(HRP:Tenue de Lisbeth des années 60/70)

Visez toujours la lune. Même si vous la manquez, vous atterrirez parmi les étoiles.

Il fait un temps de chien aujourd'hui. J'observe l'eau s'écraser sur mes doubles vitrages, d'un air mélancolique. Ma télévision est allumée, mais le son est mis en sourdine. La nuit commence à tomber, et mon salon n'est dorénavant éclairé que par la petite lampe de chevet sur la table basse. C'est morbide, ça fait presque peur. À défaut, Rin, Hiro et Mokkun dorment sur le canapé. J'observe l'extérieur sans faire attention au faible son de la télévision.
Je me lève du canapé, m'égare un peu du chemin que je voulais suivre, mais paraît finalement finalement devant ma cuisine. J'ouvre le frigidaire, et remarque que je n'ai presque plus rien à manger. Bien sûr, j'aurai pu attendre le lendemain, mais comme les magasins ne ferment qu'à 19h, ça me tente bien d'y jeter un coup d'œil. Je soupire et referme le frigo. Je me rends à l'entrée, enfile mes chaussures et mon long manteau noir.
Rin m'interromps et me demande si j'accepterais sa présence. Je réponds négativement, et tout en saisissant le parapluie, je lui sors les mille et une raisons du pourquoi et du comment. Un point c'est tout. J'ouvre la porte d'entrée, et me dirige dehors. Il pleut vraiment fort, et c'est presque avec une sensation de pression au niveau de la main qui tient le parapluie que je referme la porte à clé. Je laisse échapper un bâillement. Je ne suis pas spécialement fatigué, mais c'est simplement une nouvelle marque de ma flemme. C'est étonnant qu'il fasse nuit aussi vite. Nous ne sommes pas encore en hiver, les jours sont encore assez longs. Mais le soleil en a décidé autrement, et la lune est déjà bien visible. Flop, flop, font mes pas lorsqu'ils s'écrasent sur le trottoir mouillé. Je n'aurais peut-être pas dû sortir, finalement. Mais maintenant que j'ai fait la moitié du chemin, hors de question de renoncer.

Je continue mon ascension jusqu'à hauteur du cimetière. Mais là, quelque chose attire mon regard. Une petit chose bleue bouge dans la pâleur de la lune. Je plisse les yeux pour mieux voir cette chose dont il est la question. J'ouvre de grands yeux subjugués lorsque je reconnais une silhouette d'enfant. Je vois que la barrière du cimetière est déjà poussée. Il ne s'agit donc pas d'un spectre. J'ai beau être exorciste en second métier, je n'ai jamais vraiment aimé parler avec un fantôme dans un cimetière une nuit de pleine lune. C'est une question de principe. Disons plutôt que... j'en ai peur. C'est un comble pour moi, mais c'est ainsi. S'il faut que je le fasse, je le ferais, mais jamais de mon plein gré. De toute façon, ce n'est pas le moment présent. C'est une vraie petite fille. J'inspire profondément, puis m'approche doucement. Je passe mon parapluie au-dessus d'elle, histoire de la protéger de l'eau. De toute façon, cela n'aura pas grand effet, car la pauvre est déjà toute trempée.
Je tente une première approche sympathique, mais rapidement, je m'inquiète :

-Bonsoir, jeune fille. Tu t'es perdue?

J'ignore pas mal de choses, et je n'ai pas envie de les précipiter. Alors, je reste silencieux, attendant que l'enfant se décide à parler.

Marbre blanc.

La petite silhouette bleue se retourna vers moi, et les yeux de l'enfant prirent un sens observateur. Elle me jaugeait ou quoi? À tout casser, elle devait avoir une dizaine d'années, pas plus. Son attitude me rappela de peu la première fois où j'ai vu Nephilim. Et croyez-moi que ça ne m'a pas enchanté. Puis, elle se mit à répondre :

" Et vous Monsieur? Êtes vous perdue dans cette étrange cimetière ?
Peu de gens se serait risquait de venir voir ce que pouvait être la forme bleue que je suis. Je me promenais. J'ai voulue dormir. C'est tout. "

Dormir? Quelle étrange façon de justifier sa venue. J'ignore si c'est vrai, mais en tout cas, c'est étrange. Je lui réponds d'une voix étonnement douce, que je ne voulais pas aussi tranquille :

-Ce n'est pas le premier cimetière dans lequel je rentre, petite. Et c'est justement ta petite forme qui m'a fait venir jusqu'ici.

Je lui souris d'un air aimable jusqu'au moment où je remarque un air amusé passer sur son visage. Elle poursuit peu après.

" Gardez votre parapluie. Il vous sera plus utile qu'à moi."

Elle est décidément très étrange. Mais ce n'est pas la première fois que ça arrive. Au Mystery, il y a des cas. Certains fantômes sont à eux seuls un paradoxe. Alors, son attitude ne me fait que peu d'effet, et je me décide à soupirer. Je l'observe du même air amusé qu'elle et m'accroupis pour être à sa hauteur, non sans tenir le parapluie au-dessus de nous deux, mais plus penché vers elle.
Après quelques secondes d'observation intense entre nos deux êtres, je demande tranquillement, ignorant le brouhaha que produit les gouttelettes en s'écrasant sur la partie en toile du parapluie :

-Que fais-tu ici? Tes parents doivent certainement te chercher, vu l'heure qu'il est. Je peux te ramener chez toi, si tu le souhaites.

Je ne le veux pas vraiment, mais j'avoue que sa première phrase m'aurait bien fait rire si les circonstances auraient été moindres. Alors, sans prendre de réelles précautions, je me mis à pouffer gentiment, puis déclara :

-Et puis, tu sais, ce n'est réellement pas un bon endroit pour dormir.

Je continue de rire pendant un instant encore, et finit par me calmer. Ça se trouve, ses parents sont morts, et elle se trouve sur leur tombe. Ça me paraît exagéré, mais je ne peux omettre ce détail. Alors, je me stoppe un instant, puis ajoute un petit sourire gêné. J'ignore ce que lui a fait mon petit excès d'hilarité. J'espère que je ne l'ai pas blessée. J'ai tellement l'habitude d'avoir affaire à Nephilim que je rapporte tous les enfants se rapprochant de son âge et de son caractère comme étant elle.
Alors, je reste silencieux et patiente que la petite fille se mette à parler ou bouger. Sa peau est semblable au marbre blanc. Je pourrais m'enfuir en courant, si je n'étais pas habituée au climat morbide d'exorcistes à demi-temps.

Pluie et caveau.

La petite fille se mit à sourire, puis un sourire enfantin s'échappa de ses fines lèvres. Étais-ce ma phrase qui lui avait donné ce réflexe? Étrange enfant.
Sans le faire paraître aux yeux de tous, je commence à être soucieux de sa conduite. Qu'avait-elle eu comme passé pour rire sur ce genre de choses? Non, décidément je ne comprends pas. Mais j'ai envie de savoir. Ma main se crispe légèrement sur le parapluie, mais je garde une attitude amicale.

" Mes parents... Ils ne sont pas enterrés ici. Et franchement si je tombais sur une des tombes... Ça ne me ferais ni chaud ni froid. Je m'en contre fiche. Je viens du Mystery Orphanage. "

Vraiment, beaucoup de choses s'expliquent. Tout : certainement pas; mais une grande partie en tout cas. Je baisse davantage mes prunelles sur les siennes et cède, en faisant apparaître une expression désolée sur le visage. Oui, la brume se dissipe légèrement. Mais la pluie continue son bout de chemin, ignorant nos deux faibles personnes discutant sous son torrent. Je me sens quelque peu mélancolique. Un peu triste aussi. Je n'ai pas vu mon père partir, et je n'ai jamais assisté à la mort d'un membre de ma famille ou de mes amis. Ça me met à l'écart et me rend un peu mal à l'aise.
Je secoue subitement la tête pour faire partir ces pensées pessimistes, et me recentre sur le petit sujet en face de moi.
Elle sourit encore.

" Vous êtes aussi du Mystery pas vrai ? "

Je la regarde étrangement. Son sourire n'est pas franc. D'ailleurs, je n'arrive même pas à voir sa signification. Penchant la tête sur le côté pour le voir d'un autre angle, je finis par acquiescer :

-En effet. Je ne savais pas que tu étudiais chez nous. Tu es arrivée depuis peu, dans ce cas. Tu peux me donner ton nom, s'il te plait? Avec un peu de chance, tu es une de mes élèves.

Chance ou malchance. J'ai affaire à une faune plutôt étrange par moment. Quand on croit faire plaisir, c'est là où on gaffe. Le métier d'instituteur n'est décidément pas le meilleur. Avec beaucoup d'effort, je retiens un soupir.
En y pensant, je remarque comme un idiot que la pauvre est véritablement toute mouillée. Un abri plus adéquate serait le bienvenue. Je lève les yeux et observe les alentours en plissant les yeux pour apercevoir les formes se dessinant dans l'ombre déjà obscurcit du voile impénétrable de la nuit. M'apparaît alors une forme, au sein même du cimetière, à 50 mètres environ de notre place actuelle; Une petite entrée, un peu surélevée, avec le Christ pour décoration de toiture. Ce doit être un petit caveau, qui contient le matériel pour entretenir le cimetière. À vrai dire, j'aurais bien apprécié le porche d'une maison ou ma voiture, et cet endroit n'est pas vraiment fait pour des jeunes filles, mais comme elle n'a pas l'air de broncher, je trouverais mieux, dès que la pluie aura diminué d'intensité.
Me revoilà, à élaborer un plan sans en informer la principale concernée.
Je repose donc mes yeux sur la jeune enfant, et lui indique du doigt l'abri en question :

-Je ne pense pas pouvoir faire grand chose pour la pluie, mais trouver un endroit au sec pour quelques minutes, c'est faisable.

Lentement, je me relève, prêt à aider la petite fille si elle reçoit une quelconque difficulté à bouger ou autre. Il va falloir faire sauter la serrure pour entrer dans le caveau, mais ça devrait se faire sans trop de problèmes. Sans quitter la fille des yeux, je lui propose :

-Si tu as froid, je peux te passer mon manteau, il est sec.

À peu près, dirons-nous. D'autant plus que je dois hausser la voix pour couvrir le son de la pluie. Et un orage qui se profile à l'horizon. Temps de...

Finalement, la petite fille ne m'avait pas encore dit son prénom. Étais-ce pas simple peur? Non, je ne pense pas. Avait-elle oublié? C'est déjà plus plausible. N'empêche que... ça me dérange un peu. J'aimerais bien la ramener à l'orphelinat, puisqu'elle a l'air d'y être.
Elle ne bronche pas lorsque nous nous dirigeons vers le caveau. Comme je me doutais qu'il y avait un cadenas pour protéger le matériel, mais que l'enfant ne s'en doutait pas, elle demanda tranquillement :

" A moins que vous n'ayez la clé... Comment on le fait sauter ? "

Je souris d'un air amusé et traçait une rune dans l'air. Ouais, parce que dessiner sur un cadenas, c'est trop petit et ça s'effacerait avec la bourrasque d'eau qui nous surplombe. Le tout, c'est d'être rapide et précis. Hop, un petit tour de passe-passe, je n'ai même pas besoin de fermer les yeux. La rune s'illumine légèrement et le cadenas s'ouvre dans un cliquetis métallique, avant de tomber comme une masse sur le sol. Je fais grincer le fin portail et ouvre le caveau. C'est plutôt sec et moins étroit que je ne le pensais. En fait, on peut tenir presque à cinq dedans. Il y a des supports, genre des boites en bois, sur lesquels on peut s'asseoir.

-Comme ça, répondis-je fièrement.

Ce n'est pas très bien isolé...
Pour ainsi dire, il n'y a rien d'autre que les murs qui nous servent d'abri. Les fenêtres son inexistantes, il n'y a que la porte qui soit gênante. Mais comme je l'ai dit précédemment, c'est assez large, et on ne craint plus d'être mouillé. C'est tout de même mieux qu'un parapluie. Avec tout ça, on est toujours pas rentrés. J'observe le Christ en hauteur. Je n'ai jamais vraiment été catholique, même si je m'y suis fait baptisé étant petit, mais le problème ici est qu'il va agir comme une sorte de paratonnerre. Quoique... l'église n'est pas si loin. Et jusqu'à preuve du contraire, c'est l'a-pic le plus haut. Donc c'est lui qui se prend tout sur la figure. Aucun problème pour nous, donc.
Comme je n'ai pas l'intention de rester sous la pluie indéfiniment, mais que je ne suis pas du genre à passer en premier dans un lieu sûr, je pousse légèrement la petite fille à entrer, et referme le portail aussitôt que nos personnes soient bien au sec.
J'observe la jeune fille avec amusement. Je fixe un instant une boite de déménagement en bois et décide de m'y asseoir après avoir vérifié la stabilité. Il y en a une en face de moi à sa hauteur. Je pose mes mains sur la surface en bois et m'adresse à l'enfant :

-Bon et maintenant, tu vas me dire qui tu es?

Prononcé sur un ton d'ironie, de douceur mêlé à de l'amusement. Le tout en un. Elle m'intrigue et c'est comme ça.

Un Ange frappe à ma porte

La petite s'adosse au mur, assise sur une caisse. Je lui pose la question, puis elle répond :

" Lisbeth Van Mausen... Vous êtes le professeur de ... Métamorphose non ? "

J'acquiesce doucement, puis ajoute :

-De musique et de japonais, par la même occasion. Tu fais une de ces options?

Je souris légèrement, sans trop insister cependant. J'ai beaucoup de questions à lui poser mais j'ai peur qu'elle rechigne et garde le silence. Et c'est là où ça devient dangereux. Pour un prof, c'est embêtant de ne pas savoir ce qu'un élève pense. On peut rapidement en arriver à des confusions.
Je passe une main rapide dans mes cheveux, signe évident que je me rend compte que je parle trop. D'ailleurs, j'affiche ensuite une petite tête désolée et ralentit mon rythme de discussion :

-Ah, ne m'en veux pas si je te pose autant de questions, j'aime bien faire connaissance avec mes élèves.

"On va dire que ça me fait plaisir de parler avec eux". C'est ce par quoi j'aurais voulu terminer. Et cet orage qui s'approche dangereusement de notre niveau. Un torrent va finir par se déverser dans le cimetière si la pluie continue à tomber comme ça. Et le ciel rira bien de mon petit parapluie. Ah, je regrette vraiment de n'avoir amené ma voiture. C'est pas vrai. En même temps, ça m'étonnerai que Lisbeth y monte, même en sachant que je suis professeur au Mystery.
On dirait... on dirait... qu'elle va s'enrhumer... Je sais pas, je le sens arriver. Très rapidement. Et j'espère que ce n'est que mon imagination.
Enfin bref, si elle veut mon manteau, elle n'a qu'à me le demander. Même si... ça m'étonnerai franchement.
C'est ça, je m'amuse avec elle, sans qu'elle s'en rende compte. Ben oui, elle est tellement silencieuse, se contente de répondre aux réponses qu'elle seule juge d'accord de répondre. Ça me donne envie de rire. Mais je dois aussi être joyeux aussi, mais une telle chose ne m'aurait certainement pas amusé réellement. Et puis le cadre de vie... On peut trouver mieux pour faire dans l'humoristique.

Métamorphose.

À l'annonce de mes autres cours, Lisbeth demanda :

" Vous êtes Takahata-senseï ?"

Je me surpris à tenter de répondre. Mais finalement, c'est tout un mécanisme bizarre qui s'enclenchait doucement. Elle faisait japonais. L'avais-je déjà vu? Les cours avec des élèves qu'on ne connait pas, ce n'est pas génial. Tandis que l'élève retient le seul nom de son professeur, ce dernier doit retenir, et, le plus rapidement possible, tout la ribambelle de nom des nouveaux élèves. Je cherchais dans ma mémoire un fragment de son visage. C'est... possible qu'elle soit déjà venue à mon cours. Mais autant émettre une hypothèse plutôt que d'affirmer quelque chose qui n'est sans doute pas vrai. Je m'embrouille.

Elle ne répond pas à mon excuse, mais je ressens clairement que quelque chose ne va pas. Ça me pousse à observer davantage ce qu'elle fait. Et elle ne tarde pas à se transformer.
Habitué aux nombreuses sensations des métamorphes, il ne me faut pas plus d'une demi-seconde pour comprendre ce qui est en train de se produire. Et ce qu'elle pense ne fait que constater avec évidence que je ne me suis pas trompé.

* C'est ... Pas... Vrai. *

Et la voilà qui devient léopard blanc. Alias le léopard des neiges. Alias ma forme fusionnelle ainsi que la sienne apparemment. C'est souvent avec cette dernière que l'on a tendance à se transformer quand quelque chose ne va pas. C'est déjà rare de trouver quelqu'un avec une transformation similaire, mais si la forme fusionnelle est la même, c'est totalement exceptionnel!
Mais à quoi je pense, moi?
Je m'approche doucement de la petite forme blanche couchée sur ses habits. Vite, pensons à quelque chose. Je pourrais très bien l'amener au Mystery, mais vu comment le tonnerre gronde au loin, je pense que c'est une mauvaise idée, et que les éclairs ne vont pas tarder à retentir. Mais pour commencer :

-Ne me mords pas. J'ai déjà subi des morsures de félins, et je ne tiens pas à ce que ça recommence.

J'enlève mon manteau légèrement mouillé, le roule en boule, mais de façon à laisser une entrée assez grande, et le pose près de Lisbeth. Il doit être encore assez chaud, puisque je l'ai porté sur moi, et ça lui permettra de patienter un moment sans que son état empire. Je lui souris gentiment, et m'assoie sur la caisse où le petit léopard est couché, à une distance raisonnable, pour la mettre en confiance.

-Si tu es malade, je te conseille de te mettre en chaud -j'indique mon manteau-, ça te permettra de ne pas trop te fatiguer, et de ne pas empirer ton état actuel. Je te ramènerai au Mystery quand l'orage aura cessé, sinon je ne dormirais pas ce soir.

Puisque j'ignore si elle sait si je comprends quand elle pense grâce à ma télépathie, j'ajoute mentalement à son attention :

* J'ai la même forme fusionnelle que toi, ça m'a fait très plaisir de le découvrir. *

-Si tu es malade, je te conseille de te mettre en chaud -il indique son manteau-, ça te permettra de ne pas trop te fatiguer, et de ne pas empirer ton état actuel. Je te ramènerai au Mystery quand l'orage aura cessé, sinon je ne dormirais pas ce soir.

* J'ai la même forme fusionnelle que toi, ça m'a fait très plaisir de le découvrir. *

Discussion entre une seule et même espèce.

Lisbeth est presque... sauvage. Dans tous les sens du terme. Ça me met mal à l'aise. Elle grogne, elle ne veut pas qu'on l'approche. J'ai beau chercher, je ne trouve d'explication qu'a son passé. Je ne le lui demanderais pas. Ou plutôt, j'attendrais le bon moment pour demander. Je sais que ce n'est pas forcément facile de parler de chose qu'on ne veut pas expliquer.

* N'y comptez pas. Je me débrouillerais seule. Je n'ai pas besoin d'une nounou. *

Elle n'est vraiment pas facile à mettre en confiance, décidément. J'aimerais bien savoir ce qui bloque son empathie. Ça m'aiderait beaucoup. Pourtant, je suis sûre qu'elle peut-être très gentille. Et je suis décidé à la faire changer. Par tous les moyens possibles. Mais je veux d'abord la mettre en confiance. Que croit-elle que je pourrais lui faire? Je n'ai pas une attitude de tueur ni rien d'autre. Non, vraiment, je ne comprend pas le mécanisme de blocage qui occupe le cerveau de Lisbeth.
Pourtant, quand je lui parle de ma forme fusionnelle, on dirait qu'une petite lumière s'allume près d'elle. Je lui souris et elle lance un petit :

* ... Tss ... *

Très mignon. Ça m'amuse. On dirait qu'elle fait semblant de cacher quelque chose. Tu as le droit de dire que ça te fait plaisir d'avoir la même forme fusionnelle que moi. C'est trop rare pour qu'on y reste insensible. Ça met deux personnes dans une sorte de complicité. C'est en tout cas ce à quoi ça me fait penser, et ce que je ressens avant tout.
D'ailleurs, elle se lève légèrement et va s'installer dans le campement de fortune. Elle vérifie l'entrée méticuleusement. Non, je n'ai pas caché d'arme ni de cutter, ni rien d'autre d'ailleurs. Tu peux t'y coucher en tranquillité. je vais finir par croire que je l'ai vraiment, cette tête de tueur. Je ne serais pas professeur si j'avais un autre travail de mercenaire en parallèle. Pas possible. Enfin, les exorcistes font un peu ce genre de choses, sauf qu'il s'agit de fantôme, non pas d'humains.

* Vous êtes content ? *

J'esquisse un sourire amusé, et acquiesce tranquillement. Elle cache bien son jeu, la coquine. Ça me donne envie de rire franchement, mais j'ai peur de la vexer. En revanche, je ne peux m'empêcher de répliquer :

-Exprime un peu tes sentiments, au lieu de bouder dans ton coin.

Et voilà, c'est fait. J'ai envie de la câliner. J'y peux rien, quand on voit un mini-léopard des neiges pour la première fois, on a envie de toucher la texture de ses poils. C'est automatique. Mais j'ai peur de me faire mordre. C'est déjà arrivé en cours de métamorphose quand il y en a un qui se croit un peu trop fort et qui s'attaque au professeur. Nan, mais vous croyiez franchement que c'était CalinLand tout les jours ou quoi? je vais vous décevoir, parce que nan. C'est même parfois dangereux. C'est pour ça qu'il faut toujours maitriser l'élève et les bagarres. Bon, ça n'arrive pas tous le temps, et heureusement d'ailleurs, mais le risque zéro n'existe pas. Tout ça pour dire que je garde un assez mauvais souvenir de ce genre d'expérience.
Et que je ne suis pas maso.
Lisbeth m'observe étrangement, puis déclame :

* Vous devez être un phénomène dans votre pays. Avec des yeux pareils. *

C'est ça qui la tracasse? Ah... Eh bien, maintenant qu'elle le dit, c'est une question logique. On ne rencontre pas un asiatique aux yeux non bruns tous les jours. C'est inscrit dans les gênes. Pour toute réponse, je fais mine réfléchir, puis me décide à parler :

-La génétique nous fait des trucs parfois étranges. Peut-être une influence de ma forme fusionnelle? Je n'en sais rien. En tout cas, je suis souvent remarqué, oui. C'est pour ça que je met des lunettes de soleil dès que je le peux. Mais ici, ça ne sert à rien. Il pleut pratiquement tout le temps, alors ça ferait idiot.

J'hésite un instant, puis pose la question qui me turlupine depuis un bon quart d'heure :

-Pourquoi restes-tu aussi méfiante? Je ne veux rien te faire.

Boule de poil miniature.

Suite à ma phrase, le petit léopard releva subitement la tête, et d'un air de défi, elle lança :

* Parce que c'est comme ça. C'est tout. Il n'y à rien à comprendre. Car vous ne pouvez pas le comprendre. *

Elle veut jouer à ça? Je lève un sourcil amusé. Comment peut-elle savoir que je ne comprendrait rien? Et même si c'est le cas, je suis bien trop fier pour oser l'avouer. De plus, sa phrase est une invitation à répondre. Je le perçois comme ça.
Je ne m'en rend pas vraiment compte, mais j'ai l'impression qu'il s'instaure un climat plus tempéré maintenant. Pas explicitement, mais ça vient du cœur. Elle me fait penser à une petite sœur toute renfermée sur elle-même, qui n'attend plus que quelqu'un pour l'aider à se relever. C'est une belle image. Et le résultat est mon expression actuelle. Elle est plus douce. Je réponds cependant :

-Qui t'a dit que personne ne te comprendrait? C'est simplement toi qui te fourre ça dans la tête. Je suis sûr que je comprendrais.

Je lui lance cette phrase sur le même air de défi qu'elle. Parce que les enfants, ça défit les adultes, ça veut toujours avoir raison. Je sais qu'elle ne pourra pas rester insensible à ça. C'est l'habitude de côtoyer des enfants qui me fait avoir cette idée. Même si Lisbeth n'est pas de ce gabarie-là. Il faut que j'emploie une tout autre technique. Mais je ne la connais pas encore, alors j'avance à tâtons. Déjà, si j'arrive à la mettre en confiance avec moi, ce sera une bonne chose de faite. Après, on verra pour les autres.
Je suis tellement concentré sur le petit léopard que je sors de mes pensées uniquement quand elle s'enfonce dans le manteau, hérissé de tous ses poils. Un éclair retentit, bientôt suivit par le tonnerre.

* Je hais les surprises de ce genre. *

Je souris légèrement d'un air désolé. On ne peut rien contre la Nature. Elle est plus forte que n'importe qui. N'empêche que si l'orage se rapproche, on va être dans un endroit dit « dangereux ». Il y a une entrée d'air, et une sorte de paratonnerre de fortune sur le « toit ». Si l'orage s'approche trop, on va devoir changer d'endroit. Et rapidement. Mais il n'y a pas de problème pour le moment. Juste des flash par moment. Ça me rappelle quand ma mère me disait petit que l'orage, c'était le petit Jésus qui jouait aux boules. Quand elles tombaient, ça faisait un boucan du diable. Et je me souviens que ça m'a souvent rassuré des orages en étant petit.
Mais je ne crois pas que Lisbeth ai réellement peur de l'orage. Elle est simplement surprise. C'est pour cette raison que je n'ajoute rien.

* Tss ... *

Et encore cette petite remarque que je ne comprends pas. Je reste silencieux. J'ai l'impression qu'elle est fatiguée. Alors, je me tais, pour favoriser son endormissement. D'ailleurs, je ne tarde pas à confirmer mes constatations.

* Je dois pas m'endormir *

Elle s'enfonce encore davantage dans le manteau. Elle est à deux doigts de dormir. Et pourtant, elle se force à rester éveiller. Je me permet de la rassurer, sans hausser ou mettre de ton dans ma phrase, histoire qu'elle ne se réveille pas subitement à cause de ça.

-C'était à prévoir, mais tu es toujours libre de sortir du manteau. Le froid te réveillera peut-être.

Après, j'aimerais croire qu'elle n'ai pas de fièvre. Parce que je devrais la ramener rapidement, dans ce cas-là. Et je ne suis pas sûr que l'infirmier soit là à cette heure... Que de problème. Mais je ne préfère pas y penser. Pour l'instant, j'observe la boule de poil enfouit dans mon manteau. Elle est tellement mignonne que j'ai envie de la câliner. Mais ça, je l'ai déjà dit. Et puis, je vais me faire mordre. Et je n'ai pas envie.

-Qui t'a dit que personne ne te comprendrait? C'est simplement toi qui te fourre ça dans la tête. Je suis sûr que je comprendrais. Avait-il dit d'un ton doux


-C'était à prévoir, mais tu es toujours libre de sortir du manteau. Le froid te réveillera peut-être.

Boule de poil qui sort d'un truc noir.

Elle sourit de ses dents aiguisées et blanches peu après ma phrase. Bon d'accord, j'ai enfoncé le bouchon un peu trop loin. Misère, il y a tout à refaire? Tout? Non. Ah, il est si difficile de la faire parler. À défaut de pouvoir insister un nouvelle fois, je préfère amplement la retraite.

-Bon d'accord, excuse-moi pour ça, je ne te poserai plus de questions.

Lisbeth suivit cependant mon indication, et sortit du manteau, s'étant étirée au préalable et ayant lâché un bâillement. Elle frissonna légèrement, tandis que ses poils suivirent le rythme du vent s'engouffrant dans la petite bâtisse.

* Pour réveillée ça réveille oui... *

Je souris doucement. Passer du froid au chaud comme ça, ça n'a rien d'étonnant à ce que cela réveille. Et d'ailleurs, ça m'étonne qu'elle n'y retourne pas directement. Quand il y a une source de chaleur pareille, on s'y réfugie. C'est une question de logique. Mais nan, la petite fille résiste toujours et s'assoie en face de moi.

* La prochaine fois je viendrais avec un parapluie. C'est sûr. *

Je ris. Parce que sa phrase est très amusante. Et si je n'avais pas été là, j'ignore comment ça se serait terminé. Mais ce n'est pas sérieux d'être cochée comme ça sur une tombe avec la pluie qu'il y a dehors. Quelle mouche l'a piqué pour faire une pareille bêtise? Parce que j'appelle ça une bêtise. On ne joue pas avec la santé. C'est très fragile et dangereux à la fois. Je durcis un instant le regard, puis relâche le tout en quelques secondes.

-Pourquoi étais-tu là, sous la pluie?

Parce qu'il faut que je le dise, sinon ça va me rester en tête et faire mille tours. D'autant plus qu'elle ne sera plus là après. Que je ne dormirai donc pas. Que.... Bon voilà, pas besoin d'autres explications.

* Vous êtes du genre têtu pas vrai ? *

Moi, têtu? Naan, je suis simplement très curieux. C'est un défaut, j'en suis conscient, mais certain moments, ça peut-être très efficace. Alors, non, je ne suis pas têtu.
Bon, y'a autre chose maintenant. C'est qu'il fait beaucoup plus froid maintenant que l'orage s'est rapproché. Je vois bien que la petite caille un peu. Mais moi ça va encore. Et j'ai peur qu'elle attrape un rhume ou un truc de ce genre. Dites, c'est dingue comme je suis méticuleux sur sa santé, à Lisbeth. Je ne sais pas ce qui entraîne ça, mais c'est... ouaah, direct.
D'ailleurs, ma remarque prochaine est tout à fait dans mon état d'esprit à ce moment.

-Non, simplement curieux. Tu vas mieux?

Sympathie.

Lisbeth ne s'étend pas sur ma question, en se contentant simplement de répondre :

* Je me promenais. *

Je levais un sourcil interrogateur. Drôle d'endroit pour se balader. C'est un peu... glauque comme environnement. Je frissonne. Quelle mouche l'as piqué?

* Une voix. Elle disait quelque chose. Alors je me suis approchée. *

Je sens ma curiosité piquée au vif. Une voix? Quelle genre de voix? C'est normal d'avoir affaire à des fantômes, mais je trouve Lisbeth un peu étrange de parler de cette manière-là. Elle l'a entendu, est-ce que ça signifie qu'elle ne l'a pas vu? Je reste perplexe mais ne pose pas davantage de question. La nuit est tombée depuis longtemps, mais l'orage nous fait voir par ses éclairs comme s'il faisait jour. J'ignore s'il se rapprochera encore plus de notre petit caveau, mais j'aimerais éviter que cela se passe de cette manière. Je passe une main rapide dans mes cheveux et soupire légèrement. Rester statique n'a rien de bon, mais sortir peut-être dangereux ce soir.
Je lui demande comment elle va, ce auquel elle répond, quelques secondes plus tard :

* J'ai connue pire. La situation est assez... Acceptable on va dire. *

Je n'ose imaginer cette chose qu'elle insinue. Ouah, je commence à fatiguer, je n'ai plus les idées très claires, et ça contribue à me fatiguer encore plus, car je cherche mes mots. La meilleure chose est d'écouter et de se taire. Tranquillement.

* Pourquoi vous... Vous prenez soin de moi ? Après tout je ne suis qu'une élève comme les autres. Vous pourriez très bien ignorer. Alors pourquoi ? *

Sa phrase me paru déplacée. Il n'y a pas de réponse à cette question. C'est mon élève, je m'occupe d'elle comme je m'occuperais d'un autre élève. Quand on est prof, on gagne cette attitude de protecteur envers les élèves. On ne veut pas qu'ils se sentent paumés. Et ça s'accentue en majorité à cause de l'orphelinat. Les enfants viennent pleurer parce qu'ils sont orphelins depuis quelques mois. Je trouve ça très émouvant, même si je n'aime pas vraiment les enfants.
Je ressens la même chose pour Lisbeth, autant parce qu'elle garde tout pour elle. Je lui souris gentiment et répond :

-Tu es une élève, cela me suffit. Et même si ce n'était pas le cas, je serais venue te voir. Tu peux appeler ça comme tu veux. Et puis, je ne reste -malgré moi- pas insensible au fait que l'on ai la même forme fusionnelle. Donc tu n'es pas "comme les autres", tu es "spécial". Sans même trop te connaître, je t'apprécie déjà comme une petite soeur.

Je détourne les yeux, parce que quelque part, ça me gêne de le dire. J'ai l'impression de mettre mes sentiments sur un plateau que tout le monde pourra voir. Je fixe l'extérieur au moment où un éclair survient.

-Je suis désolé si tu le prends mal. Mais c'est comme ça que je le ressens. Je suis fils unique et j'ai du mal à comprendre ou à ressentir quoique soit d'autre que beaucoup d'amitié et de protection envers toi.

Je descend un peu les yeux pour fixer ses prunelles d'aciers. J'aimerais franchement la serrer dans mes bras. Mais j'ai encore peur qu'elle le prenne mal. Il faudrait s'y prendre avec des pinces...

-Tu es une élève, cela me suffit. Et même si ce n'était pas le cas, je serais venue te voir. Tu peux appeler ça comme tu veux. Et puis, je ne reste -malgré moi- pas insensible au fait que l'on ai la même forme fusionnelle. Donc tu n'es pas "comme les autres", tu es "spécial". Sans même trop te connaître, je t'apprécie déjà comme une petite sœur.


-Je suis désolé si tu le prends mal. Mais c'est comme ça que je le ressens. Je suis fils unique et j'ai du mal à comprendre ou à
ressentir quoique soit d'autre que beaucoup d'amitié et de protection envers toi. Dit-il en regardant à l'extérieur

Fatigue.

La petite fille n'avait pas l'air convaincue. Finalement, je lâche un soupir désemparé. Ce n'est pas aujourd'hui que j'arriverai à tirer quelque chose de cette attitude impassible. Mais peut-être qu'un jour...
Je m'étire. Ce jour n'est pas cette nuit en tout cas, et je commence sérieusement à fatiguer. Je devrais être devant la télé à l'heure qu'il est, avec les trois animaux avachis sur le canapé, en train de dormir. À la place, je suis dans un caveau qui me protège de la pluie et de l'orage, avec une élève que j'ai bien du mal à cerner. Je sens que la soirée va être longue. Et les bestioles qui doivent encore attendre que je rentre. Ça se trouve elles vont débarquer d'un moment à l'autre. Je préfèrerais franchement pas.

* Je sais que tu es sincère. Je sais reconnaitre les gens qui le sont. Ainsi que les menteurs. *

Pas un sourire, pas un clignement d'oeil. Ah, elle est belle la solidarité. Ça vaut bien la peine de se dépatouiller dans un monde totalement déconnecté. Je vais finir par aller me suicider. Nan, en fait pas maintenant, me reste des choses à accomplir...
À tout bien réfléchir, je me suiciderais au moment de mourir. Ouais, ça c'est cool comme truc. Pas avant, par contre, ça serait trop idiot. À force de comploter pour sa propre mort, on finit par attirer les ondes sur la personne en face de nous. Et sachant qu'à part les morts, il n'y a que le léopard sous mes yeux qui les reçoit.

* Si ça avez été vous sur cette tombe. Je me serais pas occupée de vous. Je serais venue vous voir c'est sur. Mais jamais je ne vous aurais aidée. *

Eh bien, mon avenir promet. Rappelez-moi que la prochaine fois que je vois Lisbeth, il ne faut pas que je sois en état de dangerosité. Sinon, je pourrais crever sous ses yeux. Si c'est pas malheureux. Et en plus, c'est méchant. Je hausse les épaules d'un air blasé, parce que c'est ce qui finit par arriver lorsqu'on en arrive à de telles paroles. Je deviens lassé de ce genre de choses, et ça me fatigue ou m'irrite en fonction de mon tempérament de la matinée. Aujourd'hui, c'est plus de la fatigue. Heureusement, d'ailleurs.

* Je ne comprendrais jamais les gens au final. Ils sont incapables. Et moi aussi. *
-Un homme ne se comprend pas. Et je ne suis pas d'accord sur ta deuxième phrase...

Je me tus un instant, pour capter le regard du léopard, et trouver un sens à mes paroles par la même occasion. Non, les hommes ne sont pas incapables. C'est simplement... simplement leur sensibilité qui leur permet d'être ce que l'on peut appeler d'"incapable", mais c'est aussi une force qui peut s'ouvrir d'un seul coup, sans que personne ne s'en rende compte.

-C'est le caractère qui fait la personne. Personne n'est incapable. Car même ce qu'il ne réussit pas est, quelque part une réussite.

Voilà que je me lance dans la phylosophie. C'est la fatigue, ne cherchez pas plus loin. Je me gratte les cheveux avec un râle.

-Ah, ne cherche pas à comprendre. Je suis simplement fatigué. Et je pense que même cette pluie ne me découragera pas à rentrer chez moi.

Après tout, j'ai mon parapluie sous le bras. Et puisque Lisbeth à l'air d'insister pour que je ne la materne pas, je vais exaucer son souhait et la laisser. C'est vilain, méchant, et si j'étais dans mon état normal, ça ne se serait jamais passé ainsi. Mais là, je suis fatigué, j'en ai marre de tourner en rond.
Et avant tout, je retourne peu à peu dans mon état de flemmard, même s'il n'a pas grand sens dans cette discussion.Un nouveau soupir et un nouvel éclair, suivit par son tonnerre quelques secondes plus tard. Avec un peu de chance, l'orage s'écarte de nous. J'espère.

Sous la pluie.

Le petit léopard me fixa un instant, puis retourna se coucher dans mon manteau. Dos à moi. C'est un gros gag, ou elle me tourne Vraiment le dos? Je ne fais aucune remarque, mais reste perplexe. Et il y a de quoi. Peut-être est-ce la fatigue qui lui chauffe le cerveau? En tout cas, je ne suis pas au bout de mes surprises.

* Merci. *

J'ouvre de grands yeux subjugués. Ouah, c'est Noël avant l'heure. Il y a deux minutes, elle rebutait tout ce que je lui disais et maintenant... et maintenant... Je crois qu'elle veut me faire mourir sous le choc. Avant ça, ou plutôt après ça, je finis par sourire. Parce que d'un côté, ça me fait du bien. De penser que je n'ai pas fait tout cela pour rien.
Elle ne dit plus rien. J'observe l'extérieur d'un air blasé. Ah, c'est pas possible d'être bloqués comme ça. Je n'ai pas envie de laisser Lisbeth comme ça, toute seule. et puis, je fatigue moi aussi. Rien que le fait que je me répète sur ce que je dis, ça prouve mes dires. Je secoue légèrement la tête. Jetant un coup d'œil rapide vers le manteau, j'observe les mouvements tranquilles du léopard. Elle respire normalement. Tant mieux.
Elle a l'air profondément endormi... Pet-être que... j'approche une main peu affirmée vers son pelage, et après quelques secondes d'intenses hésitations, je touche du bout des doigt la peau du léopard. Elle n'esquisse aucun geste violent. C'est le moment ou jamais de rentrer à l'orphelinat. Même s'il pleut, vente et orage dehors -on s'en fiche que ça se dise pas, c'est le soir, mince-, je pense que c'est le meilleur moment pour bouger d'ici. Et puisque ma maison est plus près de l'orphelinat, je ferais un petit saut par celle-ci pour faire la suite du trajet en voiture. Parce qu'à pied, ça représente tout de même une vingtaine de minutes.Et que je n'ai pas vraiment de temps à perdre.

Je saisis mon manteau, en faisant attention à ne pas trop remuer Lisbeth qui est à l'intérieur. Parce qu'après tout, je vais devoir le remettre mon manteau. Je préfère le mouiller plutôt que mes affaires qui sont normalement en-dessous. J'enfile donc les manches du manteau et prend le petit léopard dans mes bras, en faisant attention à ce qu'elle ne soit pas mouillée. Et je peux vous dire que ce n'est pas une mince affaire que voilà. L'avantage, c'est qu'elle ne risque pas de se réveiller, avec la chaleur que je dois dégager par rapport à l'extérieur. Le moins, c'est que l'extérieur en question en fait rien pour que je l'apprécie. Je sens que je vais être mouillé des cheveux en arrivant à l'orphelinat. Et je n'apprécie pas qu'on bousille ma coupe de cette façon. Nature ou pas Nature.
J'inspire un bon coup, et enfonce ma tête dans mon manteau, en relevant le col. Allez savoir comment, mais Lisbeth ne sera effectivement pas touchée par les gouttes de pluie. Elle sera sèche comme un jour d'été. Pas moi.

Allez, en route, mauvaise troupe. Tant qu'à être mouillé, évitons de faire durer ce plaisir. Et puis, je n'aime pas l'orage. Je n'ai jamais aimé. Brrr. Déjà froid.

Alors, récapitulons... petit tour chez moi, puis direction l'orphelinat. Dernière rime d'un dernier jour. Je l'espère...

FIN