L’important n’est pas d’où tu viens mais jusqu’où tu iras...
Ian & Akira
&

"Quand le Roi Lear meurt à l’acte 5, tu sais ce que Shakespeare a écrit ? Il a écrit « Il meurt ! ». C’est tout, rien de plus. Sans fanfare, ni métaphore, pas de grande envolée lyrique. L’apothéose du plus grand des chefs-d’œuvre de la littérature dramatique c’est « Il meurt ! ». Il fallait Shakespeare, un génie, pour dire simplement « Il meurt ! ». Pourtant chaque fois que je lis ces deux mots, je me sens submergé d’un incommensurable chagrin. Et je sais que c’est normal d’être triste, mais pas à cause des mots « Il meurt ! », mais à cause de la vie qu’on a vécue avant ces mots là.
J’ai vécu chacun de mes 5 actes et je ne te demande pas de te réjouir parce que je m’en vais, je te demande simplement de tourner la page, de continuer à lire et de commencer une nouvelle histoire. Et si quelqu’un te demande ce que je suis devenu, tu lui raconteras ma vie merveilleuse en terminant par le simple et modeste « Il meurt ! ». "



J'avais enfin un moment à moi. Pas que les entraînements avec Bastet ne me dérangent, non. Mais elle était fatigante à ne jamais se lasser de tourner autour de moi. Elle devrait le savoir pourtant, je suis et resterait tant qu'elle pourra me supporter avec la géniale Autumn Bowen. Elle ne peut pas comprendre pourquoi je lui suis fidèle peut être. A-t-elle seulement un jour été amoureuse ? Je n'en sais rien et ça ne m’intéresse pas tant que ça. Bastet est bourrée de secret. Je le sais dans chaque mot qu'elle dit. Chacun. Et franchement, je n'ai pas trop envie de savoir, ce n'est pas tellement mes oignons. Peut être m'en parlera-t-elle un jour. Je n'en sais rien.
Bastet est ce qu'elle est, je n'irais pas chercher plus loin. C'est comme ça.
Autumn est avec Takeji je crois. Ou Ethan s'il est encore dans les parages. Elle sera bientôt majeure, et je me demande si elle aura toujours cinq minutes à m'accorder. Je ne voyage pas encore beaucoup ni n'est souvent en mission. Je ne sais pas non plus pourquoi là. Ca ne saurait tarder. J'espère. C'est un bout de ma vie qui est en jeu.

Je finis pas descendre aux sous-sol. Il fait vraiment super fois, le park risque d'être gelé, et bien que j'ai vraiment envie d'aller rouler, je vais éviter. Puis il fait nuit. Je serai seul et il fera froid, trop de raisons pour ne pas aller rouler. Hop, jogging et sweat-shirt. J'allume les néons. Elle est glaciale. Je ne sais pas si je vais vraiment m'entraîner longtemps, peut être pas assez pour me réchauffer comme il faut et ne pas me blesser. J'allume donc un radiateur. Il va mettre environ un milliard d'année à chauffer toute la salle mais bon, tant pis.

Je sors mon sabre. L'arme est belle, et ce n'est plus un objet d'entraînement à la lame émoussée qui vous tire tout juste une éraflure et une grimace. Là, c'est un objet fait pour tuer, taillé pour tué, pour éventrer, couper, trancher. Causer douleur et destruction. Mais c'est mon arme, j'en ai besoin. Je la soupèse un instant. Il est plus lourd que certain pas donne plus de force quand on l'abat sur quelque chose ou qu'on lui donne suffisamment de vitesse. Je n'ose pas passer mon doigt sur le fil de la lame. La chair s'ouvrirai assurément. Je commence des mouvements simples. J'ai trop de courbatures. Chacun de mes muscles est douloureux et refuse obstinément de bosser. Tant pis. Pas le choix. Je me souviens quand je venais ici parce que ça n'allait pas. Tout à changer, parce qu'aujourd'hui, je vais bien.

Il y a un mannequin en face de moi. Je me concentre. Je risque de le décapiter avec une telle lame. Je change donc. Toujours les même mouvements, les mêmes esquives. Je m'entraîne, encore et encore, pour avoir les réflexes suffisamment rapides pour être efficace en combat réel. Je frappe, refrappe, le mannequin tremble mais ne se brise pas. C'est fait pour je crois. Je lâche un peu la lame finalement pour le faire à mains nues, parce que ça fait du bien des fois. Je n'aurai peut être pas toujours ma lame sur moi.

J'avoue, la mort de mon père me torture un peu. Savoir que j'ai pu faire ça de mes mains, de mes propres mains.. c'est affreux. J'ai tué mon père. Qui avait tué ma père. Je l'ai vengé, alors ça se vaut non ? Je n'en suis pas si sûr. Je ne crois pas à l'enfer ou au Paradis. Le Paradis, je le touche du bout de doigts le plus souvent que je peux, et j'ai finit par croire que le Paradis, on pouvait le trouver sur terre. Il suffisait d'accepter qu'il nous attrape. Moi, mon paradis il a un coeur qui bat, des cheveux bruns et de magnifiques yeux bleus. Un nom qui rappelle les feuilles qui tombent quand elles sont brunes, et qui sonne comme une chanson. Je souris. Je suis torturé mais au paradis ? C'est juste impossible. J'ai tué mon père, et à mains nues. Par que je me suis fait piégé. Alors je l'ai tué, quel autre choix avais-je ? Je me serai sans doute fait torturer. Je me suis fait torturer. Je passe une main sur mon épaule. J'ai encore une légère cicatrice bien qu'un guérisseur soit passé par là. Heureusement. Mais la douleur, elle, est toujours présente. Dans la tête, tout est dans la tête. Le fer qui déchire la chair. La douleur subite. J'ai pas eu le temps de réfléchir, j'ai juste survécu à cet instant.
Bien qu'on ait envie de se recroqueviller dans un coin, on a pas le choix d'avancer en grimaçant. Je m'en suis sorti, voilà tout. Mais besoin d'en parler tant que ça, mais j'ai du sang sur les mains, je l'ai tué, tué, tué, tué, tué, tué, tué, tué, tué, tué, tué, tué, tué. Tué. Je soupire. Frappe et frappe encore le mannequin. Tu ne disais pas que tout allait bien quelques minutes avant Ian Coley ? Lèvres pincées je frappe encore, parce que finalement, quand j'y repense, pas tout va comme sur des roulettes. J'aurai peut être du aller rouler, parce que e battre est devenu tellement mécanique pour moi que je finis quand même par pouvoir penser. Penser c'est mal, très mal. Et ça fait mal aussi. Je soupire et balance le pied dans l'abdomen du mannequin qui tremble. J'ai chaud finalement. J'arrête les radiateur. Je transpire plus que ce que j'aurai pu penser. Autumn doit s'entraîner au sabre. Et ne doit pas avoir finit. Je réajuste mon pull quand quelqu'un rentre subitement. Je me retourne, hausse un sourcil. Un nouveau à l'Orphelinat ? En ce moment, y'en a beaucoup ! Qui est-ce ? Je récupère la lame posée à mes pieds. Il voulait peut être s'entraîner tranquillement tout seul.

-" Tu veux que je te laisse la place ... ? "

Oui ? Non ? Si non, je compte bien rester encore un peu. Juste pour pas perdre le rythme avec Bastet. Parce qu'on a beau ne pas trop voyager, on bosse quand même ! Si si. J'vous jure.

Il me bouscule sans ménagement. Un nouveau donc. Il ne sait pas qu'ici on a pas que de la gueule. Il ne sait pas qu'ici, on s'entraîne tous les jours au sabre, au vrai, et que c'est devenu une passion. Je ne sais pas d'où il vient, mais j'espère qu'il sait où il va, parce que si ce n'est pas le cas, il va avoir un sérieux problèmes. Je grogne et me retourne tandis qu'il me balance.

« D'après toi, abrutis ! »

Je relève la tête, m'approche un peu plus de lui. Comme si j'allais laisser passer ça ! Comme si j'étais le genre de soumis qui disait amen à tout, même au sautes d'humeurs d'un nouveau. Nouveau dont j'avais entendu parler. Je serrais les dents, respirais un bon coup pour éviter de lui en coller une immédiatement. Pourtant, je vous jure que ce n'est pas l'envie qui manque. Je le laisse rentrer dans la salle donc. Ou plutôt il y rentre que j'y sois, ou pas.
Je ne connais pas son nom -mais je m'en fou après tout- mais j'ai entendu parler de lui. Comme le 'sale gosse' qui arrivait au Mystery. Une tornade qui n'était pas vraiment de bonne humeur. Jamais. Un rebelle ? On a tous eu envie un jour ou l'autre de tout laisser plaquer. Tout.

-" T'a un problème ? "

Respire Ian, Respire. Il est possible dans une certaine éventualité que je lui balance une droite qui le couchera certainement. Que je devienne loup que je plante mes crocs ans sa chair. Je ramasse mon sabre, le pose dans le placard derrière. Avant ce genre de rigolos on ne sait pas jusqu'où ça peut aller. Et si il est ce genre de gamin qui dise ' Ouai, c'toi mon problème ! ' Alors là l'affaire était réglée. Il n'avait que de la gueule. J'enchaînais.

-" Ouai, parce que si t'en a un on peut le régler là, tout de suite. A la loyale. "

Ne pas laisser le temps de répliquer. Le déborder. Je le fiais résolument. Il avait l'air d'avoir mon âge, ou presque. Non, sans doute plus jeune sinon il ne sera pas au Mystery. Il n'avait qu'un an à rester ici. Alors sans amis le temps allait être long. Ne comptait pas pour moi pour devenir son premier ami. Je voulais juste un minimum. Du respect voyez-vous. Et autant se faire respecter avec un bon crochet dans la mâchoire. Franchement, ça m'dérange pas. Mystery râlera sans doute, mais ça ne me touche pas. J'ai pas envie qu'une gamin pourri gâté trop capricieux fasse sa loi ici. J'attrape une lame par terre. Elle ne tranche que si on donne toutes ses forces et que l'autre ne pare pas du tout. Ca ne sera pas le cas. Je lui lance en continuant.

-" Enfin.. Si tu sais manier une lame bien sûr. "

Et moi, je prend ma lame. Bien sûr, je ne compte pas l'égorger avec, mais j'ai bout regarder, c'est soit lame en bois, soit ça. Alors je préfère autant ma lame. Et a les voir toutes les deux, on ne pense pas vraiment que la mienne, c'est une vrai. Mais si il pense que nous ne sommes par d'égal à égal ou peut aussi la faire à mains nue. Mais là, pour terrasser on est obligé quelques fois de casser un bras, une jambe et un nez aussi. Moi, ça m'est déjà arrivé. Merci Bastet de m'avoir remis à ma place. Mais bon, après y'a le docteur du Mystery, et c'est un gentil qui ne dit jamais non pour réparer un os, ou même une petite plaie sur laquelle on pourrait coller un pansement qui ne deviendrait même pas rouge. C'est un gars bien. Et j'espère pas pour le gamin en face de moi qu'il feront connaissance tous les deux.

Je ne le sous estime bien, bien sûr que non, mais je sais que j'ai quand même un peu l'avantage. Ca fait neuf mois que j'ai commencé mon entraînement intensif. Peut être ne vient-il pas d'un endroit où ils apprenaient à sa battre. Mais ici, c'est le monde magique, le vrai, et on n'est pas chez les bisounours. Pas vraiment non. Je lève un peu plus ma lame, fléchit un peu les genoux, et me mets de profil. Position de base. Pour anticiper le moindre mouvement, le moindre réflexe. C'est à force de passer du temps à se battre, trop de temps même, on finit par être roder. C'est comme une routine. Y'a ce petit temps où on jauge l'adversaire, on se défend donc, puis l'autre, où on a pigé le truc, et là, on fait tout pour dominer. Et si jamais ça marche pas quand même, on improvise. En devenant loup par exemple.

Alors, tu sais tenir une lame ou pas ?

" À mon signal, déchaine les enfers. "

Je lève les yeux au ciel. Un agacement profond se faisait ressentir des deux côtés. Il ne pouvait pas être juste comme tout le monde ? Nan, fallait qu'il soit le rebelle enquiquineur qui pense sincèrement qu'il doit gueuler dans tous les sens pour être le meilleur. Croit-il vraiment à ce qu'il dit ?
Les plus grands n'ont jamais été ceux qui ont été terriblement violent et irrespectueux. Les plus grands, c'est ceux qui ont fait leur chemin du plus juste qu'ils pensaient. Juste ..
Les plus grands sont ceux qu'on veut respecter car ils nous respectent, qui qu'on soit. Le jeune en face de moi ne sera jamais l'un d'entre eux. Il était peut être le plus fort dans son ancien établissement, mais ici, c'est totalement différent. Vivement qu'il ait un maître qu'il comprenne qu'un jour ou l'autre on s'incline. D'un grand coup dans le dos ou par respect pour quelqu'un de meilleur, c'est à nous d'en décider.

_ « Tu me cherches, peut-être.. »

Je relève la tête dans un air de défi. Je le cherche ? Il est vraiment pas net dans sa tête. Vraiment pas. Il me bouscule ostensiblement et ose me dire que c'est moi qui le cherche ?
Il va se prendre le nez dans le mur, on verra après.
La tension est a son maximum. Le premier qui bouge ouvrira clairement le début du jeu. Se battre est un jeu quand il n'y a pas de danger de mort n'est-ce pas ? Je crois. J'y crois.
Je le regarde, le fixe dans les yeux. Je sais bien que ça peut mal tourner, et rapidement. Et même si j'ai plutôt confiance en moi quant à l'issue du combat, je n'ai aucun doute sur le fait que je peux finir salement amoché. Probable. Possible.
Je ne répond rien. Son invective est stupide.

_ « Tu vas regretter de t'avoir en prie.. à moi, sale mioche ! »

Sale mioche ?
Attend...
Laisse moi rire.
Je m’esclaffe donc sous son nez. Il doit mal le prendre. Je ne le surplombe pas du tout. Même taille à peu près. Je ne suis pas très grand, mais la taille ne compte pas. Et le mioche, en l’occurrence, c'est lui.
Et personne d'autre.

-" Entre nous deux, le mioche immature ça serait plutôt toi. "

Une jeune femme entre alors. Surpris, je me reculais un peu subitement.
C'est qui ça ?
Je ne l'avais jamais vu. Mais en y repensant elle ressemblait un peu au gamin que j'avais en face de moi. Un lien de parenté ? Cousine ? Soeur ? Autre ? Aucune idée. De toute façon j'allais bientôt le savoir. Il fallait bien qu'elle se présente.

_ « Bien sur, tu me prends pour qui ! »

J'en avais oublié ma question. Il compte vraiment se battre devant elle ? Je secouais la tête. Naïf en plus d'immature ? Ca commencerait à être terriblement fâcheux. La liste s'allonge...

_ « Stooop ! Akira arrête ça de suite.. »

Akira.
Elle le connait donc. Je regarde plus en détail la jeune femme qui vient de rentrer dans la pièce. Oui, elle ressemble beaucoup à Akira je trouve. Et vu le regard qu'il lui lance, lui aussi la connait. Et ça n'a pas l'air de lui faire super plaisir de la voir. Allez savoir pourquoi. Ce gars a-t-il eu des amis qui l'aimaient vraiment pour ce qu'il est ?
La jeune femme se met à parler. En japonais. Je ne pratique pas cette langue à l'orphelinat mais je comprend facilement qu'elle s'excuse. Y'a quelques mots qu'on connait dans beaucoup de langue.

_ « C'est pitoyable... ! »

Et c'est tout ce qu'il trouve à dire ? N'importe quoi. Ce gosse ne connait pas grand à chose à la vie en traitant cette jeune femme qui s'excuse à sa place. Je ne comprend pas. Elle est qui pour lui ?

_ « Je suis vraiment désolé du comportement qu'à mon petit frère envers vous ! Il n'est pas méchant, simplement il s'est rebellé depuis que notre mère est morte ! »

Je devrai avoir de la peine parce qu'il a perdu sa mère. Mais je ne crois pas que ça l'excuse pour autant.
Moi aussi, elle est morte. On a tous notre lots de malheurs et même si on le vit tous différemment, c'est pas une raison pour parler comme ça à sa soeur. Je suis pas du genre à mentir, alors je ne dirai pas que ce n'est pas grave. Parce que certes, ça l'est pas mais je l'excuse pas pour autant.
Dites-moi, pourquoi il est comme ça ?

-" Oh. Je vois. Vous êtes sa soeur donc ... "

Je reporte mon regard sur Akira. Je me demande pourquoi il répond comme ça à tout le monde. Je ne comprend pas pourquoi non plus il est comme ça. Trop de pourquoi, et un seul parce que.
Sa mère est morte.
Moi aussi.
Pourquoi ?

-" Tu peux me dire pourquoi tu fais comme si tout t'étais dû ? "

Alors que franchement, c'est pas le cas. Je souris a sa soeur. Au Mystery t'es quand même là pour apprendre. Un minimum.
Alors si il est pas là pour quoi ..
Il est là pour quoi ?

" Maintenant nous sommes libre. Et nous nous reverrons... Mais pas encore, pas encore !"

" Marche droit d'van toi.. "

Je vous jure que je fais ce que je veux pour arrêter de m'énerver contre lui. J'vous jure que je fais ce que je peux pour arrêter de lui parler comme s'il avait quatre ans et demi. J'vous jure que j'essaie de le comprendre au moins quelques secondes.

_ « Qu'est-ce que tu en sais, si je suis immature, pauvre cloche ! »

Oh. Bon d'accord.
Je jure plus rien du tout.
Je serre les dents et expire furieusement l'air contenu dans mes poumons. J'en ai marre de ce gosse.
Immature.

-" J'sais pas, ta réaction peut être ?!"

Allez, va voir ailleurs si j'y suis.
Grmbl de gosse.

_ « Oui, je suis sa sœur ! Akira m'en veux de l'avoir envoyé ici, donc il se montre plus impulsif qu'il est d'habitude ! Je suis sincèrement désolé ! »
_ « Tu es chiante de t'excuser tout le temps, fiche moi la paix à la fin ! Je n'ai pas besoin de toi, va rejoindre ton mec ! »

MAIS MERDE.
T'a une famille, alors profite ! J'aurai pu avoir un petit frère ou une petite soeur et bah non, parce que ma mère est morte, elle est morte, morte, morte, morte, j'ai plus de famille, j'ai tué mon père, mort lui aussi du coup. J'ai plus de famille.
Plus que le Mystery.
Et Auty.
Alors toi qu'a une soeur respecte là quoi.
Je le comprend pas. On se comprend pas.
Sa soeur est désolée.

-" C'est pas à vous d'être désolée.. "

Non, vraiment, pas à sa soeur d'être désolée. Elle n'a rien fait. Et il ne devrait pas lui parler comme ça. Mais j'ai pas envie de m'imposer. Les histoires de famille c'est compliqué, toujours compliqué même, et si il a envie d'envoyer bouler le monde c'est son droit.
Enfin non.
Mais si.
Je me comprend. C'est l'essentiel.

_ « Qu'est-ce que ca peut te faire, tu me juges comme les autres ! Vas voir ailleurs, si j'y suis ! »
-" Je juge que c'que j'vois ! Et c'que j'vois, c'est un gamin insolent ! "

J'ai pas raison, dites, j'ai pas raison ?
Dites moi si.
En fait je m'en fou.

_ « Il est contre le monde, depuis la mort de notre mère et le départ de son ancienne école ! »
-" Ah. Ca doit être facile à vivre. "

Ironique quand tu nous tiens.
Sale gosse !
Je ne sais pas combien de fois je me dis ça encore. Ca fait beaucoup et franchement c'est chiant. Il pourrait pas être comme tout le monde, au pire, associable et ne pas décrocher un peu au pire ? Ou alors faire que parler jusqu'à ce qu'on ait envie de le faire taire ?
Mais non, tout le monde est unique, et unique, ça donne Akira. Et c'est pas beau à voire. Je me demande combien de fois il serait de corvée de patates et de plonge. Pour y avoir été à de nombreuses reprises, je vous assure que c'est chiant. Super chiant.
Super, super chiant.

-" C'est pas parce que t'a perdu ta mère et tous tes potes que tu dois être comme ça ! On a tous souffert ici. On en est pas invivable pour autant. "

Dans tous souffert j'entend absolument tous. TOUS. De Myaw à Ange, Luka, Hayley, Louis, Tim, Auty, et tellement, tellement d'autres. Alors qu'il ne se croit pas le plus fort et absolument tout spécial parce qu'il ne l'est pas.
Certes, tout le monde est unique mais il n'est pas le roi du monde. Croyez moi bien.
Et il risque de se prendre une droite dans sa gueule si il continue.
Je serre les dents, fait craquer mes phalanges - parce que c'est un réflexe et un tic.. et une habitude - et regardant Akira droit dans les yeux.
Merde, d'habitude c'est moi le chiant qui est de corvée de plonge, et pas moi qui fait la morale.
Ca donne un coup dur.
Je vous jure.


" Il sera toujours seul avec sa solitude. "

[Sorry, c'est couuuuuuuuuuurt X_x )

Ian, t'énerves pas. Ce n'est pas une bonne idée. Pas une bonne idée du tout. En plus, quand je perd mon sang froid ba je me transforme, et ça serait comme s'il avait gagné. Et ça, franchement, je ne veux pas.
Je laisse passer un soupir avec de me reprendre. Mes muscles sont tendus d'agacements. Ne pas s'emporter. Ca va être dur. Mais bon. Si je n'arrive pas à me contrôler, comment pourrais-je le faire face à quelqu'un de bien plus important ? Je ne pourrai pas.
Bref. Du coup, j'essaie de me détendre ce qui est franchement, franchement dur. Je souffle. Bon. Un semblant de sourire vraiment forcé. Ca aussi, c'est pas mon truc. J'espère quand même que ça se voit un peu que j'essaie de sourire.
Un tout petit petit peu au moins ?

_ « Ma réaction, mon cul oui ! »

Zen, restons zen tududu !
Du calme à la vie comme à la scène, tududu !
Bref, chanson mise à part, je ne réagis pas. Ca me demande encore plus d'énergie que de soulever un camion avec un orteil en marchant sur les mains, j'crois bien. Ah, l'impulsivité quand tu nous tiens.
La vie est dure.
Je ne répond pas, donc.

_ « Tu juges ce que tu vois, laisse moi rire.. Je peux très bien faire ça moi aussi ! Tu fais pitié va ! »

J'te fais pitié ? Ha ouai ? AH OUAI ?
Fallait rester Zen. Soyons Zen,
Du sang froid dans les veines, soyons Zen
Plus de choc à la chaîne.
Je ne répond pas bis, donc.

_ « Certes, mais il est tout ce qui me reste ! Et je fais mon possible pour le protéger, même s'il refuse ! »

J'comprend. Si il me restait un bout de famille je m'y raccrocherai.. enfin.. bon, un bout de famille, de vraie famille quoi. Pas de père qui a assassiné la mère, ça, ça compte pas, c'est de la triche ! Moi, j'm'y raccroche pas. Il paraît qu'on pardonne tout par amour, et j'vous jure que je l'ai aimé celui que j'appelais Papa, mais tout pardonner par amour, moi j'y crois pas !
D'ailleurs, ça c'est vu non ?
Hahaha.
Aujourd'hui j'en ris, mais y'a vraiment que moi qui ait droit. Vous, vous pouvez aller mourir ailleurs, merci.
Vous savez quoi ? Ignorer quelqu'un c'est super dur ! Du genre énormément. Je me demande s'il ne va pas me mettre une droite. Qu'il essaie un peu pour voir ?

_ « On n'a pas tous la même histoire, donc remballe ton jolie discours pour quelqu'un d'autre ! Et me fait pas pitié ! »

Je soupire, lève les yeux au ciel, me fait craquer les phalanges, regarde la soeur d'Akira, reporte ce dernier sur l'intéressé. Tout ça dans l'ordre décrit ci-dessus. Je laisse échapper, blasé.

-" Grandis, Akira. "

Parce que je n'ai plus rien à dire à un gamin surexcité qui se croit le roi du monde - ce qui, bien évidement n'est pas le cas -. Je me demande où il a grandit pour avoir un tel égo. Et qu'est-ce qu'il a fait de sa vie. Je trouve ça tellement pathétique !
Je me demande si une fille - ou un gars - tombera un jour amoureux de lui. Ou l'aimera juste ? Parce que c'est le genre de personnes que je trouve complètement insupportable. Je déteste ça. Définitivement. Et dire que ce gosse va habiter ici pendant au moins un an !
Ah.
La vie est vraiment, vraiment trop dure.

[ Excuse moi c'est tout nul ><' ]