RP Evènement : L'assaut des sorciers noirs

Pandora entendit un cri. Elle reconnut la voix de Mr O'Callaghan, professeur d'Allemand, de musique et de télékinésie. Elle crut entendre les mots "sorcier noir". Une angoisse monta en elle, et elle s'apprêta à sortir de son bureau. Se trouvant face à face avec Dorian Cross. Le chef de Croix, devant elle. Elle commença à combattre. Son expérience contrebalançait la force et la vigueur de l'homme, mais il finit par l'avoir par la force physique, et la mit à terre. Sonnée, elle l'entendit vaguement appeler des renforts. Elle tenta péniblement d'ouvrir les yeux. Elle vit que Peter Marks, un orphelin âge de dix-sept ans, fixer Dorian, elle voulu crier quelque chose. L'instant d'après, son front était percé par une crevasse rouge, circulaire. Il était au sol. La vieille femme retint un cri et se releva. Elle ne l'atteindrait pas grâce à la magie, ses dons n'étaient pas offensifs, et il l'aurait si elle tentait de poser des runes. Il avait trop d'alliés et elle était bien plus âgée que lui. Elle n'avait pas beaucoup de temps. Elle saisit une statuette qui se trouvait sur son bureau et le frappa à l'arrière de la tête. Il tomba. La sorcière s'apprêta à tracer une rune, mais une douleur fulgurante lui transperça le pied. Elle hurla, et retomba, vaincue. Il avait tiré une balle dans sa chair. Pandora eut seulement le temps d'apercevoir le sourire narquois du sorcier noir qui l'attachait quelque part, le visage de Declan, un couteau sous sa gorge, une menace dans les mots, avant de sombrer dans l'inconscience.

J'avais un mauvais présentiment en bordant les enfants, hier soir. Et, malheureusement, il s'est avéré exact. Cela faisait déjà quelques jours qu'on nous disait de faire particulièrement attention. Ils avaient raison. Cette nuit, le Mystery a été attaqué.

Je ne sais pas quelle heure il est quand mon téléphone et même celui de Shy se mettent à sonner en même temps. J'ai eu du mal à m'endormir, alors je râle abondamment en le prenant. Ce que j'entends, la voix paniquée, les cris en fond, me réveillent instantanément. Croix, Rosenrot, les sorciers noirs ont attaqué le Mystery. L'heure n'est pas à savoir comment, il faut mettre en sécurité un maximum d'enfant. Pour moi, ça commence par les miens. Alors on se dépêche avec Shy, Riri aussi, l'estomac noué, rassembler quelques affaires pour partir au plus vite. Je sais qu'elle n'aime pas ça, mais sur le coup elle n'y pense pas et moi-même je n'y fais pas attention, je téléporte nos enfants à Edimbourg, avec elle et Rhyan. Je sais qu'elle veut probablement aider le Mystery et, même si je suis bien plus rassuré de la savoir loin de Little Angleton, je lui dis quand même de m'appeler si elle veut que je vienne la chercher. Avant, il faudra quand même placer les enfants en lieu sûr. Même si Rhyan est là.
La suite est brouillonne, je me téléporte à tellement de reprises, en emportant autant d'élèves du Mystery que possible à chaque fois qu'à un moment, ma tête tourne et je suis obligé de m'arrêter. J'avoue, je ne me bats pas beaucoup. Parce que le temps que je fasse tomber un sorcier, un autre a le temps de tuer deux enfants. Je préfère abandonner le bâtiment et sauver des vies. On est plusieurs téléporteurs, mais cela ne suffira pas. On ne peut pas, au final, emmener tout le monde. Quelque part, je ne sais où, j'ai reçu l'ordre de sauver les mêlés en priorité. Parce que ceux-là sont tués, alors que les humains et les sorciers sont capturés. Comme je ne sais pas trop qui est quoi... J'ai fait ce que j'ai pu. J'ai vu des collègues tomber. Je ne sais pas où sont Mrs Mystery et Jonathan par exemple. Ou Nérys. Bon sang, ils viennent d'avoir Salim, j'espère que tout va bien pour eux.

Et voilà. J'ai continué jusqu'à être presque à plat, revenant finalement là où sont Shy et les enfants, aussi bien les nôtre que ceux que j'ai pu amener loin de tout ça. On a contacté Orpheo Londres qui nous a dégagé un avion en un temps record. Je ne sais pas s'ils ont pu envoyer des gens là bas, de toute façon ce doit être un peu trop tard. Les sorciers ont attaqué par surprise, le temps de les prévenir et qu'ils arrivent, ç'aurait été trop long. Nous sommes donc actuellement à Londres, les enfants sont pris en charge par Orpheo, les blessés aussi, on essaie de contacter nos amis pour avoir de leurs nouvelles. Je ne peux pas dire que ce soit très fructueux pour l'instant. Après, il faudra se battre pour récupérer le Mystery.

[RIRI. Taki t'embarque avec tout le monde mais si jamais tu veux en fait aller chercher Tyr ou je sais pas, tu peux très bien dire que Taki t'as ramenée à Little A pour ça. Et qu'il est revenu te chercher ou que vous avez trouvé autre chose. Ou que vous vous êtes faits attraper, voilà xD]

Attrapée. Ils l'ont attrapée. Qui ça ? Mais elle, Myaw ! La gamine, la petite-fille de Maurice, la... Sa presque nièce. Il en est venu à s'attacher à elle au fil du temps. Et cette nuit, les sorciers noirs ont attaqué l'orphelinat. Et la petite a été attrapée. Edwin a remué ciel et terre jusqu'à ce que quelqu'un le calme en lui apprenant la nouvelle. Enfin, ça a duré cinq secondes, après il est reparti en sens inverse en beuglant qu'il voulait un téléporteur sur le champ pour aller récupérer la petite. Voir Kurt l'a un peu calmé et ramené à la raison. S'ils l'ont capturée, c'est qu'ils n'ont probablement pas l'intention de la tuer maintenant. En faire une esclave, peut-être. Ed n'a pas l'intention de leur en laisser le temps, mais foncer dans le tas n'est certainement pas une bonne idée du tout. Alors il est allé donner des ordres, réunir autant d'informations qu'il le pouvait, des témoignages de ceux qui peuvent parler, pour tenter, déjà, de former un plan de contre-attaque. Frapper vite et bien. Quelque part, il soupçonne les sorciers d'avoir placé une taupe au sein du Mystery. Une taupe terriblement audacieuse, pour avoir réussi à tromper la directrice qui est lectrice de pensées, une femme connue dans le monde magique pour être très sage et avisée, à l'esprit très pointu. Cependant, chercher la taupe maintenant que ses alliés sont entrés... Il ou elle est probablement retourné avec eux. Cela dit, il faudra faire passer une inspection à tout le personnel, s'ils parviennent à récupérer le Mystery. Ils sont sans nouvelles de la directrice, mais quand ils en auront, Edwin lui en parlera. A elle ou à la sous-directrice. Pour l'instant, le plus urgent reste de s'occuper des rescapés.

La nuit tombe, petit à petit, mais je me dois de rester debout, et de finir mon travail. De rester à l'orphelinat, j'ai une grande mission à accomplir ce soir. Lorsque enfin, tout le monde est coucher, je me dirige vers la grande porte de l'ancienne bâtisse et l'ouvre. Ils sont là, tous. Je leur sourit et Dorian me sourit à son tour. Je crie, de tous mes poumons.

- A L’AIDE ! DES SORCIERS NOIRS DANS L’ORPHELINAT !

J'ai une couverture à préserver, car le Mystery n'est que la première étape. Je me fais alors assommer par le chef de Croix.

Je me réveille enfin, en ayant mal à la tête. Il cogne dur ce Cross. Me voici dans une salle. Au QG de Rosenrot d'ailleurs. Je suis bien loin de la fête. Mais je dois rester ici, n'aider personne. C'est sûrement un téléporteur qui m'a ramené ici. Et plus tard, je demanderais à quelqu'un de me taper un peu, histoire que j'ai l'air esquinté avant de revenir en Ecosse. Il faut jouer le jeu, il faut le jouer jusqu'au bout et à fond. En attendant, je n'ai plus qu'à attendre, pendant que d'autres s'amusent à tuer. Ou alors j'irais faire moi aussi un massacre pas loin. A méditer.

J'entends du bruit, beaucoup trop de bruit. C'est étrange, je fronce les sourcils et me lèvent de mon lit. Je suis en tee shirt et culotte mais je vais me balader comme ça. Je sors donc de ma chambre et me tourne vers les escaliers. Il n'y a personne, mais j'entends beaucoup plus de bruit qu'il y a quelques minutes. Je me rapproche des escaliers. D'ici, je peux apercevoir les autres étages. Et je vois du sang, beaucoup, beaucoup de sang. C'est énorme et surtout, ça me fait peur. Mais je me dois de descendre, pour savoir ce qu'il se passe, et pour aider si besoin. Je laisse alors mon don s'échapper, vagabonder dans tout ce qu'il trouve. Mais c'est un capharnaüm sans fin, je n'y comprends rien. Je sais juste que c'est grave.

Arrivée au rez-de-chaussée je vois des cadavres. Les larmes me montent aux yeux. Ce sont tous mes camarades, plus ou moins petits, qui avaient encore tant de choses à vivre. Et là, au bout du couloir, je vois Dorian. Nos yeux se croisent. Je rentre alors dans une colère noire et je ne peux pas m'arrêter, je me transforme. Étrange que ça arrive tout seul pour un pouvoir second, et je ne vais pas tenir longtemps, c'est le problème, mais je vais me battre, de toutes mes forces. Je fonce d'ailleurs sur lui, tous crocs dehors et lui saute à la figure. Et je m'incruste dans sa tête, tellement enragée que j'arrive à briser ses barrières, ou pas. Je m'en fiche en fait, je peux très bien hurler à travers un mur, je sais très bien qu'il sait ce que je pense.

VA T'EN SALETÉ !

Je lui matraque ça dans la tête, avec des insultes, des souvenirs de tout ce qu'il m'aura fait subir, et ça m'enrage encore plus. Je le griffe, je le mords, mais je sais très bien que je ne pourrais jamais le vaincre. Tout ce que je lui fais ne sont que des blessures superficielles. Et puis, je sais très bien qu'il ne ressentira jamais de pitié pour moi, parce qu'il n'a pas de coeur.

Je me réveille, en sueur. Je sens. Je sens que quelque chose ne va pas. Ça ne va pas du tout. Inquiétude, peur, colère, tristesse, vengeance. Trop de sentiments mêlés en même temps. De tout le monde en plus. Je réveille mon frère qui est à côté de moi dans mon lit. Je lui dis de se dépêcher. On s'habille en vitesse, enfin, je mets juste un gros pull au dessus de mon pyjama. On sort vite de la chambre. Une odeur de sang est présente. Très forte. Une odeur de brûler aussi. Et même de la chair brûlée. J'ai très peur, mais je me contrôle.

On descend vite les escaliers et là une horreur s'impose à mes yeux. Les gens sont tués, sous nos yeux. Et eux, se sont des méchants, des grands méchants. Je cherche une échappatoire, en tenant bien la main de Kily dans la mienne.

- Au secours ...

Un professeur arrive et nous emmène vers une salle, remplie d'autres étudiants. Essayons de s'en sortir ensemble. D'autres professeurs arrivent aussi, nous disent de rester cachés. Je crois qu'ils mettent des runes sur la porte, pour que se soit uniquement des élèves qui puissent la voir et l'ouvrir. Je crois. Et ils vont chercher les survivants, pour qu'on puisse rentrer sain et sauf, ou presque.

Les professeurs reviennent, pourtant des marques, des blessures. Ça doit être dur dehors. Je veux partir, partir. Je serre donc mon frère dans mes bras, je ne l'ai pas quitté et je sais qu'il est encore plus inquiet que moi, qu'il a encore plus peur. Nos professeurs nous demandent de nous rapprocher d'eux, ce que nous faisons.

Nous voilà alors dans un univers que je ne connais pas du tout. Ici, tout est blanc. Et il y a des hommes en costard cravate aussi. On nous explique qu'on est à Londres, au QG d'Orpheo. Très vite, on nous demande ce qu'il se passe. Mais moi, je ne veux pas parler, je regarde tout le monde avec agressivité. Je n'aime pas être ici, j'aimais bien être à l’orphelinat, je m'y étais habitué. Et là, tout s'est effondré.

La sonnerie d'alarme sonne. Ou d'alerte, comme vous voudrez. Tout le monde va voir de quoi il en retourne. Au même moment, un groupe se téléporte au sein d'Orpheo. Un petit groupe de personne, je peux les apercevoir. On dirait ... Des professeurs et des élèves du Mystery. Mais ils sont tachés, brûlés et couverts de sang. Il se passe quelque chose, de grave. Je vais donc voir, j'y cours, j'y vole.

On m'explique alors la situation. Les sorciers noirs ont envahis l'orphelinat, quiconque essaie d'y aller mourra. C'est une cause perdue. Mais on ne peut pas abandonner comme ça ! Il y a encore des tas de personnes là bas ! Et il y a aussi... Mes parents à Little Angleton, Fergus et Melody également, ainsi que tout un tas d'autres personnes. J'ai déjà perdu Kris, je ne peux pas perdre les autres personnes de ma famille. Le Mystery est peut être un nid infesté, mais il y a peut être une chance pour que Little Angleton soit sauvée.

- Ammenez moi au village.

Il accepte, mais il me prévient juste qu'il ne restera pas, ce que je comprends parfaitement.

Un plop plus tard, je suis au milieu du village qui commence à être en feu. Je prends peur, je ne pourrais jamais arrêter tout ça, jamais. Mais je me dirige en courant vers la maison de mes parents, je les prends, leur dis que c'est urgent et ils sortent, sans faire d'histoire, en courant. J'arrive ensuite chez Kris où il y a Fergus et Melody. Ils sont déjà prêt à partir. En même temps, Fergus a du le sentir. Je les tire dehors.

- Je vous amène aussi loin que possible. Débrouillez vous après, techniquement, vous ne devriez plus être en danger. Mais rejoignez tout de même Londres au plus vite, vous serez en sécurité. Allez au QG d'Orpheo, ou chez moi.

Mais Fergus se débat. Il ne veut pas partir, il veut rester soigner les gens. Je me bats alors avec lui, lui disant qu'il n'y a aucun espoir, les sorciers noirs sont partout, mais il insiste. J'ai déjà perdu ma soeur, je ne veux pas perdre d'autres personnes. Je ne veux pas qu'il reste. Il soigne peut être les gens, mais là c'est une cause désespérée. Un cause perdue. Je le supplie de s'en aller avec mes parents, mais il continue de me dire qu'il reste. A contrecœur, je le laisse rester. Je lui dis que quand je partirais, je viendrais le chercher. Et qu'il n'aura pas d'autre choix que de me laisser l'amener avec moi.

Je fais donc partir les autre en laissant entrer mon pouvoir en moi, ce que je m’apprête à faire demande beaucoup d'énergie et de concentration. Je gèle donc le sol, commence à tracer le chemin. Pose une rune de glace sur leurs pieds, pour que le chemin glacé continue d’apparaître pendant leur chemin. Il fondra tout aussi vite. Je commande alors aussi le vent d'hiver, le vent froid, le vent gelé. Pour les pousser. Le vent sera le premier à les guider, ça les fera même voler. Car je mets une autre rune pour que le vent les accepte. Se sera la glace qui prendra ensuite le relais. Ça risque d'être compliqué pour moi. Je ne sais pas où ils s'arrêteront, mais les sorciers ,noirs ne devraient pas être à leur poursuite avant un bon moment. Ils devraient donc avoir de l'avance. Et puis, qui ira pourchasser quatre humains quand on ne sait pas qu'ils existent ?

Aller famille. Maintenant, volez. Vous serez plus en sécurité.

Quelqu'un arrive. Je la reconnais, c'est une personne extrêmement recherchée : Louyse Cross. Hors de question que je la laisse passer. Je ne ferais peut être pas le poids, mais je ferais de mon mieux. Et j'essairais de me garder de l'énergie pour pouvoir partir. Bref, elle se rue sur moi, et moi sur elle, je crée donc une plaque de verglas glissante à ses pieds pour qu'elle tombe. C'est déjà ça.

Que le combat commence.

Je n'arrivais pas à dormir.

J'étais là, dos à ma fenêtre et genoux sous le menton, au beau milieu de ma chambre plongée dans l'obscurité, toute seule et triste.
Pensant à mon père.
A ce qu'il serait capable de faire pour me ramener auprès de lui.
A Rosenrot.
A Croix.

Sans comprendre comment, ni pourquoi j'avais choisi ce soir-là.

"A L’AIDE ! DES SORCIERS NOIRS DANS L’ORPHELINAT."

Il ne m'en fallut pas plus. Le temps qu'un frisson fasse son chemin sur la peau de mes bras et j'étais déjà élancée dans le couloir, mon Caracal et mes Glock à ma ceinture.
Parce que je me sais tireuse hors pair et que j'ai plus confiance en mes armes à feu qu'en mes pouvoirs.

Je n'ai plus qu'une idée en tête : rejoindre les dortoirs et faire évacuer le plus de gosses possible. Mon obsession. Mon but.

Sauf qu'une ombre se glisse sur mon chemin et, d'un coup violent dans le ventre que je ne vois pas venir, m'envoie valser contre un mur. A terre, le goût âpre du sang dans ma bouche me fait tousser et cracher mes entrailles. Des larmes de douleur me montent aux yeux tandis que je tente de voir à travers la noirceur de la nuit les traits de mon assaillant. C'est là que je distingue à ses pieds une forme distincte, que j'identifie comme étant un jeune garçon d'une douzaine d'années.

De là, une rage aveugle me prend aux tripes et je siffle un "espèce de..." en levant mon canon vers l'ombre qui me surplombe. Un coup de pied me désarme et une voix que je ne connais que trop bien s'élève, mielleuse :
"Je t'avais bien dit que nous nous retrouverions, ma très chère petite fille.

- Adrian..."

Il se saisit de mon bras d'une poigne de fer et m'oblige à me relever. Moi ? Je ne me donne pas la peine de résister, trop surprise pour faire quoi que ce soit.

"Pour toi, ce sera Papa et il est dans ton intérêt de me suivre gentiment.

- Désolée mais j'me contenterais d'Adrian et là, tu vois, je n'ai aucunement l'intention de te suivre où que ce soit."

Et alors que je tente de me dégager de sa prise, sa main se resserre et m'attire un peu plus contre lui tandis que je l'entends qui me murmure à l'oreille :

"Remy, il y a une taupe à Mystery."

Je lève alors les yeux vers lui, surprise.

"Pardon !?"

C'est là qu'une vérité me frappe entre les deux yeux.

Oh non...
Oh non...!

Un rire grave s'échappe de sa bouche et une chair de poule se déploie sous ma peau. Je suis raide comme un piquet et reste interdite.

"C'est bien. Tu es intelligente. Tu as tout compris toute seule, ma chérie.

- On va me soupçonner. Ils vont penser que j'y suis pour quelque chose parce que..."

Parce que...

"Parce que tu es une Sullivan et que, quoi que tu fasses, tu en restes et resteras une. Orphéo est une organisation de sombres idiots et, si cela se passe comme je l'imagine, ils vont très certainement te soupçonner : tu es au coeur même de Mystery et tu es une descendante de Noirs. Et ils leur faudra un coupable. Un coupable pour essuyer tout ce sang et pour éponger leur désir de vengeance. Une tête à lyncher, un sale traître à liquider. Et je suis sûr que tu feras parfaitement l'affaire."

Mon coeur palpite dans ma poitrine et je commence à trembler.

"Je n'ai rien fait ! Je n'ai rien à me reprocher !

- Et tu crois que ça leur suffira ? Tu penses qu'ils te croiront pour tes beaux yeux ? Parce que tu leur jureras que tu n'y es pour rien ? Laisse-moi rire...

- Pourquoi...? Pourquoi faut-il que ça tourne comme ça...?

- Il y a une solution à ton problème, ma chérie. Tu n'as qu'une seule échappatoire possible et tu la connais...

- M'enfuir ? M'enfuir avec toi ? Là dessus, je signerais mon arrêt de mort. Si je pars d'ici, ils vont prendre ça pour des aveux ! Et ça fait 100 fois que je te répète que je n'ai aucunement l'intention de devenir une sorcière noire !

- Ne t'inquiètes pas, je te protégerais. Tu es ma fille et la famille, c'est sacré. Alors viens. Viens avec moi."

Sa main glisse sur mon bras et bride mon poignet.

"Tout de suite.

- Laisse-moi simplement aider ce garçon."

Je n'attends pas sa réponse pour me dégager de sa prise et me diriger vers le petit corps immobile. Je m'enquiers de son pouls -faible- et soupire de soulagement dès que je constate qu'il est en vie.

De là, je me dis que je n'ai effectivement qu'une seule et unique solution : le suivre. Parce que ce n'est que comme ça que je saurais ce qu'il s'est réellement passé et que je pourrais laver mon nom de tout soupçon.

"Bon. Si tu me laisses emmener ce petit en sûreté, je te suivrais. Mais tu dois me laisser le sauver.

- Sa vie contre la tienne, c'est ça ?

- A peu de choses près, oui.

- Et bien soit."

Je hisse son corps sur mon dos et, pas franchement stable sur mes pieds, me faufile à travers les couloirs. C'est à ce moment là que je croise Craig dans les escaliers.

"Craig !

- Remy ! Qu'est-ce que...

- Pas le temps pour les questions ! Prends le gamin avec toi et partez le plus loin possible. Tout de suite ! Et dis-leur bien que je suis désolée !

- Désolée ? Mais pourquoi ?"

Je ne prends pas la peine de répondre et, tournant les talons à toute vitesse, retourne trouver mon père.

La surprise. Et le dégoût.
La lâcheté de ceux qui osent s'en prendre à des enfants sans défense.
Et qui poignardent dans le dos.

Que c'est beau d'être un Noir.

Un sourire amer étira la fine ligne de ses lèvres tandis qu'elle regardait l'illusion du leader de Croix, illusion qu'elle avait elle-même créé pour faire diversion afin de mettre hors d'état de nuire les intrus, s'évaporer sous ses yeux larmoyants.

Jon. Pandora. Les professeurs. Les enfants.

Comment était-ce possible ? Qui avait pu les trahir ? Qui pouvait jouir de voir couler tout ce sang ? Toute cette haine ?

Elle pénétra à nouveau dans la chambre qu'elle partageait avec son homme et son bébé, vêtue de sa simple chemise de nuit. Elle se précipita sur le berceau et tendit les bras vers Salim qui hurlait si fort qu'une nouvelle salve de larmes s'échappa de ses iris pour perler ses joues. Elle le prit dans ses bras tremblants et déposa toute une ribambelle de baisers sur son petit visage. Elle devait trouver un moyen de le mettre lui -autant que tous les possibles survivants- à l'abri.

Pour l'heure, elle devait réfléchir vite, et bien.

Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de penser que quelqu'un... que quelqu'un d'encore très attaché à sa famille avait dû conduire les Noirs ici...

"Remy... non... Non ! Tu n'aurais pas fait ça...! Tu n'aurais pas... Tu n'aurais pas osé !"

Soudain, un petit courant d'air lui frappa le dos et, tandis qu'elle se retournait sur un sursaut, elle serra son bébé un peu plus contre elle.

Quelqu'un venait de se téléporter. Ici.

Il était prêt.

Une fois encore, ses théories s'étaient avérées exactes, sans qu'il puisse agir suffisamment vite. Depuis l'attaque en Suisse, qui l'avait mis sur la piste d'un traître, il avait senti le mal venir, il avait vu les ténèbres s'amasser autour de l'Orphelinat. Et ce soir la tempête arrivait sur eux.

Survolant la scène en esprit, Maysar vit une trentaine de sorciers noirs rassemblés devant les portes de l'orphelinat. Il vit Mikeal O'Callaghan, le nouveau professeur, leur ouvrir la porte avant de se faire assommer d'un coup sur le crâne par le chef de Croix. Cet homme était-il bien le traître qu'il avait soupçonné d'être ? Il n'avait pas le temps d'y penser.

Il avait pourtant tenté d'empêcher cela ! Mais Pandora avait fait encore fait preuve d'un excès de confiance et de son entêtement à refuser d'utiliser son don pour surveiller son personnel. Il avait aussi averti Orphéo en leur demandant d'envoyer des hommes sur place pour protéger l'orphelinat, mais... encore une fois ces satanés conservateurs étaient intervenus. Yann Denkle lui avait tenu tête au conseil d'Orphéo, affirmant que les exorcistes avaient mieux à faire que de "partir en vacances en Écosse", et qu'ils devraient plutôt les envoyer s'occuper des Poltergeist de Russie puisque lui, Maysar, n'avait "pas été capable de résoudre le problème". Comme s'il avait prévu de se faire attaquer par Rosenrot juste au moment où il allait obtenir des résultats !
Eh bien voilà, c'était arrivé ! Et maintenant ils devaient se défendre seuls.

Maysar réintégra son corps en vitesse et sortit en trombe de son bureau, rejetant sa barbe derrière son épaule. Tout en parcourant le couloir à grandes enjambées, il passa la main dans sa poche pour activer les runes de protections tissées dans la doublure de son manteau. Il traversa le manoir avec une détermination sans faille, uniquement concentré sur son objectif : mettre le plus de monde possible en lieu sûr. Il monta quatre à quatre les marches de l'escalier, ignorant les protestations de ses genoux, sans même prêter attention aux cris qui retentissaient de toutes parts. Ils vit Sakura se transformer en panthère nébuleuse et se ruer sur Dorian Cross, mais il n'avait pas le temps de l'aider. Cette petite avait du potentiel, et était certainement celle qui était le plus capable de se défendre. Il devait plutôt se faire du souci pour les autres orphelins.

Il vit le cadavre du jeune Daniel dévaler l'escalier, la gorge tranchée. La sorcière noire qui l'avait froidement abattu regarda le corps d'en haut avec un sourire dément, avant de se tourner vers lui. Elle lui jeta son poignard, mais Maysar ne s'arrêta pas, laissant les runes arrêter le projectile. Il grimpa jusqu'au palier du deuxième étage, où l'action était à son comble. Les orphelins les plus âgés faisaient face aux sorciers, tentant de protéger les plus jeunes qui pleuraient et hurlaient de terreur. Déjà, les cadavres jonchaient le sol.

Sa détermination ne l'avait pas lâché un seul instant lorsqu'il plongea pour la deuxième fois la main dans sa poche, cette fois pour y retirer la bombe magique qu'il avait fabriqué des semaines plus tôt. Il la jeta à ses pieds, et prononça l'injonction avec autorité.

Le temps sembla ralentir, et tous les sons furent comme aspirés par le souffle de l'explosion, plongeant la pièce dans le silence. Car cet objet était tout le contraire d'une bombe. Les orphelins qui se trouvaient à porté furent eux aussi aspirés vers lui, certains traversant les murs et les plafond comme s'ils n'avait pas existé. Une sphère d'air tourbillonnant se forma tout autour du groupe, empêchant quiconque d'y entrer.
Maysar ne perdit pas de temps. Il ouvrit une grande fenêtre vers l'Autre Lieu.

Allez-y, entrez là-dedans. Vous y serez en sécurité. Mais ne vous éloignez surtout pas ! Je pars sauver ceux qui peuvent encore l'être et je vous rejoins.
Et... si ne reviens pas... suivez la lumière, elle vous mènera à une autre sortie.

Il referma la fenêtre au moment où la sphère de protection se dissipait. Aussitôt, il fut assailli par une dizaine de sorciers noirs qui le projetèrent sur le sol, le ruant de coups. Son corps lui faisait horriblement mal. Cette fois, son manteau n'était pas suffisant pour le protéger. Il avait déjà perdu beaucoup trop d'énergie. Il eut juste la force de passer une main dans sa poche et de prononcer un mot...

Une épaisse fumée noire en sortit, envahissant toute la pièce et faisant tousser ses agresseurs. Protégé des effets du fumigène, il se traîna faiblement vers la sortie de la pièce. Il se releva avec peine et descendit lentement les escaliers. Il vit Josh monter à sa rencontre pour le soutenir. Le pouvoir de l'infirmier lui fit immédiatement du bien.

- Merci... J'ai pu mettre un grand nombre d'orphelins en lieu sûr, mais il en reste encore... Tu as des nouvelles des autres professeurs ?

- J'ai vu Takeji se téléporter avec plusieurs enfants. Ils vont probablement rejoindre Orphéo. D'autres professeurs ont pu protéger un groupe d'orphelins dans une salle. L'Ordre va arriver d'une minute à l'autre pour les escorter en lieu sûr. On devrait les rejoindre avec ceux que tu as sauvés.

- Non ! Josh, nous avons été piégés ! Il y avait un traître parmi nous, et probablement aussi au sein même de l'Ordre ! Je ne sais pas quel jeu joue le président d'Orphéo Australie mais il a tout fait pour éloigner les exorcistes de l'orphelinat ! Il vaut mieux cacher les orphelins dans un lieu sûr...

- Dans ce cas... retournons auprès des enfants avant que les sorciers noirs ne reviennent.

- Attends ! Et les autres ? Little Angleton a du être attaqué aussi ! Et Pandora ? Tu as des nouvelles de Pandora ?

Il sentit son coeur cogner dans sa poitrine en voyant l'infirmier baisser la tête.

- Elle... elle est tombée. Je les ai vus l'emmener en dehors, mais je n'ai rien pu faire...

Sans plus attendre, Maysar quitta son corps et s'éleva en esprit jusqu'au-dessus de l'orphelinat. Il repéra un groupe de sorciers qui emmenait des prisonniers sur le chemin de Little Angleton.

Ils étaient bien trop nombreux pour qu'il puisse tenter quoi que ce soit...

Il plongea néanmoins vers eux pour identifier les victimes. La directrice était parmi eux, portée comme un vulgaire sac par deux sorciers noirs. Il la vit entrouvrir faiblement les yeux...
Alors il vola vers elle et lui traversa la tête avec une unique pensée.

Je te retrouverai, Pandora.

Il repartit, sachant au plus profond de lui qu'elle l'avait entendu.

Le chaos, cela ne ressemblait à rien si ce n'était le chaos. Je m'étais levé dans la nuit pour aller réconforter un voyant de quatre ans qui ne cessait de pleurer. Il disait que la mort lui touchait la peau. Les enfants possédant ce don de cet âge là ne savent pas le contrôler et comme tous les voyant, peuvent observer des choses sur l'avenir qui sont toujours modifiables. C'était ce que je lui répétais. Et puis on ne sais jamais quand cela va réellement arriver. Peut être aurait-il cent quatre-vingts dix-sept ans et la mort l'emporterait tranquillement dans son sommeil. Il pleurait contre mon corps, dans un couloir désert quand le cri de Mikeal retentit. Je déboulais les escaliers, l'enfant dans les bras et le vit se faire assommer par Dorian Cross. Mon sang ne fit qu'un tour et je me téléportais, l'enfant dans les bras, à Édimbourg. C'était le plus loin que je puisse aller pour pouvoir faire plusieurs aller retour. On m'accueillit avec un étonnement et je demandais à voir Declan Mystery immédiatement. Son assistant, Tom, secoua la tête d'un air négatif, navré. Monsieur Mystery disait-il, n'avait pas été vu depuis plusieurs jours et le délais avant de le déclaré disparu aurait été dépassé le lendemain. Je rageais, déposais le petit Max qui hurlait de terreur, le laissant au bon soin des exorcistes pour retourner à l'orphelinat. Je me téléportais directement dans notre chambre. Je la vis, elle avait l'air terrorisée, serrant Salim dans ses bras. Et alors que le chaos résonnait, je fus soulagé de la revoir.

- C'est moi Nérys ! C'est moi !

Je ne pris pas le temps de voir qu'elle me reconnaissait pour lui empoigner doucement le bras en tenant notre fils et me téléportait à nouveau à Édimbourg. Je lui promis de revenir, mais je devais sauver des enfants d'abord. Quelques aller retour plus tard et la tête me tournais déjà mais je venais de sauver quatre mêlé et un humain. Je vis Josh parler avec Maysar. Ils parlaient de Pandora. Mon sang se figea et je pensais par association d'idée à son apprentie, à Luka. Little Angleton était aussi à feu et à sang, mais Luka vivait assez loin pour ne rien savoir. Je me téléportais rapidement chez elle, à la maison sur la falaise.

- LUKA ! LUKA !

La jeune femme n'était pas là. Je remarquais soudainement des indices montrant qu'elle était partie dans la précipitation. Peut être que si, finalement, elle était au courant. Je me rendis compte que je n'avais plus beaucoup de force, seulement pour un dernier voyage. Je reviens au Mystery, au bord de la nausée, les cadavres d'enfants, d'adolescents et de professeurs jonchant le sol. Il y avait ceux qui avaient voulu protéger et ceux qui étaient humains ou mêlés. S'ils capturaient apparemment les humains, ils se fichaient de les garder en vie, les mêlés n'avaient pas cette chance. Je vis soudainement Dorian et Sakura. Mon apprentie n'était pas en très bon état et elle venait de perdre conscience apparemment. Mon apprentie. La rage déforma mon ventre et faillit me faire rendre mon dîner. Rage et fatigue ne font pas bon ménage. Je me jetais sur le sorcier noir pour essayer de sauvez Sakura. Cependant il devint évident que je ne pouvais rien faire. Plutôt que de me blesser plus, je pris la déchirante décision de laisser la jeune femme ici. Il la laisserait en vie, j'en étais sûr...

- Je reviendrais Sakura...

J'attrapais alors un enfant couvert de sang, une large plaie dans le dos. Un mêlé. Jetant un dernier regard noir à Dorian, je me téléportais.

Je ne dormais pas quand c'est arrivé. Le SMS n'a pas tout de suite attiré mon attention, je préférais me concentrer sur ce devoir de littérature. J'avais décidé d'aller à la faculté de Lettres, je ne savais pas encore laquelle. En attendant, j'aidais une professeur de lettres du lycée pour corriger ses copies et donner mon avis, faire les corrections. C'était sur une de ces corrections que je planchais depuis des heures. La tête commençant à me tourner, je décidais de regarder le SMS de Louis.

Sorciers noirs au village, Croix et Rosenrot, Mystery attaqué.

Mon sang ne fit qu'un tour. Je rangeais rapidement les affaires, attrapait le sac qui traînait dans un coin de l'armoire de ma chambre. Depuis ma mésaventure chez les Cross, j'avais appris qu'il fallait toujours avoir sur soit de quoi partir. J'attachais précipitamment mon holster et vérifiais que la sécurité de mon desert eagles n'était pas désenclenchée. J'y attachais également deux chargeurs. Je sanglais autour de mon autre cuisse deux poignards et attrapais le fourreau de mon sabre que je passais en bandoulière. Un mal de ventre me prit. C'était une peur sourde et affreuse. Je sortie en trombe de la maison. Dorian apprendrait bien trop tôt que j'y habitais et il n'y trouverait que quelques affaires, rien d'important. Courant dans la nuit, je résistais à la tentation sauvage de me transformer en panthère noire : je risquais de perdre toutes mes armes et de ne plus pouvoir porter mon sac. Arrivé à une sorte de cachette en plein milieu de la forêt du domaine de Little Angleton, j'y déposais mon sac et cherchais à reprendre mon souffle. L'attaque devait être presque finie. Cela faisait une demi-heure au moins que je courais : la maison était éloignée du village et de l'orphelinat. Une demi heure d'horreur sans doute. Je me retins d'y penser, je n'avais pas le temps de pleurer, il fallait que je pense à ce que j'allais bien pouvoir faire. Si je restais trop longtemps dans les parages, j'allais me faire tuer à coup sûr !

Tu crois, tu vois, tu choix.
Tout cela n'est pas ton choix.
Tremble dans le noir.
Jusqu'au désespoir.

Cette nuit, j'ai été arrachée de mon rêve par un cri. Un cri horrible, presque aussi horrible que dans certains de mes cauchemars. J'ai ouvert les yeux et il faisait encore tout noir dans la chambre. J'ai eu peur, vraiment très peur. Au début, j'ai cru qu'il y avait un incendie, j'ai déjà été dans des cauchemars avec des maisons en feu et ça commence souvent comme ça ; du feu qui monte, des gens qui paniquent, qui crient, beaucoup de peur. Mais ce n'était pas ça, c'était bien pire. Mon coeur battait beaucoup trop vite pour moi, j'avais envie de pleurer et de me cacher sous les couettes. Que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve. Mais je savais que c'était la réalité ; une réalité qui pour une fois était bien pire que le monde des rêves.

Pour moi qui n'ai jamais aimé dormir.
Je donnerai tout à présent.
Pour juste fermer les yeux.
Et ne plus me réveiller.

Une fille plus grande de ma chambre m'a pris par la main et m'a tiré à sa suite. Il fallait fuir le plus vite possible. Ma licorne rose serrée dans mon autre main, je l'ai suivie sans réfléchir. On courait, courait, mais partout il y avait des cris, des gens qui se battait, du sang. On est arrivée dans une salle ; un cul de sac. Des pas, j'ai entendu des pas. Quelqu'un venait. Mélissa, la grande qui m'avait attrapé par la main a regardé autour d'elle. Elle m'a poussée sous une table dont la nappe pendait jusque vers le bas. "Ne bouge surtout pas, promets le moi" m'a-t-elle demandé. J'ai acquiescé de la tête et elle m'a sourit. Ça devait être la dernière fois qu'elle souriait de sa vie. La nappe est retombée jusqu'à frôler le sol. J'avais envie que Ange soit là et qu'il me prenne dans ses bras.

- Aaaah... Ça pue la mêlée par ici et Anja n'aime pas beaucoup les mêlés...

Une voix froide dans toute cette nuit. Mélissa était en danger, il fallait que je fasse quelque chose. Puis je me suis souvenue de la promesse que je lui avais faite. J'ai mis mes mains sur les oreilles et j'ai serré aussi fort que j'ai pu. Pour ne plus rien entendre. Pas les cris. Pas les menaces. Pas la mort. Je n'avais pas envie d'entendre, mais je pouvais sentir. Une odeur métallique. La même odeur que lorsque je tombe de vélo dans l'allée du Mystery et que je m'écorche les genoux. Pourrais-je encore faire ça plus tard ? Faire du vélo ? Jouer au Mystery ? Puis après l'odorat est venue la vue. Une flaque rouge coulant jusque sous la table, imprégnant la nappe blanche et glissant jusque moi. Mélissa était morte.

Elle n'avait que 13 ans.
Elle était gentille.
Elle était mêlée.
Et ils l'ont tuée.

J'ai eu envie de me lever, de protester. Mélissa était morte. Mélissa était morte. Comme maman. Mélissa était morte et je n'avais même pas le droit de la défendre. Je ne pouvais pas, je ne savais pas. J'ai senti quelque chose bouillir en moi. Mélissa était morte. Mélissa était morte. Je devais retenir mes sanglots, être invisible. J'avais promis à Mélissa. Qui était morte. Mélissa était morte. Un sanglot a écorché ma gorge. J'ai retenu ma respiration. Le coin de la nappe blanche s'est relevée et une femme d'une vingtaine d'année m'a fait face un grand sourire sur les lèvres. Plus loin, le coeur de Mélissa ne bougeait plus, une grande fleur écarlate au milieu du ventre, les yeux fermés, presque calme. Mélissa était morte.

- Toi, tu viens avec moi. Tu pourras nous être bien utile.

Mélissa était morte.

« I wanna play the game, I want the friction »

Tu te balades dans ce carnage un grand sourire au bord des lèvres. Ton père t'a dit de participer à cette attaque. Il a envoyé Redwan et toi. Juste vous deux, comme s'il avait enfin confiance en toi. Tu sais que tu n'as pas le droit au moindre faux pas. Il faut que tu fasses plaisir à Anja et à ton père. Que tu leur montres que tu es à la hauteur.
Tu aperçois déjà Redwan un peu plus loin en plein combat avec un professeur. Tu ne te fais pas de soucis pour ton frère ; tu sais que c'est un psychopathe né pour ce battre. Il aime ça lui le goût du sang, les blessures ancrées profondément dans ta chair, les coups qui font mal. Tu n'as pas besoin de l'observer pour deviner le sourire orgasmique sur ses lèvres.

Tu te retourne et observe la scène autour de toi. Le personnel du Mystery n'a aucune chance face à vous. L'attaque est bien trop rapide, numériquement supérieure. La seule chose qu'il reste à leur ennemis à faire c'est de s'enfuir et de sauver le maximum d'élèves.
Les ordres d'Anja ont été clair à ce sujet ; capturé les sorciers et les humains et tuer les mêlés. Encore fallait-il les attraper ces garnements. Tu attrapes la rampe de l'escaliers, y laissant une trace sanguinolente datant d'un précédent combat contre un mêlé de 16 ans qui a cru pouvoir s'élever contre toi.
Il te faut trouver le plus d'orphelins possibles. Anja sera fière de toi. Dorian peut-être aussi. C'était la première fois que tu le voyais aujourd'hui et tu l'as trouvé très séduisant. Tu aimerais bien qu'il te prenne comme amante, surtout maintenant que Croix et Rosenrot sont alliés. Actuellement tu n'as que Mike. Il est marrant, certes, se débrouille plutôt bien au pieu, mais tu sais qu'un seul homme ne suffit pas à te combler.

Tu arrives au deuxième étage et c'est là que le sentiment te prend en pleine gorge et te donne envie de vomir. Une peur, un peur beaucoup trop grande pour le petit être qui la porte. Tu n'as qu'à suivre l'odeur de ce sentiment pour attraper l'enfant, voir le tuer.
En faisant tourner la poignée de la porte, tu sens la peur exploser un peu plus. Dans la pièce une fillette d'une dizaine d'année se tient face à toi, les poings serrés et un regard déterminé. Comme si elle espérait te battre.
Pauvre petite. Pauvre enfant qui pue la mêlée.

- Aaaah... Ça pue la mêlée par ici et Anja n'aime pas beaucoup les mêlés...

Tellement petite, tellement innocente. Tu regrettes presque de tuer une enfant aussi jeune et insouciante. Elle devrait être en train de dormir dans sa chambre à côté de celle de ses parents à cette heure ci. Mais elle n'a plus de parent. Elle n'a même plus de chambre. C'est sans doute les sorciers noir qui lui ont tout pris.
Et ils vont encore lui prendre la vie.

- Excuse-moi, c'est pas contre toi.

Ton sourire psychopathe se radoucit presque alors que tu t'approches d'elle et que tu plantes ta lame dans son ventre, remontant pour sectionner ses entrailles, serrant son corps contre toi, pour l'empêcher de tomber. Tu la poses doucement contre le sol, comme une marionnette à qui on aurait coupé ses fils. Ta main blanche effleure doucement son front alors que l'enfant se meurt pendant que tu fredonnes. La douleur se mêle inexorablement à la peur qui embaumait déjà la pièce avant de se mourir comme des pierres d'étoiles sur les rochers. Mais la peur elle ne meurt pas, toujours présente dans l'air.
Tu n'es pas seule dans la pièce. Alors tu te relèves, ton regard fouillant la pièce aux bien trop nombreuses cachettes. Tu tends l'oreille en espérant entendre une respiration, un soupir, un mouvement.
Un sanglot.
Un sanglot sous la nappe blanche teintée de rouge. Le sanglot d'une toute petite enfant. Alors tu te penches et tu soulèves le bas de la nappe pour te retrouver face à...

Elle lui ressemble tellement. C'est elle. C'est cette folle qui t'a volé ton frère. Cette folle en plus petite.
Est-ce sa soeur ? Sa fille ? La fille de ta soeur.
En tout cas elle est humaine et tu te dois de l'épargner. Tant mieux ; tu n'aurais pas eu coeur à tuer celle qui pourrait être ta nièce.

- Toi, tu viens avec moi. Tu pourras nous être bien utile.

Peut-être qu'Anja en saura plus ? Non, elle ne voudrait jamais lui dire. Il lui faut absolument convaincre son père de prendre une nouvelle esclave.
Qui est cette enfant ?

Je ne dormais pas, comme souvent. Ces cauchemars allaient t'ils partir un jours?
J'étais dans l'une des salles de classes, Rapsody était posé sur l'une des tables et moi j'étais assise sur l'encadrement de la fenêtre, je dessinais un dragon. Un peu plus d'un ans c'était écoulé au mystery depuis ma venue en décembre dernier. A présent je réussissais à faire apparaitre des choses basiques et à faire en sorte qu'ils restent stable. Mais il fallait que je pratique les choses plus grosse, moins communes... Rapsody s'agita et commença à hululer. Je compris alors que quelque chose n'allait pas. Un faible lueur se dirigeait vers le mystery. Et un cris, des cris d'enfant qui pleuraient retentirent dans tous les coins. Je pris mon calepin et couru dans les couloirs sombre, mon hiboux me précédait, m'avertissant des venues. Je voyais les lumières rougeoyantes se refléter sur les murs. Je trébuchai. Le corps d'Amélie, était au sol. Elle n'avait que 15 ans. Un larme coula contre ma joue, mais il fallait que je continue, je ne pouvais pas m'arrêter. Je secoua ma tête tentant de faire taire mes larmes et je repris ma course de plus belle.
J'allais vers les chambres, vers les plus petits. Un homme me vis, il me manqua de peu avec son arme, et moi je courrais, je courrais... Des pleures saccadés me freinèrent, le petit William était là, caché derrière le placard tétanisé. Je m'approcha en lui tendant la main.

- Viens, viens on y va! Il faut partir William!

Je tentais de le réconforté. Soudain il se tue, je me retournai. Il était là. Il nous avait vu. Il s'approchait de nous avec un sourire moqueur, on voyait les flammes danser dans ses yeux, il était taché de sang. D'un regard, il me projeta contre le mur. Je me retournai, mon calepin dans la mains je continuais mon dessin, il était presque complet.

- Il faut que ça marche, il faut que ça marche, s'il te plait!!! Je t'en supplie, il faut que ça marche.

J'entendais les rires résonner dans ma tête, les pleures, les cris... Tout se confondait, tout était floue. La peur me remplissait les yeux, mais mon crayon ne cessait pas de dessiner.

-S'il te plais... dis-je d'une voix faible.

Je soufflai sur le dessin, un grands dragon se dessina dans les airs. Le sourire du sorcier noir s'effaça, Je tirai William par la main, le sang gicla sur mon visage, le dragon n'avait de l'homme qu'une bouché. Son corps démembré se retrouva à mes pieds. "Mon dieu, j'ai tué quelqu'un...j'ai tué..." Ces paroles raisonnèrent dans ma tête comme un disque rayé bloqué sur la même parole. Mais il ne fallait pas que je pense ainsi, plus maintenant. Ils voulaient notre vie, il fallait prendre la leur. J'entendis des cris face à cette créatures chimériques, descendu tout droit des contes de fée. Puis elle explosa dans un gerbe d'étoile. Je vis Maysar faisant passer les enfants à travers un portail, et je déposai William.

- Je reviens tout de suite, je vais chercher les autres!

Maysar n'eu même pas le temps de me retenir.
Mes larmes volaient, mes yeux étaient brouillé et ma tête tournait. Je me cacha contre un mur, repris mon calepin, le dragon était mort maintenant. Je me mis à dessiner des araignées, de grosses araignées. Je soufflai, elles s'envolèrent en quête de proie. L'une d'elle piqua une femme, un sorcière noir qui s'effondra. La petite créature éclata. Puis tout devin noir, plus un bruit ne résonnait, que le néant. Ils m'avaient eu. J'étais tombée.

C'est toujours pareil, pourquoi faut-il que maman me fringue elle-même à chaque fois qu'un évènement nous force à nous présenter à Anja ? "Cet un moment important, tu dois être présentable devant Anja, il est normal que BLA, BLA, BLA..." C'est toujours la même phrase aussi, elle est du genre à ce répéter la vieille... La vieille ? Je serai mort sur l'instant si ma mère avait su entendre les pensées, une chance...

Je n'aime pas me salir les mains, le sang ses hideux et puis, je n'ai pas le rouge cela ne met pas assez bien mes yeux et mes cheveux en valeur je trouve. Quand Rosenrot et Croix se sont unis pour l'assaut, j'ai vu Viola avant qu'elle ne disparaisse à l'intérieur du manoir avec le premier groupe d'assaut. J'étais reste derrière Anja et Dorian et ce n'était pas plus mal comme ça, autant laisser le sale boulot à d'autre.

Et puis, pourquoi faut-il prendre tuer les mêler, nécessairement, même maman a l'air d'aimer ça. Je veux dire, je ne sais pas moi, on pourrait les jeter dans l'océan et laisser les requins. Ce n'est pas cool pour le mêler, mais au moins il a une chance survie et puis, les sorciers restent propre et sentent bons. J'aperçois Remy, j'ai presque envie de la voir et essayer un quelconque réconfort, mais voyons le papy Sullivan... J'ai trouvé sage d'abandonner en fait.

Je vais monter à l'étage et me trouver un lit pour pioncer... Je dirais que j'étais assommé si on me trouve. J'aperçois une fille à l'étage et celle m'observe, pourquoi elle me donne l'impression qu'elle veut m'attaquer là ? Il n'y pense pas, j'espère, parce qu'en ce moment j'ai la flemme de bouger le petit orteil, j'aurai trop la flemme de retenir mes coups aussi... Ce n'est pas très Glamour !

❝ A Raven flies from the North to the Sea.

A Dragon whispers her name in the East.

A cold Iron Throne holds a boy barely grown.

A Crown laced in Lies. You Win or you Die. ❞

Je me tourne et me retourne dans mon lit. Je fais beaucoup de cauchemars depuis quelques jours. Little Angleton ne m'a jamais autant pourrit l'existence ! C'est horrible, je déteste quand j'ai un mauvais pressentiment comme ça. J'ai horreur de mon don, il est toujours là en alerte au cas ou, on ne sait jamais. Et il se déclenche bien avant les événements qu'il prédit, quelques heures avant. Il lui arrivait d'être parfois détraqué, mais c'était seulement parce que quelque chose l'empêchait de bien agir. Quelque chose de très fort. Et là il avait fallu que ce soit ce soir précisément qu'il ne fonctionne pas comme voulu. Qu'il mette du temps à me faire parvenir ses informations, cette douleur, cette peine sur chaque visage de chaque enfant du Mystery. On pouvait voir comment il avait été infiltré.. Non, par qui il avait été infiltré. Je voyais le sang, le feu, j'entendais les cris des enfants tués. Ces cris qui vous transpercent le coeur. C'était beaucoup trop dur à supporter, je me réveille en larmes, le coeur battant trop fort. Ça se rapproche, je sens que ça se rapproche. Que c'est tout près. Qu'ils viennent aussi pour nous.

Je me lève comme une furie, je prends à peine le temps d'enfiler des chaussures et je cours chercher une arme, n'importe quelle arme dans la malle que j'ai toujours dans cette maison de Little Angleton.

Je sors de chez moi un poignard à la ceinture. Ce n'est sûrement pas l'arme la plus utile me direz vous. Mais on a pas le temps de se mettre à chercher autre chose. Les villageois sont là dehors. Ils crient, ils hurlent, ils courent dans tous les sens. Les enfants pleurent, les adultes ne comprennent pas ce qu'il se passe mais fuient. Little Angleton est en feu, Little Angleton est perdu. Les larmes coulent sur mes joues, je ne croyais pas qu'un jour un tel spectacle se déroulerait devant mes yeux. Je cours en sens inverse, aussi vite que mes jambes me le permettent je cours vers le danger qui vient de l'orphelinat. Je ne m'arrête pas, je ne dois pas m'arrêter et continuer vers le Mystery ils ont besoin d'aide tous ces enfants. Tous ces mêlés qui sont morts ou mourrons bientôt. Ce sont eux qui sont directement visés et qui meurent en premier. Les habitants auront le temps de se mettre à l'abri. Ils le doivent. Je l'espère.
Meiko cours, cours dépêche toi !

Je m'arrête pourtant en voyant une petite fille perdue dans la mêlée. Elle pleure, elle est perdue. Et je ne peux pas la laisser-là. Je ne peux pas. Alors, je vire vers elle. Je la prends dans mes bras pour la protéger des sorciers qui arrivent vers nous. Se battre alors qu'on tient dans les bras une enfant qui bouge dans tous les sens n'est pas la chose la plus facile à faire. Je regarde autour de moi rapidement, paniquée je ne sais pas quoi faire. Je ne suis pas encore prête pour ça, je ne suis qu'une apprentie et rien d'autre. Je ne suis rien. Rien du tout, je suis poussière et feu.. Feu. Mon regard bleu se pose sur tout ce qui brûle. Mais oui, c'est ça ! Bêtes qu'ils sont, ils me laisse une chance. J'utilise toute cette rage, toute cette peur que j'ai pour créer un jet fait de feu. Un jet qui vient directement brûler tous les sorciers venant s'approcher trop près. Ça demande des efforts, beaucoup même. Je trouve des innocents qui s'enfuient croulant sous leur bagage. Je vais les voir et leur confie l'enfant avant de jeter toutes leur affaire loin.

MEIKO ▬ ON A PAS BESOIN D'AUTANT DE CHOSES POUR FUIR ! Prenez l'enfant et partez, courrez aussi vite que vous le pouvez sans vous retourner ! MAINTENANT !

Je sais pas pourquoi je fais ça, je sais pas pourquoi j'embrasse cette enfant sur le front avant de les voir s'éloigner. Peut-être la peur de mourir ce soir, la peur de n'avoir rien fait de ma vie et qu'elle se termine possiblement ici. Et je reprends ma course jusqu'au Mystery. Les Noirs arrivent de plus en plus nombreux, je ne veux pas une autre confrontation ici non. Éliminons les tous d'un coup. Je tends une main devant moi en même temps que je cours. Les flammes se regroupent pour prendre la forme d'un loup qui court devant moi, qui effraie autant que possible les plus trouillards pour les brûler. C'est le premier animal auquel j'ai pensé, je ne sais pas pourquoi. La même peur de mourir ici maintenant me fais penser à trop de choses en même temps.

Je ne m'arrête pas jusqu'à arriver au Mystery. D'autres larmes coulent de mes yeux en voyant cette bâtisse. Que t'ont-ils fait mon Mystery ? Que t'ont-ils fait mon pauvre orphelinat ? Je jure par Hadès que je tuerais ceux qui ont osé s'en prendre à toi. Je le jure ! Je me fraie un chemin parmi les cadavres sur le sol pour arriver à l'intérieur. La bataille dure depuis longtemps déjà, j'arrive en retard. Beaucoup trop sont morts. Je me jette en hurlant sur un sorcier qui poursuivait un groupe d'orphelins. Je prends mon poignard et l'égorge d'un coup sec, vif. Sa mort fut trop rapide, j'aurais aimé le voir souffrir. Il devait être un petit nouveau parmi les rangs ennemis. Facile à tuer. Je fais signe au groupe de me suivre, eux étaient sous ma responsabilité. Eux personne ne les touchera, j'en fais une promesse. J'essuie mes larmes pendant que nous courrons dans les couloirs à travers les corps étendus. Un énorme araignée passe à côté de nous sans nous toucher. Bien le Mystery riposte, cela aurait pu me faire sourire mais le moment n'était pas le bon. J'arrive vers un autre groupe d'élèves, ils passent par un portail tenu par un vieux. Il est des notre, ça se sent. Je les laissent avec, qu'ils partent loin et en sécurité. Je repars, je vais chercher le plus de monde possible. Je ne suis peut-être pas une véritable exorciste, mais je suis une adulte. Je dois m'occuper des autres. Poignard en main je me colle aux murs en avançant. J'essaye de calmer les battements de mon coeur et de ralentir ma respiration le plus possible.

Ils sont là, un groupe dans une salle. Trois enfants, je ne pourrais pas tous les aider mais eux oui. J'inspire et j'expire. Je sens le niveau de forces qu'il me reste. Pas beaucoup, ça me demandera un effort énorme. Je vais sûrement m'écrouler au sol après ça, mais c'est pas grave. C'est pas grave. Je ferme les yeux, je dois me concentrer le plus possible. Le loup ne suffira pas cette fois, il faut quelque chose de plus grand, de menaçant quelque chose pour les effrayer. Je me concentre, encore plus, beaucoup plus.

« Eveleen quel était l'emblème de nos deux familles réunies au temps des grandes batailles ? »

« .. Un Kraken s'alliant avec un Dragon ! »

Le feu autour prend forme, trois créatures semblables à ces fameux Dragons avec des tentacules énormes. Ce sont des monstres horribles, certes. Mais plus ils seront affreux plus peur ils causeront. Ils ne brûleront sûrement pas, je n'ai pas assez de forces pour les tenir trop longtemps. Ils me servent à faire diversion. Les enfants accourent hors de la salle et je leur dis avec tout le souffle qu'il me reste par où aller pour rejoindre les autres. Je les regarde courir et m'effondre sur le sol, ma respiration se faisant de plus en plus difficile. Mes yeux se remplissent de larmes. Mes mains et mes cheveux blanc sont pleins de sang. Tout est détruis autour de moi, tout est redevenu poussière. Et moi aussi, je sens des rapides pas approcher. Les créatures ont disparu dans le couloir, les sorciers vont sortir et me tuer. Je suis sorcière.. Mais cela n'aurait sûrement aucune importance. Les pas se rapprochent encore plus. J'aurais au moins fait quelque chose de bien dans ma vie maintenant. Sadima pourra être fière de moi. Eveleen Meiko Greyjoy, la dernière de son nom qui meurt dans un des couloirs de l'endroit qu'elle considérait comme sa maison. Et lui, elle ne lui aura jamais dit qu'elle l'avait toujours aimé.
Une dernière larme coule lentement et atterris sur la flaque de sang ou j'étais tombée. Mes yeux se ferment. Adieu.

J'arrive pas dormir cette nuit, j'ai les plumes qui me démange, un mauvais pressentiment peut-être... Je me retiens d'aller rejoindre Sakura et me réfugier dans sa chambre jusqu'à ce que ma quiétude disparaisse et que le soleil se lève. Je ne suis pas du genre à me cacher sous le lit, au contraire, je suis là première sur le front. Mais je me sens paniquer ce soir, j'observe le plafond, puis je me lève ramasse mes affaires et le met dans un sac.

Je vais profiter de ce calme pour fuguer à nouveau, je vais me refaire attraper par Sakura comme d'habitude et tout va rentrer dans l'ordre, je vais oublier cette angoisse. Je vais passer par la fenêtre, sinon mamie va m'entendre descendre les escaliers qui sont traitres et grinces dans le silence à chaque pas. Alors, que je m'apprêtais à ouvrir la fenêtre, je vis à travers les arbres de personne pas nette, de nombreuses personnes pas nettes.

Peu après un homme cria quelque chose, j'entendis vaguement l'appellation "sorciers noirs". Je réveille les filles qui sont déjà dans un sommeil profond et les bousculant, agitant et que sais-je encore ? Je leur fais des signes de mains pour qu'elles restent silencieuses. Nous devions pas rester là, j'indique aux filles du doigt là porte du dortoir en m'y dirigeant. Elles me suivirent en silence dans les couloirs.

Au bout du couloir, il y avait une fenêtre qui donnait vois sur les arbres à l'extérieur. Certaine d'entre elles étaient plus jeune que moi, mais tant pis, grimper c'est un jeu d'enfant. De plusieurs gestes longs de la main, je leurs expliquais de rester calme et de reste cacher dans l'arbre. Un prof allait bien finir par les trouver quand tout sera fini, je referme la fenêtre et me dirige vers les escaliers ou je m'arrête face à une femme que je n'ai jamais vu, une blonde habiller très gracieusement.

J'étais près à me battre, du moins avant qu'elle ne m'ignore et ce dirige vers une des chambre... Qu'est-ce qu'elle cherche ? Je descendis les marches peu après, tant pis, je ne voulais pas attendre que cette femme revienne. En voyant, tous ses cadavres au sol, je me suis vue dans une fête foraine parmi d'autre cadavre, d'un flashback. Un souvenir ? Qu'importe, une personne m'attrapa par le dos.

Une personne très fort, très costaud, un homme... La panique d'être tué, augmenta l'adrénaline dans mon sang, mes ailes sortie de mon dos comme un ressort faisant projeter l'homme contre le mur derrière nous deux. L'homme sembla quelque peu amocher par le coup contre le mur, mes ailes étaient déployées avec grâce.

"Putain, t'es quoi toi, une volaille ? Je te la laisse Helios, elle sera utile dans nos rang plus tard..."

Helios ? Je regarde par-dessus l'épaule, mais avant que je n'aperçoive qui se tenait derrière moi, je perdis connaissance d'un coup dans la nuque.

Encore cette image cauchemardesque à une fête foraine...

Depuis quelque jour, des évènements étranges se tramaient dans l'ombre. Inquiet. J'ai décidé d'arrêter mon expédition pour être avec Meiko, jusqu'à ce que les choses se calment un peu, qu'au final, toutes ces rumeurs étaient, rien de grave. Malheureusement ce n'en fut pas ainsi, dans la soirée tardive, des cris et des explosions se fit entendre. A ce moment-là, lunette sur la binocle, j'étudiais quelque vers d'un texte aux dialectes anciens parlant de ces fameux oiseaux visibles dans l'obscurité. Je me dirige vers la fenêtre et regarde ce qui peut bien provoquer un tel chaos, j'aperçois des hommes, dans la sensation vertigineuse de mon subconscient, ces hommes, mais apparemment aussi quelque femme, sont des êtres magiques. Personnellement, la situation ne m'atteint pas le moindre du monde, ce n'est pas ma préoccupation principale... Bien sûr, il a fallu que Meiko s'en mêler, jouer aux "héros" c'est bien son truc évidemment... Elle aura pu tout de même attendre que je vienne lui apporter la mention "super" à côté.

A son niveau, jouer avec la magie revient à essayer d'allumer un briquet qui n'a pas de gaz... Elle aura beau, appuyer sur bouton, ce n'est que des étincelles qui apparaîtront, pas assez puissant pour permettre à un cigare de s'embraser. J'avais raison de surveiller ma protégée dans l'ombre, elle est du genre à partir au quart de tour et je ne lui ai pas encore appris à se battre contre un être magique sans dépenser trop d'effort. J'enfile une tenue appropriée, j'attrape mon journal et paquet de clope. Je ferme la porte de la chambre d'hôtel où je suis, le Lonely Ghost et me dirige vers l'extérieur. Je me sorts une cigarette, la met entre mes dents, je pose mon index sur l'extrémité de la cigarette, celui-ci s'embrase légèrement. J'ouvris mon journal à la suite tout en marche en direction de ma protégée, qui d'après, la grande quantité de magie que je sens jusqu'ici, y vas très fort dès le commencement.

Maintenant que j'y pense, je pourrais me servir de ce chaos pour étudier la force de Meiko. Cet évènement est un très bon entraînement pour acquérir de l'expérience en combat, j'espère qu'après, cela ma jeune élève pourra elle-même situer où se cache sa faiblesse. J'ai tendance à prendre tout pour un jeu, malheureusement, le jeu s'arrête quand je sens l'énergie de Meiko se diriger vers de grandes puissances. Je refais mon journal, laisse tomber à terre. J'attrape mon poignard à ma ceinture et tente quelque bon de Téléportation jusqu'à l'Orphelinat si célèbre parmi le monde magique. J'entre à l'intérieur de la bâtisse et évidemment, je suis pris pour cible immédiatement par deux jeunots. Personnellement, je me fous royalement de ce qu'ils font ici, des cadavres aux sols, ils font ce qu'ils plaisent... Par contre, Meiko est à moi, la touché revient à me provoquer en guerre. Je prends quelque seconde à assommer mes deux adversaires, en frappant fort et précis sur les points vitaux.

Quand je retrouve Meiko, celle-ci est inconsciente à terre... Je l'attrape et la ramène sur mon dos, c'est beau de voir que l'habille ne fait pas le moine et que l'apparence, le poids. Je ne nous téléporte pas très loin, mais au moins à l'extérieur de l'orphelinat. Je pris le chemin des vers la plage, étant donné que le village est déjà assiégé, au moins là-bas je pourrais veiller à la sécurité de Meiko jusqu'à ce qu'elle reprenne conscience.

Ce soir, l’air était lourd. Non pas d’un point de vue météorologique, mais d’un point de vue magique. La nature me parlait, et passionnément, je l’écoutais. Elle me transmettait des images de sang, de panique, de violence, et aussi de nostalgie, car tout cela venait de l’orphelinat dans lequel j’ai passé une partie de mon enfance. La directrice qui avait été comme une mère pour moi souffrait, je ressentais sa douleur au travers le vent. Passé un long temps d’écoute, je me relevais du sol de la forêt, levant les yeux vers le ciel étoilé. Que devais-je faire ? Je suis devenu neutre, je ne suis plus censé prendre de partie, mais je ne peux définitivement pas fermer les yeux là-dessus… Mon père, les ancêtres se sont battus pour la justice, et sont morts en son nom, alors je devais leurs faire honneur. De plus, il s’agit d’enfants, ils sont innocents ! Peu importe leur passé, ils sont purs ! De plus, si ceux qui ont osé attaquer l’Orphelinat sont ceux que je pense, Les humains ou mêlés qu’ils croiseront seront exécutés ou soumis… Je souris, je suis un humain doué, ils me détestent à la base, mais ils me haïront plus encore dans quelques heures, cela fait longtemps que Valknut et Reiði ne se sont pas couvert de sang de mes ennemis naturels… Les saisissants tous deux, ma hache dans ma ceinture et Valknut à la main, je courais vers le Mystery…
Je n’étais pas loin, ainsi la route fut brève, mais le spectacle qui s’offrait à moi m’empli de rage. De la lumière, des cris, des pleurs, venant d’une bâtisse rempli majoritairement d’enfants dont certains ne comprennent même pas les enjeux de cette guerre… Les ennemis les plus importants étaient certainement à l’avant, et l’arrière garde fait de blancs becs pour la plupart était déjà aux prises avec quelques personnes qui comme moi, ont décidés d’accomplir leur devoir. Sans plus attendre, je brandis mes armes ancestrales, criai le nom d’Odin et de mes ancêtres, et chargeai. Les propriétés magiques de mes armes me permettaient de manier les deux en même temps, à l’image de mon ancêtre qui maniait deux bâtons, dont Valknut.
Je me battis vaillamment aux côtés de quelques autres camarades dont une jeune femme habillée en noire qui se battait avec rage, maniant sabre et couteau, et plusieurs de mes adversaires sont tombés sous mes coups, mais ce combat était sans espoirs, rapidement je suis arrivé à bout de force, et j’ai pris une balle dans l’épaule. Après avoir ouvert en deux la tête du tireur au moyen de Reiði, je me suis retiré avec rage et désespoir. Je serais bien resté à me battre jusqu’au bout, mais je serais plus utile en forgeant encore plus d’arme afin de tuer un maximum de ces abrutis qui se prétendent supérieurs… Aujourd’hui, mon statut de neutre vient de s’orienter de nouveau vers Orpheo…

C'est parti !

L'attaque a commencé, tout se passe comme prévu. Et comme d'habitude je suis le plus fort.

Enfin bon, j'avoue que là à l'heure actuelle je galère énormément. Parce que je dois contrôler quatre corps en même temps, et que c'est pas super facile.
Heureusement, j'ai pu me procurer cette potion spéciale qui compartimente l'esprit pour pouvoir faire plein de choses à la fois. Je me fournis chez la vieille Broune, une espèce de folle qui fait plein de mélanges bizarre. Cette grand mère je vous jure, quelques siècles plus tôt elle se serait fait brûler vive. Mais bon heureusement qu'elle est là. Même si c'est une arnaqueuse. Ça ma coûté une blinde son truc ! Et en plus c'est absolument dégueulasse. Un goût d’œuf pourri mélangé à de la cervelle de mouton, le genre de truc qui reste bien longtemps dans la bouche, quelle que soit la quantité de rhum qu'on puisse avaler par la suite... vous voyez de quoi je parle.
Mais je dois avouer que c'est bien pratique mine de rien.

Je fais entrer Hans dans l'orphelinat. Mon grand manteau sombre reflète ma qualité de sorcier noir au sein de Rosenrot. Je suis Anja à travers le hall du Mystery Orphanage, encore désert. Mais plus pour longtemps. Le cri de Mike a du les alerter.
Je jette un coup d’œil au sorcier noir assommé. Le vieux Cross lui en a mis plein la gueule, c'était assez marrant. A croire qu'il avait vraiment envie de le faire. Tant mieux, c'est plus crédible, et puis Mike a du avoir mal. Ce mec est un connard de toute façon. D'habitude j'aime bien les connards, mais lui c'est un sorcier noir qui pratique l'esclavage. Et j'aime pas l'esclavage. Mais bon j'ai besoin des sorciers noirs alors je ferme ma gueule et j'avance avec Anja jusqu'au premier étage.

Arrivé sur le palier, je me retourne un moment pour regarder en bas. Je vois Dorian balancer une boule de feu à la gueule d'un prof qui vient d'arriver et se diriger à grands pas vers le bureau de la directrice. Je fais une grimace de dégoût. Cet homme est un vrai australopithèque. Et encore, je suis sûr qu'avec les mêmes pouvoirs la vieille Lucy aurait plus de style que lui.
Moi, j'aime pas tuer les enfants. Et j'ai absolument rien contre les mêlés. Normal je suis mêlé moi même, mais ça les sorciers noirs le savent pas. Bien sûr, je suis obligé de les massacrer sans pitié comme n'importe quel sorcier noir, pour conserver les apparences, mais je ne supporte pas les gens qui tuent sans aucun style. Comme l'autre macaque là...
Cogner ne suffit pas ! Il faut soigner ses paroles, ses gestes. Pas tant par respect pour la victime que pour soi-même et pour ceux qui regardent. Surtout eux. Tuer doit être comme un spectacle. Alors si vous vous contentez d'exploser la gueule de l'autre les spectateurs seront vite lassés. Non, il faut une vraie recherche de mise en scène. Tenez, je vais vous montrer.

Je me place devant un adolescent qui vient de sortir du dortoir. Un mêlé. Il doit avoir quinze ans....
C'est pas grave ! C'est déjà pas mal quinze ans. Il a eu le temps de faire plein de choses ! Et puis il aura une mort stylée grâce à moi !
C'est là que je fais appel à mon don. Pour en apprendre un peu plus sur lui vous voyez. Histoire de savoir quoi lui dire...

- Salut ! Antoine, c'est ça ? Ça va ? Désolé de t'avoir réveillé hein. Il était très classe ton rêve avec les petits poissons, le bus et tout ça...

Expression perplexe. Je continue

- Mais bon, c'est quand même plus sympa ici tu trouves pas ? On s'amuse bien... tiens regarde ! C'est pas ta copine là bas ?

Je lui montre du doigt une petite de son âge en train de se faire égorger. Le môme n'a pas l'air d'apprécier. Il balance son poing en direction de ma tête. Heureusement, j'ai un bon entraînement physique et j'arrive à le bloquer sans difficulté. N'allons pas abimer ce beau visage que j'ai mis tant de temps à fabriquer ! Il renchérit cette fois avec une attaque magique. Un gros meuble s'envole de l'autre côté de la salle pour venir me frapper de plein fouet. Je fous un joli coup de pied dedans et le renvoie dans l'autre sens sans difficulté. Le style, vous voyez...

- Bien essayé ! Tes parent seraient fiers de toi, Antoine. Ils te féliciteront sûrement tout à l'heure quand tu les verras.

Je m'amuse comme un petit fou. Voyons... que dire de plus ?

- Il ont été retrouvés pendus non ? Ouais c'est ça... Bob a toujours aimé mettre en scène des suicides ! Tu le vois là-bas ? Le grand type brun qui s'occupe de ton prof...

Exquis. Je suis assez fier de moi là.

- Du coup si tu veux bien, on va respecter les traditions hein. Si je trouve une corde, ou... tiens, les rideaux là bas. Ça devrait faire l'affaire.

Je le traîne par le bras jusqu'auxdits rideaux. Le petit se débat, crie et essaye d'utiliser sa magie, mais ça va, je gère. Je fais un tour avec le tissus autour du cou du petit. Puis je prends un air soucieux.

- Ça va c'est confortable ? Tu me dis si ça t'étrangle hein.

Je réfléchis rapidement à comment faire ça. Il faudrait que je fasse passer le bas du rideau au-dessus de la tringle pour pouvoir soulever le gosse. Mais je suis un peu trop petit, il va me falloir de l'aide.

- Eh, Anja ! Tu veux bien m'envoyer la chaise qui est là-bas ?

La chef de Rosenrot me regarde en souriant pendant que la chaise s'envole jusqu'à moi. Elle m'apprécie. Tant mieux. Peut-être qu'un jour je pourrai me la taper. Faut avouer qu'elle est plutôt pas mal...
Bref, je monte donc sur la chaise pour atteindre la tringle et passe le tissus au-dessus. Je redescends en tirant le bout du rideau. Le mioche s'élève gracieusement dans les airs. Je prends bien mon temps pour attacher le bas du rideau à la poignée de la fenêtre avant de me tourner vers ma victime.

- Ça va ? Tu es un peu bleu... Détends-toi, tout va bien se passer.

Le petit suffoque. Je lui fais mon plus beau sourire.

- Bon, eh bien Antoine... J'ai été vraiment ravi de te connaître. Dis bonjour à tes parents de ma part. Et à ta copine aussi....
Allez, salut !

Je me retourne et m'éloigne l'air de rien, à la recherche d'une nouvelle victime.

Je suis vraiment inhumain. Parfois il m'arrive de me dégoûter moi-même. Mais bon... c'est pour ça que les sorciers noirs me respectent autant aussi. En fait ils m'admirent. Ils aimeraient bien savoir tuer avec autant de panache. Mais aucun ne m'arrive à la cheville, évidemment.

Pendant ce temps, je dirige Loreleï vers l'école de Little Angleton. Les sorciers noirs y ont enfermé un petit groupe d'enfants prisonniers, en attendant de pouvoir les ramener au Mystery Orphanage quand ils en auront pris le contrôle.
Sauf que moi j'ai besoin de ces gamins. Pour mon équipage. Plus on les recrute tôt, plus ils deviendront de bon marins par la suite. Et puis ils ont déjà reçu un excellent entraînement à l'orphelinat. C'est une bonne base sur laquelle partir pour leur apprendre le métier.

Du coup, j'entre à grands pas dans l'établissement, mes longs cheveux blonds volant derrière moi dans le vent. Je passe une porte, monte un escalier, parcours un couloir et entre dans la salle de classe en dégainant mon flingue. Sans perdre de temps, je tire immédiatement dans la tête du premier des trois sorciers noirs qui gardent les enfants. Tant pis pour le style. Et puis mon entrée n'était pas si mal...
Je saute sur le deuxième avant qu'il n'ait eu le temps de dégainer son pistolet. J'évite sans difficulté son crochet du droit et le fait tomber face contre terre d'une clef de bras. Un coup de talon dans la nuque et c'en est fini de lui. Le dernier a sorti un couteau et se jette sur moi. Coup du pied gauche dans le bras armé, tout de suite suivi d'un coup du pied droit dans l'estomac, suffisent à freiner ses ardeurs. Je prends mon propre poignard et m'approche de lui pour lui plonger au milieu de la clavicule. Jet de sang. J'espère que les enfants sont pas trop choqués.

Je m'essuie quand même le visage sur ma manche avant de me tourner vers eux. Ils ont l'air terrifié.

- Vous n'avez plus rien à craindre. Je suis de votre côté. Et je peux vous indiquer un endroit sûr où vous réfugier.

- Vous êtes de l'Ordre d'Orphéo c'est ça ?

Je regarde l'adolescent qui a parlé. C'est le plus âgé du groupe.

- Pas exactement non. Mais je ne suis pas du côté des sorciers noirs, je peux te l'assurer.

Je vois bien qu'il hésite encore à me faire confiance, mais il n'ajoute rien.

- Bien... Si vous vous dirigez vers la Pointe du Cor, vous verrez un vieux bateau ancré dans la baie. Descendez sur la plage, un groupe de marins vous attendra pour vous emmener à bord.

- Vous ne venez pas avec nous ?

- Non, je reste pour couvrir vos arrières. Malgré tout vous risquez quand même d'être poursuivis. Tout ce que je peux vous conseiller c'est de courir le plus vite possible.

- Mais...

- Allez-y Maintenant ! Il n'y a plus de temps à perdre !

Les enfants n'hésitent plus. Le plus âgé prend la tête du groupe, qui sort en courant par la porte.
Bien. Tous ne parviendront pas à destination, mais ce n'est pas plus mal. Ils sont trop nombreux pour le bateau de toute façon. Et puis ça fait une sorte de présélection. Comme les tortues qui éclosent sur la plage et doivent ramper le plus vite possible jusqu'à la mer. Seuls les plus forts et ceux qui courent le plus vite parviendront jusqu'au bateau.

Je me tourne vers l'intérieur de la pièce. Bien. On arrive au moment vraiment fun de l'opération. Il est temps d'effacer toute trace flagrante de mon passage.
Je repousse les tables le long du mur et rassemble les corps des trois sorciers noirs au centre de la salle. Puis j'ouvre mon sac à dos et en sors une grosse boîte métallique remplie de poudre. C'est une composition personnelle. La recette habituelle, plus un petit ingrédient qui change tout...
J'en verse la majeure partie en un tas au milieu des corps, puis je fais couler le reste en filet jusqu'à la porte de la pièce. Je me baisse en me concentrant pour effleurer la poudre, qui prend feu immédiatement. Un sort mineur.
Je balance le sac sur mon épaule et quitte les lieux sans me presser. L'école explose derrière moi au moment où je franchis le portail. Mes cheveux blonds volent vers l'avant dans le souffle de l'explosion, flamboyants dans la lumière qui éclate dans mon dos.

J'ai toujours adoré cette sensation. Et puis... quel style !

Les enfants survivants seront récupérés par Josepe, qui commande le Harpia Roja en mon absence. Moi, je suis à Londres. Ç'aurait été bête de ne pas profiter de la pagaille pour aller faire un tour à Orphéo. D'autant plus que j'ai eu connaissance d'un magnifique document, intercepté la semaine dernière par la police magique chez un trafiquant d'objets magiques. Il s'agit d'un planisphère qui fait apparaître de manière détaillée les courants telluriques sur la planète. Car voyez-vous, l'énergie magique n'est pas la même partout sur la Terre, et certains endroits qui concentrent plus de courants telluriques seront plus favorables à la pratique de la magie.
Voilà pourquoi je suis ici. Bénéficier de telles informations peut être... extraordinairement productif !

Je rentre donc tranquillement dans le siège d'Orphéo, comme un habitué. Pour l'occasion, j'ai troqué mes vieux habits de pirate contre un manteau en cuir et un jean. C'est affreux ce pantalon, on se sent tout serré dedans. Si je dois combattre je ferai mieux de l'enlever très très vite. D'un autre côté je me vois mal me battre en caleçon. Ça fait un peu con, et vous savez que je fais très attention à mon image. C'est pour ça qu'il faut que j'agisse vite et en évitant de me faire remarquer.
Je sais juste que le document se trouve au quartier général de la police magique, quelque part sur le bureau de celui qui est chargé de l'affaire. A moins qu'il ne l'aient déjà emmené aux pièces à conviction, et dans ce cas ça risque d'être compliqué.
Malheureusement je n'en sais pas plus. Mon don a ses limites et l'information a déjà été dure à obtenir. Mais maintenant que je suis plus proche géographiquement de l'objectif, j'espère pouvoir obtenir quelques précisions supplémentaires...

Orphéo est en pleine effervescence. On court, on crie, on s'inquiète, on partage et on commente les dernières informations sur l'attaque du Mystery Orphanage. De vraies piplettes, ces exorcistes !
Le département de la police magique est indiqué au premier étage sur le grand panneau du hall d'entrée. Je grimpe les marches en courant pour donner l'impression d'un type qui a quelque chose d'urgent à faire.
Je passe par la porte qui mène au département de la police magique, et entre en trombe dans la vaste pièce encombrée de bureaux et de personnes. Mais je n'ai pas eu le temps de faire trois pas qu'un homme me bloque le passage.

- Arrêtez-vous. Vous n'êtes pas de la police magique. Alors qu'est-ce que vous faites ici ?

Et c'est parti pour l'improvisation ! J'adore improviser. Remotivé, je réponds du tac au tac avec mon habituel charisme, un peu essoufflé tout de même par ma course. Mais cela ne fait qu'ajouter du crédit à mon histoire.

- Je... viens d'arriver. Je suis l'apprenti de Montague Stepius. Il... Il est parti à Little Angleton apporter son aide... mais il m'a demandé d'aller chercher un papier sur son bureau... Il s'agit d'un rapport sur l'affaire Wellington qu'il devait remettre ce matin.

Hop ! Pas mal... Heureusement, j'ai eu le temps de glaner quelques informations sur la police magique pendant que je montais l'escalier. Suffisamment pour inventer un mensonge plus que crédible...
Le vigile me laisse passer sans rien ajouter. Il a gobé mon histoire comme un gros poisson naïf.

Je me dirige aussitôt vers le bureau dudit Montague. Évidemment, je n'ai rien à faire ici. Je fais semblant de fouiller dans un tiroir tout en surveillant le vigile du coin de l’œil. Il ne fait déjà plus attention à moi.
J'interroge mon don une fois de plus. Il est limité par le nombre de personnes qui connaissent l'information que je recherche, leur proximité, le niveau de présence de cette information dans leur esprit et par le temps que je mets à la chercher. Même si ça arrive plus rarement que j'apprenne quelque chose tout à fait par hasard, sans raison apparente, comme la couleur de la robe de la Reine d'Angleterre, ou encore qu'une servante a renversé la théière du président du Burkina Faso en apprenant que ses cinq fils viennent d'être dévorés par un crocodile affamé... mais ça reste assez rare. Pour revenir à ce que je disais et donner un exemple, je n'ai pris connaissance du document que je cherche que parce que Yann a passé récemment un moment très intime ( et très agréable ) avec une très jolie fille qui, étonnamment, faisait partie de la police magique. J'ai donc pu en apprendre beaucoup sur elle et sur les activités des flics en ce moment...

Mais en l'occurrence, l'affaire du trafic d'objets magique a occupé et occupe toujours pas mal de monde ici, alors je n'ai pas de mal à trouver. L'objet que je cherche se trouve quelques bureaux plus loin, dans un des tiroirs latéraux. J'attrape au hasard une chemise cartonnée sur le bureau de Montague pour donner l'impression d'avoir rempli ma mission et rejoins ma cible le plus naturellement du monde. Personne ne me surveille. Ils sont beaucoup trop occupés à courir dans tous les sens. J'ouvre un à un tous les casiers du bureau, jusqu'à trouver le fameux document.
Cette carte est vraiment très volumineuse. Elle doit être absolument immense une fois dépliée !
Je la glisse discrètement dans mon dos, coincée dans la ceinture du pantalon et cachée par le tee-shirt, et je rabats mon manteau par dessus. Personne ne la remarquera ici.

Puis je repars vers la sortie. Avec un sourire, je lève la pochette à l'attention du vigile, qui me laisse passer sans encombre. Je descends rapidement les escaliers. Un petit groupe d'orphelins est rassemblé dans le hall d'entrée, accompagnés de quelques professeurs. Au moins eux ont survécu au gâchis...
Je pourrai peut-être en recruter quelques uns un jour.

Je sors tranquillement dans la rue et reprends un pas normal. Tout s'est parfaitement déroulé.

- Eh !

Je me retourne. L'homme qui m'a interpellé sort du bâtiment et court vers moi.
Merde. J'y étais presque.

Tant pis, l'impro continue. Je prends mes jambes à mon cou.

Vous en faites pas, je vais m'en sortir ! Je m'en sors toujours. D'une manière ou d'une autre. Il suffit de savoir faire preuve de style et de lâcheté. L'honneur est quelque chose que les gens prennent pour acquis. Alors quand on n'en a rien à faire, en général ça suffit pour les faire buguer. Mais intéressons-nous plutôt à Yann Denkle, dont je parlais justement tout à l'heure. Avec lui, j'ai de vrais problèmes. Enfin... j'ai surtout beaucoup de travail et de coups de fil à passer pour tenter de calmer les choses. Les membres conservateurs que j'ai à ma botte m'appellent l'un après l'autre. Ils commencent à se demander s'il n'auraient pas mieux fait d'écouter le vieux Maysar et d'envoyer des hommes protéger l'orphelinat...

- ... que c'est bien Fjerda et Mystery qui ont laissé entrer un traître dans l'orphelinat, pas moi. S'ils n'ont pas su prendre les mesures nécessaires pour le démasquer, il ne faut pas s'étonner de ce qui arrive. Et je vous rappelle que Mystery est une lectrice de pensées. Pourquoi ne s'est-elle pas servi de son don ?
Par ailleurs, nous avons d'autres problèmes qui méritent toute notre attention. Les Poltergeist continuent de sévir en Russie, et personne n'a encore rien fait pour les arrêter. Si on continue comme ça, autant révéler tout de suite le Secret à tous les humains !

- Que faut-il faire alors, selon vous ?

- Il faut réagir rapidement ! Envoyer tous nos hommes disponibles reprendre l'orphelinat ! Il faut frapper vite et fort avant que les sorciers noirs n'aient le temps de s'organiser. Le reprendre et placer quelqu'un d'autre à sa tête que cette grand mère insensée !

-Et pour la Russie ?

- Je porterai plainte contre Fjerda et Mystery au conseil d'Orphéo. Je les accuserai d'avoir laissé tomber l'orphelinat et les ferai expulser du Conseil. Après cela, plus rien ne nous empêchera d'envoyer nos exorcistes en Russie quand ils en auront fini avec les sorciers noirs.
Mais j'aurai besoin de vous au Conseil. Ai-je votre soutien, mon ami ?

Vous l'avez.

Des cris et des objets se brisant contre le sol, me réveilla en sursaut. Ma tête tourne et je suis encore à moitié dans les bras tendre de Morphée. Au couvre-feu, j'ai pris des somnifères pour ne pas me réveiller jusqu'au matin et je regrette bien, sur le coup. Mais que se passe-t-il, à l'extérieur ? Je regarde autour de moi, il n'y a personne et la porte est ouverte, enfin j'ai l'impression qu'elle est ouverte. Je n'y vois rien, mes yeux voient encore trop flou, le sommeil tente de me ramener auprès de lui à nouveau. Se sont encore les cris des enfants à l'agonis qui me ramène de nouveau à la réalité. Je sors de mon lit et me jette sur ma valise, ou me laisse tomber dessus, pour y récupérer mon insigne et mon arme de service. Dans les couloirs je tente difficilement d'avoir les idées claires, tout en essayant de combattre la marche déséquilibrée de mon corps.

"Qu'est-ce que c'est ?"

Dis-je en ayant percuter quelque chose à mes pieds, je m'agenouille pour voir... Du rouge ? Du sang ?! Alors, que mes yeux s'étaient attardés sur le liquide rouge au sol, je me rendis compte avec horreur que c'était orphelin gisant là, livide et sans vie. Je recule, tombant sur mes fesses. J'ai son sang partout sur moi, le sang d'un enfant dont l'âge ce compte encore sur une main, quelle horreur. Des larmes coules le long de mes joues rougies, je me relève et je pleure cette enfant, qui est mort innocent. Je pleure, car pendant que cet enfant et peut-être d'autre se faisaient tuer, ce fait peut-être encore tuer en ce moment, je dormais. J'entends les pleures d'une fille, un vase tombe et se fracasse pas très loin d'ici. Je m'y dirige en m'assurant d'enlever la sécurité de mon arme de service, l'endroit où provient les pleures semble se situer à cet étage même.

J'arrive dans une pièce, bien que, ma vue revint ne fut-ce qu'un peu, il faisait bien trop sombre pour que je puisse distinguer quoi que ce soit de nette. Je pointais mon arme fermement devant moi, je reste silencieuse et le silence me fait paniquer. Pourquoi la petite fille, que j'avais entendu ne pleurait plus, seigneur, tout devint noir dans mon subconscient. Je me faisais tout un tas de scénario, la pièce s'alluma d'un coup, je me retourne vers la porte d'entrer et une femme, se tenait sur le seuil couteau en main. Les rires d'homme venant du fond de la pièce, me donnèrent des frissons. L'enfant que j'avais entendu pleurer, était sur ses épaules. Je ne sais pas quel était son attention envers la petite, mais le cadavre du jeune orphelin dans le couloir me resta au travers de la gorge. Je pointe mon arme vers l'homme, doigt sur la gâchette près à faire feu.

"Qu'est-ce que tu comptes faire avec ça ? Nous décorer de petits trous dans le corps ?"

La femme derrière se mit à rire, l'homme de même... Qui sont ces personnes ? On dirait que ce qui se passe ici, ne les touches même pas, ils ont l'air au contraire, de bien s'amuser. Quel genre de monstre trouve le fait de prendre la vie des enfants qui apprennent encore à tenir une fourchette droite, cela amusant ? Je tente une parole, mais elle est ignorée, malgré que je sois armée d'une arme à feu, je ne me sens pas à la hauteur... C'est la peur dans mes entrailles, qui me le prouvent.

"Hey ! C'est moi, Billy le Kid titube... On a sommeil, princesse ? Dis l'homme.

- Assez joué !"

Repris la femme derrière, si cet homme ne tenait pas la fille, j'aurai déjà tiré depuis longtemps. Mon arme s'échappa des mains, comme si une force invisible me l'avait arraché des mains, puis ce fut autour de mon corps. J'avais traversé la pièce pour me fracasser les os contre les murs, retomber au sol, je reste là, inerte. Le choc me fit perdre un moment connaissance, la femme approcha avec son couteau... Je ne sais pas ce qu'elle va me faire, qu'importe, je suis déjà à moitié ailleurs et puis, mon corps refuse d'obéir à mon cerveau. Mon regard se pose sur un nouveau personnage à l'entrée de la pièce, un homme, il ressemble à l'homme de l'avion à la superbe musculature... J'ai envie d'une tablette de chocolat en pensant à son corps... Ma vue devint nette à nouveau me laissant voir qui était l'homme à la porte, mon coeur rata un battement... Puis, peu avant de perdre connaissance, un nom sorti de ma bouche avec fébrilité...

"Alex..."

Je parcours les couloirs en silence, les bras croisés dans le dos. Tout est à feu et à sang et, lorsque je me stoppe quelques instants pour regarder delà une fenêtre, j'aperçois une fumée noire et opaque provenir de Little Angleton.

A feu et à sang, oui. Les sorciers noirs ont frappé un grand coup, cette fois. C'est que le chef de Croix et la cheffe de Rosenrot savent se montrer particulièrement stupéfiants quand il s'agit de prendre par surprise.

Pas que j'en sois fier, ni même que je m'en réjouisse. Je ne prends en aucun cas plaisir à voir tous ces cadavres d'enfants joncher le sol de cet orphelinat et, quand je croise une fillette au détour d'un couloir ou un petit garçon caché dans un coin, je n'utilise pas mes pouvoirs pour les tuer ou les capturer. Non. Je me contente d'ignorer et de continuer mon chemin. Après tout, on m'a demandé de venir tout en ne faisant pas trop de grabuge, puisque que mon lien avec Mikeal pourrait être mis à découvert.

Je reste fidèle à Anja, tout en restant fidèle à mes principes.
A moi même.

Sur cette pensée, je rentre dans ce qu'il semble être une grande salle à manger et tombe nez-à-nez avec un homme portant un enfant sur son dos. On se jauge pendant quelques secondes et, voyant que je ne réagis pas, il demande :

"Vous êtes un sorcier noir ?

- En effet."

A ma réponse, je le vois qui recule doucement tout en se demandant certainement comment me battre pour s'enfuir.

"Cela va être difficile de m'attaquer avec ce poids sur votre dos."

Il jette un coup d'oeil rapide à l'enfant avant de grimacer.

"Rassurez-vous, je n'ai aucun plaisir sadique et je ne vais pas vous demander de choisir entre votre vie et la sienne.

- Comment ?

- Vous devriez partir.

- Mais... mais vous..."

Il me regarde un instant, indécis sur la marche à suivre. Pour l'encourager, je me dégage de l'entrée pour lui laisser la voie libre.

"Vous êtes sûr d'être un sorcier noir ?

- Je suis sûr en tout cas que je n'ai aucunement l'intention de tuer qui que ce soit ce soir. Partez."

Il ne se le fit pas dire de fois, murmura un "merci" en passant devant moi et disparu rapidement de mon champ de vision.

Je sors ensuite à mon tour de la salle et continue lentement mon chemin à travers le domaine. C'est là que je tombe sur cette femme aux cheveux blancs allongée de tout son long sur le sol, au milieu des débris. Instinctivement je déploie mon don et constate que son cœur bat encore. Elle est simplement tombée dans l'inconscience après avoir trop utilisé ses pouvoirs. Je m'accroupis auprès d'elle et regarde son visage : je ne sais pas pourquoi mais sur l'instant, je lui trouve un air... comment dire ? Elle ressemble un peu à Nancy.

Ah...

Je me relève d'un bond et me racle la gorge, gêné, avant de la contourner et de poursuivre ma route. Mais je me stoppe quelques pas plus loin, raide et glacial, lorsqu'un murmure me parvient aux oreilles :

"Qu'est-ce que c'est ?"

C'était fluet, bref mais je reconnais tout de suite la voix de Nancy. Impossible ! Et avant que la pensée ne me rattrape, je m'élançais déjà à toute vitesse à travers l'orphelinat. Je déploie mon don au maximum, le laissant parcourir mon être avec autant de force qu'une déferlante, et me concentre sur elle dès que j'ai en ligne de mire sa respiration et ses battements de coeur. Je zigzague entre les ruines et les cadavres, ignorant du reste, avant de parvenir à ce qui ressemble être un dortoir.

Je n'ai pas besoin de plisser les yeux pour la voir distinctement, ni pour sentir la présence de deux personnes avec visiblement de mauvaises intentions.

"Alex..."

Mon coeur rate un battement lorsque ses yeux se ferment et, réfléchissant à toute vitesse sur la manière à procéder, je reste de marbre.

"Alex ? Ah oui ! C'est vrai ! J'ai entendu dire que le grand O'Callaghan était familier avec les humains et les mêlés !

- T'es sérieux ? - la femme se tourne vers moi et me crache- Mais t'as pas honte ?

- T'es là pour la sauver ? Pour sauver cette raclure ? Ooh... si c'est pas mignon !"

Comme on se débarrasse d'une charge, l'homme laisse tomber à même le sol l'enfant qu'il portait sur son dos, avant de s'élancer vers moi. Tant pis... il semblerait que je vais me salir les mains ce soir. Qui plus est, ça me donne le prétexte idéal pour ne pas avoir à trahir Anja tout en sauvant Nancy.

Bien.

Nous sommes au deuxième étage. Je me focalise quelques secondes sur le sol, derrière la fenêtre, esquivant au possible leurs attaques et ne laissant pas les éraflures me faire perdre ma concentration. Dès que je me sens suffisamment en osmose avec mon pouvoir, je bloque le poignet de la fille qui tient le couteau avant de lever une grosse quantité de terre, depuis le domaine, que je fais passer par la fenêtre pour enterrer l'homme vivant.

Mon don déployé, je maintiens ma prise sur lui jusqu'à ce que j'entende plus les battements affolés de son coeur. La femme commence alors à se débattre et, tandis que je la bloque contre le mur et lui arrache sa lame, elle me hurle au visage :

"SALE TRAÎTRE !

-Je n'ai fait que me défendre. Quoi que je peux bien vous le dire, à vous : je suis effectivement venu pour la sauver."

Et je lui plante le poignard dans le cou et lui sectionne la trachée. Elle s'effondre alors dans un râle sur le sol, tandis que je nettoie le manche du couteau de mes empruntes et que je remets la terre dont je me suis servis dans le jardin. Je me dirige ensuite vers Nancy, toujours vivante dieu merci, et lui remets une mèche de cheveux derrière l'oreille. Et quand je vois les larmes perler ses joues, je lui murmure :

"Ça a dû être éprouvant... Désolé de n'être arrivé que maintenant, Nancy..."

Je la prends ensuite délicatement dans mes bras et me relève. Là, j'entends des pas précipités se diriger vers nous et, constatant qu'un exorciste se dirige ici, m'élance par la fenêtre.

Bon, au moins il pourra sauver la gamine.

Réceptionne grâce à la terre, je tangue un peu après avoir usé de tant de mes pouvoirs. Le souffle court, je regarde les possibilités qui s'offrent à moi puis, après quelques secondes d'hésitation, je décide de couper par les champs.

Une main chaude dans la mienne. Mon frère, si tu savais à quel point j'avais peur. Ta main ne me rassurait pas du tout. Je tremblais de tous mes membres sans parvenir à les ralentir. Que se passait-il, dans cet orphelinat ? Je l'avais senti en venant, je savais qu'il finirait par arriver quelque chose de malsain ici. Je regardais le visage de mon frère. Lui, il sentait les sensations nous entourant. Et curieusement, c'était aussi mon cas. L'air était étouffant. Tu sais quoi, Kely ? Je crois que nous sommes maudits. Nous apportons les ténèbres là où ils ne doivent pas être.
Mais dans un premier temps, il fallait nous sauver. Disparaître de cet endroit, comme nous étions habitués à le faire. Sinon, qui sait ce que ces gens nous feraient. Qui étaient-ils ? Pourquoi agissait-ils ce soir, et ce soir-là ? N'auraient-ils pas pu nous laisser le temps de respirer avant de se mettre à l'attaque. J'étais vidé avant d'avoir commencé la bataille. Les professeurs, les professeurs pouvaient certainement faire quelque chose pour ça. Mais tiendraient-ils ? J'en doutais. Je doutais de tout. Même de la véracité de cette main dans la mienne. J'aurais préféré que ce ne soit qu'un rêve. Un songe parmi tant d'autres. Un cauchemar dont le retour à la vérité ferait le plus grand bien. Mais il ne se terminait pas. Kely me demanda de me lever. Il avait raison, se mettre en sécurité. Nous devions nous mettre en sécurité.
À la sortie de notre chambre, un professeur nous emmena dans une salle avec d'autres élèves. Il fallait espérer qu'ils tiendraient. Je ne voulais pas mourir.

Dire que cette nuit avait si bien commencée, animée par câlins et autres marques d’affection avec mon mari… Mais non, il aura fallu qu’une bande de fanatiques attardés fassent les cons, en passant à l’action. Je fus réveillée par des cris et des éclairs de magie qui provenait de la rue. Je pensais être dans un rêve, Baptiste n’était plus à mes côtés, et il ne pouvait y avoir une bataille de cette ampleur dans Little Angleton, au milieu de tous ces inno… Les innocents ! Merde, si ce n’était pas un cauchemar, je devais intervenir au plus vite, certains risqueraient d’être blessée ou tués… Le téléphone sonne, c’est Baptiste.

-Lunna ! C’est la guerre, les sorciers noirs sont passés à l’attaque, il faut sauver un maximum de personnes ! Ils sont à Little Angleton et au Mystery, c’est là-bas que je vais, retrouves-y moi. Surtout fais attention à toi, je t’en supplie !

Je ne répondis pas… L’Orphelinat ! Ils ont osé les salauds ! Je repensais rapidement aux enfants que je connaissais là-bas, Mia, Laure Vanessa, et d’autres encore… Rapidement j’enfilai la première tunique qui me tombait sous la main, mon pendentif, puis pris mon sabre et mon couteau, aujourd’hui, le sang coulerait, comme le soir de la mort de mes parents, je les tuerai ! Un message groupé d’Orpheo m’indiquait que Dorian Cross et Anja von Duisbourg dirigeaient l’attaque, parfait, je les tuerais !
Je sortis, puis courus vers l’orphelinat, égorgeant tous les ennemis sur ma route en étant invisible, puis après une course effrénée, arrivai sur les lieux de la bataille. J’entendais les pleurs d’enfant d’ici, ce qui me mit dans un était de rage comme j’en avais rarement vécus. Je hurlai.

-Aux chefs des sorciers noirs, je vous maudis ! Venez-vous battre bande de chiens !

Je savais bien qu’ils ne m’entendaient pas, tant pis, je passe à l’attaque. Torturant mentalement et impitoyablement de mon don mes adversaires avant de les achever d’un coup de sabre ou de couteau, je tentais de me frayer un passage vers le bâtiment, en vain, les ennemis étaient trop nombreux, et trop fanatiques, ils ne se repliaient pas, combattaient jusqu’à la mort. Je me retrouvai aux côtés d’un homme qui était dans mon camp, une montagne aux cheveux longs maniant habilement une hache et un bâton, faisant un véritable carnage. Je le reconnaissais, il s’agit du forgeron de Little Angleton, un certain Ehwaz je crois. Il y avait aussi d’autres combattants avec nous, mais nous fûmes submergés. Le forgeron se prit une balle, et dû se replier. J’espère qu’il tombera sur Baptiste qui le remettra d’aplomb… D’ailleurs je ne savais pas où il se trouvait en ce moment, il devait être pas loin à soigner ceux qui en avaient besoin. Je résistai encore une demi-heure, avant de renoncer, j’avais atteint la limite de mes forces… Je fixai une dernière fois la vieille bâtisse qui m’avait vu grandir, un message de haine adressé aux sorciers noirs, et tout en pleurant, je m’en allai à la recherche de mon mari. Je les tuerais tous…