La nuit est tombée depuis déjà plusieurs heures. C'est ça d'être en hiver sûrement. Mely est encore au cinéma, j'irais la chercher tout à l'heure. Avec un bouquet de fleurs. Oui elle sait rentrer seule, le quartier ne craint pas du tout mais c'est juste pour lui faire plaisir. Et puis, la neige a recouvert le sol et les toits. Elle est partout donc je ne voudrais pas qu'elle se blesse. Je ne dis pas qu'elle ne se blessera pas si je suis avec elle mais au moins je serais là. Vous comprenez, je l'aime ma Mely. C'est ma Mely d'amour à moi. La femme de ma vie quoi.
Heather est déjà rentrée chez elle et je songe à fermer vu que plus personne ne vient. Le froid, la nuit. On n'a pas tellement envie de se déplacer vous voyez ? Mais je laisse tout de même ouvert au cas où il y aurait des habitants qui veulent acheter quelque chose à la dernière minute. Ca arrive, même en hiver. Donc je laisse ouvert. Ca ne me gène pas particulièrement de toutes façons. Je suis dans mon atelier, la porte ouverte comme ça je peux voir si quelqu'un rentre. Je peux même voir la vitrine, je peux tout voir. Et le magasin est encore éclairé. Tout est allumé. Je pourrais même mettre une musique de Noël, ça serait joyeux. Ou un peu glauque, à voir. Oui ça peut parfois être assez flippant d'entendre une musique, aussi belle soit-elle, dans un magasin vide, allumé alors que tout est désert. Le pire c'est les mélodies des boîtes à musique. Leur son métallique me fait froid dans le dos. C'est joli, je ne dis pas, mais c'est flippant. Voilà que je parle comme un D'jeunz moi !
Je fais donc mes papiers, d'abord ceux de la boutique bien évidemment car ils passent avant tout. Factures, électricité, eau. Les comptes et tout le barda. Ha c'est tellement chiant de faire ces papiers. Je déteste tellement faire ça. Parce qu'après ceux de la boutique viennent ceux de l'appartement. Et quand j'aurais fini, je me remets à mon enquête. Sauf que je n'ai pas vraiment le temps d'enquêter avec la boutique, et on arrive toujours à croiser de nouvelles personnes ici. Étrange, n'est-ce pas ? Mais je l'ai déjà écrit ça. Parce que c'est toujours les même chose qui viennent dans ma tête. Je n'avance pas. Je n'avance même pas du tout. Ca me fatigue un peu tout ça, je ne fais que tourner en rond, je n'ai pas de preuve tangibles, je n'ai rien sur quoi avancer, tout cela ne rime à rien.
Désespéré, je lève la tête vers la vitrine, vers la rue sombre, enneigée. Elle est belle cette vue quand même. Et sans les rayons, à l'extérieur de la boutique, un peu en hauteur se serait encore plus beau. Par exemple sur le toit de l'orphelinat ça doit être magnifique. Imaginez, tout ce blanc à perte de vue ou presque, qui recouvre le vert des arbres, vert qu'on peut tout de même voir grâce à la forêt, toute la campagne, les champs recouverts de blancs. Les lacs gelés et recouverts aussi de neige. Les toits des maisons, faisant des monticules, des bonhommes de neige par ci par là, éparpillés là où les enfants sont allés jouer. Ca doit être magnifique. La ville un peu illuminée également, avec les éclairages qu'on a mis sur les façades, dans les rues. Le grand sapin éclairé aussi sur la place du village. Je suis sûr qu'on voit tout cela depuis l'orphelinat. Et j'aimerais tellement voir ça. Ça doit être magnifique.
Je me reconcentre sur la vitrine car j'étais partit dans mes pensées, si belles. Je m'imaginais une si belle vue. Je vois une femme, nos regards se croisent. Je suis un peu perdue alors qu'elle est apparemment heureuse de me voir. Mais je ne l'ai jamais vue. Ou peut être croisée par mégarde. Mais sans attendre davantage, elle pousse la porte pour rentrer dans mon échoppe. Je sors par la même occasion de mon atelier pour venir la saluer.
- Quel froid... Vous n'alliez pas fermer j'espère ?
Elle éternue dans son écharpe blanche. C'est vrai qu'il à l'air de faire vraiment froid. Je suis tranquille pour rentrer chez moi, même pas à sortir, juste à monter des escaliers et me voilà à la maison. Mais d'abord il faut que j'aille chercher Mely.
- Je me suis perdue, en fait. J'habite du côté du Square je crois que je m'en suis complètement écartée...
Complètement, complètement. Il ne faut pas oublier que c'est un petit village, nous ne sommes pas si loin que ça du square. Mais c'est vrai que lorsqu'on ne connait pas, cela peut paraître pour le moins étrange et grand. Mais on s'y habitue à force et on connait.
- Je vous raccompagne peut être ?
En tant que gentleman, je n'accepterai même pas qu'elle refuse ma proposition, je l'accompagnerais de force s'il le faut. J'éteins donc les lumières tandis qu'elle patiente à côté de la caisse. Je ferme l'atelier, personne n'y va sauf moi. Même Heather n'y mets pas les pieds, ou très rarement. C'est monbureau disons. Même Mely n'y vient pas. Je n'ai pas de bureau dans mon appartement, donc il est ici. Il y a aussi une petite coin de réserve mais bon. Je ferme les stores de la vitrine, éteins les lumières petit à petit, laissant les lampadaires de la rue nous éclairer. Je nous fait sortir dans le froid. Heureusement que j'ai enfilé mon blouson, mes gants et mon écharpe. Non, pas de bonnet, c'est bien dommage. Il faudrait que je songe à en acheter un. Mais je n'ai pas une tête à bonnet. C'est bien dommage. Je me répète un peu trop là, n'est-ce pas ?
Je tourne en vitesse la clé dans la serrure pour fermer la boutique et tire le dernier rideau de fer avant de le verrouiller lui aussi. Non ce n'est pas un village qui craint, absolument pas, on pourrait ne pas abaisser les stores, ça ne changerait rien. On fait tous confiance aux habitants. Le problème c'est les jeunes qui viennent de la ville d'à côté parfois. La nuit la plupart du temps. Donc on est jamais trop prudent et tout le monde baisse ces rideaux métalliques pour protéger leur ventes.
J'attrape le bras de ma nouvelle arrivée et commence à marcher dans la neige vers le square, nos pas faisant craquer la neige sous nos pieds. Le village est silencieux, c'est vraiment très agréable. Entendre juste la neige qui craquelle, j'adore ça.
- Nouvelle dans le quartier je présume ?
Et vu qu'elle s'est perdu en arrivant ici, ça ne doit vraiment pas faire longtemps qu'elle est là. Parce que l'épicerie, c'est incontournable, on est obligé d'y passer. Ou alors c'était la journée. Et c'est vrai que la nuit change notre perception des choses. Elle altère notre vision, tout parait différent.
- Ne vous en faites pas, vous vous habituerez, c'est un petit village. En fait, je suis Lestat et comme vous l'aurez sûrement devinez, je tiens l'épicerie.- Spoiler:
Purple