La fête solitaire [NC -18]

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 La fête solitaire [NC -18]

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Alec Meyer
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MessageSujet: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyLun 15 Fév 2021 - 14:19

Le coin en haut à droite de l'ordinateur indiquait 22h30 passé. Alec soupira et enregistra le rapport qu'il était en train de taper avant d'enfin éteindre son ordinateur. Il était dans son bureau depuis 6h du matin, à s'occuper de tout un tas de données administratives.
Le trentenaire aimait pourtant son travail, vraiment. Sauver des vies, aider les gens, pouvoir se perdre corps et âme dans la guérison. Mais avec le titre de chef étaient venues les responsabilités et, avec ça, de moins en moins de temps passé auprès des patients. Parce qu'il fallait régler les conflits, engager du personnel, trouver des financements… Sur l'écran devenu noir de son ordinateur, il aperçut son reflet et, pour la première fois de sa vie, se trouva vieux. Des rides naissantes chatouillaient le coin de ses yeux et quelques cheveux blancs encore timides venaient teinter sa chevelure. Son regard dévia alors sur son bureau sur lequel, contrairement à ceux des médecins de son IBMM n'était posé aucun cadre photo. Pas de famille qui l'attendait à la maison, pas de petite main pour venir se glisser dans sa paume, de regard pour réchauffer son foyer. À peine un vieux chat qui passait sa vie à l'extérieur et ne daignait partager sa présence que pour manger.
Rémy était partie. Il n'y avait rien de plus à dire. Elle n'était plus là et ça lui avait démoli le cœur. Il était entouré de guérisseurs qui, tout comme lui, pouvaient combler les plaies les plus béantes et soigner les organes les plus endommagées, mais personne n'avait rien pu faire pour la douleur au milieu de sa poitrine. Peut-être simplement parce qu'il n'avait plus qu'un trou à l'intérieur de lui ? Comment faire repousser un cœur quand il n'y avait plus de graine ? Il comblait le vide avec des aventures d'un soir ou de quelques nuits, jamais de grandes histoires. La vie de famille avec les gosses et le chien ce n'était pas fait pour lui. En tout cas pas sans Rémy. Il fallait s'y résoudre. Alors il virevoltait. C'était facile pour lui : malgré la vieillesse qui commençait à naître sur ses traits, il restait beau, peut-être même encore plus qu'à ses vingt ans. Ça lui permettait d'oublier la solitude.

Il s'étira avant de se diriger vers le petit bar qu'il avait aménagé dans son bureau. Un verre de temps en temps, comme tellement de ses collègues. Pour oublier la mort d'un patient trop jeune pour mourir. Ou combler la solitude d'une nuit trop noire.
Mais la bouteille de whisky était vide. Décidément ! Il allait de déconvenue en déconvenue. Et n'avait aucune envie de rentrer chez lui pour un tête à tête avec son chat Gris. Alec attrapa sa veste, sortit de son bureau, salua quelques employés, fit un détour par l'aile des enfants pour leur raconter une petite histoire, puis, enfin, se retrouva hors de l'IBMM. Un peu hors de sa vie. Il laissa sur le parking son vélo. Il avait dû soigner trop d'accidents de la route pour avoir envie de prendre ce risque et le bar n'était qu'à dix minutes à pied. Pour le retour jusqu'à chez lui, il prendrait un taxi. Ou marcherait, ça lui changerait les idées. Il ne travaillait pas le lendemain.

Arrivé sur place, il se dirigea vers une table isolée et commanda un verre de whisky. Quelques regards s'étaient retournés sur son passage, quelques sourires auxquels il n'accrocha pas, ne souhaitant pas leur offrir de faux espoirs. Ce dont il avait envie ce soir-là, c'était un verre, pas une compagnie maladroite. Un regard à sa montre lui indiqua 23h58, le 13 février. Dans un sourire cynique, il compta les secondes jusqu'au passage au 14.

Joyeux St Valentin pensa-t-il.


Dernière édition par Alec Meyer le Ven 19 Fév 2021 - 10:54, édité 1 fois
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Apprentie Exorciste
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Sam Carver
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyLun 15 Fév 2021 - 22:37

Saint Valentin.
Les coeurs, la lingerie ultra sexy, les comment faire plaisir à votre moitié, le rose, le rouge, les mots dans les casiers, les lettres, l’amour, l’amour, l’amour.
N’est-ce pas ?

Elle se coule jusqu’à chez elle. Si la plupart du temps, elle s’accomodait plutôt bien de la vie avec Cormag et Elisabeth, il lui semblait surtout qu’il s’agissait d’interdits, d’interdits et d’autres interdits encore. Même quand ils n’étaient pas là c’est à dire TELLEMENT SOUVENT ils se débrouillaient pour savoir et, parce qu’elle n’était pas une menteuse, les conséquences l’avaient lassée. Elle flirtait donc avec les non-dits, les à-peine avoué, les vérités arrangées.

Saint Valentin donc ! Et comme de par hasard, ni Cormag ni Elisabeth ce sooooir dans la plaaaace !
L’appartement résonne, froid, brun ; ma chambre est définitivement la seule partie habitée de cet endroit délaissée. J’espère qu’ils fêtent ça ensemble.
J’espère qu’on va retourner vite à Berlin surtout, oui, joli joli Strasbourg hein, romantique la France, mais Berlin ?…

Je me traine jusqu’au frigo avec la flemme de me faire à manger, la flemme même de réchauffer un plat qui sera devenu mou. J’attrape un pot de glace, sans vraiment savoir si je voudrais être comme mes potes, là, à attendre minuit pour embrasser quelqu’un sur la bouche. Garance, Maud, Vincent, Bartolomiej, Gab, Tri. Maintenant qu’elle maitrise mieux son don — grâce à ses tuteurs sans aucun doute — la magie est moins envahissante dans sa vie d’innocente et la met moins à l’écart ; la plupart du temps du moins, quand ce n’est pas trop prenant, pas trop vif. Mais de là à avoir un amoureux, une amoureuse ? Qui voudrait toucher un autre et toucher son passé, ses échos, se laisser résonner d'autres personnes ?

Martin m’a mis un plan je crois, tu viens boire une bière ?
T’es à Strsbrg aussi ?
Yup. Maud est là aussi.


Pas le droit, pas le droit, pas le droit.
Je pèse les conséquences, relis le message de Bart, part me saper. Au pire, est-ce qu’ils s’en rendront compte ?
Oui, absolument.
Mais il faut admettre qu’ils sont à court de punissions réellement punissantes. Le super pouvoir de Sam est l’adaptation extrême, face aux autres et aux situations, jamais réellement dérangée par la vie. Si à ses quinze ans rien n’allait jamais, la pièce s’est retournée net avec la maitrise de la partie d’elle qui lui échappait.

Le bar d’à côté de ton air bnb ?
Mais il est pas hyper tard ?
Sam, ça va, j’suis triste en plus
mouais
allez !
Ok.


Quel bel argumentaire ! Bravo Bart, totalement convaincue.
Rapide regard dans la glace ; quelle étrange sensation que la fin de l’adolescence, voir ses traits changer, s’affiner et s’affirmer. Elle souligne sa mâchoire prononcée, ses sourcils plus fournis… sans vraiment rien y penser. Belle, pas belle ? Dans son lycée de gens VRAIMENT FORTUNÉS tout le monde a les moyens d’être relativement dans les standards. Beaux, sportifs, les dents alignés, les cheveux maitrisés, l’acné matée, les poils brûlés, les fringues hors de prix pour tenir chaud, froid, gainé, propre.
Je claque la porte.
Les clés dedans.
Putain de… putain !
Court l’histoire dans mon cerveau de comment je vais devoir attendre comme une pauvrette devant la porte, à patienter pour une punition qui ne viendra peut-être que demain, comme ils font souvent, à ne rentre qu’à midi.
J’essaie de forcer la porte — regrette mes pouvoirs nullissimes — abandonne.

Je descends quatre à quatre les escaliers, maquillée, les cheveux lâchés, une tenue maitrisée pour avoir l’air plus que majeure ; hors de question d’être humiliée par un refus de se faire servir au comptoir. Les fringues — laissons ce vieux t-shirt de groupe au placard - pour dévoiler ce qu’il faut, l’assurance pour masquer le reste.

La rue est bruyante et passante. Le français ne me dérange pas mais il est toujours plein de sens comme l’allemand et je regrette toujours une fois dans un lieu public la facilité de l’anglais.
Le bar est là, Bart et Maud aussi, mais cette dernière annonce directement la couleur :

- J’reste juste le temps d’une clope avec vous, Lucas travaille jusqu’à super tard ce soir mais il arrive.

Ah, Lucas. Compliqué compliqué. On sait mutuellement que nous sommes magiques — il bosse comme apprenti à l’IBMM de Strasbourg mais Maud ne le sait pas. Elle se pavaaaane de sortir avec plus vieux qu’elle et je la comprends : grand, large d’épaules, blond les yeux clairs, gentil en plus. On fume en l’attendant — j’ai peur d’apercevoir Cormag à chaque coin de rue. Parfois, sans se rendre compte je crois, ils ne sont qu'interdiction. Pas ci, non, pas ça non plus, Sloane enfin, non, tu n'y vas pas, tu ne traines pas avec, tu ne restes pas jusqu'à telle heure, tu ne restes pas seule à Berlin, tu ne fumes pas, tu ne t'exerces pas seule, tu n'appliques pas tes pouvoirs sur nous.

Non, non, non.
Jamais oui.

Quand Lucas arrive, je m’efforce de paraître ravie, ravie, ravie pour vous. Bart tire la même tête, oh là là, ravi que tu sois très heureuse et toi très heureux et pas moi. On boit une bière tous ensemble dehors, ça dure pas plus de dix minutes avant que surprise, Martin ! Bart me jette un coup d’oeil d’excuse et je me retrouve totalement seule en l’espace d’un battement de cils. Parce que Martin m'a claqué la bise sans mon avis, une longue traîne d'excitations, de surprise, d'une gifle paternelle douloureuse et une presque noyade me suit alors qu'ils sont partis depuis quelques minutes. Ça sent le chaud et la poussière dans la caravane cligne des yeux tu es en France, tu es t|des papiers froissés dans les mains et coll|tu es toi, ici et mainten|il y a le vieux teckel qui se met sur le dos, envoie la main sur son pelage rapeux SAM ! Putain.
Reviens.
J’ai le seum.
Pire soirée. Minuit. Excellent timing de la soirée la plus éclatée au sol de l’histoire. Insane.
Bon.

L’adolescente lève le menton, se coule dans le bar avec un sourire qui insuffle la confiance. Elle dose son pouvoir sans compter, rien à foutre. Elle prendre dix fois la place qu’elle prendrait en temps normal, presque-gamine-encore, effacée naturellement pour faire de la place aux autres dans son monde. Au bar, on lui sert volontiers une vodka citron, et quand elle se tourne c’est de la peau nue qu’elle touche, une autre main, et parce qu’elle est un peu ivre, un peu fatiguée, elle porte horrifiée sa main à sa poitrine, anticipant la vague qui va la ravager mais rien de vient. Pourtant, toucher des inconnus, d'habitude ça ne loupe pas, il faut qu'elle s'agrippe fort à ses racines, le Canada, les grands lacs, le rire de Cormag qui est si rare mais tellement cool ; à Declan aussi. Mais rien ne vient et j'ancre mes yeux dans celui de l'inconnu en lâchant un « oh » de surprise. La tension dans mes tripes se relâche comme si je pouvais poser le bouclier à terre quelques secondes. Comme si je ne me rendait compte que maintenant à quel point j'avais mal aux bras.
Je sais que je l'ai fixé quelques secondes en trop et, la curiosité poussée à fond, je tends la main pour la lui serrer, prête à fouiller, chercher, happer quelque chose. Ou ressentir le vide, le rien, la paix à nouveau ? Mon coeur s'emballe et je lâche, les doigts électriques "Sam. Joyeuse saint valentin."
L'ironie m'a échappée, pas l'intention.
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Alec Meyer
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyMar 16 Fév 2021 - 13:29

Il descendit un verre, puis deux, puis trois, puis bénit l’idée d’être venu dans ce bar plutôt que dans son bureau lorsqu’il réalisa qu’il titubait en se levant pour aller chercher le quatrième. Il n’aurait pas aimé que les plus jeunes de ses patients le voient dans cet état, ni les plus vieux, ou ses collègues qui se faisaient déjà tellement de soucis pour lui. Combien de fois avait-il surpris des conversations au détour d’un couloir à son sujet ? Les gens ne comprenaient pas pourquoi il n’était pas marié, avec des gosses et un vrai foyer. Ils disaient que c’était parce qu’il se noyait dans le travail, mais c’était ridicule. Ces gens-là ne pouvaient pas comprendre, ne pouvaient pas ressentir le gouffre qu’avait laissé Rémy dans sa vie. Ils jugeaient sans connaître, mais en même temps, comment leur en vouloir ? Alec ne se laissait plus connaître.

Accoudé au bar, il attendait le quatrième verre lorsqu’une jeune femme, en se tournant un peu trop vite, le bouscula légèrement. Elle eut l’air presque bouleversée, une main sur sa poitrine et un « oh » aux sonorités étranges s’extirpant de sa bouche. Le guérisseur se demanda s’il devait s’excuser – de s’être trouvé là, au mauvais endroit, d’exister même –, mais les yeux fixé de l’inconnue le retenaient.
Puis, aussi vivement que ses émotions l’avaient stoppée, elle sembla reprendre vie et tendit une main et quelques mots.

– Sam. Joyeuse Saint Valentin.

Quel âge avait-elle ? Les couleurs sur ses yeux semblaient vieillir ses traits, mais malgré ça, il ne lui donnait pas plus de vingt ans. En serrant la main de la jeune femme, il se rappela sa propre vingtaine, les études de médecine à Genève, la présence de Nana quand il rentrait chez son père, la séduction à son paroxysme, l’envie de découvrir tout ce que la vie pouvait lui offrir. Ça lui semblait être à mille lieux de sa réalité de trentenaire, comme si les seize années qui avaient passées depuis avaient dressé un mur entre celui qu’il était et son passé. Une chose en tout cas était certaine : le temps et les épreuves l’avaient profondément changé et il enviait presque la jeunesse de celle qui se tenait face à lui.

– Alec.

Il eut l’impression que la poignée de main entre eux duraient quelques instants de plus qu’elle n’aurait dû, sans cependant être capable d’identifier qui de lui ou d’elle retenait ce contact. Il se sentait comme déboussolé, sans doute à cause de l’alcool dans ses veines. Le guérisseur jeta alors un coup d’œil autour d’eux, mais rien ni personne ne semblait attendre Sam.

– Bienvenue dans l’épave des célibataires.

Les mots à peine sortis de sa bouche qu’il le regretta aussitôt. C’était cliché et idiot comme phrase et ça sonnait presque comme de la mauvaise drague alors que, ce soir-là, il avait tout sauf envie de se retrouver avec une inconnue dans son lit. Une petite voix dans sa tête lui suggéra que c’était l’alcool qui parlait à sa place, mais elle mourut étouffée sous le bruit du verre que le barman venait de poser devant lui. Et ce fut un sourire gêné qu’il cacha sous une gorgée de whisky.
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Sam Carver
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyMar 16 Fév 2021 - 17:12

Il tend la main et je la saisis. J’ai eu peur pendant une instant qu’il ne la refuse — mais peu sont les aigris ou solitaires assez affirmés pour refuser de front une simple main tendue. J’ai l’impression que c’est la première fois de vie où sans concentration aucune, sa paume me fait juste l’effet d’une paume. Une poignée de main chaude, sans grande main dans la mienne qui n’absorbe pas ce qu’il est.

Ce soir, il sera donc ce qu’il a décidé de me dire, ce qu’il voudrait bien laisser couler dans ses gestes et ses non-dits. Mmmh. Paraît-il que nous sommes tout ce qu’on veut communiquer et tout ce qu’on planque là, aux yeux de tous, ce qu’on voudrait pas faire savoir et qu’on laisse pourtant à la vue des autres. Je suis extrêmement naze pour capter les regards, les plis de bouche et le reste, j’me base sur le vrai, le sûr : la magie.

J’ai envie de froncer le nez et siffler un « sorcier ! » (qui est-il donc pour que je ne puisse pas le lire, enfin ?! - peut-être a-t-il un pouvoir de bouclier) mais il me prend de court :

— Alec.

L’adolescente lit l’alcool en lui et trempe ses lèvres dans sa vodka. Placebo ou non, l’alcool coule dans sa gorge, puis son estomac, semble continuer dans son ventre, chaud, pulsatile et puis ses cuisses, ses jambes.

– Bienvenue dans l’épave des célibataires.

Ah vas-y la frustration finalement, le calme mais pourquoi suis-je en train de souhaiter la tempête ? Je bats des cils.

– Bienvenue dans l’épave des célibataires.

Son cynsime m’arrache un sourire tout aussi désabusé, et oui, et oui, Cormag ne m’a-t-il pas prévenu après tout que la vie des sorciers était solitaire car tout le reste n’est que faiblesse ? Qu’il est beau à me dire ça avec Elisabeth à son bras.

— Oh, l’épave, carrément. Quel pessimisme.

Son whisky le gêne mais elle n’en a rien à faire, parce qu’on ne peut — habituellement — pas lui mentir, elle n’est pas du genre à juger, juste à voir, à voir et laisser glisser sur elle pour ne pas trop garder. Tout le monde a son placard à cadavres, à solitudes, à mensonges tout crasseux, à regrets et remords et défauts et colères.

Elle aussi.

Son nez se fronce — elle voudrait dire allez, mais dis, enfin, mais t’es qui mais se cale un peu mieux dans le siège.


— A-t-on seulement une chance d’en sortir ?

L’adaptée de l’extrême, langage dégueulasse avec les potes, châtié avec Cormag et Eli, définitivement élaboré avec Declan, Luka. Je peux pas trop blairer Ian et sa façon de pas réussir à parler ceci dit. Un malaise du pattes.
Presque littéralement.

Je termine ma vodka et jette une oeillade au serveur, le dos contre le sky collant de la banquette. Y’a pas de raison que je sois sobre ce soir — surtout pas face aux deux tuteurs. Quitte à devoir sonner comme une gueuse pour rentrer, puant la clope et l’alcool, autant être trop éméchée pour qu’ils se soucient d’autre chose que de me dégriser. Mais elle sait qu’elle part avec une longueur d’avance, ses gênes d’alcooliques, d’addicts, de ceux qui pouvaient boire une bouteille de whisky sans broncher.
Elle déglutit le souvenir, enserre le verre plein devant elle.
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Alec Meyer
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyMar 16 Fév 2021 - 18:39

Il pensa qu’il aurait bien aimé qu’elle parte, puis l’instant d’après il pensa l’inverse. Avoir de la compagnie – un être pas en train de mourir devant lui, qui ne lui parle pas des problèmes du mec dans la chambre 225, ou qui ne soit pas une femme en train de minauder – était relativement agréable. Sauf si, effectivement, elle avait envie de minauder. Mais elle n’avait pas vraiment la tête à cela et de toute façon Alec était trop saoul pour s’en rendre compte.

– Oh, l’épave, carrément. Quel pessimisme.

Soupir désabusé. Forcément, elle était jeune, que pouvait-elle connaître aux déboirs amoureux qui se noyaient au fond des verres ? Avait-elle seulement eu le cœur brisé une seule fois dans sa vie ? Brisé pour de vrai, pas des mots jetés comme des éclats de verre mais que l’on oubliait quelques mois plus tard dans d’autres bras. Brisé comme irrécupérable, irréparable, lacéré au couteau jusqu’au fin fond de la chair.

Elle se cala un peu plus dans sa chaise, le nez froncé comme en pleine réflexion, et cela lui donna un air bien plus jeune, comme si elle n’avait pas réellement dépassé l’adolescence. Mais alors qu’aurait-elle bien pu faire à traîner dans un tel bar sans être majeure ? Cette question, elle n’effleura même pas Alec, parce qu’il n’aurait pas eu la force d’y réfléchir et, surtout, de se rappeler de sa propre adolescence et de tous les moments passé avec Rémy à maquiller leur carte d’identité pour danser jusqu’au bout de la nuit.

– A-t-on seulement une chance d’en sortir ?

La poésie chantait dans sa voix et dans ses gestes. Peut-être que c’était simplement l’alcool qui grisait sa vision, mais finalement ça lui plaisait bien. Il la regarda recommander un verre avec un air assuré et observa les glaçons qui se baladaient au fond de son reste de whisky en se demandant si, le whisky, n’était pas justement une boisson de vieux. Elle était à la vodka, le genre d’alcool qui plaisait aux russes ou aux jeunes.
Il eut envie de se sentir jeune à son tour alors il termina son verre, leva la main pour commander également une vodka, mais, au dernier moment, se dégonfla et demande un gin tonic. C’était un compromis prudent : ça ne faisait ni vieux ni jeune, pas dragueur lourd, mais pas dégonflé comme s’il avait commandé une bière. C’était plus universel comme boisson.

– A-t-on seulement envie de s’en sortir ?

Le serveur, qui était définitivement d’une efficacité sans limite, posa rapidement le nouveau verre à la place de l’ancien et le guérisseur laissa quelques gorgées amères nourrir son gosier. Ça commençait à taper fort dans sa tête, assez pour oublier l’IBMM, le départ de Rémy et la fleur écarlate dans la poitrine de sa sœur. L’alcool avait ça de bien : l’oubli et la facilité. Une parenthèse dans une journée un peu trop remplie.

– Une épave ce n’est pas forcément négatif. Ça dépend du point de vue.

Il eut envie de renverser son verre sur sa tête. Il disait vraiment n’importe quoi, parfois, juste parce que les mots sortaient tout seul. De quel point de vue parlait-il ? De celui de Rémy qui était heureuse de l’avoir abandonné ? Il se sentit ridicule, mais le sentiment lui passa vite. Au fond, ça n’avait pas vraiment d’importance. C’était la Saint-Valentin et ça lui donnait l’autorisation de se vautrer dans les bêtises et dans l’alcool car le lendemain serait un autre jour – le lendemain était toujours un autre jour – et arriverait bien assez vite pour qu’il retrouve sa blouse de guérisseur et ses mains dans le sang.

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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyMar 16 Fév 2021 - 19:34

Il soupire, me regarde genre, oh hé, ça va, ça va mademoiselle. Il doit me trouve jeune, ado peut être, idiot sûrement. Je penche la tête un peu pour scruter son visage qui semble marqué par autre chose que les années. Mais rien à voir encore avec Declan qui porte les années de torture, de perte et d’anorexie en lui, comme une normalité, ses runes de douleur à même la peau qui sont là encore des mois après pour le faire galérer. Non, il n’a pas encore cette ligne des épaules-là, peut-être l’aura-t-il un jour. Je détaille ses avant-bras sur la table, ses bras, son cou alors qu’il dit « A-t-on seulement envie de s’en sortir ? » et il me fait penser à ceux englués dans la mélasse de l’avant que Cormag déteste tellement. Declan en fait partie (mais il me paie mes cocas, alors je laisse courir).

Il remplace son verre, je me noie dans le mien. Le fun à l’âge moderne : se miner, les joues rougies, auprès d’un inconnu, lâchée par ses potes, obsédée par roulements par des choses que je n’aurais pas. Elle s’essaie à envoyer de la joie, des boulettes de légereté à l’autre mais rien ne vient, ses doigts restent lourds de magie, de pouvoir stagnant, rien ne sort. Elle déglutit la salive devenue pâteuse dans sa bouche et prend un glaçon presque fondu en bouche, sur la langue.

why
c’est qui ce gars

mais il dit « Une épave ce n’est pas forcément négatif. Ça dépend du point de vue. » et j’aimerais réfléchir avant de parler mais ce n’est pas le cas, et je m’entends dire « Les poissons, les algues et les moules doivent vivre leur meilleure vie. Sûrement. ». Je regrette la table que j’ai choisi, le brun en face me fait un clin d’oeil en me regardant. Le vide de mes pouvoirs appelle à être rempli, je le toucherai bien au cou, au niveau des cordes vocales, plutôt que l’autre qui regarde le fond de son verre comme s’il y vivrait bien.

L’alcool la rend reckless. Elle tuerait pour sentir la peau d’un autre, les lèvres d’un autre, tenir la main dans la cour, s’asseoir sur le muret, les hanches d’un autre entre les cuisses — pour être vue, pour être vue, pour aimer fort, elle voudrait aimer elle le sait sûrement pas mais elle a des envies qui le soir lui déchirent le ventre et que sa magie pour l’expulser au loin et la laissée, jalouse, seule, délaissée. Personne sur ses lèvres à elle.

Putain.

Elle se lève pour aller chercher un autre verre, s’approche pour s’accouder au comptoir quand le serveur dit « attent| » mais elle a déjà posé son coude nu sur le bar, s’enfonce un éclat de verre dans sa peau tendre et blanche.
Mon cerveau traite mollement l’information, ivre qu’il est, hormoné qu’il est surtout ouais, je presse mes doigts sur la plaie, presse la vieille serviette qu’il me tend et quand je me retourne pour m’assoir — un coca en main — le mur, le bloc, le je ne sais quoi n’est pas constant, ma magie fourmille dans mon sang et je balance, ivre, clairement, une vague d’euphorie maladroite, sans la lier à aucune souvenir ni rien, je tente ça, et m’esclaffe : « ah ! mais c’est pas constant en fait ! »

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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyMar 16 Fév 2021 - 21:24

Il regardait le fond de son verre comme si un gouffre sous-marin allait s’y ouvrir lorsqu’elle répondit :

– Les poissons, les algues et les moules doivent vivre leur meilleure vie. Sûrement.

Le rire s’ancra dans la poitrine de l’homme et il eut de la peine à l’arrêter. Il ne maîtrisait plus la tempête des éclats d’émotions qui battait contre ses tempes. C’était ridicule : il avait l’impression d’avoir 18 ans à nouveau, de se retourner la tête avec ses potes avant de sortir en boîte. Il avait envie de saisir la main de Sam, de l’emmener danser, danser sur les tables, descendre des shots, l’embrasser entre dans nuages de fumées.
L’envie fugitive regagna le fond de son verre alors qu’il tanguait toujours. C’était un peu ridicule de penser tout ça à son âge, ce n’était pas responsable. Si Remy avait été là, elle se serait bien moquée. Ah… Remy, encore Remy, toujours Remy.
Satané fantôme, il se battait contre des souvenirs impalpables et il avait horreur de ça. Pourquoi, dès qu’il avait l’impression de réussir un peu à se focaliser sur le présent, il décrochait dans sa mémoire ?

Ce fut elle qui décrocha en premier, se levant comme pour fuir. Mais elle ne franchit pas les portes du bar et se contenta de se poser au comptoir. Il ne vit pas tout, ne comprit pas tout – la vérité c’était qu’il était un peu myope mais oubliait continuellement ses lunettes sur le rebord de sa table de chevet –, mais lorsqu’elle revint près de lui, il sentit immédiatement une odeur qu’il ne connaissait que trop bien. Il regarda la serviette, un peu blanche, un peu grise, surtout rouge qu’elle tenait contre son coude. Il regarda le coca dans sa main, le regard un peu ivre, un peu fiévreux. Il la regarda l’effleurer et lâcher, sortit de nul part :

– Ah ! Mais c’est pas constant en fait !

L’odeur du sang l’avait ramené à son instinct le plus primitif, celui de la guérison. Son don, la chose pour laquelle il avait dédié sa vie, ses études, chaque seconde de son existence. S’il n’avait pas tout à fait compris les mots lâchés par la jeune femme, il avait senti la blessure, le sang qui roulait. Avec délicatesse et professionnalisme, il attrapa le verre qu’il posa sur la table avant de saisir la serviette et de la décoller de la blessure, observant la longue trace rouge qui ne cesse de continuer à salir la peau blanche, et les bouts de verre toujours collés à l’intérieur de la coupure.

– Je peux ?

Son cerveau de médecin lui criait que des points de suture étaient nécessaire, son don de guérisseur lui, vibrait assez fort pour savoir qu’il pouvait faire cicatriser la peau en quelques secondes. Si l’alcool n’avait pas endormi une partie – la mauvaise apparemment – de son cerveau, il aurait ignoré la magie qui rugissait en lui, emballé le bras entaillé dans un bandage improvisé et si possible un peu plus propre que la serviette donnée par le barman, puis l’aurait accompagnée dans un hôpital ou une pharmacie pour prendre un kit afin de recoudre la peau. Mais il avait oublié qu’il ne connaissait pas cette femme et que, sans doute, elle n’était pas de son monde. Comme si cette idée s’était enterrée d’elle-même sous un sentiment de certitude qu’il ne risquait rien à dévoiler son donc. Alors il suivit son instinct, retira doucement les bouts de verres dans la plaies qui semblait de plus en plus disparaître sous le sang, puis appuya la paume de sa main contre le bras, laissant doucement la magie pulser contre la douleur.
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyMar 16 Fév 2021 - 22:59

Trois souvenirs de Cormag très, très précis s’entrechoquent dans mon crâne, comme des glaçons dans un verre.
Le premier est très simple : j’ai dormi chez deux copines (pas des copains, notez bien) et l’un a fait un cauchemar et elles ont dormi roulées l’une en boule contre l’autre, et j’avais dit à Cormag, vraiment pas fière de moi, que si je m’endormais en touchant quelqu’un, j’avais peur de tout modifier ses souvenirs et tout foutre en l’air et il m’avait dit (je vous le donne en mille) tu toucheras les gens inconsciemment quand tu sauras ranger ton don et ton pouvoir au placard.

Il m’avait jamais effleuré l’esprit que des gens puissent être placardés eux-même.

Deuxième souvenir très marquant, j’ânonne, que dis-je, je hurle dans la maison qu’il doit m’appeler Sam, pas Sloane, et il me dit très calmement que c’est mon nom, mais je l’ai pas choisi que je réponds, mais c’est qui tu es quand même. Sur l’année qui suis je ne réponds jamais à Sloane, jamais, jamais, et je fais toujours la même remarque : je m’appelle Sam.
Comment leur expliquer que ça met à distance tout ce que j’étais, Sam, c’est moi, un peu mais pas trop, ça laisse une bonne marge de manoeuvre pour me réinventer.

Dernier souvenir et pas des moindres, Cormag qui me dit platement, tes désirs te mèneront là où tu veux être, là où tu souhaiteras plus tard n’avoir jamais été.

C’est ces trois souvenirs qui affluent net quand d’un même mouvement, Alec me demande s’il peut et, avant même que avoir pu répondre, il me touche nettement, franchement. Rien ne me vient que le contact tout à fait électrisant de sa paume contre ma chair blessée qui ne l’est rapidement plus. Je m’empêche de le scruter, de rougir, j’ai des désirs que je n’assume pas, que je n’ose même pas formuler tout haut alors qu’une phrase très simple arrive dans ma tête : à partir de maintenant tu joues contre toi-même. Si ce parfait inconnu t’es aussi précieux subitement, c’est que c’est un havre de silence et de sensations normales, humaines, charnelle. Peau, odeur, sueur, sexe.
Sexe sexe sexe sexe sexe.
Mon corps enivré me fait lourdement passer le mot.
Va falloir jouer contre mes dix-sept ans, ne pas les faire, prétendre la vingtaine, tuer la spontanéité pour balayer la maladresse.

— Sorcier ! sifflé-je, pleine d’une admiration ironique.

Je pourrais être reconnaissance — c’est vrai que c’est gentil — mais c’était trois fois rien. Peut-être qu’il show off un peu, un petit flex par-ci pour montrer des pouvoirs. Autant, c’est de la magie secondaire et il se la raconte vraiment. Son vrai pouvoir est-il celui d’un caillou ?
Plus sérieusement j’ajoute, « mais je le savais. je n’obtiens rien de toi », vague mouvement de la main ; comprenne qui pourra. « Pourquoi ? » Cormag aurait bien les boules de comment sa protégée s’en sort (mal) et comment elle se dévoile (beaucoup) et de ce qui trotte dans sa tête (des histoires de lèvres contre elle pas très très très catholique). Elle sait qu’elle le trouve attirant, attirant comme un gars de film, vraiment, vraiment beau, vraiment impressionnant, pas très charismatique avec ses envies de se tirer une balle publiquement. Mais hey ! C’est la saint valentin, les âmes en peine se noient toujours ce jour-là. Peut-être est-ce une bénédiction que je ne puisse rien savoir de son coeur en peine.
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Alec Meyer
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyMar 16 Fév 2021 - 23:38

Il aimait sentir la guérison affluer dans ses mains. C’était une chaleur dont il ne se lassait pas, peut-être plus encore que l’idée de sauver et de soulager les gens autour de lui. Le feu dans ses doigts étaient presque une drogue. Gosse, alors qu’il ne pouvait parler de la magie à personne d’autre que son père, il utilisait son pouvoir sur tous les animaux qu’il trouvait. Le chat du voisin qui s’était battu un jour, un oisillon tombé du nid, un insecte qui ne volait plus droit. Un jour il avait lacéré ses propres jambes afin de pouvoir se soigner lui-même. Mais ça n’avait pas marché. Son don bloquait son propre pouvoir. Pas vraiment étonnant, mais ça l’avait surpris tout de même et les marques sur ses cuisses avaient mis du temps à disparaître.

Il sursauta en entendant le « Sorcier ! » jeté comme une bouteille à la mer par Sam, comprenant qu’il avait fait une erreur, que ça serait difficile à rattraper cette fois, commença à réfléchir auxquels de ses contacts il devrait faire bouger pour pouvoir effacer les souvenirs de cette fille, lui faire oublier l’épave de cette St Valentin au goût d’algues. Puis il remarqua non pas la surprise ou le dégoût, mais plus une forme d’admiration à la limite de l’ironie dans ses yeux bleus. Ce mot dans sa bouche ne sonnait pas comme une insulte le condamnant au bûcher, mais plutôt comme une affirmation. Elle savait, sans doute appartenait-elle également au même monde.

– Mais je le savais, je n’obtiens rien de toi.

Il fronça les sourcils, se concentra un instant. Qu’était-elle ? Liseuse de pensées comme son père ? Empathique ? Ou autre chose ? Elle semblait recevoir, saisir, analyser. Mais ça ne marchait pas sur lui, comme toujours.

– Pourquoi ?

Il sourit, lâcha le bras sur lequel, il le savait, sous le sang qui avait commencé à sécher n’apparaîtrait rien, même pas la plus petite cicatrice. Il n’était pas directeur de l’IBMM de Strasbourg pour ses capacités administratives après tout.
Il lui tendit ensuite la serviette déjà trop rouge afin de la laisser essayer d’essuyer le sang qui roulait jusqu’à son poignet, puis prit enfin le temps de répondre.

– Les pouvoirs et les dons des autres ne marchent jamais sur moi. C’est comme ça, ça s’explique pas. Même les fantômes, je suis incapable de les voir.

C’était ironique tout de même d’autant repousser la magie et d’être pourtant capable de réparer les os, les plaies et les maladies avec ses mains. Ironique, mais pratique. Adolescent, il aimait savoir que son père n’était pas capable de fouiller sa tête pour découvrir ses dernières bêtises. Et à présent qu’il était grand et que son père n’était plus de ce monde, c’était toujours utile face à certains patients un peu récalcitrants et violents… Surtout que les sorciers noirs blessés ne manquaient pas à l’IBMM de Strasbourg.

– Mais ça participe à mon charme. Le grand brun indescriptible.

Il ponctua sa phrase d’un haussement d’épaule, ne comprenant pas bien comment ces mots avaient pu sortir de sa bouche. C’était de la drague, ça ? De la mauvaise drague alors. Il fallait vraiment qu’il arrête le whisky.
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Sam Carver
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyMer 17 Fév 2021 - 11:03

Il lui lâche le bras, ses doigts quittent sa peau en y laissant une empreinte délectable. Elle n’a que ça dans sa tête, en boucle, un contact honnête et sincère, pas utile, pernicieux.
Elle aime ce qu’elle est autant qu’elle le déteste.


Il me tend la serviette, j’essuie négligemment le sang restant qui semble sortir de nulle part, véritable apparition. N’importe qui poserait des questions à se sujet se ferait immédiatement oblivionner la face, pouf, plus rien. Peut-être que Cormag l’a déjà demandé sur moi. Peut-être existe-t-il des vicieux chez Orpheo qui font des trucs terribles et demandent innocemment que ça disparaisse des consciences.

Existe-t-il une police des polices ?

Bref.

– Les pouvoirs et les dons des autres ne marchent jamais sur moi. C’est comme ça, ça s’explique pas. Même les fantômes, je suis incapable de les voir.

Alors est-ce qu’on peut le téléporter ? Le runer ? Le guérir ? Peut-il étendre son don aux autres ? J’ai envie de dire oh, je sais, je sais, comme Bella dans Twilight mais je la ferme. J’imagine un Alec impénétrable, personne pour lire les pensées, les sentiments. S’il est allé à une école magique pourtant, c’est monnaie courante. Les X-Men en plus banale, moins fun.

– Mais ça participe à mon charme. Le grand brun indescriptible.

Indescriptible ? Pas vraiment pourtant (bourré, sûrement). Plutôt mystérieux et bref, Sam, ferme-là. Ferme-là. Comment peut-on être, objectivement aussi beau (objectivement aussi ivre aussi mais on tourne en rond) et célibataire, à part si :
1. Il choisit très très mal, l'homme le moins lucide sur les relations humaines.
2. C'est un gros con.
3. Il a vraiment pas de chatte et elle est morte ou pas loin (chez les magiques, franchement, c'est bonne pioche une fois sur deux).
4. Il est traumatisé et lui-même toxique af et n'importe qui ferait mieux de se boucher les oreilles pour pas écouter ses histoires d'épaves.
5. Puisqu'il avait l'air de kiffer les épaves, peut-être était-il lui même une sirène.
6. Les sirènes c'est chaud, ça t'appâte et ça te noie.

— Et tu ne peux rien y faire ? Le moduler, le projeter ? ...l'effacer ?

Je m’humecte les lèvres avant de reboire. Les bulles et le sucres crépitent, sur ma langue, sur ma peau, à mes oreilles. Comme c’est dur comme jeu. Sans les règles ni les frontières…

— Ça fluctuait, il y a quelques minutes pourtant.

Sans vouloir l’inquiéter bien sûr. Elle inspire doucement pour calmer les bouillonnements intenses dans son ventre. Eli s’était posé avec elle, un jour, pour lui dire que l’intensité qu’elle ressentait maintenant n’allait pas durer. Qu’après ses vingt-cinq, trente, il y aurait moins d’enjeu sur la table pour une simple rencontre. Que ça ne serait plus si important, plus maintenant ou jamais, moins ravageur. Plus de tsunami mais une marée. Sloane avait hoché la tête, ouais, ouais ouais ouais d’accord, mais.. mais ? Mais elle ne ressentait pas pour autant moins.

— Alors que je te touchais.

Elle a déjà flirté — tout plein — mais n’a jamais pu conclure, aboutir, non, Nicolas, je ne veux pas me faire plonger tout entière dans la foi où t’as vu ton chat se faire écraser, et que t’es allé contempler les viscères, le sang et les soubresauts nerveux, puis très vite, les mouches.
C’était la première fois qu’une paume n’était qu’une paume, j’ai envie de rajouter, mais j’ai peur d’en faire trop. D'avoir trop envie, d'être celle qui désire quand on m'a appris que je ne devais être que désirée, le corps offert pas celui qui saisit.

Je tapote des doigts sur la table. Le sucre a fait redescendre l’urgence de l’alcool mais pas l’urgence de la situation.
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyMer 17 Fév 2021 - 12:13

Sa vue commençait à se troubler et il savait que c’était un signe. Que c’était le moment pour arrêter de boire et commander une grosse portion de pâte s’il ne voulait pas se retrouver assommé les cinq prochains jours. C’était ça aussi le problème avec la trentaine : Alec ne supportait plus aussi bien les lendemains de soirée. Elle était belle la vingtaine, quand il lui suffisait de vomir un bon coup pour dégriser puis de s’enfiler deux litres d’eau en rentrant pour éviter la gueule de bois.
Mais là le lendemain matin ne promettait rien de plus que des couples amoureux à chaque coin de rue, des fleuristes qui doubleraient leurs prix, et les ébats trop bruyant du couple qui vivait dans l’appartement du dessus. Alors que dans ce bar, il y avait l’ivresse, la chaleur et puis Sam. Qui, malgré sa jeunesse, devenait de plus en plus intéressante. Et elle était jolie, aussi, il ne l’avait pas remarqué auparavant, mais elle était vraiment jolie.

– Et tu ne peux rien y faire ? Le moduler, le projeter ?… l’effacer ?

Rien de tout cela. Le bouclier était présent et ne disparaissait pas. Lui-même n’était même pas conscient de ce pouvoir, il aurait pu vivre avec sans jamais s’en rendre compte si son père n’avait pas essayé un jour de lire ses pensées. Il n’avait aucun effort à faire, n’avait pas l’impression que son corps ou son esprit dressait une barrière quand on essayait de faire de la magie sur lui. Ça se faisait, c’était ainsi. Parfois ça lui plaisait de se savoir en quelques sortes intouchables. Parfois ça l’agaçait, quand il voyait les gens se téléporter d’un claquement de doigt alors que sur lui ça ne marchait jamais.

– Ça fluctuait, il y a quelques minutes pourtant.

Il fronça les sourcils. Ça, c’était nouveau par contre. Est-ce que ça marchait un peu comme les allergies chez les humains, qui fluctuaient selon les hormones ? Mais il n’y avait pas de raison que ça lui arrive à trente-six ans : il avait terminé sa puberté depuis bien longtemps et, malgré tous les progrès de la médecine, ne pouvait pas tomber enceint. La vieillesse alors ? Coup de massue sur les tempes, mais peu réaliste. La trentaine, pour un sorcier, c’était encore le tout début de l’âge adulte.
Il fusilla alors du regard son verre. C’était forcément ça, l’alcool. Le traître éthanol qui traînait dans ses veines. Au moins, la bonne nouvelle c’est que, s’il se mettait une bonne murge, il y avait peut-être moyen de s’éviter l’avion pour partir à Barcelone en weekend entre potes. Même si les risques de dégueuler à l’arrivée après avoir été téléporté pour la première fois, étaient sacrément élevés.

– Alors que je te touchais.

Pourquoi sentit-il soudainement une sorte de brasier s’allumer dans son bas ventre ? C’était quoi, au juste, le pouvoir de cette fille ? Il doutait qu’elle puisse lire autre chose qu’une marée dans sa tête si, par hasard, elle était liseuse de pensées comme son père, mais tout de même. Ça le mettait mal à l’aise, en fait, cette histoire. Comment les gens normaux – enfin « normaux » ; au courant de l’existence de la magie, mais sans bouclier – faisaient-ils pour supporter ces intrusions ?

– Et ce que tu as vu t’a plu ?

L’alcool dans sa voix avec détendu son ton inquiet, mais il repoussa tout de même un peu plus loin le gin tonic devant lui.

– Et hum… C’est quoi au juste que tu peux faire sur les gens ?

Il sourit comme pour s’excuser, se demanda si ça n’était pas trop déplacé de demander son pouvoir à une inconnue dont il connaissait juste le prénom.

– C’est la première fois, je crois, que je laisse entrer quelqu’un.

Il ne réalisa même pas le double sens de ses paroles.

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Sam Carver
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyMer 17 Fév 2021 - 14:21

Elle songe à toutes les conséquences que ça pourrait avoir si elle était vue, si ça se savait, si ça s’ébruitait. Incroyable comme elle ne peut pas faire ses choix personnels — qui n’impactent personne — sans punitions, avertissements, déceptions ; quand pourra-t-elle faire ce qu’elle veut ? Y aura-t-il un jour où les gens n’auront pas peur de Cormag au travers d’elle ? La pupille de. L’apprentie de.

Jamais juste Sam, Sloane, Swahili, Queen, Carter. Tout ça.

– Et ce que tu as vu t’a plu ?

Elle se fend d’un demi sourire qui lui creuse une pommette, met un pied de plus dans le flirt délicat qui se tisse en filigrane, patient, joyeux hasard qui les a brassés tous les deux ce soir. Elle pense à Bart et Martin, s’enjoint d’arrêter de penser à des gens amoureux sous la couette.

— Oh, mais ce que je vois me plaît.

Elle ne parle pas de son pouvoir du tout,
je parle de lui bien sûr. Mais il doit le savoir qu’il plaît. Il doit en être suffisamment conscience pour que ça ne bouscule pas le reste de sa vie : quoi, mais serais-je beau finalement ?
Les gens très beaux sont des gens très beaux. Et c’est tout.

– Et hum… C’est quoi au juste que tu peux faire sur les gens ?

Elle regarde ailleurs.

– C’est la première fois, je crois, que je laisse entrer quelqu’un.


Haha !
Haha. Tu m’aides pas du tout là. Elle se pince les lèvres en inclinant la tête genre, bahaha, écoutes-toi, c’est drôle. Mais parce qu’elle sait que les fouineurs de tête (c’est comme ça que Cormag il dit, genre ce sert-à-rien-d’Allen) sont super mal vus, je m’explique quand même, l’air désinvolte.

— Rien n’incroyable, j’ai des bribes de choses, souvenirs, facts sur les gens que je peux influencer, voire modifier.

À aucun moment elle songe au danger de ce qu'elle fait. La peur est noyée dans la vodka est le désir.
À un entrainement, Cormag est entré dans une pièce dans lequel il y avait tout un décor. J’ai dû modifier ses souvenirs, la table, pas ici, le tapis bleu, rose. Absolument essentiel pour la lutte avec les sorciers noirs, tout modifier ce qu’ils croient être vrais, modifier ce qu’ils ont appris, les runes ici, un visage là-bas.

— Je n’ai quasiment rien eu de toi.

Le tutoiement me fait chelou et je m’en veux que ça me fasse chelou. C’est Cormag qui m’a traumatisée avec la déférence, c’est sûr. Sûr.

— Ton bouclier m’aurait permis de modifier ton humeur, un peu, j'crois. Ta perception de moi, peut-être.

Pour te manipuler et t’avoir dans mon lit. Haha. Maudite vodka. Moi dans ton lit en plus plutôt. Pas comme Bart et Martin dans les toilettes. Chaud de suivre quelqu’un qu’on connait pas chez lui quand même.
Oh, Sam, putain.
Je n’ajoute pas que tout le monde a des choses à cacher et que ceux qui savent ce que je suis sont généralement totalement horrifiés et m’évitent comme la peste. Pas Declan.

Pas Alec, non plus ?
Le dernier regard qu’elle lui offre est porteur d’espoir et de peine.
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyMer 17 Fév 2021 - 16:20

Elle sourit à demi et il se noya dans ses yeux. Comment était-il possible d’avoir des yeux si bleus, ou alors, ou alors, comment était-il possible d’autant s’engluer dans l’alcool qu’il avait l’impression, simplement dans un regard, d’être enfermé sous l’eau à suffoquer ?

– Oh, mais ce que je vois me plaît.

Il n’était plus vraiment sûr qu’elle parle de ce que ces pouvoirs lui permettaient de voir et peut-être simplement évoquait-elle son apparence physique. Alec n’ignorait pas qu’on le trouvait beau et attirant, depuis enfant déjà, avec ses grands yeux et son sourire doux, et puis adulte avec son corps qui semblait brûler la graisse tout seul pour produire du muscle, jusqu’aux courbes de ses fesses sur lesquelles ses amantes s’extasiaient. Remy elle-même aimait se moquer de sa beauté et lui rappeler à quel point c’était facile de chopper lorsqu’on était beau, et c’était vrai, il n’avait jamais eu à se plaindre s’il avait envie, même lorsqu’il n’avait pas envie, c’était toujours donné, toujours vers lui que se retournaient les inconnus sur son passage, que gloussaient ses collègues lorsqu’il entrait dans une pièce.
C’était facile, mais il n’en fut pas pour autant pas déstabilisé, parce qu’il ne s’attendait pas à cela, pas à être ainsi déshabillé du regard après avoir été déshabillé de la tête.

– Rien d’incroyable. J’ai des bribes de choses, souvenirs, facts sur les gens que je peux influencer, voire modifier.

Malgré l’alcool, Alec se demanda si elle pouvait modifier son désir et si elle était responsable du ronronnement sourd dans son bas ventre. Si elle était responsable consciemment, parce que bien évidemment qu’elle était responsable, elle était mignonne, assez magique pour ne pas qu’il ait à se brider, intéressante et surtout, il était seul la nuit de la Saint Valentin.
C’était pas vraiment prévu tout ça, mais il sourit.

– Je n’ai quasiment rien eu de toi.

Que pouvait-elle faire avec un pouvoir pareil ? Ça devait être précieux ce genre de magie, dans la vie et pour les organisations magiques. Afin de manipuler les ennemis ou, même à l’IBMM, pour aider les personnes du service psychiatrique à se remettre de leurs traumatismes, surtout après toute cette guerre, toute cette folie.
Est-ce qu’elle l’utilisait souvent sur les gens dans le privé ? Pour les séduire, pour baiser avec eux ou les convaincre de devenir ami avec elle, de lui rendre des services. Les autres avaient-ils peur d’elle, qu’elle ne respecte pas l’éthique et aille un peu trop loin dans la frontière entre l’influence et la manipulation ? Pervers comme un filtre d’amour ?

– Ton bouclier m’aurait permis de modifier ton humeur, un peu, j’crois. Ta perception de moi, peut-être.

C’était rigolo en fait. De ne pas savoir ce qui venait d’elle ou ce qui venait de lui. Perturbant, mais à bien y réfléchir – et sous l’influence de l’ivresse –, rigolo.

– Tu es exorciste ?

Il espérait qu’elle était du bon côté, ou alors d’aucun côté du tout parce qu’il n’avait pas la patience d’entendre qu’elle appartenait à Croix, Rosenrot ou aux humains noirs et qu’il lui faudrait alors se lever pour partir, s’entendre lui dire « ça va pas le faire en fait » et rentrer dormir dans sa solitude parce que Gris serait en train de chasser à l’extérieur. En tant que guérisseur, il était censé être neutre – même si Orpheo finançait une grande partie des IBMM – et ne pas prendre parti, mais dans sa vie privée c’était différent et rentrer seul lui semblait plus beau et plus prudent que de traîner avec une ennemie. Même si ce n’était que pour boire des verres.

– Tu aimerais en voir plus sur moi?

Il lui tendit une main sans réelle prétention.

– J’ai envie d’aller danser.

La soirée s’étirait et le bar avait commencé à se vider, signe qu’il ne resterait pas ouvert encore très longtemps. Des filles en robe à paillettes et des hommes en chemise se levaient déjà pour rejoindre la boîte de nuit au bout de la rue. Alec n’était pas vraiment habillé pour ça, mais il savait que le videur le laisserait rentrer. Encore une facilité de beau gosse ! se serait moqué Remy.
Mais son amie d’enfance n’était pas là et il fit taire sa voix dans sa tête.
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyMer 17 Fév 2021 - 17:50

Il se laisse prendre au jeu ; j’ai l’impression qu’il laisse les choses advenir, il me laisse proposer, venir pour chercher ce que je veux. Comme une danse que je mènerai et qu’il me consèderait avoir. Je comprends. Ou peut-être croit-elle comprendre, la solitude ou la lassitude, qui sait. L’alcool, comme toujours, me ramène des souvenirs qui m’appartiennent à moi et rien qu’à moi que je n’ai jamais partagé, d’avant Cormag, de mon père et du Canada, des trucs que moi-même j’ai jamais mis des mots dessus et je déglutis, soudain ailleurs, juste deux secondes alors qu’il me dit : « Tu es exorciste ? » et je ne suis pas une menteuse. Je ne suis pas une menteuse. Je ne suis pas une menteuse et je ne sais non plus qui il est, qu’il décide de se la raconter en me soignant ou pas.

— Mes pouvoirs, mon statut, mon organisation… bientôt mon matricule ?

Elle dit ça gentiment, consciente à présent qu’elle a dit la vérité, un peu trop de vérité sur elle déjà. Mais lui aussi. Est-ce que ça gomme les tords ? D’avoir été reckless, d’avoir pas su ce protéger, d’avoir souhaité être normale pour une fois ?

— Tu aimerais en voir plus sur moi?

Elle hausse un sourcil.
[/i]Quoi ?

– J’ai envie d’aller danser.

J’attrape sa main qui reste une main. Un sourire (d’abrutie, sûrement) se peint sur mes lèvres : extase de la chaleur humaine simple. Je me lève, okay, allons danser : je ne suis pas sapée pour aller en boîte mais je suis une meuf. J’hésite à me runer : Cormag pensait que ça pourrait isoler mes pouvoirs. Au final, ça me draine tellement d’énergie que rapidement je tourne de l’oeil, alors on a arrêté de s’entraîner comme ça, préférant la méditation.

Laisse passer, Sam, laisse passer.

Laisse passer et respirer, ne prend rien que ça, même pas un peu de curiosité même pas les bonheurs ni les sourires, laisse couler, rouler : sort de la rivière sans être mouillée.

— Avec plaisir.

L’alcool a un peu reflué et je me sens plus moi, plus ancrée et moins fébrile surtout. Je sais l’énergie que va me demander d’aller la peau nue contre des gens ivres et déchaînés mais c’est ok.
Le prix à payer.

Le prix à payer.

Sais-tu le prix que je paye pour toi ?
Comment savoir celui que tu payes pour être là ?

Je détaille ses yeux bleus saturés de couleur et sa carrure large qui semble contenir une douceur particulière mais un creux immense : pas besoin d’avoir des pouvoirs pour le déceler. Elle est désolée pour lui mais ils sont tous pareils, elle l’a déjà dit. Je n’ose pas avouer que je ne suis pas française (peut-être l’a-t-il deviné) et que par conséquent je ne sais pas vraiment où sortir. Mais j’ai confiance — ce qui est bien con — les jeunes demoiselles ne finissent-elles pas violées dans des fossés à cause d’histoires similaires ?
Je pense à ma lame sur moi, comment je suis entraînée pour mais mal à l’aise et je fou tout au placard. Tant pis pour les fossés, va pour les possibles.

— Je te suis.
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Alec Meyer
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyMer 17 Fév 2021 - 22:07

– Mes pouvoirs, mon statut, mon organisation… bientôt mon matricule ?

Il faillit répondre « je préfère être au courant avant de coucher avec l’ennemie », mais parvint, pour une fois, à retenir les mots dans sa bouche. C’était trop beauf comme remarque, trop grillé dès le premier instant et, au fond, il n’était même pas vraiment sûr de vouloir coucher avec elle. Ce dont il avait envie, c’était de danser, de laisser le moment l’emporter et il verrait bien, si elle attrapait sa main, où tout ça pourrait les emmener.
Et elle l’attrapa, sa main. Naturellement, il enlaça ses doigts aux siens, parce que ça lui paraissait plus naturel ainsi et qu’ils n’étaient plus des enfants qui se tenaient par le bout des paumes.

– Avec plaisir.

Alec se releva et attrapa sa veste, ses yeux rencontrant alors ceux de Sam et son sourire. Il eut une pensée pour la pile des rapports qu’il avait traités tout au long de la journée, sans s’imaginer qu’il se retrouverait – qu’il échouerait puisque l’épave était la thématique du jour – dans un bar avec une jolie jeune femme. Il faisait le connaisseur, mais il ne sortait pas tant que ça, plus tant que ça. Plus jeune, quand il avait commencé à Strasbourg, c’était dès qu’il avait un jour de libre. Pour oublier les corps maltraités, la mort qui rampait dans les couloirs de l’IBMM. Avec ses collègues ils faisaient alors la tournée des bars, d’abord le vague à l’âme puis rapidement les éclats de rire dans les vagues. Les corps en boîte de nuit, les étincelles dans les yeux, la chaleur qui suait. Il avait aimé cette jeunesse à fleur de peau, où rien ne lui apportait jamais, où il avait envie de vivre pour deux, pour Nana et lui, Nana qui ne verrait jamais ses 13 ans, son premier baiser, sa première fois, ses premières danses dans la nuit, ses premières clopes grillées sur un trottoir en compagnie d’un inconnu à qui elle aurait taxé son briquet.
Puis le temps avait passé, les responsabilités également, l’évolution de sa relation avec Remy, puis la brutalité dans son cœur. Ses collègues étaient partis où étaient devenus ses subalternes et c’était plus délicat de sortir avec eux. Ses autres potes avaient fondé une famille, celle avec le chien et les enfants, celle qui donnait envie de rentrer le soir et pas de traîner dans un bar avec un vieux pote.
Alors c’était plus rare, mais tout de même assez souvent pour savoir où aller.

– Je te suis.

Il la tira par la main jusqu’à l’extérieur, étonné de constater que finalement, le monde ne tanguait pas autant que cela autour de lui, contrairement à ce qu’aurait pu lui faire croire sa consommation d’alcool. Ils n’eurent qu’à traverser la rue pour arriver dans la boîte qui avait probablement les meilleurs DJ de Strasbourg et pas la pop fade qui passait à la radio. Sans parler du fait que l’entrée était gratuite pour les femmes – c’était très binaire, mais ça l’arrangeait bien, il n’aurait ainsi pas à se poser la délicate question de s’il devait sortir son porte-monnaie et l’inviter.
Peu de temps après, ils étaient dans l’obscurité pulsante de la boîte et il posait dans le creux de ses reins pour l’attirer vers lui, un peu parce qu’il souhaitait éloigner Sam des autres peaux qui auraient pu déclencher son pouvoir, beaucoup parce qu’il aimait bien sentir son odeur aussi proche de lui.

– J’ai envie de t’embrasser.

Il avait dit ça comme ça, dans le cœur de la musique, parce qu’il en avait envie, mais était incapable d’identifier l’origine de son désir. Venait-il de ses propres entrailles, où était-ce le reflet de celui qu’il sentait dans la jeune femme et qui, peut-être enlaçait son bouclier jusqu’à le fendiller. Il n’en savait rien et ça lui était égal. Il avait envie de ses lèvres et préférait demander l’autorisation de les caresser, plutôt que de les voler.
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Sam Carver
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyJeu 18 Fév 2021 - 11:13

On traverse la rue bruyante et vivante. Je n’allume pas de cigarette parce que lui non plus — on a eu cette conversation des milliers de fois avec Maud, de comment je fume pour raisons sociales que je trouve extrêmement justifiées.
Purée.
Et puis, t’façon, je sais bien de quoi j’ai l’air, la jeunette avec l’autre, plus vieux, qui a… le charisme, l’argent, le pouvoir pour obtenir les faveurs de l’adolescente ? Je ne saurais pas dire exactement pourquoi je le suis : j’ai envie de danser, il me plaît, il est plein d’un je-ne-sais-quoi qui m’attire.
Et je suis ivre, bien sûr. Elle overthink tout, comment ils se retrouvent eux, pendant une poignée d’heures, eux sans les autres, eux, improbablement eux mais l’entrée dans le club change tout. Elle est happée par la musique. Personne ne pourrait comprendre, il semble à l’adolescente, ce que la musique représente pour elle. Comme elle entend toutes les lignes, même après le mixage dégueulasse de la radio ou les lourdes basses des boîtes, la basse, les trois ou quatre pistes vocales, les drop avec une caisse claire en reverb.

Elle se concentre sur ça ; elle adore danser. Elle croyait dur comme fer durant sa pré-adolescence qu’elle serait toujours trop awkward pour s’y oser mais elle avait fini par remplir son corps en entier, le sentir de partout, les cicatrices autour de ses chevilles avaient pris des teintes plus acceptables et elle se sentait finalement plutôt pas mal avec elle même.


L’endroit est plein mais pas bondé non plus. Le coeur de la nuit nous enveloppe et tout devient différent, moins réel. Moins de mots, un temps qui s’étire, sans impact. J’attrape quelques regards, j’ose un clin d’oeil à quelqu’un qui me déshabille du regard au moment où Alec m’attire plus à lui. Je suis là pour danser et m’amuser, pas vraiment pour flirter — bien que ça proximité allume des zones aigues en moi.
Finalement, la musique est tellement assourdissante qu’elle détruit, en me faisant vibrer les organes et les poumons, les morceaux intacts que je pourrais avoir des inconnus. Une épaule m’effleure, je me raccroche aux mains chaudes d’Alec. Je suis atrocement consciente de lui, de son visage sous les lumières particulières, cheveux souples et intensité si particulière. Voilà le mot que j’aurais voulu mettre sur lui dès le début.

– J’ai envie de t’embrasser.

Je laisse l’instant flotter, son visage s’ouvre sous les mots d’Alec, honnêtes. Forte de ces cinq petits mots, elle se demande si c’est son âge à lui qui rend les choses moins complexes et imbriquées mais décide de ne jouer à rien. De ne pas dire, et alors, qu'est-ce qu'il t'en empêche ? Parce qu'il demande son oui, et un flot de confiance dévale jusqu'à ses doigts. Et puis, elle a envie, elle aussi.

Je l’embrasse.

C’est aussi simple que ça.

À vrai dire ça ne l’est pas. Elle a déjà été embrassée des centaines de fois, elle a embrassé des milliers de fois au travers des autres, ceux dans le métro, les gens à Orpheo ; pourquoi des lèvres sur des lèvres provoquaient des souvenirs si marquants, impérissables ? Il lui était apparu qu’on lui volerait toutes les premières fois ; elle ne découvrirait rien. Sa magie n’était pas comme regarder des gens s’embrasser à la télé, elle avait été l’embrassée dans d’autres corps. Mais elle avait tord. Elle avait tord parce que l’enjeu est différent, elle n’embrasse pas des masses inconnues, elle ne touche pas des lèvres sans visage parfois, sans nom souvent. Elle l’embrasse pour de vrai, sans oser pourtant autour le visage d’Alec de ses mains, trop personnel, trop intime ; une main dans son dos contre les muscles chauffés par la danse de son Valentin.

étrange soirée.

Je crois que les minutes passent mais les heures aussi, je ne sais pas, le rouge escalade mon visage jusqu’à ce que je rompe le moment :

— J’ai besoin de prend l’air. Et parce que je ne compte pas le planter, et que ce n’est pas une excuse pour disparaître, je continue : on sort ?

J’attends qu’il me dise oui, attrape fermement sa main pour le remorquer dehors. Qu’il est regardé ! Incroyable.
Pas rare que les femmes soient des appâts, plus rares que les hommes décochent de tel effets.
L’air extérieur lui fait l’effet d’une douche froide. Ses oreilles sifflaient un peu, comme si la musique s’était glissée au dedans. Le jour n’était pas loin. Elle jeta un oeil à son téléphone pour être sûre de n’inquiéter personne. Rompre le charme ? Rentrer chez soi ? Rester ? Retourner dans les tréfonds de la boîte pour n’en sortir qu’au matin ?
Elle n’ose pas l’embrasser dans ce nouvel environnement, moins sûre d’elle tout à coup, comment prendre pour acquis ce qui valait à un moment donné ? Lui redemander ? Tout à l’air bien plus idiot venant d’elle, lui semble-t-il.
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Alec Meyer
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyJeu 18 Fév 2021 - 11:58

Alec avait terriblement chaud entre tous ces corps et pourtant, lorsque les lèvres sa Sam trouvèrent les siennes, la chair de poule vint hérisser ses poils et il eut l’impression d’avoir 20 ans à nouveau. La musique pulsait dans ses oreilles, les peaux qui se baladaient autour de lui et surtout ce baiser qui le transportait hors du temps, électrisé encore plus par l’ivresse dans ses veines. Le monde devint fade un instant et il oublia tout le reste, juste désireux de vivre ce moment, de ne pas penser aux regards qui se tournaient sur eux, peut-être parce que les regards se tournaient toujours sur lui, peut-être un peu aussi parce qu’il avait dix ans de plus qu’elle et que les gens devaient se demander s’il était là pour sa jeunesse et elle pour son argent. Mais ça ne lui importait pas sur le moment, ni ça, ni la présence toujours fantôme de Remy contre sa peau, Remy qui habituellement aimait bien voler ces moments pour lui rappeler que c’était moins bien qu’avec elle, que ça serait toujours moins bien que ses lèvres contre les siennes et qui se substituait aux inconnues qu’il emportait dans ses bras.
Mais ce soir-là, Sam restait Sam. À cause de la Saint Valentin, de l’alcool ou d’elle, il n’en avait aucune idée, tout comme il ne savait pas de quoi le lendemain serait fait, de s’il l’oublierait comme tellement d’autre et si, un soir à nouveau ivre au bras d’une autre, il la croiserait dans cette boîte et ne la reconnaitrait même pas, juste un rapide échange de regard qui bougerait quelque chose en lui sans fixer les souvenirs.

Le guérisseur est désormais entièrement ancré dans le présent de ce lieu moite et brûlant, ses mains dansant sur le corps de la jeune femme. Les morceaux s’enchaînaient, les rencontres autour d’eux également, tout bougeait, océan de fureur et de chaleur. Et puis au milieu des vagues, elle propose :

– J’ai besoin de prendre l’air. On sort ?

Il acquiesça et elle attrapa sa main dans un geste qui lui semblait désormais naturel et presque familier. À l’extérieur, la fraîcheur de la nuit vint les cueillir, au milieu des conversations bruyantes de ceux qui ont trop bu et qui parlent trop fort sans vraiment s’écouter, une clope à la main.
Dans le temps, il se serait tourné vers un inconnu – une inconnue d’ailleurs souvent, ça marchait mieux – pour lui voler une cigarette, mais il avait grandi et compris que le désir de fumer était juste une excuse pour s’extraire de la chaleur et pouvoir discuter loin de la musique dans un moment plus intimiste – alors que, paradoxalement, le trottoir était tout autant noir de monde que l’intérieur de la boîte. Et puis il avait vu aussi les dégâts de la clope, même sur les sorciers aux gênes plus solides que ceux des humains, les poumons noirs et poisseux de fumée qui, même pour un guérisseur, était difficile à extraire.
Surtout que lui, personne ne pourrait venir réparer les dégâts de la cigarette sur son corps.

Il concentra son attention sur les grands yeux bleus devant lui et les taches de rousseur qui s’éparpillaient sur son visage, comme une constellation gravée sur la peau. Alec attrapa une mèche brune de Sam et la passa derrière son visage, simplement parce qu’il avait envie de la toucher, de sentir encore une fois sa peau battre contre la sienne.

– Tu as froid ?

Le mois de février n’était pas tendre dans le nord de la France, même avec l’alcool qui bouillonnait encore dans leurs veines.

– Je te ramène chez toi si tu veux. Ou…

Il hésita quelques secondes puis sourit.

– Ou on peut aller chez moi.
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Sam Carver
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyJeu 18 Fév 2021 - 16:15

Elle évite de se poser trop de questions — à quoi ça servirait. À quoi ça se joue, l’attirance ou l’amitié, ou même l’amour entre deux personnes ? On lui avait beaucoup dit au lycée, fait gaffe, il ne veut que te baiser. Comme si son amitié devait être cheap mais son corps hors de prix ? Elle n’avait pas compris.

Je n’avais pas compris.

Il approche sa main de mon visage. Il y a une poignée de mois en arrière encore, j’aurais reculé, les yeux amarrés dans l’agresseur — parce que c’est ce que mon cerveau aurait traité ça de la sorte, une histoire de survie.
Je ne bouge pas, sa main si proche — n’est-il pas entraîné, comme tous ceux d’Orpheo ? Ne sont-ils pas obligés de fréquenter les salles de sport, comme les humains de la DGSE en France, comme de partout ? Ou n’est-ce que à Berlin, en Allemagne ? Parce que son corps raconte une autre histoire — s’y cache-t-il la même violence contenue que dans les gestes mesurés des autres ? Cormag me force à m’entrainer mais je n’ai pas l’inné en moi.

Son cerveau l’éloigne de ce qui l’inquiète : l’inconnu. Le non-maîtrisable, non-prévoyable, non-contrôlable.

– Tu as froid ?

Elle hausse les épaules, regarde ailleurs. Quand le charme sera définitivement rompu, elle sait qu’elle ne le reverra sûrement pas — quelle que soit l’issu de cette soirée.

J’aimerais bien le ramener. Mais déjà, j’loge dans un airbnb incroyablement impersonnel avec un lit une place (Comarg et Éli, le respect est mort). Avec une autre chambre, et leurs affaires de darons.
Bon.
En plus c’est ambitieux, si c’est chez moi, et qu’en fait ça va pas, il faut que je le tej. J’peux pas non plus décemment m’inviter chez lui.

– Je te ramène chez toi si tu veux. Ou…

Elle se suspend à ses lèvres, respiration bloquée. Patiente. Un vente glacé soulève ses cheveux, lui arrache une chair de poule piquante alors qu’il continue.

– Ou on peut aller chez moi.

La sauvagerie de son propre désir la sidère. Elle juge patiemment l’instant, Alec fasse à elle, pas si ivre que ça, se mord la lèvre d’indécision. [/i]Alors, c’était totalement dans mes plans quand il s’agissait de plans sur la comète. Maintenant que c’est concret af, en vrai, ira ou ira pas ? Est-ce safe ? Raisonnable ?
Putain, j’ai pas dû tout envie d’être raisonnable.
Pas du tout envie de me retrouver dans une situation gênante ou horrible ou à l’autre bout de la ville après avoir claqué la porte de chez lui.

— D’accord.

Je le touche, parce que visiblement, je peux.

— Si tu es sûr de toi, dis-je le menton haut, les yeux dans les siens, si proche de son visage, d’accord.

J’espère qu’il n’a pas proposé ça, je sais pas, par politesse. Parce que c’est attention de lui, l’homme désir, décide. Elle secoue son esprit de ces pensées malvenues : la simplicité avec laquelle elle a accroché à cette relation et cette soirée devrait suffire à la rassure. Elle est là, lui aussi.
Déjà beaucoup.

Elle hèle un taxi — en vrai elle a froid, pour de vrai, et elle sait à quel point les températures basses de février l’épuisent.
Je paye la course parce que je le peux, et que je réagis assez vite, sans rien dire. Je paye, c’est tout. Pourtant, rien que ça suffit pour emballer mon coeur alors qu’on est désormais chez lui, loin du centre-ville, loin de ce que je connais. Les rues ne ressemblent plus à rien d’historiques, banlieue construit comme c’est venu, selon les besoins des français visiblement — avec ces étrangers sonorités allemandes. Presque comme chez Éli et Cormag — si différent de chez moi.

Curieuse de voir où il vit, inquiète à l’idée qu’il ait trop imprégné ses meubles, ses vêtements et que j’ai des bribes de souvenirs qui ne m’appartiennent pas. Pourtant j’adore ça, la plupart du temps. Mais Alec est ma bulle de sérénité pour une fois, comme avoir enfin le droit de dormir sans cauchemarder.
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Alec Meyer
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyJeu 18 Fév 2021 - 16:53

– D’accord.

Il lui avait proposé d’aller chez lui et elle avait dit oui. C’était aussi simple que cela, mais Alec ne s’en étonna pas. Il entendait rarement les gens lui refuser des choses, depuis tout petit. C’est pour ça qu’à l’école il était toujours nommé délégué, que lorsqu’il fallait demander de l’argent aux investisseurs pour l’IBMM, c’était lui qu’on envoyait, et que lorsqu’il sortait en boîte avec son groupe de potes, c’était toujours lui qu’on mettait tout devant. On ne savait pas lui résister.
Sauf peut-être Remy. Remy savait dire non.

– Si tu es sûr de toi, d’accord.

Sam avait dit cela avec le menton relevé, comme soufflée par une assurance nouvelle. Elle avait la vingtaine, il avait 36 ans, mais c’était elle qu’il lui demandait s’il était sûr, comme s’il aurait pu regretter le lendemain, ne pas savoir quoi faire d’un corps inconnu dans son lit, un numéro un peu encombrant dans son téléphone, des cheveux qui seraient restés accrochés dans l’évier de la salle de bain avant le prochain passage de son homme de ménage. Il n’osa pas lui dire que ça faisait longtemps qu’il était sûr de lui et préféra simplement sourire alors qu’elle hélait un taxi.
Il dicta son adresse alors que déjà elle payait, parce qu’elle avait été plus rapide et qu’elle en avait envie. Ça le surprit un peu, il n’était pas de la même génération après tout, mais ça l’avait flatté qu’elle paie le taxi, comme une manière de dire qu’elle venait vraiment pour lui et pas pour l’aspect Sugar Daddy de cette relation qui le mettait un peu mal à l’aise.

– Merci.

Le trajet ne dura pas longtemps, cinq minutes tout au plus, et déjà ils étaient en bas de chez lui. Il fit tourner les clés dans la serrure, poussa la porte et ils furent accueilli par le regard furieux de Gris, qui n’avait probablement pas envie de compagnie et épuisé toutes ses croquettes. Parfois Alec se disait qu’il aurait dû l’appeler Grincheux, mais le chat qu’il avait recueilli à la SPA avait déjà suffisamment de peine à saisir son nom pour qu’en plus il tente de le changer.

– Tu veux boire quelque chose ?

Il se dirigea vers la cuisine moderne qu’il avait fait installer quelques années auparavant quand il avait acheté l’appartement, et qui ne lui servait pratiquement jamais car il était trop occupé avec l’hôpital et qu’il existait désormais assez d’application pour se faire livrer des plats en quelques minutes. Alec ouvrit la boîte de croquette et en versa un peu dans le bol du chat qui, lentement comme si on l’avait dérangé dans son orgueil, s’étira puis se dirigea vers sa nourriture, toujours enveloppé dans une aura de dédain.

– Normalement la nuit il chasse.

Il avait dit ça parce qu’il ne savait pas quoi dire d’autre, toujours ce moment un peu gênant où tous les deux savaient pourquoi ils étaient là, mais personne n’osait vraiment faire le premier pas, parce que ça aurait été trop animal, pas assez ritualisé. Généralement, c’était l’autre qui terminait cette parade inutile et Alec réalisa que cela faisait longtemps qu’il n’avait plus eu à faire le premier pas. Mais peut-être que ça serait différent avec Sam – après tout elle était jeune. Peut-être même, qu’en fait, elle ne voudrait pas aller plus loin. Ou qu’au contraire, la vingtaine lui faisait pousser des ailes et qu’elle n’hésiterait pas, elle.
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyJeu 18 Fév 2021 - 17:43

SON APPART ! Non mais son appart les gars. J’en suis pas vraiment étonnée parce que rien qu’à la matière de ses fringues ou au whisky qu’il consommait, sûrement qu’il a des thunes. J’ai l’impression que c’est un classique d’Orpheo : assez haut placé pour être riche, trop haut placé pour réellement profiter de cet argent. Un chat bien vénère nous accueille dans cet immense, immense endroit.

Tout à fait vide.

Si peu personnel.

J’me censure pour ne pas dire qu’on dirait un appartement témoin, il a peut-être totalement ses raisons qui ne me concernent pas. Avoir un chat, c’est déjà un peu intime, en plus. Même si visiblement c’est un petit con.

— Tu veux boire quelque chose ?
— Un whisky s’il te plaît.

Le goût de boiseries et de cuir l’attire, liquid fire rond ou très sec. Les bas de gamme qui tordent les boyaux, les plus chers qui rendent violents. Elle laisse courir ses doigts. Des bribes de lui, inutiles, qu’elle laisse passer en tranches. Des habitudes, des bruits répétés, verre contre le comptoir, verre contre le comptoir.

Boit-il seul ici ?

Personne d’autre de marquant. Ça n’est pas plein d’une solitude mais d’une sorte de tension constante qui marque tout. Elle lève le regard sur lui, le détail en entier. L’homme au bouclier qui dit « Normalement la nuit il chasse ». Elle hoche la tête, « Mmmh mmh » plongée dans les petits détails, ses petits détails qui ne lui disent rien. S'en rend-il compte ? Un no man's land de passé.


Vlà la panique en vrai un peu. Parce qu’il n’y a personne d’autre, c’est étrange, déjà. Et ensuite parce que je n’ai pas les codes : combien de temps suis-je censée attendre, nous laisser tourner en rond, comme ça, avec le chat au milieu ?
Où est la chambre ?

Il fait bon mais j’ai un peu froid.
Je le sais aussi, j’ai froid parce que j’ai peur.
Mais juste un peu.
J’aimerais lui proposer une douche, mais ça va se voir, que j’ai jamais couché avec personne.

Nouvelle gorgée de whisky. Je trouve des enceintes, pose mon Spotify pour meubler le silence planant qui souffle au ras du sol. C’est ma musique à moi qui en sort, intime, mais comme ce n’est rien de très connu, ça devrait aller, rock indé, un peu d’acoustic punk, rien où on pourra reprendre le refrain en coeur.

Que t’aimes ou pas, Alec, je m’en tape. T’as les meubles à toi, moi, j’ai ma musique pour me sentir un peu plus chez moi.

Va falloir que je lui dise à un moment — pour être honnête, pas parce que je lui dois. Mais genre, en vrai, il peut grave me tej, et ça serait humiliant, ou pire, il peut capter, si je ne le dis pas, et être gêné, et je serais gêné aussi. Il me restera plus qu’à casser son bouclier éclaté là, et trouver une solution pour modifier ses souvenirs.

Bon, d’un autre côté, si c’était la première fois de quelqu’un, ça m’irait bof de le savoir qu’après. Si je m’en aperçois pas.
Putain.

Je m’assied sur le rebord haut du bar lui fait signe de s’approcher, plus proche. Viens entre mes jambes, contre mon corps. Je déboutonne un bouton de ma chemise, puis deux, l’air faussement étonnée, « il fait chaud chez toi, quand même, non ? » mais c’est juste pour doser — j’ai toujours peur qu’il me rejette.

Mais reviens contre ma bouche, des lèvres qui ne sont que des lèvres, rend moi au moins ça.
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Alec Meyer
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyJeu 18 Fév 2021 - 21:12

Il avait acheté son appartement – sa garçonnière disaient, ironiques, ses amis – seulement quelques années auparavant, quand il avait compris que Remy ne reviendrait pas, que tous ses rêves de futur avec elle s’évanouissaient dans son absence. Un loft de célibataire, sans place pour une chambre d’enfant, une table à langer ou une baignoire pour bébé. Un lieu surtout vide des souvenirs qui tordaient son cœur partout ailleurs. Il ne voulait plus voir l’ombre de Remy s’étirer sur son canapé après avoir squatter à la suite d’une soirée trop arrosée, sa brosse à dent qui résidait dans sa salle de bain parce qu’elle passait bien assez de temps à crasher chez lui, la forme de ses lèvres scellée sur les verres qu’elle descendait d’un trait.

– Un whisky s’il te plaît.

La voix de Sam le sortit de ses pensées et il attrapa deux verres dans une étagère et une bouteille de whisky qu’il avait reçue d’un personnages influents d’Orpheo après avoir sauvé son fils, victime d’une attaque de sorciers noirs et arrivé presque en lambeaux à l’IBMM. Ça lui avait pris des heures et des heures à déverser son don dans le corps de l’enfant, à peine adolescent. Pour ce genre de cas, c’était toujours lui qu’on appelait à Strasbourg : il connaissait le corps humain sous le bout des ongles et avait appris, à force de travail, à maîtriser des formes très poussées de guérison, surtout lorsqu’il s’agissait de ramener les chairs les unes contre les autres.
Bref, la bouteille était une très bonne bouteille et certainement extrêmement chère.

–Mmmh mmh.

Elle faisait le tour de son appartement pendant qu’il déposait des glaçons dans le fond des verres avant de les arroser du liquide ambré.

Il faisait chaud dans cette pièce.
Chaud du désir qui était né dans le corps d’Alec, mais qu’il n’osait pas assouvir sans être sûr d’avoir vu un signe de consentement de Sam.

Elle attrapa son téléphone, le brancha aux enceintes et une musique que le guérisseur ne connaissait pas en sortit.
Il ferma les yeux pour apprécier la musique, essayant de repousser la tension qui marquait ses muscles et, quand il les rouvrit, elle était assise sur le rebord du bar, tout proche de lui, assez pour qu’il puisse distinguer la brûlure sur sa main, la mèche qui repiquait dans sa chevelure, la légère asymétrie entre ses sourcils. Toutes ces petites choses qui la distinguait des autres et qui, dans l’ambiance tamisée de son appartement, prenaient toute leur brillance.
Il s’approcha, ses mains qui lui paraissaient étonnamment immense à côté d’elle – peut-être à cause de sa jeunesse, car elle était plutôt grande en taille – se posant sur le marbre autour d’elle, ses doigts à elle accrochant les boutons de sa chemise pour le déshabiller.

– Il faut chaud chez toi, quand même, non ?

Ses lèvres répondirent en allant se poser dans son cou, embrassant la peau pâle, remontant jusqu’au lobe de son oreille avant de murmurer, la voix saturée par l’envie :

– Pas certain que ce soit la meilleure solution pour avoir moins chaud…

Ses mains enserrèrent sa taille, la rapprochant un peu plus du bord du bar et de lui alors que son bas ventre se consumait dans son pantalon. Il eut envie de la soulever, d’arracher leur vêtement et de la prendre contre le mur le plus proche, sans réfléchir, avec force et brusquerie. Mais il ne voulait rien forcer non plus, voulait surtout être sûr que tout était ok, qu’elle savait là où elle s’aventurait.

– Tu as envie d’aller plus loin ?

Et la soif dans la voix.
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Sam Carver
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyJeu 18 Fév 2021 - 22:55

M’voyez, les gens, ça les marque pas tant que ça le sexe. Des baisers, oui. Les parents, toujours. Les blessures qu’un père ou une mère fait à son enfant, j’y ai le droit à chaque fois. La fratrie aussi d’ailleurs. Les grandes histoires d’amour, les déchirements, les détails. La couleur des draps de chez elle, sa planche de skate qui goutte sur le plancher, ses sous vêtements, une odeur, le Chanel n°5.
Jamais le sexe.
Sauf par le trauma.

Je sais qu’il y aura un moment où je serais totalement démunie et où ni mon pouvoir, ni mon assurance ni l’alcool ne pourront quoi que ce soit pour moi.

Le whisky me brûle la gorge mais pire, bien pire que ça ses lèvres sur ma gorge, comme si j’étais au bord d’un précipice. Elle prend une immense inspiration, lui semble qu’un vertige se programme en filigrane, elle passe ses mains dans ses cheveux, plus désirante qu’elle l’aurait souhaitée, plus emportée surtout.

- Pas certain que ce soit la meilleure solution pour avoir moins chaud…

Je soupire - comment l’écouter ? Ses mains sont immenses sur moi, son souffle, son odeur, et pourtant j’ai l’impression de prendre toute la place, d’exister partout. Son don se craquelle sous mes mains mais ne cède pas. Elle est plaquée contre lui, presque certaine a un moment qu’elle va lâcher une injure, un putain de, putain je ne maîtrise plus rien, mais ce n’est pas totalement vrai. Elle voit bien ces portes de sorties et enroule ses jambes autour du bassin de l’autre, le rapproche encore contre l’humidité dans sa culotte. Son cœur bat à tout allure, elle se demande si Alec le sent pulser dans sa bouche. Elle pourrait le vouloir ici, mais son imaginaire, cruel, décline ce qui pourrait se passer mal, sur un bar comme ça, elle pourrait lui avouer qu’elle n’a jamais couché et il pourrait partir, ou bien, elle pourrait avoir mal et ils seraient là, idiots avec sa douleur ; doit-elle vraiment avouer sa souffrance si souffrance il y a ? Ou tout planquer ?

- Tu as envie d’aller plus loin ?

Les mots du sexe sont-ils tabous même après la trentaine ? On ne dit pas, coucher, sexe, pénétration, on dit, plus loin, ne pas être vulgaire ou trop cru, on pourrait effrayer ? Mais qu’est ce que le sexe pour elle, a vrai dire ? Elle a des bribes de films, de livre, de pénétration.
Ça ne veut rien dire.
Rien dire du tout.


Je le repousse. J’ai envie de grommeler, au tapis, cerveau. Couché. Pour une fois que mon corps enivre tout, reçoit tout, hormones et whisky, désir et débauche.

Je le repousse et saute du bar. Fronce les sourcils, juste un peu.

- Plus loin ? Dans la chambre du veut dire ?

Je décoche un sourire à la volée, certaine que la chambre est très sûrement en haut de l’escalier. Si vide, si vide, si vide.

Je monte les marches, croise mon reflet dans le miroir. J’ai l’air tout à fait moi même, les taches de rousseur, l’air sereine et bien là. Je déteste quand mon pouvoir me vole ça : mon visage.
Je reste à l’entrée de sa chambre, sur le palier, sans me retourner. La chambranle de sa porte me renvoie une odeur de sueur et de sang, je retire les doigts.

Quand l’avouer ?

Je le retourne dans ma bouche, retire mon haut. Comment puis-je avoir honte de l’expérience que mon corps possède ? A l’entraînement ils me bassinent avec la mémoire musculaire, mais qu’ai-je à offrir si ce n’est ma maladresse ?

Je balaie mes cheveux d’un côté pour faire de la place dans mon coup.

Quand l’avouer !
Un pincement de colère dans le ventre, je me maudis de penser que j’aurais du coucher comme ça, sans y penser quand ça compter pas pour m’en débarrasser. J’aimerais ne pas avoir honte, j’ai honte quand même. Peach pit passe dans les enceintes, je me dis que ça me donnera du courage mais j’ai juste envie d’un peu plus l’allumer. J’attend qu’il me rejoigne dans le reflet et nous regarde tous les deux, humidifie mon pouce dans ma bouche pour le passer sur mes lèvres rougies par les siennes.

Quand l’avouer ?

Puis j’me demande subitement mais quels sous vêtements j’ai, et de quoi j’ai l’air au juste, de quoi vais-je avoir l’air, à la découverte de ce qu’il connaît peut être par coeur avec des dizaines de peaux des centaines de soupirs différents. Suis-je ridicule ? Dans les bras d’un homme plus âgé, apâtée par le silence qu’il représente ?
Je le regarde, il me plaît vraiment ; comment pourrais-je le prétendre intéressant ? Je ne le connais pas. Mais j’me sens bien, non ?
Quels sous vêtements ai-je mis putain ?

Je dis à haute voix pour m’entendre :

- J’ai envie de toi.

Elle ne mesure sûrement pas la portée de ces mots, embrasser lui semblait inné, mais coucher? Coucher?! Pourtant elle le dit parce qu’elle le pense avec une simplicité qui dégage ses faux semblants adolescents au placard, tous les fuis moi je te suis et les minaudants messages pour ménager les fiertés. Ici quand on veut on le dit pour n’outrepasser personne, ne rouler sur aucune subtilité.

Aucune. Elle vole ses prunelles.

- Et toi ?

Elle est honnête.

- Promis, ça sera pas awkward si tu réponds non.

Elle a si bien appris.
Je regarde mes portes de sorties, les apprécient leur juste mesure. Je ne joue pas, j’offre.
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Alec Meyer
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyJeu 18 Fév 2021 - 23:36

Il avait envie de l’emporter là, sur son bar, mais elle le repoussa et il sentit une douleur poindre dans son ventre. La peur qu’elle le repousse, maintenant. Enfin non ; pas vraiment de la peur, plus un sentiment d’abandon et de vide qui n’arriverait pas à combler tout ce creux en lui.
Mais elle sauta du bar et ajouta :

– Plus loin ? Dans la chambre tu veux dire ?

Et la bête dans son ventre recommença à ronronner et à emplir ses entrailles, se répandant dans la chaleur dégagée. Sam monta les escaliers et il la dévisagea, appréciant la courbe de ses fesses, la fermeté de ses muscles sous les habits qui épousaient ses formes. Elle devait être exorciste, les exorcistes étaient les seuls à être gaulés comme ça. Les exorcistes et Alec, pour une raison qu’il ignorait – enfin non, c’était la génétique et en état de sobriété il était parfaitement capable de l’expliquer – et qui lui permettait de ne pas faire tache à côté de toutes les forces d’Orpheo qui terminaient à l’IBMM.

Gris frôla ses chevilles, le ramenant sur Terre et il échangea un regard avec son chat, presque sûr que l’animal le jugeait pour sa luxure. Mais le félin avait un air continuellement hautain et le guérisseur choisit de ne pas s’y attarder, préférant grimper les escaliers avec le poids de son cœur pulsant dans son ventre.

Sam était dans l’encadrement de la porte de sa chambre, presque dévorée par l’obscurité, la lumière timide de la Lune offrant un décor au haut de son corps presque déshabillé, ses cheveux balayé sur le côté, son cou totalement dégagé.
Il admira les muscles et les formes, sans se presser alors qu’il s’approchait de lui. Il ne doutait pas qu’elle serait capable de le mettre au tapis en un clin d’œil. Bien plus entraînée, bien plus forte. Mais il n’était pas question de combat, il était question de sexe et là, c’était lui qui comptait la mettre dans son lit.
Il termina de déboutonner sa chemise qu’il abandonna dans sa marche jusqu’à elle, sa peau nue allant se fondre contre son dos, ses mains remontant jusqu’à ses seins, sa bouche trouvant le chemin dans sa nuque, son cou, son menton. Le reflet leur renvoyait l’image d’un couple, elle qui mordillait son pouce avant de le passer sur les lèvres rougies par le désir d’Alec.

– J’ai envie de toi.

L’animal hurla en lui et il dut se contenir pour le faire taire, l’empêcher de rugir, de tout arracher, de la baiser ici, à même le sol.
Elle se retourna, arracha les pensées d’Alec en forçant son regard avec le sien.

– Et toi ?

Il haletait, presque, tant le désir était désormais trop fort.

– Promis, ça ne sera pas awkward si tu réponds non.

Mais il ne répondit pas, attrapa son corps contre le sien, passa ses mains sous les fesses de Sam pour les saisir, les attraper, les caler dans ses bras qui la soulevait pour la porter contre lui et la serrer fort. Il la tint sur les quelques pas qui les séparait du lit, puis la posa sur les draps alors que dans sa tête tapait un mélange d’alcool et de désir, toujours plus fort, toujours plus aveuglant.
Sa main se glissa vers l’entre-jambe de Sam et il sentit, à travers les tissus, l’humidité qui lui confirmait que, au moins, il n’était pas le seul à subir cette envie d’elle. Il la caressa férocement, ses lèvres s’accrochant toujours à sa peau, sa peau, toujours sa peau, ses lèvres, ses oreilles, son buste, jusqu’à son soutien-gorge. Puis ses doigts prirent ses aises, se glissèrent sous l’élastique du pantalon pour aller rencontrer son pubis alors que dans un regard, il l’interrogeait, peinait à retenir la bête en lui.
Je peux ?
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyJeu 18 Fév 2021 - 23:58

Il ne répond pas, pas du tout, je ne sais pas si je ne suis pas un peu déçue. Je crois que j’aurais voulu l’entendre — mais des choses mielleuses mais des choses vraies. J’aurais pas voulu entendre de sa bouche qu’il me trouve belle, ou désirable, ou intelligente ou que sais-je. J’veux dire, pas qu’il puisse pas le penser mais… Eli peut trouver Cormag beau, elle l’a vu dans tous ses états, dans toute sa vérité et alors elle le trouve beau, vraiment, pas le costume qu’il agite quelques heures sous son nez.

Mais mes pensées son happées par mon corps.

Intensément.

Je comprends pourquoi il est aisé de confondre ça avec de l’amour. Elle se perd dans l’attention absolue qui lui est portée, elle est touchée pour la première fois de partout, en entier, elle, juste elle, seule dans cette pièce avec lui qui la dévore, joue la partition avec des doigts qui lui électrisent la peau et elle halète vite, sursaute presque quand il vient sur son entre-jambe.

Prend-il autant de précautions avec les autres ?
Les aurait-ils prisent si je n’avais pas eu l’air si jeune ?

Je suis déjà presque nue, je me dégage de mon soutien-gorge qui m’emmerde et tant pis pour la pudeur ; mes gestes se suspendent par peur d’être trop maladroite.[i]Elle voit bien qu’il fait des efforts pour laisser les secondes tourner, toujours ouvrir des portes ; portes qui semblent pas nécessaires pour lui — est-ce si bestial que ça, pour eux ?
Pour l’autre sexe de la planète ?

Il lui semble que c’est le moment, elle se mord la joue fort, lutte contre elle-même, le dire, pas le dire, le dire, pas le dire — se
faire rejeter sur le rivage pour pas avoir assez vécu et assumer, brûler de colère, comment partir dignement s’il me dégage ?

J’ai envie de dire oui, la, maintenant, mais j’ai aussi peur d’avoir mal et d’être prise sur le fait, rien qu’avec ses doigts — alors le reste ?
Ah, c’est tabou pour qui, maintenant, les mots ?
D’être prise en faute, comme si ça en était une, j’ai les oreilles qui bourdonnent et l’envie qui caracole. Je me sais trempée mais misérable.

Je hoche la tête.

Elle se mord la lèvre pour pas dire « mais » parce qu’elle veut pas que ça soit une opposition à quoi que ce soit.
Et je m’entends dire comme si je ne m’appartenais pas :

— J-j-je j’ai jamais couché.

J’me sens vraiment conne. Mais en même temps dans mon droit. Mais tout à la fois, j’ai envie de me justifier, tu vois mec, mon pouvoir, mon putain de pouvoir ma putain de magie et le bourdonnement permanent, t’es le premier silence parmi tous, et puis t’es vraiment extrêmement sexy et bien trop gaulé, out of my league en temps normal, si t’avais pas été misère et vague à l’âme dans ce bar, si j’avais pas forcé comme jamais pour m’asseoir en face de toi parce que t’étais aussi hermétique d’une bille de plomb alors t’aurais pas retourné un regard vers moi, et mes mots s’engluent :

— C’est pas que…

Mais ça le regarde pas en fait ! Que ça soit parce que les autres soient trop pour moi ou que personne ne puisse me faire confiance sans se sentir dépouillé, que ça soit parce que je déménage trop, que je plaise pas, quelles que soient mes raisons je lui les dois pas, mais faire des demi phrase c’est chelou, et il est encore bien trop habillé, et je rajoute :

— Enfin c’est juste que…

Elle sent ses joues s’embraser et se dit putain j’ai envie d’crever mais elle prend son courage à deux mains, sans savoir s’il se rend compte de la dose de bravoure que ça lui demande d’articuler quelque chose de compréhensible et en même temps d’assez réfléchi pour qu’il ne la plante pas là, ne lui dise pas ok j’vais avez le chat en bas, elle dit :

— …doucement.

Je déboutonne son jean, serré à bloc, avec une conviction pour dire hey mais je change pas d’avis hein juste tranquille j’suis honnête parce qu’ehehehe j’ai pas bien le choix, entre la honte et la honte je choisis la honte, j’espère qu’il spécule pas trop dans sa tête, le bouton saute ; j’arrime mes yeux aux siens. Me rejette pas.
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MessageSujet: Re: La fête solitaire [NC -18]   La fête solitaire [NC -18] EmptyVen 19 Fév 2021 - 0:40

Ces gestes et son corps disaient oui, alors il continua, glissant ses doigts un peu plus loin pendant qu’elle enlevait son soutien-gorge et alors il put enfin glisser ses lèvres jusqu’à la pointe de son sein pour la lécher, l’aspirer, la mordiller même.
Puis soudain, un aveu.

– J-j-je j’ai jamais couché.

Alec redressa sa tête, sa main s’immobilisant, comme s’il avait été pris la main dans le sac – la main dans la culotte surtout. Ça faisait longtemps qu’il n’avait plus prit la virginité d’une femme. Pas qu’il pense qu’il y ait un âge pour la perdre, mais celles qu’il fréquentait, en général, avaient la trentaine et assez d’expérience à ce niveau-là pour qu’il ait oublié que ça puisse encore être possible, de n’avoir jamais couché.

– C’est pas que…

Il chercha ses yeux dans l’obscurité. C’était important les premières fois, parfois, pas tout le temps. Mais c’était un souvenir qui restait, qui collait à sa peau. Sa première fois n’avait pas été importante, avec une fille qui n’avait pas d’importance et qui était tout autant inexpérimentée que lui. Mais c’était resté assez fort pour que ce soit gravé quelque part, pour que ce visage il ne puisse pas l’oublier, ni la gêne après l’acte, et elle qui s’éclipsait pour retourner au lycée. C’était si vieux tout ça, mais ça impactait toujours.
Avait-elle vraiment envie de garder comme souvenir un inconnu rencontré dans un bar et plus âgé qu’elle ? Il se sentit soudainement encore plus vieux.

– Enfin c’est juste que…

Il sortit sa main de la culotte de la jeune femme, la laissa remonter sur la chaleur de son ventre, sur sa poitrine, jusqu’à son menton, son autre main lui permettant toujours de se tenir en équilibre au-dessus d’elle.

–… doucement.

Puis comme pour contrecarrer ses propres paroles, elle attrapa son jean, dévoilant un caleçon incapable de cacher la raideur du membre de l’homme. Il hésita un instant, parce qu’elle était si jeune et qu’il avait peur de lui voler un moment, puis sourit. Après tout, elle en avait envie et c’était son choix. Qui était-il pour le juger ?

– Bien sûr.

Il se releva pour finir d’ôter son pantalon, avant de glisser ses doigts sous l’élastique du pantalon de Sam, puis de tirer gentiment dessus, emportant du même coup sa culotte. Il caressa de son regard la jeunesse de sa nudité, avant de se poser entre ses jambes.

– Surtout, tu me dis si ça va trop vite.

Il disparut entre ses cuisses, glissant sa langue sur son clitoris, aspirant doucement d’abord, puis intensifiant la tension, alternant avec ses doigts, qui glissaient, partout, remontant également de temps en temps sur le reste de son corps, sensuels. Il avait envie de bien faire, de lui procurer vraiment du plaisir, parce qu’il savait l’effet que ça lui faisait de voir sa partenaire prendre son pied, et aussi parce qu’il avait envie qu’elle se souvienne de sa première fois comme un moment de plaisir et non pas un massacre maladroit entre deux être qui ne savaient pas vraiment ce qu’ils faisaient. C’était étrange de guider ainsi quelqu’un sur le début d’un chemin qu’il connaissait si bien, celui du sexe, mais ça restait flatteur après tout, de savoir qu’elle l’avait choisi lui, et pas un autre.
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