Moi j'ai le pouvoir ! [PV Heather]

Cette jeune fille est folle. Bon, pas autant que moi, c'est vrai...

C'était un joli petit matin tout mignon tout beau avec des nuages roses et tout. J'étais sorti tôt pour aller continuer de rénover la librairie du village. J'avais mon pot de peinture blanche, mon pot de peinture jaune, mon pôt de peinture verte, mon pinceau, un marteau, des clous, des planches, mon sourire aux lèvres.

Je racle à présent la façade du vieux bâtiment, afin de retirer les saletés, la vieille peinture, les vieux clous, etc. C'est youpi-banane. Je m'amuse bien. Je fais ça pendant un bon moment, jusqu'à ce que les rayons du soleil deviennent un peu chauds et dorés, et viennent me tenir compagnie.
Comme je suis tout joyeux, tout bisounours, tout oui-oui, tout barbapapa et tous leurs amis, je ne fais attention à rien d'autre qu'à ma petite façade toute mignonne qui sera peinte en jaune, verte et blanche, vous l'aurez deviné, je me dis que, tiens, ça pourrait être pas mal d'utiliser la télékinésie pour faire venir le pot de peinture qui est juste en bas. Ben oui parce que quand j'ai débuté les travaux ce matin, il était très tôt, et il était fort peu probable que quiconque passe par là. Sauf que là il est neuf heures et demie et ça l'est un peu plus.

Et une jeune fille tout mignonne toute guillerette et toute blonde passait par là. Au moment pile où mon joooli seau de peinture s'élevait dans les airs, et où je tendais ma main pour attrapper son anse. Et, ne l'ayant pas remarqué, pendant ce temps là, moi je pensais : "Ensuite, il faudra remplacer les vitres et passer un bon coup de balais à l'intérieur. Ca va me prendre plusieurs jours c'est sur. Et si je demandais à Josh de m'aider".

Je me retourne. Je vois la jeune fille blonde. Le seau se pose gentimment à coté de moi. Je manque de me casser la figure de mon échaffaudage, je vascille, fait une petite prière au cas où je mourrais. Je meur pas. Je fais un grand sourire forcé à l'inconnue. J'ai envie de lui chanter Sara Perhe Ti Amo. Peut-être que si je faisais ça en m'habillant en pom-pom girl ça lui ferait oublier ce qu'elle vient de voir. Ou peut-être pas. Ou peut-être qu'elle appellerait l'hopital psychiatrique.

En fait la seule chose qui réussit à sortir de ma bouche, c'est :

-Héhé.

Je continue de la fixer, en attendant sa réaction. Si elle s'enfuit en criant au scandale, si elle me demande mes papiers ou si elle se marre en faisant "MOUAHAHAHA JE SUIS UNE SORCIERE NOIRE PETIT NAIF TU VAS DEVENIR MON ESCLAVE SEXUEL". A voir.

Tout ce passait normalement .
Comme d'habitude Heather sortait de chez elle un beau matin . Comme d'habitude avec un sourire collé sur ses lèvres prête pour entamer sa journée . Comme d'habitude elle traverse les rues anciennes de Little Angleton d'un pas décidé vers l'épicerie . Comme d'habitude elle observe les jolies devantures des petits commerces .

Heather apprécie son petit train-train du week-end . Elle profite pleinement du trajet qui l’amène vers la boutique de Mr Khayman son sympathique employeur . Les rues pavées , les toits tordus , les fleurs aux fenêtres , les balcons en fer forgé , tout , tout dans ce village la faisait rêver . Elle aimait se tenir au courant de ce qui s'y passait . Et elle avait pour cela une équipe d'envoyées spéciales qui la tenait au courant de tout ce qui se passait . Ainsi Heather connaissait les petits potins et les ragots qui circulaient en ville sur chacun des habitants . La plupart du temps ce n'était que des histoires farfelues que l'on colportait pour faire rire ses voisins . Ainsi le boucher utiliserait les chats du quartier pour ses succulentes tourtes que tout le monde s'arrache . Ces envoyées spéciales faisaient leur compte rendu le matin à Heather en passant à l'épicerie . Ces envoyées très spéciales sont en fait un petit groupe de grand-mères , souvent veuves , amies depuis des années qui se racontaient ou inventaient des rumeurs .

Elle s’étonna donc de voir un jeune homme refaire la façade de la petite librairie . On ne lui avait rien à ce sujet . En réalité elle était plus troublée par le fait qu'elle ignorait tout de cet entreprise que par le pot de peinture qui s'envolait vers le jeune homme perché sur son échafaudage . Attendez ... UN POT DE PEINTURE VOLANT ?!

-Mais qu'est ce que... Ce n'est pas p... Non mais je rêve !!!

Non , non , Heather cligner des yeux et ouvrir la bouche telle une carpe , cela n'y changerait rien . Car non ce n'était pas une vue de l'esprit , l'objet volait bien . Pourtant Heather savait qu'en venant ici elle risquait de voir des choses ... étranges . Mais c'était si rare , si furtif qu'elle n'y prêtait pas attention . Là , disons que c'était différent . Elle était perdue dans ses pensées qu'en un pot de peinture posé à ses pieds s'est soulevé lentement , passant devant ses yeux la tirant de sa rêverie pour continuer tranquillement s route vers le jeune homme . Qui soit dit en passant avait l'air aussi surpris qu'elle . Su Heather n'était pas aussi interloquée elle se serait sûrement tordue de rire face à la tête qu'il faisait . Mais elle était trop occupée à écarquiller ses yeux . Elle se décida finalement à parler . Elle ne voulait pas se montrer agressive , elle laissait juste le flot de parole couler de sa bouche sans interruption . Heather avait la mauvaise habitude de se laisser emporter facilement . Mais il semblerait que les habitudes n'étaient après tout pas au rendez-vous ce matin .

-Ô mon dieu ! Non pas que je me fiche de vous mais ... ce spectacle vaut son pesant de litchi ! Mais vous ne devez pas faire en sorte que tout cela passe inaperçu ? Parce que là ce n'est pas vraiment ce j'appelle être discret . Et vous êtes au courant que selon de normes de sécurité vous devriez vous sécuriser quand vous êtes là-haut ? Enfin moi j'appelle cela utiliser son cerveau de manière logique mais la logique ça ne semble pas être votre truc n'est-ce pas ?

Un peu garce vous trouvez ?

Soy loco, loco, loco, loco-oh !

Elle s'arrête, me regarde d'un air hébété, comme si j'avais mangé un caniche tout cru, même si ce que je viens de faire est probablement plus improbable, ce qui prouve bien que c'est pas normal tout ça, et commence une phrase. L'arrête. Et lorsque le seau s'est posé, elle me parle de litchi. Alors moi je lui balançe, direct, comme ça TAC, par réflexe :

-ABRICOT !

Et voila j'ai géré ! Non ? Si. Bref, je la laisse continuer sa tirade, qui dure jusqu'à demain matin. BONJOUR, vous avez bien dormi ? Ok, je me la ferme et j'écoute parler la charmante jeune fille. Donc alors selon elle je suis petit a, pas discret, petit b, suicidaire, petit c, pas logique. Je réfléchis, j'emmagasine, j'enregistre puis hoche la tête d'un air convaincu. Je descend rapidement de mon échaffaudage, et déclare à tout va :

-Mais non, vous n'avez rien vu, c'est parce que vous êtes blonde !

Et PAN, dans tes dents. Non, la réelle intention n'était pas méchante, c'était juste pour rire, voire sa réaction, puisqu'elle a l'air d'avoir de l'humour à revendre. Oui, alors les normes de sécurité, globalement il se les mettait un peu partout dans ses orifices corporels pour rester poli. Et puis la logique, ça n'avait jamais transcendé Zach alors...Il vivait sans. Exceptés quelques principes de base bien entendu. Du style si tu aime quelqu'un tu lui fais des calins, si tu l'aimes pas tu le gifles. Voila. Ce genre de choses.

-Alors oui euh, pour les règles je suis au courant, simplement j'avais la flemme, et vous avez pu le constater, si je tombe, je vole, enfin, si j'y arrive. Et la logique, c'est des maths. Vous aimez les maths ? Non ? Je m'en doutais.

En réalité je n'ai pas du tout attendu sa réponse. D'ailleurs je la prends par les épaules, plante mes yeux dans les siens, et déclame d'une vois d'outre tombe :

-Les maths, c'est le MAAAAAAL.

Maintenant qu'elle a compris j'essaie de lui faire passer discrètement un autre message subliminal :

-Vous n'avez rien vu, d'accord, vous n'avez rien vu.

Si quelqu'un passe par là il appellera la police en croyant que la charmante jeune fille se fait agresser plus ou moins sexuellement. Et je serais en prison et ce sera pas cool. Pas cool du tout. Je serais aussi triste qu'un japonais triste. Et comme dit le proverbe, il n'y a rien de plus triste qu'un Akamatsu triste. Tout à fêêê. Maintenant j'attends que la jeune fille change de sujet, je lache ses épaules, et demande, comme si rien ne s'était passé :

-Vous aimez les livres ?

Comme si elle allait oublier qu'elle vient de voir un pot de peinture voler.

Trèèèèèès bien . Bon maintenant tout s'explique . Je dirais même plus c'est clair , lumineux , le cosmos éclaire tout . Ce jeune homme est absolument complètement nécessairement diamétralement tout à fait ... détraqué , aliéné , fêlé , timbré , toqué , frappadingue , dément ,interné , malade , psychopathe , bref un véritable fou furieux . Bon le bon côté des chose dans cette affaire c'est qu'Heather doit être a peu près aussi barge que lui .

Côté folie elle s'y connait plutôt bien . Même si avouons-le , ce jeune homme est un adversaire de taille qui risque surement de la battre à plate coutures sur ce terrain là . Autres bonnes nouvelles 1) entre fous ils devraient bien s'entendre 2) plus on est de fous plus on rit ! Et dans ce cas précis ils ne devraient pas s’ennuyer .

Pour résumer quatre choses on marquées Heather dans les paroles de l'inconnu de 9h22 . D'abord qu'il se jette devant elle en criant : ABRICOT ! Oui ça c'était un fait marquant , pas du genre que lon entend dans les sujets de conversations habituelles . Secondo , qu'il lui parle de maths , matière ô combien détestée par notre jeune demoiselle , il semblait d'ailleurs partagé cet avis . I l aurait pu au passage se contenter de partagé sa pensée sans pour autant agripper Heather par les bras et la secouer en hurlant que les maths c'est le mal , gestes et paroles selon heather un chouilla superflus .

Ne parlons pas de sa tirade sans utilité aucune qui de manière synthétique lui assurait qu'elle n'avait rien vu . Si il voulait l'hypnotiser qu'elle le rassure tout de suite c'était sans résultat . Et enfin comme pour la persuader de ses troubles bipolaires il changea parfaitement de sujet et lui demanda si elle aimait les livres .

Autant dire que comme réveil matin ce jeune homme était sensass , d'une efficacité à toute épreuve . Heather était fin prête à affronter tous les petits désagréments de sa journée car elle était plus réveillée que jamais . Pensez-vous qu'elle pourrait l'engager pour la réveiller le matin ? Voyez les autres avantages qu'il apporte , c'est écologique et si il pouvait lui apporter des croissants en plus il serait vraiment parfait .

Mais on s'égare du sujet premier . Il attendait manifestement une réponse . Réponse qu'heather ne manqua pas de lui donner avec tout le sérieux du monde .

-Vos cheveux ils sont comme ça naturellement ou vous les frisez vous-même ? Sinon pour vous répondre abricot , mûre ou cassis ? Oui je suis blonde mais pas aveugle et je vous assure que j'ai vu ce que vous venez de faire . D'accord aussi sur le côté satanique des maths , le calcul mental qui fâche tous les hommes au même titre que la dichotomie du bien et du mal . Je vous réaffirme que O U I j'ai TOUT vu . Et oui j'aime les livres . D'ailleurs vous savez qu'en ce moment vous faites une tête de chat ?

Toute cloche clochant dans un clocher en clochant fait clocher par le clochatif ceux qui clochent clochablement

La jeune inconnue ne trouva rien de mieux à faire que de me répondre par une question, qui, de plus, n'avait aucun rapport avec la choucroute. Choucroute. Mouahaha. Suis-je frisé naturellemment ? Sans réfléchir : OUI. Ca me soulait quand j'étais ado, ça me faisait une...Une choucroute. Ouais bon donc ça a un rapport avec la choucroute, mais de base ce n'était pas ce que je voulais dire. Des fois mes pensées se font des croches pattes entre elles, vous voyez ?
Toutes mes frustrations d'ado boutonneux remontent dans ma gorge, j'aurais presque envie de pleurer...Mais je réponds courageusement :

-OUI, c'est naturel. Je n'entortille pas mes mèches autour d'os de poulet pour les friser. -je ne sais pas d'où me vient cette idée saugrenue, ne me posez pas la question- Et vous, je vous demande si votre blondassitude est naturelle ?

Na. Nan mais elle me cherche la bimbo là ! Non, plus sérieusement, elle m'inspire beaucoup de sympathie, mais aussi beaucoup de réparties cinglantes ou débiles, au choix. Surtout qu'elle dit des trucs aussi stupides que moi. Et je joue totalement le jeu, la preuve, je tord ma bouche et lève les yeux pour montrer que réfléchis (si, si, ça arrive !) et déclare :

-Mure ou cassis, mure ou cassis...Pêche !

Bon, d'accord, blonde, mais pas aveugle. Essaie encore. Je suis tombé sur une mauvaise blonde. Une blonde (plus ou moins) intelligente. Breuuuu. Bon il va falloir agir en conséquence dans ce cas.

-Ah bon...Mais bon si vous n'aimez pas les maths et donc pas la logique vous conviendrez en choeur avec moi et en parfaite harmonie que faire léviter un pot de peinture n'est pas si grave que ça. Huuum ?

Déjà, elle n'avait pas l'air plus angoissée que ça à l'idée de se trouver devant un type potentiellemment télékinésiste. C'était déjà un point positif. Je pourrais toujours l'enrôler dans...pour...Quelque chose...Enfin...Bref, s'arranger pour qu'elle vive tranquillemment avec le secret, ça devrait pouvoir se faire non ? Je réalise que je ne suis pas si honteux ni embêté que ça de la gaffe énorme que je viens de faire. Ouais, la vie, c'est cool, pourquoi s'emmerder à essayer de faire oublier des choses à des blondasses que ça n'a pas l'air de déranger ? Pour faire chier le monde, voila pourquoi. Donc pas besoin. Je suis sauvé, youhou ! J'ai conscience du caractère bancal de mon raisonemment.
En plus, elle change de sujet aussi rapidement que moi ! Elle est géniale cette blondasse !

-Ca tombe bien parce que je compte ouvrir une librairie, là, juste là ! dis-je en montrant mon local d'un signe de tête.

Un chat. Une tête de chat. Ah bon ?

-Miaou ?

Je suis ridicule. Et j'aime ça.

Blondassitude ? BLONDASSITUDE ?! Non mais il se prenait pour qui ? Bien sûr que la blondeur d'Heather est naturelle ! Il ne manquerait plus que ça ! Heather pris cela pour une insulte de la plus haute gravité et il méritait en conséquence une punition d’une sévérité égale au sérieux de cette accusation honteuse. Après de longues délibérations entre Heather et…. Et elle-même, Heather trancha pour un châtiment suffisamment ignoble pour le faire repentir de ses paroles calomnieuses et insolentes.

-Mais OUI parfaitement ma blondassitude est naturelle! Non mais oh ! Vous êtes un fieffé coquin ! Un malotru de la pire espèce, à la baille capon ! Va nourrir les poissons forban boit-sans-soif, gibier de potence ! Vous avez été jugés, reconnus coupables, et condamnés à être conduits immédiatement place des exécutions, où à la marée basse vous serez pendus par le cou jusqu’à ce que mort s’ensuive! Que le Seigneur dans son infinie bonté ait pitié de vostre âmes. Après quoi, vous serez décrochés de la potence et vostre corps suspendu dans une cage de gibet !

Palsambleu ! Elle se sentait bien mieux maintenant qu’elle avait injurié se rustre, ce goujat, ce mufle ! Bon ce qui le sauvait, de peu, c’était qu’il avait répondu à sa question. Il avait en effet répondu pêche, bieeeen, il n’était pas tombé dans le piège pourtant ô combien audacieux. Quel piège me direz-vous ? Et bien le mystère reste encore entier de nos jours.

Sur ce il lui sorti une explication fumeuse, lui parlant de maths et de logique pour finir par lui dire que non elle se trompait et qu’elle n’avait rien vu du tout. Il pensait vraiment pouvoir la berner comme ça ? D’autant que ce qu’il venait de dire n’avait ni queue ni tête. Plus étrange encore, Heather avait pourtant compris de quoi il parlait. Bon évidement il n’y avait rien de « grave » dans ce qu’il venait de faire. Mais c’était tout de même bien maladroit et peu réfléchi ! Non il ne fallait pas se leurrer et elle lui fit voir sa façon de penser sur le champ.

-Mais pourquoi ? Pourquoi faites-vous cela ? Vous êtes un benêt ! Vous le savez ? Je vais organiser une magnifique réception et vous n’êtes pas invité ! POTATOE !!!!!!!!!!

Et en parlant de blonda/brunassitude , il lui dit qu’il ouvrait justement une librairie. Parfait pour la réception d’Heather ! Mais attendez, quelle réception ? Pour son chat chairman meow sans aucun doute puisqu’il venait de miauler. Ainsi tout s’explique. Et elle s’empressa de le lui dire.

-C’est clair comme de l’eau de roche cher chairman meow ! Je dirai même plus ! C’est LIM-PIDE !!!

Sujet: Re: Moi j'ai le pouvoir ! [PV Heather] Dim 4 Nov 2012 - 18:51

La folie m'a toujours sauvé et m'a empêché d'être fou

Elle avait du vocabulaire et de la répartie cette petite blonde. Cela me plait, j'eus un sourire amusé en même temps que des puppy-dog-eyes alors qu'elle me traite de tous les noms. J'ai l'impression de me faire une nouvelle amie. Et j'en ai également envie. J'ai le sentiment que la bonne humeur d'Heather est extrêmement agréable à vivre et bonne pour le moral. Je prend ensuite un air de chien battu contrit et me dirige vers mon échafaudage comme s'il était la potence où je dois être pendu haut et court. Je remonte sur mon perchoir, m'accroche à une barre et déclare solennellement :

-Que ce jour, reste en ta mémoire, jeune fille, car c'est le jour où tu as failli attraper le Capitaine Zacharia Creed !

Et je saute à pieds joints devant elle, un grand sourire aux lèvres, puis je rit. Elle prend un air désespéré pour me demander, pourquoi je fais cela, et que je ne suis qu'un benêt. En plus, elle organise une magnifique réception, et je ne suis pas invité. Je vais bouder. Non. Elle a dit potatoe. Je peux répliquer banana.

-BANANA ! Lui hurlé-je en pleine figure, éclatant de rire dans la minute qui suit. Et je sais parfaitement que je suis un benêt. Ce qui est encore mieux et que vous, vous ne saviez pas, c'est que je suis particulièrement fier de l'être.

Je lui tape amicalement sur l'épaule alors qu'elle me regarde d'un air outré et pas vraiment convaincue par mon explication, je soupire, la regarde en coin en tordant ma bouche d'un air désolé, et lui demande :

-Ça vous dérange tant que ça la télékinésie ? Parce que franchement c'est très pratique !

Et sur ces mots, afin de lui montrer que mon don n'est pas méchant, gentil don, je fais léviter vers nous les pancakes qui étaient dans mon panier pour mon gouter de dix heures. Et je lui en tend une. Oui, je prends un gouter de dix-heure. Ou un second petit déjeuner, si vous préférez. Oui, comme les hobbits. Eh oui, vous n'aviez jamais remarqué l'air de famille ? Vous êtes des poulets en sauce. Je ne sais pas qui vous êtes, je ne vous ai jamais rencontré, je ne sais pas si vous existez, mais vous êtes des poulets en sauce. J'AI DIT. Pas la peine de répliquer, ou vous risqueriez de finir lobotomisé et vous erreriez dans la masse en répétant "Je suis totalement contre la vie."Passons.
Ma nouvelle coupine me trouve particulièrement clair, adore se moquer de moi et...M'appelle Chairman Meow. Oh je l'aime. Pas comme Hayley hein. Mais j'ai envie de la prendre dans mes bras. Oh et puis je le fais tant pis. Inch'Allah. C'qui cui la encore ? Oh et puis hein. Voila. Je sais que je suis protestant, pas besoin de me le rappeler. Bonjour, Dieu, au passage, si tu me vois. Serre moi la main ! BON. ZACHARIA CREED. Oui, c'est moi. Je suis toujours en train de serrer une presque inconnue blonde dans mes bras. Il faut que je lui dise pourquoi. Je la lâche, la prend par ses épaules et lui déclare, presque hystérique :

-Ah, vous aussi vous lisez The Mortals Instruments ?? C'est bien, très bien ! Et d'ailleurs, je suis ravi d'être le Chairman Meow à vos yeux ! Je ne savais pas qu'ils connaissaient à Little Angleton. Vous venez d'où au fait ? Je les ai tous lu et je vous promet que je ferais de mon mieux pour recevoir les prochains le plus vite possible lorsque la librairie aura ouvert.

Je souris encore de manière réjouie et débile, et presque -presque- s'en m'en rendre compte, j'attrape les mains de la jeune femme et l'entraine pour faire la ronde. Je suis grave. GRAVE. J'ai envie de dire un truc. Ça n'a aucun rapport. Ok je le dis quand même.

-I LOVE WEDDINGS !

Vous pensez qu'un jour je vais me marier avec Hayley ? Je pense que oui. Enfin, j'espère très fort.

Préparez-vous messieurs dames, brians et wendys, car ça va vous en boucher un coin ou deux : notre flibustier en herbe s'accrocha fièrement à son échafaudage tel Edward Teach à bord de La Revanche de la Reine Anne, et sauta et atterrit sur ses pieds tout en s'exclamant: "Que ce jour, reste en ta mémoire, jeune fille, car c'est le jour où tu as failli attraper le Capitaine Zacharia Creed !". Oui vous pouvez applaudir et pousser des cris de joie, laissez donc allez votre liesse ! Un tel numéro ne peut être ignoré. Aussi j'applaudis et sautille sur place comme la fan girl que je me dois d'être. J'étais tellement étourdie par cette prestation méritant amplement une avalanche de youpi banane, que j'eus un peu de mal à retrouver mon calme. Ce type à un don en ce qui concerne le spectacle, je dois bien avouer que cela est louche. Il y a poisson sous cailloux. Je ne vous parle pas d'un gentil cachalot hein, mais d'un vieux poisson bien dégueu.

Aussi devrais-je peut-être me lancer dans une enquête approfondie… Hum… Oui notez ça aussi: Hum… Le problème vous comprenez c'est que toute enquête nécessite évidemment l'utilisation d'une loupe. J'en ai une figurez-vous, une mini toute petite rigolote tagada tsoin tsoin, Mais, il y a un "mais" gros comme un camion-citerne messieurs dames ! Il se passe un truc de ouf malade à Little Angleton : ma mini loupe a disparue ! Qui est le voleur ? Est-ce un complot ? Qu'est-ce que ce vol peut bien signifier ? Parce que c'est important, très important, ça peut remonter très haut. Je ne laisserai pas ce crime impuni, je trouverai le crimier et il passera un sale quart d'heure je vous le dis. Oui parce que je ne peux décemment pas laisser l'administration s'en charger, c'est trop le bazar, et ils ne tomberont sur mon dossier seulement lorsqu'il sera trop tard. Et ce sera là le moment où ils disent "MAIS MON DIEU? MAIS C'EST UN OUTRAGE !" 3 ans après… Vous voyez c'est intéressant.

Tout cela pour vous faire comprendre bande de blaireaux malfamés que ce type-là… Qui ressemble vaguement à un chat, mais passons. Oui ce type-là, il est louche, il est intéressant, intrigant, passionnant, captivant, attachant, plaisant, moutonnant, et d'autres adjectifs en –ant. Mais pas seulement ! (vous avez vu, encore un mot avec le son –en/an). Il est aussi persévérant, le spectacle continu et il fait voler des pancakes jusqu'à nous. C'est-y pas merveilleux je vous le demande ? Hein ? Je vous ai posé une question ! Ah gougnafiers, vous insultez notre supériorité ! Je dois bien avouer qu'à la vue des pancakes j'ai quelque peu perdu ma concentration, et j'avais déjà commencé à imaginer leur goût. Il me tira cependant de ma rêverie :

-Ah, vous aussi vous lisez The Mortals Instruments ?? C'est bien, très bien ! Et d'ailleurs, je suis ravi d'être le Chairman Meow à vos yeux ! Je ne savais pas qu'ils connaissaient à Little Angleton. Vous venez d'où au fait ? Je les ai tous lu et je vous promets que je ferais de mon mieux pour recevoir les prochains le plus vite possible lorsque la librairie aura ouvert.

Oooooh une librairie ! Ah décidément je l'aime bien. Une librairie, mais tout est farpait ! Et il va commander les prochains ! hiiiiiii ! Mon cœur s'emballe, je risque la crise cardiaque, il faut se calmer Heather, maintenant ! Mais c'est sans compter notre cher ami qui m'entraîna dans une ronde en s'écriant:

-I LOVE WEDDINGS !

Sur quoi je ne peux que répliquer, et ce de façon absolument logique :

-Dansons la capucine, Y'a pas de pain chez nous, Y'en a chez la voisine, Mais ce n'est pas pour nous, You !

Et alors que tout semblait bien parti, je croise nos bras et tourne de plus en plus vite en regardant en l'air. Ça tourne, et ça tourne ! Et bientôt je ne contrôle plus vraiment mes pieds, je ne les sens plus vraiment, et ça dérape. Ou plutôt nous dérapons, vous dérapez, ils dérapent. Et c'est les quatre fers en l'air que vous trouverez les deux zigotos que nous sommes, riants comme des criquets, sur les pavés angletonniens.

-Rah non chut ! Chut écoutez: …. Ecoutez…. Il n'y a rien, c'est étrange, pourquoi il n'y a rien ? Il n'y a pas de vent non plus, pourquoi diable y aurait-il du vent ? Je ne sais pas… Je ne sais pas… Où sont-ils tous passez ? Ah je viens de la grande pomme pour répondre à votre question. Mais dites-moi pourquoi sommes-nous seuls hum ?

Et c'est bien vrai, il n'y a pas l'ombre d'un chat se faufilant sur une goutière…

La logique et le bon sens n'ont pas de place dans cette maison !

Ma nouvelle amie (oui j'ai décidé que c'était mon amie, déjà, hé oui, mais on a l'air d'avoir pas mal en commun !) m'applaudit. Enfin du coup elle fait plus figure de fan en délire que d'amie sur le coup, mais je pense qu'il faut être fan de ses amis, c'est bien. Parce que ça veut dire qu'on admire ses amis. Et c'est normal d'admirer au moins un minimum ses amis non ? Je ne dis pas qu'il faut les suivre à chaque coin de rue et tout, après ça devient du harcèlement et ils ne voudront plus trop être vos amis. Et du coup c'est nul. Donc faut pas pousser la fanattitude trop loin non plus, faut pas déconner, oh. Parce qu'il faut aussi connaitre leur défauts à ses amis. Oui, pour les aider à s'épanouir en tant que personnes. Mais je suis un bouffon, je ne suis pas là pour vous faire des leçons de vie, je suis là pour raconter mon existence déjantée et stupide.

Donc je suis là, avec Heather, qui sautille devant mon numéro (très réussi, n'en doutez pas) de capitaine Jack Sparrow. Puis tout à coup elle semble prise dans une intense réflexion. Concernant certainement un problème très problématique, mystérieux et épineux. Mais cela ne dure pas, elle m'écoute ensuite déblatérer toutes mes idiotes merveilleusement idiotes et sans intérêt labellisées débiles par moi-même et ma porte de garage. Je suis tellement intelligent, je m'aime. Bon, j'ai parlé quoi. Un flot de paroles est sorti de ma bouche toussa. Mais mes paroles pas forcément hyper intellectuelles ont l'air de la réjouir, mais après c'est peut-être juste dans ma tête de débile profond. Peut-être que pas du tout, et que donc mon cerveau invente ça pour me faire plaisir. Parce que sans ça je serais trop malheureux et ma vie sombrerai dans le désespoir. Et je me suiciderai. Bon ok j'arrête.

Heather chante à son tour une chanson enfantine pour ambiancer un peu la ronde que nous formons (à deux, que de magnificence !), et nous tournons, nous tournons, tournons, tournons, tournons... Tant et si bien que -comme deux mollusques pas très adroits que nous sommes-, nous nous cassons gentiment la margoulette par terre, sur les pavés, bam, ouille, bim, pouf, merde alors. Bon, d'un coté je l'ai toujours su que je n'étais pas doué. Bon quand il le faut, tout de même, je sais prendre mon corps en main. J'ai quand même réussi à fuguer de chez moi à l'âge de 12 ans, hého !

De toutes façons, nous rions, j'ai à peine eu le temps d'esquisser un mouvement inquiet envers ma jeune nouvelle amie, on rigole, lolololololol.
Mais rapidement, Heather me fait remarquer qu'il n'y a rien. Rien quoi ? Moi pas compris. Tu pourrais répéter Heathy ? Tu permets que je t'appelle Heathy ? Ah oui tu ne m'entends pas, je dis ça dans mes pensées. Suis-je bête. Oui Zach, tu es bête.
Ah il n'y a rien genre pas de bruit. Pas de rien, pas d'pouic, pas de chat, pas de vent même, me fait remarquer la sympathique blonde à mes cotés. Oui en effet. Et puis elle me glisse qu'elle vient de New York au passage. C'te swag.
C'est vrai que ce village est vide. En comparaison avec la putain de grosse métropole d'où vient ma charmante compagne le contraste est saisissant en effet. Mais bon, c'est vrai qu'il n'y a pas grand monde. Je regarde ma montre. Il est bien midi passé... Les gens sont rentrés manger ? Je sais pas moi, arrêter de me poser des questions intellectuelles !! J'essaie tout de même de répondre :

-Mmmmh... Mystère... Bon c'est sur que Little Angleton c'est pas New York très chère... Après je crois qu'il est près de midi... Peut-être que les gens mangent chez eux...

Je me relève et m'époussette les jambes. Je sais pas moi. Je regarde autour de moi. Puis je tends la main à Heather.

-Allez venez donc, damoiselle, nous allons élucider ce mystère !!

Et je me met à courir en chantant le générique de l'inspecteur gadget, tout en me tortillant, ce qui me donne un air extrêmement sexy et charmant. Bon, je sais, je ne devrais pas laisser mon échafaudage en plan, mais on est à Little Angleton, bonsoir de bazar de zut !
C'est vrai qu'on ne croise personne ici... Moi pas comprendre. Moi pas saisir. Aurais-je zappé un truc ? Yésépa.
J'arrête de courir de manière ridicule, et afin de faire un peu passer le temps, je demande :

-Alors comme ça Heather -tu permets que je t'appelle par ton prénom ?- tu aimes lire ? Tu fais quoi dans la vie sinon ?

J'ai le droit de faire connaissance, je ne suis pas intrusif méeuh. Je suis juste enthousiaste. J'aime bien rencontrer des gens cool. Et Heather est cool. Très super méga cool.

Je crois bien que nous sommes seuls. Ou nous avons fait fuir le reste de la population. Mais tatie Charity ne s’offusquerait pas de si peu voyons. Les autres sont trop sérieux, le lâcher-prise les amis c’est bon pour la santé. N’en déplaise aux Jean Dupont, mon ami est moi avons du Stiles. Faire partie de la catégorie des énergumènes est un honneur, une distinction qui se mérite. Finalement nous sommes de ceux qui redorons les journées des tristes personnages enrhumés qui se mouchent dans des mouchoirs à carreaux le matin et à rayures le soir. Voyez ça comme un service rendu. Après tout il y a suffisamment d’ombres qui menaces ce petit coin d’Ecosse pour que des grains de folie soient les bienvenus. Et moi je suis folle ! A défaut d’être bonne poire ou despote ça me convient très bien. Alors je suis bien décidée à le suivre sur ce chemin frivole telle Dorothée en route vers Oz. Finalement cette chute fut bénéfique, je pense que j'en ai inconsciemment profité pour dresser un petit bilan.

- Mmmmh... Mystère... Bon c'est sur que Little Angleton c'est pas New York très chère... Après je crois qu'il est près de midi... Peut-être que les gens mangent chez eux… Allez venez donc, damoiselle, nous allons élucider ce mystère !!

J’accepte la main qu’il me tend et me remet sur pieds d’un bond. Toujours pas un chat à l’horizon, les oiseaux chantent et le village n’a jamais semblé si paisible. J'ai soudain la sensation limpide d'avoir gaspillé ma jeunesse... L'avoir vue s'échapper de mes mains comme l'anguille effrayée et m'appeler à présent sur le lierre du tombeau, où patiente depuis toujours le chant des enfants, les raisins volés… Je ne sais pas s’il compte épier nos chers voisins à leurs fenêtres mais cela risque d’en surprendre plus d’un.

- Très bien Sherlock, j’accepte d’être votre Watson. Oh non plutôt Mrs. Hudson ! En tous cas je vous suis, allons-y Alonso ! J’ai toujours rêvé de dire ça !

On s'en fiche de la décence ! Cette fois c'est parti pour un tour, Madame Hudson ! Il est déjà parti au bout de la rue en courant. Il dévale les pavés. Mais qui va qui va là, inspecteur Gadget ! Le claquement de nos pas sur la pierre se réverbère le long des murs de brique et nous voilà reparti en enfance. Les jambes avancent toutes seules, mécanisme bien huilé. Partis en mission ou plongés d’un saut comme dans les jeux de notre enfance, le sang pulse tout autant. Le coeur bat au rythme des foulées et l’air prend un goût de lait.

- Alors comme ça Heather -tu permets que je t'appelle par ton prénom ?- tu aimes lire ? Tu fais quoi dans la vie sinon ?

L’arrêt est brutal. Je suis essoufflée et une envie de rire grandit tandis que je tente de reprendre mon souffle pliée en deux. Autant dire que ce n’est pas une chose facile et que le cerveau sous oxygéné peine à transmettre les informations. La ferme ! La ferme ! Tout le monde ! On ne bouge plus, on ne parle plus, on ne respire plus ! Je réfléchis ! Anderson, visage au mur : vous me perturbez !

- J’aime lire, la mode et mon patron l’épicier… Me voilà partie en éclat de rire non maîtrisé, l’air venant à manquer.

J’aurais peut-être d’autres choses à ajouter mais quelque chose me dit que passer du temps en ta compagnie en fera sûrement partie à l’avenir. Oui je pense que c’est là le début d’une belle amitié pour les petits pédestres que nous sommes.

Sujet: Re: Moi j'ai le pouvoir ! [PV Heather] Jeu 5 Nov 2020 - 0:48

Je n'sais pas où je vais, oh ça je n'l'ai jamais bien su. Et si jamais je le savais, je crois bien que je n'irais plus.

Je souris quand Heather prend ma main et se relève d'un bon. Quel dynamisme, j'aime ça ! Je frétille comme un gardon, sautille comme un lapereau qui sort pour la première fois du terrier. Quelle chance de tomber sur une telle personne ! Quelle chance de ne pas m'être fait rembarrer tel un malpropre ! Décidément j'aime ce village, j'aime le hasard qui m'a ammené ici, je danse la vie, je chante la vie ! Tout ceci est mi-ro-bo-lant. Bref. Je cours dans les ruelles pavées, je suis un petit gardon tout frais qui va dans son ruisseau tel, tel... Bah tel un gardon, sois pas con. Pfff, je me fatigue... Pas en fait. Pas du tout. Je suis plein d'énergie, hihi !

Dans mon élan, j'entends ma nouvelle copine me répondre qu'elle sera la Watson de mon Sherlock et je me sens pousser des ailes, décidément, j'adore ses références. Que.de.joie. Enfin bref, reconcentrons nous un peu sinon on va trébucher sur un pavé, et on a pas envie de se casser le menton, n'est-ce pas ?
Ah et finalement elle veut être Mrs Hudson ! D'accord, ça me va ! Elle me suit donc, à ses risques et périls. On s'enfonce donc dans l'inconnu, tel Bilbon Sacquet quittant la Comté, j'ai réellement ce gif dans la tête "I'M GOING ON AN ADVENTURE". Calmez vous. Calmons nous. Ou pas. L'aventure c'est bien avec de l'énergie. Je ris aux paroles d'Heather, et je continue ma course.

Nous effrayons un chat, suscitons un ou deux regards écarquillés, voire outrés, venant de vieilles femmes accoudées à leurs fenêtres. Je crois que nous sommes juste heureux, toute inhibition tombée, enivrés par l'air frais et les odeurs de nourriture provenant des maisons alentours. Je me sens comme un poisson volant. Mais littéralement. Je me sens voguer au gré de l'eau et, de temps à autres, sauter pour rejoindre les cieux, sentir la caresse du vent sur mes écailles et crier mon ivresse de vivre au monde. Hm. Je suis lyrique. Non. La carrière de poète ne m'intéresse pas, je ne maitrise pas les mots, voyez vous. Ils passent à travers moi, dégringolent tels des caillous colorés hasardeux et je me retrouve avec dans ma tête, ma bouche, mes mains, je jongle maldroitement avec, les balance sur les gens. Oui mais ne vous en faites pas, ces caillous sont mous dans ma tête. Ca ne fait pas mal si on les lance sur les gens.

Et donc les mots, hein, j'en suis tellement la victime que je me suis totalement arrêté pour les dire, pour en savoir plus sur la jeune femme aux cheveux dorés qui me suit dans mes délires alors qu'elle vient de me rencontrer. Bénédiction. Quand je me retourne elle est comme une gamine, des mèches lui tombant dans le visage, le souffle court, la joie se lisant sur sa jolie figure. Mon sourire ne fait que s'élargie à cette vision. Alors je note, elle aime lire, la mode et... Mr. Khayman ! Elle a bien raison, lire, c'est bien, ça apprend des trucs, ça fait voyager, la mode, euh, c'est joli, et l'épicier du village, ben il est rigolo. Je ne le connais pas beaucoup, parce que je mon arrivée au village est assez récente, mais je fais toutes mes courses chez lui, il me fait des petites blagues... Mais je n'y avais encore jamais croisé Heather ! Je ne savais pas qu'elle travaillait pour lui ! Ma bouche s'ouvre, formant un "o" tel le poissont volant que je suis.

- Lire, c'est très bien. - Oui merci pour cette remarque extrêmement intéressante Zach- Je n'y connais rien à la mode j'avoue et... Vous travaillez pour Monsieur Khayman ??? C'est fou, je ne vous ai jamais vu chez lui, alors que j'y vais souvent !!! Parce que je suis un poisson rouge -volant en fait, mais bref- et que j'oublie toujours quelque chose quand je fais mes courses... Ca fait longtemps ?

La voilà qui éclate de rire, je ne pourrais pas sourire plus. Alors je ris. Je ris avec elle, je ne peux plus m'arrêter pendant de longues minutes, je me tiens même au mur le plus proche de moi pour ne pas tomber. C'est n'imp. N'iiiimp. J'en ferai une chanson tiens, sur cette rencontre. Et le refrain ce sera "C'EST N'IIIIMP". Je suis sûr qu'Hayley va adorer. D'ailleurs. En parlant de musique. J'entends de l'accordéon derrière moi, ainsi que des chants, des rires et deux trois éclats de cornemuse.

- Oh ! Heather...

Je me calme un peu, et je m'approche à pas de loup vers l'origine de la mélodie. Ouais à pas de loup, y a pas besoin, mais on avait dit qu'on résolvait un mystère, alors faut rester dans l'coup un p'tit peu les amis, faut suivre un peu.
Je mets un doigt sur mes lèvres et lui fais signe de me suivre. J'avance extrêmement lentement et remonte la rue qui mène... Au Lonely Ghost, sur la place principale du village. Et là, la raison de la désertitude de Little Angleton -néologisme si j'veux, non mais- devient limpide. Un groupe de musicien joue sur la place, le pub est bondé, les enfants rient, certains dansent, c'est une belle surprise que nous avons là. Je me tourne vers Heather en sautillant de nouveau.

- Hiiii des musiciens ! Heather, j'ai faim. Ca te dit on se prend un verre et de quoi grignoter au Lonely Ghost et on écoute ces braves ménestrels nous régaler de leur musique ?

J'affiche un grand sourire enthousiaste, mais je doute lui faire peur, car elle aurait déjà fui depusi un long moment s'il lui en fallait si peu. Les limites de cette personne ne sont pas encore définies. J'ai vraiment cré faim. En plus je commence à sentir les odeurs de haggis et de fish and chips qui se dégagent de la terrasse. C'est certainement une des première fois de l'année qu'ils l'ouvrent, n'oubliez pas qu'on est en Ecosse. Mais l'avantage d'être dans un petit village c'est que même si c'est bondé pour les standards du coin, il y a l'air d'y avoir encore un peu de place libre. Alors autant se ruer dessus, hein ?

Ah une tête en l’air ! Enfin non pas réellement une tête dans les airs comme un ballon mais plutôt un étourdi. Une tête de linotte même s’il se définit poisson. Une ménagerie pour un être humain, il est le carnaval de Saint-Saëns à lui tout seul. Un air pour les unir tous. D’ailleurs il en a un de drôle, d’air. Un air sur un visage qui semble capter quelque chose. Peut-être les ondes du vaisseau-mère qui le rappelle vers sa planète natale ? Ou bien l’air de capter un air de musique. Ce qui serait plus cohérent si on en croit les notes de cornemuses qui furtivement arrivent jusqu’à nous. Portées par les éclats de rire qui répondent au nôtre, la mélodie se fraie un chemin à nos oreilles, tandis que mon joyeux compagnon s’exclame:

- Oh ! Heather…

Oh. My. God ! C’est peut-être bien la sonnerie du vaisseau-mère finalement. Si l’on en croit l’air qui se joue à présent sur son visage, cela n’augure rien de bon. Le voilà qui se dirige vers la fête tel un espion en mission. De musicien il devient mime, une véritable métamorphose ! Quels autres pouvoirs cache-t-il ?

Evidemment je le suis. Évidemment je ne résiste pas non plus à l’appel. A l’angle de la rue se dévoile une vision de carte postale. Non, c’est de l’art. C’est un bal guinguette, le bal du Moulin de la Galette de Renoir. Bon, soit, en Ecosse. Sur la place principale et devant le pub, les habitants se sont retrouvés. Dans la lumière du soir, les guirlandes sont déjà allumées. Elles pendent entre les arbres aux branches desquels elles sont enroulées. Les tables ont été poussées sur les côtés pour laisser la place belle aux musiciens. Nous ce qui compte c’est que ça chante !

Sous la devanture du Lovely Ghost cornemuse, accordéon, flûte et petit violon se livrent bataille dans les mains expertes. Bien sûr les Kilts sont de sortie. Un ou deux mais tout de même c’était inévitable. Les enfants comme les adultes apprécient ce moment et certains se sont pris à danser. Les plus jeunes forment une ronde ou sautent dans les sens. Les adultes quant à eux se lancent dans les démonstrations plus ou moins réussies de leurs meilleurs pas et des couples s’étreignent en sautillant. Certains tentent d’apprivoiser une gigue sur le tempo qui ne s’y prête pas. Dans les mains, chopes de bière et frites luttent pour ne pas tomber alors que les paumes claquent en cadence. Une belle humeur inonde la scène et il est difficile d’y résister plus longtemps.

D’ailleurs mon nouvel ami y succombe déjà et c’est d’un pas sautillant qui se retourne et vient vers moi. Le sourire qu’il ne cherche pas à contenir est contagieux et mon propre sourire lui répond.

- Hiiii des musiciens ! Heather, j'ai faim. Ca te dit on se prend un verre et de quoi grignoter au Lonely Ghost et on écoute ces braves ménestrels nous régaler de leur musique ?

Voilà une proposition qui m’enchante ! Je sens déjà mon ventre se manifester pour abréger les souffrances de la faim qui le tenaille. Il n’y a pas grand chose de meilleur que le goût des soirées douces. J’hoche vigoureusement la tête.

- Ah oui mais je te préviens je partage pas mes frites. Comme dirait un grand sage de chez moi: Joey pas partager son manger ! Parce que les frites c’est sacré.

Il y a justement une petite table de libre sous l’un des arbres qui n’attend que nous. Je me dépêche d’y aller avant qu’elle ne soit prise par quelqu’un d’autre et fait signe à un serveur. Alors que je prends place, les musiciens entament une nouvelle chanson à l’unisson. Voilà ! C’est tout ce qu’y a ! Unisson, quarte, quinte et c’est marre ! Tous les autres intervalles c’est de la merde ! Le prochain que je surprend en train de siffler un intervalle payen, je fais un rapport au pape ! Et sa sœur !

- Ah il faut faire attention parce qu’elle reste en tête celle-là ! C’est comme la comptine de l’oiseau. Je me fais la réflexion qu’il y a vraiment pas mal de monde rassemblé. Dis, tu connais beaucoup de monde ici ? Je veux dire, dans un petit village on a vite fait de connaître tout le monde, les histoires de chacun, tout ça quoi. Je me demande souvent ce que font tous ces gens ici.

C’est vrai que dans un si petit patelin il y a beaucoup de gens jeunes, actifs. La plupart des villages se dépeuplent, surtout ceux aussi éloignés des grandes villes. Mais ici on a presque l’impression que c’est l’inverse, que les gens y sont attirés. Je me demande souvent ce que font certains ici. En cette soirée, il est vrai que le charme du coin est flagrant et on dirait un petit coin de paradis. Ooh, baby, do you know what that's worth? Ooh, Heaven is a place on Earth...

Et je suis une cigale ! T'inquiètes fourmi, j'crève pas la dalle

Je suis suivi. JE SUIS SUIVI ! Mais c'est positif hein ! J'ai un grand sourire sur le visage. Heather ma nouvelle copine me suit dans mes pérégrinations. Je sautille allègrement sur les pavés alors que nous nous dirigeons vers l'origine de la musique. J'entends ses pas résonner harmonieusement derrière moi et nous arrivons sur la place. C'est un petit ensemble de musique celtique traditionnelle, parfait pour attirer les touristes, mais je crois que ce n'était pas le but, ce n'est pas actuellement la haute saison. C'est juste des mecs qui coin qui avaient envie de jouer un peu. C'est fort chouette ma foi. Je suis tout joie et tout frétillant, c'est une belle fin de matinée. J'en oublierais presque que la jeune femme ici présente m'a vu faire usage de mon don en public.

Si mon père savait ça...

Bouuuh, quelques secondes de honte qui piquent bien là, je jette un furtif coup d'oeil à l'américaine -oui parce qu'elle a un accent américain, j'ai repéré, quand même- et me demande ce qu'elle en pense vraiment, au fond d'elle. Parce que j'ai tout de suite essayé de noyer le poisson, mais c'était... Pas du tout convainquant ? Elle est quand même bien aimable la demoiselle, elle a pas bronché et on s'est lancés dans nos ramassis de conneries... Bref. N'y pensons plus -pour le moment- ce serait pas très malin de ma part que de remettre le sujet sur le tapis.

D'autant qu'Heather approuve mon idée d'aller grignoter un bout, tout en me donnant une raison de la bouder parce qu'elle n'a aucune intention de partager ses frites avec moi.

Je croise donc les bras et remonte ma lèvre inférieure en la fusillant du regard. Et je marche. Je marche comme j'ai rarement marché. Si j'étais un super héros, on m'appellerait MARCHING MAN. Je précise que cette pensée est une citation d'une série. Canadienne parce qu'on est les meilleurs.
Du coup je continue ma boudance jusqu'à arriver au Lonely Ghost où Heather nous trouve rapidement une table parce qu'il faut pas déconner non plus, il y a un peu de monde mais Little Angleton reste un trou paumé avec des vaches et des gros poissons dans la mer. Et des tas de gens magiques, mais passons.

Comme c'est la jolie nana blonde qui fait signe au serveur et pas le crapaud bouclé qui boude, celui-ci arrive très rapidement. Soit c'est pas Sophia qui fait le service aujourd'hui, soit elle est déjà occupée ailleurs. Dommage, j'lui aurais bien dit bonjour. Le jeune homme là, je le connais pas. Mais c'est pas grave, ça pourrait être un nouveau copain ! Du coup je commande le burger spécial du jour, des frites et un diabolo cerise parce que VOILA j'ai beaucoup travaillé aujourd'hui d'abord. Et d'ailleurs, je ne devrais même pas avoir à me justifier, mais je vous entend encore tous dire dans le fond que je suis un enfant et CA C'EST... c'est vrai.

Et tout à coup paf la grosse teuf, notre joyeuse troupe de troubadours se lance dans un nouveau morceau. Qui me dit vaguement quelque chose mais sans plus. Ce n'est visiblement pas le cas de l'américaine car elle me prévient d'un air savant qu'il faut se méfier de ce morceau, qu'il reste en tête. Ah bon bon bien bien. Je prends note. Elle me parle d'une comptine de l'oiseau aussi. Je connais pas. Je crois que je connais pas. Je pose mon menton sur main et lève l'index pour me donner un air intelligent (je soupire intérieurement).

- Quelle chanson de l'oiseau ? Dis-m'en plus ma chère !

On remarquera qu'entretemps j'ai arrêté de bouder. J'en suis même pas rendu à la question "comment est-ce que pourrais bien faire pour lui montrer qu'je boude ?" d'ailleurs. J'ai oublié avant d'en arriver là. Fort bien, on reste sur une tendance bonne humeur. Même si l'américaine commence à me poser une question plus sérieuse et là j'en reviens à mon histoire de télékinésie pas discrète. On dirait qu'elle se doute d'un truc la dame. En tous cas peut-être qu'elle veut des infos, parce qu'elle me demande si je connais beaucoup de monde, elle ne comprend pas bien la force d'attraction de notre petit village. Et je ne peux pas lui donner tort. Après, qui me dit qu'elle ne fait pas partie d'une organisation noire ou qu'elle n'est pas tueuse à gage ? Pourquoi j'y ai pas pensé dès le début ? Je suis stupide mais après tout, je fais pas partie d'Orpheo, j'ai normalement pas à me soucier de ces choses là hm. Mais du coup quand même méfiance parce que d'une, j'ai pas envie qu'elle tue des potes à moi et de deux, je suis humain et si je tombe sur une sorcière noire, ça veut dire go esclavage ou mourir pour moi. D'ailleurs ça expliquerait que la télékinésie ne l'ait pas fait plus buguer que ça.

Et j'suis pas exactement chaud.

Mais sa remarque est légitime donc j'y répond, d'ailleurs moi aussi je me poserais la question si j'étais un innocent et puis bah ce serait suspect de pas répondre. Z'avez vu comme mon esprit logique est infaillible ?

Squalala.

Mon esprit fait des bulles.

- Oh pas mal oui, ma copine a passé une grande partie de sa vie ici, du coup je suis plutôt bien intégré, en plus d'être arrivé depuis plusieurs années. Et c'est assez petit, donc on connait vite tout le monde, enfin ceux qui habitent tout le temps ici ou qui viennent régulièrement pour des vacances ou autre. A vrai dire aujourd'hui, je me demande aussi, en général le gros des touristes est là en plein été...

Je peux pas dire que peut-être il y a une crise de poltergeist ou une réunion d'Orpheo dans le coin. Encore une fois j'en sais RIEN. Si ça se trouve ce sont les vacances de Pâques et tout est normal.

Je lance un sourire débile à Heather et dit :

- Et toi d'ailleurs, qu'est-ce qui t'a attiré de ta graaaande ville outre Atlantique jusque chez nous ?

Ceci dit quand on entend mon accent on peut se demander la fuckin' même chose.
Ou on peut juste se contenter de l'explication suivante : "il est fou".