a quelques avantages. Je porte discrètement le regard à ma montre. Il est en retard, certainement ralenti par le flux incessant de pluie. Voilà, pour un malheur il y a un bonheur. Si je peux lui venir en aide, alors je le ferai quitte à rater mon bus et prendre le prochain. Après tout, le travail attendra bien.

-Ne me fais pas confiance dans ce cas. Contente-toi de croire ce que je raconte, car ceci est une vérité. cela pourra au moins te donner certaines réponses que tu recherches. Pour la suite, tu n'auras qu'à te faire une idée personnelle.

Et puis, quelques instants plus tard, Behati sort un paquet de la poche de son jean. Je ne peux m'empêcher d'être curieux et jette un regard. C'est un anneau. Un bel anneau tout simple bien empaqueté. Il a l'air peut-être minable, vu comme ça, basique sans doute, mais à voir le regard porté par la jeune fille sur cet objet, je ressens toute cette émotion. Cet objet a une forte valeur sentimentale. Certainement encore plus forte que tout ce que j'ai pu voir jusqu'à présent. On pourrait même y voir une entité s'en dégager, un lien se former entre l'objet et la demoiselle. Alors, je me tais, parce que je sais qu'elle va parler, maintenant.

J'écoute patiemment. Elle m'annonce que cet anneau a beaucoup de valeur à ses yeux, mais ça je m'en étais douté. Ce que je comprends moins dans l'immédiat, c'est ce qu'un simple anneau a pu faire pour rendre de sa vie un enfer. Alors forcément je commence à m'imaginer des choses. Un remariage, une mort, bref, tout ce que m'évoquait un anneau. Mais je stoppais rapidement mes pensées, afin de ne pas être perturbé par de fausses impressions. Elle s'apprête alors à m'expliquer le pourquoi du comment, alors je garde le silence. Alors subitement, elle parle de sa voix. De combien elle la hait. Je fronce légèrement les sourcils. Ce n'est pas bon pour le mental d'empêcher ses pouvoirs et dons de faire surface. Il faut apprendre à les occuper, à les maîtriser et puis elles deviennent une force qui ne tarit jamais. L'handicap se transforme alors en avantage. Mais Behati ne l'a pas encore compris. Je veux parler, et je vais parler. On ne me stoppe pas lorsque je dois m'exprimer.

-Ecoute, ta voix est une force. Tu ne dois pas la délaisser, car elle pourrait un jour te sauver la vie. Mais tu vois, aujourd'hui tu parviens à parler alors que tu avais peur à l'époque. Ton pouvoir évolue avec toi, et tu te dois de le maîtriser, de t'entraîner jusqu'à ce qu'il t'obéisse. Tu le vois comme la peste, alors qu'il est un don. Lorsque tu auras changé ton angle d'attaque, tout ira mieux, je peux te le promettre.

Voilà. Moi j'ai toujours eu de la chance. J'ai eu une famille pour me conseiller, pour m'aider à apprendre sans douleur. Behati n'a pas eu la même chance et visiblement, elle a dû vivre des choses atroces. Je n'ai pas fait le rapprochement avec cet anneau mais sans doute va-t-elle m'en parler par la suite. Néanmoins, je ne lui poserai pas la question moi-même. Si ça se trouve, elle ne souhaite pas engager la conversation aussi loin dans des souvenirs qui, semble-t-il, ne sont pas si joyeux et animés que ça.

Et puis, elle en vient à son pouvoir, même si je vois bien qu'elle a dû mal à assumer la magie. Ça ne m'étonne pas. Les enfants sont vite désabusés du monde magique lorsqu'ils trouvent le chemin de l'école. On les formate, et on leur fait comprendre qu'on a rien sans rien. Cette seule phrase occulte la magie en elle-même. Bref, elle est donc là, à me parler de cette chose qui attaque le cerveau, sans vraiment s'y attendre.

« Vous m'avez demandé tout à l'heure si il n'y avait pas quelque chose qui m'attaquait le cerveau sans prévenir et je ne vous ai pas vraiment répondu : alors oui, il y a bien quelque chose comme ça dans ma tête et ça n'a aucun rapport avec ma voix si ce n'est le côté magi... anormal. Le côté anormal. »

Même si ce n'est vraiment pas drôle, je ne peux m'empêcher de sourire. Elle s'est retenu au dernier moment de dire magique. Eh bien. Voilà qui promet d'être long. Behati est très rationnelle pour une fille de son âge. C'est une bonne chose en temps normal, mais pour pénétrer ainsi dans un monde où les lois d'Einstein ne sont pas forcément justes, c'est un gros problème. En général, les enfants magiques sont entourés dès leur plus jeune âge afin de les sensibiliser. Les orphelins sont envoyés au Mystery et tout va pour le mieux. Mais il y a toujours des personnes qui cherchent sans savoir, qui passent en sourdine ce qu'ils ressentent sans être aiguillés. Quelle douleur ce doit être. J'acquiesce à ses paroles. Plus de doutes possibles, elle possède véritablement un pouvoir. Et pas des moindres. Plier les gens à sa volonté n'est pas quelque chose de facile à comprendre, et donc à maîtriser.

Finalement, elle en revient à cette histoire d'anneau et je me montre une nouvelle fois encore très attentif. S'ensuit alors un long monologue. Je pense que ça doit lui faire du bien de se confier comme ça à un inconnu. Peut-être que je suis un peu plus qu'un inconnu, maintenant que je lui ai tendu la main. Elle m'annonce que c'est le souvenir de sa mère. J'acquiesce. Elle n'a donc plus de mère ou bien elle est en voyage à l'autre bout du monde. Ou bien eput-être a-t-elle coupé les ponts avec sa file. Quoique, à l'observer, je penche pour la toute première solution. Je me tais et poursuis mon écoute.

« Vous cherchez peut-être la raison pour laquelle je l'ai mis dans des vulgaires sachets alors que j'y tiens tellement... ? Parce que je n'ose pas le toucher. Pourquoi ? Tout simplement pour m'en protéger : parce que je peux voir... des choses... des souvenirs. Oui. C'est ça. Je peux voir des souvenirs rattachés à une personne ou un objet. »

Mes sourcils se froncent une nouvelle fois, soucieux. Comment a-t-on pu laisser filer une jeune fille comme ça dans la nature sans lui offrir un quelconque soutien ? Deux pouvoirs qui peuvent considérablement influencer une personne. Je ne peux m'empêcher de la prendre un peu en pitié, même si ce n'est pas dans mes habitudes. Pouvoir voir le passé. Quelque chose de difficile à assumer, de difficile à contrôler. Beaucoup d'entraînements, et des souvenirs déplaisants. Voilà ce que ça donnait en général. Je soupire.

Et puis, je me fige un peu. J'ai entendu le mot mort. Alors comme ça, je ne me suis malheureusement pas trompé. Elle précise plusieurs choses. Plusieurs morts. Une véritable hécatombe. Doucement, je parviens lentement à m'imiscer dans les pensées de Behati, sans même avoir à utiliser mon pouvoir. Elle se pense maudite. Oui, avant même qu'elle ne prononce ce mot, je l'ai déjà en tête. Je parviens à saisir tout ces maux insoutenable. Ça fait mal. Oui, ça fait vraiment mal. Pourtant, même si je ne peux pas imaginer la mort d'êtres chers tels que la famille, en revanche, je peux parfaitement me remémorrer d'horribles moments où les amis tombent comme des mouches face à des sorciers noirs. Je peux voir le dernier sourire d'un collègue avant de rendre son dernier soupir. C'est dur. Mais c'est certainement encore plus dur pour une fille de son âge. et je ne vais pas me risquer à lui dire que j'ai vécu ça bien plus souvent qu'elle ne le pense.

Elle poursuit encore et encore. Raconte qu'elle tenait parfois cet anneau pour revoir leur visage, quitte à s'en mordre les lèvres en voyant défiler pareille scène. Je trouve ça désolant, mais d'un autre côté, je la comprends. Aujourd'hui, si mes parents n'étaient pas là, je ne sais pas ce que je serai devenu. Alors j'essaye de comprendre, doucement.

-Il y a la douleur dans ces souvenirs, mais je suis certain qu'en approfondissant ce pouvoir, tu pourrais y voir d'autres moments. Tu pourrais te plonger un peu plus en arrière et voir ces visages souriants. En fait, j'en suis même certain. Pour chaque zone d'ombre, il y a un point lumineux. Il te suffit juste de tendre la main.

Je parle de manière quelque peu philosophique, mais ça m'est bien égal. C'est ce que je pense, voilà tout.

« Je ne veux plus être terrifiée par des souvenirs qui ne m'appartiennent pas. Et je ne veux pas être un héros. Je n'en ai aucunement l'étoffe. Et je ne crois pas que j'en aurais la force. »

Je décide de prendre les choses en main. Parce que ça ne plait plus, tout ça. Tant pis, mon travail attendra. Il y a plus urgent. Je me tourne franchement vers la jeune fille et lui lance un regard honnête, droit et ouvert avant de prononcer ces mots :

-Behati. Si tu cherches de vraies réponses, il va falloir te plonger dans ce qui te fait peur. Si tu le souhaites, je peux t'emmener dans une endroit plein de sorciers nommé Orpheo. Ils t'aideront comme ils m'ont aidé. Il y en a même qui ont les mêmes pouvoirs que toi, et Edwin y travaille. Tu pourras trouver ton bonheur, mais pour ça, il va falloir que tu fasses un pas en avant. Et un gros pas. Nous nous sommes rencontrés sous cet abri et je peux te donner des solutions ou bien prendre le prochain bus. À toi de voir, je ne te force à rien. Mais si c'est la confiance qui te fait peur alors tu peux oublier ce que j'ai dit plus tôt. Tu peux me faire entièrement confiance. Entièrement, et je pèse mes mots.

Il fallait que quelqu'un l'aide, et de suite.
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyJeu 13 Fév 2014 - 13:48

    « Il y a la douleur dans ces souvenirs, mais je suis certain qu'en approfondissant ce pouvoir, tu pourrais y voir d'autres moments. Tu pourrais te plonger un peu plus en arrière et voir ces visages souriants. En fait, j'en suis même certain. Pour chaque zone d'ombre, il y a un point lumineux. Il te suffit juste de tendre la main. »

Serré dans les bras de ce banc sous la pluie, ses espoirs réveillés malgré elle mais éparpillés à même le sol, là, sur le goudron jonché de flaques et de rosaces de cailloux. A ses pieds, il y a donc mille pas de monde, mille couleurs et odeurs uniques, en vrac organisé, en tri bordélique.

Et elle demeure silencieuse, terrifiée mais soulagée d'un poids trop longtemps porté, le cœur niché, blotti tout contre sa cage thoracique en signe d'un maigre mais vain réconfort.

Ses lèvres se pincèrent en une muette mais indicible supplique.

    « Vous... vous pensez... vous pensez qu'un jour je serais capable de voir au-delà ? De revoir mes parents sourire et ma sœur s'enjouer pour un rien, là-bas, à Pretoria ? »

Elle a les muscles endoloris, la tête en vrac, les neurones ébouillantés. Elle demeure aussi raide que la justice, sa tête devenue le débarras de plusieurs vies. S’y amoncellent des photos, des coupures de journaux, des poubelles, des projets, des ambitions, du bois flottés aux échardes douloureuses et des cercueils.

Et elle ressent le besoin intense de fermer les yeux, fort, de respirer, à gorge déployée, d’humer l’air de l’automne comme on goutte à la vie pour la toute première fois. Assise, elle pense à ce que sera demain si elle accepte de s'ouvrir à ce qu'il lui offre.

L'espoir.

Cette falaise où, comme une vague déchaînée elle s'y est écrasée. Tellement de fois. Trop de fois.

    « Je... je ne sais pas... je ne sais pas si je pourrais... si je pourrais replonger là dedans, dans ce souvenir, encore et encore... J'étais désespérée à l'époque, désespérée jusqu'à m'en rendre folle et je ne sais pas si j'en aurais la force... »

Elle est de ces monstres aux yeux perpétuellement fixés sur la ligne droite de l’horizon, de ces créatures difformes qui ne peuvent pas regarder autour d’eux parce que leur cou ne tourne plus.

Son esprit ne tourne pas rond, n'a jamais tourné rond, et son monde continue de se briser en vaguelettes serrés le long des murs.

    « La force de recommencer, franchir le pas, approfondir, tendre la main... J'ai trop peur d'avoir l'espoir. »

Elle fuit en avant, comme toujours, parce qu'elle sent encore au creux de sa chair toutes les larmes qu'elle a versé pendant deux ans. Et qui continue de couler malgré elle.

Oh ! Elles s'étaient taries et avaient séchées maintenant mais, rien qu'en fermant les yeux, elle pouvait encore sentir leur poids considérable glisser sur la peau tendre de ses joues.

    « Behati. Si tu cherches de vraies réponses, il va falloir te plonger dans ce qui te fait peur. Si tu le souhaites, je peux t'emmener dans une endroit plein de sorciers nommé Orpheo. Ils t'aideront comme ils m'ont aidé. Il y en a même qui ont les mêmes pouvoirs que toi, et Edwin y travaille. Tu pourras trouver ton bonheur, mais pour ça, il va falloir que tu fasses un pas en avant. Et un gros pas. Nous nous sommes rencontrés sous cet abri et je peux te donner des solutions ou bien prendre le prochain bus. À toi de voir, je ne te force à rien. Mais si c'est la confiance qui te fait peur alors tu peux oublier ce que j'ai dit plus tôt. Tu peux me faire entièrement confiance. Entièrement, et je pèse mes mots. »

Elle ouvre les yeux, le nez en l’air pour mieux respirer le ciel, tandis qu'elle se décompose.

Curieux vertige.

La pluie, reine et sereine, recouvre pudiquement le spectacle de ses gouttes, éclats d’infini, qui coulent le long des branchages et se fondent dans le silence métallique de la grande rue.

Elle erre, hagarde, au bord de son propre inconscient. Elle se voit poser sa main tremblante sur ses yeux, d'un geste totalement étranger, et rétorquer d'un air absent...

    « Mmh... »

Elle déglutit, se reprend un peu et murmure, incertaine.

    « Ça veut dire qu'au lieu de me retirer... de me retirer ça, on va... on va m'apprendre à m'en servir ? »

Ses doigts se pelotonnent et se lovent entre eux. Une sueur froide se faufile dans le creux de son dos quand elle pense à ce que ce petit mot, ce « oui », pourrait tout changer. Car elle se meure, au fond, de savoir si d'autres partagent aussi ses frayeurs et ses perpétuelles remises en question.

Et elle voudrait aussi libérer de ses cages noires et menaçantes ceux qui ont tenté de s'aventurer un peu trop loin des sentiers battus...

    « Ça veut dire que je vais devoir quitter Freja et Vinesh ? Parce que vous voyez, eux aussi ils sont maudits. Maudits d'avoir croisé ma route. Maudits d'avoir voulu prendre sous leur aile une petite fille un peu disloquée, un peu brisée. Mais en dépit de tout ce que nous avons vécu, ils méritent d'être heureux vous savez. Et ce n'est pas juste pour eux de n'être que pour moi un exutoire nécessaire à ma survie. »

Quant à lui faire confiance. Confiance...

Comment lui faire confiance, totalement, sans craintes et sans peur, alors qu'elle sait déjà que ceux qui partent ne reviennent jamais, comme si l’appel du large les happait ailleurs, loin d'elle et tout ce qu'elle traîne de sombre dans son dos ?

Il a promis de l'aider à retrouver Edwin mais pense déjà à la refourguer à d'autres comme un paquet dont on ne veut plus s'encombrer. Et elle ? Elle restera là, les bras ballants, à le regarder devenir un point sur son horizon.

Ils t'aideront, a-t-il dit. Faire un pas en avant.

Elle respire par saccade. Tout fourrage, se perd dans les méandres de sa confusion. Ses dents recommencent à martyriser avec entrain ses lèvres déjà torturées.

Elle trouve tout de même le courage de dire...

    « Quant à vous faire confiance... sachez que je vous fais confiance : pas entièrement et malgré moi, mais c'est tout ce que je peux vous promettre. Je n'ai jamais cru en personne avec abandon, pas même en moi. »

Est-ce que tu reviendras ?
Elle laisse cette question en suspens, retenue à un fil qui menace de se briser si elle se décide à ouvrir la bouche et ainsi oser poser cette interrogation acide, muette et creuse, inaudible et ressassée, vide de sens et lourde de sous-entendus.

    « Tout le monde finit par partir un jour, après tout. A chaque fois pour me laisser derrière. »
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyDim 7 Mai 2017 - 23:39

« Quand on n’a que la vie »

De la pluie. Toujours, et en grande quantité. Mes yeux se ferment puis s’ouvrent, observent tantôt les halos se former autour des voitures tantôt le petit bout de femme à côté de moi. J’ai l’impression que cela fait une éternité que nous parlons mais ma montre se montre raisonnable et cartésienne, son aiguille tournant en rythme saccadé et destinée à le faire jusqu’à épuisement. Le bus passe une fois mais me voilà forcé de choisir le suivant, surpris par le pouvoir si intense de la jeune demoiselle. Elle est puissante, plus puissante probablement que la majorité des autres enfants de son âge. Probablement dû à ses questions incessantes ou par le besoin viscéral exprimé par son pouvoir de s’exprimer, voilà le car qui redémarre sans demander son reste. J’ai froid, damn, j’ai vraiment froid à présent.

Pourtant, je me concentre de nouveau sur la jeune fille. J’ai cette sensation intrinsèque à présent de devoir l’aider, du mieux que je peux et malgré l’horaire de mon avion. Je pourrais prendre le prochain. C’est d’ailleurs ce qui me pousse à ne pas l’abandonner. Cette culpabilité qui naît et me fait comprendre que le prochain pour elle n’arriverait peut-être pas avant un certain temps. Elle commence à s’ouvrir, à me déballer dans un flux constant les peines et les douleurs qui l’habitent. J’identifie son don et son pouvoir et réfléchit aux décisions à prendre pour sauver Behati. Elle sort un anneau enfermé dans un sachet et m’en explique en quelque sorte l’origine. Je refuse de sonder ses pensées pour ne pas la brusquer ou risquer de découvrir quelque chose que je ne devrais pas savoir. Peut-être aussi par souhait de me protéger. Son esprit a l’air terriblement tourmenté.

« Vous... vous pensez... vous pensez qu'un jour je serais capable de voir au-delà ? De revoir mes parents sourire et ma sœur s'enjouer pour un rien, là-bas, à Pretoria ? »

J’incline légèrement la tête et affiche un sourire franc à peine masqué par mon écharpe. Mes yeux tentent de lui transmettre le courage, la persévérance et le bonheur. Je me sens d’humeur à lui exprimer tant de choses, tant d’avantages à pouvoir traverser le temps et sonder le passé des gens, le sien également. Mais je stoppe le flux de ma pensée et me limite à un « J’en suis persuadé » qui saura, je l’espère, se frayer un passage lumineux dans le tumulte de son esprit. Inutile de lui préciser que cela prendra du temps, qu’elle devra probablement passer par le pire pour trouver le meilleur. Elle n’avait besoin de rien d’autre qu’une main tendue vers elle et prête à la sortir de son enfermement. A n’en pas douter, la demoiselle avait largement les capacités de s’occuper d’elle-même si le premier pas avait été franchi.

Lentement, après un lourd silence, Behati poursuit le fil de ses pensées. Elle comprend malgré mes précautions qu’il lui faudra faire face une fois de plus à la douleur. Elle se sent démunie. Elle hésite. Je n’ai aucunement la prétention de comprendre son cas, aussi oublie-je tout parallèle avec ma propre vie. Elle perçoit la difficulté avant de comprendre que cela peut la mener à son propre bonheur. Faire face à ses peurs pour mieux les contrôler. C’est comme cela que fonctionnait les traitements contre les phobies. A la différence que la magie n’attendait pas pour se manifester et qu’il était compliqué de les éviter. Il lui fallait de l’aide et une bonne oreille pour l’écouter. Je sens la tristesse peser sur ses mots alors que mon sang bouillonne. L’envie de s’exprimer, de mettre fin à ce tourbillonnement d’incertitudes et de stopper la tourmente des plus jeunes. Je n’ai pas d’enfants, mais il est certain que je ne peux rester insensible à tout cela. Alors je m’exprime, la tourne face à ses problèmes en lui montrant les solutions. Il faut qu’elle réagisse. Qu’elle accepte, mais qu’avant tout elle s’accepte.

Son regard dérive pour se concentrer sur l’horizon face à elle. L’espace d’un moment j’ai peur d’avoir été trop strict, d’avoir brisé le peu de confiance qui s’était établi entre nous. Je me mords la lèvre et prit pour considérer cette absence d’échange pour un simple moment de réflexion. La demoiselle semble si rongée par ces séries de maux inqualifiables qu’elle en demeure pâle et incernable. Son unique geste consiste à se cacher les yeux. L’aurais-je fait pleurer ? Je me maudis bien cinq fois avant de l’entendre finalement poser sa question.

« Ça veut dire qu'au lieu de me retirer... de me retirer ça, on va... on va m'apprendre à m'en servir ? »

J’acquiesce.

-C’est grâce à ce don qu’il te sera possible de rechercher les souvenirs heureux et de ne plus te concentrer sur les autres.

Avec de l’entraînement, comme toujours. Elle enchaîne immédiatement pour me parler de deux personnes dont le nom m’est inconnu. Sans doute par-t-elle de sa famille d’accueil ? Je ne sais pas, et je ne cherche pas à savoir ce qu’elle ne se décide pas à me raconter. Il me serait si facile de plonger dans ses pensées mais je m’y refuse. Je n’arrive pas à déterminer le rapport qu’elle entretient avec eux, s’ils sont des personnes attentionnées envers elle ou non. Elle me signifie simplement qu’ils ont le droit « d’être heureux ». Je fronce légèrement les sourcils au sous-entendu selon lequel un sorcier serait une plaie pour son environnement. Sans doute n’est-ce pas la direction première de son souhait, mais je ne peux m’empêcher de le ressentir de cette manière. Elle veut, ou tout du moins souhaite quitter ces deux personnes ? En vérité, ce n’est pas quelque chose de difficile à accomplir, surtout en ayant des connaissances ou de la famille déjà dans le domaine de la magie. Je ne sais pas si Edwin accepterait de la prendre à sa charge, mais si elle vient à fréquenter le Mystery, cela règlerait tous ses problèmes en plus de l’ouvrir aux autres et de voir le verre à moitié plein. Cet endroit est un véritable Eden pour les enfants.

-C’est à toi de choisir la vie que tu veux avoir. Considère cela comme le droit à une nouvelle vie. Tu peux tout redémarrer si c’est ce que tu souhaites, il suffit de te sentir capable d’affronter la magie, ton don et tout ce qui s’ensuivra, petit à petit, à ton rythme. Ça n’a rien d’insurmontable et j’étais bien plus fragile que toi à ton âge. Tu es une petite demoiselle certes, mais à mes yeux, tu es une femme forte.

Elle reste, un moment, silencieuse. Je me sens plus léger de lui avoir annoncé le fond de ma pensée. J’admire vraiment ce petit bout d’humain, pour ce qu’elle semble avoir vécu, pour la puissance de ses pensées, pour son humanité. Nul doute qu’après son passage au Mystery ou bien auprès d’un tuteur, je l’accueillerais volontiers en tant qu’apprenti si la situation se présentait. Elle semblait pleine de volonté, prête à s’exprimer et ouvrir ses ailes pour peu qu’on lui laisse la place de s’envoler. Peut-être me fais-je simplement des idées, peut-être que je tente de me voiler la face et rendre le tout plus rose. Sans doute. Mais la demoiselle ne cesse de demeurer belle à mes yeux. Et je n’aspire qu’à la voir esquisser un petit sourire. Je détourne les yeux et rit de ma propre bêtise. Voilà que les scénarios futurs se présentent à moi, préparés et soigneusement travaillés. Ça ne se passerait certainement pas ainsi. Ce serait trop beau. Et pourtant, je me mets à espérer voir un futur rayonnant émerger de la petite dame. Le bonheur est tellement agréable à savourer.

« Quant à vous faire confiance... sachez que je vous fais confiance : pas entièrement et malgré moi, mais c'est tout ce que je peux vous promettre. Je n'ai jamais cru en personne avec abandon, pas même en moi. »

Je garde mon regard rivé sur la voiture d'en face. Puis baisse la tête. On dirait que la pluie commence à se calmer. « Fais-moi confiance », c’est si facile à dire et si difficile à obtenir. Elle a raison de se méfier malgré tout. Parce que c’est légitime, parce que personne ne ferait ça. Savoir que malgré ça, elle accepte de se laisser prendre au bras d’un inconnu rencontré sous un abribus, ça me fait chaud au cœur. J’en oublie presque la raison première de ma raison ici. Je sais que le prochain bus ne devrait pas tarder à arriver, vu le retard produit par le précédent. Je sais aussi que le QG d’Orphéo n’est qu’à deux arrêts de ce même bus. Je sais qu’en décidant de m’occuper de Behati, j’ai de grandes chances de rater mon avion. Je ferme les yeux.

« Tout le monde finit par partir un jour, après tout. A chaque fois pour me laisser derrière. »

Merde pour l’avion.
Merde pour tout le reste.
Je rabats mon écharpe pour mieux couvrir mon cou, ajuste mon sweat et fait tourner les roues de ma valise pour la positionner devant moi. Je jette un coup d’œil à ma montre. Quatre minutes environ. Ça nous laisse peu de temps, très peu de temps. Il faut songer à la conclusion, mais si la mienne est prête, je ne sais véritablement rien des opinions de ma jeune compagnie.

Je me lève pour m’accroupir face à elle, lui parler les yeux dans les yeux. Mon discours commence par annoncer mes aspirations. Croire que j’ai été capable de la quitter quelques minutes auparavant… cela me paraît si loin à présent. Quant à évaluer ce qui m’a fait changer d’avis, je ne le sais pas. J’ai été touché par ses quelques phrases, sans même la connaître. C’est étrange.

-Le prochain bus arrive dans quelques minutes. J’habite loin d’ici, au Canada. Je ne peux pas te prendre avec moi parce que je suis un inconnu qui n’a aucun droit sur toi, qui ne te connais pas, mais crois-moi que si j’en avais eu la possibilité, je l’aurais fait et je t’aurais appris tout ce que je sais…

Mais…

-Il y a ce bâtiment, le QG d’Orphéo, où travaille ton cousin. Je suis sûr qu’il t’acceptera à bras ouverts et saura te procurer tout ce que tu veux. Je vais t’emmener là-bas et je reviendrais te voir à chaque fois que je serais de passage à Londres. Quand tu seras plus grande, je te prendrais en tant qu’apprentie si tu ne m’as pas oublié. Comme ça tu verras que l’illustre inconnu rencontré sur un banc sous la pluie pourra devenir quelqu’un sur qui tu pourras compter.

Je me mets à chercher dans mon sac un papier et un stylo et y inscrit mon numéro de téléphone ainsi que mon adresse mail, range le tout avant de tendre le papier entre mon index et mon majeur.

-Je peux t’offrir cela mais il faut que tu me donnes ta réponse. Je n’insisterai pas si ce n’est pas ce que tu désires.

Je veux l’entendre me dire oui. De me dire que je pourrais l’aider, que je pourrais peut-être un peu contribuer à la faire sourire, en y apportant mon maigre soutien. Mais je sais que sans son approbation, il se peut que je prenne ce bus seul.

HRP:


Dernière édition par Allen Kristiansen le Jeu 11 Mai 2017 - 22:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyJeu 11 Mai 2017 - 0:00

    « C’est à toi de choisir la vie que tu veux avoir. Considère cela comme le droit à une nouvelle vie. Tu peux tout redémarrer si c’est ce que tu souhaites, il suffit de te sentir capable d’affronter la magie, ton don et tout ce qui s’ensuivra, petit à petit, à ton rythme. Ça n’a rien d’insurmontable et j’étais bien plus fragile que toi à ton âge. Tu es une petite demoiselle certes, mais à mes yeux, tu es une femme forte. »

Il rit.

Il rit et son rire la transporte un peu plus loin, comme pour éloigner le temps d'un instant ces mauvais souvenirs : mieux, il fait étrangement écho aux éclats de son père, joyeux, doux, avec du tendre dedans, quoique tenus et réservés. Et, si elle laisse un instant son imaginaire voguer entre chacune des lettres échappées de la barrière de ses lèvres, elle pourrait y trouver des rayons de soleil et des palmiers. Elle pourrait même presque apercevoir un bras de mer ou l'horizon d’un ailleurs.

Un bref retour à ses racines, un peu comme un pas sur le kaléidoscope d'un monde parallèle.

    « Femme forte je ne sais pas, même si j'avoue essayer de m'en convaincre, parfois... »

Elle a été si souvent prise au piège dans l'obscurité, entourée de forces malignes semblables à un écœurant remugle d'eau stagnante et de carnes putréfiées...

La chair de poule se déploie à nouveau le long de ses bras comme une désagréable cajolerie, et elle s'efforce de se vider la tête en se concentrant sur ses mains: ses doigts engourdis s'amusent à dessiner des machinales sur son banc pour calmer son trouble. Les révolutions, les volutes et les boucles semblent peu lui importer, mais il est à parier que si ces mouvements restaient gravés à même le fer, on y discernerait des raisons.

Et de bonnes.

    « Le prochain bus arrive dans quelques minutes. J’habite loin d’ici, au Canada. Je ne peux pas te prendre avec moi parce que je suis un inconnu qui n’a aucun droit sur toi, qui ne te connais pas, mais crois-moi que si j’en avais eu la possibilité, je l’aurais fait et je t’aurais appris tout ce que je sais… »

Elle reste silencieuse, leva les yeux vers le ciel pour s'y perdre à nouveau tandis qu'un sourire amer s'esquisse sur ses lèvres.

Que nos bras sont courts et nos mains trop frêles à tenter vainement de dissiper les désillusions comme des graines dans le vent. Devant les coups durs et les effondrements de la vie, les mots qui se veulent réconfortants paraîtraient presque frivoles.

Crois-moi. Si j'avais eu la possibilité. Je l'aurais fait.

Il aurait été plus simple de s'improviser dieu pour se faire maître de sa propre destinée et partager ces douleurs qui, divisées, se feraient moins dévastatrices....

… mais nous n'avons là que nos yeux pour larmoyer d'impuissance.

Inlassablement seul.

    « Il y a ce bâtiment, le QG d’Orphéo, où travaille ton cousin. Je suis sûr qu’il t’acceptera à bras ouverts et saura te procurer tout ce que tu veux. Je vais t’emmener là-bas et je reviendrais te voir à chaque fois que je serais de passage à Londres. Quand tu seras plus grande, je te prendrais en tant qu’apprentie si tu ne m’as pas oublié. Comme ça tu verras que l’illustre inconnu rencontré sur un banc sous la pluie pourra devenir quelqu’un sur qui tu pourras compter. »

Des grandes mains chaleureuses lui tendent un morceau de papier. De grands yeux noirs lui font face, sûrs mais bienveillants, tandis qu'elle jauge, un peu hébétée.
Elle ne sait plus si elle doit se méfier. Son regard vagabonde autour, ici et ailleurs, comme pour trouver une réponse cohérente.

Mais les mots lui manquent, le souffle aussi.

    « Je peux t’offrir cela mais il faut que tu me donnes ta réponse. Je n’insisterai pas si ce n’est pas ce que tu désires. »

A mon sens, l'aspect le plus étrange de ceux qui souffrent réside dans leur croyance en l'absolu de leur tourment. Comme s'ils en détenaient la jouissance exclusive, comme s'ils avaient concentré dans les limbes de leur esprit et la prison de leur corps toute la douleur du monde et en tenaient entre leurs mains le monopole suprême.

Un sourire étire ses lèvres.

Un rire franc lui échappe.

Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas rit avec abandon. Avec innocence.
Sans se forcer.

    « D'accord. »

Je serais bien orgueilleuse si je disais que cette pensée ridicule ne me touchait pas, quelques fois.

Parce que c'est le cas, je le reconnais.


Elle sourit, leva son petit doigt comme pour cimenter une promesse.

    « D'accord, Allen. Je m'en souviendrais. »

Je le reconnais.

Je le reconnais parce que j'y trouve un certain intérêt : la souffrance m'aide à m'oublier, à ne plus m'entendre, ne plus m'écouter, ne plus me demander ce que je fous là à courir derrière une vie que j'ai un mal de chien à supporter toute seule.


Elle se penche alors un peu vers lui et lui murmure comme on partage un secret.

    « Mais je dois de vous avertir -histoire que vous sachiez où vous mettez les pieds : votre destin sera scellé si vous promettez et, si vous êtes celui qui m'oubliez et bien... sachez que je saurais vous retrouvez, où que vous soyez. Et que je deviendrais votre apprentie quoi qu'il m'en coûte. Et que je ferais de votre vie un enfer. On m'a toujours dit que j'étais bornée : après tout, comment pensez-vous que je sois arrivée à retrouver mon cousin perdu depuis des années juste en étant assise sur un banc sous la pluie en compagnie d'un illustre inconnu ? »

Son ton est plus léger, un sourire taquin toujours étiré sur ses lèvres.

Seulement, il arrive un moment où je prends conscience de souffrances plus atroces, plus horribles encore : des souffrances monstrueuses, criminelles, inadmissibles, des souffrances commises par l'homme lui-même. Car au fond, je partage la même humanité et le même air de ces êtres capables de découper le vivant à l'amassette, de noyer des enfants, de massacrer la face des éléphants encore conscients et de dépecer pour de la fourrure et de l'argent ; je suis de cette race capable de brûler des hectares entiers de faune et de flore, de frapper à coups de poing et à coups de batte, d'assassiner sous couvert de justice, de soupirer devant l'image d'une fillette qui meure de faim à des années lumières de son confortable chez-soi, de violer, d'égorger, de torturer des innocents.

Je partage la même humanité de ceux qui crachent et insultent, trompent et trahissent, martyrisent et ravagent, condamnent et se vengent.

Et s'endorment juste après.

Je partage la même humanité qu'eux.

Alors, même si aujourd’hui je me sens encore si petite, si incapable d’être magicienne, au final, je ne veux pas oublier.

Au final, je ne veux plus dormir.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥]   Sur un banc sous la pluie... [PV SEXY BOY ♥] EmptyVen 12 Mai 2017 - 12:03

« Behati, tu es si jolie lorsque tu souris. »

Cette pensée effleure mon esprit dans un doux murmure, diffus et confidentiel. Puis, en se frayant un chemin à travers mon inconscient, elle s’impose progressivement comme une vérité. Une vérité générale. Oui, Behati, tu es si belle, comme un petit rayon de soleil perçant à travers l’épaisse brume de Londres. Peut-être est-ce pour cela que les nuages se scindent et que la pluie disparaît. J’ai toujours été très sensible au rire des enfants, mais le sien me procure autre chose. Une délivrance. Elle perce toutes mes barrières et se grave dans un chemin tout tracé jusqu’à ma mémoire.
J’ai l’impression d’avoir pu faire quelque chose pour elle. La promesse, cette précédente promesse, je la tiendrais. Parce que quelque chose s’est formé, à l’instant. Un sentiment particulier qui me traverse comme la caresse d’une vaguelette sur le sable des Caraïbes, douce et réconfortante. Une chaleur agréable. Face à elle, face à son sourire et son rire si aigu, mes lèvres se soulèvent instinctivement. J’incline légèrement la tête sur le côté et mes yeux se plissent, malicieux. J’aimerais lui dire à quel point cette nouvelle Behati a tellement plus de vie en elle, que son charme s’en trouve décuplé, qu’elle ferait certainement fondre le cœur de n’importe quel homme, mais je m’en retiens parce qu’il ne faut pas la brusquer, parce que je refuse de voir cette expression s’effacer trop vite de son visage. J’aime voir le bonheur sur le visage des autres.

Je me remémore ses paroles précédentes. Son manque de confiance en elle. Je me sens capable non pas de la changer, mais de l’aider, de l’épauler pour que cette confiance s’acquière et qu’elle ne pense jamais que j’en suis potentiellement responsable. Je voudrais lui prendre les mains, ou bien l’embrasser sur le front pour lui témoigner à quel point sa réponse pouvait tout changer, que je pouvais devenir un protecteur, un tuteur, un instructeur. Un paternel. Encore une fois, je ne dis rien, je ne fais rien. Mon invitation, la promesse de mes prochaines années, de nos prochaines années est à présent entre ses petites mains. Les miennes, posées mais affirmées, lui tendent ce petit bout de papier qui veut dire tant de choses et rien à la fois. Un contact. Une expérience. Un souvenir. Un futur.

« D'accord. »

Un simple mot, mais qui signifie tant de choses. Je ne peux m’empêcher de soupirer, évacuant un stress de chaque seconde. J’ai un peu perdu la notion du temps et je me rends compte au travers de ce soupir que ma respiration s’était stoppée l’espace d’un instant. Le soulagement, la délivrance et puis la joie. J’ai déjà eu affaire à ce genre de sensation par le passé, lors d’un accord risqué mais obtenu entre deux groupes aux idéaux opposés, au moment de déclarer mon amour pour une femme, d’être forcé de choisir entre deux solutions et au final de ne pas s’être trompé. Aujourd’hui pourtant, même si cela se rapprochait de ces cas de figure, ce n’était pas tout à fait la même chose. Ça ne concernait pas que moi, je n’étais pas non plus le seul sur qui se poserait les retombées dans le cas d’un mauvais choix. Elle pouvait en souffrir autant que moi si je ne m’en tenais pas à ma promesse.
Une promesse.
La voilà qui lève son petit doigt. J’observe un instant cette main en suspens dans l’air et me demande si j’ai le droit de répondre à cette invitation. J’ai subitement peur de faire quelque chose de mal, de l’amener à regretter son choix, de penser que cela n’en vaut pas la peine et de l’inciter à rester sous cet abribus. C’est avec une difficulté excessive que je me rends compte que plus elle se rapproche de moi et plus j’ai peur de la perdre. Nous ne nous connaissions pas. Pas du tout. Et maintenant, il me semble pouvoir reconnaître ses traits entre mille. Je sais que ce n’est qu’une illusion, qu’il y aurait certainement des hauts et des bas dans ce futur que nous voulions tout deux former. Sans doute l’agacerais-je quand elle deviendra mon apprenti, sans doute son caractère me tapera-t-il sur les nerfs à certains moments et que je maudirais cette promesse d’il y a quatre ans. Il était si facile de changer de chemin sur un coup de tête, une dispute lambda. Je ferme les yeux et y songe un instant. Je considérerai ce jour de séparation comme la fin de mon rôle. C’était tout à fait normal, les enfants finissaient par quitter leurs parents. Mais jusque-là, jusqu’à ce que ce jour fatidique arrive, dans huit ans, dix, quinze, peut-être plus, peut-être jamais, je serai là. Et l’on échangera, on se mettra à rire, je lui apprendrais des choses et elle m’en apprendra d’autres. Ainsi va la vie et cette vie me va.

« D'accord, Allen. Je m'en souviendrais. »

Mon regard reste ancré sur la main élevée en l’air. Je n’ose pas la toucher en connaissance de cause. Son pouvoir ou son don, peu importe, je ne sais pas s’il fonctionne sur les humains au même titre que les objets. Je n’ai pas eu d’enfance particulièrement malheureuse, je ne vis pas dans la misère, je n’ai certainement rien à cacher et à vrai dire, si elle pouvait ressentir ce que je ressentais actuellement, sans doute cela lui ferait-il plaisir, mais je refuse de déclencher une quelconque vision qui pourrait lui être désagréable. C’était assez ennuyeux en soi mais son plaisir passait avant le mien aujourd’hui. Un peu comme une fête d’anniversaire surprise.
Je passe le petit bout de papier dans ma main gauche pour libérer la droite et lève à mon tour mon petit doigt à quelques centimètres du sien sans rien ajouter de particulier. Je veux lui laisser l’initiative et ne m’en trouverais pas vexé si elle s’y refuse, en espérant secrètement qu’elle comprenne mon geste et ne le considère pas comme un refus de ma part. Elle se penche alors sur moi et me parle presque au creux de l’oreille, dans la confidence.

« Mais je dois de vous avertir -histoire que vous sachiez où vous mettez les pieds : votre destin sera scellé si vous promettez et, si vous êtes celui qui m'oubliez et bien... sachez que je saurais vous retrouvez, où que vous soyez. Et que je deviendrais votre apprentie quoi qu'il m'en coûte. Et que je ferais de votre vie un enfer. On m'a toujours dit que j'étais bornée : après tout, comment pensez-vous que je sois arrivée à retrouver mon cousin perdu depuis des années juste en étant assise sur un banc sous la pluie en compagnie d'un illustre inconnu ? »

Je ne peux m’empêcher de rire à mon tour. Me faire vivre un enfer. Qu’elle s’en étonne, mais elle n’est pas la seule à m’avoir fait ce genre de réflexion. C’est vrai, j’ai tendance à promettre. A promettre beaucoup, à m’investir et à jouer un rôle important dans la vie des gens. C’est plus fort que moi et cela se ressent par le don que je porte. Mais jamais au grand jamais je ne promets ce que je ne peux pas tenir. J’ai trop de respect pour la vie humaine et pour la cruauté qu’une promesse non tenue pourrait engendrer dans un esprit. Dans son esprit. J’inspire profondément pour reprendre un peu mon sérieux et soupire d’aise tout en ajoutant :

-… Eh bien dans ce cas, je te promets de tenir cette promesse. Comme ça, tu auras droit à un double bonus si je manque à mon devoir. Oh et je ne doute pas de ton entêtement, d’autant que ce n’est pas désagréable. Tiens. Si tu n’as pas de téléphone, Orphéo se chargera de t’en procurer un.

Je lui tends une nouvelle fois le morceau de papier sans le déposer dans ses mains. Puis, me relevant, je me saisis de mon téléphone portable et recherche le numéro du standard de la police magique d’Orphéo Londres. La tonalité retentit et avant le troisième bip, une voix de femme me répond.
-Allen Kristiansen à l’appareil. Oui. Oui, je sais. Non, je pars demain finalement. Bon écoute, c’est pressé là. Est-ce que Edwin est là ?... Ok. Merci, je dois passer le voir. Oui, préviens-le. Oui, maintenant. Merci. A tout de suite.
Je raccroche en soupirant puis dirige mon regard un peu plus sérieux vers Behati. C’est dingue de voir à quel point on se recentre tellement vite sur le travail, et qu’il est si facile d’afficher un visage professionnel. Je range le cellulaire dans ma poche arrière et relève la poignée de ma valise à roulette. D’un air un peu plus détendu, je m’adresse alors à Behati.

-Ton cousin est au QG en ce moment. Je vais te mettre en contact avec lui mais pour ça, il nous faut prendre le bus dans l’autre sens. Tu viens ?

M’apprêtant à avancer, je me stoppe une dernière fois alors qu’il me semble déjà entendre les roues du gros car crisser au loin dans un tournant.

-Au fait, tu peux me tutoyer.

Et sur ces mots, je me dirige vers l’abribus opposé au nôtre, sous une pluie beaucoup moins torentielle.
C’est l’histoire d’une rencontre sur un banc sous la pluie.
C’est l’histoire d’un futur proche et deux entités rapprochées.

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