And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come

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 And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come

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Solitaire | Âme verte
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Solitaire | Âme verte
MessageSujet: And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come   And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come EmptyMar 27 Oct 2020 - 15:03

Le,
Même,
Rêve.

Toujours.

Il se force à arrêter de grincer des dents, se réveille, touche à sa hanche le .33 qui n'y est pas. Bien sûr. Bien sûr, bien sûr, bien sûr.

Le parquet l'accueille avec un "muuiiiiic" digne d'un film d'horreur et il soupire avant de murmurer très bas "désolé". Il sait que tout réveille Elaïa, et, même s'il ne rentre plus vraiment dans ses rêves par pudeur, il y erre parfois aux confins mais se fait éjecter à chaque grincement, chaque souffle, chaque feuille frappant les fenêtres.

Enfin.

Quand son lit le reprend enfin, il sait parfaitement où il va. Son don le malmène et le ballotte sans qu'il ne puisse rien y faire, bateau percé au mât dans l'eau, jusqu'à ce que les premiers rivages d'Anja se dessinent. Il ne sait pas où elle est, il ne sait rien de la guerre non plus. La prudence prévaut sur sa curiosité, celui qui demande des informations prend le risque que le messager l'assassine par cupidité ou loyauté.

Son rêve est épais et il y rentre comme dans une bulle. Des sons des mots des lettres des visages, des figures. Mais il n'est pas question de faire genre, il n'est pas question d'aller opérer dans les entrailles de celle avec qui il a un jour partagé un lit (quoi de plus intime finalement qu'une couche, qu'un fort contre tout le reste ?). Il manipule le rêve, tire les fils qui actionnent le rêve, malmène l'inconscient, repousse son propre passé. Il sait qu'il n'y coupera pas : tous les deux retourneront dans un endroit qu'il connait, qu'il a côtoyé suffisamment bien pour le recréer en rêve. Les choix ne sont pas très nombreux, mais il choisit le hall Soul, à bout d'options. Froid, austère, dallé.

Des lumières d'automne, un après-midi, des mots qui résonnent.

Rien pour s'aimer dans les coins.

Tant pis.

Il sait qu'il a perdu du poids à force de s'entrainer bien moins, il a perdu en rondeurs, en abdos en relief, en quadriceps qui poussent la toile du jean. Il ne sait pas pourquoi il y pense maintenant mais il y pense : il fait bien plus normal, humain, banal. Peut-être n'a-t-il plus rien.

Qu'est-ce que ça changerait, au final, mh ?

Il s'ébouriffe les cheveux pour se donner du courage. Le rêve d'Anja est formaté petit à petit pour la ramener ici, avec lui, juste là et, alors qu'il ferme les yeux pour murmurer, il espère fort que cette fois-ci, juste cette fois-ci ils pourront juste parler sans se sauter au visage.

Alors, tout plein de ses espoirs il murmure à son intention "long time no see" et sa voix chaude englobe le rêve, le parcourt et le ramène à lui. Ça fait des mois qu'il n'a pas senti son don vibrer en lui avec autant de présence et d'acuité mais la nervosité effiloche ses crans de sûreté.

Tant pis.
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MessageSujet: Re: And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come   And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come EmptyMar 27 Oct 2020 - 15:55

Encore empâtée dans le sommeil, les doigts crissent sur les draps de satin, cherchant désespérément à se raccrocher à quelque chose, à serrer un peu de chaleur, quelque part. La reine sursaute au cœur de la nuit, encore étourdie par le rêve qui s'est animé dans sa tête.
Craquant une allumette, Anja réveille la chandelle sur sa table de nuit avant d'attraper le crayon et le bout de papier qui traînent au pied du lit. Elle refuse de replonger dans l'obscurité avant que l'écharpe de rêve qui l'a envahie ne s'enfuie et qu'elle ne l'oublie.

Liebe Elaïa,

Meine Tochter. Depuis que cette catin s'est enfuie avec toi, tu hantes mes nuits. Parfois dans l'espoir de te retrouver, de te découvrir, de pouvoir enfin apercevoir ton visage. Mais souvent c'est dans la douleur, la peur de découvrir ton cadavre, d'apprendre que mon sacrifice a en fait précipité ta mort.
Je te vois, petite poupée aux cheveux qui tombent devant ton doux sourire, pendue au plafond de mes cauchemars.
Le pire c'est peut-être ce sentiment d'impuissance qui m'insupporte. Je suis incapable de gérer cette situation alors même que d'un autre côté Rosenrot perd la guerre. Tout s'effondre autour de moi. Parfois, j'aurais envie de fuir, de tout abandonner pour te retrouver. Mais comment, comment partir alors que ma tête est mise à prix ? Comment me cacher et comment te retrouver alors que mes plus proches alliés cachent des lames affutées dans leur dos ?

Je ne dors plus beaucoup, et même le maquillage ne sait dissimuler les cernes sous mes yeux. Souvent je termine mes nuits à m'entraîner, à renforcer mes pouvoir et mon corps pendant que mon mental, lui, dépérit. Parfois j'arrive à dormir un peu. Et à survivre aux cauchemars.

J'étais en train de rêver. Comme bien souvent, j'étais entourée de corps d'enfants. Ceux que j'ai assassinés. Ceux sur lesquels j'ai marché pour arriver sur mon trône empoisonné. Et au milieu de cet amoncellement macabre, un corps que je n'arrivais pas à voir et pourtant, donc je ne pouvais ignorer l'existence. Le tien. Je m'acharnai à déplacer les petits corps pour te retrouver, pour te sortir de ce sang, de cette horreur.


Et soudain.


J'étais ailleurs. Plus de cadavres, Du marbre, des dalles froides, peu de lumière. Un lieu que je connaissais pour l'avoir déjà visité une fois, le jour de mes fiançailles.
Le hall d'entrée d'un des nombreux manoirs Soul. D'une des nombreuses résidences de tes grands-parents.
Et une voix, comme un murmure.

– Long time no see…

Le murmure et la silhouette de ton père. Pas exactement l'image dont je me rappelais. Plus maigre, fragile, presque vieillie. Mirage dans le mirage. Et pourtant, je ne l'avais jamais trouvé aussi beau.
Je m'approchai de ce fantôme du passé, oubliant le reste, oubliant le lieu, l'environnement, les rêves et les cauchemars. T'oubliant toi, presque, mais pas vraiment. Comment ta présence pourrait-elle un jour me quitter ?
Je m'approchai jusqu'à pouvoir poser ma main sur sa poitrine, remonter dans sa nuque, retrouver sa chaleur brûlante. Je m'avançais jusqu'à ce que mon corps rencontre le sien, jusqu'à pouvoir l'enlacer et m'ancrer à son essence. Aucun mot ne me parvenait, aucun mot n'était assez puissant pour comprendre.
Moi même je ne comprenais rien. Rien d'autre que la chaleur de Green contre moi.

[...]


Ne pas oublier le rêve.

Mais était-ce vraiment un rêve ? La sorcière avait beau s'être oubliée dans les tourbillons de ses remords, ses sens surnaturels avaient immédiatement compris. L'amour qu'elle ressentait encore pour Green avait immédiatement compris.
Sa présence était trop forte pour ne pas saisir.
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Solitaire | Âme verte
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MessageSujet: Re: And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come   And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come EmptyMar 27 Oct 2020 - 16:27

Elle s’enroule autour de lui, la nuque, le corps, les lèvres ?
Non.
Pourquoi ne pas se servir du rêve pour l’embrasser, la plaquer là, contre le mur, la langue dans sa bouche puis déchirer ses fringues et faire ce que bon te semble, ce que vous voudrez, parce que c’est un rêve, non ?
Quelles conséquences ?

Il inspire le parfum de son corps sans en retrouver le passé et se résout à poser les mains sur ses hanches et à la tenir à distance.

- Le rêve n’est qu’une excuse.

Doit-il lui dire j'ai peur pour ma vie en te retrouvant ? J'ai peur que tu me tues ?
Il marche sur les dalles. La nuit est tombée dehors, et il n’a rien pu faire. Rien pu contrôler. Est-ce la nuit pour toujours de par chez toi, Anja ? Regrettes-tu finalement les ordre, les claques, les meurtres ? Pas lui.
Mais il regrettera Elaïa toute sa vie sûrement.

- C’est vraiment moi.

Et si c’est vraiment moi alors sûrement que tu ne laisseras pas une telle faiblesse voiler tes gestes. C’est ça qu’il veut dire : enfin reprends-toi.
Pourtant, s’est-il vraiment repris ? N’a-t-il pas laissé quelques secondes le corps d’Anja contre le sien, ne l’a-t-il pas tenue par les hanches le temps de lui adresser quelques mots ?

Mais parce qu’il veut la paix, hors de question de commencer par des hostilités ou par meurtrir son ego déjà flétri. Il pourrait narguer, dire alors, elle est comment la guerre, perdue ? D’autres s’y seraient amusés ; Cyan peut-être.
Non non, ce qu’il dit d’une voix claire est une vérité qui le scie en deux de fierté.

- Elaïa est avec moi, maintenant.

Il tait le reste, laisse un peu de mou à la sorcière pour répondre. La pluie se met à tomber, dehors d’abord puis il craint qu’elle rentre la pluie, qu’elle les trempe tous les deux sans raisons, juste là, avec un air dramatique d’automne et de départs. Il se mord la lèvre, contemple celle qu’il aurait dû épouser mais à qui il en voulait trop. Ça lui fait penser à une vieille histoire, et quelqu’un qui disait « I don’t know if I can ever forgive you for that » et l’autre avait quelques larmes sur sa peau ridée et, la plus jeune reprenait « but i’d like to try ».

Mais Green n’avait pas vraiment l’intention d’essayer, même pas sous les mains enivrantes de son amour, même pas après des années, même pas sous la chaleur du corps qu’il connaissait assez bien pour que son cerveau se souvienne des habitudes et des routines.

What a pity.

Peut-être n’auraient-ils pas dû faire un enfant, peut-être aurait-ils dû se consumer, éclater puis revenir, reprendre, exploser se brûler se guérir se racomoder se retrouver se vouloir se détester. Alors il aurait couru pour Rosenrot encore, alors le soldat aurait voulu sauver la reine. Mais le soldat avait eu un enfant, et la reine de sa vie avait désormais sept ans.
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MessageSujet: Re: And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come   And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come EmptyMar 27 Oct 2020 - 18:58

La chandelle répand sa lumière sur le mur blanc de la chambre, tanguant avec l'obscurité. Elle s'amuse à jouer avec l'ombre de la femme, trop occupée à écrire pour saisir le jeu passionné de la petite lumière à ses côtés.
Trop concentrée sur ses souvenirs pour remarquer la danse de la flamme.

[...]

J'aurais aimé me fondre en lui. Ne pas chercher à comprendre la présence de ton père, pourquoi il avait percé ma bulle de cauchemar pour me retrouver, ne pas chercher les mots entre nous, les phrases, les explications. Juste se fondre avec lui, devenir une brume au-delà du rêve, ne plus être Anja et Green, mais une vague de chaleur contre les murs de cette étrange demeure. Faire exploser les couleurs, les murs, les formes autour de nous.
Il posa ses mains sur mes hanches et me repoussa.

– Le rêve n'est qu'une excuse.

Les dalles étaient froides sous mes pieds nus alors que je le regardais s'éloigner. Était-ce mon imagination ou la réalité ? Une simple projection de mon impression de froideur de la famille Soul, qui se reflétait jusque dans le sol de leur demeure ?

– C'est vraiment moi.

J'eus envie de tendre la main pour effleurer son visage, sentir sa peau sous ma main, les vibrations de son être contre mon doigt. Je serrai le poing. Il m'avait déjà repoussé une fois et même le monde des rêves ne permettait pas la faiblesse.

– Je sais.

Évidemment. Malgré la haine, malgré les déception, malgré les incompréhensions, ton père avait laisser une trace dans ma vie. Puissante, tellement puissante. Son corps, son âme, son coeur faisant tant de bruit à mes oreilles qu'il m'était impossible de le manquer. Impossible de me faire avoir par une illusions.
Alors, c'était tout ce qu'il restait ? Une trace poussiéreuse et les contours flous d'une enfant ?

– Elaïa est avec moi, maintenant.

Elaïa.
Elaïa est avec moi, maintenant.
Les mots m'électrocutèrent. Le souffle me manqua. J'oubliai le froid des dalles sous mes pieds, l'aspect lugubre du lieu, j'en oubliais jusqu'à la présence même de ton père. Lui qui, pourtant, même quand je faisais tout pour le fuir, pour le haïr, ne pouvait jamais passer inaperçu à mes yeux quand j'entrais dans une pièce, lui qui était si présent dans le vide de ce hall, il disparut de mon environnement immédiat.
Les contours du rêve devinrent si flou que j'eus peur un instant de rebasculer dans la réalité, de perdre le lien avec ton père.

Inspirer, expirer. Et repousser le choc.

La pluie commença à tomber contre les carreaux. La pluie de son rêve ou de mon rêve ? Fallait-il chercher à une interprétation à l'humidité qui imprégnait les lieux ?
Mais j'étais loin, si loin de réfléchir à cela. Trop concentrée pour ne pas exploser, pour ne pas lui sauter à la gorge, trop concentrée pour rester calme.
Pour poser des mots les uns derrière les autres, comme si je découvrais comment parler. Comme si leur poids n'avait jamais été aussi important que dans cette nuit-là, dans ce rêve-là.

– Comment va-t-elle ?

Trop concentrer à ne pas fermer les yeux pour ne pas voir encore, derrière mes paupières closes, ton cadavre pendre au bout d'une corde.

[...]


La main de la sorcière tremble un peu en écrivant ces mots, en prenant conscience de ce que lui dictent ses souvenirs. Elaïa est envie. Elaïa est avec son père.
Et l'ombre sur le mur, comme un miroir de l'âme, tremble un peu plus sur la blancheur.
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Solitaire | Âme verte
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MessageSujet: Re: And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come   And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come EmptyMar 27 Oct 2020 - 21:05

Sa voix n’a absolument pas changé d’un iotat — il devrait le savoir pourtant. Mais dans ses songes et quand il l’imagine, il oublie son timbre, elle lui parle dans sa tête uniquement. Comme toutes les personnes qui lui manquent, c’est ce qu’il oublie en premier et petit à petit ne restent que des choses qu’il a su ; il ne se souvient de rien.

— Je sais.

Une ride se creuse et s’imprime entre ses deux sourcils qui s’élèvent et se rejoignent. Ça lui fait un mal de chien qu’elle ait gardé cette connaissance, cette différence il
a l’impression d’étouffer
mais
rien n’est réel.

Sauf Anja finalement.

Il amorce un mouvement, tendre le bras pour la toucher mais il se retient, pantin suspendu en pleine volonté.

Les resacs le rattrapent, ils parlent d’Elaïa et il regarde sa mère se faire brasser quelques temps, perdue dans un rêve qui lui échappe. Il coupe quelques fils, tirent sur le velours des rideaux, peut-être va-t-elle se réveiller mais il espère la garder, la garder encore un peu, juste avant qu’elle ne lui échappe à nouveau.

Il sait qu’il tendra les bras pour essayer de l’agripper. « Don’t hold it tighter, you’ll end up crushing it ».

— Comment va-t-elle ?

Il hoche la tête, élude. Oui, oui, bien. Volontairement il n’esquisse pas de souvenir à rameuter dans le rêve, pas de tête blonde, pas de corps longiligne, pas de rire, pas de coudes râpés par la planche, pas de yeux méfiants sans défiance.
Rien.

C’est égoïste mais il n’est pas là pour ça, les réponses il les connait puisque la fille est avec lui. Et les questions, il n’a pas envie de les entendre. Son humeur est tellement changeante qu’il a envie de s’accrocher à un mantra sans pouvoir choisir. Rappelle-toi que tu lui en veux ? Rappelle-toi ce qu’elle a fait ?

Rappelle-toi comment tu l’aimais ?

Rappelle-toi que si ton père gagne toujours, Anja elle, te fera toujours tomber.

Amoureux ?

Il s’approche, un vent glacial tourbillonne au ras de leurs pieds, remonte vers les poutres, soulève son t-shirt d’un froid de janvier. Il ne peut pas s’en empêcher et c’est bien dommage, frêle petit Green voudrait encore défier la reine déchue.
Il lui attrape le menton, scrute à l’intérieur de ses yeux clairs.

« que reste-il de toi, quand Rosenrot s’écroule ? »

il aurait pu dire, et que reste-il de toi, sans moi, mais il n’est pas présomptueux, et il a arrêté de tendre le bâton pour se faire battre. Il s’éloigne tout de même pour continuer à rester dans le mouvement, créer de l’espace, une zone grise qu’ils auraient réchauffés à deux sans friction, sans se bouffer le visage et se piquer de mots blessants.

j’étais inquiet pour toi
j’avais
j’avais peur que tu sois morte
j’avais peur que tu t’effondres j’avais
peur que les soldats s’en prennent à toi que leur loyauté ne soit au pouvoir
pas
à une jeune femme à
une femme jeune
à toi

mais sa bouche est cousue et il ne dit rien de tout ça. Comme Anja a perdu ses droits de mère en abandonnant Elaïa, il sait bien qu’il a perdu ses droits d’amoureux de s’inquiéter en partant.
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MessageSujet: Re: And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come   And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come EmptyMar 27 Oct 2020 - 21:59

À quoi ressemble-t-elle aujourd'hui ?
Le crayon d'Anja se suspend un instant alors que, désormais totalement réveillée, elle est foudroyée par la question.
À quoi ressemble Elaïa aujourd'hui ?
Les yeux de son père, la blondeur de sa mère. Et sa posture, ses mots, ses maux, ses idées ? Fait-elle pipi dans son lit la nuit ? Combien de dents a-t-elle déjà perdue ? Passe-t-elle ses jours dans les livres à rêver ou dans les arbres à explorer le monde ?
Est-elle heureuse ?

[...]

Il hocha la tête. Tu allais bien. Me l'aurait-il si ça n'allait pas ? M'aurait-il confié tes troubles ? Aurait-il créé dans cette pièce un canapé pour débattre avec moi du fait qu'il ne savait pas comment te faire manger des légumes, que tu refusais de te laver les dents, qu'il redoutait que tu tombes amoureuse ?
Il hocha la tête et c'était tout. Pas la voix au chapitre Anja, tout juste le droit de savoir que ta fille va bien. J'accusai le coup. À ses yeux je sais que j'ai perdu le droit d'être mère le jour où je t'ai abandonnée. Le jour où je ne lui ai pas annoncé ton existence. Le jour où je nous ai refusé la vie de famille.
Le jour où j'ai préféré Rosenrot à toi, ma fille.

Mon ancien amant se rapprocha de moi et une brise, comme pour me narguer, souleva son T-shirt, dévoilant la peau que j'avais si souvent caressée, effleurée, léchée. Avec combien de femmes avait-il couché depuis son départ ? En avait-il aimé une autre, des autres après moi ?
Pourquoi était-ce aussi douloureux de le revoir ? De se poser autant de question, d'imaginer son corps dans les bras d'une autre alors que je pensais l'avoir oublié.
Il saisit mon menton, me forçant à relever les yeux vers lui. Pourquoi ? Pour la tension ? Pour voir le mensonge crever mes yeux ? Pour saisir les regrets, se rire de son absence ? Comprendre la douleur de le savoir si près et si loin à la fois ?

– Que reste-t-il de toi, quand Rosenrot s'écroule ?

Et il relâcha, continua son chemin, fluide dans l'environnement, comme s'il évoluait sous l'eau, noyé. Contre poids à son mouvement, j'étais décidée à ne pas bouger, les pieds fermement ancrés dans le sol, les bras le long du corps, submergée au milieu de tout ce rêve.

– Que reste-t-il d'une reine sans royaume ?

Qu'on lui coupe la tête, à cette sale reine. Voilà ce qu'il restait désormais de moi. Un monde entier en train de s'écrouler, des détracteurs qui s'élevaient de tous les côtés. C'était de ma faute si Rosenrot perdait sur tous les continents et on oubliait que je l'avais fait renaître. Que j'avais tiré l'organisation de ses cendres pour la pousser à devenir la plus grande menace du siècle, du millénaire pour Orpheo. Incontrôlable pendant des années, puissance incandescente pendant plus longtemps que ce qui n'avait jamais été fait dans l'histoire du monde noir.
Mais c'était le destin des phénix : on se rappelait de la gerbe d'étincelle au moment de la flambée et de l'agonie, mais jamais de la renaissance.

– Et que reste-t-il d'un Green, sans Soul ?

Un vert sans âme.

[...]


Le crayon abandonne le texte, griffonne dans un coin de la feuille. Toujours le même dessin, flou. Un rond et, sur le rond, une tignasse illisible de cheveux. Impossible de voir apparaître les traits, les expressions, le sourire.
Une enfant inconnue.
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MessageSujet: Re: And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come   And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come EmptyMar 27 Oct 2020 - 23:21

Il attend, sans pour autant être suspendu aux lèvres de l’autre. Le temps dans les rêves passe très différemment mais il a tout de même peur qu’elle se réveille. Mais c’est tout, tant qu’il la maintien là, dans cet environnement et ces murs alors…

alors rien.

— Que reste-t-il d’une reine sans royaume ?

Il secoue la tête, ses cheveux ne balayent rien, trop courts, trop irréels dans ce rêve à la gravité qui s’étiole. Il ne reste rien en effet, et parce que Anja a tout construit sur une base unique, alors si cette base s’effondre, il ne lui reste rien.

Elle n’apporte pas de réponse à la question pourtant, esquivant. N’auront-ils jamais une conversation frontale, simple, honnête ? Ne seront-ils jamais là, dans un chit chat tranquille, les vraies choses de la vraie vie ?

Jamais visiblement.

Mais elle lui renvoie avec la monnaie de sa pièce.

— Et que reste-t-il d’un Green, sans Soul ?

Il saisit le jeu de mot au vol, s’éloigne d’un autre pas. Ils n’avancent pas, à quoi ça sert au juste ? Elle lui manque mais ils n’ont rien ensemble, il ne retournera pas à l’organisation, il ne retournera pas dans le giron de son frère : mais sa fratrie ? Sans Bleuann, sans Cyan les jours de galère et de pluie ?

Sait-elle qu’il a trahi ?

Qu’ils ont tous trahi…

Enfin, comme si ça changeait quelque chose. Red est lui sont partis en missions assez récemment pour qu’il le considère comme un sien malgré Myaw. Pas parce qu’il ne savait pas ce qu’il faisait mais presque, mais qu’il fait ce qu’il a toujours fait.
Paraît-il sans violer.
Il repousse cette pensée aussi loin qu’il peut, pas sous le tapis mais dans la trappe carrément. Hors de question. Et à la place, retourne posément en secouant la tête :

— Jamais sans les miens.

C'est la première fois qu'il dit ça à voix haute.
Elaïa compte, c’est une Soul quand même. Bleu habite chez lui, chauffe la couche, mouille les oreillers, l’enlace, l’obtient.
Comme c’est ironique d’essayer de le couper de son nom de famille, comme si c’était quelque chose qu’il pouvait perdre — il l’aurait tant voulu des années auparavant, à n’importe quel prix, vraiment, n’importe quel prix.

Mais plus aujourd’hui, et il avait appris la leçon de toute façon.

Jamais sans les siens.

Mais et toi, Anja ?

- C'est quoi le plan maintenant, alors ?

Reconstruire quelque chose ? Retirer des cadavres du sol, les forcer à parler, tout leur prendre pour leur prouver que la loyauté est la seule chose à laquelle se fier ? Il a beau chercher, il ne trouve pas de porte de sortie pour elle, et malgré tout, ça lui fait de la peine. Il ne sait pas ce qu'elle mérite, mais derrière le masque et les parures de sang reste un quelqu'un minuscule et dépecé.

Ça, il sait.

Mais après ? Est-elle condamnée à se planquer, attendre qu'enfin on la découvre, qu'on joue avec à la Gavelston avant de la tuer ?

Il imagine un canapé comme les vieux plumards trop mous, une couverture usé dessus, de grands accoudoirs pour s'y blottir en rond et, éreinté dans son propre sommeil va s'asseoir à un bout.

- Je suis désolée que ça se soit passé comme ça.

Mais il n'est pas certain du sujet.
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MessageSujet: Re: And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come   And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come EmptyMer 28 Oct 2020 - 9:28

Anja lève la tête un instant, observe la chambre épurée, la couche vide à côté d'elle, le froid dans les draps. Elle a l'impression, parfois, quand elle se couche, que le corps de Green est encore figé sur l'immaculé du matelas, que sa lourdeur a créé un nid et qu'il vient à peine de se lever. Qu'elle pourra le rejoindre dans la cuisine, boire un café, se battre contre lui dans leur salle d'entraînement, discuter de philosophie ou de littérature. Ils s'entendaient bien, en dehors de Rosenrot, des Soul, de la guerre.
En dehors des choses qui comptaient, finalement.

[...]

Il s'éloigna d'un autre pas, alors que je patientais, toujours immobile. Allait-il finir par partir si loin qu'il en crèverait les contours du rêve et partirai à nouveau ? Ce n'était pas impossible. Ton père était déjà parti une fois, nul doute qu'il saurait recommencer, même dans un lieu aussi fugace qu'un rêve.

– Jamais sans les miens.

Les siens. Les siens c'était ses frères et sa soeur. Les siens c'était toi, sa fille. Les siens c'était peut-être bien ses parents, comme le montrait inconsciemment le lieu qu'il avait créé pour ce rendez-vous nocturne.
Les siens ce n'était pas moi.
Serais-je devenue une Soul s'il avait fini par me passer l'alliance au doigt ? Serions-nous devenus une famille si nous avions dit oui devant un stupide autel ? Mais c'était juste des mots jetés sur des papiers officiels tout ça, rien de plus. L'amour ne se crée pas grâce à deux signatures enlacées. L'amour ne se garde pas sur du papier.

J'accusai le coup d'un hochement de tête. Savait-il à quel point ça faisait du mal ? Même si je m'en doutais, même si je l'avais déjà compris à son départ. Ça faisait infiniment mal de l'entendre prononcé.

– C'est quoi le plan maintenant, alors ?

Le plan ? Le plan ça avait été de prendre l'orphelinat, de renverser Orpheo et d'étendre la domination noire sur l'humanité. De révéler nos pouvoirs et de récupérer enfin tous ce que les humains nous avaient volé, de les faire brûler sur des bûcher à leur tour, de les regarder souffrir, regretter, reconnaître notre puissance et notre supériorité.
Le plan ça avait été ça. Toute ma vie. Le plan c'était les autres, le plan c'était ma race, le plan c'était mon organisation. Ça avait été celui de ma mère, le mien, ça serait peut-être le tien.
Mais là, le plan c'était écroulé. Et que reste-t-il à quelqu'un qui a consacré toute sa vie à une cause qui lui échappe ?
Des espoirs foudroyés.

– Survivre.

Mais ma survie à moi ou celle de Rosenrot ? Dans ma tête ce n'était plus aussi clair. Il y a quelques années encore, quand j'ai pris la décision de t'abandonner, je n'aurais pas hésité. Ma vie pour celle de Rosenrot. Je le voulais tellement ce monde meilleur, cette utopie pour sorcier noir, cette réalité ou toi, ma fille, et tous ceux comme nous, auriez pu vous balader à l'air libre, sans trembler de révéler vos pouvoirs devant la mauvaise personne. Enfin vengés de votre passé.
Mais désormais où plus que jamais, ma vie est en danger, je recule. Je vois les failles dans l'organisation, les faux-semblants, ceux qui ne vibrent pas aussi fort. Alors pourquoi vouloir faire survivre un être aussi corrompu que Rosenrot ?

Alors survivre ailleurs et recommencer ? Recommencer à tout sacrifier ?

– Je suis désolé que ça se soit passé comme ça.

Moi aussi.

– Moi aussi.

Désolée d'avoir renoncé à notre amour. Désolée pour toi, ma fille. Désolée pour, même en ayant tout sacrifié, avoir échouer.

[...]


Il lui arrive encore, en se réveillant le matin, de tendre un bras dans les draps de satin, d'espérer se raccrocher à un corps, percuter une âme. Étourdie, elle ne comprend pas toujours pourquoi le lit est vide et, quand elle se rappelle, alors Green lui manque.
Mais ça, elle ne le lui dira probablement jamais. Parce que ce sont des choses qui ne se disent pas, pas avec leur éducation.
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Solitaire | Âme verte
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MessageSujet: Re: And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come   And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come EmptyMer 28 Oct 2020 - 9:59

Le Soul avait eu peur qu’elle le traque par fierté. Qu’elle lui hurle au visage une fois retrouvé et qu’elle essaie de le battre à mort.
Non, non.
Qu’elle le batte à mort, qu’elle lui cloue les bras au sol pour les éclater à coup de marteau. Quelque chose du genre. La question s’était pas mal posée, avec ou sans Elaïa, trouvait-elle son amant trop faible pour élever cet enfant ?

Mais la tempête n’était pas venu, et Anja non plus.

Il avait eu peur pour Elaïa. Peut-on tuer son propre enfant ?
Allen Soul avait une idée intéressante de la question, et Green se réveillait au beau milieu de la nuit, silencieux dans la paume pour faire le tour de la maison et puis, la paranoïa aiguillonnant son cul, le tour de la propriété, le tour du domaine, jusqu’à la plage où il se retrouvait seul, les vagues mauvaises à rouler jusqu’à ses pieds… jusqu’à réaliser sa fille seule à la maison.
Rentrer en courant, la sueur brûlante dans ses yeux.

Rien de tangible, tout de réel.

Survivre, répond-elle, immobile, reine sans couronne, sorcière sans plus de pouvoir.

Il hoche la tête doucement, il a envie de dire, moi aussi putain, moi aussi. Il pense au monde qu’aurait pu avoir Rosenrot en remportant la guerre, très différent, et au prix qu’il aurait fallu payer pour l’avoir. Pas en comptant au nombre d’humains écrasés (quand on ne les connait pas, il est bien plus simple de les abattre) mais au nombre de pertes noires, le prix qu’il aurait fallu payer pour le garder.

Alors il ne répond rien — comme souvent.

- Moi aussi.

Ça lui brise un peu le coeur, mais rien de trop nouveau, alors il déglutit, incapable de formuler de nouveaux mots.
La pluie rentre dans le hall, il pleut en dedans. Il sait que c’est sa faute, depuis tout petit il rêve que même les murs, même les toits ne protègent pas. Que tout finit toujours par vous atteindre. Il lève les yeux, les gouttes de pluie lui tombent à la gueule sans qu’il puisse maitriser son pouvoir pour faire cesser ça.
Tant pis.

Et puis il cède — c’était joué d’avance — comble l’espace entre eux et la serre dans ses bras, aussi fort qu’il peut, parce qu’on lui appris un jour, non, mieux, on lui a montré un jour que la douceur était invincible. Il la prend dans ses bras comme il aurait voulu le faire la première fois, le premier jour, la première mission, la première maison le premier lit le premier combat le premier enfant. Il la prend dans ses bras parce qu’il n’est pas bien sûr de pouvoir le refaire un jour.

Puis résonne dans le hall une voix grave d’abord qui résonne dans les parois poreuses, puis plus claire, ça dit « Green ? » puis à nouveau « Green ? » et il sait que c’est sa fille.

Sa fille qui ne l’appelle pas papa.

Le rêve s’étiole en fils trop tendus qui cèdent, s’effiloche, immense pelote écartelée.

La bulle éclate, il se réveille face à sa fille, ses yeux mordorés humides dans l’obscurité.
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MessageSujet: Re: And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come   And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come EmptyMer 28 Oct 2020 - 10:24

La main gratte plus fort, ignorant la douleur de la crispation sur le papier, désireuse de ne rien oublier, ne jamais rien oublier de ce souvenir qui déjà semble s'étioler, de ce cadeau offert par Green, de ce si maigre espoir auquel se rattacher.

[...]

Il y avait des mots qui ne se disaient pas, des mots qui ne pouvaient que se lire entre les lignes, dans le fond des yeux, dans un rêve qui se fendille.
La pluie entra presque comme un orage dans la pièce et l'eau sembla traverser ma peau pour se loger jusque dans mes os, aussi facilement qu'elle avait transpercé le toit.
Il y avait des mots qui se lisaient dans l'eau sur nos corps, dans la pluie du dedans, dans le froid des frissons.

Puis Green rompit la distance entre nous et m'attrapa dans son étreinte, oubliant la pluie, le froid et la douleur, refuge de chaleur. Et je serrai, je serrai aussi fort que j'en étais capable, jusqu'à ce que les muscles hurlent, jusqu'à exploser peut-être, je serrai pour ne plus jamais qu'il reparte, pour le garder toujours auprès de moi, toujours toujours dans mon corps, cette chaleur oubliée, cette étreinte primordiale.

– Green ? Green ?

Le cristal de la voix d'une enfant, la douceur d'une musique. Ta voix Elaïa. Qui d'autre ? Qui d'autre pouvait procurer autant d'émotions, autant de forces dans un seul mot ? Qui d'autre que ton timbre pouvait résonner dans ce hall pluvieux, transcendant toutes les lois pour se réfugier dans un rêve ?
La pluie cessa la première en arrière-fond, puis les murs qui tombèrent, la dalle qui s'échappèrent, la lumière, la chaleur, le froid. Ne restèrent alors que les yeux de ton père, un instant avant de s'évanouir dans le néant, dans le réveil.

– Merci.

Merci pour le cadeau de ta voix, merci pour t'avoir sauvée, merci pour se réveiller lorsque tu l'appelles.
Merci d'être un père quand je ne sais pas être une mère.
Merci pour ce rêve et les espoirs.

Tellement de mots encore, mais si peu de temps avant que tout disparaisse. Un merci et des yeux qui se soutinrent. Un fragile instant avant la fin du noir, un fragile instant avant la fin du monde.

Et puis le réveil. Sortir de la torpeur et comprendre que ce n'était pas un cauchemar, saisir les contours impalpables de la réalité pour tout venir coucher sur le papier avant d'oublier.
Mais comment aurais-je pu oublier ?
Comment oublier le son de ta voix ?
Et l'étreinte de ton père ?


Ich liebe dich Elaïa. Meine Tochter. Am Leben.


Anja repose le papier et le crayon, observant les mots qui se chevauchent presque, qui se percutent les uns contre les autres, si impatients d'éclore sur le papier. La preuve que cette nuit est réelle. La preuve qu'Elaïa vit encore, quelque part, en sécurité.

Puis dans un souffle, la grande sorcière déchue, éteint la lumière et le noir envahit la pièce. Et quelque part dans son cœur, le rêve continue un peu, l'enveloppant de la voix de sa fille et des bras de Green pendant que la pluie, elle, pleure contre ses yeux clos.
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MessageSujet: Re: And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come   And my mind and my gun they comfort me Because I know I'll kill my enemies when they come EmptyMer 28 Oct 2020 - 11:58

Il faut avouer que Green, face au petit enfant visiblement en détresse, ne sait pas quoi faire. On ne l’a jamais réconforté des cauchemars, pour lui, c’était un truc de frères et soeurs, un peu interdits. Un merci raisonne un moment dans son crâne, mais personne n'a ouvert la bouche.

Même qu’Elaïa ne dit absolument pas qu’elle a fait un mauvais rêve, elle reste plantée là, incertaine. Ouvrir la couette ? Lui dire viens là ? Elle lui tient bien volontiers la main, viens demander de l’aide pour se faire démêler les cheveux quand ça coince trop à l’arrière et c’est à peu près tout. Alors de là à lui faire une place dans son lit… Et encore moins aller dans le sien.

Ils se fixent quelques secondes, Anja est partout autour de Green, et il tâtonne encore un peu pour reprendre pieds sur la réalité. Il lui semble qu’il pourrait se retourner et qu’elle serait là, entière, mais la pensée n’est pas aussi agréable qu’il voudrait. Ils ont essayé, et ça a été un carnage. Il se souvient d’Anja, de la maison de Diego, de ce stupide Shawn Mendes qui chantait une chanson stupide dans la voiture stupide en France, d’Anja qui dit « tu es bien comme ton père » qui le presse pour un je t’aime.

Et alors, en écho à ce qui se trame dans sa tête, Elaïa s’approche un peu plus. L’homme s’étend un peu sur le lit pour allumer la petit lampe à huile de chevet qui produit un vrai bruit de flamme. Le halo jaune les rend fauves tous les deux, similaires. Elle passe une main dans ses cheveux, geste maladroitement copié. Il recule, s’assied en tailleur vers la tête de lit alors qu’elle vient sur le bout du matelas, en tailleur aussi. Quand enfin le courage trouve ses cordes vocales, elle inspire doucement et dit d’une voix claire :

— Pourquoi est-ce que je ne ressemble pas à Anja ?

Il scrute le visage de l’enfant alors que son coeur dégringole en spirales infernales. Ah, Bleuann. Il y aurait des millions de façon de répondre à cette question, aucune ne serait juste ou honnête. On parle du regard et d’une réponse d’un père et, la moitié des gens malheureux sur terre le sont de cette manière. Il essaie d’esquiver, pose ses paumes sur le drap.

— Tu lui ressembles, un peu. Elle t’a donné un morceau d’elle, comme moi.

Silence.
Long, fuyant, pas pesant.

— Et les autres morceaux ?

Il ne se retient d’empoisonner les deux noms, cette salope d’Orpheo ayant osé fuir avec sa môme dans ses bagages, et l’autre… l’autre, indigne de confiance. Il ne sait pas si des esclaves se sont occupés des basses besognes, si elle était proche des autres enfants ou pas, si y’avait des entraînements communs à Croix dans les salles pleines de monde.

— Je ne sais pas, Elaïa.

Et c’est toute l’affreuse vérité qui suinte de la bouche de son père : il ne sait pas qui elle est.
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