Moi je ne sais pas rêver.
Je ne vis que par le rêve des autres.
Mais si quelqu'un m'apprenait.
Je rêverai de pouvoir voler.
Je pourrais donner presque tout pour pouvoir échanger mon pouvoir contre celui la lévitation ou de la métamorphose en oiseau. Même ma réserve entière de chocolat. Et pourtant, j'aime beaucoup le chocolat... Mais j'aimerais tellement pouvoir fermer les yeux, déplier mes ailes et m'envoler... je serais un aigle imposant ou un rouge-gorge tout mignon. Je ferai le tour du monde depuis les nuages, jouant avec le vent et narguant le soleil. Et lorsque la nuit tomberait et s'aplatirait sur moi, m'obligeant à rejoindre le sol, d'une seule pensée je me changerai en chouette pour continuer mon tour du monde. Je serais heureuse.
Loin de mon fichu pouvoir.
Qui me gâche la vie.
M'enchaînant.
A des cauchemars inutiles.
Mais quoi que je fasse mes pieds restent cloué sur le sol. Je n'ai pas eu le bon pouvoir... Mais ça fait rien, parce que je sais que si maman n'était pas morte elle me prendrait dans ses bras et me dirait que j'ai déjà le plus beau pouvoir du monde ; le pouvoir de savoir aimer. Et puis si je ne peux pas voler pour de vrai, je peux m'imaginer en train de voler. Il y a des tas de subtifuge pour faire semblant de voler. Je peux courir le plus vite possible en écartant les bras, essayer de sauter jusqu'à la lune ou simplement me coucher dans l'herbe et regarder les nuages en pensant être un d'entre eux.
Car on peut aussi rêver.
Avec les yeux grand ouvert.
Il suffit pour cela.
D'un peu d'imagination.
Mais il y a aussi une autre façon pour moi de presque voler. La balançoire. Plus je me balance haut, plus j'ai l'impression de pouvoir toucher les ciel et sauter à travers l'horizon. Je me dis qu'un jour peut-être la balançoire se détachera et se propulsera dans le ciel, me faisant atterrir dans les nuages qui éclabousseront de morceaux cotonneux le monde. Oui, parce que la neige c'est des petits morceaux de nuages. Et la pluie c'est leur larme. Tout le monde sait ça. Je n'aime pas quand il pleut, mais j'aime bien quand il neige. C'est joli la neige... Mais aujourd'hui il ne neige pas, aujourd'hui je vais faire de la balançoire, c'est décidé ! Je cours dehors le plus vite possible, parce que je sais qu'il n'y a pas beaucoup de balançoire et j'espère pouvoir en trouver une de libre. Heureusement il n'y a qu'Ella, une autre orpheline quand j'arrive, essoufflée par ma course.
- Coucou Ella !
Je secoue la main en lui adressant mon plus joli sourire, avant de me glisser sur la balançoire à côté de la sienne. Ella je ne la connais pas très bien, même si elle a l'air gentille. Et un peu triste je crois. Elle ne fait pas bouger sa balançoire, contrairement à moi qui, si tôt assise, me suis dépêchée de bouger d'avant en arrière pour la faire monter de plus en plus haut. Toucher les étoiles... Ella les a peut-être déjà toucher elle ? Il faut croire qu'elle s'y est piquer parce qu'elle n'a pas l'air très contente...
- Pourquoi t'es triste ?
Si les étoiles pique les nuages.
Eux aussi vont pleurer.
Parce qu'être piquer par une étoile.
Ca fait mal.
_________________« Elles n'étaient pas filles des elfes mais bien enfants des hommes. » Color violet