Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...

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 Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...

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Ange & Démon
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Ange & Démon
MessageSujet: Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...    Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...  EmptyVen 6 Juil 2012 - 18:46


    Le monde des rêves à celui du reflet...

    Je crois que j'ai passé pas mal de temps éloigné de mon maître et je peux vous assurer qu'il me l'eusse bien fait regretter. Entraînement intensif, plus tôt que d'habitude, alors qu'en se couche aussi plus tard que d'habitude. S'il continue, je risque de mourir avant même d'avoir atteint mes 18 ans. Bref, il est cinq heures du matin et je suis dans la salle de bain pour prendre une douche chaude, Ethan m'avait réveillé à quatre heures du mate, pour que j'aille courir une bonne petite heure. Après ma douche, je suis censé prendre mon petit-déjeuner et reprendre l'entraînement, le matin on va entraîner le physique et l'après-midi la force mentale en lisant des bouquins dix fois plus grand que moi... Sérieux, je vais mourir si ça continue ! Dire qu'à l'origine, je cherche seulement à retrouver ma famille, mes parents, être exorciste c'était le rêve de ma belle-mère pas le miens. Mais je dois retrouver les traces d'un quelconque passé, des Halliwells.

    Si en on revenait à la salle de bain... Je suis rentré dans celle-ci, avec une serviette, ma brosse-à-dent et d'autres linges. Je me déshabille pour mettre aux sales celui avec lequel je venais de trottiner une heure environ. Bien sûr je le fais sous, la demande de mademoiselle Mystery-Temple, la gonzesse d'Ethan... Putain, il n'a pas perdu ses vieux os l'ancêtre, c'est qu'elle est jolie la p'tite dame. Et puis un nouveau venu aussi, Akira... Non mais, pourquoi je me suis retrouvé dans une famille moi ? Au début, je n'étais censé qu'être un élève, je vous jure ! Bref, à la douche. Non plutôt au bain... Je laisse l'eau couler dans la baignoire, j'étais pensif... Mathias, cette fille qu'une partie de mon être aime et qui cette partie, est Kara. Mathias, je sais où vie, je sais où se trouve son Manoir vu que j'y ai été esclave quelque temps, mais le problème, c'est qu'il faudrait être cinglée pour y retourner seul. J'ai vu la-bas les Cross, enfin non... En réalité Kara a vu les Cross, car c'est elle qui y a été esclave.

    Une fois l'eau à bonne température et une fois ayant pratiquement rempli une bonne partie de la baignoire, j'entre sans me faire prier. M'allongeant dans cette chaleur liquide avec la mousse du savon tout autour de moi, je ne pouvais que me détendre. Ah ! En face de moi se trouvait un miroir envahit par la buée, je regarde un moment le vitrail du miroir en question avant de m'exprimer d'une voix fatiguée et basse.

    « Salut... »

    Je me redresse pour enlever la buée sur le vitrail du miroir...

    « Salut Dji. »

    Kara se trouvait de l'autre côté du miroir, à la place de mon reflet... Oui, depuis qu'elle avait franchi le miroir qui nous séparait, à présent je la voyais constamment dans la réalité. Heureusement, je suis le seul à la voir, à me voir tel que je suis vraiment... Les autres voient mon reflet physique normal, mais moi je vois mon reflet spirituel qui, est Kara. La première fois je fus assez choqué, ben en même temps, il faut me comprendre. Imaginez sortir d'un bain, vous êtes nus et vous avez un miroir en face de vous... Et votre reflet est une version de vous du sexe opposée. Oui, mais voilà avec le temps, on finit par laisser telles, que sont les choses. Aujourd'hui, je suis désormais habitué à me voir avec une paire de poitrines et sans pénis en face d'un miroir, heureusement d'ailleurs. Et puis, à quoi bon être gêné, si au finalement, la fille que je vois dans le miroir n'est autre que moi ? L'eau chaude est si bonne, que je n'eusse pas remarqué mon sommeil soudain...

_________________

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Dernière édition par Djibrïl G. Halliwell le Sam 7 Juil 2012 - 18:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...    Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...  EmptyVen 6 Juil 2012 - 22:42

« Même avec un miroir je refuse de te partager... »

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*You belong to me and only me, darling.*



Miroir miroir, mon beau miroir dis-moi, qui est l'homme le plus doux, le plus gentil mais le plus seul sur cette misérable planète ?

Je m'ennuie.
Tic, tac, tic, tac.
Je suis fatigué. Épuisé. Et las.
Tic tac.
Deux heures du matin. Seulement.

Le temps s'est encore arrêté... je me demande bien pourquoi.

Parce qu'il veut t'écouter jouer, Isa.

En attendant, le sommeil m'a une fois de plus déserté.
Une nuit blanche de plus en perspective.

Je ne devrais pas être surpris parce qu'au fond, je sais ce qui m'empêche de... dormir.
J'ai peur, peur d'une peur irrationnelle de mes cauchemars. J'ai peur de ce qui me hante. J'ai peur du souvenir de ces personnes tombées sous la main de ma mère.
Ça me dévore parce que je me souviens. De tout. Dans les moindres détails.

Oh oui. Dans les moindres foutus détails.
C'est ton châtiment pour n'avoir rien fait pour elles, Isa. C'est toi-même qui le dis. Qui le penses. Tu en est convaincu. Mais que peut faire un petit garçon effrayé face à la colère de sa maman adorée ?
Rien. Que dalle.
Accepte-le seulement.


Assis en tailleur sur le lit de ma chambre, je fixe mon regard vide sur un point invisible, par delà la fenêtre.
Le repos me déserte depuis quelques jours déjà.
Je ferme mes paupières délaissées par le voile du sommeil quand une mélodie résonne dans mon crâne. Je fronce légèrement les sourcils parce que… parce qu'elle m’est inconnue. C'est vrai : d'habitude, c'est celle de Sakura qui me trotte inlassablement dans la tête. Elle a un pouvoir apaisant qui éloigne mes mauvais rêves.
Bien que ce ne soit qu'éphémère.

En tout cas, je ne sais pas si je devrais en être heureux mais, si Morphée m’a fait faux bond une fois encore, la muse de l’inspiration a pris son relais.

Un sourire épuisé étire mes lèvres fanées.
Un sillon de sang séché orne une de mes commissures que je n'ai pas eu le courage d'essuyer. C'est que j'ai encore déçu ma mère, vous comprenez... ?

Non.

Je fredonne du bout des lèvres ce nouvel enchaînement musical en essayant de mettre une note sur chacun des accords. Tout en continuant de répéter inlassablement ce morceau, je me lève, endolori, avant de m'affaler à mon piano de tout mon poids.

C'est drôle, ce morceau m'évoque la douceur de Rosemary.
Sa fraîcheur. Sa beauté. Sa candeur.
Elle.
Me.
Manque.
Tant.

Les croches… doubles, triples, quadruples, des rondes, des blanches, des noires, des soupirs... elles envahissent ma tête et abreuvent mon âme. Comme un drogué prenant sa dose. Frénétiquement, j’enchaîne les portées pendant que mes doigts effleurent les touches avec frénésie.

Non… cela ne me convient pas. Je recommence. Encore. Encore. Et encore. Jusqu'à m'approcher enfin de la justesse de ma composition. J'ai cette impression obsédante que cette mélodie dévoile sans pudeur une part de moi-même que j'aurais préféré laisser à mon souvenir. Seulement à lui.
Elle me semble un peu fausse aussi, tout autant que ce qui me reste de Rose, cette très chère sœur que je ne connais qu'à travers les mots de ma mère, les photos jaunies par le temps et... mon imagination.

J'aurais voulu la connaître.
C'est pour ça qu'elle me manque.

Mes doigts graciles caressent les touches d’ébène et d’ivoire, et leur son est le gémissement de sa douceur. Il n’y a plus rien si ce n'est mon piano, mes souvenirs et moi-même.

Il est cinq heures trente quand je m'effondre contre mon lit, épuisé. Vidé.
Ajoutée à celles des jours précédents, je viens de vivre ma cinquième nuit blanche, il me semble.
Le fruit de mon inspiration nocturne vogue encore entre mes pensées, entêtante, quand je sombre enfin dans les profondeurs du sommeil.

***

Quand je lève enfin le voile de mes paupières, il est évident, je crois, que je m'attendais à me trouver au pied de mon lit, courbaturé et fatigué, avec ma couette à moitié sur le sol.
Dans mon appartement miteux à la périphérie de la ville, s'entend.

Mais rien de tout ça ne s'y trouvait quand mes yeux se sont ouverts.

    « Qu'est-ce que... »

Allongé à même le sol, au beau milieu des fleurs sauvages, l'horizon se perdait dans un océan de violet, de jaune et de rouge. Le ciel était d'un bleu myosotis parfait et l'air était pur et frais, embaumé des senteurs d'un printemps ensoleillé. D'ailleurs, seule une montagne, d'un blanc trop pur, s'élevait et se démarquait de l'azuré en un bloc sévère.
S'il n'y avait aucun arbre, aucune bâtisse, aucun animal et aucune maison, il en était de même pour la présence humaine.

Si ce n'est moi.

Quand je me lève pour me mettre en position assise et prendre en considération tous les éléments qui m'entoure, je ne peux pas empêcher un frisson inquiet de me parcourir l'échine.

Le panorama était splendide, à la limite de l'idyllique.
Ça avait quelque chose de... comment dire... quelque chose de faux. Comme un mirage. Comme une illusion.

Maman m'avait un peu parlé, un jour, des différents pouvoirs qu'on pouvait trouver dans le monde magique. Peut-être que j'ai été pris dans un de ces quelques sortilèges, qui sait ? A moins que... mon don soit cela ? Après tout, ma mère est une humaine douée. Peut-être que je le suis aussi ? Comment aurais-je bien pu atterrir ici, sinon ? Mes crises de somnambulisme peut-être ? Non... ça m'étonnerait.
Il n'y a rien de tel à Londres. Rien.

Et puis... ça... ça n'a rien d'un rêve. Ça semble bien trop vrai, bien trop réel pour ça.

Un cauchemar, peut-être ?

Je n'aime pas ça.
Je ne me sens pas en... en sécurité, ici.

Si je reste sceptique, quoi qu'un peu apeuré par la situation, je me lève avec difficulté et observe avec attention la montagne, ou plutôt l'entrée qui s'y trouve enclavée, pas très loin de moi.

Après de longues minutes d'hésitation, je pénètre à l'intérieur et me sens tout de suite comme écrasé par une sorte d'aura étrange. Magique.

Où est-ce que je suis ?

Mes yeux ne s'habituent pas tout de suite à la pénombre, mais je devine ensuite comme une sorte de... de galerie.
Miroir.
Tellement de miroirs.
Des dizaines, des centaines de miroirs. Partout.
Un nombre effarant d'Isaya qui me sondent et scrutent de leurs yeux fuyants, que je fasse un mouvement de tête ou non.

Ça me donne le tournis, pas toi ?

Mon cœur se serre et, comme pour me libérer de l'emprise du regard de mon reflet, je baisse les yeux dans un gémissement : quelle ne fut pas ma surprise de voir que, même à mes pieds, je ne pouvais réchapper aux miroirs.

    « Qu'est-ce que c'est que ça !? On dirait... »

A l'entente de cette voix, à la fois douce et chaude, je ne peux m'empêcher de relever le menton pour observer fixement les miroirs face à moi.

Et dans un frémissement de terreur, je m'aperçois que ce n'est pas mon reflet qui apparaît dans la glace...
... je me rends compte que c'est celui d'une femme. Une femme très belle, à la fois terriblement étrangère et étonnement familière.

Deux grands yeux bleus se heurtent à la chaleur d'un regard ambré.

Ils se rencontrent enfin.
D'égal à égal.


Dernière édition par Isaya Hedge-Humptington le Sam 7 Juil 2012 - 14:06, édité 1 fois
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Ange & Démon
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MessageSujet: Re: Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...    Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...  EmptySam 7 Juil 2012 - 4:16


    Le monde du reflet, l'invisible monde...

    La chaleur de l'eau a disparu, pourquoi a-t-elle disparu ? J'ouvre les yeux et je reste silencieux... Nous revoilà encore dans cette pièce blanche, me revoilà plongé de nouveau dans mon esprit... Mais quelque chose cloche, où est donc ce fameux miroir ? Non... La vraie question est, où est donc, Kara ? Si cet endroit est mon esprit, normalement Kara devrait être à mes côtés, normalement je serai censé même pouvoir la toucher, étant donné qu'elle a traversé le miroir. Je ne comprends pas, je suis perdu et je n'aime guère me sentir ainsi. J'ai beau crier le nom de mon reflet, elle ne me répond pas, ce qui n'est pas normal. Un grincement me fit sursauter, je me retourne et c'est une porte dont j'aperçois au loin. Une porte ! Une porte qui n'était pas présente auparavant, c'est bien la première fois que je la vois dans cette pièce. J'hésite à y aller, pourquoi irai-je ? Qu'est-ce qu'il y a derrière cette porte métallique ? Non, je préfère rester là, je suis bien ici !

    * C'est la porte des rêves... *

    Cette voix, je suis rassuré de l'entendre. Il n'y a que cette voix qui ne me laissera jamais dans la solitude, si je venais à ne plus l'entendre désormais, Je... Je...

    * Je sais Dji... Mais ne t'en fais pas, on ne sera plus jamais séparé... *

    Oui ni par un miroir, ni par quoi que ce soit d'autre... Je me sens bien avec toi, tu es après toute la moitié de ma vie, de mon âme, jamais personne ne pourra nous comprendre. Je ne vois nul par Kara, mais je peux au moins l'entendre, entendre sa voix émaner de mon fort intérieur, ce qui est étrange... Oui c'est étrange, car je suis en ce moment dans mon fort intérieur, mon esprit représenté par cette pièce blanche sans couleur, sans joie, ennuyante et mélancolique tout le portrait de moi, de ma représentation émotionnelle. Oui, mais pourquoi ne puis-je pas voir Kara ? Je ne comprends rien, j'ai besoin de réponse. Mon regard se dirige à nouveau sur la grande porte métallique, devrais-j'y aller ? Devrais-je songer à y aller ? Je n'aime pas l'inconnu, j'en ai assez de l'inconnu, c'est dangereux et triste.

    * Le savais-tu... ?

    - Quoi donc ?

    - Les miroirs sont les fenêtres de l'autre monde.

    - L'autre monde ?

    - Oui... Celui du reflet, mon monde... *

    J'avance en direction de la porte, je viens de comprendre ce que Kara essayait justement de me faire comprendre. Je suis désormais en face de la porte en question, je viens soudainement de m'apercevoir que je porte les mêmes vêtements avec lesquels j'ai trottiné ce matin. Ah, mais peu importe, je pose ma main droite sur le poignet aussi froide que l'eau solidifiée par la fraîcheur. J'ouvre la porte, il fait sombre à l'intérieur, il n'y a aucune lumière... Néanmoins, j'entre sans hésiter. La porte se refaire sans mon aide derrière moi, mais je ne regrette pas d'être entré. Peu de temps après que la porte est claquée derrière mon dos, l'endroit où j'étais s'éclaire dû au fait que mes yeux se sont habitués à l'obscurité. Et puis au final, maintenant qu'on regarde de plus près de l'endroit, on remarque qui ne fait pas si noir. Non, ce qu'il faut remarquer, c'est les tonnes de miroir que l'on peut observer à perte de vue. Je m'approche de l'un deux et j'aperçois mon reflet...

    * Alors, ce n'est pas une pièce, de mon esprit ici, c'est que tu essayais de me dire tout à l'heure ? *

    Ai-je dit à la personne en face de moi, ai-je dit à mon reflet.

    * La sale blanche ressemblait beaucoup à la pièce créer de notre esprit, mais ce n'était pas la même.

    - Alors, nous sommes dans la réalité, c'est ça ?

    - Une autre réalité que la tienne... Une réalité qui fusionne avec la mienne ! *

    Le monde des rêves et celui du reflet, c'est ce dont elle essayait de m'expliquer. C'est donc pour cela que je ne pouvais la voir, mais seulement l'entendre, car nous étions dans une réalité et pas dans une pièce, de notre esprit. Je regarde Kara, qui est en face de moi à nouveau séparer de moi d'un miroir, mais cette fois-ci pas le miroir de mon esprit et heureusement. Les miroirs sont les fenêtres de l'autre monde, celui de Kara ! Mais le monde de Kara, le monde de mon reflet... N'est-autre qu'un monde invisible qui n'apparaît qu'au reflet, qui n'apparaît que dans un miroir. Je présume que quelquefois, c'est moi qui me retrouve dans ce fameux monde « invisible » ?

    * Seulement quand je prends ta place dans la réalité... *

    Je m'en doutais, la mémoire me revient petit à petit, mais des fragments de souvenir manque encore à l'appel...

    * Nous ne sommes pas seuls... *

    Une force spirituelle autre que la mienne est dans le coin, mais... Depuis quand suis-je capable de sentir l'énergie.

    * Depuis que tu m'entends. *

    Exact, alors que faisons-nous ? Si ici, c'est le monde des rêves, ne suis-je pas censé être seul ? Mais pourquoi hésiter ? Allons alors à sa rencontre...

    ****************

    Je l'aperçois enfin, la personne en question était tout proche... Je m'arrête et l'observe, il pouvait me voir d'où j'étais, mais apparemment elle était préoccupée à se regarder dans un miroir et pourquoi donc ?

    * Je la vois !

    - Pourquoi ta voix tremble ?

    - Dji, je la vois !

    - Oui, moi aussi je la vois cette personne, Kara.

    - Non, tu ne comprends pas... Je vois cette personne sans le biais de tes yeux, je la vois... Cette femme !

    - Hein ? Quelle femme ? Je ne vois qu'un homme en face de moi... *

    Silence...

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MessageSujet: Re: Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...    Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...  EmptySam 7 Juil 2012 - 15:40

Un soleil n'éclipse pas un soleil. Un soleil n'est jamais éclipsé que par sa lune.



Je me souviens encore de son enfance : solitaire, maussade et triste.
Je n'étais jamais bien loin. Toujours à veiller sur lui. Toujours à le suivre de près. Toujours à grandir à ses côtés. Sans faillir. Sans faiblir. Sans avoir le droit d'abandonner.
Comme son ombre.
Si ce n'est que je suis son ombre.

Mais dans sa plus grande indifférence.

Il ne m'a jamais sentie, jamais vue, jamais entendue.
Un peu comme un fantôme, comme un spectre invisible.

Ça ne m'a jamais empêchée de lui parler, de le sermonner, de le réconforter. Pour lui mais aussi pour moi même.
Pour me sentir exister.

Au fond, il n'a jamais été seul. Contrairement à ce qu'il croit, il n'a jamais été seul.
Moi, j'étais là pour lui. J'étais là quand sa mère le frappait, j'étais là quand elle le forçait à assister à des mises à mort, j'étais là quand il se faisait passer à tabac, j'étais là quand il se sentait seul, j'étais là quand il cauchemardait le soir avant de dormir, j'étais là quand il composait, j'étais là quand il pleurait, j'étais là quand Sakura lui manquait, j'étais là. Là, là et encore là.
J'étais là alors qu'il ne l'a jamais vraiment été pour moi.

Mais ça m'est égal.

Parce que son existence seule me suffit.
Parce que je resterais avec lui jusqu'à la fin.
Parce que tant qu'il est heureux, je le suis aussi.
Parce que je suis lui et que lui est moi.

Même s'il ne me voit pas. Même s'il ne m'entend pas. Même si nous sommes aux antipodes l'un de l'autre, même si nous sommes séparés par une immense étendue noire et obscure alors qu'il ne voit pas que j'existe.

Je n'ai jamais vraiment cherché d'explications. Après tout, je suis moi mais je suis lui alors... pourquoi moi et pas lui ?
Moi aussi j'existe.
Leca Rosemary Céleste.
Telle que je me suis moi-même nommée.
Leca. Rosemary. Céleste.

Pourquoi lui et pas moi ?

Mais qu'est-ce que ça peut bien faire, au final... ? J'aurais beau me plaindre, rager contre le monde entier, me sentir lésée face au destin, rien ne changera jamais.
Il est lui, je suis son ombre. Nous ne sommes qu'un, pas vrai ? Et on ne peut pas être jaloux de soi-même.
N'est-ce pas ?

Jusqu'à ce jour, jamais il n'aurait pu imaginer que son âme était scindée en deux parties.
Je ne dirais pas parties égales, parce que ça n'a jamais été le cas.

Dans mon monde, le monde des mirages et de l'obscurité, je suis ma reine.
Dans le sien, je me contente d'être son fou du roi, aveuglément sujette à sa sérénité même.

    « Rose... »

Je lui ressemble, n'est ce pas ? Traits pour traits. J’ai les mêmes yeux bleus, j'ai le même visage, j'ai les mêmes cheveux roux, j'ai le même regard.
Dans mes traits, il la voit elle. Dans mes yeux, il la voit elle. Dans mes paroles, dans mes actes, dans mes soupirs, dans mes battements de cils, dans mes mimiques, dans mes gestes : au plus profond de mon être je suis elle.

Comme si j'étais une morte revenue à la vie par je ne sais quel sortilège.

    « Tu peux me voir... Après tout ce temps tu peux me voir... Comment ça se fait ? »

Je suis celle que ta sœur aurait du être, Isa. Tu t'es approprié une part de cette Rosemary trop tôt perdue, comme pour laisser une trace de son passage sur terre, gravé à même dans ton corps et dans ta tête.

Tu m'as modelée à son image, Isa. Je suis elle. Je suis la Rose d'avant, avant que ses pupilles ne deviennent vides et ternes, rongées par la maladie qui avait pris racine dans sa tête et qui s'insinuait lentement dans son corps menu et fragile ; avant qu'elle ne commence à perdre son équilibre petit à petit, gisant dans son lit toute la journée ; avant que son teint lumineux ne vire au pâle morbide ; avant que sa voix douce et chantante ne s'éteigne à son tour.

Je suis toi mais je suis aussi elle. Par ta faute.
Oh, tu l'as fait sans le savoir. Sans te douter jusqu'à mon existence même.
Alors que j'ai toujours été là.
Cachée. Étouffée. Enterrée.

    « Je... Tu es censée... »

Tu es censée être morte, Rose. Morte et ensevelie six pieds sous terre.
    « Être morte, oui... sauf que je ne suis pas Rose. Je lui ressemble, mais je ne suis pas elle, Isa. Confonds pas.

    - C-comment... comment sais-tu...

    -... ce que tu penses ? Je sais pas... d'aussi loin que je me souvienne, je t'ai toujours entendu. Toujours. C'est pas ton cas parce que tu n'as jamais su que j'existais, quelque part en toi. Enfin, c'est ce que je crois...

    - Mais...

    - Ah... c'est vrai que t'es quelqu'un de rationnel enfin... dans la mesure du possible : je présume que c'est le don dont tu parlais tout à l'heure. Parce que tu es doué, toi aussi. Comme ta mère. Après pour le reste, je suis tout autant dans l'obscurité que toi...
     »

On se regarde. On se jauge de haut en bas. Je suis son regard. Mes yeux suivent le même parcourt que le sien. Ils se perdent sur ses jambes, son torses, son visage.
Surtout son visage.
Je n'ai jamais pu le voir aussi clairement.

    « On est pas seuls, Isa. »

Il se détourne des miroirs pour contempler la petite silhouette qui lui faisait face. Un jeune garçon, pas plus grand que lui.
Un beau garçon.
Un garçon aux yeux bleus.
Un garçon magique.
Comme nous.

    « V-vous êtes qui ? Est-ce que... est-ce que c'est vous qui... qui m'avez... »

N'ai pas peur. Ne craint rien.
Je suis là.
Je reste là, à tes côtés. Comme toujours, Isaya.

    « Est-ce que c'est vous qui m'avez emmené ici ?

    - Attends une seconde, Isa, t'approches pas de lui... Y'a un truc pas net. Regarde son reflet. Regarde-le attentivement.

    - Pourquoi...

    - Contente-toi de faire ce que je te dis.

    - Mais...

    - Fais-moi confiance et regarde.
     »

Je me souviens encore de son enfance : solitaire, maussade et triste.
Je n'étais jamais bien loin. Toujours à veiller sur lui. Toujours à le suivre de près. Toujours à grandir à ses côtés. Sans faillir. Sans faiblir. Sans avoir le droit d'abandonner.
Comme son ombre.
Si ce n'est que je suis son ombre.

Et si ce n'est que j'ai toujours cru que nous étions les seuls.

Les seuls à être à la fois si proches mais si lointain.
Lui et moi. Moi et lui.
Seuls. Étranges. Bizarres.
Mais seuls.

Je regarde la fille qui se trouve devant moi. Elle est tout aussi belle que son ''jumeau''. Blonde aux yeux bleus. Comme une poupée. Une poupée délicate.
Je ne la fixe pas avec les yeux d'Isa mais avec les miens.
Je me veux scrutatrice.

    « Toi... toi, tu es comme moi, pas vrai ? »

Indécemment scrutatrice.

    « Je ne comprends pas, je... je ne comprends plus rien... où je suis ? Et qui êtes-vous, tous !? Qu'est-ce que vous m'avez fait ? Et... et pourquoi je ne me vois pas moi dans ces miroirs ? Où est mon reflet ? Mon reflet à moi ? »

Effrayé. Tu es effrayé.
Par moi. Par eux. Par nous. Par ce que nous sommes. Par ce qu'ils sont.
Sois pas comme ça, Isa.
Je le suis autant que toi.

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MessageSujet: Re: Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...    Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...  EmptySam 7 Juil 2012 - 18:15


    Les ténèbres et les reflets...

    Les ténèbres, la noirceur due à la haine, la colère faisait assombrir la vitre du miroir tinté, je ne pouvais alors plus parler avec Dji, ni même le voir ou l'entendre. J'étais seul, Dji m'oubliait, son chagrin d'autrefois était trop important. Malgré tout je n'ai jamais cessé de lui parler, du moins parler avec ce miroir sans vitrine, en me disant qu'il m'entendrait. Rien. C'était le silence à chaque fois, ignorer mon existence, revenait à ignorer une part de son existence. Et je le comprends, je suis après tout, la partie la plus fragile de sans coeur, je suis l'amour, la bonté, la tristesse, la joie... J'étais ses larmes, ses pleures, j'étais sa fragilité. Dji, lui était tout le contraire, il était, la force, la colère la haine et toute autre émotion qui le faisait m'oublier. Je le comprends, il en avait besoin à l'époque, il n'avait à peine cinq ans, quand il a perdu sa mère, son père et son jumeau. Moi, j'étais dans cette pièce sans couleur et j'attendais, jusqu'à ce que moi-même je finisse par oublier Dji, oublier ma propre personne.

    * Mais ça n'arrivera plus jamais, tu entends Kara ! *

    Aujourd'hui, moi qui avait été scellée dans un recoin du coeur de mon reflet, me voilà à nouveau libre, libre d'être avec lui. Dji se rappelle, de nous, il m'accepte tel que je suis, tel qu'il soit, lui. Partout, où il est, où il va, il me voit à travers un miroir, une fenêtre, même une cuillère, sa douce personnalité, moi. L'endroit, où je suis désormais n'est plus cette pièce blanche avec le miroir séparateur, non. Là où je suis, est le même endroit où se trouve Dji dans la réalité, sauf qu'ici tout est à inversé et il n'y a personne, c'est pour cela que je le nomme le monde Invisible. Là où je me trouve, ressemble au monde de Dji, mais en plus sombre. Je vois avec les yeux de Dji ce qu'il voit, j'entends tout ce qu'il entend, je sens son bonheur et sa souffrance, même dans ce monde sans lumière. Dji me voit à travers un miroir de son monde et moi, pareil du mien... Mais devrait-on appeler ça, un monde ? S'il y a rien, à par seulement les pensées de Dji ? Aujourd'hui, je suis dans ce monde invisible, je peux voir Dji à travers un miroir tout comme l'autre homme, mais... Cette femme !

    * Je la vois *

    Je la vois non pas à l'aide d'un miroir, ou les yeux de Dji... Je la vois directement dans ce monde, mon monde Invisible, mon monde de reflet, là où il est censé n'y avoir que moi et les ténèbres.

    « V-vous êtes qui ? Est-ce que... est-ce que c'est vous qui... qui m'avez... »

    Dji reste silencieux, je peux voir dans son esprit, notre esprit ce à quoi il pense... Il se demande pourquoi cet homme à un reflet qui ne lui ressemble pas, il ne peut s'empêcher de faire le rapprochement entre cet homme et lui, ce reflet de femme et mon reflet. Il reste silencieux...

    « Est-ce que c'est vous qui m'avez emmené ici ? »

    Dji, ne me regarde pas, il n'en a pas besoin, car après tout il me sent et m'entend... Il n'a pas besoin de parler, car après toutes nos pensées sont unies. Alors, je l'entends sans qu'il ouvre la bouche, seulement par pensée, si on pouvait le faire confiance. Je lui réponds, que je ne vois pas une once de haine et de colère en cet homme, je sens au contraire une grande générosité. Mais yeux, fixe la femme qui est tout comme moi, de l'autre côté du miroir, dans ce monde obscur où n'y a rien de vivant, celle-ci se prononce.

    « Toi... toi, tu es comme moi, pas vrai ?

    - Comme toi ? Es-tu la moitié de cet homme ? »

    Je ne comprends pas, je pensais que moi et Dji étions les seuls ainsi, alors il y a d'autre personne dans le même état que nous. Non, moi et Dji avons souffert de la solitude, principalement moi, étant enfermer dans une pièce sans couleur, pendant des années sans personne à qui parler. Je regarde la femme tout en serrant ma poitrine à l'aide de ma main, je la fixe de mes yeux bleus-verts identiques à ceux de Dji et je lui demande d'une voix timide.

    « As-tu souffert de la solitude, toi aussi ? »

    Avant même qu'elle puisse répondre, l'homme du côté opposé du miroir, l'homme en face de Dji le reflet de cette femme, s'exprime à nouveau...

    « Je ne comprends pas, je... je ne comprends plus rien... où je suis ? Et qui êtes-vous, tous !? Qu'est-ce que vous m'avez fait ? Et... et pourquoi je ne me vois pas moi dans ces miroirs ? Où est mon reflet ? Mon reflet à moi ?

    - Ton reflet c'est, cette femme, accepte-le ! »

    Dji ? Je fus surprise par la réaction calme de Dji, il avait dit ceci si calmement comme s'il avait déjà analysé et compris la situation et ce qu'il devait y faire. Mais pourtant, je peux le voir dans son esprit, il se questionne, il essaye déjà de comprendre et compatir à la souffrance non pas que de l'homme, mais aussi de son reflet. Dji s'imagine que la femme en question, ne pourrait être autre que moi, il sait, l'effet que ça m'a fait d'être seule et d'être ignorée de lui. Alors, il se dit que si l'homme ne connaissait jusqu'à ce jour l'identité de son autre personnalité, cette personnalité a dû être bien seul durant des années, tout comme je l'ai été. C'est alors que je fixe de nouveau le reflet, je venais d'avoir eu ma réponse sans même qu'elle y réponde. Dji se détend, il n'est plus effrayé au contraire, il ne l'a jamais été, il regarde l'homme, décide finalement de s'approcher de lui sans se presser et tout en faisant cela, il dit...

    « Ici, se doit-être une autre réalité, le monde des rêves, un monde magique... Seule ceux avec le dont de lecture des rêves peuvent s'y rendre et emmener avec lui une personne, cependant... Je n'ai pas cette capacité... »

    Dji se retourne vers moi et ajoute...

    « Nos reflets, eux, en sont sûrement capable sans qu'eux mêmes le sachent, car derrière ce miroir se trouve un endroit sombre, un monde proche de celui des rêves... Un monde entre notre réalité et celui des rêves. »

    Le monde des esprits ? C'est ce à quoi, tu penses Dji ?

    « Mais ce ne sont que des hypothèses, je sais cela grâce aux yeux de mon reflet, qui n'est autre que moi, ma véritable personnalité et qui tout comme moi, toi et cette femme, pense d'elle-même et qui craint la solitude. »

    Merci Dji, d'être aussi présent dans ma vie...


PS:

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MessageSujet: Re: Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...    Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...  EmptySam 7 Juil 2012 - 20:13

« D'être hantée par mes vieilles obsessions, cela me rassure. Mieux vaut un cauchemar apprivoisé que la blessure à vif d'un souvenir récent. »

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été seule à contempler le monde à travers tes yeux et à rêver d'une vie qui ne m'appartenait pas.
Petite, je me souviens encore que, pour chasser l'ennui et l'obscurité de mon cœur las et monotone, je m'imaginais courir les trottoirs avec des petites ballerines cirées et une jolie robe rouge à dentelle, avant de me mêler à la foule.
Je voulais être libre, libre de mes paroles, de mes actes, de mes jours et de mes nuits.
Mais je restais seule. Toute seule.
Sans personne à qui parler.

D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais eu la chance de rencontrer quelqu'un avec qui partager mes joies et mes chagrins, quelqu'un qui m'aurait aidée à briser mes chaînes.
Je suis une contradiction, un oxymore à l’état pure.
Je suis moi et en face de moi, je suis toi.
D'un côté, c'est assez douloureux : c'est à la fois un don et une malédiction.
Mais je n'aurais très certainement pas eu de vie si tu n'avais pas existé, surtout que sans toi, moi, je ne peux pas survivre.
Je t'ai jalousé, c'est vrai, je t'ai détesté aussi, parce que tu ne profitais pas pleinement de la chance qui t'était offerte.
Cependant, jamais tu ne m'entendras dire que tout est de ta faute.

Au fond, j'étais terriblement malheureuse. Et triste. C'est ce qui a certainement forgé mon caractère aujourd'hui : j'ai appris à rester à ma place. J'ai compris que la seule raison de mon existence, c'était de te protéger coûte que coûte, de veiller sur toi, de te soutenir dans le bonheur comme dans le malheur, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la maladie comme dans la santé et ce, jusqu’à ce que la mort nous sépare.
Que tu saches que je sois là où pas.

Te protéger, c'est le but de ma vie, Isa. Et j'ai mis un point d'honneur à faire de mon projet une réalité. Qui plus est, c'est à travers toi que j'ai compris qu'exister physiquement n'aide pas forcément à gommer la solitude d'un cœur. Ça peut même contribuer à le rendre encore plus noir : regarde-moi. Regarde-moi, Isa. Regarde ce que ta souffrance et ta peine m'ont fait. Observe la manière dont elles m'ont rendue encore plus cruelle et sinistre.

Tu as su rester pur, immaculé et ça ne me rend que plus sale, Isa. Sale et écœurante.
Mais ça me va. Parce que c'est ce que j'ai choisi. Vivre en toi, vivre pour toi. Retenue. Muette. Silencieuse.
Et sanglante.

Vivre dans l'ombre d'un autre, on s'y fait après tout.
Moi, les ténèbres sont ma maison.

Alors je souris.
Je souris.
Qu'est-ce que je peux faire d'autre à part sourire ?

    « Comme toi ? Es-tu la moitié de cet homme ? »

Si je suis ta moitié ? Je ne sais pas. Je me suis toujours considérée comme une partie intégrante de toi, mais jamais en tant que moitié. Je suis ton côté infime mais obscur, ton côté noir, malpropre, souillon.
Toujours en tant qu'ombre. Toujours en tant que superflu.

Es-tu la moitié de cet homme ?

Je n'en suis même pas son reflet.
Nous sommes si différents après tout : le blanc contre le noir, la lumière contre les ténèbres, le jour contre la nuit.
Le soleil et la lune. La lune suit le soleil, mais le soleil ne le voit pas.

    « As-tu souffert de la solitude, toi aussi ? »

La solitude ? J'ai oublié depuis longtemps ce que c'est, la solitude. Après tout, j'y suis tellement ensevelie et perdue que j'ignore si je peux dire que je le suis encore.
Seule.

La solitude est une prison.

Je ne lui réponds pas. Pas encore. Il me faut le temps d'assimiler tout ce qui se passe.
C'est la première fois que j'ai l'impression de rencontrer quelqu'un dont la vie fait terriblement écho à la mienne. Ça m'énerve, mais ça me soulage en même temps : au final, je ne suis peut-être pas la seule à avoir autant souffert de la sorte.

    « Ton reflet c'est cette femme, accepte-le ! »

Je te vois déglutir, Isa. Pâlir. Je sens des frissons d'angoisse parcourir chaque centimètre de ta peau.
Je te fais peur ? Moi aussi je me fais peur, quelques fois.
Même si je suis fière de ce que je suis.

    « Non. Je ne suis rien, Isa. Je ne suis juste qu'un fantôme. Quand tu reviendras à toi, je disparaîtrais. Et tout redeviendra comme avant.

    - M-mais tu as dit que tu avais toujours été là...

    - Et ce sera toujours le cas. Je sais que ce genre de chose t'effraie mais moi, tout ce que je veux, c'est te protéger. Comme je l'ai toujours fait. Et comme je continuerais à le faire. 
    »

Oui. Je continuerais à vivre à travers tes yeux et ta tête. Je serais tes poings, ta rancune et ta haine.

Me protéger ? Pourquoi voudrais-tu protéger quelqu'un comme moi ? Quelqu'un de si... misérable. D'aussi hideux. D'aussi triste.
    « Tu n'est en rien hideux ou misérable. Moi, je ne vis que pour toi. Pour toi et personne d'autre. Cette fille... tu vois cette fille dans le miroir ? Elle est comme moi enfin... je crois qu'elle est comme moi. Elle veille sur le garçon comme j'ai toujours veillé sur toi. Tu te souviens de ces nuits où tu te réveillais allongé dans le jardin, sans te souvenir de rien ? Tu te souviens de ces brutes qui s'en prenaient à toi la veille mais qui te fuyaient comme la peste le lendemain ? J'ai toujours été là, Isa. Tu ne le savais pas, mais j'étais toujours avec toi. »

Qu'elle soit comme moi ou que sa douleur fasse douloureusement résonance à la mienne ne suffit cependant pas à me convaincre d'abaisser ma garde. La voir serrer son cœur m'a un instant transportée des années en arrière, mais la Leca que je suis maintenant a repris le contrôle de ses esprits.
Je ne les laisserais pas s'approcher d'Isa.

Je ne les laisserais pas faire tant que je ne serais pas sûre de leurs motivations, tant que je ne serais pas sûre de sa sécurité.

    « Ici, se doit-être une autre réalité, le monde des rêves, un monde magique... Seule ceux avec le dont de lecture des rêves peuvent s'y rendre et emmener avec lui une personne, cependant... Je n'ai pas cette capacité...

    - Ne t'approches pas plus, gamin. Ne tente pas trop ta chance.
     »

Le garçon ne fait pas du tout attention à ma remarque et continue son discours.

    « Nos reflets, eux, en sont sûrement capable sans qu'eux mêmes le sachent, car derrière ce miroir se trouve un endroit sombre, un monde proche de celui des rêves... Un monde entre notre réalité et celui des rêves. »

Je vois Isa, déjà très pâle, me jeter un coup d’œil inquiet.

Ça expliquerait pas mal de choses.
Je secoue la tête négativement avant de le fixer droit dans les yeux.

    « Je ne suis pas un rêve, Isa.

    - Mais ce ne sont que des hypothèses, je sais cela grâce aux yeux de mon reflet, qui n'est autre que moi, ma véritable personnalité et qui tout comme moi, toi et cette femme, pense d'elle-même et qui craint la solitude.

    - JE T'AI DIT DE NE PAS APPROCHER !
     »

Sans que je ne comprenne comment, un des miroirs se fissure sous la force de ma colère. Mes dents et mes poings se serrent, mes articulations blanchissent et mes yeux se font menaçants.

Je n'aime pas que l'on voit à travers moi de cette manière.
Ça n'a rien de rassurant.

    « Je ne sais pas qui tu es, ce que tu es ni d'où tu viens. Tu en sais peut-être beaucoup plus que nous mais je ne suis pas quelqu'un qui se laisse charmer par des spéculations. Désolée de dire ça mais la vie m'a appris à ne faire confiance à personne, surtout si Isa s'y retrouve mêlé de près ou de loin. »

Je me retourne ensuite vers la fille d'un mouvement rageur, le nez plissé et le front barré d'un trait contrarié.

    « Qui plus est, et même si je suppose que tu es dans le même cas que moi, je ne vois pas ce que tu pourrais comprendre de la souffrance que j'ai enduré. On a pas le même vécu. Du tout. Et puis de toute manière, c'est terminé alors n'en parle plus. »

Tu étais seule ? Seule à cause de moi ?
    « Non Isa. C'est faux. J'étais destinée à te suivre dans l'ombre, j'étais destinée à être seule et ce, depuis toujours. Il m'a juste fallu du temps pour le comprendre : je n'aurais pas souffert pour rien, sinon. Toi, tu n'y es pour rien, pour rien du tout, alors ne commence pas à te faire des reproches qui ne te concernent en rien. »

Tu es déjà assez malheureux comme ça. Je ne veux pas que tu souffres aussi pour moi.
À cause de moi.
Après tout, je ne mérite pas tant d'honneurs.
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Ange & Démon
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MessageSujet: Re: Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...    Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...  EmptySam 7 Juil 2012 - 23:26


    Le voile invisible, le miroir de l'esprit...

    Qu'elle est ton secret dis-moi ?
    Comment arrive-tu affranchir le rideau du réel et de l'irréel qui nous sépare ?

    Cette question, je me le suis posé bien de nombreuse fois. Kara a déjà franchi ce rideau invisible et elle s'est retrouvée à ma place, dans le monde réel. Elle-même ne savait pas au-début comment elle avait fait cela, ce qui est normal... Elle ne l'avait pas fait seul, je l'y ai aidé moi aussi sans me rendre compte. Mais il m'a fallu attendre ce jour pour comprendre le secret de l'échange d'âme, de la permutation entre moi et Kara.

    * Moi et toi, pour toujours... *

    Et cela ne changera jamais, je ne veux pas que tu sois effrayée par cette femme, elle est comme toi, mais ne souhaite pas le montrer. Tout comme toi, son coeur est empli de solitude...

    * Non, plus maintenant... *

    Oui tu as raison, plus maintenant, ton coeur et le mien ne souffre plus à présent... J'ai Ethan et toi tu as Mathias, la solitude ne peut désormais plus nous atteindre. Mais eux, qu'on est-il ?

    « Je ne sais pas qui tu es, ce que tu es ni d'où tu viens. Tu en sais peut-être beaucoup plus que nous mais je ne suis pas quelqu'un qui se laisse charmer par des spéculations. Désolée de dire ça mais la vie m'a appris à ne faire confiance à personne, surtout si Isa s'y retrouve mêlé de près ou de loin. »

    * Dji... *

    Je sais... Elle est mon portrait crachée, elle est celle que j'étais avant de rencontrer Ethan... Autrefois, je ne faisais que me battre, je haïssais le monde entier, j'avais confiance en personne, néanmoins la différence était que ma solitude était l'absence de mon père, ma mère, ainsi que mon frère. L'autre différence, c'était que je me battais seulement pour protéger mon ambition, retrouver ma famille.

    « Qui plus est, et même si je suppose que tu es dans le même cas que moi, je ne vois pas ce que tu pourrais comprendre de la souffrance que j'ai enduré. De toute manière, c'est terminé alors n'en parle pas. »

    Kara tremble, non pas de peur, oh non ! Je peux le sentir cette émotion qui la submerge, car après tout elle est, moi. Une émotion de colère, mélangé à la tristesse... Je la regarde, puis à la suite la femme. Tu devrais dire ce que tu penses, tu devrais lui faire comprendre, elle pense que nous sommes une menace, alors que nous pensons la même chose d'eux. Enfin, nous pensions, la même chose d'eux. Je comprends ta colère Kara, je comprends aussi ta tristesse, cette femme ne souhaite même pas essayer de se libérer de ce qui lui sépare de ce néant et d'Isa comme elle l'a appelé. Elle pense faire le bon choix, mais en réalité elle se fait du mal à elle-même ainsi qu'à son hôte. Oui, car si elle continue à rester dans cet état d'esprit, de colère et de haine... Il y aura toujours ce rideau invisible qu'il les séparera, elle et cet homme. Pour moi et Kara, ce fut un miroir, se doit-être là même chose pour eux, qui sait ? Alors, je m'arrête, je ne m'approche plus d'eux, je m'accroupis et me mets en boule.

    * C'est ce que tu veux ? En es-tu sûr ? *

    Plus que tout, dévoilons-leurs notre secret, le secret qui a fait de nous des êtres unis. Je regarde le miroir à mes pieds et j'y vois Kara qui est aussi roulée en boule les bras croisés comme moi. En s'observe, moi et mon reflet jusqu'à ce que...

    * Le miroir ondule ! *

    Je pose ma main droite sur le miroir à mes pieds, Kara suis mon geste au millimètre. Nos mains donnent l'impression de se caresser, le miroir continu d'onduler, comme si des gouttes d'eau venaient se jeter de pleins fouets sur le calme lac. Le sommeil, mes paupières se faire, je me sens fatiguer...

    * Le rideau du réel et l'irréel, vient de se lever *

    ************

    « Le secret ce n'est pas le fait de le vouloir, le secret c'est notre amour et notre lien... »

    J'ouvre les yeux, me voilà maintenant face à cette femme, dans cette obscurité, ce monde invisible, inversé de la réalité. Je la regarde, je ne vois pas si elle est étonnée ou quoi que ce soit d'autre, je ne vois rien presque rien ici. A présent, c'est moi qui est à la place du reflet. Je regarde la femme, je la fixe, la scrute, malgré la noirceur ambiante. Kara est toujours roulée en boule et silencieuse, moi de même.

    « Le coeur... »

    A-t-elle prononcé ses paroles, alors que j'étais sur le point de parler. Alors, tu veux que je te laisse leur explique, les paroles de cette femme ton alors vraiment rendu triste, tu ne souhaites pas ça pour eux... Tu es vraiment la partie la plus sage de mon être, Kara !

    « Le secret, c'est le coeur... Si ton coeur abandonne et accepte la solitude, tu te refermeras de plus en plus et tu ne seras qu'un point noir de haine, de colère dans le coeur de cet homme. Tu seras un point douloureux dans le coeur de cet homme, que tu souhaites tant protéger... »

    Kara ne les regarde même pas, elle s'exprime, les yeux fermer et la tête vers le sol, toujours roulée en boule. Et puis soudain mes yeux pleurent, des larmes coule le long de ma joues, ce ne sont pas mes larmes, mais ceux de Kara. La femme lui avait dit qu'elle ne pourrait pas comprendre sa souffrance, mais a-t-elle pensé à la souffrance de Kara ? Je regarde la femme en question et je dis...

    « Kara ne sait peut-être pas ce que tu as enduré, mais ne pense pas être la seule... Tu as accepté la solitude qui continuera à vous séparer toi et Isa, ce qui est ton choix. Cependant, le cœur de Kara n'était pas aussi fort que le tient, elle s'est vue parler seul devant un miroir sans vitre, puis à la suite perdre son identité, petit à petit. Une douleur qui rangeait son cœur jour après jour, année après année... »

    Je laisse un temps de pause, puis je le dis...

    « Un miroir vous sépare toi et cet homme, non pas qu'ici, mais dans votre esprit même... Tant que l'un deux vous deux, n'acceptera pas sa situation, tant qu'il n'acceptera pas son double... Le miroir sera pour toujours votre barrière... »

    Mais ce n'est pas une situation que je peux définir, non. C'est une situation qui est en relation avec le propre coeur, leur colère et le peur...

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Dernière édition par Djibrïl G. Halliwell le Dim 8 Juil 2012 - 5:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...    Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...  EmptyDim 8 Juil 2012 - 1:27

« Il ne faut à aucun prix qu’un être, par sa trahison, nous décourage d’avoir plus jamais confiance en d’autres êtres. Il aurait trop gagné...»



Je ne sais pas faire semblant.
Je ne sais pas faire semblant, au fond.
Et puis haïr, haïr le monde entier, c'est tellement plus facile. Tellement plus simple. Tellement plus drôle et amusant. Pour vous, peut-être.
Mais moi, c'est tout ce que je sais faire. C'est tout ce qu'il m'a été donné.

Isaya c'est le bien. Leca c'est le mal.
Ça s'arrête là.

Tu vois c’est bête parfois, on dit des trucs, comme ça, pour rien, comme on effleure un pétale du bout des doigts. On dit des choses auxquelles on pense pas vraiment parce que c'est habituel, des machins qui nous paraissent tellement évidents.
On les dit, c'est tout, parce que c'est ce que veut le monde.

Tu vois c’est bête parfois, on sourit comme toujours, puis on s’embrasse comme d’habitude, un baiser sur chaque joue, puis on se quitte. On se retrouvera de toute manière. Ce soir, peut-être. Demain sûrement.
On le fait, c'est tout, parce que c'est ce que veut le monde.

C’est franchement bête tu sais, mais on n'y pense pas. On a juste des moments déposés, comme ça, par les années, par le temps qui passe. Mais on ne pense pas, on collectionne, comme si c’était normal cet amoncellement de moments partagés.
Ça se poursuit, c'est tout, parce que c'est ce que veut le monde.

Tu vois, c’est bête parfois, on dit ça comme ça, on n'y pense pas. Pas sérieusement. Pas du tout.
Alors forcément, le ciel qui tombe sur la tête, sur le cœur, sur le corps en entier, c'est tout le paysage qui est s'effondre, c’est le monde qui est transformé.
On mesure rarement ce que l’on s’aime, on l’apprend à la douleur récoltée.
La douleur, ça je connais. Depuis toujours.

Et ce n'est pas parce que le c'est ce que veut le monde que c'est ce que je veux moi.

La solitude, ça blesse. La solitude, ça endurcit, ça coule dans tes veines et ça solidifie ta carapace. Je pense à chaque moment que la vie me donne. Nous donne. Et je savoure chaque instant. Je pense souvent à la mort, aussi. Je n'ai pas peur, je n'appréhende pas. Je sais juste que ça arrivera un jour, c'est tout.

Moi, je ne veux pas faire comme tout le monde.
Moi, si je dois me battre contre le monde entier pour te protéger, Isa, je le ferais. Sans hésiter.
Je tomberais, c'est sûr, mais je serais fière.
Je tomberais, face contre terre, mais ce sera la tête haute.
Et je serais sereine parce que j'aurais fait ce que j'avais à faire.
Après tout, ce n'est pas parce que c'est ce que veut le monde que c'est forcément ce qui est le mieux. Le meilleur.

Briser le miroir. Détruire le mur. C'est ce que veut le monde, n'est-ce pas ? Mais moi, je ne veux pas. Je ne veux même pas essayer : le fissurer, l’ébrécher, l'éclater, le casser. Ça ne sert à rien.
Qu'est-ce que ça m'apporterait de toute manière ? Rien.
Et je ne veux pas abandonner les ombres. Mes compagnes de toujours.

Je suis désolé de ne pas avoir su que tu étais là. De ne même pas m'en être rendu compte. J'ai toujours cru que c'était du somnambulisme ou... je ne sais pas. Je ne sais plus trop quoi penser...
    « Arrête Isa. T'as rien à te faire pardonner. J'aurais pu t'éclairer mais ma présence ne t'aurait qu'apporté que des ennuis. »

Des ennuis ?
    « Oui. Je savais que, si un jour tu apprenais mon existence, tu te sentirais coupable. De tout. De rien. Savoir que j'étais là sans que tu puisses me parler ou me rendre un peu moins seule, ça t'aurait encore plus détruit. Tu n'aurais rien pu faire mais ça t'aurait massacré de l'intérieur, alors que tu n'as rien à voir avec cette situation. Tu n'as pas demandé à ce que j'existe. Tu n'as jamais rien demandé à personne de toute manière. T'es toujours à penser aux autres, jamais à toi. Et ça me tue. Ça me tue encore plus quand j'me rends compte que je peux rien faire pour toi à part me servir de mes poings. »

Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi me protéger, moi ? Tu es bien plus forte que moi, pas vrai ? Pourquoi tu n'as jamais pris mon corps pour t'en servir comme bon te semble ?
    « Pourquoi ? Mais c'est très simple : je n'aurais jamais pu. Non seulement parce que notre don est limité, mais aussi parce que tu es la personnalité principale. Rien n'aurait pu changer ça. Et puis je n'en ai jamais vraiment eu envie. Je voulais avoir mon propre corps bien sûr, mais je ne voulais pas posséder le tien. »

Le soleil et la lune. La lune poursuit le soleil inlassablement mais il ne le voit pas. Il ne la voit pas.
La lune est seule et, de temps à autre, elle rêve à la lumière du soleil.
La lune s'en accommode.
La lune n'a pas le choix.

Deux grands yeux bleus scrutent intensément le regard saphir qui la jauge en face d'elle.
Ce n'est pas celui auquel elle s'attendait.
Ce n'est pas celui d'une femme.
Ce n'est pas son regard à elle.
Pourtant, il est si... familier. Si semblable.

    « Comment...

    - Le secret ce n'est pas le fait de le vouloir, le secret c'est notre amour et notre lien...
     »

L'amour, hein ? L'amour, encore et toujours.
Mais c'est quoi l'amour, gamin ? Est-ce que tu serais capable de me l'expliquer ? De l'expliquer à quelqu'un comme moi ?
Je ne sais pas ce que c'est, l'amour. Je n'ai pas pu le constater à travers les prunelles ambrées d'Isa. Sa mère ne l'aime pas. Keith ne l'aime pas. Sakura ne l'aime pas. Dieu ne l'aime pas.
Les gens sont des menteurs. Ils vont, viennent, se quittent et se reviennent.

Comment pourrais-tu expliquer, gamin, ce que c'est que l'amour à quelqu'un qui n'est que haine. Haine, colère et vengeance ?

    « Le coeur... Le secret, c'est le coeur... Si ton coeur abandonne et accepte la solitude, tu te refermeras de plus en plus et tu ne seras qu'un point noir de haine, de colère dans le coeur de cet homme. Tu seras un point douloureux dans le coeur de cet homme, que tu souhaites tant protéger...

    - Le cœur, hein ? Ma belle, tu arrives 23 ans trop tard : la solitude, je l'accepte. Depuis bien trop longtemps maintenant pour y changer quoi que ce soit. C'est elle qui m'a forgée. C'est elle qui m'a élevée. C'est elle qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Isaya, c'est la lumière, c'est la pureté, c'est l'allégresse. Moi, je suis les ténèbres. Je suis sale. Souillée. Un point noir de haine, de colère et de rancœur. Pas dans son cœur, il est bien trop bon pour cela.
     »

Tu n'es pas sale.
    « Oh que si, Isa. Tu ne te rends même pas compte à quel point. Toi, tu tends la main à ceux qui t'ont blessé. Moi, je les écrase de mon talon. Et je n'ai aucune honte à le faire, aucun regret. On ne peut pas m'enfoncer plus dans la déchéance. Alors que toi... j'ai toujours pensé que t'étais trop bon pour ce monde. »

Je ne suis pas bon.
    « Tu es juste toi. Pour moi, c'est bien plus que suffisant. »

Nous regardons alternativement le garçon et la fille. Puis, dans un silence presque religieux qui vacille entre l'appréhension et l'indécision, des sanglots s'élèvent.
Isa se fige. Se glace.
La fille pleure.
On ne comprend pas pourquoi.
Pourquoi ?
Pourquoi fait-elle ça ?

    « Kara ne sait peut-être pas ce que tu as enduré, mais ne pense pas être la seule... Tu as accepté la solitude qui continuera à vous séparer toi et Isa, ce qui est ton choix. Cependant, le cœur de Kara n'était pas aussi fort que le tient, elle s'est vue parler seul devant un miroir sans vitre, puis à la suite perdre son identité, petit à petit. Une douleur qui rangeait son cœur jour après jour, année après année...

    - Alors imagines-tu seulement une gamine qui voit son tout se faire massacrer par les gens qui l'entourent sans qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit ? Imagines-tu un instant ce que ça fait que de voir ce qui se passe, de sentir ce qui se fait sans être capable de bouger le petit doigt ? Tu le sens se faire battre par sa propre mère, tu vois à travers ses yeux les cadavres qui s'amoncellent pour une soi-disant bonne cause, tu perçois les cauchemars qu'il fait, jour après jour, nuit après nuit, alors que tu n'es pas foutue de le protéger de ce putain de monde. Qu'est-ce que tu crois que ça fait ? Rien à part haïr le monde entier. Je suis pas capable de renoncer à ça si ça me permet d'être son bouclier. Moi, je suis prête à tout abandonner. Mon bonheur factice. Ma vie. J'aurais mille fois préféré parler à un miroir brisé que d'entendre dans ma tête les pleurs d'Isa, la douleur d'Isa, la honte d'Isa, la tristesse d'Isa. J'aurais tout donné pour ne rien sentir, rien percevoir. Mais j'étais là. Immobile. J'étais là et ça me rend malade rien que d'y pen...

    - Je suis désolé. Pardonnez-moi, s'il vous plaît. Je ne voulais pas... je ne voulais pas vous faire vous souvenir de ça... Arrêtez de pleurer... s'il vous plaît.
     »

Tendu au dessus d'elle, une main tendre sur son épaule. Il trouve encore la force de consoler. De consoler une inconnue. Une femme qui n'est rien pour lui.
Malgré sa peur.
Malgré sa peine.

Isaya est la lumière. Leca est l'obscurité.
Isaya, c'est le soleil. Leca, la lune.
Pleine. Ronde. Seule, elle trône dans une nuit d'un noir encre, une nuit infinie de rage et de haine.
Le soleil est son point faible.

C'est triste, au fond.

Tu le savais. Tu étais vraiment là...

    « Tu n'imagines pas le nombre de pardon que je te dois, Isa. Si on se retrouvait face à face, je crois que je passerais ma vie à me courber d'excuse devant toi. »

Tu ne me dois rien, Rose... enfin je veux dire...

    « Leca. Je m'appelle Leca. »

Leca. C'est un joli nom.

    « C'est le mot que t'as inconsciemment prononcé quand je t'ai demandé comment tu allais m'appeler. On était tout petits à l'époque. Je ne me souviens plus pourquoi, d'ailleurs, mais tu l'as dit... »

Je le vois qui sourit.
C'est étrange, c'est la première fois que quelqu'un me sourit.
C'est la première fois qu'Isa me sourit à moi.
Exclusivement à moi.

    « Un miroir vous sépare toi et cet homme, non pas qu'ici, mais dans votre esprit même... Tant que l'un deux vous deux, n'acceptera pas sa situation, tant qu'il n'acceptera pas son double... Le miroir sera pour toujours votre barrière...

    - Nous accepter ? Écoute gamin, toi, Kara, Isa et moi, on est pas du tout pareil. Isa est resté dans l'ignorance pendant 23 longues années. Tu crois quand même pas qu'il va m'accepter comme ça, du jour au lendemain, si ?

    - Accepter... je ne sais pas... je ne sais pas trop comment faire...
     »

Le cœur. Un cœur. Le sien, scindé en deux. Deux parties inégales.
L'une éclatante. L'autre obscure.

Tu ne sais pas comment faire ? Et quand est-il de moi alors ?
Et puis, comment es-tu censé m'accepter moi, telle que je suis ?
De nous deux, c'est moi la plus laide, la plus hideuse, Isa. Briser le miroir, c'est prendre le risque d'altérer ta beauté. Après tout, tu es si influençable, Isa. Tellement fragile aussi.
Et moi, je veux que tu restes tel que tu es.
Que le blanc et le noir ne se mélangent pas.
Que le gris n'existe pas.

Je ne veux pas gâcher ce que tu as mis tellement de temps à construire. Je ne veux pas tout saboter. Je ne veux pas entrer dans ta vie avec mes gros sabots et tout saccager.
Je suis un monstre, Isa. Ton monstre à toi.
Je suis incapable de te blesser. De te faire du mal.

Or, si nous brisons le miroir, qu'adviendra-t-il de nous ?
Et qu'adviendra-t-il de moi ?


Dernière édition par Isaya Hedge-Humptington le Sam 14 Juil 2012 - 12:59, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...    Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...  EmptyDim 8 Juil 2012 - 4:18


    Le miroir qui nous sépare, n'est autre que le coeur...

    La meilleure chose à faire c'est de les laisser seuls, car nous ne sommes qu'une gêne dans la progression de leur relation. Je ne suis pas venue à Dji, c'est Dji qui est venu à-moi, qui m'a sorti du sommeil, qui m'a fait retrouver ma mémoire. Dji essayent tant bien que de mal à leur expliquer, mais est-ce qu'il si prend comme il faut ? Je suis née l'autre côté, l'autre côté me fait terriblement peur... L'idée d'être de nouveau séparer de lui d'un miroir sans vitre, d'être seule jusqu'à ce que ma vie touche à sa fin, me fait atrocement mal au coeur. Je ferme les yeux, essayant de ne pas y penser, je ne veux pas y penser, je veux plus revivre ça... Je pleure, j'en suis désolée, je suis navrée de te faire pleurer Dji, toi qui es si fort. Regarde-moi, je suis comme la première fois que nous nous sommes enfin rencontrée... Accroupie, roulée en boule, les brase croisée, les yeux fermée... Une coquille que je m'étais créée pour essayer de fuir la solitude, je pensais que ça marchait à l'époque.

    * Tu n'avais que trois ans, Kara. *

    Et maintenant j'en ai 17, pourtant me voilà de nouveau plongé dans cette coquille, comme si la chose était suffisante pour me protéger.

    * C'est le moyen dont tu t'es munie pour t'échapper... *

    Je m'en veux Dji, je ne te sers à rien... Cette femme semble très forte contrairement à moi, elle veut protéger celui qu'elle aime. Hors que pour moi, c'est moi qui a besoin d'être protégée. Je n'aime pas la violence, je suis incapable de blesser une mouche. Je suis une fille qui a un coeur en cristal, dont le moindre contacte brute, pourrait le briser. Je nous ai mis en danger un jour, quand on a fait de moi une esclave au manoir Cross. Je crois...

    * Arrête... Ne dis plus un mot... ! Je ne veux pas que ce voile invisible s'installe de nouveau entre nous... Je t'ai fait souffrir plus que la solitude ne la fait, cette femme a raison. Je ne peux pas comprendre ce qu'elle a enduré et peut-être finalement que, c'est la même chose te concernant. Quand je te regarde et quand je regarde Isaya, je remarque que vous avez les mêmes yeux, le même regard... Ce regard qui n'exprime aucune colère, aucune haine, je ne t'ai jamais vu hors de toi Kara, toujours heureuse et voulant apporter chaleur et réconfort autour de toi. Tu es même devenue esclave pour sauver une sorcière noire, c'est toi la meilleure partie de moi, c'est toi qui devrait être à ma place... *

    Je n'avais que trois ans, j'étais dans cette pièce blanche, je ne savais pas comment j'y étais entrée, aucune souvenir à ce sujet. Je me suis toujours dit que peut-être était-ce, l'endroit de ma naissance, car je me suis toujours vue ici. Je me tenais en boule, accroupie, les bras croisés, les yeux clos et je chantais. Je ne savais pas où j'avais appris la chanson, je sais seulement qu'elle trottinait dans ma tête. C'était tous les jours la même chose, tous les jours la même scène... Accroupie en boule, les bras croisés, les yeux clos et je chantais comme pour échapper à une certaine chose... Puis un jour, il arriva devant moi, quand j'ai ouvert les yeux je le vis pour la première fois me tendant une main vers moi et ce qu'il dit à cet instant... Changea la petite fille qui se mettait en boule tous les jours, à jamais, il me dit avec un sourire...

    * Aller viens, on joue ! *

    Tu t'en rappelles...

    * Comment pourrais-je oublier ? *

    Je suis de nouveau en accroupie, roulé en boule, les bras m'entourant et les yeux clos... Tout comme à notre première rencontre, je lève la tête et observe la main cette fois-ci poser sur mon épaule...

    « Je suis désolé. Pardonnez-moi, s'il vous plaît. Je ne voulais pas... je ne voulais pas vous faire vous souvenir de ça... Arrêtez de pleurer... s'il vous plaît. »

    Je le regarde, je ne sais pas comment réagir, il se trouve à la place de Dji. Non. Je me trouve à la place de Dji et Dji à la mienne. Je ne voulais pas faire pleurer Dji, mais nos émotions sont partagées je n'y peux rien.

    * Ne t'en fais pas, je suis aussi ton reflet, non ? *

    Tout comme je suis ton reflet aussi... Je me suis toujours demandée, si je ne te faisais pas honte. L'idée d'avoir parfois mon apparence, ne te répugne-t-il pas ? Je connais ta réponse, je sais que tu vas me dire non, que ça te passe au-dessus de la tête. Mais, peut-être devrais-tu y songer, je suis tombée amoureuse de Mathias, mais elle ignore que je ne suis qu'une partie de toi. Pendant, que tu étais de l'autre côté, j'ai choisi sans ton accord de lier notre coeur à une personne.

    * Et.. Pourquoi n'aurais-tu pas le droit de vivre...? Pourquoi cette femme aussi, devrait-elle rester dans le néant et ne pas essayer de vivre ? *

    Je suis silencieuse, je n'ai rien dit depuis que l'homme m'a fait grâce de sa gentillesse, je suis honteuse de ne pas lui avoir rendu. Alors, qu'il se tient toujours face à moi et sa main sur mon épaule. Je regarde Dji encore en train d'essayer de convaincre la femme, car le coeur de Dji est aussi gros que le miens, il est fort et n'abandonne jamais.

    «  Nous accepter ? Écoute gamin, toi, Kara, Isa et moi, on est pas du tout pareil. Isa est resté dans l'ignorance pendant 23 longues années. Tu crois quand même pas qu'il va m'accepter comme ça, du jour au lendemain, si ?

    - Accepter... je ne sais pas... je ne sais pas trop comment faire... »

    Je n'ai pas cessé de regarder l'homme en face de moi, depuis qu'il a posé sa main sur moi. Il est gentil avec moi, alors qu'il ne me connaît même pas...

    * Tout comme tu as été gentille avec Mathias, alors qu'elle pouvait te tuer... *

    Je me lève tout en continuant à fixer le sol, les bras toujours croisés, s'enroulant autour de moi. Une fois debout je peux aisément constater qu'il est grand, plus grand que moi du moins, je pose mon index sur sa poitrine, désignant son coeur toujours avec les yeux fixant le sol.

    « Le savais-tu... ? »

    Mes yeux se lèvent vers lui, pour se déposer sur les siens et je rajoute...

    « Le coeur est le miroir qui reflète les émotions... »

    * Kara, merci... *

    La clé est le coeur, il suffit juste, de savoir écouter les émotions du coeur de son double et de les accepter, ainsi le miroir, ne sera plus un obstacle pour eux. Je l'ai comprise, seulement après avoir rencontré Mathias dans le monde des rêves.

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MessageSujet: Re: Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...    Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...  EmptyDim 8 Juil 2012 - 19:05

And I don't want the world to see me
'Cause I don't think that they'd understand
When everything's made to be broken
I just want you to know who I am

I just want you to know who I am



Aussi stupide, crédule et maladroit que je suis, la raison pour laquelle j'ai vécu tout ce temps à la place de Rose m'échappe complètement.

Je me suis voilé la face, même après vingt et quelques années sur terre, parce que j'étais auprès de ma mère. À ses côtés. J'ai toujours cru que je devais vivre pour elle, simplement parce que je lui devais ma vie. La solitude et la peine était le prix à payer pour ça.
Le besoin de reconnaissance aussi.
Je ne suis pas devenu subitement prétentieux : j'ai simplement besoin d'être vu par quelqu'un pour me sentir exister.

Moi, j'aimerais vivre à travers les yeux de quelqu'un, être apprécié à ma juste valeur (si toutefois j'en ai) par une personne qui me verrait tel que je suis réellement.

Mais c'est bien connu : on ne désire ardemment que ce que l'on ne peut pas avoir.

J'aime ma mère, je l'aime vraiment en dépit de tout ce qu'elle m'a fait.
Bien sûr que j'ai souffert, le nier serait mentir : c'est juste que je me sens chanceux par rapport à d'autres. Ma vie n'est pas aussi horrible qu'on voudrait le croire.

Je ne suis pas le plus heureux des hommes, mais je ne suis pas non plus le plus malchanceux.

Je n'aurais juste jamais imaginé que quelqu'un, par delà ma douleur, puisse souffrir aussi à cause de moi.
Que je le veuille ou non, ça ne me fait sentir que plus coupable par rapport à elle.
Parce que je suis un poids sur ses épaules. Et parce qu'elle souffre de quelque chose qui ne la concerne même pas.

    « Je ne pense pas pouvoir... pouvoir t'accepter tout de suite parce que... co-comment dire ? Ça me semble encore trop irréel pour être vrai. Je ne sais pas ce que je ferais quand... quand je me réveillerais : peut-être que je reprendrais mes esprits. Peut-être que j'oublierais. Mais... mais si jamais j'y crois, même un peu, alors j'aimerais toutefois... essayer. »

Au final, je crois que je comprends pourquoi Rose a pu voir à travers mes yeux et entendre mes pensées alors que la réciproque n'était pas vraie : au fond, je l'ai toujours rejetée. J'ai ignoré son existence alors qu'elle a toujours été là pour moi.
Alors qu'elle m'a toujours accepté tel que je suis.

J'ai de nombreuses fois espéré que Sakura me remarque et m'aime pour ce que je suis. Mais au final, c'est Rose qui a exaucé mon rêve le plus idiot et le plus fou.

Je suis apprécié d'une morte, d'un fantôme. Et ça me fait sourire. Ça me rend un peu plus heureux, dans le fond.

L'accepter, n'est-ce pas ? Moi, je veux bien essayer. J'aimerais comprendre, la comprendre un peu mieux. Peut-être qu'avec ça, j'arriverais à grandir et à me cerner un peu mieux moi-même.
Peut-être que je parviendrais à être un peu moins naïf, aussi.

Je ne sais pas trop à quoi m'attendre et je suis terrifié.

Mais j'aimerais tout de même essayer. Ça prendra sûrement du temps, et ça ne fonctionnera peut-être pas, mais je ferais en sorte que ça marche. Si tout ça est vrai, je le ferais.

    « T'as pas à te forcer, Isa. »

Non, c'est vrai. Mais ça me fait plaisir.

    « T'es un idiot. »

Tu trouves ? Je suis désolé.

    « Ne le sois pas. T'es un idiot, mais un gentil idiot. C'est pour ça que je veux être à tes côtés depuis toujours. Ha... peut-être que c'est moi l'idiote, finalement. »

Je n'ai pas toutes les réponses de la terre.
Je ne suis pas pur. Je ne suis pas parfait.
Ma tête, c'est un champ en ruines où s'abat une pluie aux gouttes de poison qui abreuve des germes de ronces.

Je ne sais plus trop où j'en suis et je ne sais pas encore si ces jeunes gens m'ont apporté plus de réponses que d'interrogations mais...

    « Le savais-tu... ? Le coeur est le miroir qui reflète les émotions...

    - Kara ? Merci. Merci d'avoir essayé de m'aider... de m'aider sans me juger.
     »

De ma manche, j'essuie les larmes de ses joues et je lui offre un sourire.
C'est douloureux de voir les autres pleurer.
Je sais que je suis un peu paumé, un peu ahuri, un peu idiot mais c'est tout ce que je peux faire. Pour elle. Pour eux. Pour les remercier d'avoir essayé de venir en aide à quelqu'un comme moi.

    « Je ne sais pas encore si tout cela est réel ou pas mais... mais disons que ça m'a aidé... aidé à comprendre... certaines choses. Je ne trouve pas que ce soit juste de comparer... les souffrances de chacun, m-mais je sais que nous n'avons pas le même vécu et que c'est... inutile... de comparer ce qui n'est pas comparable.

    - Isa...

    - Pour le moment, vous dire merci... c'est tout ce que je peux faire. Je ne sais pas vraiment ce qui... ce qui va advenir de nous mais... j'ose espérer que... je la rendrais moins seule. Et moins triste.
     »

Tu crois que personne ne peut te comprendre. Comprendre ta douleur, ta souffrance, et tu penses qu'en enfouissant tous tes mauvais cauchemars, ça t'aidera à avancer.
Mais un jour, ça explosera. Ça t'explosera à la figue et tu perdras le contrôle... de toi-même.

    « Je ne suis pas magicien, je ne suis pas devin et je sais que ça ne sera pas facile... mais... mais si vous avez réussi à en arriver là... peut-être que... peut-être qu'un jour... »

J'ai erré. Dans cette vie, j'ai erré. Je me suis égaré et ai fait durer l’exil jusqu'à l’impression même de ne plus m’habiter.
Aimer l’instant, détester le moment, se confondre dans le temps.
J'ai erré. Depuis toujours. Et seul.

Enfoncer les deux poings dans les poches, émerger les yeux des regards qui m'entourent et les baisser, inlassablement. Hésiter toujours, du corps et de la raison, jusqu'à ne plus savoir si la lumière fait le bien ou le mal.
C'est ce que j'ai toujours fait. C'est ce que je continuerais à faire.

On ne peut pas changer d'un claquement de doigt, du jour au lendemain.
Ça, je ne le sais que trop bien.

Je continuerais à avoir peur. À être faible et trouillard. Mais, et même si tout ça ne se trouve être qu'un rêve, je commencerais enfin à croire en elle. En son existence, même si je dois moi-même l'inventer pour cela, même si je dois la poursuivre jusqu’à l'essoufflement, jusqu’au bout, jusqu'à la limite des territoires, jusqu’au soi lointain, jusqu’à ce qu’elle se voit enfin prendre de l'épaisseur, jusqu’au ridicule, jusqu’à l'épuisement, jusqu'à l'indifférence, jusqu'aux brasiers et aux cendres, jusqu'au ciel puis jusqu'en enfer.

Comme ça, si mon errance se poursuit en ce monde, tu serais à mes côtés.
Pas en tant qu'ombre mais en tant qu'égal.
Pas en tant que reflet mais en tant que moi.
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Ange & Démon
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MessageSujet: Re: Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...    Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...  EmptyMer 11 Juil 2012 - 1:19


    Le reflet dit "Entité" et la malédiction Galdor...

    Un réveil bien soudain, un violent coup à la porte me fit sortir de mon sommeil. Un sommeil, dont le rêve était pour le moins étrange, me direz-vous ? Je regarde Kara dans le miroir, histoire de lui demande d'un simple regard, si mon cerveau n'avait pas inventé ce scénario, je voulais mon assurer. Elle me regarde, je la regarde, comme des statues pendant au moins une bonne dizaine de minutes, jusqu'à ce que la porte frappe de nouveau. Dans tous les cas, je me rappelle avoir vécu ce rêve et le regard de Kara disait la même chose. Je sors du bain, l'eau était devenue bien tiède. J'ai du m'endormir un bon petit moment, voir un peu trop, car sur mon portable l'heure indique déjà 8h15... Je vais me faire sûrement remonter les bretelles, comme on dit. Je sors du bain miroir devant moi, parfois je me dis que, je suis bien heureux d'être le seul à me voir tel que je suis dans le miroir, parce que ça deviendrait fort gênant dans la vie commune.

    Je ne sais même pas si mes vêtements me vont bien niveau style, me voir en fille à ses inconvénients, c'est vrai... Mon bon ce n'est qu'un détail qui fait rire, à mon reflet et moi de même. Je mets sur moi des vêtements propres, finalement je vais demander, à étudier les Runes tout de suite et non l'après-midi à Ethan. Le matin je serais plus sérieux sur la lecture que l'après-midi, là où le sommeil risque de nouveau se pointer. Pour revenir à ce rêve, je dois admettre qu'il a été très instructif pour moi et Kara, cela nous a appris à encore mieux nous connaître. Je suis à la fois Djibrïl et à la fois Kara.... J'espère pour eux qu'ils ne vont pas basculer de l'autre côté, comme elle, cette femme...

    * Regrette-tu ? *

    De ne pas leur avoir dit, que si le reflet d'Isa continuait à être ce qu'elle est en ce moment, elle finira par devenir une entité malveillante ? Un démon, les ténèbres incarnés comme l'entité de ma tante Minuit ? Aurai-je dû leur dire aussi, que le dédoublement de l'âme est une malédiction née de la famille Galdor ? Ma famille et que précisément, cela voulait dire que la malédiction s'est répondue, ou que Isa soit par "je ne sais comment", de la ligné des Galdor lui aussi... ? De plus, il me semble que tu les as prévenus, en disant à cette femme qu'elle finirait par devenir un point noir dans le coeur de son hôte. Maintenant, cela ne nous concerne plus, nous devrions oublier ce rêve et poursuivre notre route. Je dois retrouver des membres de ma famille Halliwell, tout comme Smith...

    * Peut-être, qu'il connaissait un membre de notre famille ? Va-t-on les revoir ? *

    Qui sait ? Le futur nous le dira...

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MessageSujet: Re: Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...    Le miroir et les mondes opposés de la réalité et du reflet...  EmptySam 14 Juil 2012 - 15:10

« Le gris est la finalité de ceux dont l’ombre est devenue lumière. »



Sans que je ne comprenne comment, ils sont partis.
Un coup de vent, un frémissement de lèvres a suffit.
Ils ont tous les deux disparus dans un tourbillon sauvage de papillons multicolores.
Sans un mot. Sans un bruit. Sans un signe.
Dans un silence profond.

La souffrance retourne à la souffrance. Le délaissement aussi.
J'ai espéré mais n'ai jamais imaginé que quelqu'un puisse comprendre un instant mon vécu. Et peut-être que tout cela n'est que le fruit hasardeux d'une rencontre entre la solitude et l'ennui ? Peut-être qu'ils n'ont jamais existé ?
Mais si c'était le cas, je ne m'en sentirais que plus seul, n'est ce pas ?

Pouf. Ils sont partis.
Un clignement de paupière, un froncement de sourcil a suffit.
C'était beau. Triste mais beau.
Bien que notre rencontre aie été brève. Brève mais enrichissante.
Enfin, j'ose le croire pour l'instant.

Croire... qu'est-ce que je suis censé croire, maintenant ?

    « Ce qui te semble le plus juste, Isa. Je te l'ai dit : tu n'as à te forcer à rien. »

Ce qui me semble le plus juste ? J'ai l'impression que tous mes sens ont été dévorés par ce rêve, suffisamment pour m'embrouiller jusque dans mes tripes.
Je pourrais faire comme d'habitude : jouer aux lâches et m'obliger à tout oublier.
Seulement...
… seulement, c'est bien trop réel pour n'être qu'un simple rêve et ça me laisse pantois.

    « Je n'attends rien de toi, pas même que tu m'acceptes. Ça fait des années que je me suis résolue à ça : après tout, le noir et le blanc, c'est beau mais ça ne se mélange pas. »

Mais moi, j'aime le gris.
C'est la seule couleur que je parviens à imaginer facilement.
Le gris, c'est la réminiscence du ciel londonien, la douce crinoline des sommets d'une montagne, l'aumusse de la pierre, la pointe du crayon sur le blanc d'une feuille de papier, le souvenir du bleu d'un ciel, la couleur intérieure des limbes de nos êtres, les cardamones de la vieillesse, le duvet soyeux des nuages, l'exaltation d'un parfum, l'égalité dans la nuit, l'addition du blanc et du noir.
Il nous rappelle aussi que nous sommes tous métissés, descendants du bien et du mal, anges sans ailes mais diables à demi.

Et puis contrairement à l'adage, le gris, ça n'est pas triste.

    « J'ose espérer que tu oublieras tout et que tu poursuivras ta vie comme avant. Je ne suis pas assez égoïste pour vouloir te causer du tord, Isa. »

Pourquoi nos au revoir doivent-ils sonner comme des adieux ?

    « Parce que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. »

Je comprends. Je suis désolé.
    « Tu n'es pas fautif de quoi ce soit, alors arrête de t'excuser pour un rien. C'est énervant à la fin. »

Je hochai la tête en silence dans un signe muet de pardon, les paupières closes, m'évertuant à ne pas fixer les centaines de miroirs qui m'entouraient.

    « Sort d'ici. Va-t-en. Et fais de beaux rêves Isa. Mais sans moi. »

Le ton doucereux de sa voix me fit sursauter, tandis qu'un lourd pincement m’étreignait le coeur.
Tu veux que je te quitte ?
    « Non. Mais pars. Le plus loin possible. »

Pris dans un soubresaut d'une audace soudaine, je plonge mes pupilles dans les siennes. Elle a dans les iris une petite lueur noire, stigmate de chagrin. Au creux de sa joue, ses morsures intérieures tressaillent comme on s'abreuve d'un réconfort.
Elle me fixe mais semble ne voir ni regarder, ni rien ni personne.
Son dos voûté sous un poids qu'elle seule connaît, petite et pâle, elle semble être là depuis plus de mille ans, sans le souvenir d’y être née ou même d'avoir été un jour ailleurs.

Elle n'espère rien et n'attend rien de personne.

Alors elle ferme les yeux, choisit l'impassible le temps d'un instant, puis soulève les paupières tandis qu'un nouveau rictus jure d’ignorer les sanglots -absents pour les autres, mais si visibles pour moi- qu’elles révèlent.

Elle sait que demain encore elle se trouvera là avec ses yeux ternes, ses mains qui hasardent et ses joues qui pulsent aux rythmes des meurtrissures.

Dans un geste d'absolution, je cours vers la sortie. Je n'ai pas le temps d'embrasser le paysage du regard que je suis aveuglé par une clarté irréelle. Je baigne dans la lumière mais, en tendant mes mains devant moi, je me vois perdre des couleurs jusqu'à devenir transparent.
Terrifié, je me tourne vers la montagne et la voit éclater dans un vacarme assourdissant qui, au fil des secondes qui s'égrainent, ne devient qu'un doux murmure.

    « ISAYA ! »

La violence de la claque me fit revenir d'un coup sec à la réalité.

C'est à moitié sonné que je regarde ma mère, debout devant moi dans toute sa splendeur. Furieuse, les mains sur les hanches, je vois son pied qui tressaille et qui brûle de me botter l'arrière train.

    « Combien de fois je dois te répéter de ne pas te coucher tard ! Tu es idiot ou quoi !? »

Le bout de mes doigts se perd sur ma joue endolories, tandis que mon regard sans éclat se pose sur l'embrasure de ma fenêtre. Les persiennes plongeaient ma chambre dans l'obscurité mais la lumière qui y filtrait me donnait cette étrange impression d'avoir rêvé d'un songe important. Seules quelques bribes obscures avaient survécu et me revenaient cependant, faisant frissonner mon corps : ceux d'un désespoir sans fin et la certitude d'avoir appelé après quelqu'un.

Pourtant, je sais que ce n'était pas un cauchemar ou, du moins, ceux que j'ai l'habitude de faire.
Parce que eux, ils restent gravés dans ma mémoire à jamais.

Je me redresse brusquement tout en commençant à faire les cents pas dans ma chambre.
Mais avec ma mère qui hurlait pleine de hargne à mon encontre, impossible d'arriver à me concentrer. La frustration me fit monter un goût amer dans la bouche.

    « TAIS-TOI ! »

Bouche-bée par tant d'audace, ma mère posa une main sur son cœur tout en me regardant d'un air ahuri.

    « Tais-toi. Tais-toi ou va-t-en. »

Je rejoins mon salon en quelques enjambées, tandis que la porte d'entrée claque de colère. Et je m'assois à mon piano tout en fermant mes paupières. Une mélodie résonne dans mon crâne. Je fronce légèrement les sourcils parce que… parce qu'elle m’est inconnue. C'est vrai : d'habitude, c'est celle de Sakura qui me trotte inlassablement dans la tête.
Un léger sourire étire mes lèvres fanées.

Le sillon de sang séché orne toujours la commissure que je n'ai pas eu le courage d'essuyer. J'ai déçu encore ma mère mais, en cet instant, ça m'importe peu.

Je fredonne du bout des lèvres ce nouvel enchaînement musical en essayant de mettre une note sur chacun des accords. C'est étrange, mais les croches… doubles, triples, quadruples, des rondes, des blanches, des noires, des soupirs... elles me reviennent en tête avec une facilité déconcertante.

Mes doigts effleurent les touches avec frénésie. Comme un drogué prenant sa dose.

Et, pendant que j'enchaîne les portées avec cette fougue qui ne m'a pas habité depuis longtemps, j'ai cette impression obsédante que cette mélodie dévoile sans pudeur une part de moi-même que je n'ai fait qu'ignorer jusqu'à présent.

Puis je me stoppe, me lève pour aller prendre une feuille toute simple et un crayon, et commence à griffonner, observant avec une certaine fascination les traits laissés par la pointe du crayon sur le blanc de ma page.

Le gris.
J'aime le gris, éphémère des aubes de pluie, caban des réverbères, teinte née de l’union d’un tout et d’un rien, d’un noir issu de toutes les couleurs et d’un blanc inconnu d’elles.

Quand j'ai terminé ma besogne, je m'étire et m'étonne de la manière dont j'ai parlé à ma mère. Me relevant de mon siège avec maladresse, je décide de me rendre à son appartement pour m'excuser, laissant derrière moi une partition dont le nom me semble à la fois si lointain mais étonnement familier :

Lettre à Leca, Lune éclatante sur son trône de nuit.

[RP TERMINÉ]
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