Passage de niveau

Ian

"Il marche avec nous mais ce n’est pas l’un des nôtres. "



7h22. Paris.

Je suis là pour une seule raison. Je veux avoir des réponses à mes questions. J'en ai trop. Elles se bousculent dans ma tête. J'ai l'impression que je vais exploser. Alors je dois toutes les poser. Une par une. Je devrai pas perdre mon calme. Pour pouvoir tout dire. Tout. Après, je verrai. Peut être ça se passera mal. Mais dans sa voix j'ai senti autant de peur que si il était le dernier brigand du coin qui risquait à tout moment de se faire attraper. Je suis descendu de l'avion tranquillement. J'ai pris mes skis avec moi. Après l'avoir vu, théoriquement, j'aurai encore trois jours à tuer. Je dis théoriquement car je ne sais pas du tout ce qui va vraiment se passer. J'ai été naïf. Je suis venu seul. Avec pour seul renseignement que j'allais à Paris. Voir mon géniteur. J'ai un peu peur maintenant que je suis parti. J'aurai dû mieux me renseigner. Après tout, Maxime Coley, ça ne me dit pas qui il est. J'ai un peu farfouillé et posé des questions quand même. On m'a dit que c'était un petit humain noir, lâche et cupide. Il n'était pas apprécié.
J'avais loué une chambre dans un hôtel pour six jour. J'ai pas rappelé le numéro. J'ai juste envoyé un SMS. Disant que j'étais sur Paris. Je voulais tellement savoir que j'ai même donné un lieu de rendez-vous. Ce jour là, j'ai fait une bien belle erreur. J'aurai dû appeler. J'aurai su si ça avait été lieu au bout du fil. S'il mentait. S'il était nerveux. Je ne l'ai pas fait. J'y suis allé à l'aveugle. Je l'étais vraiment à ce moment là. Aveugle et naïf. Croyez-moi, ça fait beaucoup.
Je lui ai dis d'aller sur le champ de Mars. A huit heures. C'est une heure parfaite. Il n'y a presque personne. Mais un peu quand même. Pas trop dangereux. Juste parfait. Je lui ai dis un endroit exact. Un point précis. Merci Google Maps. J'ai pas emporté beaucoup d'affaires. Des choses simples bien sûr. Et le cahier d'Autumn. Lu, relu, encore et encore. J'ai pris trois dagues. Une contre mon mollet droit. Une contre mon avant-bras droit. Une dans mon dos, omoplate droit. Tout à droite. Parce que je suis gaucher. J'ai mis un T-shirt blanc, jean noir, veste en cuir. A Paris il faisait plus chaud qu'en Ecosse. Mais tous les gens se plaignaient du froid.
A huit heure, il était là. Je n'étais pas sûr que ça soit lui. Mais il s'est retourné. C'était comme si je le connaissais. Mais vaguement. Il était brun avec des yeux gris clair. J'étais blond aux yeux bleus clairs. Il ne me ressemblait pas. A ce moment là, un léger poids avait quitté mes épaules. C'était déjà ça. Il eut un léger sourire mielleux. Mais ces doigts ne cessaient de s'agitaient. De la sueur parlait à son front. Il allait entamer la discussion. Je ne lui ais pas laissé le temps.

- «  Pourquoi tu l'as tuée ? »

En anglais. Bien sûr. Je n'avais pas envie qu'il soit à l'aise. Mais peut être l'était-il quand même. Quand il a parlé j'ai un peu frissonné. C'était la même voix qu'au téléphone. Sauf que là, j'y étais pour de vrai. Il a bégayé. J'ai souris. Effectivement, il n'était pas à l'aise avec l'Anglais. Un son, tout faible sorti de je ne sais où. Puis il tourna la tête. Je vis une oreillette.

- «  C'est.. C'est elle qui m'a forcé. Elle allait me .. me tuer de toute façon. Elle est noire. Elle fait partie de … Moi je fais parti d'Orpheo. »

J'inclinais la tête. Il sentait la magie noire pourtant. J'ai sentis que quelque chose clochait. Pourtant, Paris était à Orpheo. Il n'aurait pas dû être aussi tendu. Alors j'ai levé la tête. Doucement. Les touristes n'en étaient pas. J'aurai vraiment aimé être téléporteur. Mais ce n'était pas le cas. Pas du tout. Je me suis levé lentement. Ils ont tous fait de même d'un mouvement souple. J'ai retenu ma respiration quelques secondes, pour empêcher mon cœur de s'emballer. D'un mouvement ils étaient à mes côtés. Téléporteurs. J'ai voulus muter. Mais rien n'est sorti. Je suis resté fixement humain. Encore foiré. Je soupirai. Encore une battement de cils. Le champ de Mars n'était plus. J'ai atterris entre quatre murs. Même pas de porte. J'étais pas téléporteur. Ils ont disparut. Maxime avec. Je ne sais pas combien de temps je suis resté enfermé. Mais y'a rien à en raconter. J'ai essayé une fois de devenir loup. Mais j'ai pas réussis. Et ce n'était pas à cause de runes ou quoi que se soit. Au Mystery, ça m'arrivait parfois. Je persévérai, allait dans les bois et hop, je me retrouvais lupin. Mais entre quatre murs, rien ne venait. Puis j'ai arrêter d'insister. Y'avait peut être des cameras. Mais s'ils savaient que j'étais pas téléporteur.. ils devraient savoir que je suis métamorphe. J'avais pas pensé que ça soit un piège.
Et merde.
On vint me chercher. J'aurai dit machinalement … six ou sept heures plus tard. C'est long quand même. On me balança au fond du cellule qui, elle, avait des barreaux. Y'avait un gars devant. Avec une espèce de matraque. Et une dague aussi. Quand il marchait je l'entendais couiner. Le fer de la lame contre celui de la ceinture. Il était grand. Et téléporteur. On aurait dit une secte. Il a commencé à parler. D'un Français rapidement et abrupte. J'ai pas compris. Je l'ai dis. Je me suis fais projeter contre un mur. J'ai eu l'impression que chacun de mes os se brisait. J'ai cru que je pourrai plus respirer. Les secondes se transformaient en heures. J'ai suffoqué. Plusieurs instants. C'était long. J'ai repris mon souffle. Il a redit la même chose. Plus rapidement. J'ai rien répondu. Je me suis pris le mur d'en face en pleine face. J'ai perdu connaissance.
Quand j'ai ouvert les yeux, la pièce n'avait pas changé. Moi un peu plus. Je me suis levé. Un train aurait pu m'écraser, l'effet aurait été le même. Y'avait toujours un homme. Mais il avait changé. Il m'a posé pleins de questions sur Orpheo. Pleins. C'était logique. J'étais mêlé blanc. Je devais savoir. Puis après il m'a menacé. Il a dit que j'allais mourir de toute façon, parce que j'étais mêlé. Mais en souffrance ou pas, c'était à moi de décider. J'ai répliqué que ça reviendrait au même. Il se téléporta dans la cellule. Il me fracassa la tête contre la grille. J'arrivai toujours pas à muter. Quand je fus au sol il me tabassa. Il aurait pu continuer encore. J'étais déjà mort à ce moment là. Je ne sentais même plus les coups. Je fermai les yeux. Quand je les ouvrai, y'avait Maxime. Il me répétait sans cesse que je devais parler. Qu'il répondrait à toutes mes questions après. Mais Maxime, c'était un débutant. Il était trop près de la grille. Et mon don d'empathe allait au mieux de sa forme. Habituellement, je percevais un flot complexe de sensations. C'était incompréhensible. Mais là, j'ai presque tout compris. Nerveux. Coupable. Menteur. Tendu. Stressé. Sur ses gardes. Je me suis approché. Sa peur a augmenté subitement. J'ai fais semblant d'un peu pleurer. Rassuré. Une pointe de culpabilité à grandit avec un soupçon de compassion. Son oreillette grésilla encore. Je le senti subitement vexé mais soumis. Il me dit autre chose mais je ne saisis pas. J'étais trop concentré. Encore un pas et je pourrai le toucher. Je le fis. Il ne broncha pas. Je levai les yeux. Mon bras passa entre les barreaux. Je le saisis à la gorge. J'étais trop déterminé pour lâcher. J'ai compris qu'il n'y avait pas de camera. L'organisation devait être petite. Mal organisée d'ailleurs. Ses yeux se sont exorbités. Je l'ai ramené au sol. Doucement. J'ai serré encore. J'ai compté une minute, puis deux alors qu'il ne bougeait plus. Aucun remords. Je suis devenu chat sans aucun effort. C'était fluide. Je passais entre les barreaux. J'étais censé ressentir le besoin de devenir loup, car je n'étais pas à l'aise sous les autres formes. Mais rien. Je restai chat. C'était plus discret. Je trottinais rapidement. Galopais. Mais avec ma force de mouche, impossible d'ouvrir une porte que je devais simplement pousser. Passage au jaguar. C'est plus silencieux qu'un loup. Encore une fois, sans efforts. J'eus un sourire sur les lèvres. Je n'avais pas peur. J'étais comme boosté à l'adrénaline. Je ne savais pas où aller. Le jaguar, beaucoup plus. Je croisais un homme. Ahuris il glapit. J'étais déjà sur lui. Déjà humain. Facilement. Ma lame plongea dans son épaule. Je pouvais pas le tuer. Je voulais juste pas qu'il ne me tue moi. Je disparu. Une balle me cueillit dans l'épaule. Je grognais. Devint panthère. Il n'eus pas le temps de tirer à nouveau. Mes crocs étaient dans sa gorge. Lui brisaient la nuque. Il était mort. Je disparu. Je marchais à pas feutrés, si bien que je pu contourner un homme sans qu'il m'entende. Puis le corps des morts furent trouvés. Panique générale. Je montais un escalier au hasard. Un homme avec une épée immense. Mais c'était pas ça le pire. Il était bourreau. J'eus l'impression que mes jambes se cassaient. Je tirai ma lame. La lançais. Je l'atteins en plein ventre. Son action cessa. Il en lança une lui aussi. Je la reçus dans le ventre. J'en tirai une autre. La lançais. Bien fort. Dans la gorge. Il s'effondra. La balle longée dans l'épaule me faisait affreusement mal. Dans le ventre encore pire. Je récupérai mes lames. Devint loup. Je clopinais jusqu'à la porte de sortie. Je ressentais pas la fatigue lancinante d'autant de changement de corps, comme d'habitude. Fatigué certes, mais moins que j'aurai du l'être. Je souriais. Direction hôpital.

22H31. Mystery Orphanage.

J'étais recousu de partout. Y'avait un guérrisseur à l'hôpital. Il m'avait remis d'aplomb. J'étais incapable de rester à Paris plus longtemps. Me voilà déjà rentré. Je me sentais mal, vraiment très mal. Oh oui, j'avais eu de la chance, une vraie chance. Ces sorciers noirs ? C'était de la camelote. J'aurai du crever là-bas. Je sais pas qui ils sont. Je sais pas pourquoi. Mais j'ai besoin de voir Autumn là. J'ai vraiment besoin. J'ouvre la porte de sa chambre. Je m'humecte les lèvres. Incline un peu la tête. Je vois la surprise sur son visage. Je rentre. Ferme la porte. Sans rien dire. Je me laisse glisser contre le mur. J'ai besoin de ton regard de ta voix de tes bras. Plus que jamais.

- «  Autumn. J'ai tué mon père.»