Boum.

Mais c'est pas vrai! Ça fait deux jours qu'il y a des espèces de cognements qui viennent de je ne sais où. On les entend bien au sous-sol, et oh cher hasard, ma salle est au sous-sol. La salle d'entrainement aussi. C'est juste bien agaçant quand on donne un cours dans le silence. Qui que tu sois, toi qui t'amuses à frapper sur je ne sais quoi, arrêtes. Le Saint Esprit te remerciera. Vas donc le voir pour lui demander ta récompense.
Ce qui est dérangeant, encore plus que le bruit, c'est que comme je sais que les fantômes existent, ça veut dire qu'il y en a peut être un au fin fond des sous-sol qui s'ennuie à en cogner je ne sais quoi contre les murs. Et comme il a l'éternité devant lui, taper tout le temps ne le dérange pas du tout. Voyez, maintenant que je crois aux fantômes, à chaque fois qu'il se passe un truc louche, je leur remets la faute sur le dos. Et si j'essayais de raisonner en humain non croyant, ça donnerait quoi? Une crise de paranoïa peut être. Suivie d'une descente dans les cachots avec une lampe torche et un sac de piles pour s'assurer d'avoir de la réserve. Et puis un truc pour taper.
Ok, j'embarque mon sabre.
Qu'est-ce que je fiche dans ma salle un dimanche? Mais est-ce que je vous demande la couleur de vos chaussettes hein? Nan, bah alors. Et sinon je suis venu préparer deux trois trucs pour mes cours, mais je vais changer mes plans. On va aller faire de la chasse au spectre. Je finis de remplir ma feuille puis pose mon stylo. Voilà, direction mon arme. On ne sait pas ce qui peut loger dans ces sous-sol hein...
Avec une téléportation, j'atterris dans mon appartement. Pour une fois, il n'aura pas l'occasion de me souhaiter la bienvenue comme il sait si bien le faire. Je prends mon sabre et repars. Un certain nombre de meubles va bouder parce que je leur ai pas accordé un regard. Pas grave, ils se vengeront plus tard. Quand y'aura pas de témoins de préférence.
Me revoilà au sous-sol. Avec un sabre cette fois. Bon, d'où vient le bruit? Faudrait déjà qu'il y en ai un nouveau. T'as peur le fantôme? Je n'ai pas prévu de te détruire, juste de te faire peur pour que tu partes. Oui on peut faire peur à un fantôme. Hey, c'est comme pour les araignées. Elles font peur, mais sachez bien qu'on leur fait aussi peur. Sauf qu'elles crient moins fort. Toute façon c'est pas humain une araignée. Sans mauvais jeu de mot. Le Tout Puissant avait trop bu quand il a crée les insectes. Attendez, tous les êtres vivants normaux ont quatre pattes. Ou des nageoires. Alors pourquoi ces machins en ont six, huit, dix, vingt? De la même façon, le nombre d'yeux normal est deux. Pourquoi y'en a qu'en ont huit? Et la mouche qui tente de faire de l'infiltration en faisant croire qu'elle a deux yeux normaux.

Boum.

Ah, on m'appelle. Fin de la conférence sur les insectes. Bon, ça ne venait certainement pas de l'amphithéâtre ni de la salle d'entrainement. Ma salle est innocente, la cave... J'ai un doute. Direction la cave alors. Évidemment je m'y téléporte, devrait même pas être précisé ça. Il fait pas spécialement clair là dedans. Et j'ai la flemme de chercher l'interrupteur, donc j'allume la petite flamme que je sais créer. Ce n'est pas une source de lumière géniale, mais on y voit mieux au moins. Voyons voir... Je ne ressens pas la présence d'un seul esprit dans le coin. En même temps qu'est-ce qu'un fantôme viendrait faire dans cette cave, c'est pas assez glauque pour ça.
Oui bon c'est une excuse pour sortir de là avant que je ne m'étale de tout mon long. Y'a des trucs un peu partout, même si c'est bien mieux rangé que le grenier. Hey, si je suis capable de me ramasser dans mon appartement qui est toujours rangé, je ne vous dis pas ici...
Oui mon appartement est toujours rangé, d'abord. Croyez quoi. Pas parce que je suis un homme que je ne sais pas utiliser un aspirateur ni virer la poussière. Non mais.
Bon, mes capacités ménagères ne sont pas le sujet. J'avance un peu, trébuche sur je ne sais quoi, et vais voir vers le fond de la cave. Mais rien ne m'interpelle. Franchement, qu'est-ce que je fiche au milieu d'une cave à courir après un fichu bruit, hein? Halloween c'est pas maintenant.

Boum. Boum.

Là il a dit "cherches encore!" et "je ne suis pas dans la cave".
Il se comporte comme Pikachu, il dit que son nom pour communiquer. Alors, Boum le fantôme n'est donc pas dans la cave. Tant mieux, sortons de là. J'éteins ma flamme, et avec une nouvelle téléportation, je suis de retour dans le couloir du sous-sol. Hey, Boum, tu te caches où? J'aimerais bien faire ta connaissance pour marchander ton futur déménagement. On t'appelle pour une fête d'Halloween sur une Ile du Pacifique. Tu pourras aller faire peur aux crabes. Je t'assure que tu vas t'amuser. Le cri du crabe en détresse est toujours intéressant à entendre.
Bon, Boum boude, alors je vais continuer mes fouilles sans lui. Puisque ce n'est pas la cave, ce sont les cachots. Parce que je ne vois pas d'autre endroit mystérieux d'où pourrait provenir un tel bruit sourd, dans cet orphelinat. Cette fois je ne m'y téléporte pas, parce que je ne connais pas suffisamment les cachots pour savoir où je risque d'atterrir. La cave, je sais au moins qu'il y a une grande place vide en plein milieu. Mais alors les cachots... Aucune idée.
La porte est solidement fermée. Je pourrais très bien me téléporter derrière, mais encore une fois, j'ai de gros doutes sur ce qu'il y a derrière cette porte. La porte est bien verrouillée et honnêtement, j'ai trop la flemme de chercher si une clé peut l'ouvrir. De toute façon, ça fait longtemps que je connais des sorts et des runes pour déverrouiller les portes. Mon maitre disait que ça pouvait servir, le jour où je serai incapable d'utiliser une téléportation pour passer une porte. C'est possible de bloquer la téléportation en plaçant certaines runes sur les murs? Peut-être bien... Je n'en ai jamais entendu parler, mais en même temps je suis loin d'être doué là dedans. Les incantations, ok, les runes dessinées... Hmm.
Une incantation plus tard, la porte et son amie la grille ne servent plus à rien.

Boum.

Mais oui j'arrive, Boum, j'arrive. Je passe les obstacles qui n'en sont plus. Et voilà, il fait noir et je n'y vois pas plus loin que le bout de mon nez. Rectification, je ne vois même pas le bout de mon nez en fait. Je dois avoir l'air intelligent à loucher dans le noir pour vérifier ce point. Remarquez, personne ne peut me voir. Bon j'arrête de faire l'idiot tout seul. Je râle en allumant ma flamme de nouveau:

- On a inventé l'éclairage électrique, et il faut encore utiliser le feu pour s'éclairer...

Peuh, elle est vraiment faible, on y voit pas grand chose. Sabre, pourquoi tu ne peux pas produire de lumière toi, hein? Aide moi donc au lieu de te contenter de battre ma jambe quand je marche. D'ailleurs en parlant de M.Sabre, c'est bien malin d'avoir une flamme qui flotte autour de ma main, j'aime bien avoir mes deux mains pour manier le sabre. Si je suis surement incapable d'augmenter la taille de la flamme, je peux au moins la faire flotter près de moi. En fait, on voit un tout petit peu mieux maintenant qu'elle vole tranquillement un peu devant moi. Histoire qu'on ne me voit pas de derrière puisque je ne suis pas dans le faible halo de lumière qu'elle projette.Tu me brûles, et on ne va pas s'entendre, la flamme.

Boum.

... Bon, au moins ça vient vraiment des cachots. Vous savez que c'est glauque ici? En plus d'y faire noir. Je ne suis pas sûr que les cachots soient exempts de tout fantôme actuellement. Enfin j'en sais trop rien, à dire vrai je n'ai pas encore fait un pas, puisque j'étais occupé avec ma flamme. Alors je fais un premier pas, qui me rapproche de Boum sans que je sache où il est. De même pour les pas qui suivent.
C'est l'histoire d'un squelette... Oh tiens une araignée. Je disais quoi? Ah ouais, alors le squelette...
Un bruit dans mon dos, et mon premier réflexe est de sortir mon arme, puis de me retourner et appliquer le côté tranchant du sabre à la hauteur de la gorge de la chose derrière moi, même si je n'y vois pas grand chose. La flamme, vient un peu par ici.
Attendez, c'est pas un fantôme ça. A moins qu'il ne soit mort sans me prévenir.

- Oups... Ren? Désolé.

Boum. Boum.

Oh toi tais toi. Pas la peine de rire.
Je retire rapidement mon sabre pour ne blesser personne sans le faire exprès, et le range. La flamme a beau être maintenant près de moi, on ne distingue pas tant de choses que ça. Enfin, ça me suffit pour reconnaitre Boule de Poil.

- S'cuse, je ne m'attendais pas à te croiser ici. Tu cherches quelque chose?

A moins qu'il ne soit en promenade... Chacun son lieu de balade préféré.

Histoire glauque.

On est dimanche, et le dimanche, ben, contrairement à ce que vous pouvez penser de mon attitude habituelle flemmarde, je bosse. En fait, disons plutôt qu'aujourd'hui, je bosse. Et à l'orphelinat qui plus est. Pas chez moi. C'est étonnant, et je me pose encore la question de ma venue ici. Le destin semble la meilleure réponse.
J'ouvre la porte de ma salle. On est dimanche, il n'y a personne. De toute façon, personne ne peut y entrer sans mon autorisation. Je lance les clés sur mon bureau, ouvre la porte de mon casier et referme la porte.

Boum.

Je baisse la tête. Ai-je fait tomber quelque chose? Non, ça ne devrait pas faire autant de bruit. Ce n'est pas habituel. Je fronce les sourcils. Un tremblement de terre qui fait pas trembler la terre? Ça fait le même bruit en tout cas. C'est surprenant, j'ai failli sursauter. Je remarque que je sursaute trop, en ce moment. C'est énervant. J'ai l'impression de croiser un fantôme à tout les angles de rue. Je passe mes soirées devant l'écran d'ordinateur, et je ne me couche que lorsque je suis sûr que je dormirais dans les vingt secondes qui suivent. Le temps d'éteindre le pc et de m'enfouir dans les couvertures, en somme. Ça me poursuit, ça me fait peur, je fais des insomnies. C'est affreux.
Et plus j'y pense, plus je me fais peur. Je remarque que je n'ai pas allumé la lumière. En même temps, il fait encore assez jour pour bien voir. Et pourtant. Ma main se pose sur l'interrupteur.
Que la lumière soit. Et la lumière fut.

Boum.

On s'amuse au sous-sol, ou c'est un gag des élèves pour me faire avoir une crise cardiaque. J'en sais rien. Je pose ma main sur mon visage. Je devrais arrêter de regarder des films d'horreur. Vous savez, on a beau côtoyer des fantômes dans la vie réelle, on en flippe pas moins quand on en voit dans les films. En tout cas, c'est mon cas. C'est affreux. Vous imaginez, pour un exorciste, avoir peur des fantômes. C'est surprenant, même un comble. Je devrais stopper mes idées morbides et me concentrer sur le moment présent. À savoir, mes cours. Je me redirige vers mon casier et sort quelques feuilles blanches. Voyons voir...
je fourre la pointe de mon stylo dans ma bouche, repousse mes cheveux en arrière de ma main droite, et me met à fond dans mon travail.

Boum. Boum.

La peur fait bientôt place à la suspicion, puis à la colère. Si on ne peut même plus bosser tranquillement.... je soupire brutalement. Finalement, j'aurais peut-être dû continuer dans ma démarche flemmarde et rester chez moi. Au moins, les fantômes ne se seraient pas amusés à faire du tambour au sous-sol. Merde à la fin, on leur a rien demandés. S'ils veulent apprendre la battucada, qu'ils s'inscrivent à l'école de musique.
Parce que, si vous l'avez remarqués, ce n'est pas le bruit à proprement dire qui provoque un tel énervement chez moi, mais bien le sens du rythme totalement désordonné chez le sujet atteint de spasme graves. Vous n'imaginez pas pour un professeur de musique aguerri, habitué au dissonantes notes que peuvent provoquer les élèves, se retrouver le soir, tranquillement installé sur son fauteuil, travaillant d'arrache-pied pour faire ses cours, avec un fantôme percussionniste au sous-sol qui n'a pas même le sens naturel du rythme?
C'en est véritablement trop.

Boum.

Oh, la ferme. On t'a rien demandé. Je serre les poings. Je vais finir par aller fumer, si ça continue. Dehors, paisiblement sous l'abri d'un grand arbre, sans bruit ou avec le petit son consonant d'un rossignol ou d'un rouge-gorge. Le meilleur. Et là, c'est pas le cas. Je n'arriverai pas à me concentrer, alors il faut que j'aille voir ça de mes propres yeux. Un point c'est tout. Je ne prends pas la peine de remettre mon manteau, et m'empare simplement des clés de la salle, que je prends soin de mettre dans ma poche après avoir refermé la porte.
Alors, le fantôme, j'ai quelques mots à te dire. Tu fais chier, en premier lieu. Tu n'as pas le sens du rythme, deuxièmement. Tu pourrais t'attaquer à une vraie batterie, au lieu de faire joujou avec ta tête et le mur.
Nan mais j'vous jure, c'est un fantôme de néandertal ou quoi? Il cherche à savoir ce que ça fait quand on se prend un mur en pleine face? D'ailleurs, est-ce que même les fantômes font du bruit quand ils se cognent? Qui me dit que c'est pas un humain? Glauque tout ça. Mais je dois vérifier ça.
Pas tout seul.

Boum.

Je descend au sous-sol. Pas de Takeji dans sa salle. Mais ouverte, ça, pour sûr. Il s'est fait kidnappé par le fantôme. Je me dirige d'un pas rapide vers le fond du couloir. Tines, la porte des anciens cachots est ouverte. Je suis au courant qu'il y en a plusieurs, mais en tout cas, celle-ci est bien ouverte. Plus aucune rune ne la protège. N'importe qui peut s'y introduire... ou sortir. J'inspire profondément et pénètre dans l'espace obscur que sont les cachots. Encore plus glauque. OMG. Je vais faire une crise cardiaque. C'est pas Halloween, à ce que je sache. La flemme d'allumer ma lumière. De toute façon, j'ai laissé mon portable dans la poche de mon manteau. Et je l'ai pas avec moi. Alors... on va faire quelque chose de très chiant et extrêmement fatiguant.
Je ferme les yeux et me concentre sur ma vision. Le principe est simple. Transférer les capacités féline, et ici la vue (je suis incapable de faire tout en même temps) dans ma silhouette humaine. Quand je dis crevant, c'est que pour garder cette capacité, il faut être extrêmement concentré sur ce que l'on fait. Ne faire attention à rien d'autre. Autrement dit, ignorer un fantôme voulant me faire peur. Mais le principe de cette capacité, c'est justement de voir dans le noir. Vous pigez la connexion paradoxale, là? Bref, après une grande concentration, je réussi à maintenir ma vue féline. La pupille se dilate, et je parviens à apercevoir mon environnement... dégoûtant.
Comment je suis censé ne pas me déconcentrer avec ces milliers de toiles d'araignées, ces rats qui courent entre les pattes, ces dalles où tu manques de te gameler à chaque pas, tellement elles sont inégalement réparties et rehaussées. Je soupire, mais tâche de garder une concentration optimale.

Boum.

C'est plus près. Beaucoup plus près que je ne l'imaginais. Alors c'est ici que notre ami apprend la percu? J'vais lui apprendre à déchiffrer une partition, moi. Nan mais, je vous jure, pas capable de trouver de sens à ce qu'il fait. Je soupire doucement, et aperçoit quelque chose qui se balade devant moi. Humain. Ouais, pas que j'ai l'odorat en prime, mais il dégage une chaleur que les fantômes n'ont pas. Et sa démarche est tout autre.
Je m'approche doucement de lui, sans pour autant faire le bruit d'un troupeau de mammouth. Mon livre sur la préhistoire m'inspire beaucoup aujourd'hui, décidément. Bref, on va dire que l'accueil est rapide. Une demi-seconde. Le quart de seconde pour que l'information arrive au cerveau, et l'autre pour effectuer le geste commandé. Pour le coup, mes réflexes me servent bien. Je relâche subitement ma concentration, et d'un même mouvement rapide, je pose ma main sur la lame qui s'apprête à atteindre mon cou. Elle l'atteint, bien sûr, mais il y a bien ce léger écart que sépare mon cou de la lame, couvert par ma main.
On se calme, mon jeune ami. Je viens pas te tuer.

- Oups... Ren? Désolé.

J'aime bien ta façon de parler. Il se rend compte qu'il a failli me tuer sur le coup? Bon, avant, il aurait fallu qu'il me coupe les doigts, et, pour le coup, je ne me serais pas faire. Mais bon, c'est pas le sujet actuellement. Je soupire brutalement. Finalement, je ne vois pas plus loin que la faible lumière émise par Take. Ben oui, je l'ai dit, j'ai relâché ma concentration. Je suis totalement myope, par rapport à il y a quelques secondes.

- S'cuse, je ne m'attendais pas à te croiser ici. Tu cherches quelque chose?

Et tu me demandes ça comme ça? Je penche la tête sur le côté d'un regard moqueur. Si j'avais su que je le croiserai ici, moi aussi. Décidément, je comprend pourquoi le destin m'a poussé à venir ici. On s'est pas vu depuis... hier midi. Parce que la cantine de l'orphelinat est bonne. Et qu'on mange en général ensemble, avec tous les autres profs. Ce que j'adore, c'est gruger les élèves qui attendent gentiment leur tour pour aller manger, qui reprennent dans quelques minutes, mais que je dépasse quand même. C'est toujours pas le sujet.

-Je pense qu'on est là pour la même raison. Les bruits t'ont attirés, n'est-ce pas?

Mais je me pose une question, alors je le demande pratiquement aussitôt, sans lui laisser le temps de répondre :

-Tu penses que c'est quoi?

Parce que c'est bizarre. Et je pense qu'il rirait si jamais je lui sortais que je crois qu'il s'agit d'un ancien fantôme percussionniste qui s'est suicidé parce que son niveau de formation musicale était trop déplorable, ou encore l'homme de néandertal qui s'étonne qu'il ai mal quand il se cogne quelque part. Ou encore un mammouth qui veut sortir des cachots, mais qui est trop c** pour prendre la porte d'entrée, et qui risque de mourir une nouvelle fois s'il veut essayer de défoncer un mur avec son allure spectrale.
Hum...

[Hrp: Je suis pas au point sur mes onomatopées... Pardon x').]

Ha ha, allez-y, riez. Faut le faire, se rencontrer dans des cachots. Moi ça risque fort de me faire rire à voix haute.
Je me disais bien qu'il manquait quelque à ma journée. J'avais pas encore vu Ren. Ne vous faites pas d'idées bande de dépravés. C'est juste limite un rituel de se croiser tous les jours. Comprenez que je tente toujours de le convertir au câlinisme. Et c'est un travail quotidien, qui se fait notamment par l'échange d'au moins un câlin par jour.
Bon ok, c'est pas un échange, c'est moi qui lui saute dessus. Mais qu'importe. Un jour, c'est lui qui viendra remplir le rituel quotidien. Ça deviendra vital avant qu'il ne s'en rende compte, vous verrez.

- Je pense qu'on est là pour la même raison. Les bruits t'ont attirés, n'est-ce pas?

Oh, alors on est deux pour la chasse à Boum?

- Tu penses que c'est quoi?

Je pense que c'est Boum le fantôme, c'te question.

- Je pense que c'est le fantôme d'un muet qui communique en morse.

Boum. Boum boum.

- Il doit vouloir dire quelque chose... Allez, on va aller le voir, il doit s'ennuyer.

Avançons joyeusement dans les cachots sombres, humides, peu accueillants et à la décoration intérieure à refaire. C'est quoi déjà le morse pour S.O.S hein? Hey, ça se trouve c'est vraiment le fantôme d'un muet qui appelle à l'aide, parce qu'en mourant il aurait perdu quelque chose de plus que la voix. Genre sa vie. Et qu'il se demande comment la retrouver. Et tout ça, ça donne un poltergeist à calmer. Même le dimanche. Pourrait pas y avoir la paix le dimanche? Six jours par semaine, c'est suffisant pour faire toutes les bêtises que l'humain peut faire, et le dimanche c'est la trêve, on va embrasser le chef ennemi. Non, ça marche pas? Attendez un peu que le maitre du monde change.
En attendant, on va s'offrir une fête d'Halloween avant l'heure. Elles sont où les citrouilles? Et les chauves-souris? Ren! Transformes toi en chauve-souris. Ou en chat noir. Ou transformes toi en léopard et frottes toi aux murs du coin, ça devrait le faire.
On s'est remis en marche. Et à dire vrai, y'a pas d'indication sur les chemins à prendre. Et Boum n'a pas joué au Petit Poucet, y'a pas un caillou ou morceau de pain sur le sol.
Enfin, on peut se perdre comme on veut. Sortir d'ici n'est pas un problème du tout. En tout cas pour moi. Ren, te perds pas, sinon t'es mal. Quoi que... Avec ton odorat sous forme animale, tu devrais t'en sortir. Allez courage petit chaton, on va trouver.

Boum. Bong.

Huh? Je pense que Boum s'est mangé une porte en fer. Pauvre petit. Mais c'est bizarre, les deux sons ne semblent pas avoir la même provenance. Enfin, peut-être que je me gourre hein. Ne pas se fier à mes oreilles.

Bong.

Ok je retire, ça, c'était proche, vraiment proche. Flamme, je t'ordonne d'éclairer plus que ça! Obéis aux ordres de ton maitre. Raté, la flamme n'éclaire pas plus parce que le maitre n'a aucune maitrise sur ce pouvoir. Bon on va ruser... J'arrête de marcher et ramène la flamme vers moi. Prions bien fort pour que Bong, le pote de Boum ne nous saute pas dessus. Mais je fais confiance à Ren pour avoir les sens aux aguets pendant que je trafique avec mon feu. On peut enfermer des fantômes avec des incantations, alors je suis en train de me demander si on ne peut pas faire de la lumière avec. Si il est possible de réparer un truc en bois, on peu faire des étincelles ou du feu non? Ça ne vaut aucun don, mais bon, c'est mieux que rien. De toute façon on ne se bat pas avec une incantation... Voyons voir, j'ai le feu, si je mélange plusieurs bouts d'incantations pour avoir un truc qui brille plus... Alors j'incante vers la petite flamme pour qu'elle émette plus de lumière. C'était une improvisation, mais ça a plutôt bien marché. La flammèche prend un peu plus de place, et surtout elle brille bien. La fixer ne fait pas mal aux yeux, c'est pas encore une ampoule. Mais on voit le sol quoi. Ce qui n'était pas tout à fait le cas avant.

Bong.

Je sursaute et par réflexe fais claquer de l'électricité là d'où provient le bruit. J'avais complètement oublié où on est avec mes histoires de flammes et d'incantation. Et ce punaise de bruit est trop proche à mon goût. Pourtant je ne perçois pas de présence... Ou plutôt, pas plus que quand je suis entré. En remettant la flamme plus en hauteur dans l'espace, on peut même constater que l'espace est vide dans un rayon de deux à trois mètres. Y'a que Ren et moi là. Et des cellules, et des murs... Et peut être des trucs dans ces cellules et ces murs. Ok j'arrête.

- Dis moi... Tu vois quelque chose?

Boum.

Oh le concert là, ça va. Boum, il est où Bong? Et tant qu'à faire, t'es où toi?
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les bong sont plus fréquents que les boum. Indépendamment du fait que Bong semble plus bavard que Boum, c'est quand même louche. D'autant plus que le bong est vraiment plus proche que le boum et que pourtant, y'a rien dans le coin. Y'a une consonance métallique au son. Le problème, c'est qu'ici des portes en métal y'a que ça. Je ne serai pas étonné de trouver un fantôme faisant taper une pièce en métal contre une porte en étant assis derrière celle-ci. Comme un ancien condamné qui voudrait abrutir les gardiens. C'est nous qu'il va trouver.
Je me remets en marche lentement.

Bong.

J'vous jure qu'il manque que les chauve-souris et les citrouilles ici. On a déjà les présences louches, le noir, l'humidité, les toiles d'araignées...
Argh j'en ai sur moi là.

- Beurk... Faudrait faire le ménage dans le coin.

Bref. On arrive à un croisement, on a toujours pas croisé Bong même si j'ai la nette impression qu'on s'en rapproche. Enfin je dis ça, mais ça grouille de présences en tout genre ici. A commencer par les araignées et les rats. Quand je pense que chez moi, c'est trois étages au dessus... Et ma salle qui est encore plus proche! Hey, si jamais y'a un des habitants du coin qui s'y amène, je le grille. Au sens propre comme au figuré. Non mais. On entre que sur invitation, d'abord.
Je disais donc, on arrive à un croisement.

Bong.

- Droite ou gauche?

Avec ses sens de chat, il devrait en savoir plus que moi quand même.

Boum. Craac bam.

Boum s'est cassé la figure cette fois. J'vous jure, quand on marche sur un truc pas très stable, qu'il se rompt et qu'on se casse la figure, ça fait le même bruit. Oui c'est du vécu, et j'en suis très fier. Vous ne savez pas l'histoire qu'il y a derrière. Mais ça sera pour une autre fois.

- Ils font une fête...

J'vais finir par flipper. Le comble pour un exorciste. En même temps on est à fond dans le cliché de l'endroit rempli d'esprits prêts à vous arracher la tête là. Si seulement c'était qu'un cliché... Des fantômes, ici, y'en a. Seulement, on ne les a pas encore croisés.

Bong

Le fantôme percussionniste.

Finalement, je pense que mes estimations valent tout autant que sa réponse.

-Je pense que c'est le fantôme d'un muet qui communique en morse.

Je pose ma main sur mon front. T'aurais pas pu mettre un peu plus d'imagination? Sur le coup, je ne pensais pas pouvoir faire mieux que toi. Sérieusement. Je m'apprête à avancer, mais un frisson me parcoure le dos lorsque les coups retentissent de nouveau.

Boum. Boum boum.

-Il doit vouloir dire quelque chose... Allez, on va aller le voir, il doit s'ennuyer.

T'es cinglé ou quoi? Tu ressens pas cette aura bizarre qui vient de quelque part? Ça me fout la chair de poule, alors que ça devrait pas. Je n'ai pas peur du noir, je ne vois pas pourquoi, j'hésite autant pour avancer. Peut-être est-ce parce que je n'ai pas l'habitude de me balader ici, avec quelqu'un, dans l'obscurité la plus complète, avec pour seule lumière un espèce de truc volatile qui ressemble à un flamme. Mais elle éclaire pas suffisamment pour que je puisse voir où je pose mes pieds. C'est assez... dérangeant, puisque lorsque je m'arrange pour observer où mes pids se posent, j'esquive de justesse une toile d'araignée qui voulait s'amuser avec une mèche de mes cheveux. Ils poussent trop vite. Il faut que j'aille les couper, et je passerai peut-être par la teinture. C'est Take qui va être content.

Boum. Bong.

C'est quoi ce nouveau son? Pourquoi est-ce que ça a soudainement changé d'endroit? D'ailleurs, ça s'est drôlement rapproché. Et le « ça » en question me fait peur. Dis, tu veux pas éclairer davantage? Parce que là, éteinte ou allumée, on ne voit pas vraiment la différence. Je soupire pour relâcher la pression. C'est dingue comme ça fait du bien, j'ai l'impression de revivre.

Bong.

Ouille, ouille, ouille. J'étais à deux doigt de sursauter. On s'y attend jamais. Et plus ça va, plus ça se rapproche. J'ai l'impression de faire de la psychologie. C'est flippant. Take se décide enfin à faire plus de lumière, et je dois dire que c'est rassurant, surtout quand on remarque qu'on y voit beaucoup plus loin. C'est bien, tu sais utiliser les runes. Félicitations, tu es bon exorciste. J'ai envie de lui dire ça, mais je me tais, sans doute à cause de l'environnement peu amène à la plaisanterie.

Bong.

O la, on sent que Take est lui aussi un peu sur les nerfs. Déjà que j'ai senti les fluides d'énergies se déverser sur les côtés. M'électrocute pas, tu seras gentil. Take monte sa lumière, et on y voit soudainement plus loin. Dingue.

-Dis moi... Tu vois quelque chose?

Je me tourne vers lui. Si j'y vois quelque chose? Eh ben, on va tout de suite « voir » ça, au sens propre du terme. Je me concentre un instant, et observe autour des moi, avec mes pupilles de chat. Hum, j'y vois loin, même si la lumière de Take est alors plutôt flashante et m'empêche de me concentrer sur l'horizon. Alors, j'avance un peu pour ne plus avoir la lueur de Takeji devant les yeux. Hum... Nan, y'a rien à plusieurs mètres. Si, y'a bien quelques rats qui se baladent, mais rien de suspect qui pourrait taper sur des barreaux avec des bout de métal ou de bois. Alors, je secoue la tête négativement et poursuit mon chemin tranquillement.

Boum. Bong.

-Beurk... Faudrait faire le ménage dans le coin.

C'est quoi ce concert, sérieux? Depuis quand les fantômes s'amusent ensemble? Sérieux, faut pas exagérer. En plus, Take se prend une toile d'araignée en pleine face. Je ne peux m'empêcher de pouffer. J'ai relâché depuis longtemps ma concentration féline, et je me contente d'avancer les mains dans les poches, en suivant silencieusement Take et observant par moment la lumière qui pourrait s'apparenter à une petite luciole. C'est mignon. Ça va parfaitement avec le caractère de mon ami, même si je ne saurais pas dire pourquoi.

Bong.

- Droite ou gauche?

Pourquoi tu me demandes ça ? J'ai pas le flair d'un chien, et j'ai pas l'intention de me métamorphoser. D'ailleurs, je ne pense pas que le flair aiderait grandement. Alors je retente la vue. C'est dingue comme ça me fatigue. Alors... voyons voir. Rien à droite, comme rien à gauche. Je suis censé choisir? Alors gauche.

-J'en sais rien. Il n'y a rien des deux côtés. C'est difficile à dire. Peut-être qu'à gauche...

Boum. Craac bam.

Là, je sursaute réellement, en ouvrant de grands yeux et relâchant ma concentration. En fait, j'ai failli crier. C'est pas possible... mais ils s'entretuent ou quoi? Ou bien, ils ont trouvé la trappe aux oubliettes, et comme elle commençait à être rongée par l'humidité, elle a cédé sous le poids spectrale du fantôme. D'accord, il n'y a aucune logique.

-Ils font une fête...
-Je suis d'accord...

Bong

Je me retourne subitement. Ils sont à plusieurs ou quoi? Ça se trouve, ce sont des poltergeist qui cherchent à nous perdre dans les cachots. Au pire, Take peut nous sortir d'ici avec la téléportation, alors je ne m'en fais pas vraiment. Je plisse les yeux pour m'éviter de me fatiguer encore plus à exercer mes sens félins.
Ça arrive. Je me met sur mes gardes. Et... le pire de tout, c'est que ça passe sans s'arrêter. Et ça ne reste pas au même endroit. On a l'impression qu'ils sont plusieurs, qu'ils se rapprochent d'endroits différents, puis se séparent sans tenir compte des murs et autres. C'est véritablement flippant. Je pose mes mains sur chacune des épaules de Takeji et pose ma tête sur son côté droit, en lui murmurant précautionneusement ces mots :

-Ce n'est pas normal. Ils se déplacent trop rapidement. Et, au moment où on croit qu'ils sont au-dessus de nos têtes, prêt à fondre sur leurs proies, ils ne font que passer leurs chemins.

C'est ce que je pense. C'est ce que je sais aussi. Et, au malheur de me faire peur, ça me met en colère. Comment veulent-ils nous attaquer s'ils nous ignorent ou passent devant, derrière, à côté de nous sans s'arrêter. Je m'écarte de Take et projette mon don sur plusieurs mètres. J'aperçois les esprits de quelques rats, mais leur langage bien rapide est difficile à comprendre. Je me concentre sur l'un d'entre eux et lui pose toute une série de questions auquel il s'empresse de répondre sans ménagement. Finalement, j'appris que ces bruits leurs étaient familiers. Qu'il n'y avait aucun problème, qu'il n'y avait aucun mort chez eux.
Des fantômes farceurs? Ne sait-on jamais. J'en ai rarement vus, et dans ce cas, j'appelle plutôt ça des korrigans. Simplement. Je soupire. On n'a qu'à les ignorer, dans ce cas. Je m'adresse à Takeji pour le mettre au courant de la situation :

-Je crois qu'il s'agit de fantômes farceurs. Ils veulent faire peur mais ne sont pas dangereux. Bien au contraire. C'est minable d'avoir peur pour ce genre de choses.

Boum.

Je regarde d'un œil distrait la source du bruit. Finalement, ça fait moins peur quand on sait de quoi il s'agit. Le seul problème à résoudre, c'est que je ne vois pas les fantômes en question. Ils ne sont pas invisible tout de même. Je fronce de nouveau les sourcils et lance :

-Ce qui est bizarre, c'est qu'ils sont invisibles. Je ne remarque même pas l'once du passage blanc opaque d'un spectre. C'est dérangeant et terriblement flippant.

Et la tension remonte...

Peut être à gauche dis-tu? Bah, si on y va à l'aveuglette, on va bien finir par trouver quelque chose. On a pas encore croisé de spectre, mais ils ne doivent pas être bien loin. En plus ils s'amusent à faire du bruit. Vous êtes en avance sur Halloween, les draps.
Ren se retourne d'un coup. Tu commences à flipper sévère petit chat? Je me moque alors que je n'en mène pas large non plus. Mais bon, on se sent toujours plus en sécurité quand on sait qu'on peut se tirer quand on veut.
Faut pas être claustrophobe pour se balader ici. Non mais on voit rien en plus. Comment ils faisaient avant? Des torches aux murs, ça ne doit pas éclairer grand chose. Enfin, maintenant y'a plus de prisonniers ici. Heureusement, parce qu'avec tous les enfants au dessus ça ne le ferait pas trop. En même temps, normalement ils ne sont pas sensés pouvoir arriver ici. Y'a des runes sur la porte, qui ne sont pas à la portée des plus jeunes, et les plus âgés sont supposés assez raisonnables pour ne pas venir jouer ici.
Un truc arrive sur mes épaules. Je manque vraiment de peu de lui envoyer mon poing dans la figure. C'est pas le moment d'essayer de m'avoir par surprise, le chat.

- Ce n'est pas normal. Ils se déplacent trop rapidement. Et, au moment où on croit qu'ils sont au-dessus de nos têtes, prêt à fondre sur leurs proies, ils ne font que passer leurs chemins.
- Ils ne se déplacent peut être pas. Mais j'avoue que ne pas en avoir croisé un seul est peu rassurant.

Y'a des présences, mais on ne les voit pas. Et ça va finir par porter atteinte à notre amour propre d'exorcistes, parce que mince, les fantômes on est censés les voir. Vous entendez les spectres? Je vous boude.
Ren, tu fixe quoi dans le noir comme ça? Fais tourner les informations. Je comprends pas comment il peut y voir quelque chose, même avec la vision nocturne d'un chat. Je ne comprends pas comment les chats peuvent voir dans le noir tout court. Le noir c'est sombre -vous le saviez pas, hein?-, c'est opaque, ce n'est pas transparent, ça ne permet pas de distinguer les formes, ça cache les couleurs et ... Et voilà. Fermez les yeux, vous y voyez quelque chose? Non bah alors pourquoi ils y verraient quelque chose, eux. Même si ils ont les yeux ouverts. Bref, c'était l'instant questions existentielles. Revenons à nos draps. La phrase n'a rien de louche. Esprits pervers. Les draps, ce sont ces fantômes qui apprennent le morse.

-Je crois qu'il s'agit de fantômes farceurs. Ils veulent faire peur mais ne sont pas dangereux. Bien au contraire. C'est minable d'avoir peur pour ce genre de choses.

Boum.

Des fantômes farceurs? Parce qu'il y en a dans les cachots? En tout cas, oui, ils font peur. Je ne sais pas comment Ren peut être aussi sûr de lui... Y'a rien qui prouve ses dires. Tout ce qu'il y a pour le moment, c'est des insectes et des rats.
Oh, mais le chat a peut être été demander l'aide d'un rat? Quelle ironie. Si je n'essayais pas de me concentrer pour repérer la source des bruits, j'aurais ri à voix haute. Je garde la remarque pour plus tard. Mais attendez, M.Chat, les rats, ils peuvent voir les fantômes? J'ai comme un doute. Même si c'était le cas, que les rats ne soient pas dérangés par ces fantômes, c'est peut être tout simplement parce que les fantômes n'en n'ont rien à cirer des rats. Enfin, dans tous les cas ça ne nous donne pas la source du bruit.
Et puis, fantômes farceurs ou pas, y'en a aussi des très méchants qui se baladent dans les cachots. Eux ce sont des supers-draps.

- Et t'expliques les présences comment?

Y'a un truc louche là dessous. Très louche.

-Ce qui est bizarre, c'est qu'ils sont invisibles. Je ne remarque même pas l'once du passage blanc opaque d'un spectre. C'est dérangeant et terriblement flippant.

Ok, on est donc dans le brouillard tous les deux. Rappelez moi pourquoi on est venu là déjà? Ah ouais, pour calmer le dingue qui fait du bruit dans les cachots. C'est vrai, on va lui apprendre le silence.

Bong

Oh lui! Ça venait de droite j'en suis sûr.

- A droite Boule de Poil.

Je n'attends pas son approbation pour lui attraper la manche et le tirer à ma suite. Hey Bong, on vient te voir. Tu nous dresses la table pour le thé? Quoi qu'en fait, nan. Vu où tu vis, j'ai des doutes sur ce que tu pourrais servir. On va juste se faire la bise et marchander ton départ.

Bong criiish.

Pas de commentaire. La galerie est noire et franchement pas très large. Je m'arrête en plein milieu. C'est pas malin de foncer tête baissée comme ça. Avec la lumière on nous repère tout de suite. Enfin, les fantômes nous repèreraient sans, mais tant qu'à faire hein. Je me concentre pour balader la lumière dans le couloir. Je pense qu'on peut avancer un peu.

Bong crac.

J'ai juste le réflexe de me coller au mur en embarquant Ren -qui aurait probablement eu le même réflexe- pour éviter ce qui tombe du plafond. C'est pas drôle du tout. Je me retourne rapidement. Mais il n'y a rien. Juste la tôle qui est tombée du plafond, et qui aurait fait très mal si elle nous avait touché à la tête. Enfin, je dis ça mais avec la faible luminosité...

- Mais, comment elle a pu se décrocher de là?

Et par pitié, qu'on m'explique pourquoi ça faisait "Bong" sur cette plaque alors qu'il n'y a pas un seul fantôme devant nous. Je ne vois pas dans le noir, mais un fantôme ça ressort. Je ramène la lumière. Effectivement c'est bien une plaque, par terre. Je vois même pas ce qu'elle pouvait faire au plafond.
D'ailleurs le plafond... Et mince.

- ...Regardes ce truc.

Vous savez ce qu'il y a sur le plafond? Un visage souriant -genre sourire du chat de Cheshire-, aux contours plutôt rouges. Les contours sont plutôt rouges foncés... Si c'est du sang, c'est celui d'un animal mort du coin. Et sinon c'est une quelconque pierre. J'en sais rien, et c'est pas ça qui va nous aider. Y'a du progrès à faire en dessin là. Enfin bref. Ce n'est pas apparu par magie, y'a donc bien au moins un fantôme. Et le fait qu'il ait été sous la plaque qui nous a visé montre que ça nous attendait plus ou moins. Enfin, nous ou le premier qui passerai par là. Je ne crois pas à la coïncidence. Bong, j'aime pas qu'on se fiche de ma tête.
Ce qui me dérange fortement, c'est que M.Fantôme a préparé son piège tout gentiment, sans qu'on le voit faire. Moralité, les apprentis exorcistes que nous sommes ont encore du chemin à faire. Enfin ça c'est pas nouveau. Ouverture de la chasse à Bong!

Boum.

Et à Boum, oui, on ne t'oublie pas. Je me demande si il y a deux fantômes ou seulement un. Deux ou un, c'est carrément pas rassurant, pour ne pas dire flippant. J'aime beaucoup ma téléportation. Enfin, je vais quand même essayer de me repérer ici. Parce que si jamais on est amenés à fuir un fantôme un peu trop coriace, faudrait quand même pouvoir revenir lui faire sa fête. Mais à deux on ne va quand même pas se faire avoir.
Je déteste vraiment le fait de ne pas voir à quatre mètres devant moi. Pour peu qu'un projectile décide de nous viser parce qu'il n'a que ça a faire, on aurait une marge très faible pour l'éviter. D'ailleurs, on est même limités sur nos arrières.
Et pour résumer tout ce que je raconte depuis vingt secondes: on est mal barrés.

- On va le chopper et lui apprendre que Halloween, c'est à la fin du mois.

Est-ce que par le plus grand des hasards j'ai de quoi tracer des runes, sur moi? Beuh... Nan. Bah on fera sans.

- Quand je pense que c'est un endroit où on forme des exorcistes qui abrite ça...

Je ne veux même pas savoir comment ils y sont entrés.

Bong.

Casper, où es-tu? Bref. La lumière est en place, je jette un coup d'œil à Ren, puis je recommence à avancer. Je veux avoir une discussion avec Bong. Parce qu'il n'a pas le droit de faire ce qu'il fait. Y'a une loi qui l'interdit, je l'écrirai en sortant d'ici. Notez la rime.

Comme un fourchette qu'on fait crisser dans une assiette.

J'ai l'impression que Takeji me dicte ce que je dois faire. En fait, je me fais presque tout mou pour lui permettre de m'emmener où il veut. À vrai dire, la cause est plutôt due à ma concentration sur les mouvements autour de nous. Je trouve ça louche de ne pas voir de fantômes. C'est comme si... tout bougeait autour de nous. Je me sens épié. Terriblement épié. J'ai l'impression qu'ils nous observent tous, car je suis à présent persuadé qu'il n'est pas seul. Ma vigilance est à son apogée.
Les bruits se font de plus en plus bizarres. Reconnaissable au premier son, mais soudain incompréhensible.
Je n'aime pas ça.

Bong crac.

Ils jouent à quoi? Ils veulent nous attaquer comment s'ils nous regardent de loin en ricanant? J'aurais du emmener Nephilim. Après tout, c'est elle qui s'énerve rapidement. Et une bonne onde de choc aurait forcé nos fantômes à sortir de leur cachette. Je secoue la tête. Elle n'aurait jamais voulu entrer dans ce trou humide qui ressemble à un labyrinthe lorsqu'il n'y a pas de lumière. De plus, ce n'est pas une bonne idée.
Bref, tout ça pour dire, un peu tard, qu'une chose étrange s'est décrochée du plafond, que, plongé dans mes pensées, je ne l'ai pas remarqué, et que, grâce à la vitesse de Takeji, je suis encore vivant aujourd'hui. Sauveur.
Mon sauveur ouvre sa bouche et dit :

-Mais, comment elle a pu se décrocher de là?

Qui ça, elle? Je pose mon regard sur la chose à terre, ça ressemble à... une tôle. Enfin, de loin quand même. En premier lieu, il faudrait mieux savoir ce qu'une tôle fait ici. Ben ouais normalement, on met pas une tôle à même le plafond. Plutôt sur une maison de fortune. Et encore. Alors... se décrocher... Voyons. Je m'apprête à émettre une hypothèse plus qu'idiote, mais Takeji ne m'en laisse pas le temps. Encore une fois, c'est mon sauveur.

-...Regardes ce truc.

Je te fixe, là. Et toi, tu fixes le plafond. Alors, je fixe le plafond. Eh ben, on peut dire que tu vois bien. Enfin bref, maintenant qu'on en est là, observons. Y'a un... truc qui sourit. Les contours sont rouges. Du sang, très certainement. Je laisse échapper un frissonnement. Je vais vraiment leur poser la question, à savoir à quoi ils jouent. S'ils veulent me faire peur, c'est fait. La simple vue du sang m'horripile, même si je fais tout pour qu'on ne le remarque pas. Voyez-vous, l'avantage avec les fantômes, c'est qu'il y a pas de sang. Nada. Rien. C'est génial. Je crois que le moment où j'ai vraiment dû tourner de l'œil, c'est ma retrouvailles avec Natasha. Mais je ne m'étendrais pas dessus. Rien qu'à y penser, c'est affreux.
Quoiqu'il en soit, je sens presque le rouge me monter au visage lorsque je percute qu'il doit certainement s'agir de sang d'animaux. Je pense de toute façon que j'aurais eu la même attitude s'il s'était agi de sang humain. Bien évidemment.

Boum.

-On va le chopper et lui apprendre que Halloween, c'est à la fin du mois.

Je suis entièrement d'accord avec toi, Take. Il va voir de quel bois je me chauffe, ce sala***.

-Quand je pense que c'est un endroit où on forme des exorcistes qui abrite ça...

Encore une fois j'acquiesce silencieusement à ce qu'il raconte. Je serre les poings et m'adresse à moi-même, sans pour autant être inaudible.

-Il va voir ce qu'il arrive lorsqu'on me cherche...

Ce n'est limite plus frustrant, mais bel et bien énervant. J'avance rapidement, sans pour autant me faire perdre de vue de Takeji. Je me retourne subitement, et prévient mon ami :

-Il va falloir rester ensemble. Je doute qu'il n'y ai qu'un seul poltergeist. Ils doivent être deux minimum. Si nous sommes séparés, je doute que nous puissions les vaincre.

Et je le pense vraiment. Je ne sais pas ce qui les rattache au monde réel, mais ils doivent avoir une grande haine pour s'attaquer ainsi aux étrangers. J'espère que Take va me couvrir, parce que là sérieusement, je ne sais pas si c'est Takeji qui s'épuise ou si c'est la lumière qui faiblit simplement, mais on n'y voit pas à deux mètres. Et je pense grand, certainement. C'est un peu dangereux de me mettre ainsi à découvert, et ça va aussi m'épuiser rapidement, mais on a pas vraiment le choix.
Je m'arrête, me concentre pendant un temps indéterminé.
Puis, j'ouvre les yeux. C'est plus difficile à maintenir que je le pensais. L'odorat et la vue combinée. Ce serait limite plus intelligent de se métamorphoser, mais croyez-moi ou non, je n'ai pas l'intention de laisser mes habits traîner sur le sol pavé et humide des cachots. Et si Takeji s'en saisit, il aura une main prise. Vous me direz, au lieu de penser à ça, je devrais me concentrer sur mes capacités. C'est ce que je fais, figurez-vous. Mais j'ai toujours la place de penser. Bref.
Je regarde à droite, puis à gauche. Grâce à mon odorat, je remarque la source d'une mort fraîche. Reste à se demander pourquoi le poltergeist s'attaque subitement aux rats maintenant... Il doit être aux anges de rencontrer des humains ici. Alors, il fait la fête.... j'aime pas sa façon de fêter quelque chose.

-Suis-moi.

Et je me mets à courir. Plus vite je serais arrivé sur le lieu, plus vite je pourrais me débarrasser de ces capacités qui me demandent beaucoup trop d'énergie. Inspirant profondément, je ferme un œil, et réprime un juron. C'est trop fatiguant. Mais nous arrivons sur le lieu, et je relâche ma concentration. Je soupire, et en profite pour reprendre mon souffle. J'ai limite de la sueur sur mon front. Je n'aurais pas pensé que cela pouvait être aussi difficile. Je pose mes mains sur mes genoux. Je ne me doutais pas vraiment qu'en suivant la piste du rat égorgé, je trouverais le poltergeist en question. Mais apparemment, j'ai visé juste.

Bong.

Je relève subitement la tête. Là, juste en face. Pas besoin de lumière pour le voir. C'est comme s'il étincelle juste pour qu'on le voit. Takeji est derrière moi, je sens que sa lumière est tout près de moi.
Je me relève pour le fixer violemment. J'ai envie de l'étriper sur place. Le voilà, de ce même sourire que celui qui était dessiné. Sa tête se balance de droite à gauche, avec une lenteur exagérée. De façon à nous énerver. Il a un espèce de bout de pavé coupant dans sa main droite, et, à notre vue, il la pose sur le barreau et descend lentement le long du barreau.

Crrrrriiiiiiiiiii

Je pose mes mains sur mes oreilles tellement le bruit est assourdissant et résonne dans tout les couloirs. Vous avez déjà essayés de séparer du coton? Ça vous provoque un frisson désagréable. Et ben, là, c'est la même chose. Comme une fourchette qu'on fait crisser sur son assiette. Désagréable. Ça m'énerve trop, je m'élance sur lui. Il disparaît subitement. Comme ça. Disparu. Il n'a même pas bougé. Mais c'est quoi ce poltergeist, pu****? Une nouvelle race?

-Il joue avec mes nerfs, celui-là. Poursuivons-le. Je ne le laisserais pas partir.

Bong.
Boum.

Je tourne la tête. Ils s'y mettent à deux... Je vais vraiment les butt**...

Ren, t'énerves pas. Enfin, pas tout de suite quoi. Remarque, en fait c'est peut être mieux d'être énervé que d'avoir peur. Bah, j'en sais rien. Pour le moment je me demande ce que Bong a prévu ensuite. Parce que mine de rien, on ne l'a toujours pas vu. Mais lui, il nous a vu, et ça l'amuse beaucoup. C'est pas juste, moi aussi je veux m'amuser. Bong, viens ici.

- Il va falloir rester ensemble. Je doute qu'il n'y ai qu'un seul poltergeist. Ils doivent être deux minimum. Si nous sommes séparés, je doute que nous puissions les vaincre.

Je n'avais pas l'intention de te lâcher Boule de Poil. Tant qu'à être dans le pétrin, autant y être tous les deux au même endroit. Au moins, si on s'ennuie, on peut toujours se tenir compagnie. Et puis après on invitera Bong et Boum à venir jouer au poker avec nous. Si on gagne ils se barrent. Si on perd on refait une partie jusqu'à ce qu'on gagne. Donc au final ils partent quand même. Fallait pas jouer du tam-tam sur les murs aussi fort. On ne serait pas descendus alors.
D'ailleurs, si ils voulaient faire de la musique, ils n'avaient qu'à... Jouer du banjo. Ou du ukulélé, parce que ça ne fait pas beaucoup de bruit. Ils auraient eu du mal à en trouver dans les cachots? Mais noon. Pour la caisse on prend un bout de métal bombé, et pour les cordes euh... Des poils de rat tissés? Ok, ça serait long à faire, mais ils ont du temps devant eux. C'est multi-fonction un rat en fait. Peinture pour les murs, cordes de banjo, machins qui courent entre nos pieds... D'ailleurs, d'ici à ce qu'on se prenne un croche-rat, on est pas loin. Par contre je me demande qui aurait le plus mal. Le rat, ou nous?

- Suis-moi.

Hein? Mais pourquoi... Hey Ren!
Bon sang. Pourquoi il s'est mis à courir lui? "Suis-moi", qui parlait de ne pas se séparer y'a deux minutes? Enfin, effectivement, suis-le, t'as pas le choix. La lumière aussi, tu suis. Au pas de course aller hop. T'as pas de jambes? Bah voles plus vite. Et interdiction de te poser sur moi. Tu brûles, je te rappelle. Des fois que tu aies oublié comment tu émets ta lumière.
Oui je parle avec ma lumière. Et elle répond, même si vous ne l'entendez pas. Là elle me raconte que mes incantations étaient un poil foireuses, parce qu'elle commence à illuminer un peu moins. C'est pas grave, je vais improviser une nouvelle incantation dessus. une fois qu'on aura arrêté de courir. Où on court d'ailleurs? Parce que je ne vois pas grand chose.
Ren s'est arrêté, et il a l'air d'avoir du mal à tenir le coup. Je suppose que ça fait un moment qu'il se fatigue à ramener ses dons félins sous sa forme humaine. Est-ce que je suis capable de faire une seconde "lampe"? J'en doute... Et l'électricité ne sert à rien sans ampoule. C'est le Moyen-âge ici.

Bong.

Que? Oh. Bong dans toute sa splendeur fluorescente, juste en face dans une cellule. Tout à fait objectivement, on dirait un échappé d'asile. Version fantomatique. En fait, sur le plafond tout à l'heure, il nous avait fait un auto-portrait. Il fait encore plus peur en vrai. Il nous fixe, et même si son regard est complètement vide, on dirait vraiment qu'il a l'intention de tuer du monde. Et comme y'a pas beaucoup de monde dans le coin à part nous... Je me demande si on va pouvoir le raisonner celui-là. Parce qu'il n'a plus vraiment l'air de posséder une quelconque raison. Il tient une espèce de pierre qu'il pose sur un barreau, pour la faire descendre le long de celui-ci.

Crrrrriiiiiiiiiii.

Le crissement est horrible, et Ren et moi avons le même réflexe. Plaquer nos mains contre nos oreilles. C'est le genre de son qui vous

fait grincer des dents, en mettant immédiatement mal à l'aise. Et je ne sais pas si on est dans une cavité particulière ou si il y a de la magie derrière, mais ça raisonne affreusement. T'arrêtes ça tout de suite ou je t'électrocute sans chercher à marchander quoi que ce soit, le fantôme.
Ren me devance, et au moment où il bouge, Bong disparait. Disparait comme moi quand je me téléporte. Sauf que non, déjà je n'admets pas la concurrence spectrale, et ensuite de ça un fantôme ça ne se téléporte pas tout court. Donc j'en déduis qu'il est rapide, et qu'il est passé par un mur. Parce que le grand jeu des esprits, c'est quand même de passer au travers des murs.

- Il joue avec mes nerfs, celui-là. Poursuivons-le. Je ne le laisserais pas partir.

Bong.
Boum.

Concert de percussions, ça va y'en a qui s'amusent bien. Peut être qu'ils communiquent comme ça? Ça ne m'étonnerai même pas. Bong a vraiment l'air complètement fou. Mais pas le type de fou avec lequel je m'entendrais. Il ne doit pas délirer sur les pingouins et les pots de fleurs lui.

- Même pas eu le temps de lui parler... Et je me demande combien ils sont.

Bon, avant de repartir à la chasse, y'a cette histoire de lumière. Je ramène la mienne, et une incantation plus tard, elle rebrille comme il faut. Voyons maintenant ce qu'il est possible de faire pour avoir une seconde source de lumière. J'essaie d'en invoquer une autre. Mais au bout de trente seconde sans que rien ne se produise, force est de constater que non, je n'en invoquerai pas d'autre. Je ne ressens même pas le micro pouvoir de pyrokinésie que je maitrise.

- Je n'arrive pas à invoquer une autre flamme... Oh! Dis, tu sais utiliser la télékinésie?

Qu'est-ce que j'ai derrière la tête? Bah je parlais du Moyen-âge tout à l'heure. Et comment ils éclairaient au Moyen-âge? Du feu sur un bâton. On va faire pareil. Me faut juste le bâton. Et puis après soit la flamme veut bien y mettre le feu, soit je le fait avec l'électricité. Je commence donc à chercher ce qu'il me faut en baladant la lumière. Le tout en faisant bien attention aux présences, et à l'environnement, histoire qu'on ne risque pas un nouveau tour de Bong.
Mais... C'est bizarre. L'autre a beau avoir disparu, je sens toujours sa présence comme quand on l'a vu. Ok, il est où? Un machin fluorescent, on doit le voir. C'est limite si il n'est pas censé clignoter. Manque juste le bruit en fait.

Toc toc.

Je me retourne vers la source du bruit, mais rien. Pas la peine d'y balader la lumière. Si le fantôme y était, on le verrait. Alors reprenons les fouilles. Bong a un sens de l'humour plus étrange que le mien. Je fouille le sol du regard, sans parvenir à trouver quoi que ce soit de brûlable -rien à faire que ce mot n'existe pas-. Et il faut un truc qui dure. Oh, au pire je verrai avec les incantations pour que ça dure. Mais il faut que ça puisse prendre feu quoi. Un bruit me fait relever la tête. Et je me cogne.

- Aie! Ren tu fais quoi derrière moi?

Je me retourne, mais Ren n'est pas derrière moi. Il est un peu plus loin, là bas. Bon... Inspiration, expiration, on ne s'énerve pas. Où est ce fantôme? Je tourne la tête et tombe nez à nez avec un morceau de bois. Le truc flotte vraiment à hauteur de mon nez. Je l'attrape et le baisse hors de ma vue. Devinez qui est derrière.
Bong. L'air encore plus malade que tout à l'heure. Il a la tête retournée sur le côté, et a toujours ce rictus sur le visage. Si c'était possible, je lui enverrais mon poing dans la figure. Il remet sa tête droite d'un coup, c'est presque mécanique et sec comme l'aiguille des secondes d'une horloge. Et puis il me passe au travers pour disparaitre dans le sol. Et je frissonne entièrement, c'est glacé. Avalez un bout de glace, vous le sentirez passer. Et là, c'est pareil sur tout ce qu'il a touché. Allez savoir si c'est une impression, ou du vrai.

- Il se fiche complètement de nous.

Boum.

J'ignore celui-là. La présence de Bong a disparu. Je ne sais pas où il est parti, mais on va le retrouver. En attendant, maintenant j'ai du bois. Je ramène la flamme et en allume un coin. Puis j'y place deux incantations. Une pour la luminosité, l'autre pour qu'il ne se consomme pas trop vite. Mine de rien, ça commence à me faire mal à la tête toutes ces formules répétées. Enfin, ça passera. Je le fais flotter dans l'air avec la télékinésie, et l'amène vers Ren.

- Tiens, désolé je ne peux pas faire mieux.

Bon, maintenant au moins il ne s'épuisera plus à jouer les chats sous sa forme humaine. Puisque que Casper n'est plus dans le coin, on repart. Il faudrait qu'on l'enferme pour lui parler. Si toutefois un dialogue est possible. Et sinon, ça sera juste pour éviter qu'il ne passe son temps à fuir.

Bong.

- Est-ce que tu as une idée de comment on pourrait l'enfermer pour qu'il ne passe pas son temps à fuir?

Boum.

Joue ou joue pas?

J'avoue ne pas faire très attention à ce que me dit Takeji. En fait, je me concentre sur mon souffle. J'aurais pas cru pouvoir dépenser autant d'énergie pour un truc futile de ce genre-là. Takeji me sort soudainement de ma rêverie et me demande :

-Je n'arrive pas à invoquer une autre flamme... Oh! Dis, tu sais utiliser la télékinésie?

J'acquiesce silencieusement de la tête. Ouais, c'est faisable. Et véritablement moins fatiguant que ces capacités félines. Reste à savoir ce qu'il a dans la tête.
Il s'éloigne un peu de moi, et cherche quelque chose. Je ne m'étends pas à savoir la source de sa recherche et reste statique, fixant mon ami.

Toc toc.

Je serre les poings. Son regard de tueur en série me donne froid dans le dos, car il nous fixe, mais son expression est vide de toute expression. Ça fait peur. Et cette allure spectrale n'arrange rien. Mon regard remonte doucement vers le fond. Le revoilà ce fantôme. Il nous cherche. Il va nous trouver. Et Takeji qui se plaint tout seul que je lui ai fait mal alors que je suis à dix mètres de lui. Franchement, y'a pas idée.
Il a l'air aussi irrité que moi, même s'il s'efforce pour ne pas le montrer. Et le fantôme qui le traverse de part en part. J'aimerais pas être à sa place. En tant qu'exorciste, on a du vivre ça au moins une fois. Et c'est pas agréable. Vraiment pas.

-Il se fiche complètement de nous.

Je n'aurais pas dit mieux. Je soupire un instant puis fourre mes mains dans mes poches, parce que de toute façon, rien ne sert de s'énerver (et c'est moi qui dit ça).
J'observe Takeji s'amuser avec un bout de bois et des incantations. Aaaaaaaa okeyyyyyy, je viens de piger. Tu veux faire de la lumière avec un semblant de flambeau. Fallait le dire tout de suite.

-Tiens, désolé je ne peux pas faire mieux.

J'observe l'objet qui bouge tout seul d'un œil accusateur, et fait marcher la télékinésie avec quelques difficultés, puis finit par stabiliser la pièce en l'air. Je n'ai pas l'habitude d'utiliser ce genre de dons en temps normal, alors laissez-moi le temps de m'y habituer.

Bong.

- Est-ce que tu as une idée de comment on pourrait l'enfermer pour qu'il ne passe pas son temps à fuir?

Boum.

Concert privé, moi je dis. Pas en réponse à Take, mais à ceux des fantômes qui s'amusent. Ils me tapent sur le système, et j'ignore si les ignorer serait une bonne chose. Je fais mine de réfléchir un instant à la question de Takeji, puis me vient alors une idée. Je ne sais pas ce que ça vaut, mais nous pouvons essayer.

-Attirer le ou les fantômes dans un cachot qu'on aurait au préalable bourré de runes de façon à l'empêcher de passer au travers des murs. Le piéger, pour faire simple.

Je m'approche d'une cellule et pose ma main sur un barreau. J'ai dû mal à penser que des prisonniers aient terminés leur vie ici. Si ça se trouve, les poltergeist ne peuvent pas quitter cet endroit car ce sont de très anciens prisonniers. Ce qui les rattache au monde réel, c'est justement cet endroit. Je me fait peut-être des idées, mais ça me fait de la peine. Je m'accroupis et sors d'une poche de mon jean la petite pochette de craie pas plus grande qu'un portable. Je suis toujours stressé de pas avoir de craie sur les tableaux alors j'en ai toujours une sur moi. Et pour les tableau avec marqueur, il y en a toujours.
J'ouvre la petite pochette et sort la craie blanche. Je commence à griffonner sur le mur droit de la cellule dans un silence extrême. Puis, j'incante doucement les paroles. Voilà, reste à faire ça pour les deux autres parties de la cellule, et un dernier devant la cellule de manière à incanter quand le poltergeist sera entré, et ne lui laisser aucune issue. Enfin, y'en a encore deux... oh et puis, mince.
J'envoie une craie à Takeji en lui lançant :

-Aide-moi à faire des runes sur le sol et le mur pour le piéger totalement.

On va avoir l'air d'un duo de rigolo en train de parler tous seuls. Affreux.
Enfin bref, pour ma part, je finis le boulot rapidement. Je m'adosse à une partie du mur qui n'est pas crasseuse et passe une main dans mes cheveux en me massant le crâne. Ça fait mal à la tête de faire de la répétition. C'est fatiguant sur le point intellectuel. Horrible. Takeji finit juste après moi.
J'inspire profondément en fermant les yeux, et pousse un juron :

-Reste à savoir comment l'amener ici. Ça ne va pas être une partie de plaisir.

Je ressors la tête de la cellule, et invite Takeji à me rejoindre. Je sens un truc froid passer rapidement à côté de moi, et c'est par pure réflexe que je m'éloigne de la source fraîche. Mais pas genre une plume. Plutôt du genre bien lourd, car j'ai presque senti la pression de l'objet. Je tourne d'abord la tête vers l'objet. C'est un pavé. Un GROS pavé. Presque de la taille de mon poing. J'entends un ricanement. Mais il veut nous tuer ou quoi?! Hors de question que je laisse ma vie ici, j'y tiens trop.

Bong

Et je me déporte encore sur le côté, à deux doigt de me prendre des trucs bizarres qui tombent du plafond. Il est temps de mettre les choses au clair. Je serre mes poings, mais je crois que je vais éclater dans cinq minutes. Cinq secondes, plutôt. Et il faut que je me maitrise, sinon ça va faire transformation instantanée. Et je n'en ai vraiment pas envie. Je tiens à mes habits, merci.

-Je vais l'étriper et jouer avec sa tête contre un barreau comme ça il va savoir c'est quoi la percussion.

Je me mords la lèvre, et malgré moi, je commence déjà à me métamorphoser. En fait, tout ça pour dire que je saigne de la lèvre, car, manque de savoir me contrôler, mes dents se sont subitement aiguisées, en réponse à ma forme fusionnelle. L'avantage, c'est que la douleur subite m'a calmé pour quelques temps. Mais combien de minutes vais-je tenir?
Il joue avec nos nerfs. Je perds patience, et ce n'est jamais bon.

-Bon, on le cherche où?

Ma voix se fait presque tranchante, même si je ne le veux pas. C'est encore plus frustrant. Calmons-nous.

Le piéger dans une cellule... Ouais, c'est une bonne idée. Reste à trouver comment on va l'y faire entrer.
Voyons voir. Déjà, le fou n'est pas dans le coin. Ou alors il est devenu très bon à cacher sa présence là, en l'espace d'une minute. Mais comme ce n'est pas possible, je me demande bien où il est parti se planquer et comploter ses mauvais coups. Ça se trouve, tout est déjà en place. Il est parti voir ses copains. Pour peu qu'ils communiquent entre eux.
Un machin blanc me fonce dessus. Non ce n'est pas Bong, c'est une craie que j'attrape au vol.

- Aide-moi à faire des runes sur le sol et le mur pour le piéger totalement.

Oui chef. Des runes, des runes. Au boulot.
Mon mal de tête passera... Ou pas. Ce n'est pas en ensorcelant toute une cellule que ça va passer. Quand on sort d'ici, c'est direction le lit en ligne droite. Avec un plus que probable détour par la case douche. L'endroit a vraiment besoin d'être astiqué, mais je comprends que personne ne vienne le faire. Avec tous ces esprits qui rôdent. Si en plus ils sont tous dingues et meurtriers comme Bong. Il aime bien faire tomber des trucs du plafond ce petit là. Il est peut être mort comme ça, tué par quelque chose qui tombait. Oh... Un guillotiné? Ça pourrait coller. Après tout, il traine dans des cachots. Mais les ennemis de la famille Mystery ne sont-ils pas tous doués de pouvoirs? Ça semblerait logique. Est-ce qu'on coupe la tête d'un sorcier pour le tuer? On est d'accord que oui, ça marche, mais faut déjà réussir à le faire.
Bon, on élucidera tout ça avec notre fantôme. Une fois qu'on l'aura attrapé. Et je ne sens toujours pas de présence. Il doit nous attendre plus loin, mais surtout, il ne nous voit pas lui préparer un nouveau type de maison. Dire qu'il faut en arriver à runer -laissez moi inventer mes verbes tranquille- toute une cellule pour capturer un fantôme fou et pouvoir tenter d'ouvrir le dialogue. En fait, je me demande vraiment si on va pouvoir lui parler. Je déteste avec à détruire les esprits, mais celui c'est un cas. Son regard est tellement... Vide. C'est presque juste une forme habitée par une sorte de magie.
Je finis de tracer mes runes après que Ren ait fini les siennes. Oh, mais c'est qu'il a l'ai fatigué le chat. Oui ok, je peux parler. Eh bah après ça, c'est direction dodo.

- Reste à savoir comment l'amener ici. Ça ne va pas être une partie de plaisir.
- Tu m'étonnes...

Il ne sait pas qu'on a ensorcelé la cellule. Et même si il voit les runes, je pense qu'il s'en fichera éperdument. Des dessins à la craie sur les murs d'une cellule, c'est monnaie courante. J'appose deux incantations en prévision, si on arrive à l'enfermer là. On en mettra de plus puissantes quand il sera dedans. Ça joue au ping-pong dans ma tête là. J'ai besoin de deux minutes de pause pour digérer les incantations à répétition. Mais le type là haut n'est pas de mon côté aujourd'hui. Ni de celui de Ren. Une grosse pierre passe juste à côté de lui. Ça ricane au loin. Coïncidence, ou bien?

Bong.

Et heureusement, il bouge, parce que le caillou est suivit de tout un tas d'autres trucs. Il aime bien faire pleuvoir des choses du plafond lui. Le problème, c'est que jusqu'à maintenant, il n'a joué qu'avec des objets qui peuvent tuer. Je ne donne pas cher de la peau d'aucun de nous deux si on avait été sous la chute de machins là. Y'a des cailloux plus gros que mon poing. Et il doit cacher ça dans les renfoncements du plafond qui est peut abriter n'importe quoi. Après, quand à savoir comment il fait pour les faire tomber juste quand nous passons... Technique de fantôme peut être? Ou juste malchance de notre part, et on passe au moment où ça tombe.

- Je vais l'étriper et jouer avec sa tête contre un barreau comme ça il va savoir c'est quoi la percussion.

Ne t'énerves pas Ren... Je dis ça mais je suis loin d'être calme. Mais, tu vas avoir du mal à attraper sa tête. C'est un fantôme. Quoique sous forme animale, ça devrait marcher.

- Bon, on le cherche où?

Ne t'énerves pas, l'autre doit bien se marrer dans son trou.

- Dans un couloir au hasard... Je pense que c'est lui qui nous trouvera.

Dur à admettre, mais pour le moment, c'est bien le fantôme qui joue avec nous. On est loin de maîtriser la situation.
Bien. Alors, pour la chasse au fantôme, le tout va être de ne pas perdre l'endroit qu'on a ensorcelé. Ça serait bête. Ça serait même très embêtant.

Boum.

Et après va falloir se faire le deuxième... Enfin bref. On va déjà en choper un. Je sors de la cellule et, en prenant bien garde à ce que Ren me suive, je m'engage dans un couloir au hasard. Si on fait de la ligne droite, pas moyen de se perdre. Alors voilà. On fait de la ligne droite.

Bong. Bong bong bong bong bong.

- Il pète un câble là.

Sérieux, il lui arrive quoi soudainement? Les coups étaient lointains et rapides. En fait, ça se trouve il s'énerve parce qu'on est pas partis dans la bonne direction et qu'il ne nous voit pas arriver. Ballo. Dommage pour lui.
Ou alors c'était un piège tendu ailleurs, et qu'on a évité sans le savoir. Tant mieux.
Un hurlement retentit, et je m'arrête sur place. C'est horrible. Le cri est horrible. Pas au niveau des décibels même si il résonne pas mal, mais juste le hurlement en lui même. Absolument rien d'humain. Pas animal non plus. Il y a une sorte de frustration mêlée à... A de a peur je dirais. Peur de quoi? C'est un esprit qui a émis ce son, certainement pas un être vivant.
Un courant d'air passe, glacé et sec. Et la présence de Bong se fait à nouveau ressentir. On va pouvoir le tourner le film d'horreur.
Il ne faut pas rester sur place tétanisés comme ça. Le hurlement résonne entre mes deux oreilles, aggravant mon mal de tête plus qu'autre chose. Allez, on reprend prudemment la marche. Je ne pense pas qu'il ait eu le temps de piéger ce couloir. En tout cas, pas sur les quelques mètres devant nous. Il est présent, il nous épie peut être, mais je ne sens pas de regards sur nous. A mon avis, il cherche que faire ensuite. C'est ça, prépares un truc sous notre nez. On avance lentement, et la présence du poltergeist a l'air de s'éloigner. Peut être plus avant dans le couloir.

- Je me demande si on va pouvoir le raisonner.

Est-ce qu'il va vouloir entendre quelque chose d'ailleurs? Fantôme bouché.
J'ai vraiment trop mal à la tête. Et Bong est de nouveau dans le coin. Pas bon ça, pas bon du tout. Je m'arrête sur place, et arrête Ren par la même occasion. Là, y'a rien qui va nous tomber dessus ici. Le fantôme n'attend que ça, qu'on passe dans ses pièges. Et il nous attire soit en se montrant, soit en faisant du bruit. Qu'importe, du moment qu'il attire notre attention. Et bien on va faire le contraire. L'ignorer et attirer son attention à lui. Voilà, mes pieds sont temporairement en grève. Je suis sûr qu'il nous observe étrangement là, en se demandant pourquoi on s'est arrêtés.
Ok admires, le fantôme, ce qu'on ose faire sous ton nez. J'éloigne légèrement ma lumière. Puis je me tourne vers Ren et m'approche de lui. Je l'enlace pour un câlin et pose ma tête contre son épaule, en disant à voix haute:

- J'ai un mal de crâne immense.

En plus c'est totalement vrai. J'ajoute à voix basse, presque inaudible pour moi:

- Bouges pas.

Une seconde, deux, trois, quatre, cinq secondes. Cinq secondes sans qu'il ne se passe quoi que ce soit, dans un silence casi religieux. Une tête sort du plafond à quelques mètres. Ren ne peut pas le voir, mais moi si. Et le fantôme ne peut pas non plus voir que je l'observe, on ne voit pas mes yeux. Je chuchote:

- Il est dans le plafond.

Il a de drôles de voies de déplacement quand même celui-là. Dans le plafond... Bref. Comment on va le faire entrer dans la cellule? On pourrait essayer de le piéger là, mais avec quoi? Je sens qu'il serait capable de briser nos incantations. Ou de ne carrément pas nous laisser le temps de les placer. Ouais bon ok, faut l'emmener dans la cellule.
Il glisse entièrement hors de là haut et nous fixe. Je réprime un réflexe qui m'aurait fait serrer Ren un peu plus fort. Je m'en servirai comme peluche plus tard. Le fantôme s'approche. Je ne saurais dire si il est curieux, ou juste près à frapper. Je n'ai pas non plus l'intention de le découvrir. J'attends juste qu'il soit suffisamment proche pour l'avoir.

- On va courir je pense.

Boum.

Je nous téléporterais bien, mais Bong ne pourrait pas nous suivre. Je maintiens qu'un spectre ne fait pas de téléportation. Ça passe au travers des murs, c'est déjà suffisant. Allez viens Bong, viens avoir ton câlin toi aussi.
Ah mais en parlant de vitesse... Je crois qu'il va plus vite que nous si on court. Bon bah finalement y'aura un peu de téléportation quand même. Désolé Ren, tu t'y feras. Pourquoi je m'excuse alors que je ne suis pas désolé du tout? Il finira par aimer la téléportation!
Approche encore un peu Bong... Je ne peux pas te toucher avec mon électricité comme je veux là. Déjà que j'ai du mal avec, si en plus il ne se met pas à portée.
Il se rapproche d'un coup, et remarque qu'on sait qu'il est là. Ça ne lui plait pas du tout de se faire rouler. A en juger par la tête qu'il tire en tout cas. Hmm... Hey, il tient quoi?
Je me téléporte avec Ren sur place pour éviter le projectile. Lui, il a dû participer à des émeutes de son vivant. Parce qu'il aime bien

lancer des pierres sur les gens.

- Je propose le repli stratégique.

Mais mince, il la sort d'où sa réserve? Encore une téléportation pour éviter, sauf que cette fois on atterri plus loin dans le couloir. Maintenant on peut se tirer jusqu'à la cellule. Il est déjà en train de nous suivre. Un machin fluorescent dans le noir, on le voit.

Runes.

La situation dégénère de secondes en secondes. Takeji me répond doucement, comme s'il souhaitait me calmer :

-Dans un couloir au hasard... Je pense que c'est lui qui nous trouvera.

Boum.

J'acquiesce silencieusement. Si ça continue, je vais finir par être habitué aux sons étranges qui s'échappent de toute part dans cet environnement austère. Reste plus qu'à avoir un sens de l'orientation pas trop pourri pour pouvoir retrouver notre cellule qui devrait servir à piéger l'animal. Oui, animal, parce que poltergeist, c'est encore trop gentil. Et je parle pas de l'animal gentil, mais plutôt du monstre imaginaire dont on peur tous les petits enfants.

Bong. Bong bong bong bong bong.

-Il pète un câble là.
-Ça fait vraiment peur.

Et je le pense vraiment, même si une atmosphère bizarre circule depuis que nous sommes entrés dans les cachots. Nous avançons à pas mesurés, tandis que j'essaye de me repérer par des petites choses à terre, comme des pierres ou de la végétation. Parce que oui, il y en a un peu. On se demande comment elle fait pour survivre, mais elle existe. C'est principalement de la mousse, et on comprend bien qu'elle peut se développer ici, avec toute l'humidité qu'il y a. Mais niveau luminosité, c'est pas trop génial. Sauf si y'a des idiots comme nous qui se baladent avec une flammèche bizarroïde au-dessus de leur tête. Alors que j'observe les alentours d'un oeil attentif, il y a... une chose qui hurle à la mort. Un cri strident, qui pourrait faire penser à des ultrasons tellement les décibels englobent le cerveau. Si je n'ai pas mal à la tête, c'est que j'ai déjà entendu pire. Mais ça n'empêche que je ne reste pas sur mes positions et je me bouche les oreilles.

-...si on va pouvoir le raisonner.

Oui? Euh d'accord. J'ai pas suivi le début de ta phrase. Mais je suppose que non, on pourra pas le raisonner. Le tuer, tout simplement. Ça paraît méchant, vu de cet angle, mais je vous jure que s'occuper d'une faune de ce genre, c'est vraiment pas du gâteau. Je ne promets rien.

-Bouges pas. Il est dans le plafond.

Quoi, quoi, quoi? Je vois rien moi. Et Take qui fait place au sérieux. Il ne plaisante pas. Bon, alors, je bouge pas et j'attends patiemment son signal.

-On va courir je pense.

Boum.

On va? Futur? Je perçois ça comment? Bon, à défaut de toute chose, je reste statique, attendant un signal plus explicite. Et... il arrive trop rapidement. Pourquoi... pourquoi faut-il que tu me téléporte sans que je te le demande? J'aime pas ça, moi.

-Je propose le repli stratégique.

Et c'est maintenant que tu me préviens? Nan, mais je vous jure. Je sens que je vais tacher mes habits... je n'ai pas envie de connaître la suite. Je me mets alors à courir, tentant d'éviter les projectiles lancés à pleine vitesse. Takeji galère aussi, mais il a la téléportation pour s'aider. Pas moi. Et hors de question que mes vêtements prennent la flotte. Nada.
Le fantôme nous suit de très près. Pour ainsi dire, j'avance totalement dans le noir, ou presque. La lumière de Takeji m'aide pas mal, et elle me permet surtout de voir les endroits que j'ai repérés. Autant dire que c'est presque à tâtons que j'arrive à retrouver notre chemin. D'un regard explicite, j'indique à Takeji de faire une téléportation derrière le fantôme pour ne lui permettre aucun repli possible. Moi je me place devant.
…
Je l'avais senti, ce devoir de me transformer. Ben il arrive actuellement. Saleté de poltergeist. Je me retourne subitement, et, de la vitesse de l'éclair j'enchaîne la transformation humain/belette/léopard. Je suis juste devant le cachot. Enfin, il est sur ma droite et je suis dans le couloir. Je jette un regard peiné sur mes habits et rugis brutalement pour surprendre le fantôme. La surprise lui fait avoir le mouvement que je souhaite. Il cherche un échappatoire et se dirige droit vers le cachot piégé. Takeji me rejoint rapidement, et je pose ma patte avant sur le sol pour refermer la pièce pleine de runes.
Fantôme piégé. Maintenant...

-Calme, le fantôme. Aucun problème si tu ne t'énerves pas.

Il faut parler rapidement et explicitement pour que les peureux enregistrent.

On l'a attrapé, on l'a attrapé, on l'a attrapé ! Je fanfaronne maintenant mais je faisais moins le fier un peu plus tôt, c'est ça ? Rien à faire, on l'a attrapé ! Bien fait pour lui. Fallait pas s'amuser à nous faire peur comme ça. Vilain fantôme. Vous me direz, c'est un peu leur but dans la vie. Faire peur. Je me demande si en fait les fantômes ne nous effraient pas plus, nous qui savons qu'ils existent. Je veux dire, quand on doute de leur existence - mentez pas, au fond vous vous dites "mais nan ça existe pas les fantômes" et pourtant la nuit vous flippez au moindre bruit et je suis sûr que les videos de Youtube où on voit des formes blanches vous font peur -, bah on en a quand même bien peur. Parce que, vous savez, des fois que. Mais nous qui savons qu'ils existent pour de vrai. Et qui savons nous défendre contre eux. Eh bien je crois qu'on en flippe encore plus. Remarquez c'est probablement normal. Quand je pense au nombre d'orphelins à cause de ces choses... Quand j'aurai des enfants, si j'en ai un jour - et si possible pas un jour trop proche quand même parce que ça me fait un peu peur -, je refuse de les laisser derrière à cause de fantômes. Ou à cause de quiconque, en fait. Je sais que tout le monde pense cela. Du moins la majeure partie des gens. Et que les choses vont rarement comme on planifie qu'elles aillent. C'est en partie pour ça aussi que j'hésite à avoir des enfants à dire vrai. Si c'est pour les laisser seuls au bout de quelques années... Enfin, on en reparle dans dix ans hein ! Trente ans, par là, c'est pas trop mal comme âge pour y songer. Du moins pour les humains normaux mais j'ai toujours du mal à me dire que je suis censé, en théorie, durer plus d'un siècle.
Bref, ce fantôme. Merci Boule de Poil d'avoir été là, parce qu'en solo ça aurait été un peu plus violent. Il essaie de raisonner la bête, mais la bête en question cogne un peu partout de toutes ses forces. Bon sang qu'il est agité. Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver dans une vie antérieure, hein ? Certains fantômes ont une histoire à faire pleurer de désespoir les bébés. Et les bébés, faut y aller pour qu'ils pleurent de désespoir vu qu'ils ne savent pas ce que c'est. Réellement, y'a toujours des cas pas possibles. Certains fantômes sont d'ailleurs super vieux. Bref, celui-là, je me demande bien comment il a pu se retrouver enfermé ici. Sous l'orphelinat.


On a beau eu lui demander, tenter la douceur aussi bien que la force, on a rien pu en tirer. Alors... Il a fallu s'en débarrasser. Impossible de laisser en liberté un esprit aussi violent, vous comprenez. Je ne comprends même pas comment on fait pour toujours en trouver ici, depuis le temps que cette bâtisse est habitée d'enfants. Heureusement ils vont rarement s'aventurer ici quand ils ne sont pas en âge de se défendre. Et, quand ils le sont, ils le font relativement avec sagesse. Comprendre qu'ils détalent au premier bruit suspect. Bon instinct de survie. C'est toujours une bonne option avec laquelle naître, voyez. Ça peut, à tout hasard, vous sauver la vie.
Éliminer un fantôme c'est quand même un peu triste. Oui il était déjà mort, il n'avait plus rien à perdre mais... Je pense que certains expriment mieux les émotions humaines que les humains eux-même. Celui-là faisait preuve d'une haine, cela dit, qui dépassait toute haine humaine. Je ne sais pas ce qu'il a vécu, vraiment, mais c'était puissant. Il est peut-être mieux complètement disparu, finalement. Comme on dit pour certains humains quand ils souffrent trop, au moins maintenant il ne souffre plus. Ça mine un poil le moral, du coup j'embête Grosminet sur le chemin du retour. Qu'on pense à autre chose tous les deux. Y'a plus de fantômes, ils nous a flanqué une sacrée frousse - et au passage comme on en menait pas plus large l'un que l'autre, cette histoire restera entre nous, c'est un accord tacite -, mais on est toujours vivants. Cela dit j'ai quand même envie d'en rajouter une dernière couche. Juste pour le plaisir.

- Hey Boule de Poil. Je sais que t'as plus flippé que moi.

Je lui envoie un coup de coude amical dans les côtes et ajoute :

- On devrait aller prévenir Mrs Mystery de ce qu'on a trouvé. Elle doit déjà être au courant de tout ce qui traîne là-dedans, mais quand même.

Sans attendre sa réponse je commence à le tirer à ma suite. Il fait déjà bien sombre dehors, je suis bien content de pouvoir rentrer en téléportation après ça.
Comment ça j'ai encore peur. Moi ? Absurdités. J'ai jamais peur.
Dis Ren, t'as entendu ce bruit là ?