Le jour où je te laisserai tomber, c'est que les poissons auront des pieds et les oiseaux des nageoires [PV Doremy ♥]

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 Le jour où je te laisserai tomber, c'est que les poissons auront des pieds et les oiseaux des nageoires [PV Doremy ♥]

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Alec Meyer
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MessageSujet: Le jour où je te laisserai tomber, c'est que les poissons auront des pieds et les oiseaux des nageoires [PV Doremy ♥]   Le jour où je te laisserai tomber, c'est que les poissons auront des pieds et les oiseaux des nageoires [PV Doremy ♥] EmptyDim 9 Juin 2013 - 10:24

L’homme sentait son cœur battre à cent à l’heure et se demanda une fois de plus ce qu’il était venu faire là. Il se blottit un peu plus sous la table à la longue nappe blanche sous laquelle il avait trouvé refuge et tenta de ralentir sa respiration alors qu’il pouvait entendre des pas se rapprocher de plus en plus distinctement.
Il vérifia la rune dessinée au charbon sur son avant-bras et, satisfait de la voir toujours en place tendit l’oreille dans l’espoir d’entendre ses ennemis s’éloigner dans une autre pièce.

- Jeremiah, exigea une voix grave qu'Alec ne connaissait pas, passez moi le dossier de Mikeal O’Callaghan.

Un frisson d’horreur parcouru la colonne vertébrale de l’espion. Mikeal O’Callaghan était un inconnu pour lui, mais c’était plutôt l’autre nom qui l’avait interpelé. Jeremiah, bras droit d’Adrian Sullivan et probablement l’un des être les plus dévoué à la famille. Remy lui en avait déjà parlé à maintes reprises, n’oubliant pas d’évoquer ses pouvoirs psychiques.
Si l’homme sous la table était découvert, il signerait son arrêt de mort. Il était hors de question d’échouer à ce moment là alors qu’il avait déjà tant traverser. Ça faisait des mois, oui des mois qu’il cherchait par tous les moyens une façon d’entrer dans le manoir des Sullivan. Il était donc hors-de-question de renoncer maintenant.
Le gagnant toutes catégories de cache-cache renforça donc sa barrière magique qu’il savait suffisante face à un sorcier de petite envergure. Mais Jeremiah ne semblait pas être faible et, nul doute que si son pouvoir s’acharnait sur ses défenses, celles-ci tomberaient bien vite. Heureusement pour l’espion, si le pouvoir du sorcier semblait scanner automatiquement la pièce, l’attaque lancée contre le bouclier mentale était bien diffuse puisque personne ne pouvait le soupçonner d’être tapis ici. Il sentit une légère pression sur ses tempes qui disparu l’instant d’après avant d’être suivie par Adrian et son bras droit.

Une nouvelle fois, le presque trentenaire se retrouvait seul dans la pièce. Avant de sortir de sa cachette, il saisit une morceau de charbon et se grava une rune de courage sur l’autre avant-bras. Cette dernière était plus symbolique qu’autre chose, mais c’était ce dont l’être magique avait besoin avant de sortir délicatement de sous la table. Il se redressa, dominant de toute sa hauteur la salle à manger dans laquelle il se trouvait.
11h30. Les gens n’allaient pas tarder à venir déjeuner et il lui faudrait alors être dehors de cette maison avec ce pour quoi il était venu. Mais encore fallait-il la trouver… Il sortit de sa poche la carte qu’il avait obligé un esclave a dessiné puis qu’il avait dû séquestrer pour pas qu’il ne prévienne ses maîtres. L’homme n’ignorait pas qu’un sorcier noir à sa place n’aurait pas hésité à tuer l’esclave, mais lui n’était pas un sorcier noir et ne le deviendrait jamais. Sorcier était un rang déjà bien suffisant.
Du bout du doigt il suivit le chemin qu’il lui restait à parcourir et réalisa avec soulagement que celui-ci n’était plus bien long. Il se dépêcha donc de suivre l’escalier en colimaçon qui devait l’amener à l’étage suivant, puis pénétra dans la première chambre à sa droite, s’empressant de refermer la porte derrière lui.

Alec Meyer se décida enfin à sourire, un rayon de soleil qui traînait paresseusement par là venant illuminer ses yeux clairs. Son cœur dans sa poitrine se fit moins douloureux, comme s’il avait lui aussi compris que les plus grands risques étaient derrière lui et que désormais il ne serait plus seul.
Couchée sur le lit, Remy Sullivan avait tourné la tête en l’entendant arriver. La jeune femme était toujours aussi superbe, dégageant quelque chose de magique et de sensationnel en même temps. Mais si son ami était heureux de la revoir, il ne pouvait pas oublier pour autant tout le chemin qu’il avait dû parcourir pour en arriver là, délaissant presque sa clinique dans un moment où elle avait tant besoin de lui… Mais Remy avait encore plus besoin de lui et c’est pour ça qu’après des mois de recherches et de plans qui s’écroulaient les uns après les autres, il avait enfin réussis.

- Grouille Rem’ ! On se casse d’ici. Et t’as pas intérêt à me dire non, parce que je te préviens tout de suite : s’il le faut je te kidnappe.

Alec avait tenté de mettre un fond de colère dans sa voix, mais celui-ci s’était bien vite éteint au fil de sa phrase. Pourquoi n’arrivait-il jamais à déballer sa colère à sa meilleure amie ? Pourquoi le simple fait de voir son visage le calmait directement ?
Peut-être était-ce parce qu’ils avaient vécu trop de choses ensemble. Il se souvenait encore de la main de Remy fermement ancré dans la sienne à l’enterrement de sa sœur et de ses parents, alors que tout partait à la dérive. Elle avait été son port, son point d’attache, celle qui l’avait empêché de se laisser emporter par le courant. Et lui en retour avait tenté d’être ce même pilier lors du départ de Viola.
Mais là, là c’était différent. Remy avait délibéremment décidé de rejoindre les sorciers noirs, piétinant au passage tout ce en quoi elle croyait et ce pour quoi elle s’était toujours battu. En apprenant cela, le beau médecin n’avait d’abord pas voulu le croire. Les gens devait lui mentir, sa Rem’ à lui n’était pas, mais alors pas du tout comme ça. Puis il avait bien dû se rendre à l’évidence, c’était son choix. Passer du mauvais côté de la barrière, devenir comme ses parents qui la répugnaient pourtant encore une année auparavant. En découvrant cela, Alec était entré dans une colère noire, colère qui semblait s’être perdue en chemin. Il avait pourtant préparé tout un petit discours dans sa tête : « Mais quelle bécasse ! Sérieusement Remy, comment as-tu pu arrêter de te battre, abandonner tout ceux qui croyaient en toi. Tu as détruit notre confiance et tout cela pour quoi ? Pour rejoindre une organisation que toute ta vie tu as prétendu haïr. Tu es la seule chose qu’il me reste sur terre, tu le sais ça Remy ? Bien sûr que tu le sais. Ça ne t’a pas empêché de tourner le dos à nos promesses d’ado et de rejoindre une famille que tu détestes. Je t’avais pourtant promis de t’aider pour Viola. Promis que tu la retrouverais. Mais ce n’était pas du tout à ça que je pensais quand je t’ai fais cette promesse ! Pourquoi es-tu devenue noire ? Mais pourquoi ! Tu m’as abandonné, voilà ce que tu as fais. »

Alors pourquoi aucun de ces mots empoisonnés ne sortaient de sa bouche ? Il lui suffisait de croiser le regard de la jolie brune pour que toute trace de colère disparaisse définitivement. Alors Alec s’approcha de son amie et la pris dans ses bras.

- Tu fais chier Rem’, lui murmura-t-il à l’oreille. Je m’étais promis de t’engueuler, de te passer un savon pour tout ce que tu m’as fais subir. Alors pourquoi j’y arrive pas, hein ? Pourquoi quand je te vois, tout ce que j’ai envie c’est de te serrer dans mes bras pour m’assurer que tu es bien réelle, que j’ai bien réussis à te retrouver ? Merde Rem’… Je ne peux pas te perdre, pas toi.

Il se détacha un peu de son amie et la regarda droit dans les yeux. Comme il se sentait con à la regarder comme ça alors que le père de la jeune femme pouvait surgir à tout instant de la pièce. Mais il n’arrivait pas à bouger, à détacher son regard de celle qu’il avait en face de lui. Encore une fois Remy était là et, encore une fois, elle semblait l’avoir ensorcelé.

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MessageSujet: Re: Le jour où je te laisserai tomber, c'est que les poissons auront des pieds et les oiseaux des nageoires [PV Doremy ♥]   Le jour où je te laisserai tomber, c'est que les poissons auront des pieds et les oiseaux des nageoires [PV Doremy ♥] EmptySam 15 Fév 2014 - 23:45

Quand je me vois, là, gracieusement étalée dans mon lit façon étoile de mer à broyer du noir, j'ai juste envie de me taper la tête contre un mur jusqu'à ce que mes idées se remettent en place. Putain, mais qu'est-ce qui m'arrive ? Regardez-moi ça, je fais peine à voir, non, à fixer le plafond comme si j'attendais qu'il se détache pour s’abattre sur moi, à soupirer, à guetter le moindre petit coup à la porte...

    « Remy. »

… de peur de ce qu'ils pourraient me demander...

    « Remy, c'est l'heure de passer à table. »

De ce qu'ils me demanderont de faire demain...

    « Remy, tu viens oui ou merde !? »

De la manière dont je refuserais, toujours...

    « MERDE MORGANA ! MERDE ! »

De la façon dont ils s'y prendront pour me faire pencher un peu plus de l'autre côté de la balance. D'autant plus qu'il faut se montrer imaginatif : ça fait environ un an maintenant qu'Adrian me retient prisonnière ici, un an qu'il a compris qu'il fallait en sorte de ne pas me brusquer pour ne pas me faire fuir.

Plus il me blesse et plus j'ai envie de partir.

Et puis, et même il s'avère être un excellent bourreau, mon géniteur est beaucoup plus à son aise dans la manipulation que dans l'offensive : de l'amour et une famille pour Billy, de la peur de l'abandon, voire de la peur tout court, pour Viola. De la patience pour moi. Beaucoup, beaucoup de patience.

Car faut-il encore qu'il m'ait dans ses filets et surtout que je ne me braque pas pour me faire plier du côté obsc...

Nom d'un popo de chat rose ! Non seulement cette pauvre fille, qui n'est certes pas réputée pour la fulgurance de son jugement, m'interrompt sans aucune vergogne dans mes tribulations intérieures mais en plus elle se permet de pénétrer dans mon sanctuaire de paix sans frapper... !

    « Putain... un de ces jours je vais te foutre un de ces pieux dans l'cul, Morga... »

Le prénom de péripatéticienne de ma cousine finit dans un hoquet de surprise, écrasé au fin fond de ma gorge, tandis que je me redresse de mon lit brusquement, l'air de pas en croire mes yeux.

Oh non... Pas lui. Pas lui ! Tout mais pas lui ! Mes mâchoires se vissent pronto jusqu'à l'articulation, tandis que ma langue, subitement enflée, se trouve à l'étroit dans ma bouche sèche et pâteuse. Les muscles de mon dos et de ma nuque sont si noués et si raides que je me fais l'effet d'un légionnaire en permission.

    « Alec !? Mais qu'est-ce que...!  

     - Grouille Rem’ ! On se casse d’ici. Et t’as pas intérêt à me dire non, parce que je te préviens tout de suite : s’il le faut je te kidnappe.  

     - Je... Je...
     »

Et mon cœur... le malaise qui me prend soudain aux tripes me donne l'impression que mon cœur a été taillé à même la glace tant il est gelé. Et c'est là qu'Alec me relève et m'entoure de ses bras avec délicatesse et en dépit du reste.

De là... tout fond subitement comme neige au soleil...

    « Tu fais chier Rem’. Je m’étais promis de t’engueuler, de te passer un savon pour tout ce que tu m’as fais subir. Alors pourquoi j’y arrive pas, hein ? Pourquoi quand je te vois, tout ce que j’ai envie c’est de te serrer dans mes bras pour m’assurer que tu es bien réelle, que j’ai bien réussi à te retrouver ? Merde Rem’… Je ne peux pas te perdre, pas toi. »

Et là, là, ce fut comme si une digue trop longtemps colmatée s'était rompue. Je peux pas te perdre, pas toi. Cela faisait si longtemps que quelqu'un ne m'avait pas prise dans ses bras simplement pour me rassurer, comme si j'étais quelque chose de précieux à protéger. J'avais l'impression qu'un amalgame d'émotions me submergeait, sans retenue, pour s'écraser avec force contre le peu de volonté dont j'aurais pu faire preuve pour lui résister.

Parce qu'au fond, et dans son intérêt, j'aurais dû la jouer suissesse désabusée : faire comme si nous nous étions quittés la veille en mauvais terme, le repousser, hausser les sourcils, les épaules, saupoudrer ça d'un sourire hypocrite, un « pff » sonore et d'une bonne grosse tape bien virile dans le dos avant lui dire de déguerpir manu militari.

Mais ballottée entre ses bras, là, au creux de sa poitrine, immobile et tremblante, j'ouvre les vannes. D’un coup.
J'éclate en sanglots.
C'est la première fois depuis que je suis partie.
Des litres de larmes glissent sur mes joues, prises dans le tourment d'un chagrin si violent tant il me fait vaciller. Je me love un peu plus contre lui, l'enserre à mon tour de mes mains. Et ma voix. Ma voix qui me fait l'effet d'un son de cloche, malhabile et profond, qui dit comme on déchire :  

    « Pardon... Pardonne-moi, Alec. Je suis tellement désolée... Je voulais juste... Je voulais juste comprendre... Pardonne-moi, je t'en prie... Je t'en prie... Je t'en supplie... »

J'hoquette, des sanglots plein la gorge qui pèsent comme des pierres, tandis qu'il s'écarte doucement et fixe mes yeux brouillés de larmes. Sans baisser le regard, je m'empare de ses grandes mains que je serre avec tendresse.

    « Tu m'as tellement, tellement manqué tu sais... N'empêche... T'aurais pas dû venir ici, Alec... T'aurais pas dû ! C'est dangereux et je vaux pas que tu te sacrifies pour moi, non seulement après les actions que les Sullivan ont mené, mais surtout parce que... »

J'inspire une longue goulée d'air fraîche et salvatrice, resserre l'étau de mes doigts tout en me rapprochant, puis je murmure...

    « … parce que moi non plus j'peux pas me résoudre à te perdre. J'peux pas, Alec. Je peux pas ! Je peux même pas même envisager de l'imaginer ! T'es tout ce qui me reste de plus précieux sur c'te foutue planète, tu sais... Qu'est-ce que je suis sans toi ? Qu'est-ce que je deviendrais ? »

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Alec Meyer
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MessageSujet: Re: Le jour où je te laisserai tomber, c'est que les poissons auront des pieds et les oiseaux des nageoires [PV Doremy ♥]   Le jour où je te laisserai tomber, c'est que les poissons auront des pieds et les oiseaux des nageoires [PV Doremy ♥] EmptyMer 19 Fév 2014 - 22:27

Alec écouta à peine les protestations de son amie. Tout ce qu'il voulait c'était la prendre dans ses bras, s'assurer qu'elle était bien là, réelle, que ce n'était pas un fantôme ou une illusion. La serrer dans ses bras encore une fois. Une fois de plus. Une fois encore. Sentir son coeur battre à un rythme beaucoup plus calme que le sien qui, effréné, menaçait à tout moment de bondir de sa poitrine. Pouvoir glisser son visage dans l'écrin de sa nuque, respirer son parfum, ce parfum unique qui l'avait accompagné dans toutes les tragédies de sa vie. Ce parfum qu'elle tentait parfois de dissimulé sous un autre sans jamais vraiment y parvenir. Ce parfum que les effluves d'alcool essayaient de lui voler, échouant un peu plus à chaque fois.
Remy. Sa Remy.
Profiter de ces quelques minutes de bonheur avant qu'elle ne le repousse. Parce que c'est ce qu'elle ferait, parce que c'était elle. La sorcière allait forcément finir par le repousser, lui taper maladroitement dans le dos, cacher leurs gênes respectives en balançant une ou deux vannes. Elle pousserait un soupir faussement énervé, remettrait en place une mèche de ses longs cheveux et l'achèverai sans doute avec quelque chose comme "Retourne d'où tu viens avant que je ne te botte le train. Je suis assez grande pour me débrouiller toute seule".

Il s'y attendait à tout ça. Il s'y attendait même tellement qu'en l'entendant tout à coup sangloter, qu'en la sentant vaciller dans ses bras, presque s'écrouler, il failli la lâcher. Failli seulement puisque l'instant d'après il la serrait encore plus fort contre lui. Remy était en larme devant lui et c'était bien la dernière des réactions qu'il eusse envisagé. Il pensait qu'il avait tout imaginé. Qu'elle accepte tout de suite de venir avec lui, qu'elle crie et alerte sa famille, qu'elle refuse ostensiblement de l'accompagner, qu'elle se batte contre lui même. Mais la voir pleurer...
Remy.
Elle qui d'habitude était si forte. Toujours un sourire aux lèvres, un brin d'ironie dérivant presque au cynisme dans la voix. Depuis combien de temps ne l'avait-il plus vu avec des larmes dans les yeux ? Depuis que Viola avait découvert ses pouvoirs, sans doute.
Des nerfs qui craquent, des vannes qui s'ouvrent, des yeux qui pleuvent.

- Pardon... Pardonne-moi, Alec. Je suis tellement désolée... Je voulais juste... Je voulais juste comprendre... Pardonne-moi, je t'en prie... Je t'en prie... Je t'en supplie...

Le médecin fut si surpris par la réaction de son amie qu'il ne su plus quoi dire. Il se contenta alors de se reculer, observant ses yeux bouffis et les marques des larmes sur ses joues. Elle n'était pas très jolie comme ça, d'ailleurs Alec pensait que les filles étaient rarement jolies après avoir pleurer. Il n'aimait pas les voir tristes, sans doute parce qu'il ne savait jamais quoi faire pour les consoler. Même si c'était sa meilleure amie.
Surtout si c'était sa meilleure amie.

- Tu m'as tellement, tellement manqué tu sais... N'empêche... T'aurais pas dû venir ici, Alec... T'aurais pas dû ! C'est dangereux et je vaux pas que tu te sacrifies pour moi, non seulement après les actions que les Sullivan ont mené, mais surtout parce que...

Le jeune homme sentit quelque chose serrer sa main. En baissant les yeux il découvris, surpris, que les doigts fins de Remy s'étaient enroulés autour des siens. Il releva alors la tête, la remarquant tout près, sa voix pas plus fort qu'un murmure.

- … parce que moi non plus j'peux pas me résoudre à te perdre. J'peux pas, Alec. Je peux pas ! Je peux même pas même envisager de l'imaginer ! T'es tout ce qui me reste de plus précieux sur c'te foutue planète, tu sais... Qu'est-ce que je suis sans toi ? Qu'est-ce que je deviendrais ?

Ses mots lui prirent les tripes, lui prirent le coeur. Il eut envie de la prendre dans ses bras, de s'envoler avec elle et d'aller faire un tour sur la Lune. Oui, la Lune puisque la Terre elle ne voulait visiblement plus d'eux. Là-haut ils pourraient planter un jardin de météorites et faire des jacuzzis dans des cratères. Regarder le soleil à s'en brûler les rétines et se promener au jour de pleine Terre. Ils pourraient faire des batailles de chatouille aussi, comme avant. Des trucs simples, comme quand ils étaient petits, qu'ils avaient encore de vraies famille.
Mais ils avaient beau être tout les deux sorciers, Alec savaient bien que la magie serait incapable d'aller aussi loin. Ils étaient cloués sur Terre, la pesanteur faisant vaciller les larmes de Remy au dessus du vide. Il ne pouvait pas l'emmener sur la Lune; il ne pouvait même pas voler. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était être là.

- À la mort de Nana, j'ai promis de te protéger. Pour toujours. Tu peux pas savoir comme j'ai eu peur lors de l'attaque du Mystery Orphanage. Ils me disaient tous que tu étais morte ou alors que tu avais trahi. Mais je ne les ai jamais cru. Ils ne te connaissent pas. Ils ne t'ont pas vu grandir, ils n'ont jamais entendu ton rire si sincère que rien ne pourra jamais noircir, il ne connaissent pas ton histoire, ils...

... ne t'aiment pas comme je t'aime moi. Les mots restèrent bloqués dans sa gorge avant même qu'il n'ait eu le temps de les prononcer. Pourquoi ? C'était pourtant normal d'aimer sa meilleure amie, non ? Il avait si souvent dormi sur son canapé, qu'on pouvait presque dire qu'il était de la famille.
Sauf que non. Il avait pas envie de ça. Pas envie d'être un grand frère pour elle. Pas envie d'être le type qui reste toute sa vie dormir sur le canapé. Qui tient les alliances au mariage. Devient les parents des enfants.

- ... ils ne sont pas amoureux de toi, eux.

C'était sortit tout seul, mais c'était une évidence. Bien sûr qu'il était amoureux d'elle. Et bien sûr que ça durait depuis des années. Seul un aveugle ne s'en serait pas rendu compte. Alors fallait croire qu'il était aveugle. Parce qu'il avait mis tout ce temps là à comprendre, que si son coeur battait plus fort chaque fois qu'il entrait au Banquise, ce n'était pas simplement pour la bière qu'ils vendaient. Et que si il était si impatient chaque matin d'ouvrir sa boîte au lettre, ce n'était certainement pas pour se réjouir des factures.
C'était pour Rem'. Pour son sourire, pour ses lettres. Pour ses blagues toujours un peu stupides, pour cet air qu'elle prenait quand il l'énervait, pour ces grimaces qu'elle faisait quand l'alcool lui montait un peu trop à la tête.
C'était pour elle et maintenant il avait enfin compris. Et accessoirement lui avait tout dévoilé par la même occasion.

- Pardon Rem', fais pas gaffe. Ce que je veux dire c'est que... tirons-nous d'ici.

Alec n'avait rien fait de mal. Alors pourquoi ce sentiment d'étouffement ? Comme s'il avait peur de perdre quelque chose. Ou quelqu'un.

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MessageSujet: Re: Le jour où je te laisserai tomber, c'est que les poissons auront des pieds et les oiseaux des nageoires [PV Doremy ♥]   Le jour où je te laisserai tomber, c'est que les poissons auront des pieds et les oiseaux des nageoires [PV Doremy ♥] EmptyJeu 20 Fév 2014 - 22:02

Ça me fait bizarre de me dire que j'ai retrouvé mon point d'ancrage, ma larme de rire sur les joues du monde, mon carré de ciel bleu au-dessus de mes rêves, et de me dire que ça s'est fait dans l'antichambre de l'enfer.

Enfin, que c'est lui qui m'a retrouvée en fait, pas moi.
Précisément.

Bon ! Ça me fait tout de même chier de me dire que mon soit-disant changement de bord l'a inquiété au point qu'il s'attaque tout seul au clan Sullivan. Pour venir me chercher. Moi. Alors que je ne le mérite même pas. Ça m'ennuie, vraiment, et j'm'en veux terriblement. Mais... mais en même temps... ça fait du bien de se dire qu'on a toujours quelqu'un sur qui compter, sur qui se reposer. Surtout quand on a tout perdu : ses sœurs, ses amis, ses collègues, sa vie d'avant en somme... Parce qu'il me reste quoi, là, à part un petit homme au grand cœur, une famille de dégénérés et une condamnation à mort qui me coure sur le haut du crâne... ?

Quoi ? Vous croyiez que je l'ignorais ? Que les Noirs ont profité des rumeurs me concernant pour protéger le vrai traître et que j'étais et demeure considérée par Orphéo comme la taupe de Mystery qui a conduit à... vous savez... ? Presque personne ne sait que c'est précisément pour ça que je suis venue là. Pour enquêter. Pour connaître la vérité. Pour savoir, au fond, ce qu'il s'est vraiment passé.

Et, paradoxalement, je ne l'ai découvert qu'hier.
Le nom de la vraie taupe.

Je commençais à me demander ce que j'allais faire et comment j'allais m'y prendre pour laver mon nom (ce qui, accessoirement, ne s’avérera pas de tout repos je ne le sais que trop bien...) quand Alec est arrivé.

    « À la mort de Nana, j'ai promis de te protéger. Pour toujours. Tu peux pas savoir comme j'ai eu peur lors de l'attaque du Mystery Orphanage. Ils me disaient tous que tu étais morte ou alors que tu avais trahi. Mais je ne les ai jamais cru. Ils ne te connaissent pas. Ils ne t'ont pas vu grandir, ils n'ont jamais entendu ton rire si sincère que rien ne pourra jamais noircir, il ne connaissent pas ton histoire, ils... »

Alec...
Oh seigneur ! S'il poursuit, j'crois que je vais continuer à brailler comme un nouveau-né...

Comment ce garçon peut dire de ces trucs qui à la fois me réchauffent le cœur et me font fondre, hein ? Bon ! En même temps, il a toujours su parler aux femmes... Il est même si doué que je comprends pas comment un mec pareil puisse être encore célibataire, sérieux ! Un aussi beau parti que lui (et je ne mâche pas mes mots) !

J'arrive pas non plus à admettre, et même après toutes ces années, qu'un gars comme ça arrive non seulement à supporter une tarée comme moi mais qu'en plus, il accepte de rester à mes côtés malgré tous mes défauts – et je m'en trimbale des barriques, des défauts. Et le pire, c'est qu'il m'aime comme on aime les gaufres. Peu importe lesquelles, hein : qu'elles soient au sucre, ou avec de la pâte à tartiner. Et pourquoi pas du sirop d'érable ?
Quoi ? C'est vrai ! J'invente rien, c'est cité de sa bouche même (bon, il avait 16 ans à l'époque, et il doit pas s'en souvenir, mais tout de même, il l'a dit) !

    « ... ils ne sont pas amoureux de toi, eux. »

Ah ! Tu vois ? Qu'est-ce que je disais...

...

Hein ? HEIN ? HEEEEEIIIIN !!?

    « Hein ? Qu... Hein ? »

Je suis si sciée que j'arrête immédiatement de pleurer et de renifler ; que je cligne mes yeux ronds comme deux culs de bouteille, comme pour me persuader que je ne rêve pas -et non, je ne rêve pas ! ; que ma bouche s'ouvre et se ferme au gré des phrases que je tente de former mais qui restent tout aussi coincées au fond de ma gorge que ma voix ; que je commence à rougir comme une pauvre gamine toute droit sortie de l'adolescence -malgré le teint déjà tomate que je suis sûre de me coltiner à cause de mon petit monologue larmoyant... Ah ! Et j'ai aussi l'impression que mon cœur est sorti de ma cage thoracique pour s'effondrer à mes pieds, et qu'il danse, danse, danse, et pas autour d'un pathétique petit feu de bengale ! Non, non ! Sous un vrai feu d'artifices !

C'est comme si j'avais touché une clôture électrique sans faire gaffe, en fait...

    « Pardon Rem', fais pas gaffe. Ce que je veux dire c'est que... tirons-nous d'ici. »

Je me raidis sensiblement.
Ok, je retire la partie où je dis qu'il sait parler aux femmes.

    « Oh... »

Oh... ? Oh !? Cet idiot, que je connais depuis quoi ? un bon petit bout de temps non négligeable, vient de me faire une déclaration d'amour aussi adorable qu'inattendue -ladite déclaration me faisant un effet de malade, évidemment- puis il se rétracte, du genre « J't'ai bien eu ! Tehee ! » ou « Poisson d'avril ! Même si on est en juin ! » et c'est tout ce que je trouve à dire ? ''Oh...'' ?

Je me détourne, m'éloigne de lui en sentant les larmes revenir et ma lèvre inférieure trembler d'une magnitude de 9 sur l'échelle de Richter -rien à foutre que ça n'aille que jusqu'à 7, pigé ? J'avale ma salive difficilement, à tel point que j'ai l'impression que c'est de la cendre qui glisse le long de ma gorge et dis de la manière la plus neutre qu'il me soit donné d'avoir dans une situation aussi embarrassante – avec très peu de neutralité et d'assurance, donc :

    « Ok. T'avais pas besoin de dire ça pour me consoler, ni pour que je te suive de mon plein gré tu sais. Je sais déjà que tu m'aim... enfin, que tu m'apprécies comme une amie, une sœur, une... je le sais, c'est tout. Alors dis pas ça, dis pas ce genre de chose si tu ne le penses pas. Surtout si tu ne le penses pas. »

Parce que c'est cruel. Et que ça fait mal. Et que Remy Sullivan n'a pas besoin de ta pitié. Ni que tu lui remontes le moral. Parce qu'elle sait que c'est un boulet, un gros boulet non seulement incompétent mais aussi bien lourd et bien chiant enchaîné à toi jour et nuit. Parce qu'elle sait qu'elle est stupide, idiote, irréfléchie, irrécupérable et incapable de convenir à quelqu'un, et surtout à quelqu'un de bon, d'incroyable et même d'exceptionnel comme toi, ok ?

Et ma voix qui murmure et se fend comme le plus triste des refrains...

    « S'il te plaît... »

Alors tais-toi. Par pitié. Tais-toi.

    « Et ne t'excuses pas. Ne t'avises pas de t'excuser. Je t'en prie. Je me contenterai de faire comme si j'avais rien entendu... »
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Alec Meyer
Alec Meyer
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MessageSujet: Re: Le jour où je te laisserai tomber, c'est que les poissons auront des pieds et les oiseaux des nageoires [PV Doremy ♥]   Le jour où je te laisserai tomber, c'est que les poissons auront des pieds et les oiseaux des nageoires [PV Doremy ♥] EmptyDim 23 Fév 2014 - 23:37

Alec se mordilla le bout de la langue, regrettant aussitôt d'avoir avoué son amour à Remy. C'était ridicule, pathétique, absurde de penser une seule seconde que ça puisse être réciproque. Rem' était bien trop... incroyable pour accorder plus que de l'amitié à un mec aussi banal que lui. C'était vraiment débile d'espérer autre chose qu'un haussement de sourcil surpris, une grimace un peu gênée et une blague pour détendre l'atmosphère.
Pourquoi lui avait-il dit ça ?

- Hein ? Qu... Hein ?

Le jeune homme détourna le regard. Contrairement à ce que Remy prétendait en le traitant de don Juan et de tombeur, le sorcier ne savait pas du tout parler aux femmes. Pour être tout à fait honnête, depuis le massacre de sa famille, les rares fois où il réussissait à ramener une femme dans son lit, c'était toujours parce qu'elle l'avait abordé la première. Et ça ne durait rarement plus de quelques mois. Elles étaient pourtant pas bien méchante, ni même bête, mais il leur manquait toujours quelque chose. Un sourire fondant, une moue amoureuse, une étincelle au détour d'une prunelle.
Toutes ces petites choses qu'il ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer sur Remy.

En la regardant à nouveau, Alec ne pu s'empêcher de remarquer ses grands yeux et son air de panda. Son mascara avait coulé sous ses yeux et ses joues rougies par les larmes. Elle semblait si étonnée, si bloquée par la surprise, que le médecin se força à trouver un échappatoire, à détourner le sujet. Avec un peu de chance elle ne l'aurait pas entendu, elle n'aurait pas noté ses trois mots qu'il n'aurait pas dû dire, pas maintenant...
Il balança n'importe quoi, le plus vite possible, pour pas qu'elle y pense, pour pas qu'elle le jette.

- Oh...

Et ce « Oh » fendit son coeur aussi sûrement qu'une pierre briserait la surface lisse d'une mare. La voir se détourner, s'éloigner de lui alors qu'il venait à peine de la retrouver... Alec se maudissait pour ces quelques mots qu'il n'aurait jamais dû prononcer. Ou en tout cas pas ici, pas maintenant, en plein chez les Sullivan, chez les sorciers noirs...
Il savait que quelqu'un pouvait débarquer à n'importe quel moment. Il savait aussi que ses pouvoirs n'étaient pas offensifs et qu'il ne pourrait pas les défendre tout les deux. Chaque seconde comptait à présent. Il aurait dû partir, assommer Remy s'il le fallait, mais se casser d'ici le plus vite possible.
Sauf qu'il n'y arrivait pas. À se détacher de l'idée qu'il venait de briser quelque chose dans leur amitié. Qu'elle ne voudrait plus partir avec lui à présent. Qu'il venait peut-être de la perdre.
Et cette idée lui était insupportable.

- Ok. T'avais pas besoin de dire ça pour me consoler, ni pour que je te suive de mon plein gré tu sais. Je sais déjà que tu m'aim... enfin, que tu m'apprécies comme une amie, une sœur, une... je le sais, c'est tout. Alors dis pas ça, dis pas ce genre de chose si tu ne le penses pas. Surtout si tu ne le penses pas.

Le sorcier aurait voulu lui se précipiter vers elle pour la secouer. Mais non il ne mentait pas, il n'avait aucune raison de mentir. Était-elle totalement aveugle pour ne pas le voir ? Elle était toute sa vie, ses sourires, ses rires et ses larmes. C'était tout ce qu'il lui restait sur cette Terre de misère.
Tout ce qu'il lui restait. Et il refusait de la perdre aussi.

- Rem'...

Pas elle. Ça faisait des mois qu'il courait derrière une sorte de fantôme, ce n'était pas pour l'abandonner ici. Il avait trop perdu dans sa vie, il ne pouvait définitivement pas la laisser chez ces fous de sorciers noirs.

- S'il te plaît...

Pas elle, tout mais pas elle.

- Rem' je suis...
- Et ne t'excuses pas. Ne t'avises pas de t'excuser. Je t'en prie. Je me contenterai de faire comme si j'avais rien entendu...

Comme si elle n'avait rien entendu. N'était-ce pas ce qu'il voulait il y a encore deux minutes. Qu'elle oublie. Qu'ils partent ensemble se bourrer la gueule au Banquise et se comporter comme deux potes de longue date. C'était exactement ce qu'il souhaitait encore l'instant d'avant.
Alors pourquoi se mettait-il à douter ? Et que se passait-il dans son cerveau pour que tout lui semble bizarre en ce moment précis. Il ne savait plus ce qu'il voulait. Il ne savait plus ce qu'il devait faire. Il...
Oh et puis merde.

- Remy, ta gueule.

Il l'attrapa par le bras pour la faire se retourner et plaquer ses lèvres contre les sienne. Parce que malgré ses yeux de panda et ses joues de tomates, il mourrait d'envie de goûter ses lèvres depuis qu'il l'avait retrouvé. Plus rien à foutre des sorciers sanguinaires de l'autre côté de la porte. Plus rien à foutre de se faire descendre dans la maison des Sullivan. Plus rien à foutre de crever ici, tant qu'il avait embrassé Remy.

- J'ai pas menti Rem', je pensais tout ce que j'ai dis. T'es la femme la plus incroyable que j'aie jamais rencontré. Alors oui t'es chiante comme pas deux, tu es particulièrement vulgaire lorsque tu bois, ton hystérie m'effraie parfois, même souvent, mais je m'en fous de tout ça. Je m'en fous parce que tu me retournes complètement la tête. Je m'en fous parce que t'es tellement géniale que même tes défauts te rendent mignonne. Je m'en fous parce que je suis amoureux de toi. Et que si je dois le répéter encore cinquante fois, je le ferai.

La main du jeune homme se glissa dans les cheveux de la belle afin de l'attirer contre lui. Sa mâchoire se glissa jusqu'à son oreille, sa voix n'était plus que murmure, plus que promesse.

- Ça fait des mois que je te cherche. Parce que je peux pas vivre en te sachant ici. Je peux pas vivre sans être sûr que tu vas bien, que tu es heureuse. Et, même si c'est égoïste, parce que j'ai besoin de toi dans ma vie. Merde Remy, je t'aime.

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