Les joies du clair de lune. Il n'y avait pas de plaisir plus sain en l'esprit de notre jeune -encore- Nataline. Malgré les années qui se plaisent à passer à une vitesse affolante, elle se complaisait toujours dans ces promenades nocturnes et sans but. Ces lubies peuvent sembler abstrues et pourtant elles sont on ne peut plus positives. La solitude ne nuit en rien à la quiétude de l'esprit, bien au contraire. Comment empêche-t'on les hommes de penser? En les occupant et les éloignant de la nature, tout simplement. Et Nataline, elle, tenait à la vigueur de cet esprit qui fit son succès durant bien des années.

On la sollicitait souvent pour sa sagesse et son tempérament qui faisait parfois des envieux. On venait donc souvent lui demander des conseils et à travers toutes ces vies qui passaient dans ses oreilles, elle vivait plusieurs fois, sans même bouger. C'était un peu comme lire un livre à y bien penser, l'homme est un livre vivant aux pages intéractives qui s'écrivent au gré de leur destin et de leurs envies. L'homme est un livre merveilleux dont elle adorait parcourir les pages. Toujours de bon conseil et présente pour tous ceux qui avaient besoin d'elle, sans distinction aucune. Et pourtant..

Ce soir, la mélancolie guidait ses pas. Elle écoutait avec application, mais qui était là pour l'écouter à elle? Qui était la pour soigner les blessures des grands soldats? Qui était la pour consoler les divinités bienfaitrices qui ont trop de peine? Qui sauva Daphné d'appolon? Qui sauva le pauvre chasseur des griffes d'Artémis? Personne. Qui sauva Antignoe , Ulysse? Personne ne se dévoua, qui soigna la peine d'Héra lorsque son mari la trompa pour la première fois? Qui fut la pour sécher ses larmes et calmer sa fureur? Personne, et qui était là pour chasser les sombres pensées de la belle exorciste? Le clair de lune. En cela elle était chanceuse, elle pouvait trouver un repos tout relatif dans la fraicheur de la nuit, tous n'ont pas ce privilège.

Et alors que la nuit était bien avancée, elle marchait seule à travers champs, à la recherche d'on ne sait quoi. Et elle ne trouverait surement rien d'intéressant, juste le bruit inaudible de la solitude. Un bruit qui lui manquait bien souvent. Mais elle rattrapait ce soir tout ce qui lui avait manqué jusque la. Elle soupira et fit une pause dans son périple. Elle savoura la fraicheur de la soirée et la vue de cette lune toute aussi inhospitalière pour les non avertis. Elle s'arrêta quelques instants et inspecta les environs. Pas un bruit. Du moins, très peu puisque le seul qui lui vint aux oreilles fut celui du vent dans les branches. Un vent très léger et un petit bruissement charmant qu'elle se décida à suivre. Elle arriva devant un petit bosquet où elle décida de s'arrêter. Elle sortit une petite harpe et commença à jouer, cela la détendait tout autant que marcher. Et le temps pouvait passer désormais. elle chantait dans le silence, de toute façon elle était à même de se défendre alors pourquoi s'en faire pour si peu, la vie est si courte.