Un matin de mars de l'année 2012, froid, et pourtant ensoleillé, je suis là, devant la porte de l'appart, perdue dans mes pensés et regardant les passants. Immobile au milieu de tous, j'attends, j'attends. J'attends quoi? J'attends d'avoir le courage, le courage d'aller dire à un très bon ami qu'on ne peut pas garder ça en tête. Toutes ces choses sont devenues malsaines. Hayley est redevenue raisonnable. Ou bien alors, essaye-t-elle juste de se prouver qu'elle n'a rien fait de mal. Mon enseignement religieux me bouffe le cœur, j'ai l'impression de ne rien pouvoir faire jusqu'au bout. Je sais que Matt ne voudra pas oublier, et moi non plus, pourtant, je me sens prisonnière, j'ai l'impression que je vais aller en Enfer.

Cette révélation je l'ai eue avec Zac. Zacharia Creed, il a toujours été gentil, et toujours aimant et toujours tout ce qu'il faut être pour être humain. Je veux dire faire partit de l'humanité qui n'est pas débile. On s'est disputé, purement, simplement, Josh n'était pas très ravi non plus. On a tous les trois pleuré. Oh oui, j'ai pleuré. Dans les bras de Zac, dans ceux de Josh, et toute seule aussi.
Comment ont-ils su pour Matt et moi? Je n'en sais rien, je crois que je leur ai dit. Oui, je leur ai dit. Mais pourquoi? Ce sont mes deux meilleurs amis, je leur devais bien la vérité. La foutue vérité. Et quand je dis la vérité, c'est aussi que Matt et moi, on est allé loin, mais on est pas allé jusqu'au bout comme il le voulait. Je lui ai fait comprendre que je ne voulais pas. Et il a comprit, avec beaucoup de respect. C'est pour ça qu'il est devenu un très bon ami.
Mais à quoi ça sert d'avoir des amis si ils ne peuvent même pas se voir sans vouloir se cogner? Je les déteste. Autant que je les aime.

Les gens passent, repassent et continuent leurs chemins irrévocablement sans s'apercevoir que je les regarde sans ciller. C'est alors que la porte de l'appart s'ouvre à la volée, laissant sortir un jeune homme brun, grand, Zac. Il fait semblant de ne pas me voir. Mais je sais très bien qu'il est venu vérifier si j'étais déjà partie. Eh bien non, je suis encore là. Et j'attends, rassembler toutes ses forces c'est censé prendre du temps non? Alors ça prendra le temps que ça devra. J'ai peur que Matt s'énerve quand je lui dirais "on devrait tout oublier". Peut être qu'il restera calme. Mais je ne suis pas sûre. Voilà pourquoi j'attends là, parce que c'est là que j'habite, et que ce logis c'est comme si il me protégeai. Je ne connais pas Matt dangereux, à vrai dire, je ne connais rien de Matt. Juste ses baisers, son touché. Rien.

Je ferme les yeux, et je soupire. Je regarde Zac, et juste au moment où il s'apprête à refermer la porte:
- Zac?
- Oui, quoi? répond-il en rouvrant la porte.
Je prends ma respiration:
- ... Non rien, dis-je en soupirant une deuxième fois. A tout à l'heure.
Et il referme la porte.
Moi, ce que je voulais lui dire, c'est que je sais. Je sais que tu m'aimes Zacharia Creed. Je sais, je sais. Je sais. Je voulais dire que je suis désolée, encore une fois. Et pourtant, là, j'ai raté. J'ai envie de pleurer, de me frapper la tête contre le sol. Comme une vraie conne. Je l'ai vraiment déçu. Mais Matt était si attirant. C'est pas une excuse valable ça.
Et pourquoi j'ai dit "à tout à l'heure", comme une vrai quiche? Une quiche. Voilà Hayley York est une quiche, pas comestible, trop de poivre et de piments, trop de connerie. Trop de tout ça. La parfaite Hayley s'est transformée en.. Y a même pas de mot. Et arrête de dire que c'est de la faute de Kurt, lui il n'a rien fait, c'est toi qui l'a suivi au début. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi même, sale conne.

Je marche dans les rues de Little Angleton. Heureusement que je ne suis pas avec Kurt, lui aussi il m'aurait maravée la gueule grave. Je sais bien que même si il est complètement débile, sexuellement autonome, il ne veut pas que je sois comme ça, pas moi, pas Hayley. Mais de toute façon, personne ne sait. Sauf Zac, et Josh, et Matt évidemment, mais sinon, personne ne sait. Peut être les poissons, mais vite fait, il fait trop sombre dans ce lac.

Je déambule lentement. Je pense que je vais aller sonner chez Matt. Ou non. Non, j'irais pas. Il habite avec Nephilim, je ne veux pas parler de ça devant elle. C'est une fille tellement bien, Nephilim. Un peu chiante parfois. Mais de toute façon, j'aime tout le monde. Même Natasha Cross je l'aimais bien. Je ne m'inquiétais pas quand je l'ai rencontré. En même temps, je ne savais pas que c'était elle, la Sorcière Noire. Maintenant, elle est morte. Et Luka dans tout ça? Luka, je ne sais pas, Luka je l'aime, elle a essayé de me pourrir le cœur pour que je l'oublie, mais j'ai pas pu. Et je suis sûre qu'on se rencontrera, bientôt j'espère, j'en rêve.

Les mains dans les poches de ma veste militaire kaki, j'avance. Je vais où? Bon, allez, chez Matt. Je ne suis qu'à quelques mètres. Mais là, je repars dans l'autre sens. Ce n'est plus de l'hésitation, c'est de l'assurance. J'entre dans le tabac. Randal me salue. Moi je fonce sur le coin cartes postales. A quoi ça sert d'acheter des cartes postales de l'endroit où on vit? J'en sais rien, mais certains le fond. J'en prend une, assez moche je dois dire, de la plage. La plage, c'est un bon endroit pour un rendez-vous, surtout si on doit parler à quelqu'un. Surtout si on doit s'expliquer avec quelqu'un. La plage ça détend, alors aucun de nous ne pourra s'énerver, lancer quelque chose à l'autre. Au pire on bouffera du sable. Alors c'est décidé, la plage, assez moche. Je paye, et n'essayez pas de comprendre pourquoi O'Brien, Randal de son prénom, me donne gratuitement un zippo noir, il fait tout le temps ça. Souvent. Quand c'est moi. Il fait ça pour moi.

Qu'en est-il de mon projet du début? Je suis toujours déterminée, pas de doute, plus de doutes. Peut être un peu quand même. Sûrement. Je doute. Merde. Je glisse ma carte postale dans la boîte aux lettres de chez Matt Drust et Nephilim de Sylphie. J'y avais écrit "là bas, Hayley". J'espère qu'il comprendra. En tous cas, moi j'y vais. J'y suis. Et j'attends, en jouant avec le zippo.
Si il ne vient pas, j'attends juste pour rien. Pour rien.

Quand enfin il arrive, combien de temps s'est-il écoulé depuis Randal O'Brien? Je n'en sais rien. Je ne sais jamais rien. Des fois, le temps j'y fais attention, pour les rendez-vous, les choses prévues, les habitudes. Et pour le reste j'm'en fiche complètement. Ce mini arrêt cardiaque lorsque vous pensez être en retard. On sait tous ce que ça fait. Mais ce n'est pas au sujet du jour. Il est là, il me prends la main. Non, c'est pas comme ça que ça doit se passer.
- Hayley..
J'enlève ma main de la sienne, parce que je sais que ça ne doit pas se passer comme ça. Je ne veux pas que ça se passe comme ça.
- Salut, dis-je d'une voix légèrement tremblante.
J'ai bien envie de pleurer. De toute façon, j'ai tout le temps envie de pleurer. Autant que ça se finisse vite. Je préfère pleurer dans les bras de Josh et Zac. Je préfère. Sinon, avec Matt ça deviendra plus compliqué. C'est déjà compliqué.

Hayley York, vous êtes une véritable débile, jamais aucun pensionnaire du Mystery n'avait fait cela auparavant, vous pouvez vous trouver un autre orphelinat et abandonner l'avenir d'Exorciste. Pandora aurait dit tout ça. Peut être pas. J'étais la meilleure, je suis devenue quelque chose qui s'approche de la pire. Mais ça peut s'arranger, n'est-ce pas? Je n'ai pas touché le fond, je ne vais pas aller en Enfer? Comme j'ai peur de l'Enfer. Quelle tête aurait le Diable? L'Enfer, on y est tous déjà.

Je baisse les yeux sur le briquet que je tiens toujours dans la main. Je l'ouvre, je le ferme, la flamme s'allume, s'éteint, s'allume, s'éteint. J'ai vraiment prit le coups de main avec les zippo, Randal a dû m'en donner au moins 10, c'est ça façon de me remercier pour un service quand il ne prête pas sa voiture. Et aujourd'hui? Je ne lui ai pas rendu service depuis si longtemps. Pourquoi aujourd'hui? Il a dû voir que ça n'allait pas, que j'avais une expression différente de celle enjouée que je prends habituellement. Randal, tu me donnes un briquet pour me remonter le moral, simplet que tu es.
Je ris doucement, toute seule, j'en ai presque oublié Matt. J'aurais aimé oublié Matt, comme je veux garder ça en mémoire. De toute façon, je l'oublierais un jour. Quand je serais une vieille comme Pandora. Je ris encore tout doucement. Ça me fait du bien.

Est-ce que faire peur à Matt, ça pourrait le faire changer d'avis sur moi? J'en sais rien, faudrait tester. J'ai envie qu'il reste un ami, juste un ami, rien d'autre, s'il veut s'en souvenir, qu'il le fasse, mais je ne supporterais pas qu'il en parle. J'ouvre encore ce fichu briquet, le bruit métallique va bien finir par énerver l'un de nous deux. Mais je m'en fiche.
Je ne sais pas vraiment pas où commencer. Dire "on oublie et on reste amis?"? Pourquoi pas. Est-ce que ça va bien passer? Je reste silencieuse. J'attrape la flamme avec ma main. J'ai jamais demandé à Pandora pourquoi les élémentaristes ne pouvaient pas se blesser avec leurs éléments, ça semble logique en même temps, mais j'aimerais connaître la raison scientifique. Encore soif d'apprendre, je n'ai pas tellement changé.
- Une si petite flamme, que je peux faire danser dans ma main, dis-je alors en faisant passer la flamme entre mes doigts.

Ces paroles semblent bizarres. C'est normal, je suis bizarre. Je ne me souviens pas avoir dit à Matt que j'étais "douée", il devait s'en douter, si près du Mystery. Peut être pas, peut être l'ignorait-il?
- Une si petite chose. Et pourtant, ajoutais-je en donnant de l'ampleur à la flamme pour qu'elle prenne la forme d'un oiseau, c'est dangereux.
Jouer avec le feu, oui, c'est dangereux, pas pour moi, pour lui. Lui il a tout à craindre. Moi je suis élémentariste, je m'en fiche. Et mon oiseau de feu s'envole puis disparaît. Je pouvais déjà faire ça avant. C'est le plus gros que je puisse faire.
Je prends une grande inspiration.
- Je me suis mise dans une drôle de situation, commençais-je, un sourire timide et crispé sur les lèvres. Je.. Je ne veux pas tout oublier, je veux juste qu'on en parle plus, qu'on fasse comme si ça ne s'était jamais produit.
Je lève la tête vers Matt. C'était en fait très facile à dire, maintenant que c'est sortit, attendre que Matt s'en remette. Je vais déjà un peu mieux. J'ai la conscience tranquille. Enfin presque. Et un nouvel oiseau de feu qui tournoi indéfiniment.

Menteur.. Menteur. Menteur. Menteur ! Pas de l'amour, menteur, tu n'arrives même pas à te l'avouer. Comme c'est triste. Oui, c'est triste. Pourquoi tu étais là, en février dernier, là près du lac. Pourquoi on a fait tout ça. J'ai aimé, oui, mais je m'en veux tellement. Parce que je ne pouvais pas vivre avec moi même sans en parler à quelqu'un. Et ce quelqu'un, ce sont même deux personnes, Zac, Josh, trois, il y a moi. J'ai choisis de leur en parler, j'aurais pu ne pas le faire. Mais je les aime, on vient du même endroit, là bas, dans le Tennessee, il est tellement loin notre Tennessee, avec les Appalaches, le Tennessee et son équipe de hockey. Notre orphelinat du Tennessee. Je suis tellement persuadée d'avoir mal fait.
Moi, je ne suis pas amoureuse, je voulais juste "jouer". C'est cruel, et pourtant c'est bien ce que j'ai fait. Débile Hayley, débile. Moi, je ne sais même pas pourquoi j'ai fait ça. J'en avais juste « envie ». Avoir envie c'est dégueulasse. C'était une erreur.

Je suis contente, parce qu'au moins Matt est d'accord. Mais il ment. Menteur.
- Et moi aussi je suis doué, mais je te jalouse car tu maîtrises tes pouvoirs. Pas moi !
J'écoute à peine cette phrase, qui me fait légèrement sourire. Je m'assieds par terre, sur le sable humide. Je vais en avoir plein mon pantalon, tant pis, au moins on sait d'où je viens. On sait que je ne suis pas roulée par terre comme une chienne.
J'ouvre mon briquet. Je le referme. Une, deux, trois, quatre, cinq fois. Et encore. Je réfléchis. Et je regarde Matt.
- Menteur.
Encore une fois, une forme avec le feu. Un papillon, petit, gracieux. Un papillon qui résiste au vent.
Matt est perturbé, ça se voit, ça se sent. Qu'il soit magique ou pas je m'en fiche, je sais qu'il ne va pas bien. Il essaye de se convaincre qu'il me voit juste comme une amie, mais c'est faux. C'est bel et bien faux. Pourquoi mens-tu? Pour ne pas ressentir la souffrance de l'échec, parce que je ne suis pas tienne. Parce que ça c'est encore mon choix.

- Menteur, répétais-je en serrant les dents.
Instantanément, je papillon se transforme en cheval. Je n'y fais pas attention. Ça m'énerve qu'il mente. J'étais si calme. Si calme.
- Tu dis que ça n'est pas de l'amour, tu mens.
Je reporte mon attention sur le cheval, finalement, lui, c'est mon seul ami valable, il ne parle pas, il a la forme que je veux, il m'aide à me défendre. Le feu. Merci papa, merci maman.
Cheval de guerre, un film de Steven Spielberg avec Jeremy Irvine, Tom Hiddleston, Benedict Cumberbatch et David Thelwis. Cheval de feu. Cheval.. Cheval? Je me lève brusquement! C'est comme si il n'y avait plus de Matt, comme si j'étais toute seule avec ma créature. Je n'ai jamais réussi à dépasser le pigeon. Un cheval, c'est plus qu'encourageant. Je me concentre, et j'essaye autre chose. Rhinocéros, ok. Vache, ok. Lion, ok. Et je tente l'éléphant. Non, pas ok. Je reviens au cheval, et je lui donne des ailes. Réussite.

Je ris, je ris de joie, comme une démente. Matt doit me prendre pour une folle, une vraie. J'ai réussi à faire un cheval! UN CHEVAL! Une cheval de feu.. Je n'y crois pas mes yeux. Instantanément, c'est comme si j'avais oublié pourquoi je suis ici, comme si j'avais oublié ma conscience et ses boniments, mais c'est enfermé, quelque part dans un coin, je n'y pense plus, je me concentre sur le cheval. Est-ce que je pourrais lui donner une conscience? Je veux dire, le faire se déplacer de son gré? Je crois que c'est possible d'y arriver.
Je me tourne vers Matt avec un grand sourire, j'allais lui dire « j'ai réussi », mais le pourquoi je suis là revient dans ma tête. Mon sourire ne s'efface pas pour autant. Je suis heureuse. Passer de l'énervement au bonheur, c'est bien difficile, d'un coup comme ça, pourtant ma magie a réussi. Pourquoi à ce moment là, est-ce que la magie sent la tristesse, l'anxiété? Possible. J'y crois, ce n'est pas une coïncidence.

Matt est toujours perturbé, normal, je suis passée de ça à là, j'ai franchis le cap de deux sentiments différents très vite, trop vite pour quelqu'un qui pense avoir mal fait. Je suis sûre que la magie ressent ces choses là. Sûre. Sûre qu'elle m'aide à me sentir mieux. C'est plutôt une réussite, elle doit être fière, la magie.
Mais Matt, lui il n'est pas vraiment dans son assiette. Pour sûre, j'aimerais bien qu'il sourit, même si j'ai dit ne pas vouloir de lui comme amant, plus comme un ami, ça le contrarie, je le sais bien. Je peux faire quelque chose pour lui. Jusque là, je n'avais pas vraiment réussi à faire quelque chose avec mon don. Enfin si, mais pas toute seule, plus avec l'aide d'un professeur. Souvent avec un professeur.
L'influence, ça permet de faire partager ses émotions, l'influence influence les émotions des autres avec les tiennes. Moi, je veux influencer celles de Matt, parce que à cet instant je suis heureuse, et qu'il ne l'est pas. J'avais jamais tenté toute seule avant. Il est temps.
Je ferme les yeux et je me concentre, « Matt, Matt, Matt, Matt », diriger mes émotions sur lui. Il tirera moins la gueule. Je ne sais pas, après une minute de concentration, je rouvre les yeux. Est-ce que j'ai réussi? Est-ce qu'il est content et qu'on peut enfin oublier toute cette histoire?
Tandis que le cheval de feu galope de lui même, ou peut être je le contrôle inconsciemment, je n'en sais rien, je garde les yeux sur Matt, regard intrigué. Dites moi que j'ai réussi, dites moi, mon Dieu, je ne veux plus entendre parler de cette histoire, l'influence c'est ma porte de sortie.

L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux, pour le témoigner,
Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable,
Pondait tous les jours un œuf d'or.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor.
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable
A celles dont les œufs ne lui rapportaient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.
Belle leçon pour les gens chiches :
Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus
Pour vouloir trop tôt être riches ?

Moi, je suis un peu la poule aux œufs d'or de Matt, mais au lieu de me tuer pour trouver un trésors inexistant, il a choisit de me garder en vie, pour une longue amitié fraternelle.
- J'aurais tort de ne pas accepter ton amitié, me dit-il avec une voix légèrement tremblante. Et une pointe de bonheur. Je ressens ce bonheur, je sais que j'ai réussis. Ça ne durera pas très longtemps, enfin, quand je serais partie, les effets se seront un peu dissipés, il restera un débris de bonheur, voilà tout. Mais un débris c'est déjà assez.

Parce que le bonheur ça n'est pas superflus, il ne faut pas l'abandonner, il peut se casser sur le sol, se briser, et briser des êtres avec lui. Parce qu'on m'a toujours dit que j'étais "trop heureuse tout le temps" et que j'ai toujours répondu "que c'était dans ma nature et que c'est la plus belle des choses". Parce que le bonheur rend heureux, parce que ce paragraphe ne sert à rien mais que je suis contente de l'écrire parce que je me fais chier. Adieu.
Le bonheur est un état durable de plénitude et de satisfaction, état agréable et équilibré de l'esprit et du corps, d'où la souffrance, le stress, l'inquiétude et le trouble sont absents.

- Je ne te mens pas. Je suis sincère Hayley. Je veux ton amitié. Pas autre chose. Ressens moi, est-ce que je veux autre chose ?
Matt, tu te persuades de choses. Je suis désolée, c'est de ma faute, mais n'est-ce pas mieux comme ça?
Oui je ressens bien que ça change, lentement, mais ça change, que tes sentiments deviennent de moins en moins ensevelissant, je ressens moins le poids de ma connerie quand tu me dis qu'être mon ami c'est ce que tu veux, quand tu me dis qu'on sera les meilleurs au monde, et qu'on bravera vents et marées pour prouver au monde qu'on n'est qu'un tas de crétins et fiers de l'être. Parce que moi aussi je le veux.

Matt ouvre ses bras, je peux pas refuser cette fois, on est d'accord, il n'y a rien d'amoureux, plus rien lié à l'amour dans notre relation. Enfin, il y a toujours un peu, ça ne disparaît pas comme ça, d'un claquement de doigts, mais Matt oubliera petit à petit que son sentiment amoureux envers moi a existé. Alors merci.
J'avance lentement vers lui et je me jette dans ses bras. Je ne vais pas dire qu'ils m'avaient manqué, parce que j'ai encore quelques réticences à me dire qu'il y a quelques jours, lui et moi on a.. Je suis vraiment une débile puissance 3 gillions. Je m'en veux toujours, je nous en veux toujours, on est si bête quand on est jeune. Une baffe interstellaire, je la mériterais sûrement, pour ma connerie, pour Matt et moi.

Mais voilà, c'est fini, il n'y a rien ici, juste le calme qui règne, et deux personnes enlacées. L'une avec d'énormes regrets, elle va d'ailleurs retourner chez elle pour dire à Zac Creed qui est amoureux d'elle qu'il pourrait bien arrêter de bouder parce que c'est fini. Et puis l'autre, l'autre je sais pas à quoi elle pense cette personne. A quoi tu penses Matt?
Je me dé serre de Matt et je regarde autour de moi, plus de cheval, ça ne pouvait pas durer bien longtemps, pas encore le niveau. Je recommence à jouer avec mon briquet, nerveusement. Parce que la dernière fois que j'ai dit au revoir à Matt, bah je ne lui ai rien dit, pas vraiment. Je suis partie comme une voleuse, ma serviette sur l'épaule, évitant son regard, et en croyant que tous ceux que je rencontrais pouvaient lire sur mon visage ce qu'il s'était passé.

Bon alors, il est temps? Oui, c'est le moment de dire "bye bye" à Matt, c'est nouveau pour moi, après avoir fuit chacune de nos rencontres, me voilà devant lui pour lui dire "bye". Alors, on fait comment Hayley? Tu dis au revoir à pleins de gens, et pourquoi avec lui t'y arriverais pas? Parce que je suis conne. Non, c'est parce que c'est Matt, voilà tout.
Je me hisse sur la pointe des pieds, parce que Matt est vraiment plus grand que moi même si on n'en a toujours pas parlé dans ce RP, ni dans l'autre d'ailleurs, et je pose un bisou sur sa joue. Puis je le regarde dans les yeux.
- Bye.
Enfin, c'est tout ce qu'il y a à dire. Rien d'autre. Parce que de toute façon, je m'en vais, je ne me retourne même pas, je suis contente de moi, et je suis contente pour Matt, parce que finalement aucun de nous n'a pleuré et qu'il n'y a pas eu d'adieux déchirants, et aussi parce que je suis sûre que Matt est un ami vraiment génial.

Et le reste est silence ~ Hamlet, William Shakespeare.

[FINI]