Aujourd'hui, on est Lundi. Mardi, il n'y a rien, rien du tout, c'est mon jour de repos, alors que nous sommes lundi et que demain nous sommes mardi dans la logique des choses, aujourd'hui, je sors. Je ne connais pas beaucoup de monde mais je m'en fou, parce qu'il y a le plus important.
Ichiru. On se voit super souvent. Mais je n'arrive pas à le considérer comme mon meilleur ami, je ne sais pas pourquoi. Notre relation reste super ambiguë et franchement, j'adore ça.
Comme je suis une fille et que je suis Rhyan, j'ai mis deux heures à me préparer. Même trois heures peut être. Dont une bonne demi heure à me dire 'cette robe ? Ou celle là ? ' Super râlant. J'avais opté pour une jupe courte et noire, effet un peu stricte. Un haut blanc décolleté mais pas trop. Puis j'ai tout enlevé parce que finalement ça ne me plaisait pas. Pouvait y'avoir mieux. Je me dis que je ne devrai pas me prendre la tête pour si peu, mais je n'avais pas envie d'être la seule pas super bien habillée.
Bon.
Après trois tenus, je me décidais. Robe noire, cintrée à la taille par une espèce de ruban vert formant un noeud derrière moi. Des escarpins verts à 7 .. peut être 8 cm de talon. Largement suffisant. Peut être même je ne les supporterai pas toute la soirée. Soit ! Je m'étais bouclé les cheveux et ils tombaient en cascades dans mon dos. Quelques minutes devant le miroir et j'étais maquillée. Simplement. Pas de fond de teint, je n'avais pas la peau bourrée d'imperfections. Je ne tenais pas à avoir l'air d'une fille ayant carrément plongé la tête dans le pot de peinture. Je souris. Traversait le mur et allait à cette soirée. On allait y être une bonne quarantaine. On allait bien rire. Mais je me foutais qu'il y ait de l'alcool ou pas, que Takeji ou Shybaï avait par conséquent leur nuit sans moi, qu'il y ait dix millions de personnes, qu'il y ait des cocktails branchés, ou quoi que ce soit.
Il ne me fallait qu'une seule et unique personne.
Ichi.

***

2 h 3o.
J'ai un peu chaud, je sais que c'est l'alcool, mais je n'ai pas tant bu que ça. Deux ou trois Vodka.. Pure parce que je n'aime pas trop les trucs tout gazeux. J'ai rigolé un peu avec tout le monde. Ils sont gentil les gens ici. J'ai flirté sans grande conviction avec un gars brun aux yeux gris. Il était beau. Mais ça n'est pas allé plus loin. Ce n'est pas parce que je pensais à Torin. Non. Il faisait parti de mon passé même si je ne l'oubliais pas.
Nan.
Ichu ichu ichu ichu ichu ichu ichu ichu. Je m'étais pris aussi deux 'Salut beauté !' et puis aussi ' Hey .. toi. " et je ne compte plus à présent les mains. J'ai collé trois baffes aussi. Parce qu'il ne veut pas exagérer. Un vient près de moi et m'enserre la taille. On danse un peu en souriant. Il s'éloigne.
Ichu ichu ichu ichu ichu ichu ichu ichu...
Je râlais intérieurement et allait m'asseoir sur un canapé. Mmm .. Je regardais à nouveau l'heure.
3h15.
Pourquoi l'heure passe-t-elle aussi vite ? C'est un crime. Je soupire profondément, finit mon verre et traque Ichiru. Je me fou de dire aurevoir à tout le monde mais pas à lui, parce que me tirer comme ça à la sauvage c'est pas super gentil. Et ce n'est pas mon genre non plus.
Il est oùùùùù ... Je soupire une énième fois. Il doit être en train de draguer. Je tiens pas à voir ça.
Non, je ne suis pas jalouse ni amoureuse.
Allez fumer la moquette ailleurs.
Je le trouve enfin. Je m'approche avant de tenter de me faire entendre. Parce que oui, dans une fête, y'a forcément de la musique. Et des gens qui parlent, d'autres qui crient, d'autres qui rigolent, d'autres qui dorment, complètement affalés par terre.

-" Je vais rentrer ! Sinon je vais me faire tuer. Les bébés doivent dormir, faut pas que je les réveille.. "

Et qu'après je sais très bien que mon maître vénéré alias Shybaï Artissa a des moyens de pressions extrêmement efficace. Comme me réveiller en plein milieu de la nuit ALORS que je le jure, je n'avais rien fait, c'est méchant, abusé,j'en râle encore voyez-vous !
Traître.
Taki il est plus gentil. Même si en ce moment il a pas trop les moyens d'être méchant, faut l'avouer. Une pensée pour Taki.
J'accroche une mèche rebelle derrière mes oreilles en regardant passer Donovan, un ami, complètement à l'envers un verre à la main. Je lève les yeux au ciel en attrapant son verre encore plein d'alcool. Il ne capte même pas et finit sa course dans le canapé en question avant de mimer de boire son fameux verre qu'il n'a plus, de fronce les sourcils, de vider son estomac sur place. Je détourne le regard. C'est absolument écoeurant.
Je pose le verre sur un meuble. Personne n'en a besoin maintenant. Bande de drogués !

"Il est où le « boum boum » ?"

" Je me souviens d’un commentaire d’un de tes professeurs sur ton carnet de note : « A touché le fond... mais creuse encore ! » "

Riri, elle a peut trop bu, mais un peu quand même, et par conséquent, Riri elle a chaud. Et sa tête tourne un peu. Y'a trop de gens qui parlent, trop qui bougent dans tous les sens et puis la musique est trop forte. J'ai la tête qui va exploser je crois. Je ferme un instant les yeux. J'ai un peu des vertiges, parce que trop de trop, ça fait Riri qu'a du mal à aligner ses pensées.
Je passe une main dans mes cheveux en râlant. Oui, c'est râlant. J'ai pas assez bu pour que mon corps ait le droit de me faire ça. C'est pas juste.
A vrai dire j'ai pas tellement envie de partir parce qu'hormis le fait que je suis un peu crevée dans l'instant, j'ai pas envie que ma soirée se finisse comme ça. Un soirée, ça ne se finit pas comme ça, c'est pas possible.. c'est.. dommage. Nul. Chiant. Impossible ?
Ichu regarde ça montre. Oui, il est tard, trop tard, et même si Shybaï et Takeji sont pas mes parents, je suis toujours un peu considérée comme mineure. Même si je le suis plus. Shy à ma garde et donc elle a le droit de me gueuler dessus.
Et a cette heure là, je comprendrai parfaitement pourquoi. Moi aussi je gueulerai sur mes enfants quand ils rentreront aussi tard.

" Il est tard, tu n'as qu'à venir à la maison, je suis sur que Shybaï et Take n'y verront aucun inconvénient. Je te prêterais une chemise pour dormir ou un
t-shirt, enfin, on trouvera bien quelque chose. "

Good idea !
J'ai un joli sourire qui s'étale sur mon visage, merci Ichiru, tu me sauves la vie. Parce que j'aurai du ouvrir des portes, parce que je suis pas capable de les traverser je pense, et les portes ça grince. Genre Uhiiihiiiiihiiiiiiihiiiihiiiiihihck.
C'est chiant, ça réveille tout le monde, après ça pleure, après ça crie, et après ça réveille les Rhyan innocente en plein milieu de la nuit.
Criminel.

-" Merci ! Je me serai fait taper dessus. "

Expression, bien sûr. On ne peut pas taper sur Rhyan Lyvie James, ça se fait pas. Parce que Riri après elle fait en sorte qu'il fasse - 40 là où vous vivez jusqu'a la fin de vos jours, parce que Riri elle est super rancunière.
Non, je blague, je suis incapable de faire la gueule à qui que se soit, croyez-moi c'est super frustrant.
Et puis si je rentre après, Hana et Jace ils vont être super grognons. Après, ça pleure pour rien, et t'a beau faire l'imbécile ça marche même plus. Encore que Jace à le sourire un peu plus facile qu'Hana. Mais Hana, elle aime bien les câlins. Et puis pour leur six mois, j'vais leur acheter des peluches. J'hésite encore à leur acheter en forme de vache ou d'escargot... j'hésite.
OH, bah non, comme ils sont deux, une vache, et un escargot. Sympas qu'ils aient des jumeaux. En plus, ils sont trop choux.
On marche donc et c'est agréable d'être au froid. Ca remet les idées en place. Heureusement. Mes talons raisonnent dans la rue. J'ai mal aux pieds. Super mal au pied. Je m'arrête donc pour enlever les chaussures en question. Tant pis si je troue mes collants. J'ai trop mal, bien trop mal.
Et puis comme je sais qu'Ichiru est un vrai dragueur - Oui oui, ça se remarque - je lui lance en rigolant.

-" Alors, c'est qui ta dernière conquête en date ? "

Parce que y'avait des jolies filles. Emilie, Samia, Fanny, Roxane, Joy, Emma, Laurie, Vicky, et j'en passe. Toutes super jolies avec des beaux sourires. Je sais pas si elles étaient vraiment sympas mais avec un verre d'alcool dans la main on a tellement le sourire facile qu'on ne sait plus vraiment si ce qu'on nous dit c'est drôle... ou pas.
Les beaux gosses étaient plus rare je trouve..
Bref, les beaux gosses, j'en ai un sous le nez. Et je refuse de me l'avouer. Je le sais. Mais vous comprenez, Ichiru, il sait pleins de trucs que je dis à personne d'autre, alors c'est un peu compliqué. On m'a dit qu'il ne fallait jamais transformer son meilleur ami en petit ami.
Ais-je seulement un jour considéré Ichu comme mon meilleur ami ?
Nan, j'crois pas. Je sais pas pourquoi. Peut être l’ambiguïté qui flottait entre nous deux à toujours été présent. Du premier jour au dernier.
Le premier, vous vous en rappelez ?
Moi oui, c'est encore bien présent.
Même que marcher en collants, et ben ça fait froid. Très froid. M'en fou, l'alcool réchauffe l'esprit. Mais pas le coeur ni le corps. Y'en a qui disent que ça leur suffit mais moi j'y crois pas. Ils disent ça parce que soit ils savent pas ce que ça fait d'être amoureux, soit ils n'osent pas l'avouer.
Parce qu'on sait tous ce que ça fait d'être amoureux. Le sourire trop facile, la main dans les cheveux sans aucune raison, les plus belles fringues misent en permanence, le look qui n'est plus du tout du au hasard, les papillons dans le ventre, les pensées qui vont vers lui 24-24, jusqu'à même reconnaître son odeur. Abusé.
Abusé.

-" T'a sommeil toi ? "

Nan, parce que pas moi. Je suis parfaitement en pleine forme maintenant que l'alcool est retombé. Un peu. Pas assez pour faire disparaître le sourire qui restait ancré sur mon visage, parce qu'après tout, c'était une fichue bonne soirée. Même qu'on a rit, même qu'on a dansé, même qu'on a oublié à quoi on pensait tous les jours à toutes les minutes.
C'est ça qu'on aime tous autant je crois.
Mais maintenant la fête est finie, mais j'ai pas envie de me coucher quand même.
Parce qu'une soirée, ça se finit quand il ne fait plus nuit.
Il fait encore nuit.
C'est pas finit.

" There is pleasure in the pathless woods,
There is rapture on the lonely shore,
There is society where none intrudes,
By the deep sea and the music in its roar
I love not man the less, but Nature more. "

" Our love is like the wind. I can’t see it, but I feel it. "

Ne me regarde pas comme ça Ichiru ! Je sais très bien qui tu es. C'est pas une blague, je sais que t'es un dragueur, c'est pas nouveau. Fait pas genre l'innocent prude et chaste. Moi, j'y crois pas. Je commence à te connaître non ? Je pense que oui. Un peu au moins. Parce que dès le premier jour, on s'est tout dit. Je t'ai jamais menti. Et toi, avec ton regard de pseudo-étonné, tu me mens un peu.
Prude et chaste, Ichiru ?
Pardon, je trouve ça vraiment trop drôle.

" Il y a plusieurs semaines. Un peu avant que je te connaisse en fait quand on y réfléchis bien "

Avant que je te connaisse en fait quand on y réfléchis bien.
Ceci n'est pas ambigu du tout. Noooon, pas le moins du monde même ! Je lui lâche un sourire. Plusieurs semaines. Plusieurs semaines..
Moi, moins que ça. Djibril. Je crois bien que ça ne compte pas, parce que y'a pas eu de suites et on s'est jamais revu. Et puis c'était juste sur un coup de tête alors je considère vraiment que c'était plus du grand n'importe quoi qu'autre chose. Dans trois mois j'aurai oublié.
Dans trois mois je serez où vous pensez ? Dans les bras de quelqu'un, ou pas ? Et si oui, dans les bras de qui ? J'ai bien mon idée dans qui j'aimerai que ça soit. J'ose ou j'ose pas ?
Dans l'instant présent, j'ose pas.
On arrive dans son appart. Il s'affale sur le canapé. Fatigué ?

- Sommeil ? Non pas du tout ! En fait, si, un peu, mais je n'ai pas envie d'aller me coucher. "
-" De même . "

J'étouffe un bâillement qui contredit complètement mes propos. Pourtant je jure que je suis pas tant fatiguée que ça. Et pourtant, il est tard.
Je disparais alors dans la cuisine en lançant :

-" Je fais comme chez moi ! "

Tout en attrapant un verre et en sortant un jus de fruit. Je remarque l'étiquette. Les lettres refusent de se laisser lire facilement. Alors je mate plus précisément le dessin. Un machin rond et orange. Pêche ? Orange ? Abricot ? Manque ? Mandarine ? Aucune idée. Je me sers.

-" T'en veux ?!"

Il est loin, je parle fort, ma voix déraille un peu. Je trempe mes lèvres. Mmm ? Je réfléchis un instant. On dirait du pêche-orange-abricot. Alors pourquoi il mette qu'un machin rond et orange sur l'emballage ? Parce que ça fait pour les trois ? Ou alors j'ai aussi les yeux qui déconnent.
C'est plus probable.
Je vide mon verre avant de le poser dans l'évier, remplit d'eau.

" Tu veux dormir où alors ? Il y a la chambre de mon ancienne colocataire, ou bien le canapé si tu préfères, mais j'en doute. Ou alors tu dors avec moi ? C'est comme tu veux ! "

Ton lit.
Ton lit.
Ton lit.
Ton lit.
Ton lit.
Ton lit.
Voilà à peu près ce que j'aimerai lui dire maaaais non, je le dirai pas et c'est plutôt fâcheux, parce que dans ma bouche ça sort presque comme ça ' Le canapé ? ' Mais je me retiens en faisant mine de réfléchir.
Enfin non, je réfléchis vraiment. Mais pas à sa question. Parce que je connais la réponse que j'aimerai donner. Je réfléchis à celle que je Vais donner. Là est toute la différence.

-" C'est quoi le plus confortable ? "

Ton lit.
Ton lit.
Ton lit.
Bref, j'arrête. De le dire, pas de le penser. J'hésite. Tu penses que j'arrive à traverser un mur ? Je sais pas. J'essaie. Oh, ça maaaarche ! Je reviens vers là où il est. J'en ai marre de ma robe.

-" T'aurai pas un T-shirt à me prêter ? "

Je lève les yeux vers lui en me demandant à quoi il pense à cet instant là. Je paierai cher pour être télépathe ou pour au moins savoir. Mais bon. Demander 'Hey, tu penses à quoi ?' C'est complètement stupide alors je me tais. J'ai mal aux pieds. Saletés de chaussures !

" - J’ai pas envie de faire d’erreurs.
- Faut pas appartenir à l’espèce humaine alors, deviens canard. "

" On m’a volé mes rêves et moi je vole ceux d’une autre... "

Je me demande si j'aurai la gueule de bois demain, ce qui serait rudement fâcheux. C'est assez embêtant devant Shy en plus que Taki va super mal. Oh wait, Shybaï ! Je capte subitement que j'ai oublié de la prévenir alors que j'étais censé rentrer. je lui envoie rapidement un texto disant que je suis chez Ichiru et que je rentrait que demain matin. Je mentionne que mon portable n'a plus de batteire - ce qui est vrai - et envoie donc. Deux minutes plus tard ce dernier s'éteint sans que j'ai la moindre certitude qu'elle l'ait lu et donc qu'elle ne s'inquiète pas. Je fais quoi ? Bon, de toute façon je lui ai dis que je rentrai pas, elle doit sans doute avoir son téléphone sur elle. Sans doute. Toujours aucune certitude, c'est super rageant.

- Je t'en prie ! Tu connais les placards ! "
-" Yep !"

Effectivement. C'est pas comme si j'étais déjà allé quelques fois quoi. Ou pas. Je ne sais pas combien depuis qu'on s'est rencontré mais c'est pas très grave. J'y suis venue beaucoup de fois. Et maintenant qu'on est pote, je me gène plus. J'ai soif, je me sers. Il ferait peut être pas pareil chez Taki & Shy - et encore j'en suis pas sûre - mais c'est différent.

- Non merci, j'ai assez bu pour ce soir je crois."

Je m'esclaffe. Ouh le fêtard qui sent l'alcool redescendre maintenant ! C'est chiant hein ?! Bim, dans les dents. C'est pas parce que je l'adore que j'ai pas le droit de me foutre de sa gueule.
Y'a que ça de vrai, avec critiquer et râler.
... surtout râler à vrai dire.

" Devines ! "
-" Le canapé ! "

Je lui fais un clin d'oeil. Je suis diabolique. Dia-bo-lique. J'enchaîne sur un petit sourire d'ange comme il faut.

- Je vais te chercher ça ! "

Il disparaît dans la chambre et je patiente. Je suis pas du genre très pudique alors si il me passe des trucs courts je m'en fou.. mais en même temps, des trucs courts je vois pas trop d'où il pourrait les sortir à moins que ça vienne de ses anciennes conquêtes... ou pas.

" Tiens, je suis sur que le rouge te va à ravir. Par contre je suis désolé, je n'ai aucun bas à te prêter ... "

Certes, ça va pas être trop petit.
Mais j'aurai pas de bas.
Ca revient au même au final faut croire...

-" Tant pis ! "

J'attrape le T-shirt. On est près. Tout près. Trop près.
Je dégluti. Dans les films, il s'approche, il m'embrasse, je l'embrasse aussi, et on vit heureux, longtemps, on a beaucoup d'enfant, on meurt le même jour dans notre sommeil sans aucune souffrance. Voilà, ça, c'est les contes de fées. Après y'a les romans. Et là ça se complique déjà pas mal. Parce que des fois y'a des ruptures, ça crie, ça fait mal, mais il s'approche quand même. Moi je m'en fou pas mal de la suite tant que le présent se passe. Et puis dans les films y'a des grossesses super jeunes des fois et ça part totalement en live et ça j'ai pas envie du tout. Et puis après, y'a dans la réalité. Y'a nous. Moi, lui. Nos passés, nos présents, nos futur. Reste à savoir si oui ou non on va en faire quelque chose. Ce qui est sûr, c'est que j'ai des papillons dans le ventre.
Je ferai pas le premier pas.
Il s'approche. J'ai l'impression qu'il se passe une éternité. Une putain d'éternité que j'ai du mal à supporter parce que j'ai aucune patience, juste un doute. Il s'avance encore plus.
Merde.
Je pose une main sur ma nuque et passe les doigts de l'autre dans ses cheveux en l'embrassant, les yeux clos. Mon coeur s'emballe à une vitesse folle et ma respiration s'accélère un peu.
Si tu savais depuis combien de temps j'attend ce foutu moment ! Ce foutu moment là ... Ma main gauche passe sous sa chemise dans un sourire sincère de ma part. J'ai jamais envie que ce moment s'arrête. Jamais. Jamais. Jamais.
Je coupe le baiser. Parce que .. parce que c'est comme ça.
J'ai jamais été pudique.
Cette phrase est une prévention sur ce qui va suivre. J'enlève ma robe parce que ça fait un bon moment que ça me trotte dans la tête et que j'ai envie de le faire.
On vient juste de s'embrasser alors ne pas mettre le T-shirt serait un peu bizarre je trouve.
Il l'enlèvera plus tard si ça lui chante. Je lui fais un sourire en quoi.


" Smile, enjoy and live ! "

On s'embrasse. Juste. J'ai rien à dire de plus là dessus. C'est un baiser d'ados, qui ont envie l'un de l'autre. Et moi, je suis heureuse. Sourire au lèvres un peu débile mais je m'en fiche. En plus, je crois bien que j'ai un peu bu. Un peu trop bu même. Ichiru doit être dans le même état. Mais c'est pas grave, je me suis vraiment bien marrée.

" Bon, je crois que la question pour savoir où tu vas dormir ne se pose plus désormais ? "

Je rigole. Non, effectivement. A moins que nous soyons des gens anti câlins, ce qui n'est pas mon cas et hum.. sûrement pas le sien non plus, hors de question pour moi de dormir sur le canapé ou ailleurs que dans son lit.
Je suis un peu fatiguée d'ailleurs.
Il me tire alors par la main, m'embarque dans le salon sans prévenir. Et je me remets à rire, sans savoir pourquoi .. enfin si, merci l'alcool. Mais y'a rien de drôle. Mince. J'ai vraiment, vraiment trop bu. Demain, j'vais avoir la gueule de bois, youpi ! J'imagine déjà la tête de Shybaï.
J'vais m'faire tuer.
On s'assois. Il se serre contre moi.

" Maintenant que tu es avec moi, je ne te laisserais plus repartir. Tu n'as plus à t'inquiéter, tu n'as plus rien à craindre de tes agresseurs, je ne les laisserais jamais te toucher à nouveau. "

Vous savez, quand vous avez l'estomac emplit d'un liquide non identifié mais alcoolisé, tout est démultiplié.
Joie, bonheur, amour, tout. Mais le problème, c'est que quand des paroles comme ça m'aurait fait sourire un peu, là, pas du tout. En temps normal, je lui aurai juste souris, sans répondre, en trouvant ça mignon. Mais là, je suis bourré, et je trouve pas ça mignon. Je n'aime pas ça, même. Si quand la première fois que l'on s'est vu, je lui ai dis que je ne voulais pas de désolé ou quoi que ce soit, ce n'est pas pour rien.
Je me mets à sourire. Mais pas par bonheur, c'est amer. Acide même. La colère pointe le bout de son nez. Mais puissance cinq. On s'est beaucoup côtoyés, et il ne me connait pas.
Merde.

-" Ichiru. "

Je n'ai pas envie de m'énerver contre lui, ce n'est pas le moment. Il n'a rien fait. Enfin si, mais c'était juste maladroit. A vrai dire, il m'a un peu blessé, vexé même. Je le regarde, jugulant ma colère, la renvoyant d'où elle venait. J'ai eu du mal, j'avoue.

-" Je n'ai pas peur, Ichu. Je n'ai pas peur d'eux ou de qui que ce soit. Ne te croit pas obligé de me protéger. Je suis grande, je me débrouille. "

Je n'ai jamais aimé être protégé. Par qui que ce soit. Je n'aime pas quand on se mêle trop de ma vie et avoir un copain ne change rien. Il n'a pas a tout savoir, sur ce que je fais en détail. J'aime préserver mon intimité. J'aime savoir qu'il me pense forte.
Mais Ichiru, ce n'est pas le cas. Il me pense faible. Et qu'il ne me dise pas que ce n'est pas ce qu'il voulait dire.
Je ne le croirai pas.

" S'il est possible que l'on ait une histoire ensemble, tu dois savoir quelque chose sur moi Rhyan. C'est que je suis un dragueur, un coureur de jupons même. J'ai toujours eu peur de m'engager avec quelqu'un, alors j'ai préféré avoir des coups d'un soir plutôt que des relations durables. Mais ça, c'était avant. Avant que je ressentes pour toi ce que je ressens à ce moment même. Je ne sais pas encore très bien ce que c'est, mais ça va venir. Il me faut juste un peu de temps. Mais je veux que tu saches que si on sort ensemble, je te promets de t'être fidèle. Même si le changement risque d'être dur au début. Tu dois avoir confiance, je tiens trop à toi pour te perdre désormais. "

Pour être franche, ça va trop vite. Je ne suis pas amoureuse d'Ichu, je crois qu'il faut un vrai temps de couple pour tomber vraiment amoureuse. Savoir que c'est le bon, ou pas; savoir si ça va marcher, si on va s'aimer, si on aura pas envie d'aller voir ailleurs.
Alors oui, Ichu, j'apprécie ta franchise. Mais t'en fait trop là. Me dit pas que nous deux c'est pour la vie, on a passé cet âge là pour y croire non ? On est plus les gamins qui se disaient 'Toi & moi c'est pour la vie bb.'
Enfin, j'ai vu ça l'autre jour. J'ai trouvé ça pathétique. Qui peut prévoir si demain on s'aimera encore, n'est-ce pas ? Personne ne sait. Oh, oui, bien sûr, je manque de romantisme, je vais peut être tout casser, mais je veux qu'il le sache. Qu'il me connaisse mieux.

-" Tu sais, j'ai vraiment envie que nous deux ça marche tu sais. Mais t'a pas le droit de me dire que t'es raide dingue de moi. T'a pas le droit de dire que nous deux c'est pour la vie tu vois ? J'ai confiance en toi, Ichiru. Mais on est jeunes, et je n'ai pas encore vécu beaucoup de choses. Alors si j'ai envie que ça marche, je ne t'interdis pas pour autant de t'amuser un peu. J'suis pas une fille jalouse. Drague si ça te fait envie. Me trompe pas, c'est tout. On a encore besoin de vivre d'autre choses tu comprends ? "

J'ai un sourire plus léger.

-" En attendant, profitons. "

Et je retourne chercher ses lèvres. J'espère qu'il ne s'est pas vexé. Je n'aime pas vexé les gens.
Mais une petite voix dans ma tête se met à hurler.
Et si Torin revenait ?


" Ne te perd pas. Jamais. Surtout, reste toi. "

« Tu as raison, désolé, c’était idiot. »

La jeune femme sourit doucement, tandis que son ami, amant bientôt, s'excuse. Elle est contente qu'il le fasse, c'est une jolie preuve qu'il tient à lui. Les hommes mettent rarement leur égo de côté. Et quand ils le font, ca fait du bien.
Mais elle ne tiens pas à le laisser mal à l'aise plus longtemps; après tout, la protéger, des tas de personnes essaient de le faire. Sans raison, puisqu'elle se débrouille très bien toute seule... Enfin, toute seule, avec Shybaï tout du moins.

-C'est pas grave.

Au moins, c'était sincère. Elle reporte son regard bleuté sur le blond assis à côté d'elle. Une dernière pensée allant vers lui et elle se remet à penser à Torin. Elle serre les dents, endosse le faux sourire qui lui sert de carapace depuis toujours, puis bouge doucement des doigts, comme pour évacuer la tension. Inspire. Expire.
Voilà, c'est mieux ainsi.
Le sourire cesse alors d'être forcé, le temps que le passé revue, les souvenirs avec. Tu tiens le bon bout Rhyan, bientôt ils ne seront que très l'on derrière toi.

- Je sais qu’on est jeune, que notre relation ne durera surement pas tout la vie, mais voilà, j’avais besoin que tu saches qui j’étais avant que tu sois sure de vouloir t’engager dans quelque chose de … sérieux. Tu comprends ? Mais oublie ça, et vivons le moment présent sans faire attention au passé et sans se préoccuper de notre avenir pour l’instant, d’accord ? »

Elle a beau être quasi sûre d'être amoureuse, elle l'est presque autant qu'elle est trop jeune pour s'engager pour de vrai. Trop jeune pour penser plus loin que le jour d'après ( c'est normal, c'est les soldes ), trop jeune pour ne pas s'énerver pour un rien. Après tout, n'est-ce pas ça, être ado ? Tout prendre à cœur. S'énerver pour un rien, hurler quelque chose qu'on ne pense pas, regretter, douter. Se détester, parler des heures au téléphone, haïr, adorer, ne plus supporter, crier, en vouloir au monde entier.
Aimer.
S'aimer.

- Je comprend. .. Je comprend et je suis d'accord !

Les deux adolescents s'embrassent encore. Elle, ne se lasse pas de sa langue jouant contre celle d'Ichiru. De ses mains sur la peau douce de celui chez qui elle va passer la nuit.
Il coupe le baiser et lui sourit. Elle prend quelques secondes pour détailler ce sourire, qu'elle connaît si bien, mais qui est si différent aujourd'hui. Il semble différent comme... Comme s'il n'était pas adressé à la même personne.
Comme si les sentiments à aient changés. En une soirée ? Sûrement pas. Ils avaient juste un peu évolués. Ils s'étaient enfin montrés.
Et ça faisait du bien.

« Est-ce que tu es fatiguée ? On peut aller se coucher si tu veux, on aura tout le temps de discuter demain matin, tu crois pas ? »

Elle sourit aussi. La fatigue tombe sur ses épaules comme un poids mort. Lasse, elle regarde son ami se diriger vers la salle de bain, après lui avoir déposé un baiser sur les lèvres. Dormir. Dormir pour de vrai, sans cauchemar ? Elle se demande si c'est possible, mais après tout, pourquoi pas. Si pour une fois elle peut penser à autre chose, ça ne sera pas plus mal.
Un moment de répit.

« J’espère que ça te dérange, mais je dors toujours comme ça, je peux pas dormir autrement, j’ai trop chaud sinon. »

Un rire s'élève dans l'air, léger et moqueur. Elle toise un court instant l'adolescent qui lui fait face tandis qu'elle lâche, ironique. Joyeuse.

- T'espère que ca me dérange ? Désolée de te décevoir mais absolument pas ...

Elle rit encore un peu devant la moue de son nouveau compagnon, tandis qu.elle se lève et s'étire prestement. Comme un chat. Comme Alfred.
Ses muscles se tendent dans une délicieuse sensation de bien être. Faisant encore jouer quelques seconde sont épaule, faisant rouler ses muscles sous sa peau, elle se dirigea vers la chambre d'Ichiru.

- Je suis désolée, mais je dois vraiment aller dormir.

Un grand sourire comme excuse, elle s'avance pour déposer un baiser sucré sur les lèvres qu'elle aime voler de temps à autre. Puis se détourne à nouveau, avec hâte d'atterrir sous une couette bien moelleuse et chaude. Le temps d'une nuit.
Puis se lever le lendemain, et retrouver ses problèmes.

[ Sorry pour le retard, mais j'ai pas rp de l'été :3 tu peux conclure si tu veux ~]

Je préférais me taire, mais ce sourire faux qu’elle ne cessait d’arborer depuis que je la connaissais en disait long sur ce qu’il se passait à l’intérieur. Elle était mal, elle faisait tout pour le cacher, mais malgré ça, ça se voyait..
Mais Rhyan m’avait fait promettre de ne pas la plaindre, d’ignorer son passé, alors je me taisais, je ne disais rien.
Quelques fois, son sourire était vraiment sincère, il était magnifique, tout comme elle, et la voir enfin heureuse mais rendait heureux moi aussi.

« T'espère que ca me dérange ? Désolée de te décevoir mais absolument pas ... »

Mon rire accompagna le sien, ils résonnèrent dans l’appartement, ce n’était pas ce que je voulais dire !
Rhyan se leva du canapé et s’étira avant de se diriger vers ma chambre, au bout du couloir.

« Je suis désolée, mais je dois vraiment aller dormir.
- Oui, je crois que nous avons besoin de repos ! »

Il était tard maintenant, et l’heure s’était écoulée sans que nous ne nous en rendions compte !
Je me levai derrière elle et profitai de jeter un œil par la fenêtre en fermant les volets. La lune était pleine, et la pleine lune signifie beaucoup de choses différentes. Pour moi, ça serait le souvenir d’une superbe soirée passée en compagnie de Rhyan.
Je poussai délicatement la porte de la chambre, sans faire de bruit. La pièce était plongée dans le noir, et une silhouette était dessinée dans mon lit. J’entrai sur la pointe des pieds, aussi discret qu’un chat et refermai la porte derrière moi. Rhyan semblait s’être déjà assoupie, elle devait dormir profondément. Je me glissai sous la couette et déposai un baiser sur son front avant de la prendre dans
mes bras.
Un tas de pensées trottaient dans ma tête et m’empêchaient de dormir. J’avais l’impression que, au fur et à mesure que je me rapprochai de Rhyan, elle me rendait meilleure. C’était comme si j’avais changé, comme si je n’étais plus moi-même depuis que je la connaissais. Je ne savais pas très bien où nous en étions à ce
moment, est-ce qu’elle était ma copine désormais ? Ma première « vraie » copine, ma petite-amie officielle, ou bien ne serait-ce qu’un coup d’un soir, comme toutes les autres ?
J’étais au moins sur d’une chose, c’est que pour la première fois depuis vingt-deux ans, je ressentais quelque chose pour une fille, pour la première fois, j’avais de réels sentiments pour quelqu’un, et ça déjà, c’était la preuve que quelque chose en moi avait changé.
Je finis par m’endormir collé à elle, les yeux pétillants et un sourire immense sur les lèvres, en repensant à la soirée que je venais de passer et que je serais incapable d’oublier.