-" Jonathan ?"

Je me retourne et sourit en voyant Pandora Mystery. A son tour ses lèvres se plissent pour montrer sa joie de me voir. Elle a toujours été un peu comme la mère que je n'ai pas eut. Ais-je été son fils ? Le suis-je ? Je crois que tous les orphelins qui ont un jour séjourné au Mystery Orphanage sont comme ses enfants, qu'ils aient bien ou mal tourné. Elle me fait un petit signe de la main, pour que je la suive. Les élèves à qui je donnais cours ont un large sourire sur les lèvres, ils savent parfaitement que le cours se finit à l'instant. A leur regard interrogateur j'acquiesce et je me retrouve rapidement bousculé par une horde d'orphelins ravis d'avoir fini les cours de la journée. Ils me saluent tous. De toutes façons, on se verra au dîner. Je range rapidement mes affaires et suis la directrice jusqu'à son bureau. Elle s'assoit et m'invite à faire de même. Sur le bureau, un ordre de mission.

-" Orpheo a constaté une forte augmentation de plaintes au sujet de fantômes à environ une heure de la ville de Kowei. Les humains innocents se plaignent d'entendre des bruits étranges, certains disent ne cesser de tomber sans raison, ou voir des objets voler. Typique d'un Poltergeist. Mais le jeune exorciste qu'ils avaient envoyé n'est pas revenu et ne donne pas de nouvelle. Tu comprend la suite."

J'attrape le dossier. Christopher Ecels, 24 ans, membre de l'ordre d'Orpheo, humain doué, pouvoir premier : élémentariste eau, don premier : empathe. Il y a une photo de lui. Il a l'air souriant, sûr de lui... Trop sûr peut être. Pandora me parle des détails de la mission. Le retrouver, résoudre ce problème de Poltergeist, et si jamais besoin est, poser quelques runes d'oublis. Le petit village où je me rend ne compte que quatre cents habitants et se trouve assez loin au nord de Kowei. Je suppose qu'il s'agit en plus d'un coin reculé. Super. Je me prépare donc tout de suite. Je salue Pandora et file dans ma chambre afin de réunir le stricte minimum. J'emporte avec moi un desert eagle, deux poignards longs, une tenue d'exorcisme contre le froid (ne me dite pas qu'il fait chaud en Ukraine, en Novembre...). C'est en fait une sorte de seconde peau. Enfin, on dirait de loin une combinaison de plongée. Elle est en deux partie : pantalon et t-shirt. Et par dessus on met des vêtements. Parce que ce Poltergeist, il se peut que je le chasse des jours durant dans la neige. Brrr. Je passe voir Judith la cuisinière après avoir dit au revoir à mes amis et à Nérys. Elle me donne des rations de combats. Oui comme les militaires... Et je m'envole pour l'Ukraine. Enfin pas tant que ça.

Téléportation mon amie. Je ne peux pas le faire très loin, mais ça évite l'avion et comme ça je pars sur le champ. Je prend trois jours à arriver en Ukraine où, comme je l'avais prédis, il ne faisait pas chaud chaud. J'arrive la nuit, épuisé après cette journée de voyage et cherche une chambre dans l'auberge du petit village. L'homme ne parle pas très bien anglais, ni français, ni vietnamien, ni espagnol ou allemand ou n'importe quelle langue qui aurait pu me permettre de dialoguer correctement avec lui. Tant pis. J'arrive tout de même à comprendre qu'il n'a plus aucune chambre de libre mais qu'il peut me louer une sorte de cabanon qu'on peut utiliser comme toute petite maison. Je paye la semaine et j'y vais. Une chambre, une salle de bain, une sorte de mini salon cuisine. Voilà, c'est tout. Et c'est paumé. Demain commencerons les recherches...

... Personne ne sait me dire où ils ont vu des trucs étranges. Le jeune homme qui a disparu n'a pas laissé de trace. Comble de l'histoire, il dormait au même endroit que moi. J'ai passé la journée dehors, ça ne sert à rien de tenter plus, la nuit tombe déjà. Le lendemain, rien de mieux. C'est le surlendemain que je trouve enfin quelque chose : le cadavre de l'exorciste. Je soupire. C'est pas un gentil poltergeist. Pas de traces de combat si ce n'est une légère entaille à la base du coup. Il est congelé. Et ses yeux sont restés grands ouverts. Je soupire. J'appelle Pandora et lui transmet mon rapport. Elle ne dit rien ; elle comme moi savons qu'il n'y a plus rien à dire. C'est tristement que je reçois deux exorcistes qui emportent le corps. Ils s'en vont, moi je reste. Je dois encore chasser ce poltergeist et si possible le faire revenir à la raison. Cela fait maintenant une semaine que je suis parti. Le poltergeist s'est présenté hier, il m'a cassé une côte. Il a un fort pouvoir de télékinésie et m'a envoyé volé. J'ai failli l'avoir. Failli. Mais il y avait cette forme au loin. Le poltergeist s'est enfui, moi j'ai trouvé cet enfant.

Il dort tranquillement depuis plusieurs heures. Je l'ai habillé d'une chemise et d'un pantalon. Le pantalon appartient au fils de l'aubergiste qui me loue le cabanon. Quand je suis allé lui payer une deuxième semaine, il me l'a prêté. Pour la chemise, c'est la mienne. Elle est beaucoup trop grande. Mais il sera mieux comme ça que tout nu. Je lui ai donner à boire de la soupe chaude. Mais comme il dormait, ce n'était pas facile je dois dire. Pauvre enfant. Quel âge a-t-il ? Dix ans ? Onze ? Douze ? Parfois il s'agite mais jamais un son ne sort de sa bouche. Je soupire et je sors acheter quelques provisions. Je me demande qui il est. Pourquoi l'ais-je trouvé nu, dans la neige, froid, mais pas mort ? Quelle est son histoire ? Son prénom ? A-t-il une famille ? En tout cas il y a une question que je ne me pose pas, car je le ressens en lui : il est magique. Comment ? Nous pouvons tous, avec un peu d'entraînement, savoir si un flux magique parcours le corps de la personne en face de nous. C'est le cas du gamin. J'ai pris de quoi le soigner au cas où il tombe malade, et de quoi soigner ma côte fêlée, ainsi que de la nourriture. Je rentre en me téléportant, après avoir attendu que personne ne puisse me voir. Je pose ce que j'ai acheté dans le salon/cuisine et j'avance jusqu'à la chambre. Il n'est plus là. J'ouvre grand les yeux. Il n'est plus là ! Il ne peut pas être loin... Je le cherche grâce à la magie qu'il a en lui... Il est...

[HRP : je t'ais laissé libre de l'assommer si tu veux ou de faire ce que tu veux xD]

...derrière la porte. Pas le temps de partir. Le coup de tisonnier s'abat férocement sur mes côtes. Je sens un craquement et la douleur se déverser sur mon flanc. Deux côtes de cassées maintenant. Il a de la force le gamin. Mais il croit quoi ? Je ne lui veux pas de mal ! Il est comme un animal effrayé, un cobaye ignorant. Je suis tombé sous le choc. Il avait peur, et cela se voyait dans ses yeux. Les miens grimaçaient de douleur. Il tenta une deuxième fois de me frapper, à la tête cette fois. Les réflexes reprennent le dessus, pas de deuxième fois ! J'attrape avec fluidité le tisonnier qui s'apprêtait pour la seconde fois à s'abattre sur mon corps et lui arrache des mains, sans violence cependant, pour le jeter dans un coin. La panique déforma ses traits enfantins. Et pauvre chose sans défense, il s'élança vers la porte, me percutant sur le passage. Il avait tout de l'animal traqué, du petit oisillon qui a l'aile cassé. Je grimaçais en remarquant que le tisonnier avait entamé la chair et qu'un peu de sang coulait. Mais pas le temps de s'attarder. Je me téléportais dehors. Il était déjà loin mais je le voyais encore.

Lorsque je me téléportais juste devant lui il prit encore plus peur. Je me maudis intérieurement, mais il était vrai que je n'avais pas d'autres manières de faire. Il ne fallait pas qu'il se perde, il avait passé un long moment dans le froid, et peut être en gardait-il des séquelles. Hors de questions que je le laisse partir. Il risquerait de mourir de faim et de froid. Il s'enfuit de l'autre côté. Soupirant, je me téléportais à nouveau devant lui. Ma tête commençait à tourner un peu. Ca avait beau être mon don premier, j'étais plutôt fatigué et mon combat récent contre le poltergeist avait nécessité beaucoup d'efforts et de magie. Je ne voyais plus la moindre raison dans ses yeux, juste un instinct : survivre à tout prix. Il se jeta sur moi au comble du désespoire et dés qu'il me toucha je nous téléportait à l'intérieur du chalet. Avant qu'il ne puisse tenter quoi que ce soit je lui pris les mains et m'agenouillais devant lui. Quelle langue parlait-il ? Je me mordis la lèvre et adoucit considérablement mon regard. Il devait me faire confiance...

-" Je ne te veux aucun mal !"

Au cas où il ne comprenne pas, je tentais en plusieurs langues. Peut être avec chance en comprendrait-il une. Je le lâchais avec douceur, m'éloignais et pris dans le sac de provision un paquet de gâteaux que je venais d'acheter. J'enlevais rapidement l'emballage et en sortis quelques uns. Je lui en proposais et en mangeais un devant lui pour qu'il ne croit pas... je ne sais pas moi... que je puisse les avoir empoisonnés.

-" Je m'appelle Jonathan Loïs Taylor, et toi ?"

J'espérais qu'il ne me considérait plus comme un danger. Mais si c'était malheureusement encore le cas, il devait avoir compris qu'il ne pourrait pas partir. Je ne le laisserais pas faire, il risquerait la mort, dehors tout seul.

Il avait toujours l'air méfiant, sur le qui vive. Pendant qu'il se servait un gâteau, que m'étirais en grimaçant et sortis de quoi panser la plaie. J'enlevais rapidement mon pull et mon t-shirt et attrapa la bande que j'avais acheté. Je fis le tour de mes côtes, serrant fortement tout en me mordant les lèvres. Mes pensées vagabondèrent vers Josh Stewart, l'infirmier du Mystery Orphanage. Je retint un frisson. Cet homme était sympathique, sauf quand on parlait santé, là il se montrait intransigeant et dur. Surtout avec les grands enfants... Il me connait depuis que je suis tout petit, et dés que je me blesse ou que je suis malade, j'ai l'impression qu'il prend plaisir à me donner les pires remèdes. Il va pouvoir s'en donner à coeur joie avec mes côtes. Au secours... J'eus un petit sourire. Josh était un type génial.

Le petit me regarda, comme sur le point de dire quelque chose. Il ouvrit la bouche et rien. Retenta. Rien. Pas le moindre petit son. Je fronçais les sourcils. Il ne savait pas quoi dire ? Je ne compris que quand il portait les mains à sa gorge, ses yeux terrifiés se remplissant de larmes. Il cacha son visage et se mis à pleurer. Mon coeur se serra. Je n'aime pas voir un enfant triste. Je m'approchais avec douceur et entourait ses épaules tressautantes sous ses sanglots de mes bras. Je le laissais pleurer contre moi, passant ma main dans ses cheveux, murmurant des paroles rassurantes pour l'apaiser. On y passerait le temps qu'il faudrait, mais il devait se calmer, laisser les larmes sortir, laisser son coeur s'apaiser.

-" Chuuut... Tout va bien. Respire lentement. Je suis là. Tout va bien se passer."

Je laissais venir tout contre moi le petit corps tremblotant de cet enfant en proie au désespoire. Muet. Il venait se découvrir muet. Il n'arriverait pas à me dire quoique ce soit, je n'entendrais jamais le son de sa voix, et lui plus jamais. Etait-ce une conséquence de son séjour dans la neige ? Je ne saurais le dire, je ne suis pas médecin. Mais c'est une possibilité. Si jamais il accepte de me suivre, ce que j'espère fortement, Josh l'examinera. S'il refuse ? Je devrais respecter son choix, et l'amener dans un foyer où il préviendront la police, retrouveront ses parents s'il en a, ou le placeront quelque part... Le Mystery essayera sans doute de le prendre, s'il se découvre en plus orphelin. Je me mis à fredonner les paroles d'une petites chanson écossaises que me chantait Pandora avant...

Home is behind,
The world ahead,
And there are many paths to tread,
Through shadow,
To the edge of night...
Until the stars are all alight...
Mist and shadow,
Cloud and shade,
All shade fade,
All shade...

Fade...

Il se détendit lentement, laissant le temps à son désespoire de s'en aller, lentement. Je me sentais mal pour lui. Mais je ne pouvais rien faire. Je ne suis pas médecin et pas magicien. Enfin... Je suis un mêlé, on fait de la magie, ok, mais pour le moment je ne peux pas lui rendre la voix. Peut être Josh le pourra. Mais nous n'avons pas encore trouvé les runes ou le pouvoir suffisant pour rendre un sens à une personne. C'est comme ressusciter les mort. Impossible. A la limite on pourrait enfermer un fantôme dans un corps, mais il faudrait que le corps soit vivant et donc il y aurait deux personnes dans le corps. Le propriétaire originel du corps le contrôlera. L'esprit sera seulement comme dans une boite. Mais c'est formellement interdit, c'est contre nature. C'est effrayant de penser cela possible. Peut être les sorciers noirs le font. Mais quesque ça pourrait leur apporter ?

Il se passa un truc étrange. Le bonhomme en train de lire un papier, les papiers sur la table. Mais il était encore dans mes bras. Je le serrais un peu plus, comme pour m'assurer qu'il était réel. Et il l'était bien. Etait-il illusionniste ? Ou un truc du genre peut être. On dirait un souvenir car le mirage se dirige brusquement vers le tisonnier avant de disparaître. Je ne dirais pas étrange. A vrai dire si j'osais le dire, c'est que je me qualifierais moi même comme tel. Au Mystery Orphanage, la magie échappe facilement aux orphelins, parce qu'ils sont jeunes. Le gamin se leva et alla dans la chambre. Je le suivis. Il avait commencé à écrire. Je me penchais par dessus son épaule pour voir. Mes yeux s'agrandirent sous la surprises. Ce n'est pas une langue vivante ça...

J'essayais de reconnaître la langue. Ce n'est pas chose facile. Étant donné que je suis professeurs de runes anciennes, bon, de runes tout court aussi, j'avais pas mal de base dans beaucoup de langues morte. Ca aide beaucoup. Bon déja je peux enlever latin, grec. Ce n'est pas non plus une langue celtique. J'observe les sourcils froncés les signes tandis qu'il finissait. C'est du Nazca !!! Je me met à déchiffrer. Je vous préviens, c'est pas immédiat. Mais ça va, je m'en sors quand même. Je le regarde, septique.

-" Pour l'image, c'est tes pouvoirs. D'où connais-tu le Nazca ? C'est une langue morte depuis longtemps ! Ah... Comment te sens-tu ? Tu as faim, soif ? Mal quelque part ?

Ce petit est décidément une énigme décidément. Il vient de nulle part, ne sait pas d'où il vient et parle le Nazca. Enfin... Parle, le comprend et l'écrit. Il comprend aussi apparemment l'anglais mais sans doute a-t-il plus de mal.

-" C'est quoi les pouvoirs ? Je n'étais pas endormi, je me suis perdu dans ma tête. Je n'arrivais plus à trouver le chemin de mon corps... C'est un pouvoir ça aussi ? "

Je plisse les yeux. Je ne suis vraiment pas habitué au Nazca. Par chance j'ai tout de même étudié cette langue. Wouah, au moins ça me fait de la pratique. Et puis comme cette langue lui vient naturellement, je suppose que je peux être sûr qu'il ne fasse pas de fautes. C'est fascinant. Voir une langue morte à l'œuvre. Je crois que rarement j'ai vu quelqu'un utiliser aussi facilement une langue aussi ancienne. Deux trois spécialistes en étaient capable. Mais ils n'avaient certainement pas l'âge du petit. Je suis vraiment étonné. Je ne comprend pas ce qu'il veut dire par : n'arrivais plus à trouver le chemin de mon corps. J'ai peut être mal traduit. Je m'y reprend et vérifie. Non, c'est vraiment ça. Ce doit effectivement être une sorte de pouvoir. Je ne peux lui répondre en Nazca par contre, je ne sais pas le parler. Comme la plupart des langues mortes, on ne peut les prononcer, on ne sait pas comment elles se prononcent. Je peux par contre l'écrire pour l'aider à comprendre ce que je dis.

-" Les pouvoirs c'est ce que tu arrives à faire avec la magie, des trucs étranges à première vue."

J'écris magie. C'est compliqué. Ca ne me vient pas du tout aussi facilement que lui. Je le regarde et essaye de voir d'où il pourrait bien venir, mais la réponse n'est pas dans ses yeux. Ils sont bleus, profonds, et intelligents. Il a l'air d'avoir une longue histoire...

-" Je ne sais pas pourquoi je connais cette langue. Mais j'ai l'impression que c'est très important, qu'il y a quelque chose que je devrais absolument savoir ! Avant de me perdre, je me suis réveillé dans la neige. Mais je ne me souviens de rien avant ça ! "

Je fronce les sourcils. Il ne se souvient de rien, c'est assez embêtant. S'il s'est réveillé dans la neige, qu'il ne sait pas qui il est, d'où il vient ni rien... Je passe une main embêtée dans mes cheveux. Ce doit être assez dur de ne pas savoir. Je connais ça. Ce silence totale quand on se demande d'où on vient et pourquoi on est là, qui étaient nos parents ou ceux qui nous ont connu. Jonathan Loïs Taylor, orphelin élevé au Mystery, exorciste, devenu professeur au Mystery... Voilà tout. Mais qui était Mme et M. Taylor ? Sont-ils vraiment mort ? Pourquoi m'ont-ils abandonné ? D'où je viens, je ne sais pas tout ça. Alors je comprend que ça doit être dur. Mais pire pour lui. Il ne sait même pas qui il est...

" Je vais bien. Merci de m'avoir aidé. Mais toi, tu es qui ? Comment tu fais pour apparaître comme ça ?
- Ah, ça ? C'est un de mes "pouvoirs". Je peux être un animal aussi. Je suis un mêlé comme on dit. Moitié sorcier, moitié humain. Et je suis professeur dans un orphelinat spécial pour les personnes magiques, comme toi et moi."

Je ne sais pas trop si il arrive à saisir tous les sens de mes mots. Après tout peut être ne se souvient-il de vraiment peu de chose. Je veux dire il se souvient d'une langue, de marcher, courir, écrire... Mais peut être ne voit-il pas ce que signifie professeur, ou orphelinat... Peu probable, mais c'est à imaginer.

-" Tu peux me donner un nom ? "

Je le regarde avec surprise. Le nommer ? Il veut que je le nomme ? Ais-je le droit de faire une telle chose ? Si jamais je lui donne un prénom et qu'il ne l'aime pas ??? Peut être n'aie-je pas le droit de le faire, de prendre tant de responsabilité. Après tout ce n'est pas mon fils, et si il regrettait de me l'avoir demandé ? Tant de questions. Il faut que j'arrête...

-" Tu es sûr que tu veux que ce soit moi qui te donne un nom ?"

C'est étrange d'avoir autant de crainte pour une si petite chose, mais le nom d'une chose la définit, ce petit est déjà quelqu'un, et si le prénom que je pourrais lui offrir n'était pas à la hauteur de ce qu'il est ?

On n'imagine jamais l'impact que peut avoir une simple décision sur notre vie entière. Et si tu étais avec ta mère, dans une voiture, attendant à un feu rouge, te demandant si tu dois aller à droite ou à gauche, quelle incidence aurait ton choix ? Ta mère te dit à droite, passer voir un de ses amis qui pourrait te proposer un job plutôt sympas, toi tu lui réplique à gauche, parce que tu veux garder ton boulot et qu'il te plait bien. Elle n'a qu'à marcher si elle veut après tout ! Tu as pris à gauche... Gauche t'a emmené vers un homme. A droite, tu l'aurais tué. J'ai vu ça dans une série. Une série de fou. Mais ils ont raison sur un point essentiel, les choix que l'on fait sont d'une importance vitale pour notre vie, bien qu'ils paraissent parfois ridicule. Et c'est en les trouvant ridicules et en les faisant à la légère que nous collons le mieux à notre nature humaine.

-" Tu peux me parler dans ta langue. Je la comprends. "

Je souris. Bon, l'anglais alors. Dommage, ça m'entraînait un peu. Je sens que je vais me remettre au Nazca dés que je rentre en Écosse. La bibliothèque du Mystery est tellement immense, et je suis sûr de trouver ce qu'il me faut. Pour comparaison avec un film célèbre, la bibliothèque de Poudlard est un tout petit peu plus grande que cette de l'orphelinat. Malgré tout, le Mystery Orphanage est tout de même bien plus petit. Il avait l'air plutôt enthousiaste quand je lui ai parlé de ma capacité à me transformer en animal. Je souris. Je voyais bel et bien en lui l'enfant qu'il était.

-" Je veux bien te montrer, mais je ne peux me transformer qu'en un certain nombre d'animaux. Et je préfère être un puma. Mais je peux aussi être faucon, vipère, souris, once et renard. Tu veux voir lequel ?"

Autant lui demander, qu'il ne soit pas surpris et qu'il n'ai pas peur de ma forme animal. Et la discussion revint sur le prénom.

-" Tu es la première personne que je rencontre. Je pense que c'est à toi de me nommer. Sinon je n'existe pas. Autant être mort..."

Je me sentis honoré de sa confiance. Et d'une certaine manière il avait tellement raison, sans nom, il n'était pas vraiment un être à part entière. Chaque chose à un nom. Je souris. Je savais déjà quel nom j'allais pouvoir lui offrir. Je n'avais pas besoin de chercher longtemps. Un prénom de garçon. Un prénom de héros. Un prénom magique... Je le murmurais du bout des lèvres :

-"Karhel... C'est le prénom d'un petit bonhomme qui est devenu un grand homme. Dans certaine langue ça signifie le juste, le brave ou encore le brillant. Karhel. Karhel..."

C'était le prénom d'un héros de roman, que je lui ferais lire. Un garçon qui n'avait pas peur de ses rêves et qui a tout fait pour les réaliser, pour ses amis, pour lui, pour sa famille, pour la nature, le monde entier. Un petit bonhomme plein de poésie et de magie. Un enfant trouvé dans la neige, au début de l'histoire... D'où le rapprochement. Et il me dit qu'il veut bien venir à l'orphelinat sans que je lui ai posé la question.

-" Tu sais, il y a là-bas plein d'enfant comme toi qui ont été trouvé seul. Et ils ont tous des pouvoirs. Et il y a des professeurs comme moi. On forme un peu une grande famille."

Je souris. Le Mystery Orphanage, peut être la plus grande famille au monde. On n'a pas besoin des liens du sang pour s'aimer. On a juste besoin d'être une famille. Les orphelins se connaissent tous, apprivoisent rapidement les nouveau et grandissent ensemble, s'aidant mutuellement. Il n'y en a que peu qui n'aime pas cet endroit. Voir pas du tout. Karhel, puisqu'il s'appelle donc comme ça, s'y plaira sans aucun doute.

Quand on est humain il est impossible de ne pas faire attention à un enfant qui pleure. L'être le plus vieux de l'univers, le dernier de son espèce, le plus solitaire, pourra se dire qu'il ne veut aider personne, mais ne pourra pas résister à aider un enfant en larmes. L'être le plus vieux de l'univers, pliera sous les cris d'un petit. Ou alors c'est un être sans sentiment. Le sentiment est la composante de l'émotion qui implique les fonctions cognitives de l'organisme, la manière d'apprécier. Le sentiment est à l'origine d'une connaissance immédiate ou d'une simple impression. Il renvoie à la perception de l'état physiologique du moment. Et personne ne peut être indifférent à la détresse d'un enfant. On peut vouloir se montrer dur, mais ça nous fera toujours quelque chose au fond de nous. On peut ne pas l'admettre et se montrer froid et cruel, mais toujours la volonté de protéger sera là. Toujours.

-" Tu peux me montrer le... "

Il doit chercher l'écriture je suppose. Il n'a peut être pas accès à toute sa mémoire. J'ai du mal à cerner cet enfant, et plus j'ai du mal, plus je veux l'aider. Parce qu'il a le droit au bonheur, comme tous ont le droit au bonheur. Malgré les différences, on doit tous tendre vers un même but. Dans la vie courante, la différence désigne en principe tout caractère permettant de distinguer une chose d'une autre. Il s'agit souvent de critères quantitatifs, utilisant une échelle d'unités (dimension, valeur monétaire, poids, etc.). Mais la différence concerne aussi toutes les différences qualitatives: couleur, odeur, fonction, etc., sans qu'il soit forcément rattaché un quelconque jugement de valeur au contenu de cette différence. Néanmoins, on remarque que le constat d'une différence dérive souvent vers un jugement de valeur. Les êtres humains sont tellement prompts à juger autrui sur ce qu'il a ou n'a pas comme eux. C'est quelque chose que je trouve plutôt exaspérant.

-" Tu peux me montrer le ONS ?... Et... je pourrai voire la vipère après ? "

Je souris. L'once, Panthère des neiges ou Léopard des neiges est une espèce de félins des hautes montagnes. On la rencontre dans les vallées isolées des montagnes d'Asie centrale, où elle monte jusqu'à 5 500 m. On l'appelle le « fantôme des montagnes ». Pas mal hein ? Je dois dire que la métamorphose, c'est quelque chose de plutôt sympathique. Ca permet tellement de chose. Et les vipères, forment une sous-famille de serpents venimeux qui comprend approximativement 150 espèces. Enfin bref. Il n'a choisi que des formes secondes. Je n'ai pas trop de mal avec elles. A vrai dire il me faut un effort surhumain pour me transformer en autre chose, ce qui n'en vaut pas la peine, mais je me débrouille bien avec toutes mes formes. Bon, j'aurais aimé qu'il choisisse puma parce que je me sens vraiment très bien en puma. Je pourrais vivre puma.

-" Parfait, alors Once et Vipère !"

Je m'éloignais un peu de lui et je commence a retirer mes vêtements. J'enlevais également le bandages que j'avais fait avec une grimace. Tous mes habits tombèrent au sol, sauf les bandes de métamorphes que j'avais sur moi. Elles cachaient un peu mon être. Je me transformais donc en Once. Rapidement ma peau se recouvrit de poils et je ne tins plus sur deux jambes. Griffes et crocs se manifestèrent et je devins once. Je regardais Kahrel avec mes yeux et mes sens de félins. Je ne pouvais pas lui parler, car ce n'est pas ma spécificité. Certain le peuvent, pas moi. Par contre je garde des sens félins (de ma forme fusionnelle) quand je suis humain. J'approchais pour qu'il puisse mieux me voir, et me toucher s'il voulait. Quand cela fut fait, je passais directement en vipère. Ce qu'il y a de bien avec ces bandes magiques qui servent de sous vêtements aux métamorphes, c'est qu'elles s'adaptent aux formes les plus grosses comme les plus petites. En même temps elles sont magiques. Et voilà, j'étais à présent une petite vipère.

Il pris peur. Étonné, je revins tout de suite en forme humain. Heureusement je n'étais pas complètement nu, sinon ça serait un peu gênant. La magie, c'est quand même vraiment utile. Même si ce n'est que dans un bout de tissus qui vous permet de prendre n'importe quelle forme sans pourtant se déchirer ou tomber. C'est assez bluffant quand même. Je ne sais même pas comme les scientifiques magiques ont trouvé ça. J'ai entendu dire qu'ils l'avaient trouvé quelque part, un rouleau assez grand pour pouvoir faire les bandes de métamorphes. On dit parfois qu'ils ne savent pas comment ils ont fait et que c'est comme ça, qu'ils arrivent à le reproduire mais ne comprenne pas comment. Assez étrange tout de même. Enfin, comme le monde de la magie, je ne devrais plus m'étonner. Mais même au bout de trente ans, j'en connais si peu. Le monde qui m'entoure est un vrai mystère à mes yeux. J'en étudie une partie, mais je sais pertinemment que je mourrais complètement idiot. Ce sera pas faute d'avoir essayer pourtant. Je regarde le petit un air inquiet sur le visage. Il se reprit cependant assez vite, et je poussais un soupire soulagé.

-" C'était magnifique ! J'aime beaucoup l'ONS ! Je suis désolé mais j'ai très très peur des vipères. Je ne savais pas avant de te voir...
- Ce n'est pas grave."

Je souris et attrape mes affaires. J'enfile rapidement mon jeans et mes chaussettes. Je noue mes chaussures avec efficacité et avant de remette mon t-shirt il va falloir que je remette le bandage serré autour de mes côtes. Ce que je fais en grimaçant. Le truc qui est plutôt pas mal quand on a un os brisé, c'est que tant qu'on n'y touche pas, il ne fait pas mal. Le problème avec les côtes, c'est qu'il est compliqué de ne pas les bouger et même un plâtre ne pourrait pas nous les garder immobile. Un rire, une respiration, ce sont autant de choses qu'il va falloir diminuer. Mais Josh me remettra ça en place vite fait. Il est guérisseur, il pourra peut être même me les ressouder. Ou alors il utilisera quelques runes, que sais-je. Je remet un t-shirt en grimaçant encore. C'est assez douloureux.

-" Tu peux nous faire aller jusqu'à l'orphelinat avec ton pouvoir ? "

C'est qu'il a l'air pressé. Je secoue la tête négativement. Nous sommes en Ukraine. Je suis blessé et fatigué, lui aussi. Du coup on ne va pas partir maintenant.

-" Je pourrais. Mais après un bon moment de repos. Et il nous faudra faire des étapes car c'est en Écosse, et c'est loin."

Je vais vers la cuisine. C'est que je commence à avoir faim. Et vous savez quoi, j'ai trouvé des oeufs ! Ca parait banal, mais j'ai eu du mal, nous sommes dans un coin reculé ici. Omelette ce soir ! J'ai tout ce qui faut pour faire une bonne omelette et grâce à Judith qui me donne des cours de temps en temps. C'est en prévision de quand j'achèterais une maison et que je mangerais pour la première fois de ma vie pas tout le temps au Mystery. Je veux dire que depuis que je suis bébé, je ne l'ai jamais quitté vu que je suis prof maintenant.

-" On partira dans deux ou trois jours. En attendant, on va se reposer un peu."

Il faudra que j'appelle Pandora et Nérys pour les avertir, mais je doute sincèrement d'y arriver. Après tout, il neige beaucoup ici, la qualité du réseau est nulle.

FIN