J'ai maaaaal partout. Partout, partout, partout. Je le martèle au cas où ça ne serait pas clair. Parce que pour moi ça ne l'est pas. Pourquoi est-ce que j'ai mal partout comme ça hein? Des courbatures alors même que je ne bouge pas, la gorge qui me brûle, je sens sans le sentir -parce que je ne bouge pas encore- que mes muscles vont me faire très mal quand je vais me lever. Et le comble, c'est que je veux me lever. J'aurais jamais cru penser ça un jour dans ma vie, mais oui, je veux me réveiller là maintenant tout de suite. Parce que mon lit est super dur et que ça n'arrange rien à mon mal de dos. On dirait un vieux, mais quand je dis que j'ai mal partout, c'est vraiment partout. Donc je veux me réveiller. Pour aller me recoucher ailleurs, évidemment. Où je suis d'ailleurs? Allez Takeji, ouvre tes yeux, réveille toi, lève toi, debout. Bouge! Rien à faire, ça marche pas. Je crois que cette difficulté à me lever est profondément encrée en moi. Du coup même si je veux me lever, je ne me lève pas. Je pourrais au moins ouvrir les yeux. Peut être que ce que je vais voir va me décider à bouger. Allez, hop les deux paupières qui s'ouvrent en même temps, si c'est pas beau comme syncronisation ça. Oui je sais que ça le fait à tout le monde, mais ne cassez pas mes joies si tôt le matin.
Je sais même pas si il est tôt d'ailleurs.
J'ai ouvert les yeux pour fixer un plafond qui n'est pas le mien. Je sais que ce n'est pas mon plafond. Et maintenant que je reviens à moi, je sais aussi que ce n'est pas ma chambre, ni mon lit, ni même mon appart. Mais qu'est ce que j'ai encore fait hier? Si je ne m'en souviens pas, c'est déjà mauvais signe. Je suis un enfant sage, je n'ai pas pu faire de bêtises. Pourquoi j'ai l'impression que personne ne me crois? Allez vous faire voir loin, très loin. Demandez aux habitants de Russie si ils vont bien, et revenez. Attention, tous les habitants de Russie. Même les paumés en Sibérie. Amusez vous bien, et bon voyage. Je vous conseille d'emmener une écharpe et des gants en Sibérie. Mais je dis ça, je dis rien. Si vous préférez y aller en t-shirt hein...
Bon, pour continuer dans le cliché du "je me lève ailleurs que chez moi, sans souvenir de la veille et en ayant mal partout" y'a quelque chose qui me prend paisiblement pour un oreiller. Quelque chose, plutôt quelqu'un je pense. J'ai vraiment des doutes sur la journée d'hier, et ils ne vont pas dans le bon sens. Attendez... Je suis tout habillé, je crois. C'est plutôt bon signe non? Je fais remarquer que je fixe toujours le plafond et que je n'ai toujours pas jeté un oeil à ce qui dort. Peur moi? Pas du tout. Je préserve le suspense, c'est différent. Et je sais que j'aime dormir comme une pierre, alors je laisse les autres le faire. Que celui qui a dit qu'un regard ne réveillait personne se désigne, faut qu'on parle. Mais pas maintenant.
Mémoire, mémoire, chère mémoire où es-tu partie? Tu me manque, dans tous les sens du terme. Reviens, promis je serai gentil. Adorable même, tu sais que j'en suis capable. Alleez, reviens au moins me dire pourquoi je suis couché sur le sol avec un être humain -j'ose espérer que c'est effectivement un être plus ou moins humain- à moitié étalé sur moi. S'il te plait? Pitié?
J'arrive pas à établir la communication, je crois qu'elle est loin. Et j'ai super mal partout, mais je l'ai déjà dit plein de fois je sais. Ça n'empêche pas que j'ai mal partout quand même. Et que fixer le plafond ne m'aide toujours pas à déterminer où je suis. Bon, arrêtons là le suspense, lever de rideau, voyons voir l'identité de la personne qui me prend pour un oreiller. Je baisse les yeux. Et les remonte aussitôt. Vous savez quoi? J'étais rassuré d'avoir mes vêtements tout à l'heure, mais l'autre là ne les a pas vraiment, de ce que j'ai vu. Et il ressemblait furieusement à Ren. Et que c'est un homme, mais on verra ce détail après. Pourquoi est ce que je suis étalé sur le sol avec un type à moitié nu qui ressemble à Ren dans un endroit inconnu?
Au risque de me répéter: j'ai foutu quoi hier?
Mais... Il ressemble trop à Ren, c'est trop louche. C'est même hyper louche, mais j'ai pas envie de lister pourquoi c'est louche, ça pourrait me porter préjudice. Maintenant que je me décide à arrêter de fixer le plafond pour regarder un peu mieux la pièce, ça ressemble au salon de Ren. Bon... Finalement le type qui lui ressemble... Je crois qu'il y a de fortes, très fortes, chances que ce soit l'original. Ren, le seul, l'unique. Qu'est ce qu'il fiche là? Je veux bien que ça soit chez lui, mais ça n'explique absolument pas sa position. Notre position pour être exact. Et ma mémoire qui ne veut toujours pas revenir. Mais je ne peux pas l'insulter, au risque de ne jamais la voir revenir. Or, j'aimerais particulièrement me rappeler de la journée d'hier avant que le chat ne se réveille. Pour un peu que sa mémoire soit partie avec la mienne en vacances... Si il se met à imaginer je ne sais quoi, je ne serai même pas en mesure de me défendre et de démentir parce que je n'ai pas la moindre idée de ce qui a pu ammener à ça.
Voyons voir... Ah mais en fait, il porte toujours ses espèces de bandes le chat. Comme si il s'était métamorphosé, sauf que je ne vois pas ses vêtements dans le coin. J'ai pas le courage de le réveiller, il a l'air trop paisible quand il dort pour que j'ose bouger.
Mais il va bien falloir que je bouge. Même si ça va faire un mal de chien. D'ailleurs, vu mon état, je me demande si Ren va mieux...
La dernière fois qu'on a passé la nuit ensembles -ne prenez pas de mauvaises idées- c'était au Japon. Et on ne l'avait pas fait exprès, on s'était évanoui en même temps. Peut être bien que ça s'est reproduit. Ça semble la meilleure explication à la situation.
Bon, désolé Ren, mais j'ai besoin de ta mémoire, la mienne s'est tirée et j'aime pas ne pas savoir. Je tire avec difficulté un bras -ça fait mal, j'avais raison- et passe ma main doucement dans ses cheveux pour l'éveiller. Allez, debout, tu m'a suffisamment utilisé comme matelas.

- Ren? Bonjour, je dis doucement.

Ma voix me fait mal à la tête, c'est grave. Du coup je grimace et ferme les yeux avant d'ajouter:

- Tu m'expliques ce qu'on fait là?

Voilà, je sais même pas si il a entendu mais je n'ai pas le courage de m'en assurer.

bouh...

Ouah, j'ai trouvé l'espace intersidéral de la galaxie toute entière. C'est un gros bordel de mots pas clairs. Ça se bouscule, mais au final j'y comprends rien. Ouais, c'est ce qu'on peut appeler rêver. Rêver éveillé. Et le gros truc intersidéral en question, c'est ma tête. Un mélange de tout et de n'importe quoi, dans un ordre imprécis, sans logique et avec des informations inutiles. C'est inutile mais ça fait mal. J'ai l'impression d'avoir bu de tout mon saoul. J'espère ne pas avoir la gueule de bois en me levant c'est tout. Je me souviens pas de ce que j'ai fait. Ça serait la preuve que j'ai bu, au final. Ouais, mais y'a pas ce goût désagréable dans la bouche, alors je crois que nan, finalement, je me suis pas bourré. Reste à vérifier.
Je m'embrouille, je commence à réfléchir, j'ai mal à la tête, j'ai l'impression qu'elle va exploser si je réfléchis. Alors ça fait pouf et je retombe dans l'espace intersidéral.
Ah ben tiens, y'a un martien qui s'est accroché à mes cheveux et qui s'amusent à les décoiffer avec ses tentacules. J't'ai rien demandé, toi. En tout cas, ce martien me réveille.

- Ren? Bonjour.
-Laisse-moi dormir...

Tiens, c'est drôle, le martien ressemble à Takeji. Énorme, ce mec me suit même dans mes rêves. Ah, j'lui dirais ça à mon réveil. Attends... J'suis censé être réveillé nan?
J'ouvre des yeux qui voient pas. Ouais, c'est le mot. Parce que mes paupières sont closes. Faut envoyer une décharge électrique au cerveau pour qu'il ordonne aux paupières de s'ouvrir. Le problème, c'est que ça bloque au niveau des neurones. Ça fait trop mal. Nan, j'ai bu, là c'est pas possible.
Oh pitié... J'espère que l'apparition de Take n'était qu'un rêve alors... Parce que sa voix était drôlement près de moi, et que j'étais sur une surface qui ressemble à une personne. Ça porte à confusion. Peut-être qu'il vaut mieux ne pas voir cette scène. Si ça se trouve j'ai été drogué. et je pense pas que c'est Take qui aurait fait ça. Après, quand à savoir ce qu'il s'est passé... Je préfère pas savoir. Vraiment pas. Mais alors...

- Tu m'expliques ce qu'on fait là?

Bon allez, petit signal électrique, et hop on ouvre les yeux. Whoua, j'savais pas qu'on pouvait voir aussi trouble quand même. Ah ça y est, je vois bien.
...
Quelqu'un peut-il m'expliquer ce que je fous sur Take? Qui plus est à moitié à poil? Enfin, avec mes bandes pour la métamorphoses.. mais ça n'empêche ! je me relève à peine et la main de Take tombe. Ah, ben finalement, c'était pas un martien... C'était bien sa main. Il voulait faire quoi? Je lui fis un regard suspicieux et me relevait aussitôt. Ouille, le dos... J'ai dû mal dormir. D'ailleurs, qu'est-ce qu'on fout dans mon salon, et sur le tapis en plein milieu. Ou la la, j'ai la mémoire qui flanche. Bon, de toute façon, on va faire quelque chose en première option. S'habiller décemment.
Je fais un signe bref à Take et monte à l'étage. Là, je me change totalement. J'enlève ces satanés bandes qui me collent à la peau depuis je-sais-pas combien de temps et enfile une chemise blanche, un slip et un jean noir. Puisque je suis chez moi, je prends une paire de chaussettes noires et descend aussitôt. Ouah, je me sens tellement plus léger subitement. Je sais pas combien de temps j'ai dormi sur lui, mais suffisamment longtemps pour ressentir une atroce gêne et une envie de se gratter. Chiant... Bon bref, je me passe de commentaire maintenant que c'est terminé. Je soupire et observe Take. Ben mon vieux, tu peux plus te relever? Je m'approche de lui et lui lance un regard étonné :

-Qu'est-ce qu'il t'arrive, Take?

Ouais, j'avoue que la question de Take s'est retrouvé dans le vide intersidéral de ma mémoire. J'en ai aucun souvenir, pour faire bref. D'ailleurs, j'ai l'impression qu'il souffre pas mal. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé, bon sang? On s'est fait attaqués par une armée de poltergeist ou quoi? Sérieux, ça fait peur. Moi aussi, je ressens des courbatures, mais rien de plus. Alors que lui... lui il peut carrément plus bouger.
Alors, je tente de le relever, et je finis par le porter totalement, pour le poser sur le canapé (j'enlève ses chaussures, car mon canapé est blanc et c'est du cuir).
Je m'assois près de lui et m'enquis subitement, plus soucieux qu'étonné, à présent :

-Tu es sûr que ça va?

Peut-être va-t-il tenter de se lever, mais qu'il prenne son temps. Apparemment, on est tous deux en proie à une grande dose d'amnésie. Et plus je cherche, plus ça me fait mal à la tête... Attends, je vais vraiment croire qu'on a été drogués, là.

Je sens qu'il se relève alors j'ouvre les yeux, tout ça pour avoir droit à un regard suspicieux. Hey, j'ai rien fait moi! D'abord, je suis pas en état d'avoir fait quoi que ce soit, et ensuite de ça, je suis celui qui est habillé. De nous deux, celui qui a une tête de coupable, c'est pas moi. Mais je ne peux pas bouger pour me défendre, donc finalement on a l'air aussi louche l'un que l'autre.
Il fait un signe et se tire. Je sais pas ce qu'il va faire, mais il est en bien meilleur état que moi.
Recommençons. Mémoire? Si tu m'entends reviens. Et je serai sage toute la journée, promis. Fais pas comme si tu me croyais pas, tu sais que j'en suis capable. Trois jours par an. J'en use un pour toi, allez rammènes toi. Trois: premier rhume de l'année, jour de déprime annuel, et le dernier c'est moi qui choisis. Ouais, trois jours par an.
Rien à faire, la mémoire ne revient pas. Ça m'énerve, je veux savoir pourquoi j'ai mal partout. Et je veux me tirer du sol aussi. Allez une téléportation, puisque je ne peux pas bouger.
Aouch, grave erreur... Non seulement ça n'a pas marché, mais maintenant j'ai envie de vomir... Gé-nial. Pas possible, on m'empêche de me téléporter en plus de m'empêcher de bouger et de causer? Je veux le nom du coupable, maintenant tout de suite. J'vais aller lui rendre une visite dont il se souviendra.
Mais je ne peux pas bouger...
Punaise.

-Qu'est-ce qu'il t'arrive, Take?

Beaucoup de choses et je ne peux pas ouvrir la bouche pour te les dire! Hrmnn... Si en fait, techniquement je peux. Mais parler me déchire la tête. Qu'est ce que j'ai fait hier? Oui c'est la question du jour. Je ne pense pas avoir bu. D'une parce que je n'aime pas ça, donc me faudrait une sacré raison pour avoir ouvert une bouteille, et de deux parce qu'il n'y a pas d'arrière goût de lendemain de cuite dans ma bouche. Donc c'est pas ça.
Pourquoi je vole? Ah nan, c'est Ren qui me porte. En parlant de lui, il n'a pas l'air d'être bien mal en point... Forcément, ce chanceux n'a pas passé la nuit par terre, il avait un oreiller vivant. Même si je me doute que ça ne doit pas être la vraie raison, laissez moi râler en paix. Et puis, il doit être sacrément retourné quand même, il m'a demandé de le laisser dormir tout à l'heure.
Rendez-vous compte, on parle de Ren. Rien que son prénom suffit à l'explication. Pour ceux qui ne comprennent pas, j'y peux rien, vous avez raté des épisodes. Et je ne suis pas en mesure de vous les raconter.

-Tu es sûr que ça va?

Aussi bien que si un troupeau d'éléphants avec des talons aiguilles et dansant la salsa m'était passé dessus. Ce qui ne veut pas dire grand chose à part que non ça ne va pas. Mais je ne vais pas le dire à voix haute. Fierté mal placée, mais j'en ai rien à faire. De toute façon, faut que j'évite de parler. Nah. N'empêche que je n'ai pas l'intention de me laisser materner par Ren bien longtemps. Alors déjà, commencer par s'assoir. Aie, aie, aie, aie, aie, aie, aie, aie, on a compris le schéma, ouille. Y'a un truc qui joue à rebondir sur les parois de mon crâne. Le truc est rapide et plein d'épines. Tout ça pour dire que ça fait un mal de chien et que Ren va finir par croire que je suis muet. Parce que j'ai toujours pas ouvert la bouche.
Mais je suis assis!
Bon allez, j'ai 21 ans, on ne va pas me mettre hors service comme ça. Plus facile à dire qu'à faire...

- J'suis pas mort, donc ça va.

Ma têêêêête...

- ... Franchement, on a fait quoi hier?

Aiiiiie... J'ajouterai bien que notre position de réveil était plus que louche. Genre très suspecte. Mais il doit le savoir. Sinon faut refaire une partie de son éducation, et qu'il ne compte pas sur moi. Est-ce que je lui ai demandé si il allait bien? Bah, dans le doute...

- Et sinon, tu vas bien?

Ça me tue. Désolé Ren mais je suis bien incapable de bouger, donc je vais squatter le temps de récupérer l'usage de la téléportation. Ça ne devrait pas être long. Enfin... J'espère que t'avais rien prévu de la journée quoi.

Ren-mère... Haha très drôle >_>

Comment on a pu en arriver là? Je me le demande depuis déjà un bon bout de temps. Mais quoi qu'on ai fait, c'est terminé. Et les conséquences sont beaucoup plus aggravantes chez Take que chez moi. Juste une forte envie de m'étirer pendant trois mille ans, mais bon ça c'est certainement à cause de l'endroit où je dormais.
Maintenant qu'il est sur le canapé, je peux observer de plus près comment il va. Et franchement, j'aurais préféré ne pas savoir. Il m'inquiète, et j'aime pas quand on m'inquiète, c'est comme ça. Je soupire.
Take répond :

- J'suis pas mort, donc ça va.

Ouais, ben tes blagues à deux balles, je m'en passerai bien. J'ai de quoi me poser plein de questions, et je stoppe mentalement l'apparition de pensées bizarres, voir indéfinissables. C'est pour ça que j'ai pas vraiment les idées embrumées. N'empêche que je crois que je n'ai jamais été autant perturbé parce que quelqu'un se sent mal. Ça me fout mal à l'aise, et je sais pas quoi faire. Je suis totalement inutile.
je baisse les yeux sur Take. Il a l'air de souffrir quand il parle. Ça doit l'énerver à lui aussi, et moi, ça me fait mal au coeur.

- ... Franchement, on a fait quoi hier?
-J'en sais rien du tout.

Et C'est la pure vérité. J'ai un blanc à partir de mon réveil. Pouf! Plus de mémoire. Ça fait peur, mais on s'y habitue et on pense plus à ce qu'on a oublié. La curiosité humaine, ça n'a jamais vraiment été mon fort. Je suis curieux comme tout le monde sur terre, mais certainement en dessous de la moyenne générale.
Alors, je ne me pose pas de question. Ou plutôt... J'en ai tellement que ça me fait comme un trou noir. Ça avale tout.

- Et sinon, tu vas bien?

Je lui souris bizarrement. Si je vais bien? C'est toi qui devrais t'en faire, mon pote. Je peux courir le marathon, alors que tu ne peux même pas te lever. Alors tais-toi. De toute façon, tu ne peux certainement plus parler. Faut faire quelque chose pour toi. Je peux appeler l'infirmière à domicile, mais je sens que ça ne servirait à rien. Alors, j'attends, et finalement me décide à répondre à sa question :

-Ouais, je vais bien. C'est toi qui va pas bien. Arrête de parler et repose-toi, je vais pas te tuer si tu t'endors.

Je préfèrerais même, à vrai dire. Me viens alors une idée. Il n'a pas l'air psychiquement en état de pouvoir dormir, alors autant l'y aider. Je me souviens d'un truc que ma mère me faisait quand j'étais encore un gamin innocent au chemin tout tracé à ses yeux. Peut-être que ça va marcher avec lui. Je vais pas lui chanter un berceuse quand même. Ma voix s'accorde plutôt au rock, et là c'est pas vraiment le thème du jour. Je soupire, saisis la télécommande pour ne pas m'ennuyer si jamais il s'endort réellement. Je soulève la tête à Take et m'assoit sur le rebord du canapé. Je repose sa tête sur mes genoux t le couche. Bon aller, je suis pas doué pour ça, mais c'est le moment où jamais d'apprendre. je fais du piano, ça doit être la même chose à quelques détails près, nan? Alors, comme je soupçonne Take de grogner, je lui dis d'un air blasé :

-Avant de penser même à râler, part du principe que ça ne se renouvellera pas, et que je le fais uniquement parce que je sais que ça fait du bien.

Je l'observe un moment, soupire et décide d'enclencher ma petite solution miracle. Je saisis une mèche de ses cheveux et commence lui papouiller le crâne. Bon, il aura les cheveux en fouillis au réveil, mais ça va le relaxer, et il se sentira mieux. Après, c'est moi qui aurait mal aux doigts.
Je continue un instant sans rien dire, décidé à le faire s'endormir. je ne le regarde pas pour ne pas attirer son attention, mais je sais que dès que sa tête pivotera sur le côté extérieur du canapé, il sera au pays des rêves.
Reste plus qu'à attendre. En attendant, ça me repose moi aussi, mais tout de même pas au point de m'endormir. Je continuerai tant qu'il ne dormira pas, et après, j'allumerai la télévision au volume le plus bas pour ne pas le réveiller.

-J'en sais rien du tout.

Alors pourquoi que t'es pas dans le même état que moi? Non en fait, tant mieux je te le souhaite pas. On dirait un infirme malade et blessé alors que je suis persuadé que je n'ai aucune blessure. C'est juste un stade de fatigue très, très avancé. Tiens, je vois flou.
J'ai presque l'impression d'être passé sous anestésie générale et de m'en réveiller en fait. Est-ce que je suis vraiment réveillé au final? J'ai l'impression de flotter entre deux mondes, et non ça n'a aucun lien avec la téléportation. De toute façon, on ne flotte pas entre deux mondes avec. Interdiction de rester dans des dimensions parallèles, on disparait et on réaparait point barre.

-Ouais, je vais bien. C'est toi qui va pas bien. Arrête de parler et repose-toi, je vais pas te tuer si tu t'endors.

Dis moi quelque chose que je ne sais pas...
Tu crois que je ne veux pas me rendormir? Attends, regardes mieux à qui tu parles.
Y'a pas moyen que je reste coincé dans cet état de larvitude avancé. Je disais pas ça y'a cinq minutes mais je m'en fiche. Rendez-vous compte que ça m'empêche même de dormir. Innaceptable. Mais si je bouge et n'en fais qu'à ma tête, je vais m'écraser par terre d'ici trois pas. Et j'ai pas envie d'y retourner. En plus je ne peux plus me téléporter, et ça n'a pas intérêt à durer parce que sinon... Sinon... Sinon? J'en sais rien, ça me fait mal à la tête de réfléchir. Mais comme ça me fait aussi mal à la tête de ne rien faire, je vais continuer à penser à tout et à rien. Surtout à tout, puisque rien n'est pas là.
Je suis sûr que ça a manqué à tout le monde, alors j'en remets une couche. Bordel, quelqu'un va t-il m'éclairer sur ce qu'on a foutu hier? Voilà. J'ai envoyé les signaux télépathique à ma mémoire et à celle de Ren qui sont partie en vacances toutes les deux joyeusement, y'a plus qu'à attendre qu'elles répondent.
Il me rallonge sur le canapé pour poser ma tête sur ses genoux. J'ai plein de trucs à dire là. Déjà, mince alors j'avais galéré à m'assoir et voilà qu'on me rallonge. Tsss. Et ensuite...

-Avant de penser même à râler, part du principe que ça ne se renouvellera pas, et que je le fais uniquement parce que je sais que ça fait du bien.

Ensuite... Hey! Je pense ce que je veux d'abord. Et puis je vais râler. Ren à chaque fois qu'on se réveille d'une nuit à deux -le premier qui prend la phrase de travers passe par la fenêtre- faut qu'on enchaine les situations ambigues ensuite. Tu le fais exprès?
Bon... Ça reste l'hôpital qui se fout de la charité. Je suis celui qui lui saute dessus à chaque occasion que je peux trouver. Mais c'est pas pareil! Ou peut être que si... Après tout, aucun n'a d'arrière pensé derrière ces gestes. Je me questionne trop et au final ça ne mène à rien. Déjà que j'ai mal à la tête, si en plus je commence à me questionner sur quelque chose qui n'en a pas besoin.
J'ai pas la force de protester, et ça serait mentir que de dire que je ne suis pas bien installé. Mais ce n'est évidemment pas une raison suffisante pour que je le reconnaisse aussi à voix haute. Faut pas pousser mémé dans les orties. Bref. M'en fous, personne ne voit, nah. Et puis, il m'envoie lentement mais surement dans les bras de Morphée avec ses actions lui.
Je veux pas! Je suis têtu et contradictoire en plus de faire le gosse mais j'en ai rien à faire. Oui je suis insuportable quand je suis malade comme ça. Enfin, j'ai beau ne pas vouloir je sens mes yeux qui se ferment. J'ai même pas répliqué quoi que ce soit depuis tout à l'heure... Ouais finalement je vais aller dormir, et je reviendrai en forme. Girouette indécise, moi? Pas du tout.
BREF.
Allez tous manger du foin.


Je me redresse d'un coup. Dommage raté, mauvais choix d'action. L'environnement tourne, et je pose une main sur ma tête comme si ça pouvait l'empêcher de tourner. Mais en fait je suis juste complètement désorienté, et ça doit être moi qui tourne, pas le reste.

- Ça pourrait arrêter de tourner deux minutes? Je me plaints à voix haute.

Oh ma voix était un peu faible. Ma vue se stabilise. Qu'est ce que je fiche là? J'ai comme une vague impression de déjà vu. J'aime pas cette impression, donc y'a intérêt à ce que je sache ce que je fiche ici. Alors je me rappelle. Ren m'a eut en traitre et a profité de mon état de faiblesse pour m'attaquer. Ça c'est la version officielle. Maintenant quant à ce que je pense vraiment, il a juste réussit à m'endormir et j'en avais besoin. Combien de temps ai-je dormi là, à squatter chez lui? Va falloir que je trouve un truc pour le remercier. En tout cas, je vais mieux. Me revoilà en service. J'ai toujours des courbatures, mais rien d'insurmontable. Hourra, je vais pouvoir bouger comme je veux. Et même parler! Ça m'avait manqué. Sans parler de la téléportation.

Sauvé par... trois boules de poils?

Eh ben, il s'endort vite, celui-là. Quelques secondes suffisent. Je me décide alors à allumer la télé. C'est pas l'heure des infos, les dessins-animés, c'est aps trop mon truc, et les enquêtes policières non plus. Y'a rien d'intéressant. Et je sais pas quand il va se réveiller. Alors, je bouge un peu. Pas de réaction. Il est vraiment bien endormi. Alors je me décide à me lever en silence et monte au premier, en m'étant assuré que Take dorme encore. Voilà, maintenant je vais prendre ma douche, parce que ça devient urgent.
Une dizaine de minutes suffisent, et je redescends les cheveux encore trempés dans le salon.
J'en profite pour ouvrir la porte vitrée à l'arrière pour faire rentrer l'air, parce que ça commence à sentir le renfermé. Ensuite, je me rassoit, repose la tête de Take sur me genoux et continue à zaper les différentes chaîne du câble et du satellite. Bon, on va se regarder de la musique, parce qu'il n'y a rien de mieux en ce moment. De toute façon, c'est bien connu, les émissions les plus nases passent pendant les vacances. Alors je soupire et observe la télé d'un air totalement blasé.

Une petite heure passe, et je sens que Take remue. Je baisse la tête, mais le relève subitement avant de me prendre un coup. Il s'est brutalement relevé. et résultat, maintenant assis, il se plaint ouvertement :

- Ça pourrait arrêter de tourner deux minutes?
-C'est de ta faute, faut pas te lever aussi précipitamment.

Et toc, ça c'est dit. Je l'observe en silence, alternant mon regard entre lui et la télévision. J'en profite pour monter un peu le son, car une musique sympa passe. Mais rapidement, je m'en lasse et lance d'un air affectif :

-Bon alors, bien dormi? T'as plus de mal à parler?

Je l'inonderai encore bien de question diverses et variées, mais m'en retiens. S'il a mal à la tête, lui parler ne risque pas d'arranger les choses. Soudainement, je perçus des petits pas d'animaux près de la baie vitrée. On entend bien, pas besoin d'être métamorphe. C'est du carrelage, et les bestioles en question ont des griffes. Alors ça s'entend. Je me lève et aperçoit Rin, Mokkun et Hiro débarquer chez moi.

*Salut Ren*
*Salut Rin, alors comment allez-vous?*
*Eh bien, si on omet le fait qu'on a dû se débrouiller tout seuls pour se trouver de la nourriture, après que tu nous ai magnifiquement planté ton ami et toi dans la prairie, tout va bien. Vous foutiez quoi? On a voulu rentrer dans la maison, mais t'a eu la bêtise de fermer ta porte vitrée, donc on t'observais dormir sur le sol du salon sans rien pouvoir faire. Si on a un peu rayé la côté droite de la porte fenêtre, à force d'essayer de te réveiller. Rien à faire.*

Je fronce les sourcils. Il a abimé ma porte fenêtre? Je me dirige à grands pas vers cette dernière et cherche dans les coins pour trouver la rayure en question. Alors, dès que je l'ai trouvé, je lance un puissant :

-Rin... Je t'ai déjà dit des centaines de fois de pas foutre tes pattes sur la fenêtre. T'a dû gratter vingt mille fois dessus pour faire une entaille comme ça. En plus c'est du double-vitrage, ça coute cher.
*La faute à qui? Et puis, tu manques pas d'argent*
-J'aimerais le dépenser autrement qu'à réparer vos bêtises.
*Je t'embête profondément. C'est toi qui nous as accueillis. On est pas civilisés.*
*TU n'es pas civilisée, Rin* intervient soudainement Hiro.

Je soupire et dégage de la conversation. Je me dirige vers Take et m'assoit brutalement sur le canapé, provoquant un drôle de bruit. Je ferme les yeux. Mes fenêtres... Qu'est-ce qu'elle a fait...? Tout ça parce qu'elle m'a vu en train de dormir. Dormir couchés sur le sol du salon. Elle pouvait pas attendre? J'inspire pour mieux soupirer, mais me stoppe en plein milieu. C'est quoi cette histoire de prairie? Ça me rappelle vaguement quelque chose... mais quoi? Je tente de faire le tri dans mes idées, mais ça n'a pas l'air de bien marcher. J'ouvre les yeux, et ordonne à Rin de venir ici. Évidemment, elle prend ses aises, et saute pour se coucher sur mes genoux. je souris un peu et la câline un moment. Bon, c'est pas tout ça mais :

*C'est quoi cette histoire de prairie?*
*T'es amnésique ou quoi? C'était pas plus tard qu'hier.*
*Je ne m'en souviens plus. Raconte.*
*Tu étais venu pour nous défouler à l'origine. Mais t'a vu ton ami humain et vous avez tentés une sorte de bataille sans gagnant. Au final, vous vous êtes effondrés sur le sol, et alors que j'avais les yeux braqués sur toi, pouf! Vous avez disparus! On est revenus chez toi, et on vous as trouvés étendus au sol tels des carpettes. Vous étiez tellement mignon comme ça. Et puis, j'ai commencé à entailler la fenêtre pour rentrer. C'est tout*

Je marque une pause. Alors c'est ça qu'il s'est passé? Je me retiens un moment et éclate de rire. Ça m'enlève un grand poids. Pas de trucs bizarres ni ambigus, ça me rassure. N'empêche que ça me revient progressivement maintenant. Je reprends mon souffle. Qui aurais cru que des animaux nous auraient faits retrouver la mémoire, c'est amusant d'y penser même une seule seconde. Je dirige mes yeux vers ceux de Take et lui lance :

-Ah, je sais ce qu'il s'est passé... Et c'est grâce à cette boule de poil.

Et je ris une nouvelle fois.

-C'est de ta faute, faut pas te lever aussi précipitamment.

Bla bla bla. Peuh.
Je t'emm.. bête. Et cordialement, en plus.

-Bon alors, bien dormi? T'as plus de mal à parler?

Nan. Tu veux une preuve? De toute façon tu l'auras. Mon cerveau est en train de se réveiller, dans pas longtemps j'aurai fait ma première connerie de la journée. Je suis encore courbaturé, mais c'est pas ça qui m'arrêtera. Surtout vu dans quel état j'étais tout à l'heure. Il est quelle heure au fait? J'en sais rien, mais y'a toute la journée à rattraper. Enfin, tout ce qui est passé. Bon ok, j'ai besoin de savoir l'heure.
Ren a passé tout son temps là? Il a dû s'ennuyer comme un rat mort. C'est un peu dérangeant pour un chat non? Je me rassois correctement, alors qu'il part je ne sais où faire je ne sais quoi. J'ai cru entendre des grattements.

-Rin... Je t'ai déjà dit des centaines de fois de pas foutre tes pattes sur la fenêtre. T'a dû gratter vingt mille fois dessus pour faire une entaille comme ça. En plus c'est du double-vitrage, ça coute cher.

Oh, il se passe quoi? Et puis, sans même le savoir, regardez qui parle d'argent. Franchement Ren...
Si tu veux pas payer les réparations de ta maison, vas habiter sous un arbre. Il se réparera tout seul. Bon par contre, tu risques d'avoir un peu froid en hiver. Quoiqu'avec ta forme de léopard des neiges, tu surviras.

-J'aimerais le dépenser autrement qu'à réparer vos bêtises.

Il a conscience de renvoyer l'image d'un type qui parle dans le vide -ou presque- devant une fenêtre? Je pouffe. Scène de ménage entre un humain et un chat, un vrai. J'ai une blague pas drôle à faire. Enfin, encore moins drôle que celles que je fais d'habitude. Donc je vais m'abstenir. Pouvez toujours m'envoyer un courrier de réclamation si vous voulez la connaitre, mais ça sera à vos risques et périls.
Et voilà Ren qui revient s'assoir en soupirant. Beh alors? On dirait un type lassé comme c'est pas possible. T'as que 24 ans hein. Ça m'encourage à le motiver, et donc à faire une connerie. C'est motivant d'avoir un type qui fait n'importe quoi à côté.
Bon, au moins ça distrait.
Ruinez pas mes espoirs.
Rin débarque pour aller sur les genoux de Ren. Ils n'auront pas mis longtemps à se réconcilier.

-Ah, je sais ce qu'il s'est passé... Et c'est grâce à cette boule de poil.

Et le voilà qui rit.
Ah ouais tu sais? Raconte moi tout. Je veux savoir. Et je ne plaisante même pas, je vais aller régler le compte du type qui m'a foutu dans cet état.

- Tu sais pourquoi on a fini comme ça? Donne moi des noms que j'aille me défouler sur le responsable.

Je suis tout à fait sérieux. D'ailleurs Ren, pourquoi est-ce que tu riais? C'est quelque chose de drôle? Raah, si en plus on s'est faits avoir de façon ridicule, ça ne va pas aller du tout.

- D'ailleurs où on a été trainer pour que ça arrive? Et puis... Qui nous a ramené au milieu de ton salon?

Et comment qu'on a fini étalés comme ça, et surtout pourquoi. Bon bref, j'veux qu'il me raconte ce qu'il sait et maintenant. Donc je vais arrêter mon enchainement de question, et le laisser en placer une.

- Je me tais et je t'écoute.

Traumatisé par les évènements de la journée, moi? Absolument pas.

Explication.

Encore terrassé par les rires, j'entends Take prononcer :

- Tu sais pourquoi on a fini comme ça? Donne moi des noms que j'aille me défouler sur le responsable.

Et je repars de plus belle. Il comprend ce qu'il raconte? C'est amusant. Si tu savais.... C'est toi le coupable Take! Mais je me tais, pour provoquer son impatience et voir jusqu'où il peut aller. Je m'amuse à deviner ses phrases, ses mouvements et ses sentiments. et Rin qui me parle aussi. Mais elle, je l'ignore pour le moment, trop concentré sur les phrases de Take.

- D'ailleurs où on a été trainer pour que ça arrive? Et puis... Qui nous a ramené au milieu de ton salon?

Je m'arrête de rire quelques secondes, pour repartir de plus belle. Encore une fois, la question ne se pose pas. C'est encore lui la raison de tout ceci. Je finis cependant par me calmer quelques minutes plus tard, soupirant un grand coup pour évacuer l'oxygène en surplus. J'observe Take et lui lance un regard amusé. Alors, encore de l'imagination où t'a fini d'agresser une personne inconnue, qui n'est en réalité personne d'autre que toi?

- Je me tais et je t'écoute.

Déjà fini? La blague aura été courte. Mais ce sont les meilleures. Je pose ma main sur l'épaule de Take lui murmure :

-Arrête d'agresser mon mobilier à parler de quelqu'un que tu ne connais pas... ou que tu connais un peu trop.

Je réfléchis un instant, pour voir comment détourner la phrase pour faire durer le suspens un peu plus longtemps. Cependant, j'abandonne rapidement, peu amène à me confier à ce genre de jeu où il faut réfléchir.
Je m'étire et câline Rin, reprenant le fil de mes pensées. D'ailleurs, je crois qu'il est temps de lui parler de cette fameuse journée, et de terminer le doute qui pèse sur ses épaules. Alors, je prends une grande inspiration et me lance :

-Bon, commençons. Te souviens-tu de cette journée où nous nous sommes retrouvés dans la prairie?

D'abord, commencer par le commencement. Ensuite, éviter l'afflux de données envoyées au cerveau, parce qu'il y a un risque de surchauffe non-négligeable. Alors, on y va lentement. Mokkun et Hiro viennent se joindre à la mascarade, l'écureuil prenant place sur le dossier du canapé et le furet à une place stratégique sur les genoux de Take (puisque les miens sont déjà occupés). Je sais que c'est uniquement pour les câlins qu'il s'est placé à cet emplacement, mais ça me fait plaisir qu'il élargisse un peu son champ de vision et découvre un humain qu'il apprécie, autre que moi.
Alors, je souris gentiment, ne cherche pas à aborder une conversation avec lui, mais m'adresse plutôt à Take et lui chuchote amicalement, avec une pointe d'amusement dans la voix :

-Je crois que Mokkun t'apprécie vraiment. Tu vas voir, il va toujours squatter quand tu viendras ici. Attends toi à un fou furieux.
*Je t'entends...*
*C'est fait exprès, baka!*

Je souris avec malice et reçoit un coup de patte de la part de Rin, parce que je me suis arrêté de la caresser cinq secondes. C'est pas possible ce chat. J'aurais dû m'en douter, le moteur interne du chat s'est arrêté. Et dès que je recommence, ça se remet en route. C'est trop marrant quand ça ronronne ces bêtes-là. Mais je m'éloigne du sujet principal là. Hiro tombe comme une masse (il doit faire du toboggan sur mon canapé) et s'endort aussitôt. Un en moins à s'occuper. Je vérifie tout de même qu'il n'est pas mort, parce que ça porte à confusion de s'endormir après avoir dévalé quelques mètres. Mais non, il va bien... Il est simplement... fatigué. Alors, je soupire et reprend le fil de mes idées :

-Bon, quoiqu'il en soit, après notre sois disante bataille qui s'est terminée en match nul, il y a maintenant... presque une journée entière, tu nous a téléportés alors que j'étais déjà dans les vapes à l'intérieur de la maison, et tu as dû tomber de fatigue toi aussi. Ça fait qu'on a dormi l'un sur l'autre pour récupérer.

En fait, ça paraît tellement simple a expliquer. Mais si Take ne se souvient pas de la prairie, je vais vraiment pas pouvoir l'aider, et ça va faire du langage de sourd. Alors espérons qu'il s'en souvienne... J'ai rien à ajouter.

J'ai vaguement -mais vraiment à peine hein- l'impression qu'il se fiche de moi là. Pourquoi tu rigoles Ren, allez partages l'histoire. Je me demande vraiment -oui oui, encore- ce qu'on a fait hier. Nan mais pour que ça le fasse rire à ce point, c'est que ça doit être quelque chose quand même. Je trouve pas l'état dans lequel on s'est réveillé particulièrement drôle, mais sait-on jamais.
Il pose sa main sur mon épaule et me regarde.
J'ai peur.
Vraiment.

-Arrête d'agresser mon mobilier à parler de quelqu'un que tu ne connais pas... ou que tu connais un peu trop.

Il a murmuré! Ren, tu veux faire une parodie de film d'horreur? Et puis attends voir toi... Quelqu'un que je connais un peu trop... Moi j'vois qu'un suspect possible, et c'est toi Boule de poil...
Avoues, Suspect n°1, qu'est-ce que t'as foutu hein? Et pourquoi j'ai été embarqué là dedans? C'est bizarre ça... C'est pourtant plus le genre de situation où je serais capable de nous fourrer. Mais ça ne me donne pas le nom de celui qui nous a mis dans cet état.
Suspect n°1 se recule s'étire avant de câliner son chat, Complice n°1, parce que je trouve que ça lui va très bien comme surnom.
Avis à la population locale -c'est toi Ren- mon cerveau se réveille. Et comme j'ai été sage toute la journée, tu vas te prendre un truc énorme dans la tête, tu vas rien comprendre. Mais avant avoues tes crimes.

-Bon, commençons. Te souviens-tu de cette journée où nous nous sommes retrouvés dans la prairie?

Dans... La prairie? Mais qu'est-ce qu'on aurait pu faire dans la prairie? Quoique... Ren étant un chat, il peut bien aller y courir. Moi j'ai pas d'excuse. Bon, mettons ça sur le compte d'une téléportation aléatoire, parce qu'un jour je finirai même au fond d'un lac comme ça. Tiens, Mokkun vient de s'installer sur mes genoux.

-Je crois que Mokkun t'apprécie vraiment. Tu vas voir, il va toujours squatter quand tu viendras ici. Attends toi à un fou furieux.

Vrai? Un ami! Ha, j'arrive à me faire accepter de la meute, trop fier. Et mon premier réflexe est de poser une main sur le furet pour le caresser. J'sais pas... Quand j'ai un truc sur les genoux j'ai envie de jouer avec ou de le caresser. A plus forte raison si c'est un animal. Hey, chacun son truc hein.
Bref, Suspect n°1, t'as toujours pas avoué.

-Bon, quoiqu'il en soit, après notre sois disant bataille qui s'est terminée en match nul, il y a maintenant... presque une journée entière, tu nous a téléportés alors que j'étais déjà dans les vapes à l'intérieur de la maison, et tu as dû tomber de fatigue toi aussi.

Donc on s'est battus... Jusqu'à épuisement... Et ensuite, je nous ai téléportés alors que je n'étais pas censé être en état de pouvoir le faire...?

- Ça fait qu'on a dormi l'un sur l'autre pour récupérer.
- Ça fait que si j'ai tout compris, le type auquel j'ai juré de refaire le portrait, c'est moi...?

... Est ce que ça veut dire que je dois... Aller chez le coiffeur? C'est peut être un signe du destin.
Non, mais attendez je suis pas le seul responsable de tout ça. La journée me revient par bribes. Purée, on y a été fort quand même. Finalement on avait peut être bu avant hein... Nan parce qu'on a poussé loin. Et puis, pour expliquer mon état de ce matin, j'ai utilisé une téléportation pour deux -dont un non téléporteur en plus- alors que j'avais à peine de quoi me téléporter moi même. Ha.
L'abus de téléportation nuit à la santé.
Mais genre gravement. Ça pompe toute trace d'énergie jusqu'au bout pour se lancer.
M'en fous, au moins je suis plus fort que j'en ai l'air -et que ce que je pensais aussi...-.
Mais cette téléportation abusive, M.Je-m'évanouis-au-milieu-de-la-prairie-au-crépuscule-et-sans-défense, elle a été utilisée pour te bouger aussi. Hmmn... Bah, t'es pardonné. Pour diverses raisons, dont les évènements qui vont suivre.

- ... Ouais... La prochaine fois, on s'arrêtera avant de s'évanouir.

Ah, faut déjà que je déplace les animaux, sinon ils vont être pris dans le coup. Alors, pardon Mokkun, je te pose à côté sur le canapé, de toute façon c'est pas la place qui manque. Quant à Rin, euh... Je sais pas. Elle bougera toute seule.
Qu'est ce que je fais de mieux pour embêter Ren...? Ça:

- Dis, tu fais quoi si je décide de te sauter dessus incessamment sous peu? Genre... Maintenant tout de suite.

Quelle gentillesse, je préviens deux secondes avant l'acte. Je lui saute dessus sans plus de préparation, en mettant un soin tout particulier à le serrer fort. J'ai de la force et lui aussi, alors ça s'équilibrera, de toute façon un câlin ça fait pas mal. Oh tiens, ça nous a amenés dans une position étrange puisqu'on est sur un canapé...
Rien à faire. Pas de témoins. Pas d'arrière pensée non plus, alors on est ok, nan?
N'empêche qu'il suffirait que je tourne la tête pour... Bref, ça vous regarde pas.
Le plus gros câlin qu'il ait pu recevoir de toute son existence, nah!
Pourquoi je fais ça? Aucune idée. Ptêt pour m'excuser de l'avoir obligé à rester là.

Vengeance amicale

Lorsque je lui annonce délibérément ce qu'il s'est réellement passé cette soirée-là, il prend beaucoup de temps pour comprendre. Mokkun à l'air de sympathiser avec Takeji, et dort déjà. Enfin, lorsque que j'annonce la fin de l'histoire, Take poursuit aussitôt :

- Ça fait que si j'ai tout compris, le type auquel j'ai juré de refaire le portrait, c'est moi...?

Je ris. Oui, c'est toi. Qui cela aurait-il pu être, à part toi ou moi...? Attends, tu croyais que j'étais le coupable? C'est méchant, vraiment méchant. Je le regarde en soulevant un sourcil et arrête de caresser Rin. Celle-ci relève sa tête poilue et me fixe dans un regard significatif. Je lui lance ce même regard, et cette dernière fait semblant de m'ignorer. Elle a compris que je n'étais pas à sa botte. En réalité, c'est souvent le contraire. Je la nourris, elle me doit au moins ça. Alors elle se soumet, un point c'est tout.
Pour revenir à Take, il ajoute au bout de quelques secondes, me sortant de ma discussio interne avec mon chat.

- ... Ouais... La prochaine fois, on s'arrêtera avant de s'évanouir.

Ça serait en effet intelligent, et j'appuie sa phrase par un geste affirmatif. C'est alors qu'il déplace Mokkun dans un seul geste. celui-ci me fait parvenir un mot dont je censurerait le sens. Faut dire qu'il ne l'a pas très bien pris. Un furet c'est pas un chat, c'est plus fragile. Et c'est pas aussi élastique. Bref, dans le cas de Mokkun, ce qui l'embête plus, c'est le fait d'être littéralement viré de son emplacement confortable. Rin est toujours sur mes jambes, et j'ai reposé mes mains sur elle. Je pose un regard distrait sur Hiro qui est étalé de tout son long, et faillit sursauter quand Takeji prononce ces mots :

- Dis, tu fais quoi si je décide de te sauter dessus incessamment sous peu? Genre... Maintenant tout de suite.

Ben je subis. Comme toujours. Et je commence sérieusement à m'y habituer. Je n'aime pas cette sensation d'habitude. Il me faut un peu de nouvelle sensation. Une nouvelle technique. Beaucoup plus influente, et efficace. Qu'on ne risque pas d'oublier. Mais je n'y pense pas vraiment pour le moment. Take me saute littéralement dessus. Je parlerais pas d'ambiguïté, parce qu'il y en a un peu trop. J'en ferais peut-être la liste. Un jour. La position? Très importante. Il m'enlace assez fortement. Rin a dégagée au dernier moment pour ne pas se prendre un coup de jambe ou autre. Je ne saurais pas vraiment décrire la position, à vrai dire. Y'en a un peu partout. Le problème, plus important, c'est que cette soudaine preuve d'amitié ne m'a pas laissé de glace. Pour une fois, moi qui croyait m'y être habitué... Je manque de rougir, mais me retient au dernier moment, maitrisant maladroitement mes émotions. Je n'ai jamais vraiment pris le temps d'y penser, mais maintenant je me dis qu'on est devenu subitement amis proches. On peut être pris pour des frères ou des amis d'enfance alors qu'on ne se connait que depuis quatre mois. Au final, je me le demande, mais si ne nous étions pas rencontrés cette soirée-là, près de l'église, peut-être nous ne serions jamais devenus d'aussi bon amis. Tout peu changer avec un maigre détail. Je dérive paisiblement sur ce sujet, mais me réveille quand Takeji commence à bouger pour se dégager. Il faut agir et vite. C'est maintenant ou jamais. Je profite de son état joyeux pour l'attirer à nouveau à moi, et lui décocher un baiser.
... Vous avez bien lu, mais c'est peut-être pas ce que vous croyez. Un bisou sur la joue, rien de plus. je pense qu'il n'y aura pas de mots à ajouter. Je patiente un instant, et décolle mes lèvres de sa joue droite. Un sourire triomphant s'affiche peu à peu sur mon visage.
Alors, tu t'y attendais, à celle-là ?

Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleurs, et je ne veux pas non plus me prendre un coup alors je commence à reculer.
Mais Ren bouge.
Et me colle un bisou sur la joue.

...

Wow... Punaise, il m'a battu à "qui aura les réactions les plus aléatoires". Et il m'a bien écrasé, parce que là, dire que je ne m'y attendais pas du tout est un euphémisme énorme. Voyez un peu l'étendue de ma surprise. Espèce de chou-fleur! Oui, j'ai envie de le traiter de chou-fleur. Z'avez pas vu ce qu'il a fait? Honnêtement, qui l'a vu venir?
Pas moi.
J'appelle ça une déclaration de guerre doublée d'un défi. Et je réponds aux défis, parce que c'est trop facile de m'embarquer dedans.
En plus il ose avoir un sourire triomphant! Tu vas voir. Non j'ai pas rougit. D'abord je ne rougis qu'aux compliment inattendus. Même si c'est pas vrai. En fait, ça m'a trop choqué, j'en ai oublié de rougir. Tant mieux. Ren, tu vas voir.
Je le regarde et lance d'un ton joyeux:

- Si tu voulais plus qu'un câlin, fallait demander !

Non, non, je ne vais pas pousser ce jeu bien loin, faut pas abuser. C'est Ren, pas ma future copine hein. Hrm, je raconte des choses étranges. Bref, d'abord je me venge, ensuite je pense.
Une de mes jambes se dégage pour passer par dessus les siennes et donc atteindre le vide. Oui ça accentue la position ambiguë, mais surtout ça l'empêche de se tirer.
Je pose une main sur sa joue, et me penche en avant en faisant mine d'aller lui embrasser les lèvres. Sauf que bien évidemment je dévie son visage au dernier moment avec ma main pour lui coller à mon tour une bise sur la joue. Ha ha, il était bien mon jeu d'acteur?
Attendez, je suis sûr que je peux faire mieux. Bon par contre je vais exploser de rire après, parce que vous avez pas vu sa tête, mais moi si. Et c'est tordant.
Je laisse volontairement ma main glisser le long de sa joue et vais cacher ma tête dans son cou pour qu'il ne voit pas le sourire qui s'y dessine. Bon nan, je pourrai pas aller plus loin. Dans trois secondes, j'explose de rire.
Un, je souris encore plus.
Deux, je pouffe.
Trois, je recule et éclate complètement de rire. J'arrive quand même à placer entre deux éclats de rire:

- Ren ! Je t'adore !

Et c'est reparti. J'ai du mal à m'arrêter. Non plutôt, j'y arrive carrément pas. Mais j'essaie! Et il me faut bien vingt bonnes secondes. Enfin j'ai toujours un grand sourire sur le visage. Aloors Ren, tu vas faire quoi?
Je suis prêt à toute réaction, mais je suis sûr qu'il est incapable de jouer au même jeu que moi y'a cinq secondes. Alors il va peut être juste secouer la tête?

Mmmh... Ça n'a pas eu l'effet escompté... Peut-être n'étais-ce pas assez rapide? Ou trop? L'effet de surprise était trop surprenant. Et il n'a pas eu le temps de comprendre, l'information n'est pas allée au cerveau? Je m'en vexerai presque. J'ai fait des efforts. Mais apparemment, c'est pas assez.

- Si tu voulais plus qu'un câlin, fallait demander !

Plus qu'un câlin? Il sous-entend quoi? Je lève un sourcil étonné. Il s'approche encore et se poste sur moi. Sa main se pose lentement sur ma joue. T'a l'intention de faire quoi exactement là? Je coupe ma respiration. C'est comme ça que ça se passe quand je suis un peu trop surpris. Quand j'ai un peu peur aussi. Il s'approche alors de mes lèvres. Eeeeeh oh, t'a bu quoi avant de te lever? Le saké le matin, c'est pas bon. En fait, peut-être qu'on a bu tout les deux. Parce que pour en arriver là... Il se stoppe au dernier instant et descend jusqu'à mon cou. Je reste figé, et tente de reprendre peu à peu mon calme. Il me cherche, c'est certain. Ce que j'ai peur dans l'histoire, c'est qu'il me trouve. Et j'ai peur des conséquences. Très peur.
Il pouffe, provoquant des effluvions de vent sur mon cou. Enfin, il rit totalement et se dégage un peu, cependant toujours en face de moi. Il rit à s'en tordre l'estomac. C'est si amusant? Je suis pas une bête de foire. Pour cette fois, je n'ai pas pu stopper le sang au joue. C'est tellement chaud, et ça me monte jusque dans les oreilles. Si on me voyait comme ça.
... En fait, si, y'en a un qui me vois, et qui rit. Qui rit. Et encore, c'est un bien petit mot pour décrire son état d'hilarité. Il arrive tout de même à placer cette phrase :

- Ren ! Je t'adore !

Et je rougis de nouveau. En temps normal, ça n'aurait rien fait, mais sur le coup, et après des évènements comme ça, je ne peux pas me retenir. Et je sens de plus en plus qu'il me trouve, le Takou chéri. Et ça devient dangereux pour lui. Comme pour moi. Mais lui surtout. Je pose ma main devant mon visage et baisse les yeux pour cacher ma gêne. Ce n'est pas juste que je sois le seul à en pâtir. Il serai mieux que je mette le paquet à mon tour. Et y'a pas trop le choix pour faire encore mieux. Et là, il va être surpris. Si il rougit pas, je... dirais rien.... mais j'en penserai pas moins. Bref!
Le temps de dissimuler un peu le rouge monté au visage, et je ne patiente plus un instant. Je profite que Take soit encore à ma portée pour lui envoyer ceci : un baiser. Et là, vous avez bien lu. On pouvait pas faire mieux. J'ai pas l'intention de me marier avec lui, mais l'esprit de compétition est un peu trop fort en moi en ce moment. Tout ça pour justifier mon geste un peu (beaucoup) ambigu. Encore heureux que nous soyons seuls. Enfin, en tant qu'humains je veux dire. Bref, je décoche un magnifique baiser qui restera dans les annales de sa mémoire. Je me retire quelques secondes plus tard, réintégrant ma place initiale. Je pose mon coude sur l'accoudoir et ma tête sur ma main, un sourcil levé et un air malin posté sur le visage. Moi aussi je T'ADORE Take... À un point que tu ne peux pas imaginer. Ben alors, il arrête de rire? Finalement, peut-être qu'il va enfin se décider à rougir?
Je soupire un peu, ayant repris le fil de mes émotions et lui lance d'un ton blasé :

-J'espère que ce n'était pas ton premier baiser. Tu m'en verrais désolé.

J'ajoute un sourire machiavélique pour conclure le tout. Alors, mon CHER Take, tu va le prendre comment celui-là? Ne me crois pas innocent. J'ai peut-être l'air comme ça, mais l'intérieur est tout à fait différent. Et je te conseille de faire attention à toi. Très attention. Le fait d'être prof me calme un peu, mais je peux certainement avoir la même attitude qu'un sorcier noir, si on m'y oblige. Tu le découvres? Tant mieux, comme on dit : Mieux vaut tard que jamais.
Bon, je suis pas encore au niveau du grand méchant, mais mon esprit de compétition est tout de même bien éveillé.

Il a rougi ! Je suis TROP fier de moi. Mais genre HYPER fier de moi. Attendez, c'est Ren quoi. Un exploit. Même mieux, le treizième travail d'Hercule qu'il n'aurait pas pu accomplir lui même. J'en fais trop? Je dirai plutôt pas assez.
C'est pas la peine de mettre ta main devant ton visage, j'ai gagné. Nah. Gagné quoi, j'en sais rien, mais gagné quand même. Fallait pas me chercher. Fallait surtout pas me mettre un défi sous le nez comme ça, je cède bien trop facilement. Ah, Ren se redresse.
...
J'ai dit qu'il n'oserait rien faire? Je retire tout, absolument tout. Allez, dites moi ce qu'il a bu, parce que c'est fort. Ren... Tu voudrais pas disons... Oter tes lèvres des miennes? C'est juste une suggestion hein.
Pourquoi je ne réagis pas violemment? Principalement parce que je l'ai cherché, même si il pousse cette histoire beaucoup plus loin que moi. Et puis parce qu'il ne m'en laisse pas le temps.
Le voilà qui se recule avec un air mâlin.
Bien, pause, stop. Il se passe trop de choses là. Déjà, comme un imbécile je rougis. Y'a de quoi en même temps. M'enfin, ça atteint pas son rouge tomate non plus. Pan, point pour moi. 1-0, ouverture des scores. Ensuite de ça, je n'aime pas du tout cet air sur son visage. Toi, tu vas regretter ce que t'as fait. Je peux faire pire.

- J'espère que ce n'était pas ton premier baiser. Tu m'en verrais désolé.

Et moi j'espère que dans ta tête tu ne pensais pas vraiment que ça aurait pu l'être. Sinon on va moins s'entendre. Enfin, je l'ai cherché. Il fait rien pour que je lâche l'affaire.
Donc je vais pas la lâcher héhéhé.
Et puis, j'appelle pas ça un baiser. Tu veux que je t'apprenne?

- Nan. Déçu?

Croit quoi lui. Je me suis fourré dans des situations qu'il ne peut même pas imaginer avec mon caractère. Et puis j'ai vingt et un an. Et puis, et puis, et puis... Tout un tas d'autres trucs que je ne citerai pas. A la place, je vais montrer à Ren qui est le plus fort.
Mon esprit de compétition me perdra.
Ren, tu m'cherches, tu vas me trouver. En même temps, je suis pas très bien caché là. On s'engage sur un jeu tordu, et pour une fois je ne saurais dire si c'est amusant ou non. En plus... Dites moi il est gay? Je vais poser la question, je vais vraiment la poser.
Encore mieux, est-ce qu'il est célibataire? Parce que j'y pense seulement maintenant, mais je ne l'ai jamais vu avec personne. Ça ne veut cependant rien dire, et j'aimerais pas m'attirer les foudres d'un/une inconnu(e) parce que je joue avec le feu.
Enfin, vu que c'est lui qui a commencé...
En tout cas Ren, j'en apprends un peu plus sur toi à chaque rencontre. Et ma conclusion c'est: t'es un type bizarre.
J'ai jamais dit que je ne l'étais pas aussi.
C'est pas sage Takeji, vraiment. Et sans plaisanter.
Mais aussi, je peux pas laisser passer ça! Pas moyen. Fierté mal placée, mais fierté quand même. Allez, au boulot. Je me redresse pour me retrouver assis sur lui. Tu vas pas t'en tirer comme ça. Retire ce sourire de ton visage avant que je ne vienne l'effacer moi même. Et tu ne vas pas aimer mes méthodes. Paaas du tout, j'te l'promets.
Enfin, à moins que tu... Nan rien. Rien du tout. On n'ira pas s'engager de ce côté là de l'affaire.
Les gens, retenez bien une chose. S'approcher de Ren est dangereux pour l'intégrité mentale et physique. Sur ce voyons voir ce que je peux en tirer. Bon, promis, après j'arrête parce que c'est un poil trop tordu pour moi comme jeu, et qu'on va finir par se poser des questions qui feraient mieux de rester chez elles. Mais en attendant...
Puisqu'il est assis, je me penche pour l'approcher. Ça a pas l'air de faire grand chose. En même temps, vu ce qu'il vient de se passer... Faut aller plus loin alors. Jusqu'où tu me crois capable d'aller le chat?
J'approche encore et effleure ses lèvres. Quoi, toujours rien? Bon ok tu l'auras voulu. Je passe rapidement une main derrière sa tête pour prévenir toute retraite -une rime, ça faisait longtemps- et colle nos lèvres. Et puisque j'avais dit que j'allais lui apprendre certaines choses, je rajoute la langue pour ne pas en rester là. HA! Je l'ai surpris, il a pas pensé à fermer la bouche pour m'empêcher de passer. Ou alors il a pas de force dans la mâchoire, mais vu que c'est un chat géant j'en doute.
Cette dernière phrase faisait TROP zoophile. Qu'on soit d'accord, c'est la forme humaine, ok? Bien.
Y'a un truc bizarre... Non je ne parle pas de notre activité, parce que bizarre c'est pas assez fort pour la décrire. Je recule et lâche sa tête en me rasseyant. Ça a duré à tout casser 3 secondes. Et encore je vois large. J'ai reculé parce que je ne veux pas risquer le coup de dents, mais surtout pour le truc bizarre en fait.

- Ren, tu fumes.

C'est pas une question. Ni une accusation, juste une constatation. Je vous épargne comment je l'ai découvert, vous devez en avoir une idée. Et non je n'ai rien contre les fumeurs, c'est juste que j'aurais jamais deviné sans ça et que ça m'étonne particulièrement.
Mais bref, j'ai pas fini.

- J'espère que c'était pas ton premier baiser avec un mec.

Mange ça espèce de chat. Si je lui souris gentiment pour lui montrer que c'était juste pour répondre à son défi et qu'on peut s'arrêter là, vous croyez que ça va marcher? J'ai comme un doute.
Peut-être que vous voulez une raison à pourquoi ça ne m'ennuie pas plus que ça? Déjà, rangez au fond de vos petits esprits le fait que je puisse être gay. Parce que c'est pas vrai, je suis bi. Nan mais. Ensuite de ça, c'est juste un baiser. J'veux dire, y'a rien derrière -un esprit de compétition trop grand peut-être?-, on essaie juste de se faire ch*er mutuellement. Ça s'appelle l'amour vache. J'aurais tout aussi bien pu lui coller une baffe. Maintenant, non je n'irai pas embrasser les gens que j'aime pas simplement pour les embêter, et non je ne m'amuse pas à ce truc souvent. Là, il l'a cherché. J'ai peut être bien un esprit trop libre sur la question, mais ça ne dérange personne ici, puisqu'il a engagé le contact le premier. J'aurais jamais fait ça de moi-même sans invitation ou en étant casé.
Je lève un sourcil dans sa direction en attendant une réaction. Allez vas-y, soupire. Je sais pas pourquoi mais je le sens venir le soupir.

Ha, ha, il a rougi ! décidément, je prends beaucoup de plaisir à m'amuser dans ce jeu plus que débile, et gay sur les bords. J'ai l'impression que ça va mal finir, et ma crainte ne cesse de s'accroître chaque seconde. Il n'a pas l'air de vouloir abandonner. Et je n'irais pas plus loin que le baiser. Je ne suis pas gay, et c'est juste un jeu idiot qui pourrait penser le contraire. Je garde mon attitude amusée, lorsque Take dit :

-Nan, déçu?

Oui, déçu, j'aurais bien voulu que tu ouvres ton premier baiser avec un homme! J'ai des pensées bizarres, mais elles collent bien avec le moment présent. Alors, je garderai mes positions et soutiendrait mes arguments.
Take s'assoit sur mes genoux, l'air encore plus malin que moi. Je ne sais trop quoi dire, mais patiente encore un moment, suspicieux pour la suite. Il effleure mes lèvres, mais je me contente de rester impassible? Hé, soit j'ai pas conscience d'être un possible gay, soit tu ne me fais absolument aucun effet. Mais apparemment, il n'a pas terminé. Je reste de marbre, jusqu'au moment où il se décide à passer à l'attaque. Ouais, parce que je trouve que le mot colle vraiment bien au moment actuel. Il me tient la tête dans ses mains et force l'ouverture de ma bouche,et passe sa langue. Ouah, ben ça, si je m'y attendais... Je reste un instant impassible, mais je crois plus que c'est dû au choc du baiser. Là, il fait fort. C'est sûr, je ne pourrais pas faire pire. Il se détache au bout d'un instant, pas plus de quelques secondes, et m'observe d'un air bizarre. Moi, je suis un peu choqué là. Je ne m'y attendais pas, mais alors pas du tout. J'inspire brutalement, mais relâche l'air d'une façon beaucoup plus lente. Je me concentre à ne pas exploser -et là, je ne saurais pas si cela concerne le rire, la colère ou la gêne- jusqu'au moment où Take constate :

-Ren, tu fumes.

Où est le problème? Ouais, je fume de temps en temps, parce que la journée était trop dure, où bien parce que j'en ai simplement envie. Y'a pas de quoi en faire un fromage, et je suis pas non plus accro à la cigarette. Donc, pas besoin de constater un truc aussi normal. Si ça t'a choqué, j'en suis désolé. Quoi qu'il en soit, il m'a remis les idées en place avant même que je ne songe à rougir. Tu as raté ta tentative, Take. N'empêche qu'il vaut mieux m'expliquer pour éviter qu'il me croit accro.

-Oui, je fumes. Mais c'est évènementiel. Rien de bien important. Personne ne le sait puisque je fume très rarement et à l'abri des regards, alors en l'ébruite pas, s'il te plaît.

Je réfléchis un instant pour savoir comment il s'est emparé de cette information, mais il suffit de quelque secondes pour piger. C'est évidemment dû au baiser. Mais en fait, ce n'est pas vraiment à cause de ça que je réfléchis, mais plutôt au moment où je me suis mis à fumer. Parce que si ça date de ma dernière cigarette, il est totalement impossible pour lui de deviner ce genre de choses. Alors, je me creuse la mémoire et me rappelle alors que je suis sorti un moment quand Take dormait encore sur le canapé. C'est à ce moment-là que j'ai dû allumer une cigarette. Mais ça me paraissait tellement normal que je n'ai pas jugé utile de l'écrire. C'est à cause de ça qu'il a deviné.
Je souris un peu.

-J'espère que ce n'était pas ton premier baiser avec un mec.

Il me sourit gentiment à cette petite pique. Bon, le jeu est terminé, je n'irai pas plus loin. On a dû trop dormir, et c'est parti un peu loin, mais maintenant que je suis plus éveillé, je me rends compte que ça va beaucoup trop loin comme ça. Je réponds à son sourire avec un petit râle et un sourire en coin. Il est mignon comme personnage. Je l'aime bien. Il n'y a qu'avec lui que j'aurais pu faire ça. Personne d'autre. Il est tellement amusant. Je me retiens un instant, pose ma main sur mon visage et pouffe. Je n'attendrais pas longtemps. Mon visage commence à virer au rouge tomate, mais c'est plus dû au manque d'oxygène au cerveau qu'à une subite gêne. Je me retiens un instant, puis finit par éclater de rire. D'un rire franc, tonitruant et terriblement ravageur. Je n'arrive pas à me calmer. Il commence à me faire mal à la tête et au ventre. C'est horrible, mais tellement incroyable. Je réalise ce qu'on a fait, et c'est plus fort que moi, je laisse toute ma tension éclater. J'attire Take vers moi, et l'enlace vraiment fort, tout en continuant de rire. J'en pleure même. Il ne faut pas qu'il me voit dans cet état, et c'est d'ailleurs pour cette raison que je l'ai attiré vers moi, de manière à ce qu'il en puisse pas voir mon visage.

Quelques minutes plus tard, je finis par me calmer et relâche Takeji. Je le pose à côté de moi, de manière à ce qu'il dégage de mes genoux. Je soupire pour me calmer et inspire de nouveau. Enfin, je lance d'un air heureux :

-Ha, si tu savais comme je t'aime. Pas au sens amour hein, mais tu es mon meilleur ami. Je t'adore. Pour ce qui est de ce jeu idiot, tu as gagné, je n'irais pas plus loin. Et pour ce qui est du baiser, je suis désolé de te décevoir, mais tu n'es pas le premier.

Et je lui souris une nouvelle fois. J'aime bine lui laisser penser ce qu'il veut. En tout cas, ce que je dis est vrai. Ça commence à dater maintenant, mais j'ai en effet embrassé un mec... ou plus précisément, il m'a embrassé. Ce n'était qu'un simple pari, et on l'a tenu. Il n'y a rien de plus. C'était le premier, et il n'y en a pas eu après. Mais vu les circonstances, je me demande bien ce qu'il finirait par penser, le monsieur. Ça m'amuse. Je fait une mimique amusée, et laisse Rin reprendre ses positions. Elle me fixe d'un air suspicieux, puis lance enfin, après quelques minutes de silence.

*Tu es gay?
-Non, c'était juste un jeu.
Ah bon...*

Je pouffe. Décidément, j'aime instaurer un climat bizarre autour de moi. Ce doit être la cigarette, je devrais arrêter. Je rigolerais bien de mon optimiste, mais je crois que j'ai épuisé mon stock de rire pour une semaine ou deux.
J'observe Take, puis prend Rin dans mes bras et me lève. Elle émet un faible miaulement, et se laisse portée comme de l'élastique. Je la repose au sol, et Mokkun en profite pour sauter sur mon épaule et s'y installer. Rin fusille Mokkun du regard. Elle sait très bien qu'il n'y a que lui qui peut monter à cet endroit, et comme elle me préfère largement aux autres animaux, elle est rapidement jalouse. Je me dirige lentement vers la cuisine et lance de celle-ci :

-Tu veux faire passer l'odeur de la cigarette? En plus, tu dois certainement avoir faim. Moi oui. Je te fais quelque chose en particulier?

Sans attendre de réponse, je fais chauffer l'eau et prépare le café tout en laissant échapper un bâillement. Il vaut mieux que ce petit jeu ne s'ébruite pas à l'orphelinat, sinon on risquerait de se forger une réputation en béton, sans pouvoir y réchapper. Je soupire et patiente tranquillement.

-Oui, je fumes. Mais c'est évènementiel. Rien de bien important. Personne ne le sait puisque je fume très rarement et à l'abri des regards, alors en l'ébruite pas, s'il te plaît.

C'était pas mon attention, j'avais même pas besoin d'explication à dire vrai. Juste que sur le coup j'ai pas pu m'empêcher de faire la remarque à voix haute. J'acquiesce de la tête et il sourit. Ah, enfin le retour à la normal, quand même. Celui là quand il dort mal... Non rien. J'ai rien à dire, je crois que la preuve est faite que je ne suis pas tout à fait normal quand je dors mal aussi. Pour la peine, bouchée double sur les conneries ! Libre service. Enfin, libre distribution. Voyons voir... Je pourrais utiliser ma première téléportation de la journée, mais pour le moment je n'en vois pas l'intérêt. Attendons la suite, vais bien trouver une occasion de placer quelque chose. De toute façon, je trouve toujours, même involontairement. C'est un sixième sens, merci papa, merci maman.
Ren place une main sur sa bouche pour étouffer un bruit que je n'ai pas tout à fait identifié parce que j'étais ailleurs. Dis moi, pourquoi tu vire encore au rouge? Reeen? Meurs pas sous mon nez. Meurs pas tout court en fait, je crois que la science a encore du mal avec la résurrection.
Il finit par exploser de rire, et je lève un sourcil en souriant. Surplus émotionnel ? Il n'a pas l'air de se calmer. En fait il m'attrape carrément pour une étreinte.
Hey ! C'est pire qu'un surplus émotionnel là. Ren qui me fait un câlin, et de lui même en plus.
Je devrais peut être l'embrasser plus souvent.
... Naan nan nan nan nan. Rayez ça en gris violacé avec des paillettes puis gribouillez le, ajoutez y des ailes et jetez moi ça au feu. Je n'ai pas pensé cette stupidité sérieusement pendant ne serait-ce qu'une seconde.
Bien. Conclusion, les aliens sont passés par là. Ou alors Ren s'est fait avoir quelque part et c'était pas une cigarette qu'il a fumé, mais un autre ensemble de plantes. Après tout un chat c'est pas végétarien à la base -que ça soit à avaler ou à fumer-. Vous avez déjà vu un lion manger une carotte vous ? Ou une panthère avaler de la salade ? Nan ? Bah y'a une raison. Ils ont peur des légumes et les fuient, parce que pour eux une antilope ou un cerf avec ses bois c'est tellement moins agressif qu'un brocoli.
Chou-fleur, brocoli, salade, carotte, tout le potager va y passer. Et après on passera aux fruits. Qui veut une pomme ?
Ah, nan en fait pas une pomme. Faut pas accepter les pommes des autres. Regardez ce qui est arrivé à Blanche-Neige.
Ren, t'arrêtes de rire ? Tu vas avoir une crampe. En plus, ça fait bizarre d'être serré comme ça par un mec qui rigole à s'en tordre les intestins. Elle est belle mon expression.
Mais il arrive quand même à se calmer, et me relâche puis me vire de ses genoux. Tiens, j'avais même pas vu que j'étais toujours dessus.

- Ha, si tu savais comme je t'aime. Pas au sens amour hein, mais tu es mon meilleur ami. Je t'adore. Pour ce qui est de ce jeu idiot, tu as gagné, je n'irais pas plus loin. Et pour ce qui est du baiser, je suis désolé de te décevoir, mais tu n'es pas le premier.

NAH ! Victoire. Voilà pour toi le chat. Nan mais. Heureusement que c'est en temps que meilleur ami, parce que je ne vois pas comment ça pourrait être autrement. Pas le premier ? J'en tire une conclusion, je note, et je ressortirai tout ça plus tard. Pour l'instant je lui accorde une trêve, profites en bien Boule de poil. Il se lève et se dirige vers sa cuisine. J'ai la flemme de bouger. Encore.

-Tu veux faire passer l'odeur de la cigarette? En plus, tu dois certainement avoir faim. Moi oui. Je te fais quelque chose en particulier?

Lui, cuisiner ? Naaan. Finalement je vais bouger. Faut que je vois ça. Mais oui je l'aime très fort. Qui aime bien châtie bien. Donc si je le frappe, ça veux dire je t'aime.

- Parce que tu sais cuisiner, toi ?

Han, c'était méchant, mais juste pour le taquiner. Après tout y'a pas de raison qu'il n'y arrive pas. Mais je demande à voir. Et non je ne toucherai à rien. Téléportation jusque dans la cuisine. Nan c'était pas de la flemme, c'était juste... De la prévention pour éviter une chute à cause du tapis, voilà.
Le premier qui me contredit je le bouffe. Faites gaffe, j'ai peut être faim.
Aloors, comment s'en sort le chat? Imaginez Grosminet en train de faire la cuisine, et maintenant vous mettez Ren à sa place. Je sais pas pourquoi j'ai dit ça. Un coup d'oeil par dessus son épaule, et je constate qu'il fait chauffer de l'eau. Il se mouille pas lui. En même temps, pour un chat... Bon, qu'est ce qu'on va faire en attendant ? Il a été suffisamment embêté pour aujourd'hui. Vous croyez pas?

- Au fait, t'as pas l'heure par hasard ?

J'ai strictement aucune idée de l'heure. Je sais juste qu'il ne fait pas nuit, parce que dehors il fait jour. Si il fait jour, il fait pas nuit. ... Je la ressortirai celle là.
En fait, il s'en sort pas si mal dans sa cuisine le chat, même si c'est que le début. N'empêche que ça reste inexpliqué, pour un chat. Il y a des choses qui ne s'expliquent pas, pour tout le reste il y a Mastercard.
Je suis un peu bête des fois, mais je me soigne.

Je sais pas cuisiner?

Je m'active à commencer la cuisine, parce que la faim risque de me terrasser d'ici quelques minutes, et que j'ai beaucoup de mal à cuisiner dans ces conditions. J'entends la voix de Takeji me parvenir.

-Parce que tu sais cuisiner, toi ?

J'aurais mieux fait de ne pas tendre l'oreille et me concentrer sur mon travail. Parce que maintenant, il me donne envie de lui foutre la casserole dans les mains et de le laisser se débrouiller. D'ailleurs, le voilà qui se téléporte jusqu'à moi. Tu es immensément flemmard ou bien c'est simplement que tu as peur que mon mobilier t'agresse? Y'aurai de quoi, vu ce que tu dis au maître de maison. Je ne cherche pas à m'étendre davantage et sort une poêle. Pas que ça me servira, mais j'ai besoin de réagir à sa phrase inconvenante.
J'attrape la poêle dans un des tiroirs coulissants du bas, la saisit dans la main droite, tout en me concentrant sur mes affaires. D'un geste rapide et souple, je dépose gentiment le dos de cette dernière sur la tête de Takeji. Je ne l'ai pas vraiment posé, je m'en suis simplement servie pour lui cogner la tête avec. Rien de bien méchant, mais c'est le geste qui compte. Ainsi, pour me justifier, je lui répond d'un air neutre :

-Oui, je sais cuisiner, môssieu issu du Tiers-état.

Ce n'est plus vraiment la période de la noblesse, du clergé et du Tiers-états, mais au moins il comprendra l'allusion. Si ce n'est pas le cas... tant pis. Je souris d'un air enchanté et poursuit ma besogne. Minute papillon, le monsieur n'a pas répondu à ma question. Je fais quoi? Eh bien, pour le moment, on va dire qu'un café suffira. Et comme je suis totalement désorienté, j'ai bien envie de prendre mon petit-déjeuner. Parce que je me vois mal manger du salé... d'ailleurs...

-Au fait, t'as pas l'heure par hasard ?

Tu m'ôtes les mots de la bouche. Je n'aurai pas dit mieux. Quoiqu'il en soit, nous voilà bien avancés tout les deux. Il ne manque plus qu'à la connaître, cette fameuse heure. Et on est chez moi, alors je devrais savoir où se trouve les pendules. En gros idiot, alors que je ne songe même pas un instant à voir sur l'horloge dans le salon (certes bien cachée), je décide de monter à l'étage en laissant Takeji au soin de cuisiner. Allez, au boulot, si t'a peur que je carbonise le repas. Je m'éloigne vivement et monte l'étage pour me retrouver dans ma chambre. C'est impeccable, cette dernière est bien rangée, le lit bien fait, pas d'habits sur la chaise... Mais on s'en fout de ça. Je parcoure la pièce des yeux et aperçoit l'alarme sur ma table de nuit. Mes yeux sortent de leur orbites lorsque je lis l'heure affichée.
13h21.
Pour un lève-tôt comme moi, c'est un comble. J'ai l'impression d'avoir dormi tellement peu que ça me paraît étonnant qu'il soit cette heure-ci. Je redescend les marches de l'escalier et fixe Takeji. Je lui lance de ma hauteur :

-Il est 13h21. Peut-être 22 maintenant. Je ne sais pas combien de jours on a dormis... ça fait peur.

Ce qui fait encore plus peur, c'est de savoir que je veux prendre mon petit-déjeuner à 13h30... Alors, je lance d'un air quelque peu gêné, tant par ma future bêtise que par ce comble :

-J'ai envie de prendre mon petit-déj'.

J'inspire profondément et me gratte les cheveux. Je dégage Take de sa place et évite qu'il soit dans mes pattes. Le café est prêt. Je le saisis d'une main et manque de me brûler la paume.

-Chauuuuud! Fis-je en réflexe. Bon, si tu veux te faire quelque chose, ma cuisine est ouverte. J'ai pas mal d'ingrédients donc sers-toi, du moment que tu fous pas le souk à l'intérieur.

J'allume la télévision. En effet, il est 13h, je tombe directement sur les informations. Bon, et maintenant, on fait quoi?

Et vlan, un coup de poêle dans la poire.
Ouille!

-Oui, je sais cuisiner, môssieu issu du Tiers-état.

Même double ouille pour la réplique! Tu veux que je me venge encore? Tiers-état... Tu sais ce qu'il te dit le Tiers-état?
Beaucoup de choses.
J'ai dit plus haut qu'il avait été assez embêté pour la journée? Je retire. Je raye même. Voyons voir, j'ai déjà utilisé pas mal de trucs aujourd'hui, dont des extrêmes, qu'est-ce qu'il va prendre...
Hey, hey nan mais reviens ici! Tu ne montes PAS. Ça ne va pas se cuisiner tout seul. Ren! Ramènes toi. Aies au moins la décence de dire où tu vas! Bon j'abandonne, la télépathie c'est pas mon truc. Mais pourquoi est-ce qu'il se tire au juste? Peuh. Je le saurais bien assez tôt. Il a... 50.14895 secondes pour redescendre.
Vous savez quoi? Je suis encore fatigué. Même si je suis en forme. C'est pas très logique, certes, mais j'y peux pas grand chose. Tout ça pour dire que peu importe l'heure finalement, je retournerais bien dormir. Y'a pas à dire, hier on a forcé méchamment.
Vu mon état de tout à l'heure en même temps... Bref, je l'avais cherché.
Revoilà Ren. Ouais ça va, il est dans les temps.

-Il est 13h21. Peut-être 22 maintenant. Je ne sais pas combien de jours on a dormis... ça fait peur.

Jours, jours, abuses pas quand même. C'était hier, et maintenant c'est aujourd'hui point barre virgule à la ligne. Avec un alinéa.

-J'ai envie de prendre mon petit-déj'.

Bah... Sers toi, t'es chez toi? A moins que tu aies peur de t'approcher parce que la poêle pourrait peut être -c'est juste une supposition- vouloir aussi rencontrer ta tête? Enfin, bref. En parlant de chez soi, est-ce que la porte de mon appart' est fermée...? J'ai comme un doute. Un gros doute énorme même. Bah c'est pas grave. Personne ne va s'amuser à rentrer dedans.
Enfin j'espère.
Et puis si c'est le cas... Je pense que je ne m'en rendrais même pas compte. Enfin, ça reste à voir.
Ren me bouge pour attraper son café, parce que j'étais encore dans la Lune.

-Chauuuuud! Bon, si tu veux te faire quelque chose, ma cuisine est ouverte. J'ai pas mal d'ingrédients donc sers-toi, du moment que tu fous pas le souk à l'intérieur.

C'est ça, brûles et meurs. Le café est de mon côté. Nah. D'abord, tu devrais pas boire de café, c'est mauvais pour les nerfs.
Il a laissé son eau sur le feu. Heureusement que l'eau ne peu pas prendre feu. Chat négligeant.
Bon j'arrête pas de râler, mais ça veut dire que je suis en forme. Même si dormir reste toujours une option très attirante.
Je m'étire et arrête l'eau qu'il a laissé. Faudrait presque que quelqu'un le suive à la trace pour être sûr qu'il s'en sorte. Hey, c'est peut être la mission secrète de Rin, Hiro et Mokkun remarquez. Mais comment je le leur demande? On a un problème au niveau de la communication là. Soit il apprennent l'humain, soir j'apprends l'écureuil, le furet et le chat.
Ouais finalement on va continuer à communiquer par signes.

- Le Tiers-Etat est quasiment sûr qu'on a juste dormi une nuit plus longue que la normale. Tu sais que 15h de sommeil n'ont jamais tué personne?

Parce que forcément, si c'est quinze heures, c'est défini et ça veut dire qu'on se réveille au bout!
Après, au delà de quinze heures, quand ça devient des jours, puis des semaines, puis des mois, puis des années... Ouais y'a un problème. Mais hey, ceux à qui ça arrive ne se plaignent pas... En général...
Ouais bon ok, j'ai pas le droit de dire ça.
Être exorciste, ça détruit quand même une bonne partie des croyances populaires. Y'a de quoi révolutionner une partie du monde là. D'ailleurs je me demande si on peut aller dans l'espace avec la téléportation... Ouais nan en fait j'essaierais pas. Parce qu'après les astronautes qui s'entrainent dur et les scientifiques qui se cassent les cheveux à construire des fusées seraient poussés au suicide. Même si enfermé dans une boite de conserve -alias tenue d'astronaute- ça doit être assez dur de se suicider. Peut-être par noyade? Doivent bien couler. Seront mal barrés le jour où il trouveront de l'eau sur Mars.
Mais ils n'en trouveront pas. Les martiens ont tout bu. Bah quoi, vous voyez une autre explication?
Vous croyez que je suis fatigué? Héhéhé... Hé. Hé. Ren frappes moi.
Ou pas.
Bon, j'ai soif. Et l'autre a laissé de l'eau chaude. Et qu'est-ce qu'on fait avec de l'eau chaude? Du thé! Je sais où sont les tasses, mais alors le thé... Est-ce qu'il en a?

- Ren? Où tu caches ton thé exactement?

Comme j'ai absolument pas envie de m'amuser à ouvrir tous les placards, je vais attendre que la réponse tombe du ciel. Enfin, sorte de la bouche du chat, ici. En attendant, versage de l'eau dans la tasse. Sans en mettre à côté. Même que ouais, j'en suis capable.
Bon après ça, je crois qu'on va peut être causer encore un peu et que je vais me tirer. Ren doit en avoir marre de me voir à force.
Et y'a toujours cette histoire de porte.

- Hey, j'me demandais... Pourquoi t'es venu travailler en Écosse au juste?

Le rapport entre ça et ma porte? Admirez le raisonnement: ma porte, appartement à l'Orphelinat, boulot, profs, Écosse. Et insérez "Ren" là où vous le jugerez approprié.

Scotland

Je ne sais pas si c'est la flemme, mais je ne me sens pas de m'asseoir sur mon canapé, alors je me contente de me poser sur l'accoudoir et de croiser les jambes, ma tasse de café à la main. C'est une pose un peu féminine, mais je m'en contente sans broncher. Mes yeux se posent sur la télévision allumée. Il n'y a rien d'intéressant pour le moment, et le son est tellement bas que j'entends plus un râle sourd qu'autre chose. Me parvient alors la voix claire d'un Takeji galérien :

-Le Tiers-Etat est quasiment sûr qu'on a juste dormi une nuit plus longue que la normale. Tu sais que 15h de sommeil n'ont jamais tué personne?

Me dis pas que t'es vexé de ma petite remarque? Je fais que répondre à tes remarques déplaisantes. Quand à ces 15h de sommeil... je crois franchement qu'on a fait plus... j'ai jamais autant été dans le coltard en me levant le matin... ou l'après-midi. Vous voyez, j'ai même plus de repères. Alors, je réponds à ta petite question qui ne demande pas de réponse :

-Pour moi, c'est comme si j'avais fait deux fois mon temps de sommeil habituel. T'imagine même pas mes points de repères actuellement. Je suis totalement désorienté.

Et c'est tout à fait vrai. Je me mélange les pinceaux. C'est affreux. Puisque je m'étais tourné vers Take au moment où il s'était adressé à moi, je reposais mes yeux sur la télévision. Un reportage sur les chiens guides d'aveugles ou handicapés. Un sourire malin se dessine sur mes lèvres. J'entendis derrière moi du remue-ménage. Est-ce que je peux regarder les infos tranquillement? Mon ami me demande :

-Ren? Où tu caches ton thé exactement?

Je le cache pas, c'est toi qui sait pas chercher. J'ai bien envie de tester quelque chose. Parce que la flemme me cloue au sol, et parce que le reportage m'a donné des idées. J'appelle Rin mentalement. Elle se presse de répondre à mon appel.

*Tu sais où se trouve le thé, Rin?
Oui, tu en prend souvent.
Tu peux aller le chercher?*

Elle se dandine mais obéit. D'une agilité féline, elle se rend sur le plan de travail, puis exécute des sauts prodigieux pour apparaître devant un placard. De sa petite bouche, elle l'ouvre et manque de basculer en arrière. Il y a encore du travail. J'ai peut-être la chance d'être télépathe, mais mes animaux ne sont pas entraînés à exécuter des tâches ménagères. Alors, je soupire et me relève, posant la tasse sur la table basse en verre du salon. Je prend Rin dans mes bras, puis la repose par terre. Je finis d'ouvrir le placard et saisit le contenant. Je l'ouvre devant Takeji et lui propose de choisir. J'ai toujours su où il se trouvait, mais j'avais juste envie de tester mes propres capacités avec ceux des professionnels qui s'occupent des chiens guides d'aveugles. Conclusion, la télépathie, c'est bien quand l'animal en question sait effectuer les tâches demandées.
Je m'apprête à retourner à ma place initiale, mais Take poursuit aussitôt :

-Hey, j'me demandais... Pourquoi t'es venu travailler en Écosse au juste?

Quelle question... T'a trouvé ça où? Mais c'est vrai que je ne le lui ai pas dit. Alors, je recherche dans ma mémoire les fragments qui m'ont poussés à venir ici. Après quelques secondes de réflexion, je finis par lâcher :

-Problème de famille. Tu as déjà vu ma mère. Ce n'est pas l'amour fou entre nous. C'est la première raison qui m'a poussé à dédaigner le Japon. Ensuite, je voulais trouver un endroit où pouvoir étudier avec des personnes possédant eux aussi des pouvoirs. Je n'aurai jamais cru pouvoir devenir professeur, je n'y avais même jamais pensé. Mais finalement, ça m'a permis d'enseigner la musique.

Je reste un instant silencieux, cherchant un autre détail important. Mais je pense avoir tout dit. Je ne veux pas m'étendre sur mes problèmes. Et ça ne le concerne carrément pas. Il en sait même un peu trop. Je reste pensif, puis finit par demander à mon tour :

-Et toi ?

Parce qu'il n'a pas l'air de dédaigner ses parents ni rien du même genre. Qu'est-ce qui l'a poussé à venir ici, loin de ses parents? De plus, il est à peine majeur au Japon. Vraiment étrange.

-Pour moi, c'est comme si j'avais fait deux fois mon temps de sommeil habituel. T'imagine même pas mes points de repères actuellement. Je suis totalement désorienté.

Attends j'vais t'aider. Là bas c'est le nord, là le sud et ici l'est, et ça c'est l'ouest. A moins que... Peut être que le nord est là mais alors le sud se trouve ici. Et ça bouge l'est et puis...
Finalement, je vais juste mettre des panneaux dans sa maison, comme ça fait plus d'un mois que j'ai prévu de le faire.
Parce que si tu te perds même chez toi...
On a un grand gagnant du concours "qui se perd le mieux" et c'est même pas moi! Applaudissez Ren-le-chat-qu-a-trop-dormi.
Rin, que fais-tu? Oh, tu veux m'indiquer le placard? Mais dis, ton maitre est en mode flemme au point de ne pas pouvoir ouvrir sa bouche pour parler? Ou alors il est vraiment perdu et ne sait même plus où il range ses affaires.
Ren! Je suis choqué. Tu vas aller te recoucher vite fait bien fait. Parce que t'es pas en overdose de sommeil là, t'as surtout pas assez dormi. C'est pas bon pour un chat.
Rin va se casser la figure, mais finalement son maitre a décidé de bouger pour venir l'aider. J'attrape un sachet de thé au hasard dans son truc, parce que de toute façon dès que c'est du thé ça me va. Et plouf dans l'eau. Bonne noyade.
En fait... C'est complètement sadique de boire ça. Pauvre petit sachet qu'on va noyer dans de l'eau. Très chaude en plus. Après il saigne dans l'eau et...
Arg stop. Ta bouche Takeji tu vas te dégouter du thé.
Tiens bonjour autre moi.
Dédoublement de personnalité, quand tu nous tiens... Oh allez, tout le monde se parle tout seul à voix haute quand il débarque dans une cave avec des araignées géantes, des ombres, des portes grinçantes, de la poussière et plein de trucs non identifiés. Me faites pas croire le contraire. Parce que je ne vous croirai pas de toute façon.

-Problème de famille. Tu as déjà vu ma mère. Ce n'est pas l'amour fou entre nous. C'est la première raison qui m'a poussé à dédaigner le Japon. Ensuite, je voulais trouver un endroit où pouvoir étudier avec des personnes possédant eux aussi des pouvoirs. Je n'aurai jamais cru pouvoir devenir professeur, je n'y avais même jamais pensé. Mais finalement, ça m'a permis d'enseigner la musique.

Ah ouais, ici c'est sur que tu ne la croiseras pas du tout. Je me demande même si elle sait que tu es là. Oh, probablement que oui elle le sait en fait. Tiens c'est étrange comme on dit tous "j'aurais jamais cru devenir prof". En fait, je pense que tous les profs quand ils étaient jeunes et encore en cours n'avaient jamais imaginer donner des cours à leur tour. On maudissait même ce métier.
Surtout ceux qui le pratiquaient à dire vrai.
Bref.
On songeant à tout ça je commence à boire.

-Et toi ?

Et m'étouffe dans ma tasse. Sans en mettre partout heureusement. N'empêche que ça me fait bien tousser quatre ou cinq fois.
Comment ça "et toi"?
Trois paires de claque. C'est logique qu'on réponde "et toi" à une question. Ne serait-ce que par politesse. Sauf que là j'y avais pas pensé. J'aime pas du tout raconter le passé. Ne serait-ce que parce que c'est le passé justement. Même si il n'y a rien à cacher.
Est-ce que je peux me casser dans ma tasse? Non vous croyez que je rentre pas? Est-ce que je dois y voir une insulte? On en discutera après.

- Euh...

Comment je peux faire en trois phrases?

- Je ne sais pas ce que tu penses de ceux d'Orpheo installés au Japon... Mais bref. Je refuse de bosser là bas. Et celui qui m'a formé m'a conseillé de traverser toute la planète pour venir ici. Comme je suis bon élève, j'ai écouté mon professeur.

Trop fier. D'ailleurs j'ai bien fait de l'écouter, nan?
Bien sur que j'ai bien fait! Quoi que j'en dise, ce mec m'a quand même enseigné tout ce que je sais en un temps record. J'ai 21 ans et je suis prof, il est trop fort.

- Mais bref, maintenant j'suis là!

Je souris à Ren. Bon je peux boire sans mourir cette fois? Ouais? Alors buvons. Ou pas tout de suite. Je relève la tête vers Ren.

- D'autres questions?

Je lui tire la langue. C'est pour rire hein. J'veux pas de questions. Maintenant je peux boire. Et peut être songer à m'assoir. Tout le monde sur le canapé!

Musica

Pourquoi tu t'étouffes ? J'ai dit quelque chose de mal ? Fallait pas que je pose la question? Si ça te gêne, n'y réponds pas, j'ai simplement retourné la question. N'empêche que tu m'as fait peur. M'enfin du moment que tu fous pas du thé par terre, ça me va. Eh oh, croyez pas que je m'en fais que pour mon mobilier et que j'en ai rien à faire du Takeji.

- Euh...

Ouiiiii? Tu allais dire? C'est un mot d'introduction? Intéressant. J'imagine pas la suite. Mais vas-y, je t'écoute. Arrêtons de raconter notre vie et concentrons-nous sur ton explication, qui, je l'espère, n'est pas aussi bancale que ton introduction.

- Je ne sais pas ce que tu penses de ceux d'Orpheo installés au Japon... Mais bref. Je refuse de bosser là bas. Et celui qui m'a formé m'a conseillé de traverser toute la planète pour venir ici. Comme je suis bon élève, j'ai écouté mon professeur.

Si, c'est bancal. Ce que j'en pense? Pas grand chose, je ne les ai presque jamais vu. Mon choix ne s'est jamais porté sur Orpheo au Japon. Alors, je n'en pense rien. Ils sont juste moins connus qu'ici. Pourquoi tu dis ça? Ils sont pas sympa? Bref, sinon j'aurais bien aimé voir Takeji apprenti. Ç'aurait été amusant. En fait, je préfère pas. Peut-être qu'il a gardé son esprit enfantin grâce à son professeur? Je n'ai asp vraiment envie de lui poser la question, car vu comme il a galéré pour certaine trois phrases, je ne veux pas m'étendre sur le sujet.

- Mais bref, maintenant j'suis là!

J'aurais pas dit mieux, et pour soutenir sa phrase, je lui souris chaleureusement sans rien ajouter.

- D'autres questions?

Et tu me tires la langue en prime? Ça t'embête que je te pose des question? D'accord, je me tais. Alors, je soupire et me repose à mon endroit initial. C'est d'un regard penseur que je fixe l'écran du téléviseur. Soudainement, je me retourne vers Takeji, prend une gorgée de café et propose alors :

-Puisqu'on est là, on peut faire un peu de musique? Ça va finir par me manquer, et puisque je ne risque pas d'oublier de jouer aujourd'hui, autant en faire avec toi, si tu le souhaites bien sûr.

C'est pas con comme idée, j'en suis fier. Mais je propose toujours la même chose. Instinct de prof qui remonte à la surface. Violent. Je lui souris et termine mon café. je me relève alors et ouvre le lave-vaisselle, y introduisant la tasse. Je m'étire un peu, puis attend la réaction de Takeji.

-Puisqu'on est là, on peut faire un peu de musique? Ça va finir par me manquer, et puisque je ne risque pas d'oublier de jouer aujourd'hui, autant en faire avec toi, si tu le souhaites bien sûr.

Oh en voilà une idée intéressante. Je suis pas persuadé d'arriver à placer mes doigts là où il faut sur la guitare, mais c'est pas grave. Au pire, on découvrira un nouveau genre de musique. Ou alors je jouerai juste une tierce trop haut ou trop bas, ça réinventera les morceaux! Un problème avec le mot tierce? C'est pas grave. Allez prendre des cours avec Ren, il vous expliquera.
Promis, il mord pas sous sa forme humaine. Et vous irez le lui demander sous sa forme humaine n'est-ce pas? Les chats géants ne sont pas connus pour leurs aptitudes musicales.
Attendez... En fait je n'ai jamais vu de chat jouer du piano. Ça se trouve ils sont très doués avec leurs pattes. Comme dans Les Aristochats! Aaah bah en fait si, les chats jouent du piano, du violoncelle, de la trompette, du saxophone, de la harpe et savent chanter.
Voilà, la question du pourquoi Ren a été embauché comme prof de musique est résolue. C'est grâce aux Aristochats. Et surement grâce à ses multiples capacités musicales.

- Pas de problème.

Comme j'ai fini ma tasse je me vais la laver en vitesse, parce que je suis plus efficace que le lave-vaisselle d'abord. Ouais c'est ça, regarde moi méchamment le lave-vaisselle. Tu peux bien partager ton boulot hein. Toute façon tu me fais pas peur! La guitare est beaucoup plus menaçante que toi, et mon placard aussi. Même ma lampe et son abat-jour sont plus dangereux. Ha, tu fais moins le malin hein? Si tu m'attaques ils se vengeront. Je suis leur victime. Pas la tienne. A plus tard!

Après ça on est donc allé faire un tour dans la salle de musique de Ren pour jouer divers morceaux. Je crois que j'ai réussi à jouer Une Souris Verte et Frère Jacques en plein milieu de l'un d'eux. Me demandez pas comment j'ai fait, j'en sais absolument rien. Mais une chose est sure, j'en suis arrivé à la conclusion que si je n'allais pas dormir incessamment sous peu, c'est le sommeil qui viendrait à moi. Le résultat sera le même. Sauf que dans un cas je serai bien tranquille sous la couette, et dans l'autre endormi au milieu de nulle part. Le choix est vite fait.
Ceux qui ont des doutes sur que choisir si on leur laisse le choix ne devraient pas. Leur lit leur fera payer sinon. Et croyez moi, mieux vaut être en bons termes avec son lit. Parce que la nuit, il peut faire absolument tout ce qu'il veut.
Pensez en ce que vous voulez, je pense avoir fait assez de choses pour la journée moi.
Donc après avoir tout rangé, je lance un nouveau câlin sur Ren, juste pour l'embêter -à croire qu'en fait je ne m'arrête jamais vraiment héhé- et dis:

- Je pense qu'il est temps d'y aller. Merci pour l'hébergement, on se voit plus tard dans la semaine!

Plus tard étant synonyme de demain, évidemment. Maintenant, allons dire bonjour au lit! Vais pouvoir lancer une vraie téléportation -que j'aurais dû faire hier d'ailleurs...-. J'aime la téléportation.