Je ne veux pas te perdre... Jamais.

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Admin | Agent de la Police Magique ~ Little thing so sex !
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Kurt Höwigräsche
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MessageSujet: Je ne veux pas te perdre... Jamais.   Je ne veux pas te perdre... Jamais. EmptyDim 26 Mai 2013 - 23:52

Je ne veux pas te perdre... Jamais. Tumblr_mmtdq4g3it1rkc55vo1_250
On ne peut pas toujours gagner...
Parfois j'ai l'impression
que tout ça est un rêve
que je me réveillerai
que tu ne seras plus là...

Cela fait maintenant exactement dix mois, cinq jours, et approximativement une dizaine d'heures suivit d'une poignées de minutes et un souffle de secondes (je ne suis pas sûr à cause du décalage horaire entre Londres et le Maroc) que je suis en couple avec Edwin. Je le sais parce que j'ai compté. Depuis l'Afrique, depuis cette nuit là. Oh, quelle nuit ! Si j'avais pu penser une seule seconde que ce ne serait pas volatile, si j'avais pu comprendre que je m'attacherais autant, si j'avais pensé qu'une personne avait le pouvoir de prendre autant de place dans mon coeur... Je me suis réveillé ce matin avec une boule au ventre, une angoisse sans fin, une peur qui me lacérait les entrailles. De ce dont j'ai rêvé, ce que j'ai vu cette nuit, il ne restait que des images fugaces, des images sombres et effrayantes. Le cauchemar m'avait réveillé, et oublier avait dû être le moyen le plus sûr. Comme à mon habitude je me suis préparé pour aller travailler, j'ai pris ma douche, je me suis habillé en mettant une chemise bleu clair, j'ai rapidement avalé un petit déjeuné puis j'ai marché dans les rues de Londres afin de prendre l'air avant une journée dans mon bureau. Je ne prend pas le métro ou un taxi, je préfère le grand air, l'oxygène pur et frais. Je me suis installé et j'ai commencé à regarder les dossiers qui s'empilaient sur mon bureau.

Les sorciers noirs ont attaqué Little Angleton et le Mystery Orphanage, cela m'a fait relativiser les choses, cela m'a fait penser qu'on peut se croire invincible mais qu'au fond on peut être impuissant. Nous avions tant d'orgueil à penser que l'orphelinat était protégé, qu'ils n'oseraient jamais attaquer, comme nous avions tant d'orgueil à penser que Londres était protégée. La réalité c'est que ce n'est pas vrai. Nous pouvons défendre une chose, mais si l'on se croit à l'abris, alors on ne l'est pas. Je croyais sincèrement que la catastrophe de Londres ne pourrait pas se reproduire, pas si vite. Je regrette amèrement toute cette arrogance. Mes yeux attrapent lignes après lignes chacun des mots des dossiers que je lis mais pour autant leur sens m'échappe totalement. Je revois... Je revois cette nuit, cette sombre nuit, ce cauchemar. Dés que je cligne des yeux, je revois Edwin devant moi, le visage tordu par la douleur, éclaboussé de sang et de larmes. Je ne peux même pas le prendre dans mes bras, lui mentir en lui disant que tout va bien se passer. J'entend son cris, son hurlement qui troue le silence et qui déchire mes oreilles. Il me supplie de venir l'aider. Je vois ses yeux qui me regardent et qui me hurlent de venir le sauver...

J'envoie tout ce qui se trouve sur mon bureau valdinguer ailleurs dans un grand bruit. Ça me déchire le ventre, la peur, l'insidieuse peur. Son visage, il me crie de l'aider, mais je n'y arrive pas, je n'y parviens pas. Je suis impuissant. Je ne peux rien faire. Je prend ma tête dans mes coudes. L'impuissance me hante. Je n'ai pas le droit de ne rien pouvoir faire. Je me rend compte que je tremble, moi, Kurt Höwigräsche, je tremble comme un enfant dans le noir, persuadé qu'un monstre vit sous son lit. Edwin se donne tellement de mal pour libérer le Mystery Orphanage, pour libérer les enfants et les professeurs et rendre la monnaie de leur pièce aux sorciers noirs. Mais la vérité, c'est que j'ai peur qu'il lui arrive quelque chose, j'ai peur qu'il ne tombe dans un piège. Si j'avais su, je me serais sans doute enfuis. J'ai déjà vécu quelques années, j'ai perdu des gens auxquels je tenais, des collèges, des amis, des amants, hommes et femmes... Cela ne m'était pas égal de les perdre, mais je me rend compte que je n'avais pas peur. Je ne craignais pas de les voir disparaître, j'avais accepté le risque comme on accepte que la vie peut nous enlever des êtres chers.

Je me lève et trébuche à moitié sur les objets qui ont volé sous mon impuissance. Je ne les relèves pas, je le ferais plus tard, ça n'a pas d'importance pour le moment. Je tourne en rond, le regard vide, la tête pleine de ces images qui ne cessent de m'assaillir. Son sang, son sang et ses larmes, ils sont partout, ils éclaboussent mes rêves. Ses lèvres tremblent. Il me regarde sans me voir, comme s'il était seul et que je l'avais abandonné. Seul, et à la merci des sorciers noirs, il semble prier et implorer. Je sais qu'il ne ferait jamais ça, je sais qu'il est courageux, mais je savais aussi que les sorciers noirs ne s'en prendraient jamais au Mystery Orphanage, alors pour ce que ça vaut ce que je sais, je peux bien le mettre à la poubelle. Je ferme les yeux et l'image est encore plus présente. Il tremble de tout son corps. Il me semble qu'ils l'ont brisé, consciencieusement, délibérément. Je vois ça comme un film, une vidéo qu'il m'aurait envoyé comme Dorian a envoyé la vidéo de Pandora. Et Edwin murmure doucement : Kurt... Je sursaute. Mon poing s'écrase sur le mur. Depuis quand... ?

Mon coeur tremble de savoir. J'ai mal. Je sors de mon bureau. Mes subalternes me regardent comme si je venais de commettre un meurtre ou comme si j'allais mettre fin à mes jours. Leurs yeux sur mon être me semblent insupportables. Je rigole nerveusement : tout ça à cause d'un cauchemar stupide hein ? Mais quand allais-tu t'en rendre compte Kurt ? Quand est-ce que tu allais te l'avouer. M'avouer quoi ? Que je... Nous sommes partis de si peu, de si loin. Il me semblait que flirter avec lui était un besoin, parce qu'il était beau, parce qu'il était drôle, parce qu'il me plaisait et qu'en tant que chef, il y avait un petit goût d'interdit, un petit goût de danger. Je me souviens de nos sourires, de nos gênes et de ce flirt incessant qui ne demandait qu'à prendre fin. Combien de fois sommes nous allé au bar boire un verre après le boulot ? Combien de fois avons nous passé des après-midi, comme deux très bons amis qui se voilaient la face ? Je me suis voilé la face trop longtemps pendant notre relation. J'en ai la nausée. Mes collèges essayent de me parler mais je m'engouffre dans les couloirs et disparaît dans les escaliers. Je ne veux pas les entendre. Et je ne veux plus entendre ce cris.

Je traverse les couloirs et les étages séparant le bureau de Edwin du mien. Le bâtiment d'Orpheo est grand, l'aile de la police aussi. Son bureau est plus loin du mien depuis qu'il est chef de la police magique, non pas que je regrette sa promotion. Où est-ce que ça nous mène tout ça ? Seulement parce que j'ai fait un cauchemars. Je rigole sèchement. On dirait finalement que je suis cet enfant qui est effrayé. Je soupire pour essayer de me calmer. Ca n'a pas de sens tout ça. Lorsque nous étions en Afrique, je savais que nous allions entamer une relation, je le savais, je l'attendais. Et si j'avais vu le futur, l'aurais-je voulu ? Peut être pas. Je me met à courir, cela devient insupportable. Cette agitation dans mon corps me pousse encore plus loin et j'arrive quelques secondes plus tard devant la porte d'Edwin, essoufflé, non pas d'avoir couru quelques mètres, mais essoufflé de cette peur qui m'agrippe les intestins. Oh mon dieu ! Je ne toque pas, j'entre. Il lève les yeux, l'air surpris et je le regarde, comme je ne l'ai jamais regardé. J'ai ma réponse maintenant. Si tout était à refaire, je le referais ! Toute cette souffrance, toute cette peur viscérale, tout cela, je le revivrais encore et encore si c'était nécessaire. Si j'avais su qu'une personne avait le pouvoir de prendre autant de place, qu'elle pouvait autant me désorienter, oui, je le referais.

Edwin me regarde, toujours intrigué mais il comprend qu'il y a quelque chose qui se passe, que je ne viens pas juste de débarquer dans son bureau pour lui demander le dernier rapport ou lui proposer un rendez-vous ce soir. Il se lève. Je le regarde comme si ma vie en dépendait. Il y a quelque chose que je viens juste de comprendre. Je m'en voudrais tellement si un jour, si ne serait-ce qu'une heure, qu'une minute, qu'une seconde une partie de ce cauchemar se réalise. Personne n'a le droit de faire que cela arrive, jamais. Mais la vie n'est pas faite comme ça et un jour, peut être, sera-t-il blessé, ou pire, mourant en souffrant terriblement. Il ne dit rien, moi non plus. Il attend. Il comprend que c'est important. Ma main s'envole pour sa joue et la frôle légèrement. J'ai l'air perdu. J'ai l'impression que c'est un rêve, que je me réveillerai, que tu ne seras plus là. Je ne veux jamais me réveiller.

- Je...

Je l'attrape dans mes bras et le sers contre mon corps, comme pour m'assurer qu'il est réel, qu'il ne va pas s'évanouir dans la nature. Son odeur m'enivre. Je rigole nerveusement, tremblant et quand je le lâche, ce n'est pas pour m'éloigner de lui, seulement pour voir son visage. Je le regarde, droit dans les yeux.

- Je t'aime. Je t'aime !

Une main s'est glissé derrière sa nuque et je l'embrasse passionnément. Je n'ai pas dit je t'aime comme je le dirais de temps en temps, légèrement, niaisement. Je l'ai dit avec toute ma sincérité et tout mon coeur. En me réveillant ce matin, en sentant la crainte prendre mon coeur, j'ai compris non pas à quel point je tenais à lui car ce serait bien loin de la vérité, mais à quel point je l'aime. Ce n'est pas l'histoire que j'avais prévu, qui se serait sans doute doucement essoufflée, qui nous aurait laissé bon amis et peut être parfois encore amants. Ce n'est pas ce que j'avais prévu, mais c'est tellement plus, tellement mieux. Je ne croyais pas mériter cela. Je ne pensais pas que je pourrais un jour aimer comme cela, malgré tout ce que j'ai vécu, malgré le nombre de fois où j'ai aimé, jamais je n'aurais cru pouvoir être encore surpris. Il faut savoir que j'ai aimé un certain nombre de fois et toujours avec sincérité, mais jamais avec autant d'ampleur et de souffrance, jamais avec autant de peur et de cauchemar, jamais avec autant de joie. L'amour fait mal, l'amour fait peur et prend de la place mais je ne le fuirais pour rien au monde. Aujourd'hui et ce pour la première fois, je n'ai pas accepté le risque de perdre Edwin. Aujourd'hui j'ai refusé de comprendre qu'un jour peut être la vie me l'enlèvera car elle s'accompagne toujours de la mort. Aujourd'hui je refuse. Nos lèvres se séparent doucement et je laisse mes yeux exprimer tout ce que les mots sont incapables de faire passer, je laisse mes yeux lâcher une larme...

Je t'aime.
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