Sebastian & Dorian
J'ai échoué à le ramener.
La rage est ma compagne.
Me pardonneras-tu ?

Le corps était sans vie, juste devant moi. Un corps ? Ce n'était même plus ça, seulement des lambeaux de chair et du sang. Du sang partout. On pouvait néanmoins discerner les traits de son visage. Ils avaient dû être beau. Ils l'avaient été. Cette esclave, je l'ai baisé quelque fois et surtout récemment, lorsque je l'ai emmenée en Norvège. De belles jambes, une paire de petits seins magnifiques et une entre-cuisse confortable. Elle n'avait que deux missions. La première, me satisfaire, était accomplie. La seconde, verser un sédatif dans la commande de Dean, avait échouée. Oh, elle avait bien versé le sédatif, mais dans ma commande. Ce faisant, je m'étais progressivement assoupi et mon frère s'était servi de moi pour pouvoir s'enfuir. J'étais rentré en France, bredouille, un échec cuisant sur la conscience et la rage qui l'accompagnait. Arrivé au QG j'étais allé au quartier des esclaves prendre le fils de cette salope, je l'avais tué devant ses yeux et ceux des autres en expliquant l'erreur commise, puis je l'avais tuée. Ceux qui servent mal ou qui désobéissent ne font pas long feu avec moi. La souffrance se lisait encore sur son visage. Les esclaves présents m'avaient regardé faire, sans broncher.

A présent ils nettoyaient mon carnage. Je détournai le regard et m'en allai. Mes pas résonnaient avec fureur dans les couloir du Dark Descent. J'envisageais de monter au bar qui couvrait l'entrée pour prendre un verre et regarder les filles se déhancher un peu mais finalement ce n'était pas ce genre de distraction dont j'avais besoin. Le sang appelle le sang. Et Dean s'était bien foutu de ma gueule. Je n'avais pas encore défait ma valise et pas encore mis un pied au manoir. Il m'avait d'abord fallu régler le cas de cette putain. Les esclaves présents sur mon passage s'inclinaient avec crainte et les sorciers noirs hochaient la tête avec respect sans qu'il ne me soit obligé de leur répondre. Même cela ne m'apaisa pas. C'est enragé que je débarquai devant le bureau de Dorian. J'eu envie de rentrer sans frapper mais c'était un peu suicidaire tout de même aussi je respirai un grand coup pour me calmer et toquai doucement. Lorsque la permission me fut accordée, je rentrai.

Soudainement je me retrouvai devant mon frère, sans savoir quoi dire. La rage était encore là, mais comment lui expliquer ? Jamais je n'avais eut envie de décevoir Dorian. Jamais. Je me mordis les lèvres. Merde ! Il attendait. Mais il n'attendrait pas longtemps. Je le dérangeait peut être même. Pour meubler le silence, je m'avançai et m'assis sur une chaise en face de lui. Je regardai autour de moi avant de me décidé à affronter son regard. Je me sentais tout petit face à lui et si petit que cela me faisait mal d'être celui qui annoncerait un échec. Que Dorian me dise qu'il a foiré et moi je lui dirais que ce n'est que partie remise : il est le chef de Croix, il ne peut que gagner. Mais voilà, c'était moi qui avait planté.

- Hum, j'ai retrouvé Dean en Norvège mais à cause d'un putain d'esclave qui a mis le sédatif dans mon verre plutôt que dans le sien, j'ai... j'ai pas pu le ramener.

Voilà, cash, je savais qu'il ne fallait pas tergiverser avec lui. Après tout c'était complètement inutile. Je serrais les dents avec hargne.

- Je reviens tout juste, je l'ai butée mais...

Je me tue subitement. Dorian était devant moi mais je ne savais pas ce qu'il pensait et je n'aimais pas du tout ce silence entre nous. Je ne pouvais pas réellement m'excuser, par fierté je n'avais pas du tout envie de le faire, mais si je devais passer par cette case... Parle bordel ! Parle !

Sebastian & Dorian
J'ai échoué à le ramener.
La rage est ma compagne.
Me pardonneras-tu ?

Sa main... Sa main était le seul signe trahissant une certaine nervosité. Je ne rajoutais rien, attendait qu'il parle. Je connaissais trop bien mon frère pour savoir qu'il n'était pas content du tout. Et à voir les cernes qu'il se tapaient, cela faisait un bon moment qu'il n'avait pas dormi tranquillement. Faîtes avec moi le calcul : Dorian + fatigue + énervement + calme totalement apparent = mauvaise augure. Je serrai les dents, serrai les poings, essayant de me calmer au maximum. Je ne m'énerverais pas. Sans mot dire, Dorian se leva, toujours aussi calme d'apparence et alla prendre deux verres qu'il rempli d'un bon whisky. Depuis combien de temps n'avais-je pas avaler une goutte d'alcool ? Oh god ! Bien trop longtemps. Une esquisse de sourire se dessina sur le coin de ma lèvre quand il déposa le verre devant moi mais je restais de marbre pour le reste de mon corps. C'était à lui de parler.

- Peu importe. Dean tombera dans nos mains bien assez tôt Sebastian. Il paiera par le sang le fait d’avoir trahi le nôtre. Et tu seras la, avec moi, pour l’entendre hurler, comme cette petite pute de Mathias.

Je bus comme lui une gorgée. Le liquide se fraya un chaleureux passage dans ma gorge pour descendre dans mon œsophage puis mon estomac. J'étais soulagé que Dorian n'ait pas explosé et à la fois cela me mettait très mal à l'aise. Mais la déception était là, dans ses yeux. Je ne détournai cependant pas le regard. J'avais honte oui, mais je gardai une certaine fierté, un honneur. Détourner les yeux ? Et puis quoi encore ? Dire que j'étais totalement à terre ? Je suis un sorcier noir, un Cross, je ne serai jamais à terre. La déception me laissait un goût amer dans la gorge que même une deuxième gorgée de whisky ne parvint pas à éliminer.

- Je ferais couler leur sang, je les ferais hurler.

Moi je ne trahirais pas notre sang, je ne trahirais pas Dorian. On m'avait inculqué dés la plus tendre enfance que le sang était tout, que notre famille était tout. Nous avions la puissance, la grande, la richesse, nous avions le sang. Sous les coups, les insultes, avec douleur et cris, avec la mort, avec la peur, j'avais appris à être un Cross. Je n'avais certes pas reçu l'entraînement de Dorian car père était mort avant, et puis Dorian était l'aîné, mais j'avais travaillé dur pour ne jamais lui faire honte. J'y arrivais plutôt bien. Mais le décevoir, malgré tout, je le faisais, de temps en temps.

- Comment vont les affaires ici ?

Les affaires ? Je souris légèrement, buvant encore un peu de whisky. Là pour le coup je ne l'ai pas déçu. Je m'installe confortablement dans le fauteuil.

- Hum plutôt bien. Ysoline est un peu déprimée à cause de Mathias mais surtout en colère. Edouard grandit bien, nous en feront un fier Cross. Laure se remet de ses blessures et j'ai commencé à travailler avec elle. Nous avançons. Voilà pour ce qui est du manoir.

Le manoir. Une des choses qu'il m'avait confiée avant de partir faire la guerre sans moi. J'avais ragé un temps, je m'étais résigné. Ceux qui avait osé me traiter de lâche avait finit à mes genoux.

- Pour ce qui est de Croix, le trafic de drogue avec les Pays Bas fonctionne à merveille. Ils sont vraiment cons ces humains ! Oh j'ai dû buter Ivaan Poliakov, il commençait à nous chercher des crasses.

Ne croyez pas que la fortune des Cross est fondée seulement sur de l'argent propre, c'est faux. Poliakov ? Un connard de sorcier solitaire avec qui on faisait des échanges de bons procédés. Mais là il en demandait trop et devenait trop menaçant à mon goût. Le fait qu'il m'avait craché à la figure rentrait aussi dans la donne : il avait souffert. Mais je ne parvenais pas à me sortir Dean de la tête.

- Putain ! Désolé, je suis un poil énervé... J'ai envie de frapper quelque chose...

Sebastian & Dorian
J'ai échoué à le ramener.
La rage est ma compagne.
Me pardonneras-tu ?

- Il y a des choses plus importantes...

Ca y est, Dorian est repartie en mode je suis le chef de Croix. Je dois avouer qu'il y a certains moments ça me gonfle. Je ferais tout pour lui et je le fais bien, mais il ne le voit pas, jamais. Besoin de reconnaissance de merde ! N'empêche qu'il pourrait avoir un peu de gratitude à mon égard. Je sers les dents. Je le vois, je l'énerve. J'ai envie de partir, maintenant, me soustraire à son regard. On dirait que tout est ma faute, on dirait que je ne fais rien de bien. Mai sil n'a qu'à s'en prendre qu'à lui même : il m'a abandonné. S'il voulait que j'ai une bonne éducation, il fallait s'en assurer. Je me suis éduqué tout seul. Certes Dean m'a aidé, mais Dean n'est pas à proprement parlé quelqu'un de bien éduqué. Je bus une longue gorgée de whisky, finissant mon verre. L'alcool réchauffa ma gorge.

- Frappe donc les prisonniers, il y en a un qui pourrait te plaire.

J'étouffe un rire sarcastique. Le Mystery ? Au cas où Dorian ne l'avait pas appris, ils étaient deux maintenant. Et ce grâce à moi. Il voulait les deux, je lui avais offert le second. Parfois j'ai envie de prendre sa place. Dorian est trop concentré sur certains objectifs et ça râle derrière. J'arrange cela. Il ne le sait pas, ne le voit pas, comme d'habitude. Si j'étais à sa place, peut être que j'y arriverais mieux. Mais voilà, sa place, je ne la veux pas vraiment. En fait je m'en fou. Je sers les intérêts de la famille Cross. C'est tout ce qu'il reste à la fin, l'héritage, le nom. Il ne faut pas le bafouer. En prenant le Mystery, Dorian avait joué gros, mais il marquerait l'histoire à jamais. Enfin bref, son idée me plaisait bien tout de même. Pourquoi pas passer un peu mes nerfs sur Declan ou bien Clyde ?

- Sebastian, il faut absolument que tu veilles à ce que personne s'échappe. C'est vraiment primordial. Et si il y en a un qui s'échappe, je veux à tout prix que tu le rattrapes. Et que tu n'échoues pas comme avec Dean.

Me prend-il pour un incapable complet ? Je frémis et d'un coup je me lève, plaquant avec force mes poings sur le bureau, insensible à la douleur qui jaillit. Je suis face à lui, proche de lui, et énervé.

- Oh mais je fais mieux que ça ! Je t'ai ramené le deuxième Mystery !

Je le regarde avec rage. Pour qui me prend-il ? Un larbin ? Je ne suis pas un sorcier noir de bas étage. Mon cerveau, je sais m'en servir, mes pouvoirs aussi, et je connais pleins de runes. Je l'ai dit : j'ai travaillé pour être à la hauteur et je défis quiconque de dire le contraire. Ca ne semble jamais suffisant pour Dorian.

- Je ne suis pas un de tes larbins bordel ! Demande à d'autres de garder tes prisonniers, je m'occupe de choses assez importantes comme ça ! Un de nos compte offshore des îles canaris a totalement été ruiné par ton attaque au Mystery et je me suis assuré qu'il se remplisse à nouveau. De même que des connards avaient décidé de prendre ta place pendant que tu n'étais pas là. Je les ai liquidé ! Alors non je ne serais pas un putain de gardien d'otages !

Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas énervé contre Dorian. Non pas que j'ai peur de lui mais habituellement je préfère essayer de lui tirer un sourire ou une conversation agréable, bref une relation fraternel, plutôt que toute cette rage...

Sebastian & Dorian
J'ai échoué à le ramener.
La rage est ma compagne.
Me pardonneras-tu ?

Le regard de Dorian était un regard que j'avais si souvent observé et dont les moindres changements signifiaient pour moi quelque chose. Il n'y avait pas à dire, s'il affichait un air glacial mais intéressé, la seule chose qu'il y avait à retenir du visage qu'il était en train de me servir c'était bien ce froid polaire. Il me semblait que je l'ennuyais. J'ennuyais souvent mon frère et ce bien malheureusement. J'aimais lui rendre compte de ce que je faisais mais je supposais et avec raison qu'il s'enquérait de tout ce qu'il se passait et que je n'étais alors qu'une rediffusion. Je me calmais néanmoins un peu, face aux efforts qu'il mettait en place pour que ce soit le cas. Lui restait stoïque, comme a presque toutes occasions. J'étais plus sanguins, ce qu'il détestait.

- Tu ne comprends pas. Si je t'ai donné la responsabilité du manoir et du QG c'est que je crois en ta capacité à nous défendre. Si Orphéo riposte et font deux attaques simultanément : ici et au Mystery Orphanage, je ne pourrais pas être aux deux endroits. Et à qui je confie la garde de deux endroits qui me sont cher ? A toi. Je ne donne pas mes lieux de pouvoirs simplement, tu devrais le savoir.

Je me rassis, serais les dents. Tout cela je le savais pertinemment mais le savoir n'arrangeait rien. Je n'avais pas besoin de savoir quelque chose, j'avais besoin qu'il l'exprime. Je détournai quelque peu le regard en lâchant entre mes dents :

- Je sais...

Les reproches allaient maintenant tombé. Il s'était levé, puissant et fier, droit et hautain, Dorian, dans toute sa splendeur. Splendeur que je pouvais avoir mais ce serait l'usurper. Bien que parfois je parlais de mes prétentions au pouvoir, il fallait savoir que ce n'était jamais réellement sérieux : je n'avais aucune réelle envie de diriger Croix. Trop de boulot ? La logistique, je pouvais faire, les paperasses, je pouvais faire, commander, je pouvais faire, alors quoi ? Ce n'était pas vraiment une question de pouvoir, mais de vouloir, tout simplement. Mon frère était chef et je n'avais pas le moins du monde envie que cela change.

- C'est ce qu'il te manque. Tu attends sans cesse une récompense pour ce que tu fais. Tu crois que le monde s'arrête de tourner si tu n'es pas là. Tu parle trop sans réfléchir. Tu es bon Sebastian mais tu pourrais être excellent. Simplement, j'ai l'impression que parfois tu ne te donne pas les moyens de le faire.

Je ne repris pas de l'alcool qu'il m'avait servit. Je devais bosser encore, après, et être légèrement désorienté même si ce n'étaient que deux petits verres de whisky, je préférais l'éviter. On ne savait jamais qui pouvait vous attendre au coin d'un couloir, patiemment, un couteau prêt à trancher votre gorge, à massacrer cette peau si fine et si soyeuse, à la souiller de rouge.

- Le monde continuera d'avancer si je disparais, ça a toujours été le cas, ça le sera toujours. J'ai... Je n'ai peur que d'une chose Dorian et nous savons tout les deux que ça n'est pas de ça.

Je ne le regardais plus, je fuyais complètement et littéralement son regard. Je n'ai peur que d'une chose, une seule petite chose insignifiante pour un sorcier noir, une chose qu'il a déjà faite et qu'il referait sans hésiter, une chose à laquelle il se fiche de penser car finalement cela n'importe peu pour lui. Il le sait, il s'en moque : j'ai peur qu'il m'abandonne.

- Je serais toujours avec toi, de ton côté. [...] Dorian ? Apprend moi. Je n'ai aucune prétention de te voler Croix ou quoique ce soit d'autre, tu le sais, alors apprend moi et je pourrais être le meilleur, pour toi.

Je le regardais maintenant droit dans les yeux. Il y avait deux solutions : soit il acceptait, peu probable mais on ne pouvait jamais réellement savoir, soit il refusait. Il pourrait me rétorquer qu'il est le Chef des Cross, de Croix, qu'il n'a pas de temps pour moi, que je suis grand maintenant, que je dois me comporter comme un adulte. Je me comportais comme un adulte, mais je savais reconnaître quand je ne pouvais plus avancer tout seul.

Sebastian & Dorian
J'ai échoué à le ramener.
La rage est ma compagne.
Me pardonneras-tu ?

Tout le monde suppose que les sorciers noirs se sont appelés noirs parce qu'ils trouvaient que cela sonnaient bien avec ce qu'ils faisaient, leurs sombres actions, les meurtres des mêlés... Ils auraient pu s'appeler les sorciers rouges, pour le sang qu'ils versaient. Noir, ils s'appellent les sorciers noirs, noire comme la nuit, parée de ses multiples étoiles. Mais la vérité c'est que si les sorciers noirs s'appellent ainsi c'est parce que c'est la couleur que l'on associe volontiers au mal et que c'est Orpheo qui a choisit de les appeler comme ça. Reprendre cette idée, y insuffler la peur, voilà ce qu'on fait nos ancêtres : ils ont amener le monde à craindre les sorciers noirs. Si cela a rendu la vie un peu dangereuse, cela a permis au monde magique de nous offrir sa considération. Nous ne sommes pas à laisser de côté et à oublier comme un vieux cauchemar qui traîne, nous ne sommes pas à ignorer comme une araignée dans le coin d'une chambre car nous avons prouvé que nous pouvons influencer le monde et de la plus forte manière qui soit : dans le sang, la haine et la peur.

Dorian eut l'air surpris quant à ma demande. Que croyait-il ? Que je lui demandais d'être son caniche, de le suivre tous les jours, à tous moment ? Je ne demandais pas plus qu'un peu de temps, un tout petit peu, une fois, de temps en temps, et non ce dédain qu'il pouvait avoir face à mes erreurs, aux erreurs qu'il avait permis que je fasse puisqu'il n'avait rien fait pour qu'elles n'arrivent pas. Je ne demandais pas d'être son apprenti ou quoi que ce soit qui pouvait s'apparenter à quelque chose de dégradant et pour moi et pour lui. Après tout j'avais presque la trentaine maintenant, il était hors de question que je me fasse passer pour un apprenti. Je ne ferais que me ridiculiser et il ferait de même. Je savais qu'il comprendrait aussi je ne clarifiais pas la situation. Apprendre, de lui, de temps en temps, ne signifiait donc pas être un toutou qui le suivait, observant ses faits et gestes.

- Première leçon : ne baisse jamais ta garde comme ça. Même devant moi.

Je souris légèrement sarcastique.

- Oh Dorian, quand comprendras-tu qu'avec toi, je dois toujours être sur mes gardes ?

Cela n'avait rien d'une attaque et c'était même dit sur un ton plutôt joyeux, ironique. Car après tout, mon frère n'était pas connu pour être la personne la plus pacifique du monde. Dorian ne disait rien, comme à son habitude, il restait lui même, calme et secret. Il ne se permettrait pas d'accepter comme ça, mais la surprise et l'intérêt qu'il venait de manifester m'avait fait comprendre que ma proposition n'était pas passée dans l'oreille d'un sourd. AU mieux je pouvais espérer une réelle relation de coopération qui nous amènerait tous les deux à faire de grandes choses. Car mon frère avait beau être un modèle de beaucoup de choses, je ne pouvais oublié qu'il ne restait qu'un sorcier, un être vivant, de chair et de sang, respirant comme vous et moi. Je connaissais certaines limites de Dorian, non pas parce qu'il me les avait offerte comme je pouvais le faire pour lui, mais parce que je l'avais observé. Il était le chef de Croix, mais devant moi, il ne jouait pas le même jeu, devant moi il était Dorian, mon grand frère. Et même si parfois la différence pouvait être infime, je pouvais déduire beaucoup de choses de mon frère. De même que je voyais ses limites, sans pour autant lui proposer de les dépasser car alors il me prendrait de haut (je suis le petit frère, pas celui qui est supposé montrer le chemin) je pourrais tout de même l'amener à le faire, doucement, sans qu'il s'en doute.

- Deuxième leçon, bois ton verre, saleté.

J'éclatais d'un rire léger. Le fait était que Dorian avait sourit. Je remarquai que si ma présence l'avait d'abord ennuyé et qu'il m'avait fait de nombreux reproches, je l'avais tout de même amené à sourire, à oublier un peu, pour une fois, que tout un monde pesait sur ses épaules. Le rôle d'un grand frère est peut être de veiller sur son petit frère, dans toutes les histoires, mais ce que ne savent pas les histoires, c'est que le petit frère veille aussi sur le grand frère,

- A la tienne alors ! A Croix, et au Cross !

Je levai mon verre et avalai une nouvelle gorgée d'alcool. Je finis rapidement le verre et ma gorge se mit à brûler un peu de cette douce chaleur qui annonce quelque peut l'ivresse, tel un murmure dans le vent, reflet d'un cris au loin. Il faudrait bien plus de verre pour me rendre saoul mais la sensation présente était déjà bien agréable.

- Je passerais sans doute voir nos deux invités. Je pense qu'un peu de détente me ferait le plus grand bien. Je crois que tu devrais venir. Juste un moment, toi et moi, comme il y a bien des années. Je sais que tu es très occupé Dorian et j'essaye au maximum d'alléger tes journées. Cela te permettrait de faire une pause. Après nous pourrions trouver d'autres plaisirs et passer une bonne soirée.

Je pensais à plein de chose mais les mots bonnes soirées permettaient d'imaginer tout ce que l'on voulait ainsi cela laissait le choix à Dorian.

HRP:

Sebastian & Dorian
J'ai échoué à le ramener.
La rage est ma compagne.
Me pardonneras-tu ?

Je me souviens encore de la première fois où j'ai compris le réel sens de notre petite devise. Le sang est tout. Il coulait dans mon dos, souffrant l'affront du fouet ayant lézardé ma peau d'enfant. Dorian me punissait sous le regard stricte de Père. On ne relève pas les humains, on ne s'abaisse pas à leur niveau. Il m'a fallut la douleur pour le comprendre. Il a fallut gâcher ce sang béni avant que je puisse entrevoir sa beauté et sa rareté. J'ai payé mon ignorance de mon corps et de mon innocence. La cicatrice balafre toujours mon dos, ténue, à peine visible. Mes parents auraient pu décider de la faire enlever. On n'enlève pas une leçon qui doit rester graver et tant pis si c'est dans la chair qu'elle se remémore. Aussi, vivre chez les Cross et surtout en tant que Cross m'a amené à comprendre bien des choses qui ne s'acquièrent qu'avec douleur. C'est pourquoi quand les mots mielleux sont sortis de la bouche de Dorian, quand ils sont venus toucher mon coeur avec le délice qu'on les compliments, je n'ai pu que ressentir de l'amertume.

Pas assez. Je ne suis pas encore quelqu'un de bien. En passe de le devenir serait plus juste. Je veux de la reconnaissance, et quand il semble que je l'ai, je ne la mérite pas. Il faut que j'accepte d'un hochement de tête mais que mon coeur refuse. Je pense alors à tout l'entraînement que je dois faire pour arriver à être ce que je veux être. A la hauteur. Il me reste trop de chemin. Je ne m'assombris pas, je cueille ce sentiment contradictoire qui vibre dans mon ventre. Le contentement est dur à apprécier car en regardant mon frère, je me demande s'il le pense vraiment. J'ose un sourire et me décide à laisser passer l'amertume. Il faut aller de l'avant et s'autoriser des petits coup de pouce, des moments de félicitation, même si l'on n'a pas encore totalement atteint son but. Je vois le visage de Dorian hésiter quelque peu. Ce n'est qu'une lueur à peine visible chez lui. Il semble toujours sûr de lui qu'on ne peu que supposer qu'il livre un combat entre travail et plaisir. Et à mon grand plaisir, je vois que je gagne alors qu'il se lève.

- Allons-y, ca ne me fera pas de mal. Et puis j'ai quelques petits trucs à t'apprendre encore, même à ce niveau là.

J'hoche la tête. La torture est un art qu'il maîtrise parfaitement. Père m'avait montré les bases, Dean l'avait médiocrement succédé puis alors que Dorian était revenu, j'avais pu contempler le gouffre qui nous séparait. Je n'étais qu'un boucher. Et puis quelques années avaient filé et j'avais pu aiguiser mon scalpel.

- Cela tombe bien, c'est une de mes matières préférées !

Nous nous dirigeons tranquillement vers les bas fonds du QG. Sur notre passage on s'incline quand on est esclave, on salue respectueusement avec crainte quand on est sorcier de bas étage, et on s'écarte avec déférence et admiration quand on fait parti des grands de Croix. Les deux frères Cross... Ils peuvent nous regarder tant qu'ils veulent : nous réussirons à prouver que nous sommes les meilleurs. La puissance de notre famille a toujours été telle que nous avons toujours été derrière Croix et maintenant plus que jamais, il faut raffermir notre prise sur l'organisation malgré que nous ne sommes plus beaucoup.

FIN