Je me réveille dans le brouillard. J'ai mal dormi, et pas assez. La raison? Un oiseau.
Je dors la fenêtre ouverte en ce moment à cause de la chaleur. Et à quatre heures du matin, un imbécile de piaf a décidé de venir chanter aussi fort qu'il le peut sous MA fenêtre. Je suis sûr qu'il savait que la fenêtre était ouverte. Il l'a fait exprès.
Résultat des courses, mon second oreiller est passé par la fenêtre et l'emplumé vole toujours.
Maintenant faut que j'aille chercher mon oreiller dans la rue. Fait chier.
Il est actuellement cinq heures. Oh joie.
Je me lève en grognant du lit, me prends les pieds dans la couverture mais parviens miraculeusement à ne pas tomber et commence à trainer les pieds jusqu'à la cuisine.
Cependant, dans mon état semi-comateux, je ne vois pas le piège vicieux devant moi. Et je me prends les pieds dans le fil de la lampe sur pied qui a décidé de changer de côté pendant la nuit, laissant son fil trainer comme un piège. Qui n'attendait qu'un imbécile pour tomber dedans. Moi.
Je m'étale de tout mon long, face la première sur le sol. Génial. Je grogne et plie mes jambes avec dans l'idée de me remettre debout. Sans prendre en compte le fil encore emmêlé dans avec pieds. Et évidemment... Je me prends une nouvelle attaque de la lampe terroriste qui n'a pas dit son dernier mot. Elle tombe sur ma tête et me renvoie illico face contre terre. Elle vise bien en plus.

- Pu-tain.

En plus ça fait mal! La lampe glisse lentement jusqu'à atterrir à côté de moi et je lui envoie mon plus beau regard noir.
Elle n'est pas impressionnée pour autant et ne bronche pas, me renvoyant l'image de son abat-jour blanc dans toute sa splendeur.
Je pousse un soupir bien trop las pour un début de journée et me relève, en commençant cette fois par m'aider de mes mains. Des fois que le grille pain veuille m'attaquer de là où il se trouve...
Je remets la lampe à la place qu'elle n'aurait jamais dû quitter. D'ailleurs c'est de ma faute, je l'ai déplacée hier soir pour avoir de la lumière parce qu'elle était allumée et que j'avais la flemme de me bouger jusqu'à un interrupteur, quand il était plus simple de tendre le bras et de se pencher pour choper ma nouvelle ennemie. Elle n'était pas obligée de me le faire payer si cher...
Bref, maintenant que j'ai passé le couloir de la mort avec son piège magistral au bout, je peux peut être songer à atteindre la pièce finale. Autrement dit la cuisine. Chose surprenante, il ne m'arrive rien pendant les 2 mètres qui me séparent de la cuisine. Hourra?
J'ouvre le frigo pour choper la bouteille de lait. Il y a un truc qui cloche. Mais je ne sais pas quoi. J'hausse les épaules et sors un bol. J'ouvre le bouchon de la bouteille pour m'apercevoir qu'elle est neuve.
Oh joie, retirer le bout de je ne sais pas quoi gris qui garde la bouteille fermée. Je suis toujours à moitié dans le brouillard, mais je pense que je vais réussir. J'attrape donc le dit truc et tire dessus. Trop fort. J'en fou en dehors de la bouteille. Bah, c'est pas si grave, je passerai l'éponge. Je prend le bol et commence à verser le lait dedans. Mais là encore, je m'y prend trop brusquement et en renverse la moitié à côté et parviens même à m'éclabousser. Et ça fait tilt dans ma tête. Voilà la raison pour laquelle je suis censé boire du thé le matin. Parce que le lait ne m'aime pas, et que je le lui rends bien. Au moins avec l'eau, je n'ai qu'à ouvrir le robinet et mettre la casserole en dessous. Si j'ouvre trop fort, ça ira dans l'évier. Et après, le temps que l'eau chauffe, je deviens suffisamment lucide pour ne pas m'ébouillanter tout seul en la versant. En général.
Je pousse un nouveau soupir et jette un regard désespéré à mon bol. Je peux aller me recoucher? Je sens mal la journée à venir. J'arrive quand même à trouver le courage de nettoyer mon bazar -personne ne le fera pour moi de toute façon- et d'avaler le bol de lait. Enfin, ce qui a réussi à atterrir dedans quoi.
Je pose le bol dans l'évier et me prépare psychologiquement à repartir dans le couloir de la mort, direction la salle de bains.
J'en ressors 30 minutes plus tard, toujours dans le brouillard, et traine ma carcasse jusqu'à ma chambre. Je jette un regard de tueur à la fenêtre. Non je n'ai toujours pas digéré le coup de l'oiseau. 6h. Je soupire et décide de refaire mon lit. En tournant autour de ce dernier, je m'écrase à nouveau au sol. Non, pas une attaque de la lampe, mais une valise que je sais pas ce qu'elle fou là. Je passe bien 5 minutes à la fixer en fronçant les sourcils, toujours au sol. Valise... Valise... Valise!
Je pars au Japon aujourd'hui! Comment j'ai pu oublier? Alors même qu'hier encore Ren m'appelait et me disait "et surtout sois à l'heure. 8h tapantes chez moi." Il est 6 heures... Je me retourne sur le dos et passe l'heure qui suit à ruminer et à trainer chez moi. L'heure suivante est consacrée à la préparation psychologique pour retourner là bas. Et à aller chercher mon oreiller aussi.
Parce que, complètement dans le gaz, je me suis téléporté dans un arbre au lieu de me téléporter au sol normalement et de ramasser mon coussin. D'ailleurs, je suis tombé de l'arbre.
Encore 15 minutes... J'en passe 10 à vérifier ma valise, même si ça ne sert à rien vu mon état. Il me reste 5 minutes, ça devrait suffire à trouver la sonnette de la porte de Ren. Je me téléporte donc jusqu'à chez lui. Sauf que je me téléporte du mauvais côté de la porte et que je tombe nez à nez avec Ren.

- Yo.

Je dois avoir une expression qui fait peur.

Un départ... qui traîne.

Je me levais de bonne humeur ce matin-ci. Takeji devait arriver à 8h devant chez moi. C'est donc avec flemmardise que je fus réveillé par mon alarme à 6h30 tapante.
Me passant une main dans les cheveux, je descendis les larges marches pour me retrouver au rez-de-chaussée. De cette même flemmardise qui m'avait levée, je sortis la chicoré, et fit bouillir l'eau. J'éternuais tandis qu'un vent frais passait dans la maison. Je me tournais vers l'origine du souffle d'air et remarquais que ma porte à l'arrière de la maison était ouverte. Je m'y dirigeais et sortis une tête un peu brumeuse. À droite, à gauche. Non. Il n'y a rien. Mais je n'eus pas le réflexe de regarder à terre, et trois intrus intrus se faufilèrent dans la maison.
Finalement alerté par deux bruits de pattes sur le bois, je me penchais et tombais nez à nez face à Mokkun, Rin et Hiro. Je les avaient complètement oubliés. M'accroupissant près d'eux, ils eurent droit à un petit câlin.

-Je suis désolé, vous allez devoir vous débrouiller seuls. Je pars une semaine au Japon, voir de la famille ainsi que celle de Takeji.
Tu vas nous laisser?
-Je reviens peu après, ne vous en faites pas.

Et je leur lance un sourire. Je sais qu'ils sauront se débrouiller. Alors, je me relève et laisse les boules de poils se balader à travers la maison, et prendre possession des lieux. J'ai déjà préparé leur nourriture, ils n'ont qu'à se servir.
Ce n'est qu'au moment d'entendre l'eau bouillante que je me dirige vers la cuisine. Éteignant la machine, je rajoute la chicoré et déjeune tranquillement.
Enfin, je remonte, m'habille et (les miracles n'arrivent pas tous les jours) passe trente minutes à me coiffer. Je m'habille d'une chemise noire, d'un pantalon tergal, d'un collier à la croix stylisée dorée et d'une montre. Je vérifie les derniers préparatifs de ma valise et descend avec celle-ci au rez-de-chaussée. C'est alors qu'un bruit me parvient de l'arrière de la maison. je me fais silencieux, et voit Takeji. Ben alors tu t'es perdu? Vu la tête que tu fais, on pourrait croire.

- Yo!

Oh mon pauvre t'es pas matinal, ou bien tu t'es fait agresser par ton mobilier. Je manque de rire, mais j'ai peur qu'il le prenne mal alors je préfère une bonne poignée de main.

-Bonjour Takeji. Je n'ai pas vu l'heure passer -je regarde ma montre.- Hum, tu es pile à l'heure. Permets-moi de prendre tes bagages, ou bien suis-moi, je vais les mettre dans la voiture.

Il ne répond pas. Je souris d'un air railleur. Il n'a pas de chance. Il n'est pas réveillé. Heureusement que c'est moi qui conduit.
Je me dirige vers la porte d'entrée et, file jusqu'à la voiture dans le garage. Mercedes. J'adore cette marque, car les sièges sont très confortables. Je mets ma valise dans le coffre et me retourne. Takeji ne m'a pas suivi. Je soupire et m'installe côté conducteur. J'appuie sur le klaxon et crie le nom de Takeji.
J'ignore s'il m'a entendu, mais il n'y a rien de mieux pour réveiller.

Dormir. Dormir. Dormir. Dormir. Dormir. Qu'est ce que je fais là déjà?
Ah ouais, le voyage. Dormir. Dormir. Domir. On y va... En avion. Je crois. Ren me serre la main. Je lui ai dis bonjour?

-Bonjour Takeji. Je n'ai pas vu l'heure passer -il regarde sa montre.- Hum, tu es pile à l'heure. Permets-moi de prendre tes bagages, ou bien suis-moi, je vais les mettre dans la voiture.

Lui, il est réveillé. Je suis pile à l'heure? Dans mon état? Je suis trop fort. Ren sourit d'un air railleur. Il est beaucoup trop réveillé à mon goût. En même temps, tant mieux, c'est lui qui conduit. Je le regarde ouvrir la porte que je n'ai techniquement pas encore passé ce matin, bien que je sois quand même de l'autre côté. Et il disparait de mon champs de vision. Ah.
Je devrais peut être bouger non? Je regarde ma valise, espérant un soutien moral. Sauf qu'aujourd'hui elle a décidé d'être muette et donc ne m'envoie aucune onde. Oui, je parle avec les objets. C'est pas nouveau.
J'entends un fort coup de klaxon et mon nom est crié. Enfin, je crois que c'était mon nom... Je m'appelle bien Takeji hein?
Faut que je dorme.
J'attrape ma valise et avance en trainant jusqu'à la porte que je passe. Regard à droite. Rien. Regard à gauche. Quelque chose.
Allons-y pour le quelque chose.
Quelques pas -si on peut appeler ça des pas- et j'arrive devant la voiture de Ren. Je vais jusqu'au coffre ou je place ma valise, pour ensuite aller ouvrir la portière passager et m'écraser sur le siège. Je soupire profondément et j'entends un rire à côté de moi.
J'ai même pas la force de tourner la tête pour lui envoyer un regard mauvais. Donc je l'envoie au pare brise devant moi, et j'espère qu'il le verra dans la réflexion. Il FAUT que je me réveille avant qu'on arrive. Sinon je ne survivrai pas aux retrouvailles avec mes parents. Il faut être parfaitement réveillé pour pouvoir suivre avec eux. Mais on verra ça quand on y sera. Parce qu'il faudrait déjà que je passe l'aéroport. Bref. J'entends vaguement Ren me dire de ne pas bouger tandis qu'il va s'assurer que toutes ses portes sont fermées.
Pas bouger? Enfin un truc que je peux faire. Allez Takeji, réveille toi. Il revient finalement, et je crois qu'il rigole à la tête que je fais. J'essaie vainement d'attacher ma ceinture, mais là encore je galère et Ren est obligé de venir à mon aide. Je lui envoie un sourire penaud et il rigole.
Le voyage jusqu'à l'aéroport se passe tranquillement. Ren essaie de me m'éveiller en parlant. Et ça marche plus ou moins. Enfin, disons que j'ai l'air un peu plus réveillé. Juste un peu.
Dans le doute, je vais laisser Ren tout faire et me contenter de porter ma valise gentiment hein.

Atterrissage à Kyoto.

Soit il fait exprès, soit il a un gros problème. Je dois tout faire pour lui. Tiens, d'ailleurs pendant le moment où nous sommes dans la voiture, il s'est même assoupi. Bref, nous voilà aujourd'hui devant l'aéroport d'Édimbourg. Takeji prend sa valise, il est toujours aussi paumé. J'espère qu'il ne va pas me perdre de vue.
Nous n'avons pas perdu trop de temps, et l'avion s'envole pour 11h. ça nous laisse environ deux heures. Ça va être un peu serré.
Après avoir vérifié les horaires de vol sur les panneaux, nous nous dirigeons vers les guichets d'enregistrement des bagages. Pièce d'identité, carte d'embarquement, et nos valises filent jusqu'à l'Airbus. Nous partons avec la compagnie Air France. Je ne l'ai utilisée que très rarement. Mais ça ira. Je soupire, et indique à Takeji de me suivre. Il est déjà 9h45. Le temps passe rapidement. Pas de temps à perdre. Je recherche dans les dédales de couloirs le terminal 5. Ah! Trouvé! Nous passons la douane puis les détecteurs de métaux -je dois enlever l'étui de mon ordinateur portable.- Puis, nous nous retrouvons au hall d'embarquement. Plus qu'une heure à attendre. Ça va, on a le temps. Reste plus qu'à s'occuper.
Je regarde Takeji. Il n'est toujours pas réveillé. D'un sourire, je lui lance :

-Tu peux dormir, je te réveillerais lorsqu'il sera l'heure. Ensuite, tu auras tout le temps pour dormir. -je fixe le billet- Nous atterrissons à l'aéroport International du Kansai. Nous allons devoir faire un tout petit détour pour voir Mamie qui habite à quelques kilomètres de l'aéroport.

Je me tournais vers lui, mais il dormait déjà profondément, et sa tête était tombée sur mon épaule. Je ne pus m'empêcher de rire.
L'heure passa rapidement, car j'avais sorti mon ordinateur portable.
Je réveillais Takeji, et nous embarquions. Classe économique... Je ne m'y ferais jamais. Takeji se sentais à l'aise, mais c'était étroit pour moi. Je soupirais et m'endormis à mon tour.

Le temps passe vite quand on dort. L'hôtesse annonce l'atterrissage. Nous avons déjà nos ceintures, donc ça ne nous est pas vraiment adressé. J'adore les décollages et les atterrissages, parce que c'est là qu'on sent la vitesse de l'appareil. Littéralement projetés contre le siège. Nous sortons de l'avion, allons rechercher nos valises au terminal et sortons de l'aéroport. Takeji à l'air plus réveillé. Tant mieux, parce qu'on prend les transports en commun maintenant. Et là, il faut être attentifs.
Je soupire lorsque nous prenons les bus de l'aéroport. Je connais bien l'itinéraire pour aller chez Mamie. Ça ne pose pas de problèmes.

Nous arrivons à peine trente minutes plus tard, et je sonne chez elle. Une petite dame, toute ridée et rondelette, typiquement asiatique grâce à ses yeux, et son sourire chaleureux nous accueillent. Je me baisse pour l'embrasser. Je fais les présentations. Takeji a repris du service, il acquiesce à chacune de mes phrases quand je parle de lui. Nous discutons quelques minutes, mais puisqu'elle est fatiguée -la canicule est arrivée au Japon- j'en arrive au sujet principal :

-Mamie, je peux reprendre ma voiture dans ton garage? Je dois aller chez les parents de Takeji et en transports en commun, ce n'est super.

Elle acquiesce. Je lui souris. Je lui dis "au revoir" et prend la clé de la voiture. Nous démarrons.

Je dors debout et je suis Ren tant bien que mal. Finalement, après tout un tas de trucs que je suis incapable de décrire parce que j'ai rien suivi, nous nous asseyons dans un hall d'embarquement. Hourra, au moins je ne m'écroulerai pas de trop haut quand ma colonne vertébrale aura décidé de me lâcher. Ren me dit avec un sourire:

- Tu peux dormir...

Il a prononcé le mot magique. Je bloque dessus et m'endors presque instantanément.
Hmm, on me secoue. Nan, je veux dormir. Marre des gêneurs. La secousse s'intensifie un peu. Je grogne et ouvre les yeux. C'est pas ma chambre ça... Oh, l'aéroport, c'est vrai. Comment je me suis endormi? Ah, c'est l'épaule de Ren qui m'a servi de coussin. Je savais qu'il y avait une raison à notre amitié.
Je me sens un peu mieux. Tremblez, Takeji est de retour!
Je suis même suffisamment en forme pour marcher la tête haute en classe économique. Évidemment, j'ai l'air terriblement content uniquement pour embêter Ren qui jette des regards désespérés autour de lui. Sale riche. Je ricane quand il s'assoit en ruminant quelque chose à propos de l'espace entre les sièges. Allez Boule de poil, tu survivras. Sois content, au moins t'es pas dans la soute, en cage avec tes amis les poilus. C'est bien la classe économique hein? Râle encore et je te balance au retour, tu vas voir. Voyage en cage. D'ailleurs, l'animal s'endort, et je fais pareil.
Je suis réveillé par l'annonce de l'hôtesse. Arrivés? Déjà? On dirait bien.
Bref, récupération de valise et hop direction chez la grand-mère. Arrivés sur place, Ren lui fait la bise et ils commencent à discuter. J'acquiesce de temps à autre. J'aime bien la grand-mère. Finalement, Ren va chercher sa voiture et on est repartis. Il nous conduit jusqu'à Osaka et je prends le relais à partir de là. Comprenez c'est moi qui guide, hein. Je ne m'imagine même pas conduire. Ça vexerait mon don.
Ha, je suis trop fier de moi, je sais où j'habite. Nous descendons de la voiture et je me dirige vers une maison. La mienne en fait. La maison en question est assez simple, relativement grande -de mon point de vue évidemment- et a de grandes baies vitrées qui laissent entrer la lumière devant et sur le côté droit. J'avance ma main vers la sonnette mais me stoppe soudainement. Je dois le prévenir.

- Ren, peu importe ce que tu vas voir et entendre, tout est normal ok? Je ne me suis pas trompé de bâtiment.

Et avec ça je sonne. La porte s'ouvre à la volée et je reçois des confettis dans la figure suivis de près par un missile qui se jette sur moi avec un grand:

- Takejiiiii, mon fils! Tu te souviens du chemin de la maison! Je suis si fier de toi.

Taille moyenne, corpulence normale, cheveux noirs en pétard. Ouais pas de doute: voici mon père.
Il m'étouffe presque avec son câlin. Et il ne veut pas me lâcher. Il est soudainement tiré en arrière et envoyé négligemment par terre par une femme aux longs cheveux blonds. Celle-ci me fixe du regard et commence à enlever des confettis de mes cheveux sans un mot. Son visage se fend d'un coup d'un énorme sourire et elle attrape mes deux joues pour tirer dessus et dire:

- Qui c'est qui est revenu à la maison hein? Bienvenu chez toi!

Oui le blond est dû à une teinture. Oui c'est ma mère. Oui elle est en train de me bousiller les joues.

- 'âche 'es 'oues 'a'an. (Traduction: lâche mes joues maman.)

Elle tire dessus une dernière fois avant de me libérer. Raah, maaaal. Heureusement, y'a pas trop de témoins. Juste un. En parlant de lui... J'espère qu'il va s'en remettre. Bah! Il a l'habitude. Je me frotte une joue et me tourne vers lui:

- Je suppose que t'as deviné. Mais bref, Ren, voici mes parents. Je me tourne vers eux: et vous, voici Ren, mon meilleur ami, professeur à l'orphelinat comme moi.

Je vois mes deux parents sourire à la mention de "meilleur ami". Mon père se relève, m'attrape et me tire dans le couloir d'entrée, avant de me dire d'un air solennel:

- Quelle est la porte du salon?

Ha, ha, marrant. Je tends un bras et fais coulisser la porte à ma droite, en fixant mon père du regard. Pour la seconde fois de la journée un truc me saute dessus, et me fait tomber dans le couloir. Le truc en question me lave la figure à coup de langue. Voici Yuki, Golden retriever de son état. Grosse masse de poil géante avec une force qu'il ne devrait pas avoir. J'espère qu'il s'entendra bien avec Ren-le-chat. Mon père rigole, je suis sûr qu'il avait enfermé le chien là exprès. Je renverse la tête en arrière pour fixer Ren depuis le sol, tout en tenant la tête de Yuki loin de moi pour pouvoir parler:

- Entre entre, fais comme chez toi. Je pense que la route jusqu'au salon est sûre maintenant.

Mon père rit encore plus fort.

Après l'effort, le réconfort. Qui est l'idiot qui a inventé cette phrase?

Pourquoi aurais-je dû me douter que la famille aurait le même caractère que leur fils...
Quoiqu'il en soit, je ne m'en suis pas douté... et j'ai de profonds remords maintenant.

- Ren, peu importe ce que tu vas voir et entendre, tout est normal ok? Je ne me suis pas trompé de bâtiment.

Maintenant que tu parles, c'est pas très rassurant...
Et c'est en effet encore moins rassurant de voir les parents de Takeji. On se demande bine de qui il tient. À vrai dire, je ne le sais pas. ses parents sont deux cas mentaux, je me demande s'ils sont pas allés à St Anne dans leur jeunesse...
Bref, je souris, car dans ces moments-là, mieux vaut sourire que désespérer. J'assiste aux deux cas qui s'acharnent sur leur fils d'un air sarcastique. Et je soupire. Le voilà qui parle de moi. Je leur souris, afin de donner une bonne impression aux parents.
Il entre dans la maison, et je le suis de très près. Je soupçonne qu'il y ai un gros gag dans la maison.
Je l'ai trouvé. Un gros golden. Tout noir et bien en chair et en muscles.

- Entre entre, fais comme chez toi. Je pense que la route jusqu'au salon est sûre maintenant.

J'acquiesce et franchit la porte après Takeji. Je fixe un instant le chien, qui a l'air aussi bargo que la famille. Il me parle comme s'il était bourré, mais sa façon de formuler est convenable. Je lui souris, après avoir un peu fait connaissance.
Je me tourne vers Takeji et lui murmure à l'oreille :

-C'est vraiment normal d'avoir une famille comme ça? J'espère que tu deviendras pas comme ça en grandissant... Je te préfère comme tu es là...

J'observe la maison. Un peu petite, mais c'est mignon. Ça fait un peu maison de poupée. J'aime bien. je scrute le moindre détail d'un oeil expert, et ne peux m'empêcher de lancer à haute voix mon verdict :

-Oui, c'est petit mais mignon. J'aime bien.

Et mon ventre gargouille, parce que oui, nous avons dû faire 10 à 12h de trajet en avion, que nous sommes passés en coup de vent chez ma mamie sans un biscuit dans le ventre, que la pénombre n'est pas encore tombé sur le Japon, et que le décalage horaire est une affreuse chose.
En gros, j'ai faim. Et comme je pense que Takeji s'en est rendu compte, je lui lance gentiment.

-Eh! La cuisine est où? Je commence à avoir faim.

Et je me dirige vers les parents de Takeji. Je leur lance un de mes plus jolis sourires et d'un geste qui se veut désordonné, je leur demande la même chose.
La mère m'y accompagne, et je regarde avec appétit un bon petit gratin qui nous attendait. Je lève la tête et regarde Takeji.

-C'est pour nous?

Je soupçonne une autre blague, alors je laisse Takeji se charger du reste. Je ne m'étonnerai pas de voir sortir des confettis du pot de moutarde, ou un gant de vaisselle dans mon lit.
Famille de chtarbés, j'vous jure...

-C'est vraiment normal d'avoir une famille comme ça? J'espère que tu deviendras pas comme ça en grandissant... Je te préfère comme tu es là...

En grandissant? Nan mais je te signale que je suis déjà adulte là. Ça veut dire quoi ça hein? Non je ne suis pas un môme même si je me comporte comme tel 99% du temps.
Franchement. Je vire le chien qui me colle et discute rapidement avec mes parents pendant que Ren observe les alentours.

-Oui, c'est petit mais mignon. J'aime bien.

Hourra, on a conquit la critique. Mon père me fait un clin d'oeil. Quoi encore? Il a intérêt à bien se comporter.
C'est mort donc.
Ren, va falloir que tu survives une semaine. Mais attendez, il reste ici pour la semaine ou bien? Je crois que oui. Après si il préfère aller ailleurs, libre à lui. Il connait le pays de toute façon. En fait, il se comporte comme je lui ai demandé de le faire et est déjà en train de devenir ami avec mes parents. Tout du moins ma mère. Je retiens le paternel pour le moment.
Bon, arrivés dans la cuisine sans problèmes et la table a l'air de ne pas être piégée. Vous croyez que j'abuse? Peut être... mais habituellement, mon père place toujours au moins une de ses blagues par jour sur ma tête. Et là il n'a pas eu sa victime préférée depuis un moment. Voyez où je veux en venir? Il va tout rattraper en une semaine, et en placer en prévision des jours où je serai de retour en Écosse.
Ou pas. Il a peut être décidé d'être sage... Plus ou moins. Bienvenus chez les fous.

- C'est pour nous?
- Hmmnoui je suppose...

Ma mère me fait signe que c'est elle qui a tout préparé et je souris.

- C'est bon ça risque rien, je ris.

Après ça tout ça se déroule normalement. Nous discutons surtout de la vie en Écosse parce que ma mère veut absolument tout savoir. Mon père place régulièrement des commentaires qui font rire ou sourire et lorsque tout le monde a fini, je ne sais pas du tout l'heure qu'il est. Un coup d'œil à l'horloge. 13h*. 13h? Punaise attendez. On a prit un vol à 11h je crois... plus douze heures de vol à dormir... Et il est que 13h? J'en connais qui vont se coucher tôt. Ouais bah on va rien faire de la journée je pense. Vive le décalage horaire.
Ma mère nous expulse tous les deux de la cuisine en nous disant d'aller nous occuper. Je ris en pensant qu'on vient d'être traités comme deux gamins. Pouf, Ren dans le même panier. D'ici à ce que mes parents décident de l'adopter non officiellement. Ça ne me surprendrait même pas. Nous décidons de commencer par sortir les valises du coffre. Yuki nous accompagne jusqu'à la voiture l'air content, puis nous suit sur le chemin inverse jusqu'à la maison. Étrange animal...

- Hmm... Je suppose que tu restes ici pour la semaine non? J'vais te faire visiter histoire que tu ne te perdes pas, je ricane.

Y'a pas grand chose à voir en fait ici, il y a le rez de chaussée, le premier étage et le deuxième. Au rez de chaussée, le tour est vite fait, salon, cuisine, salle à manger. Tout communique plus ou moins. Ah! Mon piano, il m'a manqué lui. Au premier ce sont les chambres et le bureau. Je montre à Ren la pièce qu'il va occuper pour la semaine. J'ai le droit à une remarque sur la taille de la pièce en question. Je l'enverrai bien voler par la fenêtre pour voir si c'est plus grand dehors...
A défaut de la fenêtre y'a une autre option intéressante. En tout cas de mon point de vue. Mais ça va en amuser plus d'un c'est obligé.
Parce que je l'ai décidé et toc.
Ren s'est avancé dans la chambre et est près du lit. Vous avez déjà fait du rugby? Oui nan? C'est votre jour de chance aujourd'hui, je vais montrer au monde le plaquage parfait. Je me jette sur Ren pour le plaquer sur le lit. Oui attaque par surprise c'est lâche mais j'en ai rien à faire. Je me taperai avec une casserole en guise de punition plus tard. Là c'est l'heure d'expérimenter quelque chose.
Je fais ça pour la science.

- Dis moi, t'es chatouilleux?

J'attaque sans attendre de réponse.
Verdict? Il est chatouilleux. Il a tenu trois secondes -trois secondes de suspense incroyable. J'ai cru que j'avais raté mon coup, horrible- avant d'éclater de rire.

- Takeji, va promener Yuki, il veut se défouler, vient la voix de ma mère de quelque part en bas.

J'arrête tout mouvement et regarde Ren.

- Je suis sûr que tu meurs d'envie de tenir Yuki au bout d'une laisse. Le chat qui domine le chien, tu peux pas louper ça.

Si après ça je ne me prends pas un coup de coude ou une vengeance quelconque pour les chatouilles, je deviens moine. Promis.
Bien entendu, je ne précise pas quand exactement.


[*Estimation approximative, merci de ne pas m'en vouloir ^^"]

Je crois que je vais faire un attentat aux blagues pourries

Je soupire lorsqu'il me montre ma chambre. Il ne peut pas faire mieux? Pas que ce soit dérangeant, mais... si c'est dérangeant. Je bouge beaucoup la nuit alors j'ai besoin d'un lit deux places. Et là... non, comment dire? C'est petit... C'est grave. Je vais me retrouver par terre demain matin, c'est certain.

Alors je lui fait une petite réflexion par trop déplaisante, certain qu'il ne la prendrait pas mal. Certain qu'il la prendrait bien ET qu'il répliquerait gentiment, dirons-nous.
Parce que, voyez-vous, je suis chatouilleux. OUI, c'est affreux, je sais, mais c'est héréditaire. Ma mère l'est, ses gênes sont transmis, elle n'a pas à s'en faire.
n'empêche que dans une famille de gamins, c'est pas forcément la meilleure chose à avoir. Alors, tandis que je m'apprête à tester le matelas, je me fais violemment jeter sur le lit. Ce mec. Quel adjectif pourrais-je bien lui affubler? Je ne sais pas.
Ça ne l'empêchera pas d'avoir des idées bizarre. Alors arriva ce qui arriva. Il me chatouille, comme un gamin. Et comme un gamin, je rigole. C'est idiot quand on y pense.

Bref! ce petit inconvénient passé, la voix libératrice de sa mère retentit à mes oreilles. Je sens qu'on va bien s'aimer.

- Je suis sûr que tu meurs d'envie de tenir Yuki au bout d'une laisse. Le chat qui domine le chien, tu peux pas louper ça.

Promener le chien? Avec une laisse? Quel intérêt?
N'empêche que ça se voit qu'il voulait la placer cette phrase. Vais-je m'y habituer un jour? Peut-être n'aurais-je jamais dû tenter de lui montrer mes formes de métamorphose. Grosse erreur de ma part. Depuis, c'est "boule de poil" ou "chat". "Ren", c'est quand c'est pour parler d'une chose importante, ou bien en présence de plusieurs personnes.
Revenons à nos moutons. Takeji commence à attacher Yuki. Je l'arrête d'un geste et lui dis :

-Pas la peine. Il restera au pied. Pas vrai? dis-je en m'adressant au chien.
-Je n'hésiterai pas à te pourchasser comme une proie si jamais tu cherches à t'enfuir. ne puis-je m'empêcher d'ajouter mentalement.

Yuki baisse les oreilles en signe de soumission, et je souris gentiment, cependant fier de moi.

-C'est bon. Il restera près de nous. Ne t'en fais pas pour ça.

Alors, Takeji ferme la porte et nous sortons, Yuki lâché.
Ce dernier reste à bonne distance, sans dépasser une certaine longueur, et reviens souvent sur ses pas. Je reste silencieux un moment, les mains dans les poches, puis m'adresse à Take :

-Tu attends une revanche? Je pense que oui, et tu l'auras. Le seul problème, c'est que la rue, c'est pas super. Je peux toujours te balancer dans une piscine ou un truc du genre, mais ça serait pas marrant pour moi. Je suis en manque d'inspiration figure-toi, alors considère-toi en quarantaine pour le moment.

C'est vrai, je n'avais pas la moindre idée d'une éventuelle revanche. En fait, je ne pensais même pas la revanche. C'était sympa, bien que lâche, et puis je commence à m'habituer aux faits et gestes de Takeji. Après, reste à savoir s'il ne fait ça qu'avec moi, ce qui signifierait en quelque sorte que c'est moi qui lui fait sortir ses idées grotesques de la tête. J'eus envie de savoir, parce que c'est toujours bien de savoir si on a une tête à claque, à tarte ou autre.

-Dis, tu fais ton rigolo avec tout le monde ou quoi? Juste pour savoir.

Parce que oui, maintenant que j'y pense, ça m'intéresse vraiment. Alors je me tais en attendant la réponse, rappelle Yuki par un petit sifflement (car ce petit toutou en avait profité pour s'éclipser un peu, et élargir sa distance qui nous séparait l'un de l'autre) et marche lentement, observant les alentours.

Je ne sais pas ce que Ren raconte à Yuki, mais ça lui a fait de l'effet. Nous partons sans l'attacher.
Ok. De toute façon il trouvera bien le moyen de nous fausser compagnie quand ça lui plaira. Nous sortons et je m'amuse à regarder le chien vagabonder. Il fait un peu peur aux gens à cause de sa taille. C'est pas plus mal, tout le monde déteste notre famille dans le coin. Je sais que ceux qu'on croise me regardent méchamment mais je n'y fais pas attention. Habitude. J'espère juste que Ren ne le verra pas et ne fera pas de remarque dessus, sinon je suis bon pour justifier et pour une description du passé. Et j'ai la flemme.
Oui, c'est une excuse pour dire qu'en fait je n'en ai absolument pas envie.

-Tu attends une revanche? Je pense que oui, et tu l'auras. Le seul problème, c'est que la rue, c'est pas super. Je peux toujours te balancer dans une piscine ou un truc du genre, mais ça serait pas marrant pour moi. Je suis en manque d'inspiration figure-toi, alors considère-toi en quarantaine pour le moment.

Tiens j'avais complètement oublié. Donc je suis en sursis et il va me tomber dessus n'importe quand? Je note. Je vais penser à m'éloigner des étendues d'eau aussi... J'ai déjà vu ce que ça pouvait donner.
D'ailleurs, je ne dois pas me transformer en moine puisqu'il se vengera plus tard. Tant mieux, parce que je crois que je me serais fait jeter de tous les monastères existants.

-Dis, tu fais ton rigolo avec tout le monde ou quoi? Juste pour savoir.

Tiens tiens, curieux de savoir si il reçoit un traitement de faveur? Il ne va peut être pas aimer si je lui dis qu'effectivement, je suis moins exubérant avec les autres gens -ça rime!-... En même temps hein, je suis sûr qu'il ne se comporte pas comme ça avec les autres non plus. Donc on est quittes héhéhé. Il siffle et Yuki revient vers nous, pendant que je médite une réponse.

- Peut être, peut être pas, vas savoir, je lui souris. En attendant, t'es bien content d'avoir de la distraction. Et tu as un comportement différent quand tu es avec moi aussi, je rajoute en lui envoyant un léger coup de coude dans les côtes.

La vérité est que je lui donne une confiance aveugle et que je ne m'impose aucune barrière en sa présence. Mais ça, il peut toujours courir pour que je l'admette à voix haute. Encore plus sous son nez. Après son égo va grandir et le pauvre aura mal au dos d'avoir grandit trop vite.
Bon, je veux pas dire, mais on suit plus ou moins le chien là. C'est surement un très bon guide. Pour chiens. Ren est un chat et moi un humain. En toute logique, c'est au bipède de mener la marche. J'appelle Yuki qui revient en courant vers moi et freine d'un coup pour ne pas me rentrer dedans. Je tourne dans une rue et dirige tout le monde vers un parc. Dans un coin paumé du parc très exactement. Le genre d'endroit où il n'y a personne, parce que tout le monde est en train de jouer avec les jets d'eau plus loin ou carrément ailleurs dans un endroit plus frais. Il fait beaucoup plus chaud ici qu'en Écosse, j'en regrette presque de me plaindre de la chaleur là bas. Presque. Donc je continuerai à dormir la fenêtre ouverte et à râler ouvertement sur la chaleur. Jusqu'à ce qu'on arrive en hiver où je râlerai à cause du froid. Yuki se tire comme une flèche avant même que Ren ne puisse réaliser quoique ce soit. Je lui fais signe de le laisser faire, il a l'habitude. A dire vrai, pendant que le chien s'amuse, je ne sais pas trop ce qu'on va pouvoir faire.
Ah quoi que... Yuki revient droit vers moi en fonçant de toute la puissance de ses quatre pattes.
Vous avez déjà vu ces pub pour les croquettes pour chien? Les ralentis qu'ils passent pendant que le chien court dans l'herbe et tout? Bah là c'est pareil, le ralenti en moins. Je songe à leur proposer Yuki pour leur prochaine pub. Si vous voyez un gros golden retriever passer à la télé, pensez à nous.
Si je me prends cet animal à cette vitesse, je vais avoir très mal. J'ai failli utiliser la téléportation, mais me suis retenu. Pas ici. Il est clair que je n'arriverai pas à passer une semaine sans utiliser mon don, mais j'irai faire mumuse avec plus tard. A la place j'évite le chien qui me saute dessus et se rattrape en dérapant. Ok, round one, chien vs homme, on va voir qui est le plus fort. Je me jette sur Yuki qui remue la queue comme un dingue pour montrer son contentement et nous commençons à nous "battre".
Oui parce qu'en fait, je suis en train d'essayer de le renverser pendant qu'il essaie lui aussi de me foutre par terre. A force de jouer à ça depuis des années, j'ai de la force dans les bras et dans les jambes. J'ai quand même dû m'endurcir depuis que je suis parti, parce que j'arrive finalement à l'envoyer par terre. Nous envoyer par terre rectification, je suis pris dans l'élan. L'animal aboie et je joue un peu avec lui. Il a une super fourrure. Sérieux, j'adore la frotter dans tous les sens. Il se redresse finalement et se secoue. Aie! J'ai pris une claque avec ses oreilles. Maintenant un coup de langue. Beuah, il aurait pu m'épargner...
Il s'intéresse à Ren, qui n'a rien dit depuis un moment et qui a l'air songeur. Yuki lui tourne autour et je lance:

- Un truc te préoccupe Ren? Tu as le droit de dire ce que tu penses tu sais, je lui dis avec un sourire.

Un beau duo de rigolos

Après quelques secondes d'intense réflexion, Takeji me répond :

- Peut être, peut être pas, vas savoir. En attendant, t'es bien content d'avoir de la distraction. Et tu as un comportement différent quand tu es avec moi aussi.

C'est vrai que j'ai tendance à être plus ouvert avec lui. Ça n'empêche que je ne le chatouille pas toutes les secondes et tout ça! Je soupire et Takeji nous dirige vers le parc.
Et là, dans cet endroit où personne ne peut nous voir, Yuki se prend à une crise de nerf, et commence à courir partout. J'aimerais bien le rattraper et me changer en léopard, car le voir courir comme ceci me donne une étrange envie de me transformer. Le problème, c'est qu'un léopard des neiges au Japon, ça le fait pas forcément, et puis, je tiens à mes habits.
Mais Takeji me stoppe dans ma préoccupation, et Yuki revient à la charge.
S'ensuit juste après une sorte de jeu un peu bizarre. Ça ressemble au karaté kids, mais en version homme versus chien. En somme, c'est assez marrant. Takeji est vraiment un enfant. Il ne fait pas ses vingtaines d'années. Je soupire en les regardant s'amuser.
Puis finalement, il se stoppe. Yuki vient vers moi. Je l'observe avec intensité.

-Dis-moi, c'est tous les jours comme ça, quand Takeji était encore à la maison? Je veux dire, il a toujours été aussi... gamin?

Le chien acquiesce de la tête. Je soupire. Il tient vraiment beaucoup de ses parents. Il faut dire que moi aussi. Mon caractère sacrément chiant vient de ma mère.

- Un truc te préoccupe Ren? Tu as le droit de dire ce que tu penses tu sais.

Ah? Non. Pas vraiment en tout cas. J'étais juste perdu dans mes pensées, rien de très important. Mais maintenant que tu en parles, peut-être que oui, un truc me préoccupe. Je cherche dans ma mémoire une façon de formuler et me lance après quelques secondes de silence.

-Les personnes dans la rue. C'est peut-être que mon imagination. Mais dis-moi, elles te regardaient un peu comme un ennemi. Je veux dire, pas comme un ami quoi, ni une connaissance d'ailleurs. Tu n'es pas aimé dans le quartier? Je peux régler ça si tu veux. Ça fait jamais de mal de penser que tu es l'ami du fils de la directrice d'une grande entreprise.

Il me regarde avec des gros yeux. Je rigole. Encore une allusion avec ma richesse. J'aime le taquiner avec ça.

-Nan, la fin était pour rire, je veux juste savoir ce que le regard des passants sous-entend. Si ce n'est pas personnel.

C'est bête, parce que c'est forcément personnel. Mais je sais qu'il va m'en parler. Parce que d'un côté, j'ai conscience que nous sommes très proches et que presque aucune barrière ne se dresse entre nous deux. Je ne sais pas s'il s'en est rendu compte, mais c'est ce à quoi je pense sans cesse. S'il me pose une question, je tenterai forcément d'y répondre, peu importe comment. Aucune cachoterie, c'est ce que je pense.
Je soupire cependant lorsqu'il laisse un long silence entre nous deux. Peut-être n'est-ce pas si réciproque, finalement?

-Excuse-moi, je ne devrais pas te poser cette question.

Et je baisse les yeux, un peu déçu. Yuki me regarde, les oreilles hautes, à l'écoute et la langue pendante. Il est encore un peu fatigué par sa petite bataille. Takeji non. ça serait marrant de ne pas utiliser nos pouvoirs dans un petit combat, histoire de voir qui est le meilleur au corps à corps. J'ai fait du judo étant petit, et lui a, semble-t-il été entraîné par sa famille et son chien.
Un petit sourire apparaît et je relève la tête. Ah, finalement il s'apprête à parler.

Peut-être que?...

-Les personnes dans la rue. C'est peut-être que mon imagination. Mais dis-moi, elles te regardaient un peu comme un ennemi. Je veux dire, pas comme un ami quoi, ni une connaissance d'ailleurs. Tu n'es pas aimé dans le quartier? Je peux régler ça si tu veux. Ça fait jamais de mal de penser que tu es l'ami du fils de la directrice d'une grande entreprise.

Quoii? Il rit devant la tête que je tire, mais c'est pas marrant du tout.
Je vous jure que dès que je peux je l'enferme dans une caisse avec un sachet de riz, une boite de sardine, des allumettes et zou! Le tout direction Madagascar pour faire un stage de survie avec les babouins. Il va voir, à manger des bananes tous les jours, il ne dira plus jamais rien sur les classes moyennes de la société. Non mais.

-Nan, la fin était pour rire, je veux juste savoir ce que le regard des passants sous-entend. Si ce n'est pas personnel.

Boum, c'est tombé. Et merde.
A quelle vitesse suis-je capable de creuser un trou, de m'y mettre et de le reboucher? Probablement trop lentement. Il y a un silence.

- Excuse-moi, je ne devrais pas te poser cette question.
- C'est pas intéressant...

Tentative d'éviter le sujet avortée aussitôt que je croise son regard. D'ici à ce qu'il me sorte que je ne lui fais pas confiance et qu'il est déçu, il n'y a qu'un pas. Je soupire. Mais c'est vrai quoi, y'a rien à dire. Il baisse les yeux. Naan c'est bon, c'est bon je vais parler. Hors de question qu'il se mette à croire n'importe quoi. Il relève la tête au moment où j'ouvre la bouche:

- Sérieusement. C'est rien, ils sont tous comme ça depuis... Depuis toujours en fait. Ils n'aiment pas notre famille, parce qu'ils nous ont toujours pris pour une bande de sorciers avec des pouvoirs et tout ça. C'est pas tout à fait faux, mais je suis le seul à avoir des pouvoirs dans l'histoire. Pour le reste ils ont juste décidé de ne pas accepter la famille un peu hors norme du coin. C'était chiant quand j'étais petit, mais après ça a fini par nous passer au dessus de la tête. Regarde, j'ai l'air traumatisé?

Je vous arrête tout de suite. Si je suis comme je suis, ce n'est certainement pas à cause de ça. Je ne laisse pas n'importe qui m'influencer, non mais. De même, ma famille a toujours été comme ça, et pourtant ils se comportent relativement bien en dehors de la maison. Je ne sais pas ce qui a déclenché ces réactions chez les gens, mais aussi loin que mes souvenirs remontent, ça a toujours été comme ça.
Il a quoi à me regarder? Détourne le regard. Allez! Je vaux rien en télépathie.
Bon, si il continue, je fais une connerie. De toute façon, une de plus une de moins... En fait si, une de plus. Parce que c'est plus drôle. Voyons voir, j'ai déjà testé tout un tas de truc sur lui.
Hey d'ailleurs, qui aurait cru qu'il était chatouilleux à ce point? C'est très utile à savoir. On peut faire plein de trucs avec ça.
Oui, je suis tout aussi chatouilleux. Mais tant que personne ne le sait, je suis sauf.
Ah, j'ai une idée héhéhé. Je me lève et vais vers lui.

- Takeji c'est toi?!

Non c'est un moine avec une cape et des lunettes de soleil, faites pas attention.
On est pas sensés être dans un coin paumé du parc? Et mon coup tombe à l'eau maintenant. Voyons voir l'identité du coupable. De la coupable tiens, c'est une fille. Elle a des cheveux longs et noirs, et je suis sûr de la connaitre...

- Ayumi? Mais qu'est ce que tu fais là? C'est super loin de chez toi.
- J'ai emménagé dans le coin pour être plus proche de l'université. Mais c'est à moi de dire ça. Tu habites près d'ici non? C'est super loin du lycée auquel on allait! Et ça fait un moment qu'on ne t'a pas vu dans la ville, qu'est ce que tu deviens?

C'est quoi cette question, qu'est ce que tu deviens? Je réponds quoi? Un alien sous déguisement humain envoyé pour voler toutes les fraises de la planète? Bande de bananes. Je râle pour rien là, non?
Oui c'était fait exprès le "super loin du lycée", histoire d'avoir la paix, puisque les gens du coin et de mon âge ne m'aiment pas, au même titre que leur parents. Ayumi est une des seules personnes avec qui j'ai réussi à devenir ami au lycée. J'étais déjà extravagant comme maintenant, mais je me faisais discret et ne parlais pas beaucoup. Oui, dur à croire hein? Allez tous vous faire voir, je boude.
Elle semble s'apercevoir qu'on n'est pas tout seul et s'adresse à Ren:

- Oh, excusez moi je ne vous avais pas vu. Takeji, présente nous donc au lieu de rester là inutilement.

Bla, bla, bla, je ne suis jamais inutile d'abord. Je présente rapidement tout le monde et laisse Ren ajouter ce qu'il a envie d'ajouter.

Un goût de vengeance.

- C'est pas intéressant...

Alors ça mon vieux, c'est à moi de le décider. Et puis, il n'y a aucun mal à connaître le passé de l'autre, au contraire ça permet de mieux s'apprécier et de voir directement quand quelque chose ne va pas.
Alors NON, C'EST intéressant.
D'ailleurs, il doit le remarquer, car il finit par ouvrir la bouche.

- Sérieusement. C'est rien, ils sont tous comme ça depuis... Depuis toujours en fait. Ils n'aiment pas notre famille, parce qu'ils nous ont toujours pris pour une bande de sorciers avec des pouvoirs et tout ça. C'est pas tout à fait faux, mais je suis le seul à avoir des pouvoirs dans l'histoire. Pour le reste ils ont juste décidé de ne pas accepter la famille un peu hors norme du coin. C'était chiant quand j'étais petit, mais après ça a fini par nous passer au dessus de la tête. Regarde, j'ai l'air traumatisé?

Ah! Ben tu vois quand tu veux, tu peux. Et non, tu n'as pas l'air traumatisé. Justement, si ce n'est rien, je ne vois pas pourquoi tu as hésité. Nan mais, je vais t'en faire voir des vertes et des pas mûres si ça continue. D'ailleurs ma menace de vengeance n'est pas étanchée. Tu en perds rien pour attendre...
Et puis, je crois que ma sentence ne va pas tarder à tomber.
Je plisse les yeux d'un air malicieux lorsqu'une connaissance à Takeji nous surprend.

- Ayumi? Mais qu'est ce que tu fais là? C'est super loin de chez toi.

Héhé, je ne me sis pas trompé. Ayumi? Joli nom. Ça me donne une forte idée. C'est plus vraiment de mon âge mais bon, on va tenter quand même, avec un peu de chance...

- Oh, excusez moi je ne vous avais pas vu. Takeji, présente nous donc au lieu de rester là inutilement.

Vas-y présente, présente. Je n'attends que ça. Prends bien ton temps.
Voilà Ren, voilà Ayumi.
Discutons maintenant, tu vas voir ce que tu vas voir.

-Bonjour, enchanté de vous rencontrer. Je ne crois malheureusement pas vous connaître. Takeji ne m'a pas beaucoup parlé de vous. N'est-ce pas fâcheux?

Et je passe ma main devant ma bouche, en regardant Takeji d'un air malicieux. D'abord s'approprier la confiance de la fille, et ensuite déglutir toute une série de mensonge à propos de Takeji. Voilà ma sentence. Elle promet d'être très appétissante.

-Il n'a jamais parlé de moi? Ça ne m'étonne qu'à moitié. Ça fait longtemps qu'il n'est pas revenu au Japon. Et vous êtes d'ici, si je ne m'abuse? Vous vous êtes connus ici? Vous avez l'air très proches!
-Oui, je viens d'ici. Mais tutoyons-nous. J'ai des origines européennes, et c'est pour ça que mes yeux ne sont pas aussi bridés que les asiatiques. Je suis originaire de Kyoto. Oui, je connais Takeji depuis quelques mois déjà. Mais quel âge as-tu pour être à l'université?
-Oh, je vais passer mes 21 ans dans quelques jours. Et toi?
-J'ai trois ans de plus.
-Et où vous êtes-vous connus?

Maintenant... Commençons à nous amuser.

-Takeji est arivé il y a quelques mois chez moi. Puisque je suis riche, il me sert de "serviteur", si on utilise encore ce mot. Il est très gentil mais super gauche. Il n'arrive même pas à soulever un plateau sans le faire tomber. Je suis obligé de l'aider touuut le temps. Je me demande ce qu'il fait chez moi. Je pense que tu serais encore mieux à sa place.
-Oh vraiment? elle rougit.

Haha, en plein dans le mille. Je détourne un peu les yeux pour fixer Takeji avec malice. On va rigoler, vraiment. Surtout qu'il n'a rien entendu de la discussion.
Elle s'approche de Takeji, et lui tape sur l'épaule.

-Ça ne doit pas être facile tout les jours, je suppose. Heureusement que Ren est là pour toi.

Il fait une tête étonnée. Je me roulerais sur la terre en rigolant, si je ne devais pas garder mon sérieux.

-Disons qu'on ne se sépare presque jamais, et qu'on finit toujours dans des galères pas possibles. Il est très doué à la musique.

Oui, parce que si je lui lançais des vannes tout le temps, ça serait pas marrant.
Bon, et puis, il est inutile de décrire toute la discussion, car elle dura vraiment très très longtemps. Ce n'est qu'à la fin que Takeji se rendit compte de tout ce que j'avais préparé. Je ne saurais jamais si la rougeur qui lui était monté aux joues était du à la colère ou bien à la honte.
Finalement, j'ai raconté la vérité à Ayumi, qui a éclaté de rire.
vraiment mignonne. Enfin. Nous sommes rentrés quelques minutes après nos adieux.
En passant la porte de la maison de Takeji, sa mère nous a assaillis. Elle a lancée d'un ton toujours plus loufoque cette phrase à son fils :

-Je veux un parfait repas pour ce soir, mon fils! Tâche de faire honneur à la famille.

Autrement dit, Takeji s'activa en cuisine, tandis que sa mère me souriait avec joie, en me parlant avec douceur. Car oui, en attendant le repas, j'apprenais à comprendre ce que racontais sa mère, extrêmement bavarde. Nosu discutions de chose et d'autre.
Enfin, l'heure du repas sonna.

J'aurais pas dû. J'aurais jamais dû le laisser parler. Jaaamais. Il a un regard malicieux et je n'aime pas ça du tout. Qu'est ce qu'il prépare?

-Bonjour, enchanté de vous rencontrer. Je ne crois malheureusement pas vous connaître. Takeji ne m'a pas beaucoup parlé de vous. N'est-ce pas fâcheux?

Dites c'est moi ou il a changé de registre de langue soudainement? Bah...
Ils commencent à parler tous les deux, et je n'écoute que vaguement, trop occupé à essayer de déchiffrer le sourire et les expressions de Ren. Il est pas en train de me prendre pour un imbécile là? Ayumi vient me taper l'épaule et je détourne mon regard vers elle.

-Ça ne doit pas être facile tout les jours, je suppose. Heureusement que Ren est là pour toi.

Quoi? Heureusement que je suis là pour lui oui. Il serait en train de s'ennuyer tout seul dans un coin obscur d'Écosse sinon.
C'est quoi ça, qu'est ce qu'il lui a raconté, cet animal? J'aurais dû écouter.

-Disons qu'on ne se sépare presque jamais, et qu'on finit toujours dans des galères pas possibles. Il est très doué à la musique.

Aah stop. Je veux une pause là. Pause.
Donc, on est un duo dont chacun est dépendant de l'autre, et on se fout dans des situations pas croyables parce qu'on ne veut pas se décoller? Il veut nous faire passer pour un couple tordu?
Ouais ouais, c'est ça, balance un compliment à la fin pour faire passer la pilule. J'vais m'venger. J'vais m'venger très fort tu vas voir.
En fait, il joue. Je l'ai compris au troisième compliment, qui m'a fait rougir d'ailleurs. Bouffon. Est ce que vous vous rendez compte qu'il est en train d'improviser un mauvais coup sous mon nez? J'le savais bien que je finirais par déteindre sur lui! Allez Ren, comme tu es un bon élève, je vais rentrer dans ton jeu.
Quand je pense qu'il me fait passer pour son domestique... J'ai une gueule de domestique? Sérieux, je vais finir par y croire, puisque Ayumi a l'air d'y croire, elle. Rappelez moi d'appeler Ren "maitre" au moins une fois cette semaine. De préférence juste avant de jouer un sale tour. On va rire. Nous discutons longtemps et il finit -dans un élan de grande bonté- par dire la vérité. Eh bah nan Ayu, nous ne sommes pas un maitre et son serviteur à la relation plus qu'ambiguë.
J'vais lui faire bouffer son t-shirt au chat.
Nous rentrons après avoir salué Ayumi. Je prépare une vengeance, il s'en souviendra. Enfin, une fois que je l'aurais trouvée en fait. A peine la porte de la maison passée, ma mère nous saute dessus:

-Je veux un parfait repas pour ce soir, mon fils! Tâche de faire honneur à la famille.

Elle me guettait derrière la porte j'en suis sûr! Je vois mon père au fond qui m'envoie un sourire de dingue. Je sais ce que ça veut dire. Soit j'y vais soit il va. J'aimerais bien rentrer en Écosse entier si possible, alors je vais y aller. Ma mère embarque Ren pendant que je vais vers la cuisine en râlant. Oui parce qu'il ne faut pas non plus croire que ça me plait.
Je suis sûr que tout le monde veut savoir ce qu'il se passe dans la cuisine pendant que j'y suis. A partir du moment où j'ai passé la porte de la cuisine avec l'intention de... cuisiner justement, ça devient mon territoire. Et je lancerai des casseroles au premier qui passera la frontière. Donc je fais la cuisine. Et non, je ne porte pas de tablier, merci beaucoup. De toute façon si j'en fou partout, ça sera partout sauf sur moi, parce que je ne suis pas partout -ha,ha-. Mon micro-onde me manque terriblement. Je lui ferai un câlin en rentrant. A lui et à une bonne partie de mon mobilier pour être sûr qu'il n'y ait pas de jaloux. Mon placard me drague régulièrement, donc il aura un câlin le premier sinon je vais encore m'envoyer la tête dedans. Mais après ça sera le micro-onde.
Oui je vais parfaitement bien, pourquoi?
Je ne sais pas ce que font les dingues, le chien, et le chat, mais je ne les entends pas et je n'aime pas ça du tout. Bref.
Croyez le ou non mais je suis plutôt doué en cuisine. C'est mon maitre qui m'a appris. Enfin non, c'est à cause de lui que j'ai appris. Je ne sais pas comment il avait survécu sans mourir d'intoxication alimentaire avant de me connaitre.
Tiens, je viens de percuter que je prépare un truc depuis tout à l'heure sans savoir si Ren aimait ça ou non. Oups... Bah, c'est des sushi. Tout le monde aime les sushi. Surtout les japonais.
J'espère vraiment que c'est une vérité générale qui s'applique aussi à ce type tordu. Oui je suis mal placé pour appeler quelqu'un tordu. Mais si je pars du principe que je me considère comme normal, alors le reste de la planète est donc peuplé de tordus.
Et toc.
Si ça c'était pas une belle démonstration. Bref, je finis tout et mets la table avant d'appeler le peuple. Je ne sais toujours pas ce qu'ils ont foutu, mais je préfère ne pas le savoir. Nous parlons de tout et de rien et une fois de plus, Ren et moi sommes éjectés de la pièce une fois le repas finit. Je ne cherche même pas à comprendre la raison de ce comportement. Ce sont mes parents, donc la raison est tordue et entortillée dans leur propre logique. Je fonctionne pareil après tout.
Bien! C'est l'heure de s'amuser. Je n'ai pas oublié que je dois me venger de Moustaches -un chat, ça a des moustaches oui, oui-. Tous les coups sont permis, il a déclaré la guerre. Nous montons au premier. Je crois qu'il se doute de quelque chose... Raah, c'est pas marrant, il commence à trop me connaitre. Faut que je le prenne de court, mais comment? Bah je lui saute dessus, ça prend toujours les gens de court ça non? Et je place une remarque sur son jeu de tout à l'heure... Ha, je sais. Il ouvre la porte de sa chambre et rentre dedans. La porte laissée ouverte est une invitation.
Il s'attend à ce que je le chatouille comme tout à l'heure? Naaan pas deux fois le même coup dans la même journée alors que tu sais que je vais frapper voyons. On va faire une variante. Je me téléporte sans bruit juste derrière lui et souffle pas loin de son oreille:

- Alors comme ça je travaille pour toi. Dois-je t'appeler maitre?

Je sais qu'il va tourner la tête pour me voir, alors je me retéléporte, devant lui cette fois, et je l'envoie sur le lit sans attendre sa réaction. Et toc, piégé. Je lui envoie un sourire et la même lueur de défi qu'au lac passe dans mon regard. Alors vas-y, riposte. En attendant, je ruine sa coupe de cheveux parce que j'adore faire ça. C'est marrant de profiter des cinq secondes pendant lesquelles il se dit un truc du genre "mais il arrête jamais?". Ou quelque chose qui témoigne de son incrédulité face à ma tendance à sauter un peu partout. Surtout sur lui. Mais c'est de sa faute, ça ne loupe jamais et il se fait avoir à chaque fois alors forcément...

karaté kids!

Sushi, sushi. Ça sonne bien, je pourrais peut-être écrire une musique dessus, nan? Hum, ça fait un peu minable, surtout en sachant que j'ai écotué une musique pop japonaise y'a pas si longtemps et que c'était franchement à s'en rouler par terre, autant par la mise en scène, les paroles et les déguisements.
Bon je dirais rien sur ces derniers, parce que je suis trèèès mal placé pour en parler.
Bref, revenons sur ce repas. J'aurais pas vraiment pensé vu la tête du cuisinier en question et ça façon de prendre les choses à la légère, mais il est plutôt bon en cuisine. Bon, vraiment doué, dirons-nous. Faudrait que je m'invite chez lui, un de ces jours, histoire de m'éviter de la cuisine et surtout de la vaisselle.
En parlant de vaisselle, et parce que je suis toujours très ordonné, je propose en gentil garçon mon aide pour la vaisselle, parce que je sais que c'est trèès très chiant et très très long, surtout pour quatre personnes, étant donné que je passe trois mille ans pour faire ma vaisselle seul. Bon oui, d'accord, je déteste ça. Faisons court.
Heureusement, et au comble du bonheur, ses parents nous "éjectent", parce que oui, c'est le mot. Un peu spéciaux les parents, mais on dira rien, puisque le fils n'est pas tellement différent.
Quoiqu'il en soit, au moment de me retrouver dans ma chambre, avec l'idée de me reposer et de dormir tranquillement, je sens que ma porte est restée entrouverte. Mauvaise idée quand on a un guignol derrière soi, parole de connaisseur. Bref, je l'entend donc qui me murmure à l'oreille :

- Alors comme ça je travaille pour toi. Dois-je t'appeler maitre?

À vrai dire, ça te ferait plus bizarre à toi qu'à moi. Quand on est riche, on a des domestiques, et je ne suis pas riche depuis deux jours. Autrement dit, je suis baigné dedans depuis ma naissance. En somme, un simple rappel du passé.
Quoiqu'il en soit, je me retourne parce que ça surprend, d'une manière ou d'une autre. Et il n'est plus là. Ah! Le sacripant! Ah, ah on croirait entendre un vieux. Bref, je me sens subitement légèrement soulevé (il a de la force, qui l'aurait cru...) et jeté sur le lit.
Parce qu'il sait que le sol, ça fait mal.
Parce qu'il sait pas qu'à force de faire les idiots, on finira par provoquer des rumeurs.
Parce qu'on s'en fiche tous les deux pour le moment.
J'avais oublié ma vengeance, mais maintenant qu'il a l'air aussi résolu que moi, pourquoi pas. J'ai bien envie de tester.

Bon, vous connaissez le karaté kids? Ce jeu pour mômes que vous avez certainement dû faire sans en connaître le nom. Eh ben, sur un lit, c'est encore plus marrant, parce que c'est moelleux, et que celui qui perd en général ben c'est celui qui tombe, et ça fait mal.
Alors voilà, je ne décrirais pas, parce que c'est bien trop compliqué et rapide, et que je n'ai pas ma licence de commentateur, et que ce n'est d'ailleurs pas un match. En somme, ça s'est terminé en match nul. il y a une intermitence pour moi, parce que j'ai découvert que Take était aussi chatouilleux que moi, Et ça, ça peut être très utile.
Peu après, il y a eu un calme plat où on reprenait notre souffle pendant trois secondes, et ça a recommencé peu après. Finalement, ça s'est finit au sol, parce qu'il m'a fait tombé (je veux pas dire, parce que c'est rageant, mais même si mon endurance est meilleure, sa force triomphe.) et que je l'ai pris par le col de son t-shirt. Il est logiquement tombé avec moi.

Ça à continué une bonne demi-douzaine de minutes, jusqu'à ce qu'un élément impromptu face son apparition.
Bien essoufflés (mais Take l'est plus que moi, mouhahaha), et en train de reprendre son souffle l'un à côté de l'autre, je respire un grand coup. C'est qu'il fait chaud ici, je crois même que je transpire. C'est plus vraiment de notre âge ça. Et mon regard est tourné vers Take. Je souris parce qu'il me regarde aussi. A la la, qu'est-ce qu'il m'arrive pour être aussi débile que ça. Son esprit enfantin qui oblige le mien à refaire surface? je n'en sais rien. Quoiqu'il en soit, mon regard est tellement porté sur celui de Take que je sursaute au point de manquer de me transformer, car la mère de Take fait son apparition. Je relève la tête et la fixe. Elle se tait un instant, en gros paradoxe par rapport à son entrée très remarquée. Puis, elle sourit d'un air blasé.
Quoi, quoi? Pas d'air choqué? genre qu'est-ce qu'ils foutent là comme ça? C'est quoi ces parents?
Elle passe son chemin, un sourire aux lèvres.
Oh pitié, j'en peux plus, cette famille me désarçonne affreusement. Un petit tour chez ma mère pour remettre tout ça en place, et hop c'est reparti pour un tour. Je me lâche trop, moi.

Alors, je soupire et tapotte la tête de Take. Quelle coupe! Je ne dirais rien de plus car je pense que la mienne n'est pas mieux.
Je baîlle un peu, parce que c'est crevant de jouer les gosses, et je lui dis gentiment :

-Bon, regagne ta chambre toi, ou bien fais ce que tu veux. Je vais prendre une bonne douche et après je veux être tranquille, et lire un bon livre, ok?

J'insiste sur le mot tranquille, parce que je sais qu'il ne comprendra pas à la première parole. Je le fixe pour être sûr que c'est entré dans sa tête et me relève.
Bisounours. Un saut à la douche et peut-être un bon sommeil qui s'ensuit.

Ha ha, il faut pas grand chose pour l'embarquer dans un jeu celui là. En fait, je suis persuadé qu'il adore ça mais qu'il est trop timide pour les lancer à chaque fois. Pauvre peluche. Notre "bataille" est un joyeux bordel indescriptible parce que ça part dans tous les sens n'importe comment. Je note qu'il a eu l'idée me chatouiller, et que je suis aussi chatouilleux que lui et que j'appelle ça de la triche. Mais pas grave, je l'ai envoyé par terre après. Il m'a embarqué dans sa chute, certes, mais c'est quand même moi qui l'ai envoyé par terre, na. On a fini par s'arrêter et je suis mort. Levé à quatre heures du matin, je sais pas combien d'heures d'avion, plus un décalage horaire monstrueux et nos gamineries là, c'est fini mon lit m'appelle.
Ma mère a un sens du timming pas possible, elle se pointe pile quand on est étalés par terre à respirer bruyamment. Y'a un blanc, un sourire et elle se tire -rime!-. Vous savez ce qu'elle vient de se dire? Un truc du genre "Ouais ok, ils sont étalés par terre pourquoi pas. De toute façon y'a mon fils dans le lot, alors c'est une situation normale".
Vous n'avez pas le droit de penser "pas faux" et quoi que ce soit qui s'en approche. Sinon je viendrai vous hanter, et vous ne voulez pas que je vous hante. Vraiment.
Ren me tapote la tête -j'ai failli grogner, je suis pas un animal moi-, baille et finit par dire:

-Bon, regagne ta chambre toi, ou bien fais ce que tu veux. Je vais prendre une bonne douche et après je veux être tranquille, et lire un bon livre, ok?

Han, il me vire comme ça? J'ai rien à dire, je suis presque hors service aussi. De toute façon il m'a sur le dos pour la semaine héhé. Allez, debout et fin de l'histoire pour aujourd'hui. Je souhaite une bonne nuit à Ren et retourne dans mon territoire. Je suis trop fatigué pour attendre qu'il lâche la douche, alors j'en prendrai une demain matin pas grave.

*Le jour suivant, il a fait particulièrement chaud. Genre vraiiiment vraiment très chaud. Et la chaleur me donne des envies subites d'aller me foutre dans l'eau, voire dessous très profondément. Bref, tout ça pour dire que la mer m'appelait. On s'était levé assez tard -décalage horaire, quelle excuse magnifique pour se lever à 14h-, et Ren avait décidé de ne rien faire. Feignasse. M'en fiche, au final il est quand même venu jusqu'à la plage, et toc. Dans ses dents. Y'a rien eu de vraiment notable ce jour là en fait. Ni celui d'après pour tout dire. C'est notre pays natal, donc on allait pas s'amuser à faire du tourisme hein. On est juste là en repos loin des fantômes et de tout ce qui y touche -enfin, loin c'est vite dit, y'en a quand même des beaux dans les montagnes...-. Humains banals pour une semaine. Pour peu qu'on puisse l'être, mais on s'en tire pas trop mal.

Bref, avec tout ça nous sommes donc aujourd'hui, 4ème jour et ça passe super vite en fait. Ça fait 4 saletés de jours que j'ai pas pu utiliser ma téléportation. J'aimerais bien dire que je ne voudrais pas être là quand ça va déborder, le problème c'est que quand ça va déborder c'est sur ma tête que ça va tomber. Je serai aux premières loges. Y'a intérêt à ce qu'on fasse un détour dans les montagnes d'ici pas longtemps, et à mon avis Ren dira pas non. Sinon je l'y trainerais comme à la plage. Et qu'il n'essaie pas de dire que je n'avais pas eu une bonne idée en le trainant à la mer, parce qu'il s'est bien amusé aussi. Enfin, pour le moment c'est l'inverse. Je sais pas trop comment on en est arrivés là, mais depuis ce matin, c'est Ren qui bouge et moi qui suit. Résultat je sais pas où on est. Le dernier panneau d'autoroute auquel j'ai fait attention indiquait qu'on allait vers Kyoto. Je crois. Après hein, on a fait pas mal de villes aujourd'hui, à croiser des gens à droite à gauche, bref. On est descendu de la voiture depuis un petit moment déjà et on marche. C'est pas un coin que je me rappelle avoir vraiment vu avant, alors je profite. Je ne sais pas trop ce que pense Ren, on parle de tout et de rien, et je veux poser la question. Si j'en avais eu l'occasion ce serait fait. Mais maintenant qu'on marche en silence depuis 10 secondes, je vais pouvoir demander.
Ren s'arrête d'un coup dans ses pas. Comme ça vlan statufié au milieu de la rue. Le genre de truc que ferait un type qui a vu un fantôme. Mais ça colle pas là, des fantômes il en a déjà vu plein.

- Tu as vu quelque chose?



[* Je me permets de résumer certains jours, parce que faire une semaine au jour le jour serait vraiment long (regardez ce qu'on a fait pour un seul malheureux jour xD). On a déjà quelques moments qu'on veut raconter avec Ren, et le reste sera condensé ^^"]

Un destin affreusement hasardeux...

Les jours passèrent à la vitesse du son. Tout d'abord, le traînage de pieds pour aller à la mer. Bon d'accord, c'était sympa, mais bon, y'a pas de quoi en dire long.
Et puis le lendemain, ben c'était re-repos.

Enfin, ce matin-là, je décidais de faire une virée à Kyoto. Pour revoir ma ville natale. Parce que ça fait toujours du bien de se dire "ha! l'endroit où je boudais souvent, sous le saule". La bouffée de nostalgie quoi. C'est donc en chef de meute que je conduisais Take dans ma bagnole et lui faisait voir d'autres paysages que sa maison et la mer.
À part ça, le fait de ne pas pouvoir me transformer devenait une drogue, et j'étais parfois obligé de dormir la nuit sous forme de léopard, caché derrière le lit pour ne pas être pris pour une bête sortie d'un zoo. Donc une journée dans un endroit dégagé à l'abri des regards s'annonçait comme un soulagement. Et à voir Take, ça devenait pour lui aussi une obligation. Il ne me reste qu'à lui en parler.

Bref, là y'a un parking, et comme j'ai tendance à dormir au volant à cause de ma nuit agitée, je m'arrête, sort Take de sa torpeur (il a pas l'air mieux que moi), et ferme la voiture à clé. Je soupire et enfonce mes mains dans mes poches.
Dix minutes s'écoulent, et je n'écoute pas Take me poser des questions, car je suis dans les nuages et que je n'ai rien d'autre à faire que d'observer alentours en silence.
Puis, finalement, mon regard se poste sur la rue. Et là, en face de moi, dans son habit de tailleur hyper cher, je la vois.
me stoppant d'un seul coup, je la fixe sans un mot.

- Tu as vu quelque chose?

Je reste silencieux. Pourquoi est-elle ici? Son travail lui prend tout son temps et elle ne quitte pratiquement jamais la maison quand elle rentre. L'a-t-on prévenu de mon passage? C'est impossible, ou plutôt impensable.
Mon regard se durcit lorsque je reconnais clairement ces traits dont j'ai hérité. Je me mords la lèvre. J'espère que Takeji se tiendra tranquille.
La tête haute, le regard hautain et cette démarche assurée ne peuvent tromper mes yeux qui l'ont vu pendant 18 longues années. Rima Takahata. Ma mère.
J'inspire longuement et recommence à avancer. Takeji n'a pas l'air de comprendre, mais me suit de très près. Tant mieux.
Je passe devant elle, continue mon chemin sans un regard pour elle. J'entends cependant dans mon dos ces paroles prononcées à voix haute et d'un air moqueur et outré.

-On ne salue plus sa mère, mon cher fils?

Je me retourne doucement et ose la fusiller du regard.

-Ne m'appelle pas comme ça, je te prie.

Peut-être n'étais-ce qu'une simple impression, mais il me semble que Takeji a sursauté. Je jette un rapide coup d'œil dans sa direction, d'un air désolé. Eh oui, mon ami, tout le monde n'a pas la même chance. Là, tu as affaire aux soucis des familles riches, l'argent.

-D'où crois-tu tenir ton argent et ta magnifique petite villa? Certainement pas de ton orphelinat minable, j'espère?! dit-elle d'une voix moqueuse.
-Je fais ce qu'il me plait, ne te déplaise. Je ne suis plus sous ta tutelle.
-Ne compte pas passer ta vie là-bas. Être né dans ce genre de famille implique des obligations, pas seulement des plaisirs.
-Tu plaisantes? Passer ma vie dans un bureau? Rentrer éreinté? Couper ma vie sociale? Ne me fais pas rire. Je ne suis pas ce genre de fils model. Désolé de te décevoir.
-Oui, je sais. Tu es le portrait craché de ton père. Ce sorcier qui a abusé de mon cœur, et qui est parti l'instant d'après, sans laisser trace de son passage, sauf toi. Je te croyais destiné à me suivre et un jour, tu... tu t'es transformé.... en cette chose...
-... Et tu m'as banni, tout en espérant encore que j'allais poursuivre ton entreprise et tes desseins. Je connais l'histoire. Tu t'es remarié, tu t'es cherché un héritier, mais tout tes accouchements virèrent au drame. Et maintenant, tu cherches à me rallier à ta cause.

Il y eut un silence, puis ma mère murmura :

-Et le guignol à côté de toi, il est pareil que toi?

je serre les poings et retient l'envie de me transformer en lui sautant à la gorge, enfouissant mes ongles devenus griffes sous l'effet de la colère sous mes paumes.
Je lui dis d'une voix étouffée :

-Ne l'insulte pas, je te prie. Il est beaucoup plus cher que toi à mon cœur.

Et je saisis Takeji par la main. Oui, ça saigne un peu. Mais c'est la seule façon de me contrôler face à elle. Je fais volte-face et entraîne mon ami dans ma course loin d'elle.

Quelle merde!
Quel destin ignoble m'a fait la croiser dans cette grande ville!

Il ne répond pas à la question et se contente d'avancer. Il n'a vraiment pas l'air enchanté, j'aimerais bien comprendre ce qu'il se passe.

-On ne salue plus sa mère, mon cher fils?

J'ai tressailli en entendant le ton. Elle, je ne l'aime pas. Direct.

-Ne m'appelle pas comme ça, je te prie.

S'en suit un résumé d'une partie de la vie de Ren, et un échange loin d'être amical entre les deux. On dirait la Russie et les U.S.A pendant la guerre froide. Manque pas grand chose pour que ça explose.

- Je te croyais destiné à me suivre et un jour, tu... tu t'es transformé.... en cette chose...

Je tique. Elle lui en veut pour ça? Genre c'est de sa faute si il est né avec... Et malheureusement ça a dû arriver à d'autres. Je n'ose pas imaginer si mes parents m'avaient foutu dehors pour ça. D'ailleurs, un jour je leur demanderai d'où me viennent ces dons, parce qu'eux n'en ont pas. Ou pas à ma connaissance.
C'est quoi le pire, perdre ses parents ou se faire complètement rejeter par ces derniers? Honnêtement, je ne sais pas et ne veux pas choisir. Aucun des deux choix n'a d'attrait.

-Et le guignol à côté de toi, il est pareil que toi?

... Ouep, doit y avoir un truc dans mon attitude qui fait que même si je suis en train d'avoir des pensées sérieuses, on me colle directement l'étiquette "guignol". Je me plaindrai un autre jour, Ren va finir par péter un câble. Il se rend compte qu'il est en train de se transformer au milieu de la rue?

-Ne l'insulte pas, je te prie. Il est beaucoup plus cher que toi à mon cœur.

Oh... C'est gentil ça. Il m'attrape la main et nous tire tous les deux loin de la femme sans rien rajouter. Ok, il est contrarié, très contrarié. Et lui, il est pas facile à remettre en état quand il est en colère. Mais en même temps, son état actuel se comprend. Il nous tire jusqu'à sa voiture, et grimpe sans un mot côté conducteur. Je sens que si je ne vais pas vite côté passager, il se tirera sans moi. Alors hop, à peine le temps de fermer la porte qu'il a déjà démarré.
Elle est partie là, tu prends une grande inspiration et on reprend notre route comme si on ne l'avait pas croisée. Et une fois que tu es calme, tu ouvres la bouche pour en parler sans que j'ai à te forcer. Enfin, ça c'est ce que je voudrais voir arriver. Maintenant quant à ce qu'il se passe vraiment... Je n'ai encore rien dit, mais ça ne va pas tarder. Il a les mains complètement crispées sur le volant, et même si il n'en a pas l'air, il est furieux.

- Calme-toi, elle n'est plus là.

Je pense que je serai ignoré. Alors je détourne la tête vers la fenêtre pour regarder où il nous emmène. Le paysage défile vite, et à voir le compteur de vitesse -après un rapide coup d'œil-, il est au delà de la limite autorisée. Si il pensait à ôter son pied de l'accélérateur, peut être que... Je ne dis rien. On a dépassé depuis un moment la périphérie urbaine de la ville. Kyoto est située plus dans les terres, et en la dépassant on s'enfonce dans la campagne*. Le Japon est un ensemble d'îles avec des montagnes au centre, y'a pas tant de place que ça pour construire par rapport au nombre d'habitant. Du coup ça donne Tokyo. Ville surpeuplée. Mais bref, il y a quand même des campagnes, c'est pas non plus la surpopulation sur tout le territoire. Voilà pour la culture.
Avec tout ça, on a encore avancé. Je crois qu'il nous conduit vers les montagnes. Quelle bonne idée. Mais il compte y faire quoi? Peut être se défouler en se transformant en chat. Tant qu'il ne se jette pas du haut d'une falaise pour se calmer hein.
J'ai bien envie de le questionner... Mais ça se voit que ce n'est pas le moment du tout. Alors on voyage en silence. Il nous faut un moment avant d'arriver dans des chemins plus délicats pour une voiture. Et finalement il arrête tout dans une zone déserte, à la frontière entre le sol relativement plat et un terrain fait d'arbres et de rochers. Y'a pas mal d'arbres d'ailleurs. A mi-chemin entre la forêt et je ne sais trop quel flan de montagne peu stable. Le genre d'endroit sur lequel on ne va pas en randonnée justement parce que c'est pas très sûr. Ren sort en claquant la porte, et je sors aussi, sans brutaliser la voiture qui n'a rien demandé.
Alors, tu vas faire quoi?


[Hors rp: * Ma géographie japonaise est loin d'être parfaite. Je ne sais pas vraiment la tronche qu'ont les terres une fois Kyoto dépassée, donc derrière c'est pas forcément des montagnes au sens ou on l'entend. Mais ça reste une région peu habitée et plutôt verte. Désolée du manque de précision ^^"]

Voyage à travers les montagnes...

J'arrive à la voiture. Takeji me suit de près. De toute façon, je le laisse s'il ne monte pas. Le voilà qui cherche à me faire décompresser.

- Calme-toi, elle n'est plus là.

ben voyons. Tu crois que je vais me dire "C'est bon, c'est fini!"?! Tu sais, là tu as affaire à un mal datant de plusieurs années. ce n'est pas avec des petites phrases idiotes que je me calmerai. Heureusement, je connais bien l'endroit, et c'est avec une envie pressante de me transformer et de me défouler que j'appuie fortement sur le champignon. 130 km/h. On est pas sur un autoroute. J'espère que les pneus tiendront le temps que j'arrive. Après, c'est à pattes que je finis mon travail.
Quel destin débile de croiser sa mère dehors dans une grande ville comme Kyoto. Veut-il que j'enrage rien qu'en la voyant? En tout cas, c'est fait. Je pourrais voir mes jointures blanchirent sur le volant. Je fronce les sourcils.

Enfin, nous arrivons à l'endroit en question. Dans un parfait dérapage contrôlé, je sors pratiquement aussitôt, laissant les clés sur le contact, me transformant en belette pour extirper mes vêtements sur le siège conducteur, avant de sortir en claquant la porte, après un bref apparition en humain. De toute façon, personne ne viendra ici. C'est trop dangereux pour ça. Je n'attend pas une seule seconde, ne tourne pas un regard vers Takeji. J'ai besoin d'air, et courir un bon coup devrait faire l'affaire.
Pratiquement aussitôt, je me transforme en léopard des neiges. Mes naseaux soufflent un bon coup, évacuant l'air en trop.

Alors je m'élance. Ma course est ponctuée de plusieurs barrages comme les branches d'arbres, que je me contente tout simplement d'arracher avec une énergie un peu trop puissante. Je n'arrive pas à évacuer l'image de ma mère hautaine. Mon esprit est embrumé par une sorte de voile gris. J'en ai la tête qui tourne.
Au bout d'un moment, je ne sais plus si c'est l'adrénaline ou bien la colère qui me fait avancer. Je défonce tout sur mon passage. Qui se dresse devant moi signe son arrêt de mort car je ne fais aucune différence. Un gros chat enragé, s'amuserait certainement à dire Takeji. Mais le temps n'est pas à la plaisanterie. Soudainement, un peu dans mes songes, je m'érafle l'épaule gauche à un arbre, que je voulais éviter à l'origine, faute de pouvoir le découper en deux. Lancé à pleine puissance, ça fait mal, je peux vous l'assurer. Alors je me contente de courir toujours plus vite, énervé par mon entourage, à présent.
Alors que je pense subitement que le ciel s'est rapproché de la terre, je suis violemment projeté au sol sur le côté droit, stoppant net ma course et entayant encore plus profondément ma blessure. Je roule à plusieurs mètres, sentant les petits cailloux pénétrer dans ma chair à vif. Je ne peux réprimer un râle, mélangé à une douleur subite, presque un sursaut.
C'est pourtant avec fierté que je me relève aussitôt, en rugissant majestueusement, montrant toute ma dentition et cherchant à masquer la douleur.
J'ouvre les yeux et je ne peux alors m'empêcher d'avoir une colère mêlée à une forte sensation de mépris.

J'ai eu peur en le voyant disparaitre et ne laisser que ses vêtements, à la manière d'un vampire qui finirait en tas de cendre au Soleil. Mais après une belette est sortie du tas. J'ai failli éclater de rire. Il m'a stoppé en se transformant en humain et en claquant la porte, puis en passant en léopard et en filant à toute vitesse entre les arbres.
Ay, ça pas aller si il se tire sans dire où il va. Bien, au lieu d'user de la téléportation au hasard, on va jouer à suivons le chat. Sans qu'il s'en rende compte évidemment, sinon c'est moins drôle. Il a tracé droit devant, alors je vais prendre la même direction. Alterner entre atterrir dans les arbres et atterrir par terre, sans se faire voir. Donc éviter d'atterrir près de lui. Mais il court sacrément vite -sale bête-, alors si j'atterris trop loin, je risque de le perdre de vue à chaque fois à cause du terrain irrégulier. Enfin c'est bien comme défi ça. En plus je suis pas encore tombé, trop fort.
Au fait, il compte s'arrêter un jour ou il faut que je le fasse? Il ne va pas aimer si c'est moi qui l'arrête. Et si il est très en colère, je risque de ne pas aimer sa façon de me remercier non plus. Sinon je peux toujours tenter de lui faire peur...
Il court en ne se souciant absolument pas de ce qui se trouve sur son passage, détruisant ou évitant agilement tout obstacle. Sauf un arbre. Il se l'est bien prit, et ça ne doit pas chatouiller.
Il est vraiment temps de l'arrêter. D'ici à ce qu'il s'envoie la tête dans un rocher parce qu'il ne l'aurait pas vu... En plus, n'importe qui pourrait le voir. Et il va sans dire que les léopards des neiges, ça ne cours pas les montagnes ici... Sauf celui là. Mais c'est un imposteur qui... Bref, ma gueule, contentons nous de l'arrêter. J'ai juste à attendre le bon moment en continuant à le suivre.
Là. J'atterris au sol à 2 mètres devant lui et pas directement sur sa trajectoire, pour qu'il n'ai pas le temps de réaliser et de freiner puis me lance sur lui pour le renverser. J'avoue il y a triche, je l'ai attrapé de côté, c'était pas bien compliqué de le déséquilibrer en se jetant avec force quand il ne s'y attendait pas. Je crois que j'y suis allé un peu fort car on a roulé sur le côté. Lui plus loin que moi, parce que je n'étais pas surpris et je me suis remis sur pieds tout de suite.
Il se remet lui aussi sur ses pattes et rugit. Il n'est absolument pas content, mais ce n'est pas la première fois que je le constate. Et ce n'est pas forcément une raison pour me rugir dessus comme ça.
J'ai atterri sur sa blessure, il y a du sang sur mon t-shirt. Mince... Mais je n'irai pas m'excuser tout de suite -même si je regrette- j'ai un truc à faire avant. Le ramener sur Terre par exemple, et au passage lui montrer que ça va finir par réellement m'agacer. Voyons voir si en haussant la voix ça pourrait le calmer.

- T'arrêtes tes conneries oui?!

J'appellerais pas ça crier, mais c'est clairement un ton au dessus de mon volume sonore habituel. Je le fusille du regard, histoire de lui faire comprendre que je m'énerve et enchaine avant qu'il n'en place une:

- Affronte tes problèmes en face au lieu d'aller te blesser dans les montagnes. Ça sera déjà plus intelligent.

N'empêche qu'il ne doit pas savoir où on est -moi non plus-, qu'il aurait pu se faire griller par un humain -moi aussi-, ou encore tomber sur un fantôme coriace. Et il est à demi amoché. Bravo.
Je croise les bras en le toisant. Je ne suis pas tellement en colère. En fait, je suis surtout très agacé par le fait qu'il se blesse tout seul sur une montagne parce qu'il n'est pas capable de se calmer après une rencontre déplaisante. Mais ça, il n'a pas besoin de le savoir. Avec un peu de chance, il sera suffisamment surpris pour se remettre en question deux secondes. Ou alors il s'énervera encore plus et déversera tout ce qu'il pense sur ma tête. Ce qui au final marchera aussi bien puisqu'il finira plus calme. En revanche ça risque de m'énerver moi, à la place. J'aime pas m'énerver, pour ça que je ne le fais jamais. Ça sert pas à grand chose de crier dans tous les sens et de s'agiter sous le coup de la colère. Un peu comme l'alcool. Le risque d'accident est augmenté sous son effet. Bah maintenant, il vient d'être prouvé qu'on se prenait plus facilement des arbres sous l'effet de la colère.
Je dis ça, je dis rien.
Il vient de se faire traiter plus ou moins d'imprudent par un type qui se cogne partout vingt fois par jour là quand même. Ça lui donnera à réfléchir. Et puis, savez quoi? Je suis peut être complètement imprudent quand je suis seul moi aussi, n'empêche que je ne me blesse jamais. Et toc.

Première dispute...

Take... Si j'avais su que c'était lui, je me serais rué dessus avant même qu'il ouvre sa bouche. Ça va pas de se jeter sur moi alors que je suis blessé. Je le fixe dans les yeux et éprouve un instant un sentiment étrange, ressemblant à l'étonnement, mélangé à une sorte de peur.
Le visage de Take est en colère. Je dis bien en colère. Agacé. C'est surprenant, et ça lui fait gagner trois bonnes années de maturité. Ce n'est pas dut out le jeune garçon qui rigole tout le temps. Ça me surprend un instant, mais je n'en suis pas moins non-intimidé.

- T'arrêtes tes conneries oui?!

Première phrase. J'ai failli frissonner. Sa voix vire au grave. C'est vraiment bizarre. Je suis un peu surpris. je découvre sa face cachée, et d'un côté, je ne peux que m'empêcher d'être excité à l'idée de savoir jusqu'où peut aller sa colère. Peut-être est-ce amplifié par la fait que je suis en animal.
Quoiqu'il en soit, Takeji continue à me lancer des phrases à la figure.

- Affronte tes problèmes en face au lieu d'aller te blesser dans les montagnes. Ça sera déjà plus intelligent.

Je rugis de nouveau. Il croit que je peux calmer comme ça? Tourner la page d'un seul coup? Non! Je ne parle pas d'une simple rencontre de quelques minutes! Je parle d'une séparation de plusieurs années! Et mon cœur a beau s'être fortifié, il y a des blessures qui ne guérissent pas comme ça!
Je racle le sol avec énergie, et mon épaule me lance. Je fais semblant de l'ignorer, mais ferme un œil sous l'effet de la douleur.
Je fixe Takeji de mes yeux incandescents. Oui, ta famille n'est pas la même que la mienne, tu ne pourras certainement pas comprendre! Alors ne parle pas sans connaître! Je sais que je suis colérique, que tu en auras certainement marre un jour ou l'autre, comme tout ceux qui m'ont côtoyés à l'époque.
Et pourtant, c'est toujours silencieux que je finis par me calmer. Avec un ton beaucoup plus mesuré mais pourtant soutenu et fort, je lui réponds :

-Je ne m'énerve pas pour une simple retrouvailles, mais plutôt pour les 18 années passées auprès d'elle. Elle ne m'inspire plus confiance, et voir son visage ravive toute ma haine.

Je le fixe encore plus intensément et soupire. Je n'ai pas besoin d'en arriver aux grands moyens. Et pourtant, je ne peux m'empêcher d'être vexé... Pourquoi? Je n'en sais rien.
Ma tête pivote vers le côté gauche et je fixe l'horizon. Je la baisse ensuite, et m'approche de Takeji. Bien sûr, je suis plus petit que lui sous cette forme. Mes yeux dérivent doucement sur ses prunelles et je lui lance d'un air presque méprisable :

-Et puis, d'ailleurs, qu'est-ce que tu peux comprendre à mes maux. Au lieu de t'énerver à ton tour, tu devrais penser à ce que j'éprouve... Bien sûr, je suis loin de t'obliger à le faire.

Inutile d'en dire plus. J'attends simplement la réaction de Takeji. Je pense qu'il le prendra mal mais je ne peux rien définir avec précision, trop habitué au caractère gentillet de mon ami.
Alors je soupire dans un râle animal et entreprend de m'asseoir. Il semble que la discussion soit la seule façon de me calmer, même si ma course et ma blessure ont abaissés mes ardeurs de trois quart.

Il rugit de nouveau, et me fixe. Il est difficile celui là quand il s'y met. Je suppose qu'on a pas la même façon de traiter les problèmes. Hey, ça veut pas dire que je vais abandonner maintenant.

-Je ne m'énerve pas pour une simple retrouvailles, mais plutôt pour les 18 années passées auprès d'elle. Elle ne m'inspire plus confiance, et voir son visage ravive toute ma haine.

Je ne comprends pas. Enfin, je comprends qu'il la déteste, et c'est réciproque à priori, mais je ne comprends pas sa réaction. Ce ne serait pas plus simple de l'ignorer? Rien que la haïr c'est déjà lui accorder quelque chose. Encore une fois, nos avis doivent diverger sur la question. Ce n'est pas un problème énorme en soi, il suffit d'apprendre à se placer du côté de l'autre le temps de comprendre.
Il finit par s'approcher et recommence à me fixer.

-Et puis, d'ailleurs, qu'est-ce que tu peux comprendre à mes maux. Au lieu de t'énerver à ton tour, tu devrais penser à ce que j'éprouve... Bien sûr, je suis loin de t'obliger à le faire.

J'aime pas son ton. Pas du tout. Mais je vais mettre ça de côté.
Il sous-entends que je suis ne peux pas comprendre? Eh bien explique à l'ignorant alors. C'est quoi ce réflexe qu'on a tous de dire "tu peux pas comprendre" dès qu'on ne veut pas s'expliquer? Et l'argument qu'on avance à chaque fois derrière c'est "tu n'as pas vécu les mêmes choses", ou un truc voisin. Oui bah logique, il y a bientôt 7 milliards d'êtres humains sur Terre, et chacun a une histoire unique. Vlan, à partir de là, personne ne comprend personne. Raisonnement sans faille, merci d'applaudir.
Bref, je râle abondamment, et ça a fait passer ma colère aussi vite qu'elle était apparue. N'empêche qu'elle a eu l'effet souhaité ou presque. Au moins il n'est plus en train de courir, il est juste assis là. Baisser la tête c'est chiant, alors je m'assois à mon tour en soupirant. Qu'est ce qu'on va faire de lui?

- Si tu laisses l'interprétation libre, il y a un risque que je me trompe sur toute la ligne. Parles au lieu de tout garder.

Il y a dix-milles analyses possibles. Et après ça donne des disputes quand on a pas eu de chance et qu'on est tombé sur la mauvaise. C'est tellement plus simple si la personne concernée donne la bonne dès le début. Mais personne ne pense ça...
Je regarde Ren, puis sa blessure et je grimace. Ça a une sale tête, et ça doit bruler. J'espère qu'il ne sera pas trop marqué à son retour en humain. En plus, va falloir nettoyer avant que ça ne s'infecte. Je n'ai aucun pouvoir de guérison. De toute façon je galère avec les pouvoirs, je préfère largement les dons.
Il ne va pas se calmer comme ça, il faudrait rajouter quelque chose. Comment on calme un animal? Oui, oui, je sais parfaitement que c'est Ren et pas un quelconque léopard perdu. Ça va, quand je le traite de chat, c'est pour rire et il le sait. C'est juste qu'il est actuellement sous forme animale, et que ça doit quand même influencer sur les émotions. La preuve, il s'est transformé pour se calmer. Un jour je demanderai des explications sur les mystères obscurs de la métamorphose. Il est prof, il sera content de répondre.
N'empêche qu'en attendant, ça ne fait pas avancer les choses. M'énerve, je préfère m'exprimer avec des gestes qu'avec des mots. C'est plus simple de sourire sincèrement pour remercier que de s'étendre sur une phrase. De même qu'on noue des liens plus forts en ayant vécu des choses avec d'autres, qu'en les leurs racontant simplement. Si vous ne me croyez pas, pensez deux secondes à votre meilleur ami et à une connaissance. Lequel des deux iriez vous remercier avec un sourire et une étreinte plutôt qu'une phrase simple? Le premier, parce que quand on en a l'occasion, le geste parle mieux que la parole elle même.
Tout ça pour justifier le fait que je me déplace à sa gauche, là où il n'est pas blessé, pour passer avec précautions un bras autour de sa tête, la ramener vers moi et commencer à caresser le haut de son crane. Si il veut s'en aller, il n'a qu'à s'écarter.

Et la tempête passe, soulevée par les rayons du soleil.

On va dire que je ne m'y attendais pas. À ce qu'il me réponde aussi "gentiment". sans s'énerver. Ben mon vieux, t'a un courage à tout épreuve.
Quoiqu'il en soit, il me répond ces mots :

- Si tu laisses l'interprétation libre, il y a un risque que je me trompe sur toute la ligne. Parles au lieu de tout garder.

Il y a un petit silence. Puis, je suis brutalement rejeté contre Take. Et le voilà qui me caresse entre les deux oreilles. Je n'ai pas envie de dire que ça fait du bien, mais ça soulage carrément. Bien sûr, il me suffirait de le lui dire pour que je sois traité de grosse boule de poil jusqu'à ma mort, si on ne se sépare pas avant. J'espère pas.
Alors, avec un léger dégagement qui se veut méprisant, je me dégage de l'emprise de Takeji. Il m'a déjà calmé. Je n'ai plus rien à dire. L'expression "se retrouver sur le cul" me sied à merveille au moment présent. Je soupire et dirige mon regard un peu sévère sur lui, en m'asseyant à bonne distance. Mais je pense qu'il ne recommencera pas.
Je baisse les yeux et observe la terre se glisser sous mes griffes. Je les rétracte et commence ma longue histoire :

-Soit. Voici l'histoire. Tu l'as sûrement déjà en partie entendue lors de notre courte discussion avec ma mère. J'ai été "viré" de la maison à mes dix-huit ans, avant même d'avoir ma majorité atteinte. Tout ça parce que ma mère s'est rendu compte que j'avais ce pouvoir de métamorphose. Mais c'est aussi de mon plein gré que j'ai quitté la maison familial. En effet, j'ai découvert après plusieurs années que mon père était un sorcier -car il a quitté la maison avant de me voir naître-, et que ma mère était au courant de tout ça. On peut dire qu'elle voue une haine incroyable à ce monde. Peut-être se sent-elle beaucoup moins puissante face à moi? Je n'en sais trop rien.

C'est la pure vérité. Ma mère ne m'a jamais expliqué les circonstances dans laquelle mon père et elle se sont rencontrés. Et ce ne sont pas les maigres minutes passées sous cette épicerie auprès de mon père qui m'éclairèrent davantage.
Je marque une pause. J'ignore s'il m'écoute, mais je ne veux pas relever la tête. J'ai les yeux fermés à présent.
Puis, je continue :

-Quoiqu'il en soit, après avoir été banni de la maison, ma mère a tentée de trouver un autre héritier. Tu connais la suite. Ce n'était que des fausses couches. Et depuis, elle tente de prendre des gants avant de me parler. Tacher de me faire revenir auprès d'elle. Mais son caractère hautain ne changera pas aussi rapidement. Elle ne veut pas fermer boutique, et même si elle n'en a pas l'air, elle n'a que moi à qui faire confiance. Confier sont travail à une tierce personne ne l'intéresse pas. Voilà.

Le "voilà" n'était pas obligatoire, mais ce fut comme une obligation pour moi de le prononcer. Je relève les yeux en silence. Un petit sourire nait sur mes lèvres, comme une sorte d'excuse naissant du coin des lèvres.
J'aurais voulu m'excuser, mais les mots ne voulaient pas sortir. Par égard de fierté, parce que la colère n'était pas encore totalement passée ou bien pour ne pas avouer que sa caresse était infiniment bienveillante? Je n'aurais pu dire. Un peu des trois peut-être.
Ou bien aucun des trois, qui sait?

Il se dégage et je retiens un soupir. Il ne peut pas se contenter de se poser deux secondes, remettre de l'ordre dans sa tête, se calmer et seulement ensuite penser à sa prochaine action? Mais bon, c'est comme ça qu'il est. Je lui apprendrai à prendre son temps une autre fois. Maintenant, il est assit plus loin et fixe le sol et ses griffes. Y'a un truc fascinant par terre?

-Soit. Voici l'histoire. Tu l'as sûrement déjà en partie entendue lors de notre courte discussion avec ma mère. J'ai été "viré" de la maison à mes dix-huit ans, avant même d'avoir ma majorité atteinte. Tout ça parce que ma mère s'est rendu compte que j'avais ce pouvoir de métamorphose. Mais c'est aussi de mon plein gré que j'ai quitté la maison familial. En effet, j'ai découvert après plusieurs années que mon père était un sorcier -car il a quitté la maison avant de me voir naître-, et que ma mère était au courant de tout ça. On peut dire qu'elle voue une haine incroyable à ce monde. Peut-être se sent-elle beaucoup moins puissante face à moi? Je n'en sais trop rien.

Ou peut être qu'elle déteste tout simplement tout ce qui lui rappelle l'homme qui l'a quittée. Mais elle ne pouvait pas détester son propre fils. A bien y réfléchir, si elle fonctionne ainsi, elle a dû faire d'énormes efforts sur elle même pour ne pas se mettre à détester un enfant qui n'avait rien demandé, alors qu'il était la preuve vivante de l'absence de son père. Et les pouvoirs ont fait déborder le vase. Ça n'excuse absolument rien je suis d'accord, mais ça démêle un peu l'histoire.

-Quoiqu'il en soit, après avoir été banni de la maison, ma mère a tentée de trouver un autre héritier. Tu connais la suite. Ce n'était que des fausses couches. Et depuis, elle tente de prendre des gants avant de me parler. Tacher de me faire revenir auprès d'elle. Mais son caractère hautain ne changera pas aussi rapidement. Elle ne veut pas fermer boutique, et même si elle n'en a pas l'air, elle n'a que moi à qui faire confiance. Confier son travail à une tierce personne ne l'intéresse pas. Voilà.

Voilà qui tâche ma théorie du dessus. J'ai plus d'explication, ils sont trop compliqués pour moi. Je persiste à croire qu'elle doit avoir de l'affection pour lui bien terrée quelque part. Maintenant quant à savoir comment le prouver, ou comment la faire sortir...
Je crois que Ren sourit. C'est un peu dur à dire. Enfin, je lis pas les expressions faciales des chats géants tous les jours moi, j'ai encore du mal. Est-ce que ça doit se traduire par "retour à la normale"? Ha! Mission réussie. Nah. T'arriveras pas à déprimer en paix tant que je serai dans le coin, dommage pour toi Boule de poil.
Chez moi, c'est "Boule de poil" qui est synonyme de "retour à la normale".
Bref, c'est bien joli tout ça, mais je suppose qu'il attend une réponse juste après son sourire non?

- Tu vois quand tu veux, je souris. Merci de m'avoir fait suffisamment confiance pour te confier.

A dire vrai, je n'ai rien à commenter sur son histoire. Parce qu'il n'y a rien à dire, il a énoncé des faits passés, et malheureusement il n'y a rien qui puisse les changer. Ce qui est intéressant, c'est ce qui va se passer après, justement parce que c'est influençable. Je lui demanderais bien quand même si il a déjà vu son père, mais ce n'est pas le moment.
Je me relève et tape mon jean pour faire partir tout ce qui aurait pu s'y accrocher. Mine de rien, le sol n'est pas tout à fait propre. Il n'a pas dû prendre de coup de balai depuis... Toujours. Quel tordu se ramènerait avec un balai pour balayer le sol de la montagne hein?

- Tu sais où on est? Parce que moi absolument pas. Il faudrait peut être songer à rentrer pour s'occuper de ton épaule.

Et il a le droit de grimacer si ça lui fait mal... Personne n'interprètera ça comme une déclaration de faiblesse. D'ailleurs...

- Désolé d'avoir atterri dessus tout à l'heure. Ce n'était pas voulu.

Voilà, maintenant l'histoire est close. Allez le chat, je suis sûr que tu peux retrouver le chemin en utilisant ton nez. C'est pas comme ça que font les animaux? Carte sur pattes.

Après les tempête, les séquelles.

Monsieur je-réconforte-qui-je-veux dit :

- Tu vois quand tu veux. Merci de m'avoir fait suffisamment confiance pour te confier.

Mouais, n'empêche qu'un de ces jours, j'arriverai à te faire sortir de ses gonds. Pas que j'ai vraiment envie, mais ça me titille qu'il me voit dans toutes mes émotions, alors que je n'ai vu qu'une partie limitée ds siennes. M'enfin, je ne chercherais pas à recommencer.
Ça me fait juste bizarre.

- Tu sais où on est? Parce que moi absolument pas. Il faudrait peut être songer à rentrer pour s'occuper de ton épaule.

Où on est? À voir ton visage, on croirait que tu souhaites me voir le nez à terre en train de flairer notre piste. Eh bien non, sache que je n suis pas perdu, et que j'ai un meilleur odorat que les chiens. Qu'en somme, tu n'auras pas la chance de me voir ainsi.

- Désolé d'avoir atterri dessus tout à l'heure. Ce n'était pas voulu.

Je fais semblant de l'ignorer, mais d'un côté, je suis rassuré. Au moins, ce n'était VRAIMENT pas voulu. Je soupire et lève la tête. Allez mon coco, on suit le chef de meute hahaha! Ça t'apprendra. Je trouve ça tellement excellent que je répète la même chose à haute voix.
Puis, après cette débilité lancée, je m'élance dans les bois. Il n'a qu'à me suivre avec la téléportation, tiens. Fait marcher ton don. Profite-en. Moi c'est déjà fait.

Quelques minutes s'écoulent, perturbés d'intermittences où je sniffe l'air, conscient d'avoir pris le mauvais chemin. Mais je ne m'avouerais pas vaincu, alors je le fais suffisamment rapidement pour que Take ne s'en rende pas compte et me lance une pique.
Je vois peu à peu la voiture se découvrir entre les arbres. Là, je me transforme instantanément en humain et saisit mes habits. Je m'habille en vitesse, mais fait une grimace lorsque j'enfile ma chemise. Le sang va être visible. et puis, ça me fait mal, j'ai l'impression qu'il y a un caillou dedans. Quelle merde. Je réfléchirais vingt fois avant de bouger dans tout les sens, la prochaine fois.
Quoiqu'il en soit, me voilà dans un sale état, et malgré moi, incapable de conduire plus de cinq minutes avant que mon épaule ne me lance. Conscient de ce phénomène futur, je m'adresse à Takeji d'une voix presque étouffée :

-Je suis désolé, je ne peux pas conduire. Je pense que tu as ton permis. Sinon, on rentre à pied. Mais ça me fait mal au coeur de la laisser ici. Si tu conduis, fais attention au gabarit de la voiture, car les marques allemande sont plus fines que les japonaises. Sur ce, je te laisse à ta découverte.

En gros, conduis où je t'attache au siège conducteur, et fais attention car je ne veux aucune éraflure sinon tu payes. Prenant place en tant que passager, je lui dis, raillerie commune :

-Au fait, la voiture vaut 34 000€. Ma mamie l'a achetée directement d'Allemagne. Comptons donc les frais de port dans un avion.

Et je ris. C'est juste amusant de faire de petites piques sur les "gens du peuple", comme ma mère s'amusait souvent à dire. Elle n'a pas que de mauvais côté... Mais il faut les trouver.
Je siffle de douleur au moment de poser mon dos au siège. Je ne croyais pas que c'était si grave. Faudrait désinfecter au plus vite, ou consulter. Par contre, inventer une excuse, parce que le-léopard-qui-se-prend-un-tronc-parce-qu'il-est-énervé-d'une-rencontre-avec-sa-mère-humaine, ça le fait pas trop. On envisagera par la suite. Mon portefeuille est dans le vide-poche de toute façon.

-Je pense que je vais devoir consulter pour ma blessure. J'ai l'impression qu'elle s'est infectée. Passons par l'hôpital, tu n'as qu'à suivre mes instructions.

Parce que je suis parti du principe qu'il sait conduire et qu'il va conduire. Pendant ce temps, je réfléchirais à une excuse pour ma blessure.

"Suit le chef de meute". Crevure. Me mets pas dans le même panier que toi, quadrupède. Bref, on repart en sens inverse, guidés par la carte à quatre pattes. Et il n'est pas trop mauvais, puisqu'il retrouve sa voiture. Il s'est habillé à toute vitesse directement, et forcément avec la blessure ça ne le fait pas. J'ai un doute... Il va pouvoir conduire? Parce que si c'est pas le cas, on est mal barrés.

-Je suis désolé, je ne peux pas conduire. Je pense que tu as ton permis. Sinon, on rentre à pied. Mais ça me fait mal au cœur de la laisser ici. Si tu conduis, fais attention au gabarit de la voiture, car les marques allemande sont plus fines que les japonaises. Sur ce, je te laisse à ta découverte.

Ha, ha, ha. Non franchement, il n'aurait pas dit ça d'une voix quelque peu faible, j'aurais éclaté de rire et lui aurais demandé si il m'avait bien regardé. Maintenant le problème, c'est qu'il n'a vraiment pas l'air de blaguer. Comment je lui annonce que je suis loin d'avoir mon permis? J'ai l'impression d'être un gosse qui va annoncer qu'il a raté son examen à ses parents...
Oh pitié, dites moi qu'il est pas sérieux. Nooon ne va pas t'assoir côté passager, c'est ma place. Reviens ici! On est mal barrés. Rentrer à pied n'est même pas à proposer. Il sait à quelle distance on est de la ville la plus proche? Il n'a peut être pas vraiment eu conscience du chemin parcouru tout à l'heure.

-Au fait, la voiture vaut 34 000€. Ma mamie l'a achetée directement d'Allemagne. Comptons donc les frais de port dans un avion.

Tais toi, je veux pas savoir le riche. Je parle pas l'euro, mais 34 000 ça me semble beaucoup. Vraiment beaucoup. De toute façon, rien qu'à voir la tête du type qui dit ça et le ton qu'il a employé, je sais que c'est beaucoup. Il les aime ses piques sur sa richesse hein. Il rit. Mais c'est pas drôle du tout. D'ailleurs il ne va pas rire quand il saura la vérité.
En fait il vient d'arrêter de rire pour lâcher un sifflement de douleur. Ouais bon ok. Donc je vais devoir apprendre à conduire en direct pour pas qu'il perde l'usage de son épaule, et par extension du bras qui va avec, c'est ça?
Le pire, c'est qu'il s'est foutu dans cette situation tout seul, de a à z. Je ne veux donc pas un seul reproche sur ma futur conduite.
Ça se trouve, je vais me découvrir un talent caché. L'espoir fait vivre.

-Je pense que je vais devoir consulter pour ma blessure. J'ai l'impression qu'elle s'est infectée. Passons par l'hôpital, tu n'as qu'à suivre mes instructions.

Il y croit que j'ai mon permis hein. Mais moi je trouve ça logique de ne justement pas l'avoir quand on peut se téléporter comme je le fais. Économies énormes. Et en plus c'est non polluant. Que des avantages. Franchement, c'était quoi le pourcentage de chance qu'on arrive à se coincer comme ça sur une montagne-forêt, et qu'il faille absolument que j'ai mon permis? Y'a un type qui s'amuse avec nous maintenant là. Parce que ça fait beaucoup trop de coïncidences à mon goût. Je soupire en passant côté conducteur. Le volant parait soudainement beaucoup plus menaçant.

- ... Ren? J'ai pas mon permis.

Ça, c'est dit.

- Mais si tu me dis comment me débrouiller, je dois être capable de le faire. Je connais le code de la route au moins.

Ça aussi c'est dit. Conduite accompagnée à 21 ans... Mais y'a pas de témoin. Sauf un, mais il a pas trop intérêt à l'ouvrir. Bref. Ça m'étonne aussi que je connaisse le code, mais oui, je l'ai appris et jamais oublié. Allez savoir pourquoi.