A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis

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 A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis

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Louis M. Jørgensen
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MessageSujet: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyLun 5 Avr 2021 - 9:52



A nos espoirs dévoyés
Carla & Louis

« Au début, on croit mourir à chaque blessure. On met un point d'honneur à souffrir tout son soûl. Et puis on s'habitue à endurer n'importe quoi et à survivre à tout prix. » - Virginie Despentes
Devant mes yeux avachis glissent des centaines d'images qui deviennent rapidement des milliers. L'esprit ne s'éclaire pas grâce au troisième café dont l'arôme empli encore la pièce. Accroché à mon téléphone, mes doigts défilant sur Instagram sans savoir ce que j'y cherche et ce que j'y trouve, je tente bien malgré moi d'arracher mon âme à Morphée. Ma gorge brûle doucement et mes muscles me lancent. Je n'ai plus de tête que ce bruit incessant et sourd, ce marteau sans pitié qui piétine mes neurones. Affaissé dans un coin du canapé, je ramène à moi le plaid qui ne me garde pas du froid. C'est à l'intérieur que je gèle et pourtant je transpire. Comme un homme, un vrai, un vaillant, je renifle pitoyablement et reste dans le dénis : non, cette mission dans les Highland ne m'a pas donné la crève. Je réfute.

Il est plus de dix heures, je n'ai toujours pas envoyé de SMS pour dire que je ne viendrai pas au siège d'Orpheo ce matin. J'y crois toujours. Je refuse de capituler. Une quinte de toux asperge l'écran de mon smartphone sur lequel s'étalait des recettes de toast à l'avocat, des citations d'empowerment, des tips écolos ou encore le dernier exercice à la mode pour améliorer sa FCM ou son PPM à la course à pied. J'essuie les miasmes en regrettant le fond vide de ma tasse où traîne encore quelques grains de sucre non dilués, mêlés à cette pâte infame faite de café, de lait d'amande et de sucre fondu. J'ose un regard vers la cafetière et mesure calmement la distance entre ma position actuelle et la cuisine. Beaucoup trop loin.

Je retourne à Instagram qui m'aspire le cerveau. Comme à nous tous. Quelle connerie. Et quand enfin je trouve un post intéressant sur "comment faire tenir ses légumes plus longtemps", une double notification m'informe que je n'ai plus que 5% de batterie et que j'ai reçu deux SMS simultanément : un de Luka qui ne dit pas grand chose, un de Declan qui s'inquiète. Je répond au deux et m'aperçois que j'ai mélangé les réponses. A Luka j'envoie : "Tout va bien, je me repose de la mission des Highlands, mais je bosse sur le dossier Duncan&Meyer, je te le ramènerai à la fin de semaine et tu pourras boucler l'affaire". A Declan j'envoie : "J'ai une putain de crève, oin oin, je veux me faire un chocolat chaud avec la recette secrète de Judith, mais y'a plus de chocolat dans les placards. En plus j'ai dis que je bossais, mais je suis décédé. Et toi, ça va avec Maël ?". Et mon téléphone s'éteint, rend l'âme, capitule et me laisse dans mon marasme.

- Meeeeeeerde !

Ma tête fini dans un coussin. Je ne veux plus jamais sortir de cet appartement. C'est fini, ma vie est fini, je vais mourir dans un torrent de miasmes et de jérémiades. Je n'ai jamais su être digne dans le rhume. Je ne m'appartiens plus, laissez-moi mourir de honte et de douleur. Au secours... A l'aide... SOS...

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Humaine Innocente
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Carla A. S. Lowett
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Humaine Innocente
MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyLun 5 Avr 2021 - 16:56

Alors que les mains de Carla formait les pains avec des gestes apprivoisés par l’habitude, son esprit s’égarait. Elle était revenue d’Afrique presque deux mois auparavant et si, à l’intérieur d’elle elle sentait bouillir une chaleur nouvelle, tout ce qu’elle avait retrouvé à Edimbourg lui paraissait froid et figé. Les cours, son job à la boulangerie, l’odeur du tabac devant la bibliothèque, même la perspective de boire un verre avec des amis. La jeune femme ne retrouvait nulle part la beauté d’une lionne en chasse, la joie des éléphants qui s’arrosaient avec leur trompe, les yeux brillants de Shane qui lui expliquait la nature.
Et puis, dans tout ce froid figé, il y avait le souvenir de Ian. Tout ce qui s’était apaisé en elle en Afrique était revenu avec plus de force et de douleur et Carla vivait avec un poids permanent au fond des entrailles, une ancre de détresse accrochée aux cils. Elle se demandait parfois si toute cette histoire, si cette trahison ne se lisait pas sur son visage, dans ses gestes effacés, dans son corps un peu plus tendu dans l’amour. Depuis son retour elle fuyait un peu ces moments passés avec Louis, en mettant cela sur la fatigue, le stress des rendus de la fac.
Mais les mensonges pesaient de plus en plus lourd sur son cœur.

Elle acheva de sortir une fournée de croissant, empocha un pain au chocolat et se dirigea vers les vestiaires pour se rhabiller. Louis était rentré la veille d’une mission et elle l’avait à peine aperçu le matin même, comme brûlant dans leur lit, avant de devoir filer au boulot avant l’aube. En enfourchant son vélo, elle se fit mentalement la liste des tâches à faire pendant la journée : avancer sur deux dissertations, terminer un compte-rendu, faire les courses, lancer une machine, écrire à Ange pour lui proposer d’aller boire un verre et, surtout, ne pas penser à Ian.
Ne pas penser à ces yeux jaunes qui disparaissaient dans la nuit, ne pas penser à l’idée de la menace planante qu’Autumn, qui était désormais au courant, puisse tout révéler à Louis, ne pas penser aux creux partout dans son corps.

Lorsqu’elle ouvrit la porte de l’appartement, elle eut tout juste le temps d’entendre un juron et fronça les sourcils. Louis ne devait-il pas être au travail ?

– Louis ? Tout va bien ?

Elle entra dans le salon et le trouva étaler sur le canapé, la fièvre rougissant ses joues et collant ses cheveux contre son front, des cernes violacées teintant son visage. Il n’y avait aucun doute, il avait dû attraper une bonne crève.

– Tu veux un pain au chocolat ? Il est encore tout chaud, je viens de le ramener du travail.

La jeune femme se mordit la lèvre, comme surprise par l’inattendu de la situation. Elle pensait que sa journée se déroulerait simplement sur les tâches qu’elle avait à faire, sa culpabilité étouffée sous une charge mentale étrangement bénie. Plusieurs heures avant de retrouver Louis le soir-même, Louis qui aurait peut-être eu envie d’elle, mais elle aurait prétexté un mal de tête, un test à réviser, n’importe quoi pour fuir le moment.
N’importe quoi.
Et s’il avait essayé de parler là, là seulement elle se serait retournée, séductrice soudain dans le moment, prête à l’embrasser, à laisser à son corps le contrôle afin de taire toute conversation, la seule chose qui l’effrayait plus encore que le poids dans sa tête, que le souvenir de Ian contre sa nudité.

Mais le destin l’avait rattrapée et Louis était affalé sur le canapé, fiévreux, et quelque chose mordit en elle ; la culpabilité, encore. L’homme de sa vie, son coup de foudre, celui qu’elle avait attendu pendant tellement d’année, Louis était étendu à souffrir sur le canapé et c’était peut-être le juste retour de bâton, la juste douleur pour cette trahison, un signe de l’univers qui reflétait la gangrène à l’intérieur de sa tête, l’aspect poisseux de son cœur.
Tout s’était écroulé à l’intérieur, désormais tout s’écroulerait également à l’extérieur.
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Louis M. Jørgensen
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyMer 7 Avr 2021 - 10:00



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Carla & Louis

« Au début, on croit mourir à chaque blessure. On met un point d'honneur à souffrir tout son soûl. Et puis on s'habitue à endurer n'importe quoi et à survivre à tout prix. » - Virginie Despentes
Quand ma tête ressort de l'oreiller, elle semble peser une tonne, au moins. Carla est rentrée entre temps et un sourire niais s'installe sur mes lèvres. C'est un baume sur ma plaie béante, le remède miracle. Lorsque ses yeux tombent sur la loque qui occupe le canapé, elle s'inquiète et je continue de sentir mon cerveau planner dans la mer gluante de la crève. Mais elle me tend un pain au chocolat et toute contrariété semble s'évanouir. Lorsque je me lève pour l'attraper, il semble que quelque part non loin, des cloches tintinnabulent. De drôles de lucioles volent dans le salon et je comprends qu'il est plus sage de me rasseoir. Mais j'ai attrapé le pain au chocolat ! Mon butin en main, mes fesses se recollent amoureusement sous le plaid. D'un coup de dent sauvage, je déchire la viennoiserie à peine froide, toute croustillante. Le chocolat à l'intérieur est doux et fondant. Il est tout frais. Je lève les yeux pour remercier Carla et la trouve immobile, figée comme une statue.

Je me stoppe. Son teint est cramoisie, sûrement comme le mien, mais elle ne semble pas malade. Pas malade de microbe. Pas malade de bactérie. Pas de coup de froid. Elle est ailleurs, perdue quelque part et je ne comprends pas. Tout indique qu'elle revient de son travail : le pain au chocolat, la trace de farine sur sa joue, le cadenas du vélo qui dépasse de son sac. Je fronce les sourcils et cela déclenche une vague brûlante de douleur derrière mon front. La boulangerie est un lieu qui habituellement l'apaise et non le contraire. J'attends encore quelques secondes dans ce silence dur. Je ne parviens pas à réfléchir correctement et en revient toujours à la fièvre qui m'a envahit.

- Carla ?

Je ne joue pas les héros : hors de question de tenter de se relever, la tête me tourne trop. Je pourrais la prendre dans mes bras, mais deux choses s'y opposent clairement : je suis malade et elle ne semble pas avoir réellement envie de contact physique. Je me demande ce qui traverse sa tête et si ce sont les réminiscences de tout ce qui s'est passé et ce que je ne sais pas. Parfois, je la regarde sans rien dire et je vois qu'elle est ailleurs. Elle est ailleurs dans un passé noir et douloureux. Dans ces moments-là, j'aimerais lui tendre la main, mais j'en suis incapable. Quelque chose se brise, je ne suis pas assez fort et quand j'inspire pour prendre courage, quand je retrouve mes moyens, c'est elle qui me fait taire. Je ne suis pas idiot, nous faisons du "sex grief". Le sexe a ce pouvoir étonnant de nous remettre sur le chemin de la vie, de nous connecter sans nous comprendre, de nous laisser à bout de souffle quand nous sommes de toutes façons à bout de mots. Je ne suis pas idiot, nous évitons de parler du passé. On ne peut pas éviter éternellement de parler du passé. Cela détruit l'avenir.

- T'en veux un bout ?

Je suis lâche. Complètement lâche. C'est que j'ai des épaules larges, mais une force mentale défaillante. Cela n'a pas toujours été le cas. Je suis lâche depuis ce passé dont on ne parle pas. Le silence de la pièce devient plus oppressant encore, si c'était possible. Je baisse mes yeux rougis par la température et contemple mes genoux. Mes bras essayent de lancer ma question, dansant maladroitement, s'agitant sans aucun sens. Je brasse de l'air et essaye encore une fois de rassembler mes mots. Je crois que j'ai peur. Non, je sais que j'ai peur. Peur de moi, peur de nous. Je n'avais pas peur avant, et la peur m'a rendu lâche.

- Dis-moi...

Le son ténu de ma voix, ces mots balancés dans un souffle, un murmure, le silence de Carla, tout cela me fait l'effet d'une violence, comme si je lui avais hurlé dessus.

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Humaine Innocente
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Carla A. S. Lowett
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyVen 9 Avr 2021 - 23:09

Alors que tout tombait à l’intérieur d’elle, Carla vit Louis se relever pour attraper le sachet, vacillant sur ses genoux. Elle aurait aimé avoir la force de faire un pas pour se rapprocher, pour l’attraper et l’aider à se rasseoir, le retenir, le bercer. Mais le seul geste qu’elle parvint à faire fut de tendre le bras pour l’aider à saisir le pain au chocolat, figée dans l’instant.
Louis croqua dans le pain et elle entendit les miettes croustiller dans sa bouche. Bruit infime auquel elle tentait de se raccrocher pour ne pas s’écrouler à son tour. Comme une vague, tout semblait l’envahir et, debout et incapable de bouger, elle revit devant ses yeux perdus des visages se fondre dans l’air ; celui de Ian, de Sylvester, de Louis, de Dorian. Ils se confondaient, se superposaient, tout tombait à l’intérieur.

– Carla ?

Louis avait relevé la tête vers elle et la jeune femme tenta de sourire, sentant que ses lèvres ne coopéraient pas. Ça faisait mal dedans, ça faisait mal dehors, ça faisait mal partout.

– T’en veux un bout ?

Quelque part en elle, elle puisa la force de hocher négativement la tête, le ciment ayant rempli son estomac à ras bord. Elle ne se voyait pas manger quoi que ce soit. Elle ne se voyait pas s’asseoir à côté de Louis comme si de rien n’était, continuer cette comédie, ce cirque de marionnettes.
Il fallait couper les fils.
Mais elle n’avait pas les ciseaux et elle rêvait de tourner les talons, de bégayer un prétexte quelconque – une dissertation urgent, un rendez-vous pour bosser sur un exposé avec ses camarades, le besoin de retourner à la boulangerie pour remplacer un de ses collègues. Mais même ces mots-là ne sortaient plus. Elle avait l’impression que, si elle ouvrai tla bouche, des serpents en jailliraient, s’enroulant autour de Louis pour l’étouffer.

– Dis-moi…

Elle soupira et ses jambes semblèrent enfin se délier, la portant presque malgré elle jusqu’au canapé. Carla s’assit à côté de Louis, sa main s’égarant sur le front, réflexe naturel pour observer sa température, geste guidé par une tendresse qui était certaine et à laquelle elle tentait désespérément de se raccrocher.
Ses pensées s’égarèrent vers Ian, vers la scène qu’il avait vécu avec Autumn. Comment lui avait-il dit tout ça ? Comment avait-elle réagi ? Son amant d’une après-midi ne lui avait rien dit, rien de bien tangible avant de disparaître dans la nuit, avant que ses yeux jaunes n’éteignent la nuit.
Son cœur pesait lourd dans sa poitrine. Est-ce que c’était vraiment la solution de tout dire ? N’était-ce pas, finalement, profondément égoïste, tout dévoiler, mordre dans les blessures jusqu’au sang et creuser trop loin ? La douleur qu’elle avait créé était-elle faite pour être partagée, pour être hurlée sur les murs ? N’était-ce pas sa responsabilité de la porter toute seule ? Son boulet ?

– Louis, je…

C’était injuste de tout lui balancer. Injuste de tout garder. Toujours la même impasse, les mêmes obstacles et l’envie fulgurante de s’enfuir.

– Tu as de la fièvre, tu as pensé à prendre un médicament ?

Du bout du doigt, elle attrapa une miette qui était tombée sur les genoux de Louis, jusqu’à la glisser entre ses lèvres.
Elle avait le goût amer du mensonge.
Tout avait ce goût-là désormais.
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Louis M. Jørgensen
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptySam 10 Avr 2021 - 19:14



A nos espoirs dévoyés
Carla & Louis

« Au début, on croit mourir à chaque blessure. On met un point d'honneur à souffrir tout son soûl. Et puis on s'habitue à endurer n'importe quoi et à survivre à tout prix. » - Virginie Despentes
La dénégation et le silence, comme les maîtres mots de nos existences. C'est à peine, parfois, si je me demande comment nous arrivons à faire face, à survivre encore. Puis je balaye la question comme on balaye devant sa porte, sans un bruit et avec l'espoir qu'un jour la poussière et la misère ne rentreront plus. Combien de temps pouvons-nous encore avancer dans cette tempête en sourdine, ce marasme de souvenirs monstrueux qui nous empoisonnent l'existence ? Je me dis que ce n'est pas une vie. Nous sommes jeunes encore. Où sont-passées les étoiles qui brillaient dans nos yeux ? Depuis quand se sont-elles teintées de peur et de honte ? Ce n'est pas une vie, mais c'est la notre. Et je n'en peux plus.

Carla touche mon front et ses doigts frais provoquent un frisson désagréable. La fièvre brûle ma tête et glace mon corps. Le contact doux me raidit de colère. Immédiate. Violente. Une colère contre Carla. Une colère contre moi. Une colère contre le monde entier. J'entends à peine ce qu'elle propose. Je ne la regarde plus. C'est trop dur. C'est trop douloureux. C'est trop. Mes yeux fixent le mur d'en face, le fusille de cette rage qui me donne envie de pleurer. J'ai l'impression d'avoir cent quatre-vingts dix ans et des regrets aussi lourds que des enclumes. Le poids de l'existence comme une épée de Damoclès qui m'a déjà blessé. C'est trop...

Je relève des yeux larmoyant de fièvre et de ressentiment sur le beau visage de Carla, l'affreux visage du passé. Elle est ailleurs, encore ailleurs. Je n'en peux plus de tout ça, de ce silence qui nous brise petit à petit.

Je déglutis.

- S'il te plait.

Répond-moi. Ne me ment pas. Ne me dis pas que ce n'est rien et que tu as des dossiers à rendre pour l'université. Ne change pas de sujet. Ne m'embrasse pas et ne presse pas ton corps contre le mien, ta main sur mon sexe. Et pose-moi des questions. Demande-moi ce qui me réveille en sueur la nuit et quel est ce fantôme qui plane dans mes pupilles. Demande-moi de te raconter la Norvège et le lit d'hôpital. Demande-moi de te dire ce qui m'a rendu muet.

Mes yeux dans les tiens te supplient.

Je n'en peux plus.

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Humaine Innocente
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptySam 10 Avr 2021 - 19:51

Malgré la fièvre et la sueur, il restait toujours aussi beau. Les années avaient passées depuis l’adolescence, arrachant au temps les dernières rondeurs de l’enfance, dessinant la volonté dans la mâchoire, recadrant les pommettes. Il avait sur lui cette beauté facile, de celle qui faisait que les gens se retournaient sur lui dans la rue, de celle qui l’illuminait en pleine nuit, figé en plein orgasme. Une beauté saisissante et qui ne cessait de grandir, comme si les rides et les malheurs avaient choisi de l’épargner dans leur décence.

– S’il te plaît.

Elle observa les yeux fiévreux, comme remplis d’eau, deux petits bocaux pour poissons rouges en manque d’amour. Sa main glissa jusqu’à sa joue, caressant cette peau qu’elle connaissait par cœur. Était-ce lui qui avait si chaud ou elle qui avait si froid ? Comme morte de l’intérieur, hypothermie sous le gel terrible de ses propres mensonges. Ses propres non-dits.
Comment faisaient les gens pour survivre à l’amour ? Comment faisaient-ils pour ne pas s’écrouler sous le bonheur, puis sous la douleur, parce qu’il y aurait forcément la douleur, si forte qu’elle faisait suffoquer, qu’elle empêchait de respirer. Tous les contes faisaient mal en définitif, et que dire de ceux où il y avait plusieurs amours…
Carla ferma les yeux et, lorsqu’elle les rouvrit, elle s’aperçut que des larmes s’étaient accrochées à ses cils. Comme si les étoiles de ses yeux avaient fini par couleur, tentant désespérément de ne pas se noyer, mais déjà égarées trop loin de ses prunelles.

– Tu ne m’as jamais raconté ce qu’il s’était passé pendant tout ce temps…

Elle ne lui avait jamais raconté non plus. Le viol, l’envie de mourir, de disparaître, puis l’attente.

– Je ne t’ai jamais posé la question parce que… parce que j’avais peur Louis. Parce que j’ai peur. De ce que tu pourrais me dire, de te faire revivre tes cauchemars, de voir des horreurs dans tes yeux qui s’accrocheraient à mes souvenirs. Peur de pas avoir les épaules assez solides pour supporter tout ça.

Peur d’être trop lâche.

– Lorsque je t’ai retrouvé, au Canada… Lorsque je t’ai retrouvé, tu n’étais plus qu’une ombre, un fantôme dans un lit d’hôpital. J’étais heureuse de te voir, que tu sois en vie, bien sûr, mais… mais c’était difficile.

Sa voix tremblait, mais elle n’était pas encore transpercée par les sanglots.

– Et puis un jour, Ian a sonné à l’appartement. C’était comme si une fenêtre s’ouvrait quelque part.

Ça l’avait toujours été. Quand elle était au plus mal, Ian finissait toujours par arriver pour la prendre dans ses bras, lui tendre un joint et lui faire oublier que ça n’allait pas. Il était les bras qui se tendaient vers elle. Des bras parfois violent qui la repoussait également, mais qui finissaient toujours par revenir. Des bras qu’elle aimait.

– Je… On… On a couché ensemble.

Les mots n’avaient été qu’un murmure, comme si ça pouvait atténuer le choc et la douleur, créer un matelas dans la poitrine de Louis pour empêcher le cœur de se briser, de se fracasser.
Et pourtant… Pourtant ce n’était pas le pire. Ce n’était pas qu’une histoire de chair à la con qui se cherchait pour s’épancher avant de retourner à la vie réelle. Ce n’était pas qu’un désir luxurieux qui les avait traînés l’un contre l’autre. C’était plus profond et bien plus ancien que cela, bien plus triste et douloureux.

– Mais ça serait mentir de dire que c’était juste une histoire de Canada, juste parce que j’étais plus faible à ce moment-là. Peut-être que ça a accéléré les choses, je ne sais pas. Mais la vérité Louis, la vérité c’est que ça serait forcément arrivé à un moment ou à un autre.

Les mots sortaient en flot désormais. Les années à les retenir ne leur avait pas construit une meilleure architecture, mais ça avait donné un béton plus aqueux, qui coulait par paquet hors de sa conscience, se répandant dans la pièce pour les noyer dans sa torpeur

– Je t’aime et ça n’enlève rien à ce que j’éprouve pour toi, mais… mais je l’aime aussi. Différemment. Mais j’aime Ian.

Et de ses lèvres tremblantes sortaient les mots du démon, alors que sur ses joues les larmes avaient fini par couler, les étoiles mortes avaient sombré.
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« Au début, on croit mourir à chaque blessure. On met un point d'honneur à souffrir tout son soûl. Et puis on s'habitue à endurer n'importe quoi et à survivre à tout prix. » - Virginie Despentes
– Tu ne m’as jamais raconté ce qu’il s’était passé pendant tout ce temps…

La Norvège. Le manteau blanc taché de rouge. Cette main tendue et ces cheveux blonds. Non, je n'ai jamais raconté la Norvège, à quiconque. J'ai accepté de passé sous le scanner de la machine des souvenirs et de les étaler sous les yeux de la police secrète de Londres. Pas plus. Je n'ai pas dit un mot, j'ai laissé la honte enterrer tout ça dans les méandres de ma mémoire, aux confins presque inaccessible de l'oubli. Et je ne peux raconter ce que je ne sais pas vraiment.

Carla raconte, elle. Elle ne peut plus se taire parce que je ne peux plus écouter son silence. Elle parle de moi, surtout. De ce que je n'étais plus, de ce que j'ai manqué d'être. Elle ne le dit pas comme cela, mais mon cœur l'entend comme cela. Je regarde en détails les fils du plaid, leurs couleurs qui s'entremêlent et renifle bruyamment. Ca fait mal. Je savais que ça ferait mal, mais je n'en pouvais plus de ces bandages qui nous enserraient dans nos malheurs, les couvrant sans les anéantir.

– Je… On… On a couché ensemble.

Je ferme les yeux. Je ferme les yeux pour me soustraire au monde. Le fil de son récit ne devait mener qu'à cela, finalement. La faute fatale ? L'indicible honte ? L'aveu à contrecœur ? Et pourquoi, alors, pourquoi toutes ces accusations avant ? Pourquoi l'accablement ? C'est moi ? Moi qui t'y ai poussé ? Messed up. C'est le bordel dans ma tête. J'entends son murmure, encore et encore, comme une boucle qui tourne et tourne encore. Carla balaye le Canada et prononce d'autres mots, d'autres cruautés. Je garde mes yeux fermer, je ne peux pas éteindre mes oreilles. Je l'écoute dire que finalement, ça n'avait rien à voir et que ça devait arriver. J'ai un rictus mal placé, offensant.

- Ca serait forcément arrivé ?

J'ose la regarder. Une larme coule le long de ma joue. Elle ne comprend pas. Mes bras restent apathiques et pourtant je voudrais être violent. Je voudrais tout balancer, là, autour de moi, que le monde ressemble enfin à mon cœur brisé. Je ne bouge pas, je reste immobile dans mes larmes. Je lève les yeux au plafond. Comme si nous devions finir à terre... Je me lève. La tête me tourne et le sol sous mes pieds aussi. Je trébuche contre la table basse, mais fait mon chemin, obstiné, jusqu'à la cuisine. J'ignore le reste.

- Forcément arrivé... je grommèle.

Je laisse couler l'eau du robinet et m'en asperge le visage. Le froid me fait du bien, comme une gifle après un choc émotionnel. Elle ne comprend pas ? Je referme le robinet et reste à contempler le fond de l'évier. Le vent agitait la neige, ce jour-là. Le soleil brillait un peu et les flocons qui s'envolaient étaient un milliard de paillettes dans le ciel. J'ai mal, et ce n'est pas à cause de Ian.



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Humaine Innocente
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyLun 12 Avr 2021 - 13:18

Le monde était devenu flou devant ses yeux bordés de larmes. Un monde noir et dont elle était lasse, un monde qui ne semblait jamais tourner bien droit. Il y avait toujours une épine, quelque part, comme si elle était maudite jusqu’à l’os ou, et c’était l’idée qui lui paraissait la plus probable, trop méchante pour s’intégrer dans tout ça. Que ce soit du côté de cette magie qu’elle découvrait, ou du côté des humains innocents. Il y avait toujours quelque chose qui ne jouait pas, un ressort grippé quelque part, une pièce qui ne pouvait pas entrer en corrélation avec elle sans tout exploser.
Erreurs et mauvais choix, mauvaise vie, mauvais tout.

– Ça serait forcément arrivé ?

Ses paroles dans la bouche de Louis sont comme un cri qui déchirèrent son âme. Forcément arrivé. Il y aurait eu un joint de trop, une étreinte un peu prolongée, deux corps se cherchant pour se réchauffer. Il y avait en Ian une chose étrange qui l’attirait, presque comme un reflet de ses propres peines. Une déchirure, un trou béant qu’il partageait, qui teintait ses veines et les reliait.
Miroir, miroir, dis-moi qui est le plus écorché…
Louis se releva et elle n’eut pas la force de le suivre du regard, comme si tout avait disparu en dehors de sa tête. Les larmes coulaient dehors et dedans, les larmes coulaient partout et la souffrance de l’instant la noyait dans ses propres pêchés.

– Forcément arrivé…

Carla entendit l’eau jaillir dans la cuisine, comme un bruit qui défigurait le moment, étranger aux battements de leur cœur et aux bruits mats que faisaient les larmes en chutant. Elle imagina la fraîcheur s’installer sur les joues de Louis, rosissant ses joues, léger voile sur cette peau brûlante, sur ces traits qu’elle connaissait si bien et qui l’aspiraient. Elle imagina sa main à la plage des gouttes, sa main qui léchait cette joue jusqu’à sa bouche, se glissant entre ses lèvres pour fissurer cette bouche qui refusait de parler, qui ne faisait que répéter ses propres fautes.

– Louis…

Un nom qu’elle avait si souvent prononcé. En riant, dans le secret confiné d’une chambre, au plein milieu de l’orgasme, un murmure dans la nuit. Deux syllabes qui l’avaient accompagnée dans tant de moments important, tant de belles choses, d’amour, de bonheur…
Et si Louis partait ? Elle ne pouvait l’imaginer, elle ne pouvait songer à une vie vide de lui, à un appartement où elle ne le retrouverait plus, un creux dans son lit, une armoire vide. Cette idée-même, l’idée de devoir vivre sans lui, lui filait la gerbe. Luka avait dit qu’il ne partirait pas, Luka avait dit qu’il l’aimait trop fort, elle avait parlé d’âme sœur, de crime pire que l’amour, de… de… Et si Luka avait tort ? S’il attrapait ses valises, emportant avec lui leur quotidien, la douceur de ses gestes le matin, la violence dans le sexe, l’amour qui débordait de ses yeux ? S’il emportait tout cela, que lui resterait-il, que lui resterait-il…
Un cœur déchiré et des yeux pour pleurer.
Carla aurait aimé ne pas être ce genre de personne. Elle aurait aimé être un félin, libre, indépendant, n’ayant besoin de personne à qui s’accrocher. Mais elle était ballottée par les tempêtes de la vie, sa seule ancre résidant dans sa capacité à aimer. À aimer trop fort. Louis, Ian, son père… Elle aimait toujours trop. Trop pour partir, trop pour rester. Trop, trop, trop.

Lorsqu’elle se releva, sa tête tourna, déshydratée. Ses pas lui semblèrent hésitant, le sol s’écroulerait sur ses pieds, découvrant les enfers où elle méritait de résider. Mais rien ne se déchira, si ce n’était les cœurs, et elle parvint en tremblant jusqu’à la cuisine, juste derrière Louis, toujours devant le lavabo, comme agrippé à celui-ci afin de ne pas chuter.
Elle aurait aimé que ce soit à elle qu’il s’agrippe.

– Ça… ça n’a r-rien à v-voir avec toi, r-r-rien à voir avec n-nous… C’est moi, je… je… je suis…

Un monstre malade, une déchirure purulente qui produisait des cauchemars sombres sous l’excuse de l’amour. Une lame tranchante qui brisait les cœurs aimés.

– Je suis désolée Louis… Je suis… désolée, je… je t’aime.

Et les mots s’écrasaient, miettes de verre dans les plaies.
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyMar 13 Avr 2021 - 11:17



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« Au début, on croit mourir à chaque blessure. On met un point d'honneur à souffrir tout son soûl. Et puis on s'habitue à endurer n'importe quoi et à survivre à tout prix. » - Virginie Despentes
J'entends se pas se rapprocher de moi. J'imagine son corps tremblant sous la honte, sous le remord ou que sais-je encore ? Mon prénom vient à ses lèvres et s'évanouit dans l'air. Il y a dans cette scène atroce quelque chose de romancé, un classique dramatique. Ecrivez des histoires, elles pourraient s'avérer plus réelles que la réalité. L'envie de tout envoyer valser revient, plus forte, plus intangible pourtant. Je n'ai pas la force de ce désastre et aucune violence pour m'évader. J'aimerais parfois partir de ce corps dont les cicatrices sont comme un livre ouvert à la souffrance passée. Ne plus être là, dans cet appartement, à Edimbourg. Fuir et m'oublier. Et à chaque fois que je pense cela et que l'envie de m'échapper devient irrésistible, je me rappelle Carla. Ce serait abandonner Carla dans toute cette merde.

- Je suis désolée Louis… Je suis… désolée, je… je t’aime.
- Non !

Je me retourne avec colère. Pourquoi s'excuse-t-elle ? Pense-t-elle que c'est ce que j'ai envie d'entendre ? Que cela me console ? Que je suis malade de notre amour malmené ? J'ai envie de vomir et je ne sais pas si c'est la crève ou la honte. La tête qui tourne tourne encore plus. J'essaye de parler, de répondre, de lui dire, mais j'en suis incapable. J'ai les bras ballants et les mots vidés. Et pourtant, c'est moi qui ai posé la question. On en revient toujours à ça, la question.

Celle qui me hante.

Le manteau blanc de la Norvège et les cheveux blonds d'Erika.

- Pourquoi j'ai dis oui déjà ?

Je regarde Erika. Je regarde Carla. Leurs images se superposent dans une espèce de fondu malsain. Je balaye le souvenir en fermant les yeux. Quand je les rouvre sur la jeune femme en pleurs, sur nos malheurs éparpillés comme du linge sale, je pleure doucement. J'ai les lèvres qui tremblent de ce passé en demi-teinte, de cette mémoire atrophiée.

- C'est pas Ian le problème Carla. C'est pas toi. C'est...

Oui ça fait mal qu'elle soit allé avec lui vivre les extase qui, je le croyais, nous étaient réservées. Oui, je suis blessé quelque part, dans cet ego qui dit que je n'ai pas été là ou que je ne suis pas suffisant. Pourquoi ai-je de toutes façons la présomption de l'être ?

- J'étais pas là Carla, ok ? J'étais partis. J'ai suivi un autre chemin. Pas de plein gré, au départ, puis j'ai cédé. Après l'attaque, Croix m'a laissé aux clans du Nord. Ces sorciers noirs ne rigolent pas trop. J'ai accepté que je ne pourrais pas revenir. J'ai lâché.

Ses mains autour de mon cou. Ses doigts qui caressent ma nuque. Notre baiser sous le soleil de minuit. Je me suis souvenu de ça. De ça et du sang. Je me mets en colère :

- J'ai lâché. Toi aussi. Ian, peut-être. Y'a pire que Ian ! C'est un ami. Et moi...

Je ne la regarde plus. Je ne peux pas. Je sais ce que c'est que d'être perdu. Peut-être que c'était plus réel pour elle que cela ne l'a été pour moi. Peut-être que pour ça elle s'en veut plus que moi et qu'aujourd'hui quand je la touche, parfois, c'est comme si Ian la touchait. Moi je ne vois Erika que dans mes rêves et ce ne sont pas les pires cauchemars... Pourtant, je me réveille toujours, au bord de la nausée.

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Humaine Innocente
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyMar 13 Avr 2021 - 12:51

– Non !

Il se retourna avec un éclair de colère dans ses yeux et Carla, pour la première fois de sa vie, eut peur de lui, de ce qu’il pouvait représenter, de sa force dominatrice sur la sienne. Elle avait déjà vu cette émotion dans d’autres yeux, d’autres lieux, la cuisine de ses parents avant que son père ne balance des assiettes sur sa mère, qu’il renverse de l’eau bouillante sur ses doigts. Un instant, les deux visages se superposèrent, celui du père et de l’amant, et elle ne sut plus les dissocier.
Un instant seulement ; Louis n’avait jamais été violent avec elle. Jamais. Mais l’intensité du moment avait tout de même fait battre son cœur trop vite, jusqu’à le faire remonter au bord de ses lèvres.

– Pourquoi j’ai dit oui déjà ?

Oui à quoi ? À elle, aux sentiments qui les reliaient ? Quelque chose s’était écrasé dans leurs mots, quelque chose qui était mort depuis bien longtemps et qui pourrissait entre eux.

– C’est pas Ian le problème Carla. C’est pas toi. C’est…

Elle fronça les sourcils et les larmes se troublèrent un peu plus. Alors il ne comprenait pas ? C’était elle le problème, ça avait toujours été elle. Son incapacité à aimer correctement, à fuir au mauvais moment. Elle avait abandonné son frère et sa mère parce qu’elle était incapable de les aider. Elle avait perdu sa virginité avec un type qu’elle n’appréciait même pas, simplement pour se venger de Louis et Katia. Elle aimait deux personnes à la fois, tellement fort parfois que tout semblait exploser autour d’elle.
Carla avait le poids d’amours trop lourdes sur ces épaules.

– J’étais pas là Carla, ok ? J’étais parti. J’ai suivi un autre chemin. Pas de plein gré, au départ, puis j’ai cédé. Après l’attaque, Croix m’a laissé aux clans du Nord. Ces sorciers noirs ne rigolent pas trop. J’ai accepté que je ne pourrais pas revenir. J’ai lâché.

Et soudain, quelque chose se glaça en elle.

– J’ai lâché. Toi aussi. Ian, peut-être. Y’a pire que Ian ! C’est un ami. Et moi…

Comme un flash, elle revit les marques sur les bras de Ian durant leur adolescence. Des marques différentes des siennes, qu’il s’infligeait à lui-même alors que ses plaies, qu’elle ne pouvait s’empêcher de comparer, étaient les marques de quelqu’un d’autre. Son esprit voilé y voyait parfois comme des bijoux, des souvenirs tracés à l’encre sur la peau, un ancrage dans la réalité. Scarifications contre hématomes. La preuve que, quelque part, ils étaient bien vivants.
Elle vit un couteau sur le plan de travail, celui qu’elle avait utilisé le matin même pour couper des oranges avant de le laisser traîner là, déjà en retard pour le boulot. Elle le vit et se sentit submergée par l’envie de l’attraper pour décorer ses bras à son tour, pour ressentir le frisson de la vie, la douleur synonyme de son adolescence. Ne pas disparaître contre quelques gouttes de sang.

Mais la jeune femme n’esquiva aucun signe vers la lame, alors que son pouls battit plus fort et que sa respiration suffoqua dans ses poumons, si fort qu’elle dut porter une main à sa bouche pour s’empêcher de sangloter, retenir le mal de dégouliner sur son menton en un liquide noir et épais.
Il lui fallut plusieurs secondes pour retrouver la capacité de parler. Mais quand sa voix revint enfin, elle était gelée par une colère qu’elle appréhendait mal.

– Tu as choisi de rester là-bas ?

Il avait raison, au fond. Ian n’avait rien à voir dans cette histoire.

– Pendant que je t’attendais à Little Angleton, pendant que Sylvester te cherchait ? Toi, tu avais décidé de rester là-bas ?

Elle l’avait pensé mort, trop blessé pour se déplacer, torturé. Elle avait imaginé les pires horreurs sur le corps de son amant, les pires traumatismes. Mais pas une seule seconde elle avait pu songer au fait qu’il avait voulu rester. Qu’il avait cédé, lui qui avait les épaules si fortes. Qu’il l’avait abandonnée.

– J’ai été violée ce jour-là, Louis. J’ai été violée, tu avais disparu et j’ai voulu me suicider. Sylvester m’a trouvée juste avant et il s’est occupé de moi assez longtemps pour que je retrouve un sens dans tout ça, pour que je me promette de ne pas recommencer, que je me promette de t’attendre.

Et alors que sa bouche disait des mots cruels qu’elle n’essayait même plus de retenir, son corps tremblant hurlait une vérité encore plus terrible.

Et je le regrette. Je regrette d'avoir survécu alors que tu m'oubliais.
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyMar 13 Avr 2021 - 19:35



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« Au début, on croit mourir à chaque blessure. On met un point d'honneur à souffrir tout son soûl. Et puis on s'habitue à endurer n'importe quoi et à survivre à tout prix. » - Virginie Despentes
Sa peau blanche, presque translucide, comme le signe que quelque chose ne va pas. Je la sens prête à partir, à s'en aller, sur le point de comprendre ce que j'ai fait. J'ai le coeur au bord des lèvres, prêt à vomir mes erreurs. Et comment en étais-je arrivé là ? A haïr ce que je suis, au plus profond de mon être. Je tremble de fièvre et de peur, de ce poids trop lourd qui accable mes épaules. J'suis qu'un sale type.

La main sur l'épaule, l'acquiescement. Le sourire en coin, l'accolade fraternelle. Je ne me souviens pas de tout. Je ne me souviens pas des grands traits de l'histoire, de cette année avant les trois ans de coma. Mais ce que j'ai vraiment oublié, c'est qui j'étais à ce moment-là. Je ne me souviens que de détails. Le spectacle des fjords, non loin de la villa. Les randonnés à deux, à trois. Les toasts aux saumons trempés dans les œufs. Le sang sur mes mains et sur le manteau de neige. Carla ne dit rien pendant un moment. J'aimerais qu'elle réagisse maintenant, ou se taise à jamais. Je me crispe sous la tension.

– Tu as choisi de rester là-bas ?

Je me recroqueville face au son de sa voix, la froideur glaciale de sa réponse comme une lame en plein cœur. La vérité ? La vérité nue, crue, seule : je ne sais pas. Oui, et non. Je sens ma tête prête à exploser de ces barrières mentales qui ne sont pas tombées, de ce rhume à la con qui continue de m'embrumer l'esprit. Je revois des choses que je ne veux pas revivre, des choses qui me terrifient et me paralysent complètement. Je revois aussi de la douceur et ce sentiment pregnant d'appartenance. Quelque chose de viscéral. De profond. De familier.

– J’ai été violée ce jour-là, Louis. J’ai été violée, tu avais disparu et j’ai voulu me suicider. Sylvester m’a trouvée juste avant et il s’est occupé de moi assez longtemps pour que je retrouve un sens dans tout ça, pour que je me promette de ne pas recommencer, que je me promette de t’attendre.

Je regarde mes pieds. Je ne peux pas la regarder. Pas dans les yeux. Je hoquette sous les sanglots, mes épaules tressautant au rythme de mes pleurs assourdis. Violée ? Et comme si c'était étonnant Louis ! Mais dans quel monde tu vis pour ne même pas y avoir pensé ? Pour ne pas avoir demandé ? Mes jambes me lâchent soudainement et je me retrouve le dos contre le meuble de la cuisine, un vide énorme à la place du ventre. Et ce vide, ce trou béant qui heurte se rempli d'un coup de la rage et de la colère qui reviennent au galop. Mes mains attrapent mes bras et serrent si fort que la douleur physique semble un exutoire à tout ce bordel. Je laisse mes ongles rentrer dans ma peau. Toute ma force m'est requise pour continuer à m'ancrer dans cette chair, dans ce qui me retient là, tout ça pour ne pas devenir fou. Je n'ai pas toute ma tête, mes souvenirs sont en vrac et ne parlons pas de mon cœur.

- Non, je ne voulais pas rester...

Ce murmure comme un cris. Une vérité du passé. D'un passé précis. Pas de tous.

- Je. Ne. Voulais. Pas... Quand ils m'ont capturé, Carla, ils m'ont tout de suite envoyé dans le Nord. Croix entretient de très bonnes relations avec les Jørgensen. C'est une famille puissante et influente de sorciers noirs qui régis le Nord de l'Europe. Mon père était le septième fils du chef de la famille. J'ai rencontré mon grand-père qui n'a pas eu l'air ravi de l'éducation que j'avais reçu avec Orpheo. J'ai passé deux mois à résister...

Les uns après les autres. Gentiment d'abord. Les oncles, les tantes, les cousins et cousines, le grand-père, d'autres membres de la famille. Une si belle famille. Je ne me souviens pas de tout, mais j'ai toujours les cauchemars et les cicatrices. Mon grand-père m'aurait tué, au bout d'un moment. Il aimait mon père presque plus que ses autres enfants et il ne voulait pas lâcher. Mais s'il ne parvenait pas à me convertir, il se serait indéniablement lassé. - Mais tu crois que je suis qui moi ? Un cousin ? Il n'a pas eu à me tuer. Et je lâche d'une voix forte :

- Je suis resté parce qu'il y avait mon frère.

J'ose relever les yeux vers Carla. Son visage semble encore détruit par la colère, la tristesse, la honte, la rage de tout ce cirque. Détruit par l'aveu de ce souvenir outrageant et par la confession de mes erreurs.

- Mon demi-frère. J'ai lâché. Pour lui, peut-être, mais aussi pour moi. Je... Bordel de merde ! J'ai senti notre lien, Carla, comme la chose la plus tangible depuis des jours et des jours. Je ne me souviens pas de tout. Je suis désolé. Je voudrais tout te raconter, mais je ne peux pas. Je sais qu'il y avait lui, et Erika. Que j'ai trouvé une sorte de place dans cette famille et que cela voulait dire être comme eux. Et...

Les larmes dévalent mes joues. Les mots se brisent dans ma gorge enrouée de mes pleurs. Le rouge sur la neige... Des hommes et des femmes en pièces détachées. Le sourire d'Erika. L'assentiment de Markus. Le regard satisfait de Jørgen sur sa famille. Des exorcistes morts. Ma faute.


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Humaine Innocente
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyMar 13 Avr 2021 - 22:09

Carla savait que cette conversation serait difficile, que ça serait sortir ses tripes et les disposer à l’écart de son estomac. Elle s’attendait aux larmes, aux cris dans sa gorge, à la chaleur entre ses tempes, mais elle ne s’attendait pas à ça. Ce retournement de situation, que Louis attrape son cœur pour le creuser un peu plus. Qu’au poids de sa culpabilité se mêle celui étrange de la trahison, de la peine, de la déchirure.
Mais c’était peut-être tout ce qu’elle méritait au fond. Tout ce que le silence avait à lui offrir après tout ce temps.
Louis s’écroula sur le sol et elle le regarda s’échouer sur les carreaux froids, elle le regarda gésir à terre, incapable de l’accompagner dans cette dégringolade, incapable de s’asseoir à côté de lui pour retrouver la chaleur de ses bras.

– Non, je ne voulais pas rester…

Soudain, comme s’il lui fallait des détails pour se raccrocher à la réalité, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas ôté son manteau. Elle glissa ses mains dans ses proches, cherchant un élément auquel elle pourrait encore s’arrimer.

– Je. Ne. Voulais. Pas… Quand ils m’ont capturé, Carla, ils m’ont tout de suite envoyé dans le Nord. Croix entretient de très bonnes relations avec les Jørgensen. C’est une famille puissante et influente de sorciers noirs qui régis le Nord de l’Europe. Mon père était le septième fils du chef de la famille. J’ai rencontré mon grand-père qui n’a pas eu l’air ravi de l’éducation que j’avais reçue avec Orpheo. J’ai passé deux mois à résister…

Ses doigts crissèrent contre le papier du paquet de cigarettes. Elle se demanda si un jour elle crèverait de ça, si la fumée noire n’était pas déjà allée trop loin dans ses poumons et si c’était pour cela qu’elle avait autant mal en respirant.
À cause de ça ou des larmes.

– Je suis resté parce qu’il y avait mon frère.

À ce mot-là, l’image de Jeremy s’imposa dans son esprit. Un Jeremy encore adolescent, avant la tempête du Mystery, avant qu’elle ne l’abandonne avec sa mère et l’ordure qui leur servait de père. Elle se rappela de ses pieds froids contre les siens, de ses pleurs sous la couette, alors qu’elle le serait contre elle en plaquant ses mains contre ses oreilles pour qu’il n’entende pas les cris de ses parents, les hurlements de leur haine.
Leur père n’avait jamais osé lever la main sur lui. Il s’en prenait surtout à sa femme puis, comme s’il s’était lassé au bout d’un moment de cette victime passive, avait dérivé sur sa fille. C’était elle qui avait pris les coups, elle qui soutenait ce regard plein de colère sans sourciller, elle qui dissimulait les hématomes sous des sourires en lui disant de ne pas s’inquiéter, que tout allait bien, que c’était juste des couleurs sur sa peau…
Des couleurs sur sa peau… Après son départ, avaient-elles déteint sur les bras de son frère ? Avait-elle sacrifié Jeremy au nom d’un amour qui désormais se délitait sous ses yeux ?

– Mon demi-frère. J’ai lâché. Pour lui, peut-être, mais aussi pour moi. Je… Bordel de merde ! J’ai senti notre lien, Carla, comme la chose la plus tangible depuis des jours et des jours. Je ne me souviens pas de tout. J’en suis désolé. Je voudrais tout te raconter, mais je ne peux pas. Je sais qu’il y avait lui, et Erika. Que j’ai trouvé une sorte de place dans cette famille et que cela voulait dire être comme eux. Et…

Les doigts de Carla avait fait sauter le bouchon du paquet et elle ressortir sa main de sa poche, une cigarette entre l’annulaire et le majeur et un briquet entre le pouce et l’index. Elle avait toujours aimé tenir sa clope ainsi, un peu différemment, comme pour se donner un style qui s’était finalement ancré en elle.
Sa voix écorcha un nom alors que la cigarette glissait entre ses lèvres.

– Erika…

Elle savait qu’elle n’avait pas le droit d’être jalouse après ce qu’elle avait fait, après ce qu’elle lui avait avoué au sujet de Ian. Elle le savait, et pourtant dans sa bouche ce nom sonnait comme celui de Katia.

– Et ensuite ?

Le briquet produisit un craquement sec avant qu’une flamme ne vacille à son bout. Ça lui rappela sa dernière rencontre avec Ian, lorsqu’il avait allumé le joint du bout de ses doigts, teintant la nuit avec sa magie dans la chaleur de l’Afrique. Ça lui semblait une autre vie, une autre faille. Loin de la brillance froide du soleil d’Édimbourg.
Carla n’était pas certaine de vouloir connaître la suite et pourtant elle ne pouvait pas imaginer ne pas l’entendre. Agrippée à un espoir débile, au désir – au besoin – de l’écouter lui dire qu’à un moment il avait pensé à elle. Qu’il était revenu pour elle. Le narcissisme à son paroxysme dans la douleur.
Aspirant la fumée, elle fit quelques pas pour ouvrir la fenêtre, regardant le ciel décorer les toits des immeubles aux alentours. Le quartier était calme, comme encore étourdis par toutes ces révélations ou, au contraire, comme s’il ne savait rien du drame qui se déroulait dans cette cuisine. Un drame qui lui crevait la poitrine.
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyMer 14 Avr 2021 - 10:52



A nos espoirs dévoyés
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« Au début, on croit mourir à chaque blessure. On met un point d'honneur à souffrir tout son soûl. Et puis on s'habitue à endurer n'importe quoi et à survivre à tout prix. » - Virginie Despentes
Mes yeux dans le vague, perdus sur le parquet dont les nervures s'entremêlent devant moi, j'essaye de reprendre mon souffle pour pouvoir respirer à nouveau, émettre le moindre son. Mes doigts lâchent ma peau. Le sang pulse sous les marques créées par les ongles. Le derme agressé est violine, mais il n'a pas cédé. Je me concentre sur la douleur, les mouvements de va-et-vient qui brutalise mes nerfs, qui bat dans ma chair. Le rythme lent et régulier me rassure quelque part. Je comprends d'où vient le besoin de la scarification, moi l'enfant joyeux de Little Angleton. Le nom d'Erika dans la bouche de Carla me revient comme une insulte. Puis c'est l'injonction.

– Et ensuite ?

Ensuite ?

Je me relève difficilement, les jambes toujours flageolantes, le corps tressautant. J'ai l'impression qu'il va m'échapper et de nouveau s'écrouler. Cela me ramène aux séances de rééducations à l'hôpital, au Canada. Je regarde Carla. Je la regardais aussi, dans les moments difficiles. Je projetais son image mentalement devant moi. J'imaginais qu'elle m'encourageait, qu'elle me charriait : ce n'est pas si difficile hein ? Je sentais presque sa main sur la mienne, quand il fallait me relever et continuer. Je sentais ses lèvres sur les miennes, quand j'étais prêt à abandonner.

L'odeur de la cigarette n'est pas totalement aspirée par la fenêtre ouverte. Elle observe le monde, la clope au bout des lèvres, comme si elle aspirait plus de la vue que de la nicotine. Le monde si calme là-dehors pendant que la cigarette brûle doucement... Etrange paradoxe. J'inspire l'air vicié de tabac et de pot d'échappement. Edimbourg n'est pas la capitale la plus polluée, mais ce n'est pas les Highlands. Je fais quelques pas pour la rejoindre, sans la toucher. Ce serait un affront.

- Et... Oui, je suis sorti avec Erika. Oui, j'ai passé du temps avec ma famille. Oui, j'ai cru que j'étais heureux.

Pourquoi ? Tu ne me l'avais jamais demandé ? Je n'aurai jamais dû savoir. Mais elle était tombée amoureuse. Réellement amoureuse.

- Erika est empathe. Pas comme Luka est empathe. Elle manipule les sentiments, les exacerbe ou les atrophie. Ces sentiments étaient bien là, en moi, mais elle a joué avec et j'y ai cru. J'ai cru que j'étais un Jørgensen et que j'aimais Erika. Mon grand-père était prêt à beaucoup de choses pour ne pas me tuer. Je ne me suis pas méfié, et je l'ai laissé entrer dans mon cœur.

Donc c'était faux ? Elle pleurait ce jour-là, mais elle n'a pas osé me contredire. Jørgen n'a pas osé me contredire. Tu aurais préféré mourir Louis ? Arrête tes simagrées, ne me dit pas que tu n'es pas plus heureux avec les tiens ! C'est ce que ton père aurait voulu pour toi et je le fais pour lui. Même Markus n'a fait qu'hausser les épaules. C'est bon, Louis, lâche-moi ! On l'a tous fait pour toi, ok ? Ils t'ont lavé le cerveau à Orpheo. J'étais l'ingrat.

- Et il y a eu l'attaque, le lendemain. Un autre règlement de compte entre Orpheo et ma famille. Je ne me suis jamais autant senti déchiré. Les sentiments que j'avais, même en partie artificiels, étaient encore là. Je me souviens du sang sur la neige et des cadavres bleuissant. Je me souviens n'avoir rien fait, au départ. Puis je n'ai plus eu le choix : j'ai tué un apprenti, Carla. Légitime défense ou pas, je m'en fiche. Je l'ai fait. J'ai perdu la tête.


Louis, tu peux m'aider ? Cette main qu'elle avait tendue. Tendue vers moi. Main que j'ai attrapé, que j'ai agrippé, que j'ai tiré pour relever. La relever. Ma main a attrapé la sienne, l'arelevée, dans cette neige pleine de sang. Je l'ai regardé cracher, frapper le sol. Pas mécontente de les avoir crevés. J'ai caressé sa joue. Elle avait les cheveux plein de sang. J'ai souris. Tu as bien fait, tu es bien le fils de ton père toi. La main de Jørgen sur mon épaule. Il a vu ma violence, il a aimé. J'ai aimé aussi, pendant un instant. Je crois que j'ai aimé. Le vent souffle, envoie la neige dans l'air, sous le soleil. Un millier de gouttelettes gelées scintillent. Des gouttelettes rouges. Qu'est-ce qu'il y a Louis ? Tu savais que ce serait moche...

- J'ai remis les pièces petit à petit. Je n'ai pas tout retrouvé. Je ne sais toujours pas pourquoi j'ai passé trois ans dans le comas. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ensuite. Mais ce que je sais, c'est que mon frère, Markus, a tué Erika, sous les ordres de mon grand-père Jørgen. Je sais que Jørgen a scellé quelque chose en moi. La rune à côté de mon cœur, ce n'est pas une simple cicatrice. Je sais aussi, Carla, qu'Erika n'a pas pu créer mes sentiments. Elle ne les a pas inventé.

Qu'y a-t-il de pire que de ne pas savoir qui on est réellement ? De ne pas pouvoir séparer ce qui est soi de ce qui n'est pas soi ? C'est comme de vivre avec deux personnes à l'intérieur et dont l'une est le pire cauchemar de l'autre.

- Je suis désolé, Carla. Tu... Tu as été ce qui m'a ramené à la surface. M'excuser n'effacera pas ce que tu as vécu. Et.. Et j'ai mal pour toi. Ce... Ce v... Ce qui s'est passé, c'est... Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi.

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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyMer 14 Avr 2021 - 13:02

Les yeux rivés sur des nuages imaginaires, elle le sentit s’approcher d’elle une présence si familière à laquelle elle aurait aimé se raccrocher et pourtant, la simple idée d’un contact avec lui l’écorchait.
Elle tira plus fort sur l’odeur de la cigarette.

– Et… Oui, je suis sorti avec Erika. Oui, j’ai passé du temps avec ma famille. Oui, j’ai cru que j’étais heureux.

Les larmes avaient cessé de couler sur son visage, laissant de longs sillons mouillés sur le creux de ses joues auquel le froid venait s’accrocher, comme un baume après la tempête. Comme une caresse sur la peau et les souvenirs à vif.
Carla regarda la cigarette se consumer lentement entre ses doigts aux vernis rouge et écaillé, et y trouva une brisure incommensurable. Il ne restait plus rien de leur jeunesse, de leur deux corps roulant dans le lit du studio de Louis à Little Angleton, se découvrant pour la première fois, sa première fois à lui, alors qu’il lui avouait qu’il n’avait jamais été capable d’aller plus loin avec une autre, même Katia.

– Vous avez fait l’amour ?

C’était hypocrite de poser une telle question et pourtant les mots avaient percé sa chair, traversé sa langue pour venir se figer dans l’air ambiant de la cuisine. Est-ce qu’ils avaient couché ensemble ? Louis avait-il dépassé son aversion pour le corps des autres, s’était-il glissé entre d’autres cuisses, avait-il jouit alors qu’elle était en train de le pleurer, seule dans un lit déserté ?
Pensait-il à Erika, au Canada, alors que c’était son tour de le tromper ?

– Erika est empathe. Pas comme Luka est empathe. Elle manipule les sentiments, les exacerbe ou les atrophie. Ces sentiments étaient bien là, en moi, mais elle a joué avec et j’y ai cru. J’ai cru que j’étais un Jørgensen et que j’aimais Erika. Mon grand-père était prêt à beaucoup de choses pour ne pas me tuer. Je me suis pas méfié, et je l’ai laissé entrer dans mon cœur.

Carla appuya la pointe de sa langue contre sa canine, aussi fort que possible, jusqu’à ressentir un étrange picotement qui peu à peu se dissolu, le bout de sa langue comme endormie des sensations du monde. Engourdie par les mots. Elle aurait aimé pouvoir anesthésier tout son corps par la douleur et se réveiller à Little Angleton, des années auparavant, à l’adolescence, avant même le premier départ de Louis. Courir dans ses bras, lui avouer ses sentiments, tout recommencer.
Avoir plus de temps pour profiter de cet amour avant que tout ne s’effiloche.

– Et il y a eu l’attaque, le lendemain. Un autre règlement de compte entre Orpheo et ma famille. Je ne me suis jamais autant senti déchiré. Les sentiments que j’avais, même en partie artificiels, étaient encore là. Je me souviens n’avoir rien fait, au départ. Puis je n’ai plus eu le choix : j’ai tué un apprenti, Carla. Légitime défense ou pas, je m’en fiche. Je l’ai fait. J’ai perdu la tête.

Du sang dans le passé de Louis, du sang dans ses cauchemars. L’hémoglobine avait coulé jusqu’à eux et Carla pouvait presque la ressentir, dans l’air, cette odeur de fer, l’épaisseur rougeâtre qui les noyait. Un cadavre qui se dressait entre eux, macabre, un cadavre qui avait tous les visages ; celui d’inconnus, d’Erika, de Ian, de Katia,…

– J’ai remis les pièces petit à petit. Je n’ai pas tout retrouvé. Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai passé trois ans dans le coma. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ensuite. Mais ce que je sais, c'est que mon frère, Markus, a tué Erika, sous les ordres de mon grand-père Jørgen. Je sais que Jørgen a scellé quelque chose en moi. La rune à côté de mon cœur, ce n’est pas une simple cicatrice. Je sais aussi, Carla, qu’Erika n’a pas pu créer mes sentiments. Elle ne les a pas inventés.

Carla écrasa la pointe de sa cigarette dans le cendrier posé sur le rebord de la fenêtre, avant d’abandonner son mégot parmi les autres. Petite montagne de tabac brûlé, tellement plus tangible que tout ce qui se passait dans sa tête. Un peu d’herbe aussi, consumée, consommée pour éviter d’avoir à faire face à ses souvenirs.
Combien lui en faudrait-il fumer à présent pour supporter les mots de Louis ?

– Je suis désolé, Carla. Tu… Tu as été ce qui m’a ramené à la surface. M’excuser n’effacera pas ce que tu as vécu. Et… Et j’ai mal pour toi. Ce… Ce v… Ce qui s’est passé, c’est… Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi.

Son regard lâcha enfin le cendrier pour trouver celui de Louis, ses yeux bleus, comme ceux de Dorian ce soir-là, mais avec cette cruauté en moins. Est-ce que l’amour n’était qu’une histoire de timing ? Du bon et du mauvais moment ? Lorsque son corps avait été déchiré, lorsqu’elle avait eu le plus besoin de lui, il était déjà parti pour le nord, en chemin pour tomber amoureux d’une autre. Puis lorsqu’il avait eu besoin d’elle à son tour, que son esprit torturé s’accrochait à son image pour se relever, c’était elle qui l’avait lâché pour le corps d’un autre.
Oui, c’était peut-être juste ça au fond. Si le timing avait été différent, Louis n’aurait pas rencontré Katia. Ou peut-être qu’elle serait sortie avec Ian. Ils auraient été en voyage lors de l’attaque du Mystery. Peut-être même, tiens, qu’au final elle serait tombée amoureuse de Luka. Ça tenait à si peu de choses. Des fils qui s’entrecroisaient jusqu’à se briser.

– J’ai mal pour toi aussi.

Elle osa alors enfin le toucher, ses mains glissant sous le Tshirt de Louis, longeant le long des muscles que ses doigts connaissaient si bien, jusqu’à sentir la cicatrice – la rune – contre son cœur. Un cauchemar ancré là, les griffes acérées d’un passé qui ne les lâcherait plus.

– J’ai mal pour nous.

Pour la montagne de décombre sous le silence, pour cette incapacité à régler tout cela, emprisonnés dans les failles de leur douleur.
Avaient-ils seulement grandi depuis tout ce temps ?

– J’ai peur pour nous.

Peur de le perdre, peur de se perdre, happée par la noirceur de la fumée grise et d’une cicatrice accrochée au cœur.
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyVen 16 Avr 2021 - 9:56



A nos espoirs dévoyés
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« Au début, on croit mourir à chaque blessure. On met un point d'honneur à souffrir tout son soûl. Et puis on s'habitue à endurer n'importe quoi et à survivre à tout prix. » - Virginie Despentes
– Vous avez fait l’amour ?

Je deviens verdâtre. Est-ce la honte ou le rhume ? Sans doute un peu des deux. J'ai envie de vomir et cette envie a un goût de pain au chocolat. Je dis "oui" avec la tête. Le temps des non-dits est terminé. Il faut se regarder en face et avouer, faire sortir la vérité, ces morceaux de passés qui écorchent. Carla s'approche tout de même. Avoir mal, avoir peur... Tout est lié. Ses mains qui parcourent mon corps me font l'effet d'une étrangère. Ou suis-je plutôt l'étranger qu'elle ne reconnait plus vraiment ? Je reste silencieux jusqu'à ce que ses doigts survolent la rune, survolent mon cœur et me deviennent insupportable. J'attrape ses poignets avec délicatesse et l'écarte de moi.

- Tu aimes Ian ?

Le goût de la jalousie, c'est celui du pain au chocolat de trop, de l'écœurement et pourtant une certaine douceur. Mesquin ou non, j'ai besoin, moi aussi de revenir sur le sujet. Adieu l'idylle parfaite. Adieu à ces enfants innocent qui sautaient des falaises. Mais n'a-t-on pas finalement joué à être innocents ? Le vent dans les cheveux, prêts à se lancer dans la mer d'Ecosse, étions-nous alors si insouciants ? Il y avait les bleus sur le corps de Carla, les cicatrices intérieures de Luka, de Ian, de Ange, de Hayley, les miennes aussi. C'est peut-être ce qui nous a tant soudés, cette idée que nous faisions semblant. Je retourne m'asseoir sur le canapé pour éviter de tomber à nouveau. J'ai mal à la tête.

- Carla... Moi je t'aime. Et... Et tu as dis que ça changeait pas tes sentiments. Mais tu aimes Ian ?

Je suis perdu. Un peu. Beaucoup trop même. Je ne parviens pas à réfléchir. Je ne suis pas stupide au point d'ignorer que c'est un problème. Non pas qu'elle aime Ian. Ou qu'elle m'aime... Mais ce que je comprends dedans, c'est qu'elle m'aime. Et qu'elle aime Ian. Ian et moi. Et moi je n'aime pas Ian. Je n'aime pas Ian comme elle aime Ian. Ian ne m'aime pas comme elle m'aime.

- Et Ian t'aime ?

J'aimerai qu'elle me réponde que non et que pour lui ce n'était qu'un coup d'une fois, qu'ils restaient juste amis. Mais j'ai revu Ian, ici, à Edimbourg. On a bu des verres ensemble, à deux, à trois. Ils ont fumés. Un goût amer se répand dans ma gorge, celui de la bile qui remonte. J'essaye de faire des maths, de mettre juste 1 + 1 = ? Mais ça ne marche pas, je n'ai pas de réponse. Ce n'est pas non plus 1 + 2 ou 1 + 1 + 1... Peut-être que cela ressemble plus à 1 ( 1 / 1)... Fuck.

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Humaine Innocente
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyVen 16 Avr 2021 - 11:12

Carla aperçut du coin de l’œil la tête de Louis faire oui, mais ça ne lui fit pas aussi mal que ce à quoi elle s’attendait. Peut-être parce qu’elle avait déjà compris, peut-être parce qu’elle se dit qu’ainsi c’était 1 à 1, balle au centre.
Mais ça faisait déjà longtemps qu’il n’y avait plus de balle, plus de jeu, plus d’adolescence.
Et lorsqu’elle approcha ses mains de son corps, Louis l’attrapa par les poignets pour l’écarter de lui et ça lui fit l’effet d’une brûlure. Une douleur atroce là où il l’avait touchée qui entrait en résonnance avec le mal de cœur qui irradiait dans tout son être.
Bobo partout.

– Tu aimes Ian ?

Bobo partout et elle aimerait redevenir une adolescente, une bouteille de rhum dans la main et l’art de rire des choses les plus graves. Balayer la scène d’un geste de la main, dire on s’en fout, rien n’a d’importance dans ce monde dans un clin d’œil avant de se relever en équilibre sur une rune, de jouer sa vie de toutes les façons jusqu’à sauter depuis la falaise. Sauter pour atterrir dans les bras de Louis, contre son corps nu, sauter Louis avec cette violence qui était la leur et qui les englobait si bien, qui renversait le monde lorsque leur chair se rencontrait. Sauter à la dynamite tous les mots qui rongeait son cerveau.

Tu aimes Ian ?

Elle aimerait pouvoir dire non, mais ça serait mentir. Elle sait qu’elle a laissé quelque chose d’accroché à l’âme de Ian, une trace infime mais aussi profonde que la cicatrice de Louis près de son cœur. Quelque chose d’offert il y a bien longtemps, peut-être même avant qu’elle ne soit avec Louis, lorsqu’ils n’étaient encore que des enfants. Un souffle sur les lèvres, un besoin de l’autre et ce tatouage qui brûle son dos et dont elle a toujours gardé dans ce salon de tatouage la signification.
Évidemment qu’elle aimait Ian, même si ça lui trouait le cœur de le répandre dans cette cuisine.

– Carla… Moi je t’aime. Et… Et tu as dis que ça changeait pas tes sentiments. Mais tu aimes Ian ?

Elle fit tourner ses poignets pour les libérer de l’étreinte des doigts de Louis et une fois de plus ils se retrouvèrent déchirés, deux chiens de faïence éloigné par tout un univers. Carla aimerait le rassurer, le prendre dans ses bras, mais il l’a repoussée et elle sentait que ce n’était pas sa place. Que ce n’était plus sa place. Elle ne pouvait pas à la fois tout déchirer puis être celle qui revenait rassembler les morceaux.

– Et Ian t’aime ?

Est-ce que Ian l’aimait ? Leur relation avait été à la fois si évidente et compliquée qu’elle ne s’était jamais vraiment posé la question. Elle savait qu’il aimait fumer des joints avec elle, qu’il aimait relever son T-shirt sous le prétexte de lui montrer une cicatrice pour simplement la provoquer, qu’il aimait dormir contre elle. Elle savait qu’il la trouvait belle, qu’il la regardait parfois plus longtemps qu’il n’aurait dû alors qu’elle fumait à la fenêtre, faisant semblant de ne pas remarquer ses regards. Mais l’aimait-il ?

– Ian aime Autumn.

C’était la vérité. Autumn existait avec une place si forte dans le cœur de son ami qu’elle-même n’en saisissait pas tous les contours.

– Je ne sais pas s’il m’aime moi.

Elle savait que parfois il la détestait, qu’il claquait une porte avec un regard furieux, qu’ils hurlaient trop fort pour les murs. Parfois elle le haïssait ; d’exister, de deviner ses moindres pensées, ses moindres sentiments. Elle aurait aimé le pousser dehors, de son canapé, de son appartement, de sa vie ; et pourtant il revenait toujours et lorsqu’il revenait c’était un soulagement dans son cœur.

– Mais moi, je l’aime.

Cœur au bord des lèvres, qui palpite et trébuche.

– Tu es l’amour de ma vie Louis, et pas un instant je n’ai cessé de t’aimer, pas depuis la première fois que je t’ai vu dans la cour de l’école. Mais parfois… parfois j’aime aussi d’autres personnes. Je peux m’empêcher de coucher avec eux, mais je ne peux pas empêcher ces sentiments d’exister.

Carla ferma les yeux, misérable. Est-ce que, lorsqu’elle les rouvrirait, Louis aurait disparu ? Retrouver une autre, aimer une femme qui n’aurait que lui en tête, qui accepterait de lui donner des enfants, un foyer, la vie dont il rêvait ? Verrait-elle dans quelques années, quelques mois, les photos de son mariage, de ses gosses, du chien qu’ils adopteraient ? Pendant qu’elle serait toujours aussi perdue, incapable de décrocher de Louis, incapable de décrocher de Ian, accro à un amour qui brûlait trop fort.
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyVen 16 Avr 2021 - 14:56



A nos espoirs dévoyés
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« Au début, on croit mourir à chaque blessure. On met un point d'honneur à souffrir tout son soûl. Et puis on s'habitue à endurer n'importe quoi et à survivre à tout prix. » - Virginie Despentes
On a beau la poser sur papier et y réfléchir des heures, l'équation de la vie est impossible à résoudre. Il y a toujours des non-dits, des imprévus qui foutent tout en l'air et on aimerait croire qu'il s'agit d'opportunités. Si tu as le malheur d'avoir fait une erreur de calcul ou de subir une dérivation, la seule chose que l'on te demande alors c'est de transformer ta souffrance en une force, de passer outre, continuer ton chemin comme si de rien était et marcher sur les débris de ton cœur, les entendre crisser sous tes semelles de running, courir à perdre haleine vers un nouvel objectif, utiliser ton histoire pour apprendre à d'autre, faire de tout ça un exemple : quand on veut on peut. C'est vraiment que des conneries tout ça. Laissez-nous avoir mal.

– Ian aime Autumn. Je ne sais pas s’il m’aime moi.

Comment ne pourrait-il pas ? Je serre les dents. Je pense que Ian fait chier. Voilà. Et Carla fait chier. Et moi aussi, je fais chier bordel ! Luka fait chier aussi. Et que Ange aille au diable ! Ca sert à quoi de s'attacher aux gens s'ils sont juste capable de vous faire souffrir et qu'on n'est pas moins incapable qu'eux à leur donner du bonheur tout simple ?

– Mais moi, je l’aime

Comme j'aimais Erika ? Le doute s'insinue et meure aussitôt. Ian et Erika sont empathes de manière différente, comme Luka n'est pas la même empathe qu'Erika ou que Ian. Ce serait trop facile et une si belle rédemption, si nous n'y étions pour rien. Et je sais que c'est aussi faux de croire que je suis plus innocent que Carla. Complètement faux.

– Tu es l’amour de ma vie Louis, et pas un instant je n’ai cessé de t’aimer, pas depuis la première fois que je t’ai vu dans la cour de l’école. Mais parfois… parfois j’aime aussi d’autres personnes. Je peux m’empêcher de coucher avec eux, mais je ne peux pas empêcher ces sentiments d’exister.

Je relève mes yeux rougis vers les siens. J'accroche son regard avec douleur. Ce qui fait mal, je ne le comprend que maintenant : c'est le soulagement. Je m'enfonce dans le canapé, lui fait signe de venir à côté, si elle le souhaite. Je suis fatigué de nous. Fatigué de cette vérité qui fait mal et de notre amour qui ne suffit pas. Fatigué de ce monde où tout n'est finalement pas tout noir ou blanc. Fatigué du spectre de la douleur, ce fantôme incessant et multiple. Fatigué de mes larmes et des siennes et qui, séchées, ne demandent que le repos. D'une toute petite voix, je chuchote :

- Je n'ai jamais cessé de t'aimer et j'en ai aimé une autre, artificiellement. Et je comprends...

Mes idées se perdent, les chiffres dans des équations insolubles. J'essaye encore et encore, mais je ne trouve pas de conclusion heureuse ou de dénouement satisfaisant. Mais je ne fais plus confiance au silence pour résoudre tout ça. Nous n'avancerons que par le dialogue. Je prends mon courage dans une grande inspiration d'air où traînent encore des effluves de tabac froid.

- Je comprends que parfois, tu ais besoin de Ian. Je ne dis pas que ça me plait et qu'il ne faudra pas du temps pour que ça m'indiffère, mais je comprends. Je t'ai aimée quand tu étais seule ou avec d'autres et je t'aime parce que tu es toi. Je suppose que ça fait partie de toi. Je ne pense pas que ce soit moi, par contre.

Non, moi je ne pourrais plus. Je me suis fait embobiner une fois, j'ai cru à ces sentiments nouveaux qui grandissaient trop rapidement, mais je n'ai jamais cessé de l'aimer plus encore.

- Ecoute Carla, je... Je n'ai pas le droit de te juger et de t'enfermer, pas pour aimer. Je ne vais pas te demander d'arrêter de le voir et de le voir comme tu as envie de le voir. Ni lui, ni quelqu'un d'autre. Si je suis l'amour de ta vie, si c'est vrai, ça veut dire que tu reviendras toujours hein ? Parce que tu es l'amour de ma vie et que je pourrais pas vivre sans toi.

Les barrages s'effondrent devant mes yeux anéantis. Je n'ai pas la force de résister indéfiniment. Elle a été la lumière dans les moments les plus noirs et les moments de bonheurs n'ont pas de sens sans elle.
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyVen 16 Avr 2021 - 16:21

Carla frotta son œil du revers de la main et un cil, encore mouillé, s’y accrocha. Elle le regarda, bêtement, longuement, comme s’il pouvait donner du sens à tout ça. Aux relations humaines, à l’amour qui se créait et qui rendait si heureux avant de tout détruire. Elle songea à sa mère qui n’avait jamais osé quitter son père. Par peur ? Par amour ? Pourquoi était-elle restée toutes ces années avec un homme violent et alcoolique ? N’avait-elle jamais rêvé d’une autre douceur, d’une autre personne ? Se glisser entre les draps et les bras d’un homme qui caresserait son corps sans chercher à le briser.
Puis elle souffla sur le cil qui s’envola.
Les yeux rouges de Louis s’accrochèrent aux siens et il lui fit signe de s’approcher alors qu’un instant plus tard il la repoussait. Elle tordit le coup à la violence qui hachurait ses entrailles et s’installa à côté de lui, faisant attention cependant de ne pas le toucher, ne pas l’effleurer.

– Je n’ai jamais cessé de t’aimer et j’en ai aimé une autre, artificiellement. Et je comprends…

Il avala une grande gorgée d’air et elle se sentit comme aspirée en lui.

– Je comprends que parfois, tu aies besoin de Ian. Je ne dis pas que ça me plaît et qu’il ne faudra pas du temps pour que ça m’indiffère, mais je comprends. Je t’ai aimée quand tu étais seule ou avec d’autres et je t’aime parce que tu es toi. Je suppose que ça fait partie de toi. Je ne pense pas que ce soit moi, par contre.

Ses yeux tombèrent sur leur table basse, et la petite boîte en fer posée dessus, à moitié vide. Un peu d’herbe à rouler dans sa vie, un goût qu’elle avait appris à aimer pour ce que ça faisait à sa tête et dans son corps. Une faille de plus entre toutes les bosses et les hématomes.

– Ecoute Carla, je… Je n’ai pas le droit de te juger et de t’enfermer, pas pour aimer. Je ne vais pas te demander d’arrêter de le voir et de le voir comme tu as envie de le voir. Ni lui, ni quelqu’un d’autre. Si je suis l’amour de ta vie, si c’est vrai, ça veut dire que tu reviendras toujours hein ? Parce que tu es l’amour de ma vie et que je pourrais pas vivre sans toi.

Alors Louis ne disparaîtrait pas. Elle ne rouvrirait pas ses yeux, un jour, sur un lit vide, un creux encore chaud qui ne se refermerait plus jamais. Il n’allait pas prendre ses valises pour débarquer chez Ange, la laissant en larmes derrière lui.
Mais alors, pourquoi avait-elle toujours aussi mal ?

– Ces quatre années loin de toi ont été les pires de toute ma vie.

Les rues désertes de Little Angleton, la solitude des moments, l’absence de goût… Rien n’avait plus de sens sous ses yeux effondrés, plus rien. Et ces gens qui venaient à elle pour l’aider, pour la sauver… Sylvester, Rhyan, Ian… Il passait la regarder depuis les rebords de son gouffre, sans trouver de corde assez longue pour la sauver. Il n’y avait que Louis qui pouvait la sauver.

– Mais… Louis… Je ne peux pas t’imposer ça. Déjà les enfants… Je ne veux pas te rendre malheureux. Je ne veux pas que dans dix, vingt, trente ans tu te retournes sur tout ça et que tu te rendes compte à quel point tu étais malheureux. À quel point je t’ai rendu malheureux.

Elle se mordit la lèvre, se maudissant par avance pour les mots qui allaient sortir.

– Regarde toi. Tu refuses que je te touche, ton corps dit l’inverse de ta bouche.

Il y avait la maladie, qui lui chauffait les tempes, certes, mais il n’y avait pas que ça. Elle voyait la tension en lui, la distance entre eux, sentait encore la chaleur de ses doigts repousser ses mains. Sa tête parlait, mais son corps n’écoutait pas.

– Tu m’en veux, et c’est normal. On s’en veut mutuellement et… et je pense… enfin, Louis, on a besoin de temps.

Elle ravala la bile dans sa bouche, lourde et douloureuse bile.

– On a besoin de temps pour réfléchir à tout ça. Pour réfléchir à notre relation, à notre futur…

… notre future ensemble, aurait-elle voulu dire, mais les mots ne sortirent pas.
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Louis M. Jørgensen
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyVen 16 Avr 2021 - 22:03



A nos espoirs dévoyés
Carla & Louis

« Au début, on croit mourir à chaque blessure. On met un point d'honneur à souffrir tout son soûl. Et puis on s'habitue à endurer n'importe quoi et à survivre à tout prix. » - Virginie Despentes
- Moi plus tard, j'ferai plus ja-mais la vaisselle. Et puis je suis pas une fille !

Sous l'oeil amusé de Judith et de Pandora, Louis boudait haut et fort tout en nettoyant les assiettes à la pelle. Ce n'était pas de tout repos de vivre dans un orphelinat avec des dizaines d'enfants à nourrir chaque jour. Et qui disait nourrir suggérait aussi vaisselle derrière. Judith, sous l'aval de Pandora, avait institué des tours pour l'aider dans toutes les tâches. Comme elle supervisait la bonne tenue du Mystery Orphanage, c'était à elle que revenait la responsabilité de former les orphelins aux tâches ménagères quelles qu'elles soient. Mais cette vaisselle que faisait Louis n'avait rien à voir avec un quelconque planning. Il s'agissait là de punition pour un garnement qui avait justement évité soigneusement son emploi du temps domestique depuis une semaine. Pandora s'approcha de l'enfant dont les cheveux blonds tombaient parfois dans l'eau mousseuse. Elle lui tira l'oreille.

- Aiiiiilleuuuuuh ! Sorcière !

Ainsi Louis apprenait la vie.


______

Ne pas vivre sans Carla, quitte à faire la vaisselle tous les jours, quitte à adopter un chaton et l'appeler Millett, quitte a arrêter la viande ou a ne porter que des slips roses... Pourquoi s'abîmer ailleurs quand on s'abîme si bien ensemble ? J'ai tellement peur de la douleur sans Carla. Cela me terrifie. Il me semble qu'au moindre coup, le plus petit choc, je pourrais mourir, clamser comme ça. La simple idée de son absence me plonge dans une angoisse que je ne saurais décrire. Nous ne sommes pas fusionnels, il ne s'agit pas de cela. Je n'ai pas besoin que nous soyons toujours ensemble et même parfois nous partons chacun de notre côté, à l'aventure. Je vais en mission et je ne sais pas ce qu'elle fait. Ce qui m'emplit d'anxiété, c'est de penser qu'elle ne serait plus jamais là pour moi et moi pour elle. Cela m'est insupportable.

– Ces quatre années loin de toi ont été les pires de toute ma vie.

Je déglutis. Nous sommes parfois le miroir de l'autre. Sa souffrance est ma peur.

- Je sais...

Je me rappelle des sermons de Sylvester, une fois sorti de l'hôpital. Quand il n'a plus eu peur de mon état, il m'en a fait voir de toutes les couleurs et je ne compte pas le nombre de reproches qu'il m'a fait sur Carla. Des reproches qui le concernaient aussi. Mon absence l'a fait souffrir et il a dû repêcher Carla du fin fond du désespoir.

– Mais… Louis… Je ne peux pas t’imposer ça. Déjà les enfants… Je ne veux pas te rendre malheureux. Je ne veux pas que dans dix, vingt, trente ans tu te retournes sur tout ça et que tu te rendes compte à quel point tu étais malheureux. À quel point je t’ai rendu malheureux.

Je la regarde, circonspect.

– Regarde toi. Tu refuses que je te touche, ton corps dit l’inverse de ta bouche. Tu m’en veux, et c’est normal. On s’en veut mutuellement et… et je pense… enfin, Louis, on a besoin de temps. On a besoin de temps pour réfléchir à tout ça. Pour réfléchir à notre relation, à notre futur…
- Du temps ?

La colère avait laissé place à la douleur et la tristesse, mais elle revient. Je suis en colère parce que le temps ne nous a jamais été favorable et je suis en colère parce qu'elle a raison. J'inspire doucement, pour essayer d'évacuer cette rage soudaine. Qu'adviendrait-il de nous si on laissait le temps nous filer entre les doigts ? Je pose ma main sur la sienne. Le contact me provoque un frisson, désagréable au milieu de la fièvre, mais qui électrise mon corps entier.

- Oui je t'en veux. Un peu. Au moins autant que je m'en veux. Et c'est pas la question de Ian ou des enfants ou de je ne sais quoi. Et je crois pas que passer du temps à réfléchir nous aidera plus.

Je marque une pause, entre deux reniflements pathétiques.

- La vie sans toi, pour moi elle existe pas. J'peux pas l'expliquer, mais, Carla, sans toi je suis rien. C'est comme si je n'étais plus moi. J'ai besoin de toi. Pas de réfléchir à ce que je veux de nous plus tard. Je ne me pose même pas la question et j'ai pas le choix. Pour moi, c'est toi ou rien. Tu peux dire que c'est stupide, mais c'est comme ça. J'ai pas besoin de temps, on en a déjà perdu assez. J'veux pas réfléchir sur nous, je veux agir pour nous.

Je ne veux surtout pas me réveiller un matin et me dire qu'elle ne sera plus jamais là à mes côtés. Je ne serai jamais prêt pour ça, jamais.

(c) DΛNDELION


Dernière édition par Louis M. Jørgensen le Dim 18 Avr 2021 - 8:48, édité 1 fois
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Humaine Innocente
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptySam 17 Avr 2021 - 0:53

Elle n’avait pas envie de revivre cette souffrance, cette horreur, ce film en noir et blanc de Little Angleton déserté. Cette simple idée faisait mourir son cœur.

– Je sais…

Comme un écho à ses pensées.
Et pourtant, la simple idée qu’il reste avec elle dans la douleur, l’épouvantait encore plus. Qu’il puisse sacrifier sa vie pour des souvenirs accrochés à une falaise comme des volutes de fumée, ce n’était pas concevable. Pas respirable. Leur cœur resteraient accrochés pour toujours l’un à l’autre, mais à quel prix ? Combien de peine et de larmes ? Combien de temps avant que l’amour ne se mue en haine ?

– Du temps ?

C’était le poids de la culpabilité, le poids de la rancœur, également, un peu. De la rancœur contre Louis, contre elle-même, contre le monde entier qui ne cessait de se mettre entre eux… alors qu’apparemment ils étaient très doués pour le faire sans que le reste du monde s’en mêle.

– Oui je t’en veux. Un peu. Au moins autant que je m’en veux. Et c’est pas la question de Ian ou des enfants ou de je ne sais quoi. Et je crois pas que passer du temps à réfléchir nous aidera plus.

Un spasme l’envahit et, avant même qu’elle ne le réalise, elle avait retiré sa main de la chaleur sourde en provenance de Louis. Retrouvé la distance et la souffrance solitaire.

– La vie sans toi, pour moi elle existe pas. J’peux pas l’expliquer, mais, Carla, sans toi je suis rien. C’est comme si je n’étais plus moi. J’ai besoin de toi. Pas de réfléchir à ce que je veux de nous plus tard. Je ne me pose même pas la question et j’ai pas le choix. Pour moi, c’est toi ou rien. Tu peux dire que c’est stupide, mais c’est comme ça. J’ai pas besoin de temps, on en a déjà assez perdu. J’veux pas réfléchir sur nous, je veux agir pour nous.

Elle sentit ses mains trembler, malades, l’envie incendiaire de nicotine dans ses veines. Encore, encore et encore. Fumer clope sur clope jusqu’à ce qu’un écran suffisamment opaque la sépare de tout le reste. Seuls les ombres existeraient dans ce monde de grisaille. Des ombres de corps pour l’effleurer, pour s’oublier. Des ombres de corps sans visage, comme une foule qui la prenait et la berçait avant de disparaître, happées par la fumée.

– Mais c’est ça le problème ! On ne réfléchit jamais, on fonce tête baissée, on ne parle pas.

Elle baissa le regard sur ce manteau qu’elle n’avait jamais enlevé et ça lui parut soudain évident. Horrible, déchirant, mais évident.

– Je… Tu… Tu n’as peut-être pas besoin de temps, mais moi si.

La jeune femme frotta les mains contre le tissu de son jeans, comme pour les brûler, comme pour effacer ce qu’elle allait dire. Est-ce que si elle les frottait suffisamment fort, suffisamment rapidement, elle pourrait disparaître ? S’effacer entièrement ?
Puis elle se releva soudain, comme si un ressort avait percé le canapé sous elle

– Je vais… j’ai besoin de quelques jours. Soigne toi, repose toi. Et réfléchis. J’ai besoin qu’on en reparle à têtes reposées.

Sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit, elle se dirigea vers la chambre et fourra son ordinateur et quelques habits dans un sac. Son ventre la brûlait et elle se demandait si ses organes n’allaient pas se décrocher pour terminer dans ses orteils. Mais rien ne bougea, ni la bile dans son ventre, ni la douleur cruelle en elle.
Ses affaires sur le dos, elle repassa par le salon où elle vit Louis. Elle se dit que ça serait si facile de tout envoyer balader, de dire que c’était tant pis et qu’ils en reparleraient demain, ailleurs, un autre jour, mais que là elle pouvait se glisser entre ses bras, regarder un film sur Netflix, lui préparer une soupe pour calmer son rhume… Fuir dans le quotidien rassurant qu’ils avaient construit.
Qu’ils avaient construit sur des non-dits.

– Je t’écrirai.

Elle regarda le téléphone à l’écran noir posé sur la table. Risquait-elle tout en ce simple instant ? Peut-être qu’il ne voudrait pas la lire. Peut-être qu’elle lui brisait une fois de trop.
Mais c’était trop tard pour revenir en arrière. Elle rejoignit la porte et se glissa dans la cage d’escalier, dévalant les escaliers le plus rapidement possible pour s’empêcher de se retourner, s’empêcher de penser, s’empêcher de revenir en arrière. Arrivée en bas, elle sortit son téléphone et tapa quelques mots, rapides.

Tu es dans le coin ? J’ai besoin de parler à une amie. Et de squatter chez quelqu’un, aussi…

En quelques clics supplémentaires, le message fut envoyé à Luka. Puis, réalisant qu’elle avait laissé derrière elle sa petite boîte en fer, elle rouvrit une nouvelle page.

Rdv à la bibliothèque dans 30 min

Elle n’écrivait à Leah que pour lui acheter de la beuh et elle n’avait nul doute que celle-ci comprendrait le message. La bibliothèque n’était qu’à vingt minutes en vélo, ce qui lui en laissait dix pour pleurer.
Les doigts accrochés à la selle de son vélo, elle laissa éclater les sanglots qu’il lui semblait avoir elle-même cherchés.
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MessageSujet: Re: A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis   A nos espoirs dévoyés | Carla & Louis EmptyDim 18 Avr 2021 - 9:28



A nos espoirs dévoyés
Carla & Louis

« Au début, on croit mourir à chaque blessure. On met un point d'honneur à souffrir tout son soûl. Et puis on s'habitue à endurer n'importe quoi et à survivre à tout prix. » - Virginie Despentes
Sa main qui s'en va comme brûlée par le contact. Mais je continue de parler, parler comme si le souffle de ma voix pouvait peut-être éteindre ce feu assassin. Je déblatère et ferme les yeux sur ce qui va exploser : elle me reproche ce qu'elle me fait et inversement. Les jeux sont fait. Rien ne va plus.

– Mais c’est ça le problème ! On ne réfléchit jamais, on fonce tête baissée, on ne parle pas.

C'est Carla qui se met en colère et moi qui la ravale sagement. Je me sens impuissant comme un enfant de cinq ans qui a fait une bêtise parce qu'on l'a laissé seul. Je suis coupable et innocent, au moins autant qu'elle, mais je ne m'autorise pas la rancœur. Un sentiment profond et infatigable de culpabilité ronge tranquillement son frein jusqu'au jour où il ne pourra plus s'arrêter. Je ne suis plus l'enfant de cinq ans, mais j'ai gardé sa fragilité incapacitante. Je ne suis plus ce gamin, j'ai grandi et je me suis abîmé dans le processus.

– Je… Tu… Tu n’as peut-être pas besoin de temps, mais moi si.

J'ai un rictus déplacé. Le goût de l'amertume se répand dans mon cœur et embrase ma langue. Ce n'est pas de besoin qu'il s'agit, mais d'envie. Je ne veux pas de temps. Je ne veux pas. Je ne veux plus. Je boucle mes pensées dans un cercle d'ignorance et de refus. Le temps m'a toujours fait défaut et nous a éloignés. Le temps m'a fait peser le poids de l'existence et reconnaître cette lourdeur étouffante. J'ai cru mourir parfois, à voir les aiguilles n'avancer pas sur le cadran de l'horloge terne sur ce fond de mur blanc, dans ce lit d'hôpital. Le cliquetis léger et presque imperceptible de la trotteuse était une écorchure de plus sur mon âme dévastée. J'ai peur du temps qui file sans elle. Et je reste ballant alors qu'elle s'en va. Je reste pétrifié de cette peur souveraine.

- Je t’écrirai.
- Ne le fais pas.

Elle est partie.

Ses pas dévalent les escaliers et résonnent dans mes oreilles.

Les débris du pain au chocolat traînent sur la table.

La porte grince, encore ouverte, sous un coup de vent.

Soudainement il est dix-sept heure et rentre en furie un Declan inquiet. Je suis sur le canapé, je n'ai pas bougé. Mon téléphone n'a pas sonné, sa batterie toujours à plat. Il me parle. Il dit des choses. Je ne comprends pas. Je suis dans le vague, le flou, l'abîme. Je ne pense qu'à elle en essayant de ne pas y penser. Declan me tend un verre d'eau que j'attrape machinalement. Je bois jusqu'à la fin comme on boit pour l'ivresse. L'eau me fait tousser et je crache mes poumons jusqu'aux larmes qui ne demandaient qu'à couler après cette apathie. J'entends ses questions et je n'y réponds pas. D'un coup je me lève, comme elle s'est levée et je jette le verre contre un mur.

- C'est ça casse toi ! Laisse-moi ! Laisse-moi... Laisse-moi...

Mon verre s'est brisé
Comme un éclat de rire.


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