" - Je n’en reviens pas. Comment un être aussi chétif peut-il être aussi agaçant ?
- Le talent, mon cher, le talent. "

Alors comme ça, y'aurait une lettre pour moi à la poste. Je ne comprend pas pourquoi je ne l'ai pas reçue au Mystery. Alors un Lundi, je dois me ramener part -2ooo degré à la poste. Je lutte contre l'envie qui me taraude de devenir loup et de ne plus à avoir à me soucier du froid. Plus du tout. Plus un seul instant. Dans ma fourrure épaisse, je ne vois pas ce que j'aurai à craindre. Même pas la pluie. Mais là, c'est juste le vent qui est plus chiant.
Je laise échapper un soupir quand je m'engage sur le chemin. Mon bracelet en cuir n'aime pas beaucoup le froid non plus. je sais que je dois le graisser de temps en temps pour qu'il ne perde pas de sa souplesse, et je l'ai donc fait il y a trois jours. Mais rien à faire, il se craquelle un peu. Comme s'il râlait. Je râle aussi. Il fait trop froid. Mais on s'en fou, on peut aller skier, y'a de la neige dans les montagnes. C'est tout ce qui compte.

Jean, baskets, deux gilets. Celui du dessus est vert et violet et il ne tient définitivement pas assez chaud. Je trouve enfin mon vélo. Je touche les poignée. Glaciales au possible. La selle est un vrai glaçon aussi. Je pédale rapidement, essayant de me réchauffer. La chaîne grince un peu. Elle aussi elle râle. Je la comprend.
Fais trop froid.
J'arrive en ville, laisse le Dirt à l'entrée. Les pavés sont super glissants, je suis bien capable de me faucher et d'atterrir face contre terre. Or, je veux ce colis. Je marche encore quelques minutes avant d'arriver à destination. Je me dépêche de rentrer. Je suis congelé. A deux doigts de devenir homme-tronc.

-Fais attention, Ian, j'ai failli tomber.

Hein ?

-" Nephilim !"

Je suis surpris de la voir. Ouai, je l'ai déjà croisée quelques fois dans les couloirs. Souvent avec Ren. Y'a une histoire avec lui, mais je ne sais plus. Je crois que j'ai su un jour.
Un jour.
Je rentre dans le bureau. Y'a un instant de blabla avant qu'enfin je puisse recevoir ma foutue lettre. Je la récupère et sort. L'écriture me semble inconnue. Je crois que j'ai un peu peur de l'ouvrir au fond. Je me demande qui a bien pu l'écrire. Il y a un banc non loin. Je regarde Nephilim un instant.

-" C'est un cadeau de Noël ? "

Elle, elle a carrément un paquet. C'est peut être ça. Les choses graves ou qui font de la peine, c'est envoyé au Mystery je crois. Ou en tout cas, pas directement entre les mains d'une enfant.
Je crois.

-" On les ouvres ensemble ? "

Bon, je crois qu'elle n'aime pas beaucoup les gens. Je crois. Mes doigts me brûlent un peu, j'ai trop envie de l'ouvrir. Mon coeur bat un peux fort. Je pose juste mes yeux sur ce qu'il y a écrit dessus. Et là. C'est le drame intersidéral. Y'a tout marqué bien. Enfin, je croyais. Jusqu'à ces petits mots. Tout en bas. Ils sont écrits en Français, mais j'ai étudié cette langue. Et ces mots ne sont pas très durs.

"" A mon fils. ""

C'est impossible. Non. Doit y avoir une erreur. Et pourtant, sur le colis, y'a juste marqué 'Ian Coley.' Comme moi. Comme moi.. Lèvres pincées, j'ai l'impression que mon coeur va subitement cesser de battre. Je dois l'ouvrir. Je lève les yeux sur Nephilim. Si elle ne veut pas, alors je l'ouvre là, maintenant, tout de suite. Sinon j'irai sur le banc. Mais l'issu est la même. Mes yeux se poseront sur cette foutue lettre qui vient de je-ne-sais où..

Joyeux Noël Ian..

" My heart is jumping. "

J'hésite, je me tâte, j'attend, ne décide rien. J'ai peur de lire quelques mots maintenant ? Non. J'ai peur de leur sens. Savoir pourquoi il a décidé de m'écrire ! Essayer de se faire pardonner ? La blague. Dire qu'il était obligé ? Vous savez, quand vous êtes petits, votre imaginations est très développée. Vous imaginez des fins tragiques, drôles, émouvantes, vous explorez toutes les possibilités. Celle de la lettre n'est pas exclue, mais je n'y croyais pas. Qu'il me dise que j'étais en danger pour que j'aille le voir ?
Pathétique.

-Tu l'ouvres d'abord ! Moi, je verrais après toi.
-"Bon. Si tu veux. "

Ah. Alors elle verra ma réaction ? Ensemble, c'était mieux. Je ne connais pas ces pouvoirs, mais j'espère qu'elle n'est pas empathe. Elle ressentirait trop bien le tourbillon absolu de mes émotions. La troisième guerre mondiale dans ma tête. Evidement, je me suis coupé des autres. Habituellement, je ressens comme un vide. Mais là, même pas. J'en ressens trop à la fois.
J'ai l'impression que ça va exploser.
Mes doigts attrapent le bout à décoller. Je tire, lentement. J'hésite encore plus qu'au début. T'es vraiment pathétique Ian. Lèvres pincées je tire d'un coup. Je la sors. Une odeur d'alcool me parvient un peut. Je retourne la lettre.
Allez, ouvre là.

-Dis, Ian, tu crois que le père Noël il habite vraiment en Laponie ?

Je lève des yeux un peu étonné sur Nephilim. La regarde un peu comme si c'était un OVNI. Ou un extra-terrestre. Sauf qu'elle n'est pas verte, n'a pas d'antennes, pas de pattes, ne bave pas. Elle est jolie avec ces longs cheveux. Je laisse un sourire s'échapper tandis que j'essaie de trouver une réponse à sa question. Elle croit vraiment encore au Père-Noël ? Comme Myaw ?

-" Bien sûr. Les rennes et les lutins, ça n'aime pas le chaud, et il fait super froid là-bas. "

Non. Pas vrai. J'me sens pas complètement débile de raconter ça à une gamine. Bon. Je crois que j'ai plus le choix maintenant. Mes doigts déplient lentement la lettre blanche. Les mots sont écrits à la main, mais je ne pourrai pas vous dire si c'est vraiment mon père qui les a écrits. Je ne l'ai jamais vu écrire je crois. J'avais trois ans. Je ne savais pas lire.
Oh merde ! C'est écrit en Français.
Je l'ai étudié, avec plutôt de très bonnes réussites. Je le comprend parfaitement et le parle presque couramment. Mais le lire et l'écrire, c'est différent. Je suis dyslexique. Je l'ai jamais dit à personne d'ailleurs je crois. Mais on me l'a pas mal répété. Enfin, au collège. Au lycée.. je crois qu'ils s'en foutaient pas mal. On était nombreux par classe. Un gamin qu'avait du mal en court, c'était pas très original. Bref. Je le suis et donc autant en Anglais j'arrive maintenant à lire et écrire parfaitement, le français et moi, on s'aime pas beaucoup beaucoup. Y'a des lettres de partout qui servent à rien.. des tas de choses bizarres, et des mots qui servent à tout.
Comme 'faire.' Faire la gueule. Faire à manger. Faire les cents pas. Faire rire. Faire le gamin. Trop, trop de choses ! Malgré tout, les mots employés sont pas super compliqués. Je lis. Mon coeur s'arrête de battre. Mes lèvres miment les mots.

" Ian.
Je sais que tu as des pouvoirs. J'ai appris pas mal de trucs en quatre ans. Depuis que je te cherche. J'ai mis un bout de temps à te trouver, mais maintenant que c'est fait, j'aurai bien voulut qu'on se rencontre Ian.
Je sais que tu ne voudras pas.
Alors téléphone-moi s'il te plaît. Je sais que tu dois te poser beaucoup de questions, et je pourrai te répondre. Je ne suis pas un ennemi Ian. Je ne te veux aucun mal. J'habite en France. Pas à Paris Ian, tu te doute bien que c'est dangereux. Je me déplace souvent. J'apprend l'exorcisme. Je n'ai pas d'apprenti .. pour le moment. Bref. Je ne m'éterniserai pas. Appelle à ce numéro. 04 33 34 91 21. Si tu n'appelles pas dans les 3 semaines, tu ne pourras plus. Je change souvent de numéro aussi.
Je m'appelle Maxime Coley. Ah ! Et puis détruit cette lettre. S'il te plaît...
Je t'aime Ian. Je t'aime de tout mon coeur. "

Je la lis une fois. Deux fois. Trois fois. Je trouve qu'il cite trop souvent mon prénom. Quatre fois. Mes yeux parcourent à toute vitesse les lignes; Y'a des choses que je ne saisis pas, comme "Pas mal de trucs" ou " Un bout de temps"... Mais j'ai très bien compris l'essentiel. Il n'a pas le droit de dire ce genre de choses, c'est stupide ! C'est .. Non, vraiment, il n'a pas le droit. Un frisson me parcourt le corps. Une larme roule le long de ma joue. Je l'essuie immédiatement. Ah ouai ? Il m'aime ! Et moi je suis le roi d'Angleterre ! J'appellerai pas, j'appellerai pas ! Je me fou de lui. Je m'en fou complètement ! Il n'est rien. Rien du tout.

Lèvres pincées, je me rappelle de la jeune Nephilim et esquisse un sourire. Plus forcé tu meurs je crois. Je la relis une dernière fois. Avant de la plier soigneusement. Bien sûr que non je la détruirai pas ! Qu'il aille se faire voir ! Je me fais craquer sèchement les phalanges de la main droite puis de la main gauche.

-" Bon. A toi alors ! "

J'espère que pour elle, c'est un cadeau. Un truc du genre génial. Pas une poupée, parce que je crois pas qu'elle puisse jouer à la poupée, enfin, je ne crois pas que cela soit son genre.
Malgré tout, je sors mon portable. Je rentre le numéro de .. l'homme qui m'a envoyé une lettre. Et je mets quoi comme nom ? Dad ? Papa ? Je rajoute un coeur aussi ? Non.. Je réfléchis un instant. J'appui finalement sur 'ok' sans rien avoir rentré. Le portable affiche 'Inconnu.' Parfait. C'est exactement ce qu'il est pour moi. Un souvenir, une image, une douleur. Il a marqué sur sa lettre qu'il ne me voulait aucun mal. C'est débile. Il m'en fait déjà. A chaque seconde de ma vie. Il m'a transformé en ce gamin plutôt paumé au début, ce gamin dérangé. Je crois qu'au Mystery, on l'est tous. Mais c'est pas grave. Parce que maintenant, ma famille c'est eux, juste eux. Personne d'autre. Lui.. lui c'est rien. J'appellerai pas !
Calme-toi.

-" Et toi tu penses que les lutins ils sont grand comment ? "

Et puis sourit aussi. Parce que tu peux rien faire d'autre. Mes doigts bougent un peu nerveusement. Parce qu'au fond, je sais bien que j'appellerai. Juste pour n'avoir aucuns regrets. Aucuns. Pour le harceler de questions, lui dire qu'il n'est rien, rien du tout pour moi ! Qu'il n'a aucun droit de faire ce genre de choses.
Je remarque que ma main tremble un peu. J'ai beau dire que cette lettre ne m'a pas touché, c'est faux.
Elle m'a pas coulé, c'est différent.
Enfin.. presque.

" C’est peut-être pas important pour toi, mais moi j’ai que des petits dans mon équipe. Le doyen il a 7 ans ! Comment je peux gagner avec une équipe comme ça ? Je suis pas bien et les petits non-plus. Et toi tu t’en fous."

" Je courrais toujours pour aller partout, mais je ne pensais pas pour autant que ça allait me mener quelque part. "

Je ferme les yeux un court instant. Essayer de faire refluer mes émotions. C'est comme si chacune d'elle était une goutte d'eau. Une grosse, grosse goutte d'eau. Et elles se mélangeaient avec une telle puissance en ce moment dans mon coeur, que si elles avaient vraiment était eau, je me serais noyée. Et c'est presque le cas. C'est bien pour ça que mes paupières viennent se fermer doucement. Le temps de faire le vide. Ne garder que ce qui est utile. Mais au fond. Qu'est-ce qui vaut la peine d'être gardé ? Pas grand chose. Mais je peux pas tout viré. Reste alors un vide. Une douleur. Et un faux sourire. Pour pas blesser autour de moi. Le problème c'est si jamais elle est empathe. Alors elle se serait fait emporté par le tourbillon. Avec des sentiments qui ne sont pas siens. Et pour l'avoir vécu, je sais que c'est vraiment horrible. On à l'impression que notre coeur va exploser.

-Qu'est-ce que tu as eu ?

Qu'est-ce que j'ai eu ? Une foutue lettre qui ne sert à rien. Vous savez quoi ? Je crois que j'ai un tic. A chaque fois que ça va pas, mes lèvres se pincent. Et je fais quoi là ? Toujours la même chose. Je soupire, lève les yeux au ciel. J'ai pas vraiment envie de lui répondre. Alors je soupire encore une fois, que l'émotion aille voir ailleurs. J'ai l'impression de mettre u peu trop de temps à répondre. Mais c'est pas grave. Elle comprendra.
Enfin non, je crois pas qu'elle puise... J'en sais rien. Après tout, on est pas tous si différent que ça. On se ressemble même au fond. Tous écorchés vif. Je ne connais pas son passé, mais sans doute qu'il est triste. Le passé est toujours triste. Où le devient un jour.

-" C'est une lettre. Je sais pas trop pourquoi on me l'a envoyé. Mais c'est pas un cadeau en tout cas. "

Pas un cadeau du tout.
C'est comme la pomme dans Blanche-Neige. On mord dedans et on mord. J'ai lu cette lettre. Je souffre. Je ne sais pas comment il a réussit son coup, mais il a gagné sur ce coup là ! Il a bien réussit à me faire mal voyez-vous. C'est un beau salaud. Et ce qui me dérange le plus c'est pas cette lettre. Oh non. C'est que son sang coule dans mes veines. La moitié de mes gènes viennent de lui. Au final, peut être que je lui ressemble un peu. En fait, c'est pas peut être. Je dois lui ressembler. Physiquement pour sûr. Psychiquement ? Plutôt mourir. Enfin.. je dis ça mais j'en sais rien. Peut être lui aussi a une métamorphe de loup.
Donc psychiquement, forcément..
Je frémis. C'est possible seulement ? C'est injuste. Choisir ces parents. C'est impossible. Mais en attendant, je porte ces gènes. C'est en moi. C'est terrifiant. Peut être un jour je finirai comme lui. Comme lui..
Mais comment est-il au juste ?

-Je crois qu'ils sont aussi grands qu'un chat, mais qu'ils ont six bras parce qu'ils en ont besoin pour porter tous les cadeaux. Mais il sont petits, parce que le reste de l'année, le père Noël, il les range dans une armoire.

Je hausse un sourcil. Un instant, je suis un peu ébahit. Sa réponse est trop bizarre. Je lève un peu la tête. Ma réponse fuse toute seule. Un peu maladroite. Elle sonne un peu étrange. Comme fausse. Et pourtant, elle n'est que trop vraie, que trop pensée. Je m'en veux de la dire, mais ce qu'elle dit est un peu.. non, vraiment étrange. Et elle sourit avec ça. Elle se paie sans doute ma tête. Alors je souris un instant aussi. J'ai jamais vu personne qui pensait les lutins ainsi. Puis Nephilim est super mature pour son âge. Elle a quel âge d'ailleurs ? Je ne sais plus .. je ne sais pas, je crois que j'ai jamais su.

-" T'es sérieuse là ?!"

Oups. Bon d'accord, si jamais elle croit encore au Père Noël, je suis un peu .. maladroit, ouai, c'est le mot. Un peu direct, un peu suspect. Je détourne un peu les yeux. Je relis une fois ma lettre.
Yeux verts.
Subitement, mes iris se colorent comme quand je suis animal. D'un vert très clair irréel presque. Oh mince. La colère mélangée à la tristesse ça donne quoi ? La haine. Pure dure. Je tire une légère grimace. L'animal veut sortir. Il veut vraiment. Et moi je ne veux pas, pas du tout. Un frisson parcourt mon corps. Non, non ! Tu sortiras pas.
Je serre les dents.
Elle ouvre son cadeau. D'abord une lettre, comme moi. J'espère qu'elle, ça va aller. Puis un paquet. Je vois du tissu dépasser. Je ne saisi pas très bien ce que c'est au début. Puis une enveloppe. Et là elle me regarde. J'ai jamais vu un regard comme ça. Il exprime trop de chose. Que je ressens.
Empathie quand tu nous tiens..

-C'est une lettre de maman. Mais maman est morte quand je suis née. Pourquoi papa me fait-il mal ?

Gloups. J'avale ma salive. J'ai envie de me refaire craquer les phalanges. Mais ça ne marchera pas. Ils craquent jamais quand j'ai besoin d'eux.
Ironie.
Pourquoi les gens nous font-ils mal ? Je sais pas. Je peux pas savoir Nephilim. J'aimerai lui répondre qu'il n'a pas fait exprès mais franchement, je me demande. Alors voilà. Ta mère est morte ? On est tous un peu détruit en nous. Tous.
Au Mystery tout du moins.

-" Je ne sais pas Nephilim. Je suis désolé. Il me fait mal à moi aussi, mon père. "

Et d'ailleurs c'est aussi injuste. Je sais bien que je n'ai pas mon mot à dire mais tout de même. Elle devrait la lire, l'ouvrir. Enfin. Moi je l'ai ouvert et il n'y a rien de bon qui est sorti, n'est- pas ? Mais il faudrait.. il faudrait. C'est qu'une lettre. Seulement des mots. On pourrait croire qu'ils ne peuvent pas nous toucher. Mais c'est faux. Ils nous touchent. Nous coulent. Toujours plus loin. On croit qu'on a touché le fond, mais non. Ils ne s'arrêtent pas. J'aimerai ne jamais avoir ouvert cette lettre ? Je crois que si. J'ai besoin de savoir. J'ai vraiment besoin. D'aller voir où ça me mène. Peut être pas trop loin. Peut être beaucoup trop.

-" Tu devrai la lire. Les mamans ne font pas du mal tu sais.. "

Elles, elles nous ont porté neuf mois dans leur ventre. Si elles ne nous veulent pas, elles avortent n'est- pas ? Ou nous abandonne. Alors ouai, une mère ça peut faire du mal. Dites moi que la mère de Nephilim l'aimait très, très fort. Je crois qu'elle en a besoin. Comme moi, j'aurai eu besoin de ça. Alors je téléphonerai.
Comme on l'aurai tous fait je crois.
La lettre tombe sur sol. Comme des mot abandonnés. C'est injuste, elle devait vraiment la lire. Juste pour pouvoir sourire encore.

" Vous avez une sorte de désespoir hystérique dans votre rire. "

" Tout homme doit vivre, Tout homme doit aimer, Tout homme doit croire "

" Tu dis croire seulement ce que tu vois Ian, mais tu es aveugle ! Aveugle ! S'il te plaît... dis moi que je suis plus intéressante que ton foutu vélo, dis le moi ! " Je me souviens de cette fille qui m'avait dit ça. Elle se trompait. Je n'étais pas aveugle. Je savais bien qu'elle faisait tout pour que je m'intéresse à elle. Que je l'aime comme elle m'aimait ! Que je lui dise qu'elle est plus intéressante ? Le problème c'est qu'elle ne l'était pas. Elle me demandait de choisir entre elle et mon vélo. Et bien vous savez quoi ? Ce jour là j'ai choisis mon vélo. Parce qu'elle était creuse. Vide. Superficielle. Il n'y avait rien sous le maquillage. Elle était belle. Elle était creuse. Mais après avoir porté neuf mois un enfant, je crois pas qu'on puisse être creuse un jour encore. Pour ma mère, j'aurai tout donné. Vélo, tout. Ma vie aussi. Ce jour là Maman, j'aurai aimé mourir à ta place. Parce que vivre tu sais, ça fais mal. Ça fait super mal. Mais pour t'avoir vu le faire, je crois que mourir aussi ça fait mal. Alors il nous reste quoi à faire si on veut pas souffrir ?

La jeune Nephilim secoue la tête. Elle n'est pas sérieuse. Je rigole. T'es douée jeune fille. Je suis pas censé rire après avoir lu ça. Mais toi, t'es drôle. Ouai, t'es drôle. Des lutins à six bras ! Elle se payait ma tête la gamine ! Un sourire flotte sur mes lèvres. J'aimerai que sa lettre contienne rien de mal. J'ai pas envie qu'elle souffre. C'est mal de souffrir. Je passe une langue sur mes lèvres. Allez. Lis-là Nephi'. Une Maman, ça peut pas faire du mal. Non, ça peut pas.. La patience, c'est pas mon fort. Et quand je pense trop, ça finit toujours par être mal. J'ai envie de relire la lettre, mais c'est débile, je pourrai la réciter par coeur. Je pourrai m'empêcher. Mais non. Je la relis. Les mots n'ont pas changés. L'écho dans mon coeur, si. Il fait moins de dégâts. Viendra un jour où il n'en fera plus.

Subitement, une vague de douleur et de souffrance me submerge. Je me noie dans ses émotions. Foutue empathie ! Je donnerai beaucoup pour changer de don. Parce qu'au final, il sert pas à grand chose. A aider les gens ? Je suis désolé. J'y arrive pas. Je sais pas faire. Autumn ? Je sais pas. J'espère pouvoir l'aider elle, comme je l'ai fais en la rapportant à Taki. Mais ça, c'était physique aussi. Ouai, parce qu'en baver physiquement ça me va. Mais mentalement c'est beaucoup plus dur. Et forcément, quand je m'approche des gens qui vont pas bien.. J'ai mal. Et je sais même pas pourquoi.

Enfin elle se décide. Je vois le sceau rouge qui scelle la lettre. Comme une lettre super importante. Je crois que les notaires font se genre de truc. Ou les papiers super important. Elle devait l'être pour la personne qui l'a écrite. Pour celle qui la lira aussi. Elle se concentre un instant. je sens qu'elle lis les mots. Mots écrits sur cette foutue lettre. Lettre écrire par sa mère. Mère décédée. C'est quoi ces vies qu'on nous à faites aux orphelins ? C'est injuste. Mais comme la vie est injuste je râlerai pas aujourd'hui. Je me contenterai de dire que nous au moins, on sait sourire aux vrais plaisirs de la vie.

Puis elle ouvre autre chose. J'ose pas trop loucher sur ce qu'elle reçoit. Je trouve pas ça super. Elle à pas regardé dans ma lettre hein ? Enfin au pire, elle a pas du tout comprendre. Sauf si elle fait Français. Pourquoi tu t'embête Ian hein ? Bref. Je vois quelque chose qui brille. Un collier ? Bracelet ? Bague ? Boucles d'oreilles ? Je me permet de regarder un peu plus. Elle semble heureuse. Mais c'est complexe. Et je ne suis pas à la meilleure maîtrise de mon art. Oh oui < Une baaaague ! Elle est magnifique.

-Je suis d'accord. Et personnellement, je pense que si le père Noël existait, ce serait une maman.

Je souris. Elle a raison. Après tout, qui a dis que le Père-Noël était un homme ? Enfin. La question ne se pose pas. Puisqu'il n'existe pas. Je me demande qui l'a inventé. C'est un peu stupide. Mais elle me laisse pas le temps de m'étendre sur la question. Elle enchaîne.

-Parce que les mères, ça ne laisse jamais tomber ses enfants. Même quand elles sont mortes, elles veillent toujours sur nous. Et à Noël, elles offrent toujours les plus beaux cadeaux
-" C'est vrai. T'a bien raison. "

Je le pense pas vraiment jusqu'au bout. Je crois que les pères peuvent être des gens vraiment très bien. Mais pas le mien. Pas le sien visiblement non plus. On est peut être maudits de ce côté là. Peut être bien qu'ouai. Mais je m'en fou. Le Destin ne me contrôle pas.
Je suis libre.
Et je ferai tout pour le rester.
Quitte à en crever.

Le vent souffle plus très fort. On est juste la, sur ce banc. Deux orphelins. Je ne sais pas qui c'est ses amis. Je pense qu'elle fêtera Noël avec eux. Peut être pas. Après tout c'est son Noël. Elle peut bien en faire ce qu'elle veut. On dit que c'est inhumain de laisser quelqu'un seul le jour de Noël ? Et si il avait envie de rester seul ce jour là ? Avez vous ne serais-ce qu'un instant penser à lui ? Ses envies ? Je ne sais pas. Elle le fera peut être pas totalement comme elle le veux. Je me doute que comme elle le voudrait, ça serait avec sa mère. Mères que nous n'avons plus. Je la regarde un instant.

-" Si tu devais faire un cadeau à la femme la plus merveilleuse du monde, tu prendrai quoi ? "

Ouai, parce que j'ai pas d'idée pour Autumn. Elle, elle a toujours des idées trop bien, trop originales. Trop nous. Et moi trop maladroites. Je soupire. Je suis super ordinaire en fait. Et c'est pas tout. Une chaîne en argent avec un pendentif, aussi belle qu'elle soit, reste un cadeau vraiment trop .. banal, banaaal ! Et franchement ça m'saoule. Y'a des fois où je me demande se qu'elle fou avec moi. Mais jamais l'inverse.
Evidemment.
Parce que si y'a un quelqu'un qui mérite pas l'autre c'est pas elle.
C'est moi.

-" Et tu vas offrir quelque chose à tes amis ? "

Je sais bien qu'à cet âge là on a pas beaucoup d'argent mais j'crois qu'on s'offrait des trucs nous. Mais je sais plus vraiment. C'est pas là la question. Je pourrai l'aider si elle veut. J'ai besoin de m'occuper l'esprit. J'en ai vraiment besoin. Partir un moment loin de la lettre, des cadeaux, des soucis, des douleurs. De toutes ses choses là. J'ai vraiment envie de me tirer. De cet endroit. Parce que malgré le fait que ça ne soit pas sa faute, à l'endroit, je crois que c'est fait. Il me rappellera toujours ce jour, où j'ai ouvert ma lettre. Je sais pas du tout jusqu'où ça peut aller cette histoire de lettre. Mais j'irai jusqu'au bout. mais pas maintenant. J'ai besoin de faire un pause. Une pause dans la douleur. Place au bonheur. S'il vous plaît. Je crois qu'on en a tous besoin. Puis mince, c'est bientôt Noël ! Je compte avoir quelque chose de potable à lui offrir. Je m'en fou du prix. Cher pas cher, ce qu'il faut, c'est que ça lui plaise. Lui plaise vraiment. Pour de vrai.

"- Et bien, on a le choix entre être heureux ou triste, et j'ai choisi d''être heureuse. Et je le suis. "

"T’es désolé ? À ouais, ça change tout !"

Réflexion quand tu nous tiens. Je sais très bien que quand j'aurai trouvé, je me torturerai pendant des heures pour savoir si, oui ou non j'ai fais le bon choix. Parce que bien sûr, je ne saurai qu'en lui offrant, et c'est loin, trop loin Noël. Et pourtant, quand je vais y être et quand il sera passé, je me dirai que c'est passé trop vite, bien trop vite. J'ai un léger sourire qui flotte sur mes lèvres. Je ne sais pas pourquoi, et même si cette lettre me blesse plus que je ne voudrais le laisser paraître, j'me dis que Noël ça fera passer tout ça. Après j'appellerai. Après je fêterai comme il se doit la nouvelle année, et après, seulement après j'irai. Quand je serai sûr de ne pas y aller seulement sur un coup de tête.
Même si je sais que de toute façon, je ne pourrai pas m'empêcher d'aller là-bas. Là où je suis persuadé d'avoir toutes les réponses à mes questions. Mais rien n'est moins sûr. Mais je suis têtu. Têtu et frustré. Le mélange est étonnant.

-Pas quelque chose. Je ne sais pas ce qu'elle aimerai. Elle doit être plus grande que moi. Tu dois trouver quelque chose qui te fait penser à elle, que tu trouves toi-même joli ou tout simplement... original?
-" Dur. "

Oui dur, parce que original c'est toujours dur à trouver. Extravagant, ça ne plaît pas à tous, et je ne suis pas sûr de connaître Autumn à fond. Je crois qu'elle est simple. Non, ça j'en suis sûr. Pas de prises de tête pour rien, juste un quelque chose dans les cheveux et un sourire sur les lèvres. C'est simple. Et puis moi, ça me suffit. Tant que son regard ne prend pas la couleur de la tristesse.
Je souris. On verra bien.

-C'est surtout mieux quand c'est fait à la main. Quelque chose que tu es le seul à pouvoir lui offrir. Même si ce n'est pas tout à fait au point, c'est le meilleur geste à faire.

Moi même ? ... Je suis pas doué avec mes mains à part pour me battre. Et ça ne compte pas quand on veut fabriquer un cadeau. On peut pas .. se battre.. bien sûr que je me bats pour elle, mais c'est pas un cadeau ça. Donc voilà, je me torture le cerveau pour un cadeau original et fait main. Sérieusement, c'est trop dur les cadeaux de Noël. Les cadeaux surprise c'est mieux. Heureusement que Noël c'est qu'une fois par an.
J'ai beau apprécier faire des cadeaux, je n'aime pas trop le fait de devoir attendre cette date pour offrir quelque chose... c'est bien pour ça que je n'attend pas.

-Rien du tout, je n'aime pas passer Noël avec trop de monde. Et puis, les amis, ça s'en va toujours. Alors, je n'aime pas m'attacher. Et puis, il y a un avantage, je n'ai pas besoin de me prendre la tête avec les cadeaux.

Oh, Nephi ! Je la regarde un peu bizarrement. C'est pas un avantage ça. Pas du tout même. Alors, tu ris avec qui ? Avec qui tu partages tes conneries ? Avec qui tu prends des photos au photomaton en rigolant hein ? Avec qui tu parles quand ça va pas ? Qui te fais sourire quand tu n'en as pas envie ? Je secoue tristement la tête. Je ne crois pas qu'on peut vivre sans amis. Enfin peut être, mais moi non. Se prendre la tête avec les cadeaux? C'est peut être une prise de tête ouai, mais rien n'égale un sourire sur des lèvres. Rien.
Mais t'a raison sur un point. Les amis, ils partent. Comme Luka, puis Ange. Puis ça fait mal du coup. Mais pour rien au monde je ne voudrais oublier tous les bons souvenirs que l'on a eu. Jamais.

-" Alors moi je vais t'en offrir un ! "

Je me lève. Parce que je n'aime pas savoir qu'elle n'aura pas un sourire sur ses lèvres à Noël. C'est la fête des enfants, alors à elle aussi, il n'y a pas de raison. J'ai dis ça sur un coup de tête, et je ne sais pas du tout quoi lui offrir. Il me semble qu'un vêtement serait une bien mauvaise idée. Je fourre la lettre sans plus de façon dans ma poche. Après tout c'est qu'une lettre. Que des mots ?
Que des mots.. non, dire ça serait me mentir. C'est plus que des mot c'est des choses, des changements. Mais on peut quand même sourire avec un poid dans le coeur. Après tout, ça sert à ça les amis..

-" Allez, viens ! "

Non, refuse pas, s'il te plaît. J'ai envie de voir apparaître une illumination sur ton visage. Je ne suis pas riche, mais on s'en fou de l'argent, n'est-ce pas ? Ce n'est pas quelques bouts de papiers qui vont tout changer. J'en suis convaincu.

-Ian, je sais qu'il y a des gens qui sont télépathes avec les hommes et les animaux, mais est-ce qu'il y en a aussi qui discutent avec les morts? ça doit faire peur non?
-" .. Peut être bien ! Je ne sais pas, mais oui, ça doit être plutôt effrayant... "

Je souris et passe une main dans mes cheveux. Il fait plutôt froid mais ce n'est pas très grave. Je sors de ma poche un porte monnaie. Y'a trois billet de dix et un de vingt. Quelques pièces. Une vieille carte de self, des souvenirs, des photos du photomaton avec Autumn. D'autre avec Louis et Carla. Et puis des filles de lycée. Une carte de métro et une photo de moi, à sept ans, sabre en main, terriblement concentré. £ 5o ? Je pense que ça devrait suffire. Avec les pièces, je devrai arriver à £ 6o. Dis moi que tu ne veux pas des Ray-ban avec un sac guess.
Je dis ça en plaisantant parce que je sais bien que Nephilim n'est vraiment pas de ce genre là. Je ne sais pas ce qu'elle aime, je la connais trop mal. Vraiment trop mal. Y'en a beaucoup au Mystery que je ne connais pas très bien. Mais bon. Je ne suis plus vraiment élève alors bon...
J'appartiens à Bastet.
Rah, rien que dire ça, c'est super frustrant !

"Vous avez une sorte de désespoir hystérique dans votre rire."

"Aujourd’hui, c’est le jour où ma vie commence.
Aujourd’hui, je deviens un citoyen du monde.
Aujourd’hui, je deviens adulte.
Aujourd’hui, je deviens quelqu’un,
Juste quelqu’un autre que moi-même et mes parents.
Une personne, plus que mes notes.
Aujourd’hui, je deviens une personne du monde.
Au futur, à toutes les possibilités que la vie a à offrir.
À partir d’aujourd’hui.
Mon travail est de me montrer au monde.
Les yeux grand ouverts, et disposée, et prête.
Pourquoi ? je ne sais pas.
Pour rien, pour tout.
Pour affronter... la vie.
Pour accepter l’amour...
Pour prendre la responsabilité, et les choix.
Aujourd’hui, mes amis... nos vies commencent.
Et moi par exemple... Je suis impatiente."

Elle me dévisage. D'un regard un peu étrange et je me demande si, oui ou non j'ai dis quelque chose de mal. J'hésite à ajouter quelque chose parce que j'ai l'impression d'avoir vraiment dit quelque chose qui n'allait pas. J'hésitait, me pinçais les lèvres. Allez, dis moi que t'es contente, ou pas, que je puisse faire quelque chose, parce qu'être entre les deux, dans le doute, c'est vraiment très désagréable. Le doute, le doute, le doute. Dis quelque chose Nephilim, j't'en supplie. Je laisse un peu divaguer mon regard, cherchant quelque chose d'intéressant. Verdict ?

-Un sac CHANEL et un pantalon Levi's.

Je déglutis, le regarde pendant quelques secondes avec des yeux de bigorneaux avant de comprendre qu'elle rigole. Heureusement. Je dois dire que venant de Nephilim, cela m'aurait étonné, bien que je ne la connaisse pas trop, qu'elle soit autant superficielle. J'ai économisé des mois pour me payer un vélo, j'économise même pour me payer une vrai fringue de marque -même si en général je préfère acheter autre chose- et le fait de vouloir cela aurait été terriblement égoïste.
Ouai. Donc voilà, cette Nephi que je ne connaissais pas beaucoup, je ne la voyais pas comme tel. J'ai un sourire qui s'étire un peu sur mes lèvres. J'ai l'impression qu'elle ne sait pas trop quoi répondre après-tout. Peut être ne veut-elle rien ? J'espère que non. Parce qu'une jeune fille qui ne fait de cadeaux à personne n'en reçoit peut être pas non plus. Des adultes, bien sûr, mais ce qui compte ce n'est pas toujours eux. C'est parfois juste les amis. Ceux qui pensent à vous le temps d'un instant, et croyez-moi, c'est plus important de ce que ça a l'air. On a presque l'impression d'être important. Juste quelques secondes. De bonheur.

-Je rigole. J'aime pas les pantalons, et encore moins les gros sacs de luxe. En fait, je veux rien. Disons que ce que je souhaite... ça ne s'achète pas.

Ah ? Je me demande ce que ça peut être. Pitié qu'elle ne veut pas aller au kilimanjaro ou au Mont-Blanc maintenant la tout de suite. C'est impossible, je ne suis pas téléporteur. Ne me demande pas de voler ou alors, on ne sait jamais, que tu veux te jeter d'une falaise et être sauvée au dernier moment. Takeji ne voudrait jamais, d'abord. Parce qu'il n'est pas suicidaire, et à mon avis, il aura bien trop peur de rater pour l'emmener.
Mais je ne pense quand même pas que ça ne soit ça. Pitié que ça ne soit pas ramène moi ma Maman. Non, elle est bien trop âgée pour demander ce genre de choses, bien que tous le monde ici en ait envie, je m'en doute bien. Alors, what do you want ? Verdict ?

-En fait... j'aimerai bien faire un tour... en forêt. Et... j'ai entendu dire que... que tu étais métamorphe et... J'aimerai bien y aller sur ton dos !

Je fais alors un regard tout à fait désolé. Je passe une main dans mes cheveux dans un geste tout aussi désolé que le précédent. J'hésite à lui répondre, me tortille un peu, comme gêné. J'attend un peu avant de répondre, je me fais craquer les phalanges. Le regard un peu fuyant, je m'élance alors, le regard coupable.
Je mens trop mal.

-" Je suis désolé, je ne me transforme qu'en canard, loutre, moineau, rat, poisson rouge... "

Crédible ? Non. Même si je mentais à merveille, quelqu'un qui peut devenir canard, moineau et poisson rouge, je crois qu'il n'est pas né. Te moque pas de mon côté loutre, c'est super pratique ! Bon d'accord, sur terre on dirait vraiment un animal super attardé qui galère bien, mais dans l'eau je suis super rapide. C'est un bon moyen de transport et de fuite.. ouai, la fuite c'est bien. C'est bizarre mais quand on est humain, au bout de très peu de temps on manque d'air. Avec l'animal qui adore l'eau, bizarrement, on se sent terriblement plus à l'aise. On à l'impression qu'on pourrait rester longtemps, longtemps encore.. ! C'est.. juste génial ! Parfait même.

-" Boutade. Bien sûr ! Je te ramène au Mystery si tu veux ! "

Mais bien évidement, il faudra sortir de la ville, parce qu'une panthère qui ramène une jeune fille chez elle, ce n'est pas très courant.. ni discret. Encore, sous forme de cheval on pourra croire que Nephilim est une super cavalière... et encore. Je souris. Le fauve tacheté que je peux devenir est légèrement plus grand que la panthère. Plus large, moins en finesse, moins agile, plus rapide. Quoique.. je n'ai jamais fais la course avec moi même alors c'est à voir.. La panthère est plus fine, à se glisser dans l'ombre et compter sur l'effet de surprise. Le jaguar, va dans le tas, dans l'impact. Choisis jeune fille, pour une fois, c'est ta journée, profite !

-" Cheval, panthère ou jaguar ? "

Le cheval ira plus vite. Sera plus à l'aise et elle aura moins de mal à s'accrocher. Mais avec cette forme, je pourrai toujours la porter. Alors que je la jaguar et la panthère iront moins vite car plus petits, et le poids les gênera un peu. Mais avez-vous déjà chevauché un félin ? Moi pas.
Moi pas..
Et je ne le ferais sûrement jamais. Alors elle a le choix entre le confort et la vitesse grisante ou l'originalité et l'improbable. Mais je n'attend pas sa répondre et devient chat. Je sors de mes vêtements, galérant un peu. Je miaule d'agacement et y arrive enfin. Elle me dira sa réponse quand elle la connaîtra. Je pousse mes habits sous un buisson d'ornement. Si quelqu'un les trouve, il se demandera bien comment ils ont atterris ici. Tant pis. Je la regarde. Je ne peux décidément pas parler sous cette forme trop bizarre, et c'est un miaulement super déformé qui sort de ma gorge.
Oui Nephi, ça voulait dire suis-moi.
Bon, je suppose qu'elle a comprit. Enfin, je me mets en route, en trottinant. J'ai l'impression de ramer. Sous forme lupine, je fais du 15, 2O à l'heure sans aucuns problème ni aucune fatigue, et là, avec mes minis-pattes j'ai l'impression de ne pas avancer. Mais je reste au petit trot, histoire que Nephi n'ait pas besoin de se bouger derrière moi.
Après un bout de temps on sort enfin de la ville. L'air est un peu frais et ma fourrure gonfle. Je déteste ça. Je ressemble à un bisounours après.
Mais j'ai pas encore un coeur sur le ventre.
Heureusement.
Bref, arrivé un peu plus loin, je vais dans la forêt. Deviens jaguar.. puis panthère... puis cheval... puis chat. J'incline la tête sur le côté. Alors, ton choix ? As you want !

" La douleur, vous devez arriver à la surmonter,
Espérer quelle disparaisse d’elle-même,
Espérer que la blessure qui l’a causée ce referme.
Il n’y a pas de solution, pas de remède miracle,
Vous devez respirer à fond, et attendre qu’elle s’estompe.
La plupart du temps, on peut gérer la douleur.
Mais parfois la douleur s’abbat sur vous
Quand vous vous y attendez le moins.
Elle vous attaque en traître. Et ne vous lâche pas.
La douleur, vous devez juste continuer à vous battre,
Parce que de toute façon vous ne pouvez pas l’éviter.
Et la vie en fourni toujours plus. "

Elle semble un peu gênée. Elle hésite. Je ne sais pas ce qu'elle va me répondre, mais je pense qu'elle va assez vite comprendre. A vrai dire, je mens bien. Trop bien. Des fois, ça sort tout seul, juste par pure défense ou par fierté. Je ne sais pas pourquoi.
Enfin si, trop de fierté. Fierté fierté fierté fierté fierté fierté fierté fierté fierté fierté et fierté. C'est comme ça, je n'y peux rien.
Fierté. Toujours fierté.
Je soupire.

-Tu...

Je ?
Elle s'arrête.
Je souris intérieurement. Elle est super mignonne Nephilim. Super gentille au fond, même si des fois elle est un peu renfermé. Ce n'est pas grave. Après tout, chacun son caractère.
Moi, j'ai le mien, et ce n'est pas le meilleur.
Des fois j'me demande comment Autumn me supporte des fois.

-C'est méchant de mentir !

Oh ! Ca vaaaaaaaaaa ! Je lui dis donc que c'est une blague. Mais au fond, je suis satisfait, parce qu'elle m'a cru, même l'espace d'un instant. Puis au fond, ce n'est qu'une blague. Je voulais juste la faire sourire parce qu'elle est beaucoup plus jolie quand elle sourit. Comme tout le monde après tout. Rien qu'à voir M.Smiley ! Comment il a gagné des sous avec des points et une parenthèse ! Mas genre beaucoup beaucoup en plus ! Ah. Abusé. Moi aussi j'aurai pu l'inventer après tout. Mais lui, il s'est dit.. hum.. et bien.. JE VAIS LE FAIRE JAUNE ! Ce qui est totalement logiques, notre couleur de peau naturelle, c'est le jaune poussin canari bien pétant. Ce gars était super bizarre au fond, j'en suis sûr.
Hum.
Elle me ramasse mes fringues. Je lui dirai bien merci, mais elle ne comprendrait pas. Forcément. Elle n'est pas bilingue animal.

-Tu es trop fort Ian ! Moi, je préfère le cheval, parce que la panthère, j'ai déjà donné avec mon tuteur. C'est trop bizarre.

Je sens mes joues chauffer sous le poil animal trop coloré et épais pour qu'on puisse voir quelque chose. J'aurai été humain, j'aurai posé mes mains sur ma peau toute rouge pour les refroidir. Je n'aime pas rougir. Encore moins être gêné. Ou gêner les autres.
Par contre, faire rougir les filles..
Hum ok, je sors.
Bon. Cheval donc. Je deviens donc l'étalon bai, assez grand - toisant 1m65 au garrot -. C'est super bizarre d'avoir des sabots. Rien que ce nom, Sa-bot c'est trop bizarre. Alors imaginez aussi le fait d'avoir des ongles super épais et perdez votre sensibilité plantaire. Et puis imaginez qu'en étant débout vous pouvez toucher le sol de votre nez. En allongeant votre cou.
C'est super anormal, avouez !
Moi j'trouve bien beaucoup quand même.
Oh oui, moi parler France.

-Tu ne vas pas trop vite pour l'instant hein ? Ça fait longtemps que je suis pas montée sur un cheval, et je voulais pas laisser tes affaires par terre. Je te dirais quand tu pourras aller plus vite... Si j'arrive à monter.

Faut que je vous avoue que je ne deviens jamais cheval ou presque. C'est marrant, tu deviens poney, tu cours, tu faire n'importe quoi puis tu change.
C'est possible de se coucher ? Ca doit être galèèèèèèèèèèèèère. Donc si j'y arrive, j'arriverai peut être pas à me relever.
Oh, une souche !
Je m'y approche, et du coup Nephilim monte sur moi. Bien sûr que je n'irais pas trop vite. Il ne faut pas être stupide. Alors je me mets à marcher. Doucement. Les muscles de mon don roulent sur ma peau. Je n'irai pas au trot, c'est super inconfortable, je le sais. Je sens ses doigts dans ma crinière. Je prend le galop. Tout petit, tout cadencé. Tout doux.
Puis j'accélère, maintenant ma ligne du dos à niveau, sans trop de secousses. Quand on va super vite, on ne sent même plus la foulée. On vole. Alors j'accélère. Jusqu'à voler, aussi.
Je vois le bâtiment. Loin. J'entend rire Nephilim aussi. Je ralentis progressivement. C'est vraiment trop grisant, le vent dans la crinière, le vent qui vous fouette la tête. On va vite, vraiment vite. Je pense que j'atteins les cinquante kilomètres-heures. Alors qu'humain, j'dois aller à vingt cinq j'pense. Les autres animaux sont rapides aussi. Et je ne me lasse pas de courir. Courir sans but, stupidement. Je n'ai besoin de rien d'autre pour rire.
Juste d'un pouvoir.
Métamorphe.
Moi.
Je la sens descendre.
Je redeviens humain.
Heureux.

" - Hey, Ripley. À ce qu’on raconte, tu as déjà eu affaire avec ces bestioles ?
- C’est vrai...
- Ouah, putain... Et alors ? T’as fait quoi ?
- Je suis morte. "

[HRP : Excuse du temps de réponse.. ]