Aujourd'hui encore, j'erre sans but. Je passe ma vie à ça, sérieusement. Et a donner quelques cours. Mais c'est parfait comme ça, j'ai même rencontré des gens sympa, les élèves sont intéressants, je crois même en avoir repéré deux trois que je pourrai détourner du droit chemin pour faire des tours. Nan, pas détourner du droit chemin, je vais juste suggérer quelques idées, et me suivront ceux qui voudront. Je suis pire qu'un gosse des fois. Je ricane.
J'avance dans un couloir de l'orphelinat en jugeant les portes. Nan, nan pas elle, ouch je vais peut être éviter le bureau de la directrice. Note pour plus tard: apparaitre dans son bureau et repartir aussi sec. Et après me cacher pendant plusieurs jours, et revenir en disant que je n'ai rien fait. Héhéhé, j'aime la téléportation. D'ailleurs...

Fshh!

Et voilà. Je me fais un grand sourire, tout fier d'être entré dans une salle sans ouvrir la porte. Il y a des choses dont je ne me lasserai jamais. J'observe finalement la salle dans laquelle je suis, parce qu'évidemment j'ai choisi une porte au hasard, sinon c'est moins drôle.

- Bon ok, peut être pas tout à fait au hasard... Disons que j'ai éliminé une possibilité. Brr.. J'ai pas envie de tester mon idée de tout à l'heure maintenant. La directrice n'avait pas l'air de bonne humeur plus tôt dans la journée.

Et voilà, je recommence à parler tout seul. Pccht, pas bien Takeji, vilain garçon. Je rigole doucement.
La pièce est chaleureuse. Une cheminée, éteinte actuellement, des canapés qui ont l'air confortables, des coussins colorés et éparpillés. J'aime cette pièce. Et encore plus l'objet majestueux qui attire le regard en son centre: un piano. Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas touché de piano! En fait non, juste quelques mois tout au plus. Mais c'est déjà trop. Je m'avance vers l'instrument et en touche le couvercle du bout des doigts. La surface noire est douce et froide au toucher. Je soulève le couvercle pour parcourir cette fois les touches, pendant que je tire le tabouret avec l'autre main. Enfin, je m'assois.

- Qu'est ce que je pourrais bien jouer?

Ah! Je sais, une sonate de Beethoven, Moonlight Sonata, un morceau magnifique. J'espère que je sais encore le jouer. Je pose mes deux mains sur le piano et entame le morceau de façon hésitante, mais je reprend de l'assurance au fur et à mesure que le morceau revient dans mes doigts et dans ma tête. Je finis par être complètement plongé dedans. A tel point que lorsque la porte s'ouvre, je n'y prête aucune attention.

Dehors il pleut. Bon vous allez me dire que je devrais être contente qu'il ne pleuve pas dedans. Encore heureuse ! Vous imaginez le carnage ? Enfin toujours est-il que dehors il pleut et que moi, je n'aime pas l'eau. En tout cas, pas aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui je suis un chat qui aime se prélasser au soleil et se dorer le minois. Tiens, ça pourrait être intéressant comme exercice de théâtre ça. Se comporter comme un animal durant toute une journée.

Mais bon, cela ne me dis pas ce que je vais faire de ma journée... Soudain, un grognement m'indique ce que je dois aller faire tout de suite : manger ! J'enfile à la va-vite les premiers habits qui me tombent sous la main, enfonce un chapeau vert foncé sur ma tête et descends en chaussette direction la salle à manger. Enfin tout ceci fait partit de mon plan, sauf que voilà, en me rendant vers le rêve de mon ventre, j'entends de la musique... et je me laisse totalement emporter par ce son là.

Beethoven... la Sonate au Clair de Lune... Reconnaissable entre toutes, mais éternellement la plus belle. La musique a cette incroyable capacité de traversé le temps sans se faner. Aujourd'hui, hier ou demain, elle sera toujours autant d'actualité.

Oublions complètement mon estomac, j'hésite à jeter un coup d'oeil par la serrure. Puis me trouvant quand même vraiment trop vieille pour ce petit jeu là, j'appuie directement sur la poignée et pénètre dans la salle sur la pointe des pieds. Puis je m'assieds dans un coin de la salle, savourant chaque note. Quand le morceau sera terminé, je n'aurais qu'à devenir transparente et sortir en douce avec la même discrétion avec laquelle je suis entrée.

En attendant ce moment, je ferme les yeux et me laisse emporter par la musique...

Je continue à jouer, complètement absorbé. Je suis sûr que je dois donner une drôle d'impression, là en train du jouer du Beethoven dans mes vêtements plus tellement d'actualité. Pour peu que la pièce eut l'air ancienne, je m'intègrerais parfaitement au décor. Le morceau arrive à une phase plus tendue et je crispe légèrement ma main droite pour marteler les temps forts et faire sortir le chant. Je décrispe au fur et à mesure que la tension retombe.
La porte ne serait-elle pas ouverte il y a quelques minutes? Ah, mais si tiens. Bah, l'intrus(e) ne s'est pas déclaré(e), je suppose que je peux continuer à jouer. Le morceau est redevenu calme et avance lentement.
Je risque un coup d'œil qui se veut discret -et j'espère qu'il l'est- derrière moi. Effectivement, dans un coin de la salle se trouve une jeune femme, les yeux fermés et qui écoute attentivement. Il me semble qu'elle est professeur, je suis sûr de l'avoir déjà vue.
Elle a l'air d'apprécier le morceau. Cool, Takeji mon vieux, t'es pas si nul que ça, y'a encore de l'espoir. Je me souris à moi même, et retourne mon regard sur le clavier, tout en jetant un œil par la fenêtre. Il pleut. Je n'ai rien contre la pluie, mais croyez moi, porter ces vêtements sous la pluie c'est l'horreur. Ils deviennent lourds et collants. Oui, les autres vêtements aussi deviennent collants, mais vraiment ceux là... Mais c'est pas grave, je les aime quand même. Y'a qu'à pas aller sous la pluie après tout. Je jure que si jamais un petit malin m'arrose ou a l'idée un jour de me pousser dans un lac/étang/mer/étendue d'eau... Bref.
J'arrive à la fin du morceau. Lorsque vient le moment de placer l'accord final je jette un œil à mes doigts pour être sûr d'être bien placé et me retourne tout en jouant l'accord. La jeune femme ouvre les yeux lorsque l'accord résonne et a l'air légèrement surprise. Je souris et lui demande:

- C'était comment?

Hmm... Est ce que je connais son nom?

Je suis absorbée par le morceau et en oublie complètement le monde autour de moi, comme prise dans une boule de coton ou seul résonne les notes si douce de la sonate de Beethoven. Des notes qui s'envolent et tourbillonnent, je laisse aller ma tête en arrière, espérant que la fin arrivera le plus tard possible... c'est alors que je reconnais le dernier instant, le dernier moment, presque l'apothéose de ce morceau et commence gentiment à rouvrir les paupières afin de partir discrètement "ni vu ni connu".

Mon plan est fichu avant même que j'aie totalement retrouvé mes esprits. J'ai peur d'avoir dérangé le musicien, heureusement celui ci sourit et tout de suite je me sens plus légère.

- C'était comment ?

A présent qu'il s'est retourné et que je peux voir son visage, je suis sûre de l'avoir déjà vu quelque part. Il me semble même qu'il est prof. De quoi, ça par contre je l'ignore. Quand à son nom... n'ai-je pas déjà entendu un de ses élèves l'appeler Mr. Kido ?

- C'était exactement comme dans mes souvenirs... Mon père jouait du piano pour moi... avant...

Avant que ma mère décède, avant qu'il ne devienne alcoolique, avant qu'il commence à me frapper. Je ne garde que peu de souvenirs de cette période du "avant", mais parmi le peu qu'il me reste, l'image de mon père devant le piano de la salle à manger se dresse plus forte que les autres. C'était beau, terriblement beau et je regrette que ce temps là soit révolu. Même si, en quelque sorte, il renaît un peu aujourd'hui.

Puis je m'approche du piano, laissant mes doigts effleurer les touches noire et blanche. Sol, sol, sol, la, si, la... Mon ami Pierrot... Je tire un peu la langue afin de me concentrer, mais les dernières notes m'échappent et je ne finis pas mon morceau.

- Moi la seule chose que je sache jouer, c'est Au Clair de la Lune... et même pas jusqu'à la fin !

J'éclate alors de rire devant mon incapacité au niveau musicale. Mr. Kido doit me prendre pour une folle, mais qu'importe ?

Son nom... Alleez, Takeji... Mlle Artissa! Oui! Aah, j'en suis sûr. Tu vois quand tu veux. Si jamais je me suis trompé.... Bon allez, je fonce et si je dois me prendre un mur bah... J'ai la tête dure? Oh! Ça rime, je m'aime.

- C'était exactement comme dans mes souvenirs... Mon père jouait du piano pour moi... avant...

Oh... Elle a l'air nostalgique. Elle n'a pas dû avoir une vie facile, si tant est que ce "avant" soit une indication. J'aurais dû choisir un autre morceau...
Elle s'approche du piano et vient laisser ses doigts courir sur le clavier.
Sol, sol, sol, la, si, la... Au Clair de la Lune? Elle se concentre mais n'a pas l'air de trouver la suite.

- Moi la seule chose que je sache jouer, c'est Au Clair de la Lune... et même pas jusqu'à la fin !

Elle éclate de rire. Un rire amer. Aw... Elle ne devrait pas se rabattre comme ça.
Je reporte mes yeux sur le clavier, et décide de finir la phrase musicale qu'elle a commencé. Sol, sol, sol, la, si, la... Sol, si, la, la, sol. Elle s'est arrêtée de rire lorsque j'ai repris le morceau. Je me retourne vers elle et lui souris.

- Il ne vous manquait pas grand chose, lui dis-je. Et je rajoute en souriant plus largement: M.Piano ici essaie d'intimider avec toutes ses touches identiques, mais avec un peu de pratique, il finit par se laisser dompter.

Je conclu ma phrase d'une petite tape sur le couvercle relevé.
Ai-je réussi à lui remonter un peu le moral? On dirait. Un léger sourire arrive sur ses lèvres, et je lui en renvoie un.

- Vous savez, je ne vous ai pas entendue entrer. Vous êtes meilleure que moi au petit jeu de "qui s'infiltrera le mieux en douce".

Je ris doucement. La téléportation, c'est le mieux, mais la discrétion ça sert aussi.

Ses doigts se reposent sur le clavier et finissent le morceau que j'avais commencé l'instant d'avant. Instinctivement, j'arrête de rire pour l'écouter. Ce morceau aussi me rappelle des souvenirs et mon coeur gonflé du passé semble débordé... Si je ne me contrôlais pas, j'aurais versé une larme. Mais je n'aime pas pleuré devant les inconnus et je ne connais pas Mr. Kido... pas encore.

- Il ne vous manquait pas grand chose, lui dis-je. M.Piano ici essaie d'intimider avec toutes ses touches identiques, mais avec un peu de pratique, il finit par se laisser dompter.

Par contre je ne vois pas quel mal il y a de partager les sourires... Justement, en voici un qui se glisse sur mes lèvres automatiquement. Il est drôle ce prof... ces élèves doivent bien l'aimer, en tout cas moi j'aurais bien voulu avoir un prof dans ce genre là lorsque j'étais encore à l'école.

- Vous savez, je ne vous ai pas entendue entrer. Vous êtes meilleure que moi au petit jeu de "qui s'infiltrera le mieux en douce".

La discrétion... c'est comme le piano, cela s'apprend. La seule différence c'est que pour moi c'était avant une question de vie ou de mort. Ne pas me faire voir par mon père pour éviter les coups... Ne pas me faire voir par les flics lorsque j'étais en fugue... Encore des souvenirs qui reviennent... Mais ceux là je préfère les éviter pour ne pas me les prendre en plein fouet... Je préfère essayer de les oublier.

Tout est fini à présent.

- Vous m'avez quand même vu avant que je puisse repartir. Preuve que je ne suis pas si forte que ça.

Mais peut-être que j'avais envie qu'il me voie... C'est vrai, si j'avais vraiment voulu être discrète j'aurais activé mon pouvoir d'invisibilité. Oui, je crois qu'aujourd'hui j'avais besoin de parler à quelqu'un.

- Au fait, je suis Shybaï Artissa, j'enseigne l'art, le théâtre et l'anglais. Vous pouvez m'appeler Shy, c'est plus court et je préfère.

Offrir un sourire. Encore un...

Elle a encore un instant l'air triste. Décidément, je n'en rate pas une.

- Vous m'avez quand même vu avant que je puisse repartir. Preuve que je ne suis pas si forte que ça.

Ou preuve qu'elle voulait être vue. Même si il n'y a pas tant de cachettes que ça dans cette pièce.

- Au fait, je suis Shybaï Artissa, j'enseigne l'art, le théâtre et l'anglais. Vous pouvez m'appeler Shy, c'est plus court et je préfère.

Hourra! J'avais vu dans le mille. Héhéhé, je suis trop fort. Oui, je fais parti des personnes à qui il faut peu pour se réjouir. Enfin, ça dépend des jours.
Voici donc la professeur d'art, théâtre et d'anglais. Hmm... Il faut que j'arrête de penser à cette histoire de boulot. Je vais l'enterrer bien profond dans mon petit cerveau. Là, c'est oublié, suivant.
Elle a sourit après cette réplique. Elle sourit beaucoup. Oui, je sais, je suis très mal placé pour dire ça. Et de toute façon sourire, c'est mieux que faire la tête, et toc.
Elle veut que je l'appelle Shy? Pas de problème mais...

- Enchanté, je dis avec un sourire. Je suis Takeji Kido, mais Takeji sera parfait.

Voilà, maintenant je peux me permettre de l'appeler Shy. C'est mieux si on connait le prénom de chacun, non?
Hmm... Elle disait être nulle en musique, mais... Elle avait posé ses doigts de façon très naturelle sur le clavier tout à l'heure, avec la bonne position de la main alors qu'elle était debout. Je me lève du siège et le lui désigne en disant:

- Ça vous dit d'apprendre la suite d'Au Clair de la Lune?

Je lui fait un sourire encourageant. J'espère qu'elle ne va pas prendre peur. Mes actions n'ont pas vraiment de suite logique des fois.

- Enchanté. Je suis Takeji Kido, mais Takeji sera parfait.

Et voilà. Après un nom, je peux à présent mettre un prénom sur cette tête là. Une tête avec un sourire. J'aime les gens qui sourient, parce que la vie est trop courte pour pleurer. Il faut toujours voir le bon côté des choses, il y en a toujours un.

Soudain il se relève et me désigne le siège. Ne comprenant pas très bien, ou surtout ne voulant pas comprendre, je le regarde avec un air interrogateur.

- Ça vous dit d'apprendre la suite d'Au Clair de la Lune?

Je pique un fard au dessus de ce piano. Moi ? La musique ? Pourquoi pas... Je suis prof d'art après tout, la musique est une forme d'art... Donc je devrais essayer. Je m'assied donc sur le siège, légèrement nerveuse et attendant les directions de mon nouveau prof particulier.

- Je vous écoute !

J'essaie de me concentrer, de faire le vide en moi. Ce n'est pas souvent que les gens ont confiance en moi et m'apprennent des choses. C'est même très rare. Mais moi j'adore apprendre. Tout mon savoir, je l'ai puisé dans les livres. Mais il y a des choses qui ne s'apprennent pas sur des feuilles de papier.

La musique par exemple.

Ma main droite tremble un peu au dessus des touches noir et blanche. Je ne veux pas décevoir Takeji, pour une fois que quelqu'un crois en moi...

Elle rougit. Aaw, c'est mignon. Mais allez, maintenant, hors de question que je la laisse s'échapper sans connaitre ce morceau.
Elle s'assoit sur le siège. Bien, le plus dur est passé.
Elle est tendue. Je rigole doucement intérieurement, suis-je si effrayant? J'en doute. Alors... M.Piano, c'est toi qui lui fait peur. Range tes dents, tes griffes et arrête les grimaces. Et pas de fausses notes, je t'ai à l'œil.
Takeji, respire un bon coup, et redevient sérieux.

- Je vous écoute !

Je me sens... Prof. C'est stupide comme pensée, puisque je suis prof.
Sa main droite tremble. Bon, première étape, la détente.

- Détendez vous, personne ne va porter de jugement, ni surgir soudainement par la porte. Je rajoute en souriant: et M.Piano ne va pas refermer son couvercle brutalement, je lui fait trop peur, vos mains sont sauves.

Je la vois respirer un grand coup, et elle a l'air plus calme.
Alors... Commençons par le commencement. Je me place plus à droite du clavier, de sorte que j'ai accès aux aigus. C'est mieux que le grave, pour discerner les sons. Enfin, c'est une affaire de point de vue, et surtout d'oreille.

- Ce n'est qu'une affaire de mémoire. Je le joue une fois, et on le répète ensemble, d'accord? Je lui sourit.

Sol, sol, sol, la, si, la, sol, si, la, la, sol. Je la regarde, elle inspire, expire puis elle lève légèrement la main pour donner le départ (encore un truc qui lui est venu naturellement, alors qu'elle n'est pas musicienne, bien) et nous commençons à jouer ensemble. Elle s'en sort très bien.

- Vous voyez, aucun problème! Encore quelques fois et vous le connaitrez les yeux fermés, si ce n'est déjà le cas.

Je souris, et elle a l'air bien plus détendue que tout à l'heure.

- Détendez vous, personne ne va porter de jugement, ni surgir soudainement par la porte et M.Piano ne va pas refermer son couvercle brutalement, je lui fait trop peur, vos mains sont sauves.

Je me retiens de lui faire remarquer que lui ne m'a pas entendu quand je suis rentrée... En même temps, je ne vois pas trop qui d'autre ici pourrait être aussi gamin que nous pour faire cela... Un gamin justement ? Nous sommes dans un orphelinat après tout... Mais quelques chose me dit que même les plus jeunes sont parfois plus mature que nous...

Bon, allez, me détendre... Faire exactement comme au yoga... sauf que je n'en ai jamais fait. Bon, alors improvisation, comment ils pourraient faire ? Inspiration, expiration... je me sens déjà mieux.

- Ce n'est qu'une affaire de mémoire. Je le joue une fois, et on le répète ensemble, d'accord?

Il me sourit, mais je n'y prends pas garde, trop concentrée sur les mouvements de ses doigts. Puis je tente de reproduire les même notes, et à mon grand bonheur l'enchaînement se fait sans trop de mal. C'est fun le piano. Pas autant que le théâtre, mais ça gère pas mal.

- Vous voyez, aucun problème! Encore quelques fois et vous le connaitrez les yeux fermés, si ce n'est déjà le cas.

Il exagère un peu là, non ? Pour tester ses dires, je ferme les yeux et je tente le parcours dans le noir. Heu... beaucoup moins bien. Je crois que c'était une expression en fait. Sûrement d'ailleurs. Faudrait que j'arrête de prendre tout au pied de la lettre moi !

- Si j'y suis arrivée, c'est grâce à vous...

Je me tourne vers lui cherchant son regard afin de pouvoir lui dire droit dans les yeux :

- Merci.

Elle me prend au mot et tente de jouer les yeux fermés. C'est beaucoup moins réussi.
Mais en même temps, c'est normal, l'habitude vient en s'entrainant.

- Si j'y suis arrivée, c'est grâce à vous...

Ooh, je sens venir les remerciements. Takeji, si tu rougis, tu te prends le mur le plus près, c'est clair?
Elle cherche mon regard, le trouve et dit:

- Merci.

Je le sens! Je rougis. Normal, je suis plus habitué à être blâmé. Alors dès qu'un compliment ou un remerciement comme celui là tombe... Takeji le clown se transforme en Takeji qui voudrait se cacher dans le sol. Et je ne peux décemment pas me téléporter. Espèce de chaussette croisé avec une tomate, Takeji. Je détourne mon regard du sien et lui dit, en butant légèrement sur les mots:

- C... Ce n'est rien. Vous avez fait le plus gros du travail.

J'arrive à regagner ma contenance vers la fin de ma phrase, et je retourne mon regard vers elle pour lui sourire.
Je jette un œil par la fenêtre pour constater que la pluie s'est arrêtée. Hmm, je vais pouvoir reprendre mon exploration du dehors. En plus, j'ai besoin de faire de l'exercice au sabre et à la téléportation.
Cependant, cette pluie a eu du bon. Je n'aurais pas été errer dans les couloirs de l'orphelinat si il avait fait beau dehors. Savoir qu'il y a un piano ici, c'est tout bon pour moi. Et m'être fait une amie, c'est encore mieux.

- Je pense que la leçon est terminée pour aujourd'hui. Avec de la pratique vous allez très bien vous en sortir, croyez moi. Si vous voulez qu'on pratique ensemble, faites moi signe.

Je lui envoie un sourire qu'elle me retourne.

- Je vous laisse à vos occupations. N'oubliez pas de fermer le couvercle du piano quand vous aurez finit. A bientôt.

Je lui fais un clin d'œil et me téléporte dehors, je ne sais trop où.
Après tout, c'est de cette manière que j'ai atterri dans cette pièce, non?